MONT DE MARSAN : PAUVRES « VALENCIANOS » !
Daniel Luque sort a hombros
22 Juillet : Il s’appelait « Valenciano » et devait
être lidié, en quatrième, par… Enrique Ponce, Valenciano de Chiva. Comme
quoi le destin fait parfois bien les choses.
Du moins… « faisait » bien les choses !
Le toro, une bête magnifique, « montada »,
cambrée vers le haut, fit une sortie spectaculaire. Au burladero, Ponce
songeait probablement qu’il avait là le toro « du desquite ». En effet,
le premier de la tarde, toro « guapo » lui aussi, mais très
problématique, lui avait valu un échec et une méchante voltereta au
moment de l’épée…Double douleur !
Ce « Valenciano » quatrième galopait
« franc » et pouvait lui donner l’occasion du rachat. Hélas, « Valenciano »
galopa si franchement qu’il alla se fracasser dans le burladero de
matadors, et s’écroula, agonisant. « Se desnuco ! » Tristesse infinie de
voir la tête du magnifique animal doucement se coucher sur le sable,
tandis que son corps est déjà mort. La puntilla abrégea toutes les
peines.
Ce fut « un moment » de cette deuxième corrida de la Madeleine. Le
plus triste !
Il y en eut d’autres, bien sûr… Les
moments heureux, avec le triomphe de Daniel Luque, qui augure bien de la
saison « Française » du fin torero de Gerena. Toreo garanti « pur
Sévillan », sachant « marcher avec le toro », ouvrir et clore les séries
fondamentales par des adornos qui fleurent bon la Giralda. Mais il peut
encore mieux faire ! A suivre, Luque !
D’autres jolis passages, grâce à un Juan
Bautista, sobre et torero, signant de deux bons coups d’épée son passage
au Plumaçon. Ca et là quelques détails d’Enrique Ponce, très malchanceux
au sorteo. En effet, après la fin tragique et prématurée de « Valenciano »,
le Valenciano dut affronter le sobrero de Charro de Llen, très sérieux,
puissant, qui passa de violent à tardo, de tardo à « grattant le sol »,
puis à « reculant » pour finir par « chanter » sa qualité de manso
aquerenciado en terrains de toril. Vaya pues ! Ponce alla l’y
poursuivre, après avoir brindé au public, comme un novillero « rabioso »,
et ne s’avoua vaincu qu’après sept pinchazos… Pauvre Ponce ! Pauvres
Valencianos !
Et puis des moments « franchement pénibles ! » Quelle tension !
Quelle haine, parfois, dans cette plaza ! Mont de Marsan ressemble trop
souvent à une cocotte minute qui siffle beaucoup et dont on se demande
si le couvercle est bien serré… En plusieurs instants de la corrida, des
gestes et des paroles ont failli provoquer de gros incidents dans le
public… Outre les habituels contestataires, il est une large gamme « de
cons ! » (excusez moi !) dont certains sont connus, qui semblent trouver
plaisir à « détruire » systématiquement, ne perdant aucune occasion de
brailler leur bêtise. Certains d’ailleurs, qui ne sont pas Montois,
devraient peut-être souffler dans le ballon, avant de monter au tendido…
(pas vrai monsieur Michel ?) Interjections, invectives, insultes
échangées, les « ta gueule » volant de l’ombre au soleil et
réciproquement… Ceci n’est pas de l’Aficion ! C’est de la bêtise et de
la pure « mala ostia »… le tout, souvent « bien arrosé » !
Enfin, un moment « inédit » : Antonio
Saavedra, grand piquero d’Enrique Ponce, se fit basculer par le Charro
de Llen et, depuis l’estribo, continua à piquer, défendant ainsi sa
propre vie et son cheval. Certains ne comprirent pas, qui sifflèrent.
Une fois le danger passé, le cheval redressé, Ponce fit un quite par
delantales dont le remate fut violemment contesté par le toro.
Cependant, le Valenciano demanda le changement, qui lui fut accordé.
Y a-t-il eu « connivence » ou pas ? Le
picador pensait il que son maestro s’était trompé, laissant le toro
« trop cru » ?– Allez savoir… Mais alors qu’il feignait prendre le
chemin du retour, après la sonnerie du changement, Saavedra « appela »
le toro, pour un puyazo que tous auraient pensé « de défense » sur
charge intempestive du toro… Ce ne fut pas le cas, et le picador voulut
exécuter là quelque « basse œuvre ». Mal lui en coûta puisque le toro
lui infligea un nouveau batacazo, en force, dont Saavedra se releva,
furieux, sortant sous les sifflets et faisant même « le doigt » en
passant le porton du patio. Un geste et une attitude qui ne
correspondent pas à ce grand professionnel, ni cette « buena persona »
qu’est Antonio Saavedra. Comme quoi, l’ambiance est « chaude », à Mont
de Marsan…à tous les étages !!!! Parfois bien trop chaude !
Aficion ! « Aimer, savoir.. et
ressentir ! »
Aficion « Respect et convivialité »,
tout en sachant rester exigeant.
Aficion « Passion… dépassionnée ! »
Aficion… quand tu nous tiens !
Tiens nous bien, parce que… des
fois !!!!!
Lundi 21 Juillet – MONT DE MARSAN – 2ème corrida
de Feria – Deux gros tiers de plaza – Soleil et bleu : Six toros de
Torrestrella, dont le quatrième fut remplacé, après s’être tué net en
percutant un burladero, dès son premier galop.
