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SPECIAL " FERIA DE DAX 2008" |
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DAX: « UN COUP TU LE VOIS, UN COUP… ! »
Grande faena de Talavante, oubliée…
Le Cid « fonctionne » bien !
14 Août : « Un coup tu l’vois… un coup tu l’vois plus ! » C’est un peu
ce que l’on retiendra d’un Alejandro Talavante qui aura été, ce jour,
« bien mieux » qu’on ne le pensera, devant le troisième de la tarde, et
à l’inverse, « bien mal », devant le dernier de cette corrida
d'ouverture 2008.
En fait, toute la tarde fut un peu du même acabit,
genre « un coup tu l’vois… un coup tu l’vois plus ! »
Tout d’abord les toros : un lot de Mayalde qui, cette
fois, ne restera pas dans les annales. Toros sortant « sin fijeza »,
galopant en tous sens ; « pegajosos », collant au capes ; souvent sans
forces, fusant sur les piqueros pour des puyazos réduits. A la muleta de
même : Trois charges « très aimables », et tout à coup… la vacherie, en
dessous de la ceinture. Toros « con mobilidad », avec de la mobilité,
mais en général « sans sel », ne transmettant que peu de danger.
Pourtant, sous cette apparente noblesse, une corrida devant laquelle il
était probablement difficile « de estar a gusto », de se relâcher
vraiment.
Ensuite, les hommes...
« Un coup, tu l’vois… Curro Diaz ! »
Le Linarense toréa souvent « très joli », mais « ne
pesa » que rarement sur ses toros. Certes il baissa la main, mais ses
muuletazos furent souvent courts et rapides. Ce peu de dominio, compensé
par de magnifiques adornos, eut pour conséquences quelques « sustos »,
notamment sur la corne droite, périlleuse, du premier ; et un désarmé,
au quatrième, qui mit toute la faena par terre. N’ayant rien résolu
devant ce toro, le torero attaqua « sans confiance » à l’épée, et, sur
la troisième entrée, prit le frontal en pleine poitrine. Recherché et
repris, au sol, le diestro fit une dangereuse « pirouette » autour du
piton, et doit bien à quelque vierge Andalouse, le fait de s’en sortir
sans mal. Mais au bilan, Curro Diaz a perdu la seule opportunité de dire
qu'à part à Dax, on se souvenait bien peu de ses excellences, en 2007.
« Un coup tu l’vois… le Cid ! »
Excusable, devant son premier, dont les deux cornes
savaient un peu de Latin et de Greco-Gascon, le grand Manuel de Salteras
aurait du couper les deux oreilles du cinquième, toro noble, mais
distrait. Le Cid débuta fort, plein centre, mais « fit des passes » plus
qu’il ne toréa. Trois redondos « redondos », main basse, « toréés à
fond », liés à un joli cambio et gros pecho, en milieu de faena,
prouvèrent bien que… s’il avait vraiment voulu être « en Cid »… Alla él !
Faisant plus dans la quantité que la vraie qualité, le Cid « se paso de
faena », et tua spectaculairement, mais… de côté.
« Un coup tu l’vois… Talavante ! »
Dax ne sait pas la chance qu’elle a eue… car bien
souvent, Talavante, c’est celui « du sixième », qui ennuie autant qu’il
semble s’ennuyer. Mais attention… peut-être « conditionnée » par ce
qu’elle sait, ce qu’on lui a dit, ou ce qu’elle a vu, en certaines
télévisées, Dax n’a peut-être pas perçu, à son niveau, la faena de
Talavante, au noble troisième.
Certes ce fut un long monologue, une longue litanie de
passes, surtout dans la première partie… Mais, Señores ! nous devons
reconnaître le temple et le lié, en séries « de 6 ou 7 », tant par
derechazos allurés que naturelles, « jambe avancée » ou « pieds
joints ». D’ailleurs, le public ne s’y trompa point, qui soupira d’aise,
en plusieurs passages, sur chaque main.
Puis il y eut « la deuxième partie », complète et très
torera : le « tres en uno » que le diestro « compliqua » par un adorno
supplémentaire ; les manoletinas finales, avec le cambio dans le dos ;
les trincheras et les firmas… Pour le coup… « on les a vues ! ».
A l’heure de l’épée, Talavante mit une lame qui, « pour
lui », était tout à fait recevable, car on sait à quel point il est
mauvais tueur. Aussi, alors que l’on se disait que Talavante venait
« d’entrer en France », on fut un peu surpris d’une pétition bien
chiche, alors qu’en maint lieu d’Espagne, il coupait deux oreilles.
Peut-être même, à Séville ou même Madrid…
A Dax, imaginons que le Juli fasse la même faena… corta
dos y rabo ! A que si ?
Le problème, il est double ! Un, Dax a essayé de
retrouver en Talavante, le double de Jose Tomas, dont on lui parlait
tant. Pues no ! Et deux : Ce garçon manque tellement « de chaleur
humaine », d’expression, de sourire « vrai », que l’on a de grandes
difficultés à accrocher, même quand il est « bien », ou même « très
bien »… comme hier à Dax.
Mais au fond, tout cela est peut-être de notre faute, à
nous les « journaleux », qui avons passé quelques mois à souligner à
gros traits « le regard vide » du jeune Extremeño. Alors… battons notre
coulpe, tous ensemble, car hier à Dax, « on a vu Talavante »… Du moins à
un toro ! Parce qu’au sixième, ce fut « … un coup tu l’vois plus ! »
Et puis « Un coup tu l’vois… et le coup prochain, aussi !!! »
Que la plaza était belle, hier, remplie jusqu’au toit !
Que les clarines sonnaient bien, ensemble, « juste ! » et « con aroma ! »
Et que Dax fit bien les choses, au moment de « défendre ensemble notre
tradition Taurine ! » La ronde des gamins, au centre du ruedo, tandis
que les gradins chantaient « l’hymne de chez nous ! », en levant bien
haut les quelques mots qui disent notre identité culturelle, simplement
et sans provocation aucune… cela avait « une certaine gueule ! » Que
bueno!
Première corrida de Feria, qui aura un peu laissé l’aficion,
sur sa faim… du fait de toros « déroutants » et de toreros qui n’ont
peut-être laissé « qu’entrevoir ! »
Que voulez vous… c’est rare de « tout voir » d’un coup…
Vu ?
