MONT DE MARSAN : « LE DERNIER TRAMWAY ! »
« Rafaelillo » coupe
deux oreilles au sixième Miura.
21 Juillet : En suivant la Miurada de Pamplona, le 13 Juillet, devant
leur télévision, les Aficionados Montois devaient se frotter les mains :
exactement sept jours après, Mont de Marsan accueillait le même cartel :
Six toros de Miura, pour Fundi, Padilla et Rafaelillo.
Ils avaient bien raison… La corrida avait été « un
puits sans fin » d’émotion et de bravoure, surtout du côté des hommes.
En une semaine, ces trois fiers guerriers n’avaient pu décider d’un coup
de « plier les cannes » et signer ensemble la Paix des Braves…
Ils avaient bien raison… d’espérer, les Montois…
Hélas, ce n’était pas les mêmes Miuras, et les toreros
n’avaient pas la même « folie Sanferminera ». Ce petit oubli, pourtant
d’importance, nous aura valu une déception majeur, un peu comme lorsque
l’on part en goguette, un samedi soir, alors que la plus jolie, la plus
gentille des filles nous a posé un gros lapin… D’entrée, le cœur n’y est
pas et l’on erre, de ci de là… en attendant « le dernier tram » !
Et Dieu sait si « l’on a erré », ce dimanche
d’ouverture, au Plumaçon… Exactement « durant cinq toros »…
Un peu comme en l’ancienne Pigalle, où chaque cabaret
faisait tout pour accrocher les passants, les Miuras sont sortis
« beaux »… sur la première photo. Mais la première seulement… Chaque
fois on se la promettait belle, pensant « que celui-ci, enfin… » allait
tenir debout, gardant intactes ses grandes cornes et furieuse sa
« race » légendaire. Hélas, on les passa en revue, les cinq, et cinq
fois le moral en prit un coup… comme cinq fois on entre dans un de ces
cabarets aux rutilantes lumières, aux aguichantes photos, pour découvrir
des murs délabrés, une ambiance « vulgairissime », avec du champagne
chaud, très cher, servi par des serveuses borgnes… ou louches.
Bref « the big déconvenue » !
Du coup, la soirée plongeait à pic, et l’on continuait
d’errer un peu, en attendant presque avec impatience, « le dernier
tram ! » Ce dernier tramway… nommé désir !
Et c’est là que s’est produit le petit miracle : Un toro, qui
tient debout, et un torero… qui tient ses promesses…
Non, ce ne fut pas le Fundi, revenant de blessure et
mal servi par le sort, qui ne put que longuement s’escrimer, non sans
avoir permis que son second fût assassiné en une pique… qui en valait
bien cinq. Non, ce ne fut pas le Padilla « pas maravilla du tout ! »,
utilisant tout son arsenal de « grosses ficelles » pour attirer les
bravos d’un public qui l’avait, d’entrée, « à la bonne »… Au moment « du
dernier tram », il n’en fut pas de même, et Padilla essuya des sifflets
de sortie qu’il « aguanta » beaucoup mieux que ses deux toros, avec un
sourire et un geste qui disaient à quel point le courroux montois lui
était « équilatéral ».
Non ! Le petit miracle s’appela Rafaelillo, dont la
sortie Pamplonaise avait déjà marqué les esprits. A n’en pas douter,
Mont de Marsan lui donnera l’occasion de quelque nouvelle page de pub.
Avouez que « San Fermin et Santa Magdalena »… font un couple
magnifique !
Lorsque sortit « Habilidoso », toro castaño sardo, le
petit géant de Murcia partit à l’assaut en deux largas à genoux qui
disaient bien ses intentions. Le toro fit un bon tiers de piques (il y
aurait pu en avoir d’autres, au cours de la tarde) et tint debout,
venant de loin, gardant du souffle et restant « muy Miura ». Cette fois,
le torero se hissa à la hauteur du toro… et de l’événement… Ce fut une
faena vibrante et courageuse, close d’un coup d’épée « royal »,
transformant d’un coup la rogne et la grogne en belle euphorie… Ouf !
Ainsi se terminait une première de feria où l’on voit
bien que l’ambiance en la plaza n’est pas revenue à la sérénité. Il est
vrai que la faiblesse des Miura (accentuée peut-être par des blessures
visibles - 1 et 5èmes), l’aspect lamentable de certaines armures et des
premiers tiers « sabotés », en des mono-piques, « traseras » et
interminables (en particulier aux 4 et 5èmes), n’étaient pas faits pour
ramener la paix sur les gradins…
Attendons et espérons… Mont de Marsan est une grande
feria, et une grande plaza. Donc, il se passera forcément quelque chose…
avant le dernier tramway !
Dimanche 20 Juillet – MONT DE MARSAN – 1ère
corrida de la Madeleine – Plaza pleine – Tarde nuageuse, agréable : Six
toros de Miura, en général bien présentés, dans le type de la casa,
longs, hauts et correctement armés… à la sortie. Plusieurs toros « se
encampanaron », s’arrêtant, la tête haute dressée, défiant les gradins…
Beaucoup « rématèrent » durement aux burladeros, « s’explosant » les
cornes à un degré « des plus alarmants ». Hélas, toute la corrida fut
marquée par la faiblesse, notamment chez le premier, quasiment invalide.