Corrida en lot de « trois et trois »,
les 1, 4 et 6, plus montados, hauts et musclés, que les autres, bas et
plus ronds. Le sixième fut rapidement protesté pour quelque boiterie
passagère et un piton qui s’éclata vilainement au premier burladero. A
la pique, les Domecq ne rechignèrent pas, notamment le troisième, qui
prit bravement un énorme puyazo. Le premier fut « piqué repicoté » par
Quinta ; le deux prit un court châtiment, très « limpio » par Monnier.
Les deux derniers furent plus discrets au fer, tout en faisant leur
devoir. Le sobrero, un cinqueño de Charro de Llen, fut à l’origine du
premier tiers « à l’ancienne » conté plus haut. A la muleta, on
retiendra le troisième « Fresquito », noble et « suavon » ; et le
deuxième, avec plus de moteur. Soso le cinquième ; vite arrêté le
dernier ; violent, court et dangereux, le premier. Quant au Salmantino,
après avoir laissé quelques espoirs lors des deux premiers tiers… il
« chanta » vite sa condition : Manso aquerenciado en toriles.
|
 |
Enrique Ponce : Silence, et Silence après un avis –
A connu noire malchance en une plaza « qui ne lui réussit pas », malgré
quelque triomphe bien sonné.
Noire malchance et… beaucoup de chance !
En effet, le magnifique premier se révéla soudain un méchant « garbanzo »,
violent, court, tête toujours en haut. Ponce passa rapidement au pur
châtiment par en bas, et entra a matar. Le toro l’attendait, lui
infligeant une dure votereta dont le valenciano se releva, la taleguilla
« fendue » de haut en bas. Pas de mal, heureusement, mais une première
manche « douloureuse » pour le Valenciano, contresignée de cinq
descabellos. Dans les gradins, on rendait un « intempestif gueulard »
responsable de la cogida (Peu probable, même si « pénible » !)
Une autre douleur, probablement que
l’accident que quatrième, du nom de « Valenciano », foudroyé d’entrée,
au pied du burladero. Et puis, la troisième déconvenue : Le desquite
impossible, devant le sobrero de Charro de Llen, toro puissant, auteur
d’un premier tiers « musclé », dont le picador de Ponce fut à la fois
« victime » et total responsable.
Ponce « crut » en ce toro, et alla le
brinder « de verdad ». La faena débuta bien, par le bas et une bonne
ébauche à droite. Puis le toro se mit successivement à « tardear »
(retarder le déclenchement de sa charge), « escarbar » (gratter le sol),
« recular ! » (devinez !), avant de sortir « à l’envers » et filer aux
toriles, puis en barrières de soleil. Ponce l’y poursuivit, voulut l’en
sortir, puis finit par lui imposer quelques bonnes droitières,
vigoureusement closes au pecho. Hélas, le toro restant « tête droite »,
sans humilier, Ponce (qui n’avait pas bon souvenir de sa précédente
estocade) dut s’y reprendre à sept fois, avant une demie dans le haut,
scellée d’un descabello. Désolation Valenciana.
Juan Bautista : Une oreille et Ovation – S’est
montré très torero au capote, tout d’abord dans un bon quite par
chicuelinas, au premier, et grande réception au deuxième de la tarde.
Bon toro que ce « Mentecato », toro bajito, noble et répétant sa charge.
Bautista monta une faena « a mas », essentiellement droitière, très
propre, mais sans ce « sel », cette personnalité qui était la sienne,
l’an dernier. Bonne faena, limpia, close de bernaldinas « sans l’épée »,
clôturée d’une grande estocade, bien préparée (on songeait au recibir !)
et un descabello. Oreille « normale » !
Le cinquième également se montra noble,
mais fade, ne transmettant rien. Hélas, le matador, seulement aidé et
encouragé par Romero (où donc est Santiago ?), toréa très proprement,
mais sans rien dire. Encore une fois, une lame bien préparée pour une
récompense « normale », malgré les efforts consentis.
Daniel Luque : Deux oreilles et Ovation – A conquis
la plaza, « saupoudrant » de douceur Sévillane le chaud sable du
Plumaçon. A la cape, tout d’abord, avec une réception, courte et
moelleuse, close d’un remate très personnel. Le quite confirme la grande
impression. Puis vint la faena, faite de remarquable douceur et
« d’improvisations préparées », comme seuls « ceux d’en bas » savent
faire… Faena classique, templadita, dont les sommets furent « la
garniture » : Trincherazos, kikirikis, firmas, en début et fin de
trasteo, face à un toro noble, auquel il manquait peut-être un peu plus
de « voyage » pour que le tout atteigne le divin. Se jetant sur le
garrot, le jeune Sévillan de Gerena porta un gros coup d’épée qui
déclencha l’enthousiasme, après que « Fresquito » mourût en brave. Deux
oreilles, en juste proportion du précédent trophée.
Le sixième fut protesté, dès ses
premiers galops… qui furent les seuls. En effet, dès l’ouverture de
faena, le toro réduisit sa charge et c’est en un élégant « coup par
coup » que Daniel Luque tira quelques droitières, avant de porter une
estocade entière, vigoureuse, mais sans décomposer. Succès mérité d’un
jeune torero à découvrir, au cours de cet été… et qui peut encore mieux
faire (Voir la faena d’Aire sur Adour, en 2007).
Deuxième corrida intéressante, hélas
troublée par un « climat » parfois détestable, dans les gradins. Non
vraiment, la « réconciliation » n’est pas pour demain ! Triste !
Voir la suite des photos
en galeries
|