Mercredi 13 Août – DAX – 1ère de Feria – No hay
billetes – Beau temps revenu, agréable : Six toros du Conde de Mayalde,
de présence inégale mais « allant a mas », le premier « de peu de
cage », mais très armé. Corrida « déroutante », les toros sortant « abantos »,
distraits, ne se laissant pas toréer de cape, collant aux hommes, « pegajosos » ;
fusant aux chevaux, sans mise en suerte (sauf le Cid, au 5ème),
mais montrant vite la limite de leurs forces et de leur bravoure. Au
deuxième tiers, coupant le voyage ou « gagnant un temps » aux
banderilleros (le Boni devant saluer, pour son autorité, devant le
cinquième). Et à la muleta : «de boîtes à surprises », notamment les 1,
2 et 4èmes, mêlant le « noble, très mobile », au « sournois, sachant
mettre la corne.. ». Un toro de belle noblesse, le 3, mis encore en
confiance par la muleta « douce mais ferme » de Talavante. Un autre
noble, quoique très distrait, le 5ème, que le Cid ne parvint
pas « à captiver » tout à fait. Le dernier ne fut pas un ogre, mais « il
ne dit rien »…
Avant la corrida, joli geste de « Dax, toute entière »
en revendication de notre tradition et Culture Taurine. Au paseo, retour
discret et « con clase » de Yannick Boutet, l’alguazil de toujours.
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Curro Diaz : Ovation, au tiers ; et Silence – N’a
pas totalement convaincu… peut-être parce qu’il a besoin de toros « plus
profonds », plus « templados ». Là, il toucha un premier « moustique »,
petit de corps mais méchant de cornes, dont les idées, d’entrée,
frôlaient « le clair-obscur ». On pensait l’affaire en bonne voie, dès
la jolie demi véronique de réception, mais à la sortie d’un puyazo, la
corne droite sonna une méchante alerte. En début de faena, « andando
bien al toro », Curro Diaz mit l’eau à toutes les bouches, mais le toro
vint, « rebrincadito » parce que faible, en des charges inégales et
parfois même « incertaines ». La faena fut « légère », sans profondeur,
pourtant illuminée beaux enchaînements ornementaux, avant de basculer,
en entrant fort, une lame basse qui provoqua vomito et mort immédiate.
Dax récompensa avec justice.
Le quatrième, de belle prestance, fit de vilaines
choses au premier tiers ( achuchon au matador, dans la demie ; et le
subalterne, qui faillit bien se faire écharper). Curro Diaz débuta bien
sa faena, même s’il n’appuya aucun de ses muletazos, mais « se perdit un
peu », après un désarmé inopportun. Ne pouvant « remonter » la faena, le
matador partit à l’attaque, sans confiance et, sur la troisième lame,
courte, le toro le percuta, au pecho, l’envoya au sol où il le reprit
pour une vilaine voltereta, heureusement sans grande conséquence.
Secoué, le torero finit un peu en débandade.
« El Cid » : Silence et Une oreille –
Tomba sur un premier toro pegajoso, collant au capote, l’obligeant à
sortir vers le centre. Toro faible mais un peu « hijo p…», qui avait un
méchant hachazo droitier, en fin de passe, et n’allait pas mieux, sur la
gauche, comme le démontra le Sévillan, en une faena où « il tira des
lignes », tandis que le toro alternait « l’andarin », marchant beaucoup,
et « l’escarbando », arrêté, grattant le sable. Le Cid « douta un peu »,
mais montra qui « il aurait pu être.. », en une courte série droitière,
main basse, où il s’imposa vraiment. Estocade « ladeada » et « muy
trasera », très en arrière, et tout le monde qui boude.
Le cinquième sera un toro noble mais très distrait, que
le Cid entreprendra, au centre, le sourire aux lèvres, comme « jugando
al toro ». Il y aura une statuaire, un trincherazo et une passe du
mépris (de desprecio) de toute beauté. Pourtant, alors que l’on
s’attendait à un faenon, intense et profond, ce fut sur un océan de
légèreté que nous entraîna le muletero, liant certes les passes, mais
alternant les inégalités, sur deux mains. Faena, couvrant beaucoup de
terrain, suscitant grand espoir sur trois derechazos, main très basse,
lié à un joli cambio et au pecho final. Faena longue, trop longue, finie
en terrain de soleil, par un desplante rageur, chaleco ouvert, pecho
offert à la corne. Le Cid prépara soigneusement une lame entière, bien
poussée, mais qui alla de côté. Faena « à deux doigts de deux
oreilles… » à laquelle il manqua un peu plus de profondeur et « d’unité
de lieu ».
Alejandro Talavante : Une oreille
« forte » après un avis ; et Silence – Ne put placer qu’un de ses
classiques delantales, à la réception du troisième Mayalde, castaño,
bas, qui sortit fort et « fusa » sur le piquero. Cependant, le matador y
vit immédiate qualité et, après brindis à tous, se mit à lier les passes
comme on enfile des perles. Dans un silence surpris mais quand même de
plus en plus admiratif, Talavante enchaîna les séries de droitières, par
paquets de six ou huit muletazos, templés, limpios, mais un peu fades
d’expression. A gauche, l’intensité monta d’un cran et la plaza finit
par « remuer » sur deux ou trois trouvailles, comme un « tres en uno »
amélioré d’un adorno personnel, ou les manoletinas finales, sans
sourciller, agrémentées d’un cambio dans le dos, très propre. Faena « a
mas », très templée, close de plusieurs adornos de classe, auxquels ni
la public ni le torero (ce qui est plus grave) ne donnèrent assez
d’importance. Faena claire et « très torera », close d’une lame un peu
tendida qui n’eut pas d’effet immédiat, raison pour laquelle, peut-être,
on ne demanda aucun double trophée. Mais ce fut « la » faena du jour… et
de beaucoup d’autres.
Devant le sixième, on retrouva le Talavante « plus
obscur », plus hésitant, plus « fermé », plus fade… autant que l’était
un toro sans classe aucune, estoqué « a une tiempo », d’un trois quarts
de lame atravesado et en arrière.
Ce 13 Août, Alejandro Talavante a bien failli « entrer
en France », mais hélas, ce fut « Un coup tu l’vois ! Un coup tu l’vois
plus ! » Et ça…
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DAX : « FALTO SENSIBILIDAD !
»
Qui a volé « La Porte » ?