Les autres « voulurent » charger, mais finirent par s’affaler
vilainement, à un moment ou un autre de la faena. A la pique, on
déplorera cette maladie du « mono puyazo », interminable, en particulier
au quatrième (purement scandaleux !) et au cinquième. Les 2ème, 4ème,
5ème et 6ème poussèrent bravement, à un moment de
l’intense châtiment. A la muleta, on gardera le grand allant du
dernier, noble et fort, tandis que les deux de Padilla, violents et
malins, se montrèrent les plus compliqués, d’autant que jamais dominés.
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El Fundi : Silence et Ovation après
avis – Revenait de blessure, raison pour laquelle, peut-être, il ne
banderilla pas (il n’avait pas banderillé, non plus, à Pamplona).
Le Madrilène connut journée grise, longue, laborieuse,
ses deux longues faenas se trouvant gâchées par la faiblesse de ses
adversaires. Il essaya longuement de tenir debout son premier, mais le
mit par terre dès qu’il baissa d’un centimètre la palo de sa muleta.
Fundi, le poderoso, n’est pas fait pour jouer les infirmiers, surtout
devant un Miura. Pinchazo et entière « coup de poing ». Sifflets au toro
et respect au torero.
On le respectera moins pour avoir laissé le quatrième
subir une pique interminable, qui en valait bien quatre… Le toro fléchit
à plusieurs reprises, au cours d’une longue faena où le Madrilène
chercha distance et hauteur de muleta « adéquates », au point de tirer
quelques bons muletazos, sur chaque main. Le bon public ovationna après
ce trasteo laborieux et une entière en force. Pero eso no fue « Fundi !!! »
Juan Jose Padilla : Division et
Forte Division – Partit fort en accueillant le deuxième par bonne larga
à genoux et capeo correct. Le toro poussa dur, en la première partie de
la pique, et en sortit.. très affaibli. Après un quite par faroles
invertis, Padilla banderilla sans grande gloire et se mit à patiner,
d’entrée, devant un toro qui chargeait un peu rebrincado, jouant du
hachazo et autres coups de tête méchants. Sur un violent retour, Padilla
se blesse à la main gauche (rapidement « strappée ») et repart au
combat… avec circonspection. Sans aucun dominio, se faisant menacer,
malgré ses facultés physiques et les grosses ficelles du métier, Padilla
subit un gros échec, clos en trois voyages.
Le cinquième fut assassiné à la pique, Padilla s’en
prenant à la présidence pour avoir changé le tiers sans sa demande,
alors que le picador revenait du centre de la plaza en murmurant bien
haut « esta picado ». Vexé, le Jerezano « s’employa » à bien banderiller,
la deuxième paire étant « celle de la soirée ». Ensuite, ce fut un
nouvel échec, à demi caché par des recours tels que demi passes en
gagnant la queue, longs cites grandiloquents où l’on sait que le toro ne
va pas charger, et desplantes faussement vainqueurs. Il est vrai que le
toro, dont les cornes ne ressemblaient plus à rien, ne chargeait pas, se
défendant violemment sur place. Heureusement, le « Cyclone » à bout de
souffle en termina rapidement, ce qui lui évita une probable bronca.
Rafaelillo : Applaudissements et
Deux oreilles – Aurait probablement coupé une oreille au troisième, s’il
ne l’avait « pinché » deux fois, et descabellé « longuement
trifouillé », après une lame courte en bonne place. Sa faena, peut-être
trop longue, allant de mas a menos, en sa dernière partie gauchère,
avait connu de très bons moments, notamment sur la droite, face à un
toro peu piqué, noblon et chargeant bien, malgré une vilaine chute, en
plein trasteo. Rafaelillo montra là courage et poder, en une faena
« virile », allègre, bien reçue d’un « grand public », surpris… qui
attendait surtout Fundi et Padilla.
La surprise tourna à l’enthousiasme, devant le dernier
de la soirée, « Habilidoso », toro important, qui se battit bravement à
la pique (désarçonnant son cavalier) et arriva plein d’allant à la
muleta. Rafaelillo, qui l’avait reçu par deux largas à genoux, monta une
faena pleine de force et de courage, citant de loin, « montrant » le
toro, sans réellement le dominer, le Miura n’oubliant jamais de remater
durement par le haut, notamment sur des pechos doublés, souvent
compromis. Longue faena, vaillamment dessinée, qui alla « a mas »,
faisant la quasi unanimité sur des gradins jusque là privé
« d’émotion-passion ». Unanimité qui se fit « totale » et enthousiaste,
après un gros coup d épée, entrant « à fond », qui roula le Miura en
quelques instants. Très rapidement, deux mouchoirs tombèrent au palco,
et Rafaelillo, radieux, ouvrit la première « grande porte » d’une feria
que l’on espère… « de la réconciliation ».
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