Corrida « muy guapa » de Bañuelos. Mais…
15 Août: « Falto sensibilidad! »
Il a manqué « de la sensibilité », hier à Dax… et l’on
a volé « la Porte Grande » à un torero. Et ça… c’est pas bien ! C’est
encore pire que la concéder à un autre qui ne la mérite pas…
Si l’on n’est pas capable de reconnaître la vérité
d’une faena ou d’une estocade, ni la sincérité « totale » d’un torero,
qu’il soit « figura » ou segundon, qu’il soit novillero ou même
becerrista, alors c’est que quelque chose ne va pas !
On ne marche pas « qu’avec la raison » ! On marche
aussi « avec le cœur… et les tripes ! ». Alors, si au cœur s’ajoute « un
peu de raison… » ou de « savoir », on se rend compte de ce qui vient de
se passer, on sort son mouchoir, et on se lève tous, bien plus fort que
pour « Danette »…
Sinon… « es que falto sensibilidad » ! C'est-à-dire…
Aficion ! Autrement dit, le « savoir » et le « ressentir » !
Et vous, Monsieur du Palco… probablement aviez vous
envie de la concéder, cette oreille… mais vous avez passé votre temps à
compter les mouchoirs et donc, « règlement en main », vous n’avez pas
accordé le trophée que méritait ô combien, un garçon qui s’était joué la
vie, « tout à gauche », devant un toraco d’importance, et qui avait tué,
« atracandose de toro », restant suspendu au piton l’espace d’un
interminable instant…
« Falto sensibilidad ! Monsieur de Mont de Marsan ! »
Si vous n’êtes pas capable de laisser un instant votre calculette de
côté, et « ajouter » deux cents de vos blancs mouchoirs aux trois mille
et quelques (c’est vous qui avez le chiffre exact !) qui vous
demandaient cette oreille, premier « passeport » pour la Puerta Grande…
c’est que vous avez manqué de sensibilité… et d’Aficion ! Parce que,
vous saviez bien, vous, que le toro était « amorcillado », et que l’on
ne pouvait le descabeller… Grande partie du public devait le savoir
aussi, qui devait imposer silence à quelques ignares, et demander le
trophée… malgré tout, malgré ce temps qui passe, malgré le douloureux
spectacle de cette bête qui tarde, tarde, tarde… à tomber.
Falto sensibilidad ! O, vous n’avez pas douter à
envoyer un avis, et nul ne vous le reprochera… Mais vous auriez pu
également « faire justice », monsieur le Président…
« Que paso ? » - Que s’est il donc passé ?
– Simplement qu’après une faena « de vérité », dont la
majeur partie se fit « sur main gauche » et « à fond », le tout devant
un toro « guapisimo » et très armé de Bañuelos, le jeune Colombien Luis
Bolivar entra une première fois à matar, pour un pinchazo « vrai »,
extrêmement violent. Et sur la deuxième entrée, « atracandose de toro »,
le torero se fit accrocher par le piton, au niveau du chaleco, restant
un long instant suspendu au bout de la corne. Estocade « totale », comme
on voudrait en voir beaucoup en ces grandes ferias où l’on coupe des
oreilles à foison, à grands coups de « julipies » !
Et là, problème ! Mais problème « connu » ! Le toro
« se amorcillo, bebiendose la sangre ! ». Pour une raison que seule
expliquerait un examen poussé, post mortem, le toro resta debout, et
lutta longuement, tête à mi hauteur, immobile et « se ramassant sur
lui-même »… Impossible de le faire bouger, pour une nouvelle épée ; ou
de lui baisser la tête, pour le descabello. C’est très désagréable, mais
malheureusement, cela arrive parfois.
Alors bien sûr, certains s’offusqueront, par logique
ignorance ; d’autres diront « Si le toro ne tombe pas, c’est que
l’estocade était « imparfaite »… Pas vrai, monsieur du Palco ? -
Pues no ! On a vu de grands coups d’épée, qui ont eu ces conséquences..
et l’on en verra encore !
Que se passa t’il, alors ?
– Au bout d’un long moment, tandis que quelques
protestations fusaient, le toro s’écroula, et le jeune diestro salua,
conscient de sa faena, de son estocade « à pile ou face », et de son
triomphe… Mais là ! Surprise ! Le public ne « poussa » aucune pétition
majoritaire et sans appel. On demanda l’oreille, avec plus de cris que
de mouchoirs… Mais le président, lui, « ne compte que les mouchoirs ».
Et, règlement en main, on ne peut le lui reprocher ! C’est alors que
doit entrer en compte « la sensibilidad » !
Hier à Dax, le président n’a pas mis les deux cents
mouchoirs qui manquaient. A Mont de Marsan, il y a peu, il me semble
qu’un président en rajouta… deux mille !!! A que si ?
Voilà donc pourquoi et comment Luis Bolivar ne coupa
point une énorme oreille, coupée « toreando y matando, muy de verdad »,
en toréant et en estoquant, avec grande sincérité, un toro « important »
de Bañuelos. Et voilà pourquoi le Colombien, qui coupa au quatrième une
oreille « d’émotion et de courage », ne sortit il pas a hombros, « por
la Puerta Grande ». Tout cela parce que… « falto sensibilidad ».
Corrida « importante » d’Antonio Bañuelos, hier à Dax. Corrida
« con trapio y pitones », très sérieuse de présence et très armée.
Corrida noble, parfois encastée, à laquelle il manqua un peu de force et
de bravoure, au premier tiers. Avec « un petit plus », de tels toros
devaient « volatiliser » les piqueros. Ils ne le firent pas, restant
relativement discrets, pour « remonter » ensuite, dès le deuxième tiers.
Deux éléments extérieurs ont en partie gâché la
corrida :
Un: le fait que le troisième toro se soit cassé la
corne gauche dans le peto, « annula » totalement la présentation à Dax
du jeune Mexicain Joselito Adame, d’autant qu’il essaya de le toréer, y
compris sur la corne infirme. A ce sujet, on notera que la corne se
cassa, en sa moitié, et que « quedo seco el piton », c'est-à-dire, qu’il
ne saigna pas… Ce qui n’est pas normal ! (Un peu comme pour le toro de
Castella, à Pamplona). Bañuelos utilise t’il « les fundas », et si oui…
pense t’on que le piton « puisse vivre », ainsi emmaillotées de résine ?
- La question est posée… Toujours est-il que cet incident provoqua le
doute en de nombreux esprits, d’autant que certains demandèrent le
remplacement du toro. Là également, « règlement en main », le président
refusa. Triste, mais logique...
L’autre mauvais coup du Destin, ce fut la pluie, à
partir du cinquième ! Et là, on se doute bien que les choses ne sont
plus les mêmes. Daniel Luque vit comment l’on ne tenait guère compte de
sa faena au cinquième toro de Bañuelos, mais c’est Joselito Adame qui
fut peut-être le plus défavorisé, dans la mesure où, face à un toro
noble mais très encasté, violent et prêt à la bagarre, le jeune Mexicain
n’avait plus tous ses appuis… Mais au fond, peut-être en vaut il mieux
ainsi, car il semble qu’Adame soit très friand de demi passes et de
recortes, affichant un dynamisme cachant mal certains lacunes, en
particulier d’aguante.
Cet aguante, cette capacité physique et mentale « d’attendre » et « de
supporter » la charge du toro, surtout s’il était armé comme tous, hier,
Luis Bolivar l’a eu. Avec un courage à épreuve de plus gros boulet de
canon, le Colombien « aguanta » formidablement, la grosse charge du
premier. Et tout sur main gauche, s’il vous plaît !!! Pero. ?.. falto
sensibilidad.
Devant le quatrième, peut-être pas assez piqué, il
faillit se faire couper en deux dans la pedresina d’ouverture, mais là
également… « aguanta » formidablement. Comme il supporta les
conséquences d’une terrible voltereta, avec grosse chute sur la tête et
longue « recherche » au sol… Terribles moments d’anxiété, et probable
« raideur », au niveau des cervicales (On verra demain !) Mais
après deux secondes de douleur, le torero revint, et « aguanta » de
nouveau…
Vaillant, le Colombien ! Droit dans la ligne de Rincon,
le jour de « Bastonito ». Cette fois, le public demanda une oreille,
malgré le bajonazo, peut-être pour demander pardon !!! Hier en plaza de
Dax, Bolivar fut « un géant »….
Malheureusement, on n’en dira pas autant d’un Daniel Luque, excellent au
capote, mais qui ne sut pas, ou ne put pas, donner « le grand pas »,
avec la muleta. Il étouffa son premier, que l’on vit excellent, en un
grand début de faena. Et sous la pluie, il toréa longuement le
cinquième, alors le public essayait de se protéger.
Avec un peu plus de psychologie et de métier, le jeune
Sévillan aurait pu viser une faena courte, très intense… il préféra « le
long » et le « demi teinte ». Ainsi s’étonna t’il de ne rien couper… En
cela il fit une erreur, car s’il avait toréé de muleta avec autant « de
sensibilidad » qu’au capote, on parlerait aujourd’hui d’un autre
résultat. Mouillés, mais contents de lui !
Ainsi se déroula une deuxième de Feria, en plaza de
Dax, où malheureusement, le public passa à côté de ce qui aurait été
très beau… et très juste !
Mais... ce n'est là, que mon opinion...
Jeudi 14 Août – DAX – 2ème de Feria – No hay
billetes – Temps menaçant, et pluie à partir du cinquième toro : Corrida
d’Antonio Bañuelos, pas très lourde, mais de grand trapio, armée « superior »
et « astifina ». Corrida importante, sortant fort, un peu discrète à la
pique, mais « remontant » noblement mais « avec caste », à la muleta.
Deux toros ont dominé, dans ce domaine : Premier et sixième. Deux toros
nobles, auxquels il fallait peut-être donner distance : les deux de
Luque. Plus compliqué quoique noble, au début : le quatrième, qui
soudain, se mit à chercher durement, sur les deux côtés. Enfin un
troisième, probablement excellent, qui se cassa la corne, a mi piton,
dans le peto (??) Una lastima! |
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Luis Bolivar : Vuelta après un avis ; et Une
oreille – On ne reviendra pas sur ce qui a été dit précédemment, mais on
retiendra, avec force, sa faena « toute gauchère », après cambio au
centre, face au grand premier, très durement armé. Il y eut des
naturelles « ultra serrées », où le Colombien montra un cœur « énorme »
et un enviable savoir faire. Il y en eut d’autres, citées « de medio
pecho », tournant le toro sur la jambe, avancée, qui rappelèrent le
Rincon de 91/92. Il y eut… beaucoup d’intensité et se sincérité, en
cette faena « sincèrement » brindée à Jean François Mengelle,
responsable de « Périples Lointains », dont on sait l’amitié qui le lie
à la Colombie. Faena solide, ferme, bien conclue, avant le moment de
l’épée.
Bolivar « voulait les deux oreilles », et c’est la
raison pour laquelle il attaqua fort, avec l’épée. Le pinchazo fut très
dur, mais l’épée qui suivit fut « a matar o morir ». On
connaît la suite : El toro se amorcillo… y falto sensibilidad !
La pétition fut peu convaincante, et le président… manqua de conviction
aficionada.
Luis Bolivar, peu rancunier, reçut le quatrième en une
larga à genoux, risquée, et brinda sa faena au public. Débutant par une
pedresina « ultra serrée », le colombien attaqua fort, d’entrée. Moments
intenses, qui devinrent angoissants suite à une voltereta terrible, le
torero montant haut et retombant sur la tête, avant d’être durement
piétiné et recherché, au sol. Se relevant, très courageux, Bolivar
repartit au combat, imposant une dure bataille, sur les deux mains, se
faisant à nouveau menacer par un toro plus incertain, prenant tout à
coup un gros « sentido », sur les deux côtés.
Partant fort, mais habile, avec l'épée, Bolivar laissa
un bajonazo, qui roula le bicho. Malgré ce, pétition et l’attribution
d’un trophée « de consolante ». Mais… c’est au premier qu’on a fait la
faute !
Daniel Luque : Ovation, et Ovation, après
pétition minoritaire – Se montra excellent, au capote, mais déçut
fortement à la muleta, dans la mesure où le toreo « encimista », que
l’on pourrait ici à comparer à du « tremendisme classique » ne lui va
nullement.
Son premier avait belle charge, en début de faena.
Luque débuta joliment, mais se mit très vite « trop dessus », étouffant
la charge (peut-être parce qu’il ne la « supportait pas ») et restant
« al hilo », alternant cites « pendulés » et muletazos « au coup par
coup », souvent agréables, mais trop répétitifs, qui finirent par
ennuyer un peu. Faena « que l’on attendait pas », et torero… dont on
attendait mieux. Il tua « muy trasero » et s’étonna que l’on ne lui
accordât point meilleure récompense. Hombre!
De même, sous la pluie, face au cinquième, Luque
parcourut beaucoup de terrain, tirant de bons muletazos, isolés et
« sans transmettre ». Tuant vite, le sévillan et ses accompagnants
« espéraient plus », mais le public attendait « autre chose » de lui…
Une petite « régression », au vu d’autres actuaciones.
Dommage ! Du moins c’est une impression, un sentiment. Mais, cela
dépend… des sensibilités !!!
Joselito Adame : Silence ; et Silence après avis
– Devra être revu ! D’abord, en pleine possession de ses moyens et
talents (sa lésion à la main, à Orthez, l’empêcha de banderiller) ; et
ensuite, avec un peu plus de « bonne étoile ». En effet, un toro qui se
casse une corne, en premier ; et la pluie, pour affronter le grand
dernier, avouez qu’il y a mieux, comme conditions de succès. Cependant,
on restera, personnellement, sur une impression mitigée :
Il n’aurait « même pas » du faire mine de vouloir
toréer son premier, sur le piton mutilé. De plus, le toro, noble, était
très faible... Asi que...
Par contre, on le vit « malin » et « élégamment
électrique » devant le dernier de l’ondée, noble mais solide et encasté.
Adame multiplia les demi passes, les recortes et les adornos, souvent
sur le voyage, mais dut « rendre les armes », pas très bien, d’ailleurs.
Peut-être qu’en d’autres conditions, sur un autre « piso »,
les résultats eurent été tout autres… mais on en doute !
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DAX :
«
UNA DAMA… QUE YO SE ME
! »
El Fundi… par la Porte Grande
Rafaelillo… par la porte des cuadrillas!
16 Août: C’est une de ces personnes que l’on rencontre tant de fois
qu’on finit par saluer... Personne ne sait qui a fait le premier pas, le
premier sourire. Puis, on se retrouve souvent, au patio des plazas, en
un simple plaisir d’amitié et d’Aficion communes. Elle est petite,
blonde, sportive en diable et… grande amie del Fundi, et depuis
longtemps ! Toujours de blanc vêtue... Oh, vous la connaissez
sûrement ! Elle est « buena aficionada » et « aun mejor persona » !
Bon ! Admiratrice du Fundi !! - Allez! On peut la
comprendre, et de toutes façons, l’amitié commande tout.
En tous cas, notre amie vit deux années « de dulce ».
Et à en voir son sourire, à chaque rencontre, même lorsque l’on
« bouscule » un peu son torero, on sent que « tout va bien », et que le
Madrilène de Fuenlabrada est en pleine bourre. Entre autres, Séville,
Madrid, Nîmes, Vic, Mont de Marsan (mais là… on joue « en casa » !) San
Sebastian, Malaga… sont là pour le démontrer. Aque si? Avouez que cela
tourne bien, pour le Fundi !!! Partout, des médailles d’or, et notre
amie est aux anges, depuis « bien avant Pékin ».
Et hier à Dax : nouveau « carton plein » ! Trois
oreilles aux toros del Hoyo de la Gitana ! « No hay
quien le paré, a este ! » Personne ne peut l’arrêter… et c’est tant
mieux!
Et moi, dans mon coin, je me dis: « Ayy! Ce soir
à Dax, qu’est ce que je vais encore entendre! Elle va être là, tout
sourire, m’attendant de pied ferme ».
Et à tout dire… elle aura bien raison, « la Dama…que yo
me sé ! »
15 Août – DAX – 3ème corrida de Feria – No hay
billetes – Temps menaçant (on a reporté la Rejoneada du matin, au 9
Septembre): Toros de Hoyo de la Gitana, les trois derniers
« supérieurs ». De comportement inégal aux muletas, les trois, quatre et
cinquièmes montrant grande noblesse. Les plus ardus : premier et surtout
deuxième, court de charge, compliqué. On fit porter le mayoral a hombros,
ce qui divise les opinions, aujourd’hui.
El Fundi : Une oreille et Deux oreilles – Le
métier, la vista, l’envie et… deux gros coups d’épée. Il n’en fallait
pas plus pour que le Madrilène n’ouvre une nouvelle Puerta Grande. A
noter la bonne faena au grand quatrième, toro brave et noble, avec des
moments « muy a gusto ».
Rafaelillo : Ovation et Deux oreilles –
Le Murciano, revenant de blessure, ne laissa point passer une nouvelle
occasion de démontrer, dans le Sud-ouest, « valor y poder ». Cela se
passa au cinquième, avec une faena vibrante, sur les deux mains, close
d’un coup d’épée « géant ». Rafaelillo sortit a hombros, lui aussi, mais
par la porte des cuadrillas. Gros dilemme, pour les photographes !
Devant son premier, rajado, il fallut se battre…en sachant que c’était
vain.
Julien Lescarret : Ovation et Une
oreille – Toucha un premier adversaire, noble mais limite faible, que
son piquero avait mal arrangé. Le sixième s’avéra noble, permettant au
diestro Aquitain une faena « intermittente » où l’on retiendra de bonnes
naturelles et un coup d’épée volontaire, « al encuentro ». |
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DAX : «
UNE QUESTION SE POSE…! »
Quatre oreilles, pour un Enrique Ponce « imparable » !
17 Août : Une question se pose… une seule : « Combien d’oreilles aurait
coupé Enrique Ponce, hier à Dax, s’il avait lidié, seul, les six toros
de Samuel Flores ? »
- On peut parier sur « huit ou neuf », et même, en se
risquant un peu… « douze et deux rabos ».
Ca y est ! Je vous vois sourire ou froncer les sourcils… « Le voilà qui
dé… à nouveau ! » vous direz vous en chœur.
- C’est bien possible ! Pourtant, l’insolente facilité
et « l’énooooorme classe » avec lesquelles le diestro de Chiva a coupé
les deux oreilles de chacun de ses toros, hier, nous fait poser ce pari
qui, pour être « idiot », n’en n'est pas moins « jouable ».
Pourquoi ce pari ?
– Tout simplement parce qu’Enrique Ponce, « savant » et
immense torero, grand connaisseur de la ganaderia et de ses
caractéristiques, a « compris » ses deux toros, à la perfection, tandis
que ses jeunes collègues… n’y sont pas parvenus.
Ponce a « compris » ses deux toros, et les a
magnifiquement toréés, en les lidiant tout au long de chaque actuacion,
avec cape et muleta. Et s’il avait pris « les six », le Ponce d’hier, à
Dax, les aurait « compris », les auraient « lidiés », de la même façon…
et leur aurait coupé « tout »... Si, si !!!
Cinq oreilles, en plaza de Dax : Quatre pour un authentique « maestro »,
un réel « Figuron del Toreo », et une oreille, toute petite, pour un
Juan Bautista, méconnaissable après sa grande journée de San Sebastian,
complètement « écrasé » par ce qu’il venait ce voir, quelques minutes
avant de s’ouvrir de cape.
Certes « passer derrière Ponce, quand il est… « comme
ça ! » semble être mission impossible... Raison de plus pour rester
soi-même, avoir un peu de psychologie du public, faire « court, mais
bien et ... intense! »… et ne pas aller se perdre dans des adornos « à
deux sous », lorsque le public a encore dans les yeux, les arabesques
« or pur » du Valenciano, au toro précédent.
Hier, Juan Bautista a coupé « una orejita » qui, je
l’espère… ne le trompera pas. Ceci dit, tout respect gardé pour tout
homme qui se met devant un toro. No estuvo…Bautista !
De même Serranito, qui, malgré une évidente bonne
volonté et un talent dont témoignent certains gros succès, en des arènes
importantes comme Valencia ou Albacete, n’a rien pu démontrer, en une
plaza de Dax ou il compte de nombreux amis. Il est vrai que la voltereta,
reçue d’entrée de faena, sur un cambio de dos, mal balancé, avait de
quoi vous mettre les idées « en désordre ». Pourtant, à aucun moment on
aura trouvé de fil conducteur à deux faenas faites de bons détails,
isolés, perdus en un océan « d’essais manqués »…
Restent… « Ponce et les Samuel » !!!
On connaît les Samuel Flores « de Dax » : corps
volumineux, et cornes « amples », mais « amplement recourbées vers
l’intérieur », au point d’aller presque « se serrer les mains » ! Cela
ne loupe pas : « Este brocho, brochisimo… pa Dax ! »
On le sait, et si l’on n’accepte pas.. on ne vient
pas !
Samuel Flores, ce sont aussi des sorties «
distraites », de toros « abantos », courant en tous sens, refusant la
cape. Avec Samuel Flores, « il faut attendre le cheval ». A la pique, le
toro, à la première morsure… sursaute et « se va », comme un gros manso.
Parfois, il l’est !!! Mais bien souvent, le toro « qui ne savait pas
qu’il fallait pousser », prend un gros deuxième puyazo, pousse
magnifiquement, et « y revient » même si la pique est levée. C’est ce
que l’on a vu, hier, avec le troisième « encelado en el caballo ».
Cependant, « un peu de mansedumbre par ci, un peu de
faiblesse par là, pas beaucoup de race »… ce sont des toros qu’il faut
comprendre, et auxquels il faut donner confiance, « s’imposer aussitôt…
sans les bousculer ! » Dure alchimie!
Hier à Dax, un seul torero avait « la bonne recette »,
et comme il l’appliqua avec une grande plastique et une fabuleuse
expression artistique… nous avons eu « deux grandes faenas ».
On ne vous fera pas l’insulte de conter « comment est
Ponce.. lorsqu’il est bien ! » On vous dira simplement qu’hier, en plaza
de Dax… Enrique Ponce fut « mieux que jamais ». En un
authentique « Numero Uno ! »
Alors bien sûr, certains diront : « Quatre
oreilles, devant de telles « babosas », et en tuant mal !!! »
- Peut-être… mais deux questions se posent : « Pourquoi
les gens avaient ils dans les yeux, un tel bonheur ? », et « Pourquoi
les deux autres diestros n’en n’ont-ils pas fait autant ? »
Digo yo !!!!
Samedi 16 Août – DAX – 4ème corrida de Feria – No
hay billetes – Tarde agréable: Six toros de Samuel Flores (dont les deux
premiers, au fer de Agustina Lopez Flores), très « parejos », très
similaires de présentation : volumineux mais bas, armés « très largement
brochos », les cornes se développant « vers l’intérieur ». Toros qui
firent tous la même sortie, « abantos », sans fixité, pratiquement
impossibles à toréer de cape, excepté le quatrième, par Enrique Ponce.
Toros qui refusèrent souvent le premier fer, ruant et fuyant comme des
cabris, mais poussant dur sur la deuxième entrée, notamment le
troisième, prenant bravement un gros puyazo, « encelandose » et y
revenant, par deux fois. Toros de peu de forces, en général, mais qui
« allaient et venaient », nobles et un peu « sosos », à condition de les
soutenir et leur donner confiance, d’entrée. Le premier sembla le
meilleur, mais on aurait voulu voir ce troisième « en d’autres mains… de
Chiva ». Les quatrième et cinquième eurent grande qualité, le dernier se
montrant plus rétif. |
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Enrique Ponce : Deux oreilles ; et Deux
oreilles après un avis (avec quelque protestation) – En a « écoeuré
certains »… et « ravi » tout le monde ! Il est vrai qu’une telle
facilité frise l’insolence, et qu’alors, tout est bon pour vouloir nier
l’évidence. Des « petites bêtes », on en trouve toujours… Pourtant, il
sera difficile de contester « l’incontestable » !
Peu importent, à la limite, « une oreille seulement, ou
deux ! »… ce qui importe, c’est le talent ! c’est « la maestria » !
c’est « l’intelligence, la technique.. et le courage ». Même transformé
« en petit toutou », comme on l’entendait parfois, un toro reste un toro,
animal intelligent, qui ne pardonnera pas la moindre erreur… Aussi ne
peut on que se découvrir devant ces deux « monstres » de faenas,
exécutées par un Ponce « en pleine forme », en pleine veine, et en
pleine… Aficion! Et cela… après dix-huit ans d’alternative.
Que faudra t’il retenir ? – La douceur ! Le temple,
dans le toreo fondamental, tant à droite, que sur nombre de naturelles,
« soupirées » ! La profondeur des adornos enchaînés, faisant exploser la
plaza et « mitrailler les photographes »… Une passe, une photo « de
cartel » !
Il y eut, en fin de première parfaite faena, un pecho
« historique », préparé d’en bas, et « roulé » sur l’épaule contraire.
Indescriptible !
Il y eut, face au quatrième, un peu plus faible, un « tres
en uno » ; des naturelles citées « une à une », muleta repliée au bras ;
mais surtout, des adornos et de remates où le torero, comme transfiguré,
fou du bonheur de toréer, s’est complètement « abandonné ». Un adorno…
mille photos !
Bien sûr, les épées auraient pu être « plus !»… Ponce
tua le premier d’une lame desprendida ; et le second, en deux envois (pinchazo
et lame trasera )…
Bien sûr, cela pouvait engendrer contestation, surtout
pour ceux « qui n’aiment pas le diestro, quoi qu’il fasse » (et
« écrivent » même leur mauvaise foi) Pourtant, un fait est là : Ponce,
hier en plaza de Dax, a été « fabuleusement Torero ». Y ya esta !
Juan Bautista : Palmas, avec
« division » lorsqu’il vint saluer ; et Une oreille, en partie contestée
– Aura fortement déçu ceux qui, après « lo de San Sebastian », se la
promettaient belle, pariant sur un triomphe en France qui, d’un coup
remettait à l’heure, toutes les pendules.
Il n’en fut rien, l’Arlésien « naviguant » tristement,
mécaniquement, platement, dans une faenita mal inspirée et sans goût
(les manoletinas, alors que la faena avait coulé !) devant un premier
adversaire faible et soson, estoqué « muy desprendido ».
Face au cinquième, dont la longue charge sembla
l’inspirer, le Français alla « citer loin », mais ne transmit que peu
d’émotion au cours d’un long trasteo, mieux conclu avec l’acier. « Orejita »
qui ne doit tromper personne.
Certes « passer derrière Ponce », quand il est « comme
ça » doit être difficile, mais Juan Bautista, en de telles
circonstances, se devait d’être bien mieux, comme il le fut, l’an passé,
derrière « le coup de tonnerre » du Juli, au quatrième Montalvo. Oui
mais voilà.. c’était « l’année dernière » !
Serranito : Palmas et pitos mêlés ;
Applaudissements discrets – Na pas connu la journée dont il rêvait
sûrement, comme on rêve… d’une grande opportunité. Bien sûr ses amis
proches lui trouveront des excuses (notamment « les idées en vrac »,
après une dure voltereta, d’entrée) et personne ici ne contestera sa
bonne volonté ni son courage, de même que le fait de toucher le sixième,
plus retord… Mais, malheureusement, on est bien obligé de constater que,
malgré tous ses efforts et de jolis détails, isolés, Serranito n’a
jamais pu parvenir à « transmettre », et encore moins « à passionner ».
A son actif, de très bons passages au capote, dont un
quite par chicuelinas, ultra serrées ; quelques bons enchaînements liés
à de jolis pechos, devant un troisième qui lui infligea une dure
voltereta, sur le cambio dans le dos, ouvrant la faena.
Y poco mas ! Des hésitations, des replacements, un bien
vilain coup d’épée, très en arrière et de travers, au troisième. Devant
le sixième, qui débuta en cherchant la bagarre, mais finit par « cantar
la gallina », rompant le combat et partant à la barrière, Serranito fit
ce qu’il put, sans parvenir à intéresser une plaza qui attendait déjà…
la sortie a hombros d’Enrique Ponce, par la plus grande des portes de
Dax. Terrible !
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DAX : « EL RIO… A COULE »
Une oreille à Perera, in extremis !
18 Août : Deux toros faibles; un toro qui perd un sabot au cours de la
faena ; un toro qui subit une grave lésion, d’entrée au ruedo, et, après
vingt secondes de tristes sauts de carpe, étendu sur le sable, se
relève « descordinado »… il n’en fallut pas plus pour plonger la
dernière corrida de Dax dans la torpeur et l’ennui.
Les toros « del Rio » ont coulé !
Malgré la présence du ganadero, les toros de Victoriano
del Rio, très bien présentés et armés, ont fait couler la corrida, en
partie sauvée par les deux toros du « second fer », de Cortes, l’un
permettant au Juli de démontrer que « ça coince un peu, en ce moment
! », notamment en une détestable façon de porter ses estocades ; l’autre
qui démontra le grand moment de Perera, même si la France, et en
particulier le Sud Ouest, dédaignent à le reconnaître. Au milieu, Jose
Maria Manzanares se contenta de quelque minimum syndical, face à deux
toros tristes, l’un parce que flojo ; et l’autre parce que manso,
aquerenciado en tablas.
Restent « de bons détails » : Certaines naturelles du
Juli, au quatrième ; Un pecho de Manzanares ; les delantales de Perera,
au trois.. sa faena, au sixième. Et au milieu… coule une rivière
d’ennui.
Le dernier toro de la feria, un mastard portant le fer de Cortes, permit
à Perera une faena « doucement autoritaire », avec une terrible facilité
à lier les passes fondamentales, au point que cela en devient d’un
« répétitif lassant » (quoique techniquement admirable) ; puis à
enchaîner d’incroyables muletazos entrelacés, tricotés à l’envers autant
qu’à l’endroit, au point que toros et publics en perdent la boussole, et
que lui-même en tombe tout seul…
Pourtant, le public reste froid, comme s’il hésitait à
« se laisser aller à laisser éclater son admiration ! » Parfois, un
« olé ! » commun est bien forcé de sortir de mille poitrines, tandis que
cinq mille cœurs « soupirent » et siffloteraient presque « Ah, c’qu’on
s’em.. nuie, ici ! »
Sacrilège que cela, car, regardez bien : Perera
« torée ! ». Il conduit le toro, il « impose » au toro, un trajet qu’il
ne voulait pas forcément prendre ! Sa muleta est plane, rarement, très
rarement touchée… et ses pieds sont bien à plat au sol… Señores ! On
peut ne pas forcément goûter, mais en aucun cas « nier » !
Reste la mélancolie !
Reste « l’Agur », ce bel adieu à la feria de Dax 2008 !
Reste le gamin qui torée de salon !
Reste « la ilusion » de centaines de jeunes qui rêvent
d’être un jour Fundi ou Perera…
Reste « le respect » à la vieille dame, grande actrice
Française, que l’on a voulu utiliser en un faux combat qui n’est pas le
sien. Dax est « grande » ! On y est formidablement accueilli ! Alors,
que personne ne vienne « salir », « médire ou mépriser »… car cela, ce
n’est pas Dax !
« Mala suerte ! », pour cette dernière de Dax 2008 !
Sous son panama, don Victoriano del Rio dira plutôt :
« Mala pata ! »
Dimanche 17 Août - DAX – 5ème et dernière de feria – No hay
billetes – Ciel magnifique: Six toros de Victoriano del Rio, dont deux
(1 et 6ème) sous le fer de Cortes), magnifiques de présence
les 1, 3 et 6, variopintos, bien armés, les 2 et 4 « tapandose con los
pitones ». Hélas, le lot souffrit de nombreux accidents, les 2 et 3 « flojeando »
d’entrée ou a mi faena ; le quatrième perdant un sabot, douloureusement,
durant le trasteo, et le cinquième, se péguant « una costalada » dès sa
sortie, s’écroulant d’un coup, essayant de se relever, en de douloureux
sauts de carpe, se relevant enfin pour reprendre quelque course « en
tanguant beaucoup ». Le président Amestoy sortit rapidement le mouchoir
vert, ce que ne perçut pas le public, immédiatement (Une sonnerie
« spéciale » aurait peut-être « centré » les attentions sur le palco).
Sortit alors un sobrero de Abilio et Ramiro Hernandez, qui s’avère être
le second fer de Los Bayones. Le toro à la tête bien frisée ne fit
illusion que durant quelques instants… Dès le début de la faena, « canto
la gallina ». |
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Pourtant, les Victoriano avaient de la bravoure, comme
le premier, romaneando al caballo ; le troisième, qui poussa « muy fijo
en el peto…et se montrèrent nobles, en général… Mais, « faiblesse et
accidents... Mala pata » !!!
El Juli : Ovation rapide, et Silence –
Ne semble pas très préoccupé de faire plaisir au public. Si cela
marche, tant mieux, sinon… quatre derechazos, deux naturelles, un « Julipié »,
et « adios, à la prochaine, en Septembre ! ». Passe encore les
faenitas, sans appuyer, comportant de très bons passages, mais en tout
cas, il va falloir maintenant censurer avec énergie sa façon d’attaquer
à l’épée. Ces deux pas de côté, avant même que la lame n’atteigne le
toro, et « très bas » ou « loin, de côté », deviennent inadmissibles de
la part d’un torero de cette trempe.
Hier, à Dax, Juli n’était pas à son affaire ! Peut-être
digérait-il encore mal le « Niet ! » de l’empresa, devant son « désir »
de changer quelques éléments du lot de Victoriano qu’il avait été voir
au campo, dit-on ! On retiendra cependant quelque quite, quelques
derechazos au premier, qui méritait mieux que cette « faenita » rapide
et sans âme ; et trois grosses naturelles au quatrième, devant lequel
« il voulait » probablement, mais qui s’abîma durant la faena, perdant
un sabot, avant de mourir, d’un Julipie sans respect. Devant le premier,
l’épée fut plus infâme encore.
Juli nous doit un desquite, et nous serons les premiers
à chanter bien haut, une « vraie estocade », poussée « droit, et dans le
haut ! ». Quand sera-ce ?
Jose Maria Manzanares : Silence ; et
Silence – Fut plus « impressionnant » dans ses dévotions avant que ne
sorte son toro, que dans ses interventions.. lorsqu’il fut sorti. Mal
servi, un peu goguenard, l’Alicantino fit un peu penser à Papa, quand il
voulait à peine. Il n’était jamais « mal », mais démontrait… que cela ne
valait pas la peine ! Son premier fut faible, et Manzana hijo
« s’étira » sans grande conviction. Et lorsqu’il prit la muleta, devant
le sobrero cinquième, il savait déjà que… Il avait raison, le toro
filant aux barrières, à peine après un premier couplet. Mato rapido, sin
mas !
Pas de chance au sorteo… Certes !
Miguel Angel Perera : Silence et Une
oreille – Reçut son premier par delantales très propres, avant de
débuter, impavide, par autant de passes hautes, sur place. Le toro, qui
avait poussé bravement vers le centre, n’aguanta pas les allées et
venues, finissant par avouer sa faiblesse. Perera s’arrima au soleil,
jouant l’ombre et la lumière en des allers et retours qui ne
passionnèrent pas. Une estocade, desprendida, en attaquant fort.
Devant le gros dernier, Perera monta la faena « de
maintenant », démontrant grand temple en plusieurs séries sur les deux
mains, parfaites techniquement, mais « sans sel », et finit par
« secouer le public » en plusieurs enchaînements alambiqués, à deux
doigts des cornes, jouant plusieurs « pile ou face » qui méritent grand
respect. Après pinchazo, Perera porta un gros coup d’épée qui tua vite
en provoquant gros derrame. Une oreille… parce qu’il en fallait bien
une !
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DAX 2008 FERIA DE SEPTEMBRE |
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DAX : « AIMABLE ET DEPASSIONNE ! »
7 Septembre : Qui dit corrida de toros, dit… « Toros » ! Et qui dit « mano
a mano » dit « competencia », duel, bagarre « a qui met le bain à
l’autre ! »
Hier, en plaza de Dax, on chercha l’un, et l’on ne vit
jamais l’autre.
Une corrida « terciada », pauvre de tête, faiblissime,
noblona et sans race, avec un quatrième toro « indigne de Dax »… Et des
toreros qui ont joué « la quantité », chacun faisant son job, mais sans
passion, sans coup de cœur ou « coup de ventre ». Ce n’est qu’à la
sortie du cinquième Montalvo qu’un Juli bougon et sans flamme, jusque là
horrible tueur, a montré ce « qu’il aurait pu donner » s’il avait
vraiment été dans le coup du mano a mano… En six delantales, pieds
joints, sans bouger d’un centimètre, le Juli a soudain allumé la flamme,
ou « la flamèche », d’une tarde dépassionnée et « aimable », le public
Dacquois ne manifestant aucunement devant la sortie d’un quatrième,
imprésentable, dont le cul était plus maigre que celui de la fille de ma
concierge…
Avec mes respects et mes excuses, « on ne vous comprend
pas, amis Dacquois ! » Certes il y eut des oreilles ! Certes il y eut
« double salida a hombros ! » Certes il y eut « Salsa para todos ! »,
mais pardonnez moi… Cette fois, « la sauce n’a pas pris ! » Y cuanto lo
siento !
De Juan Bautista l’on retiendra les coups d’épée et
quatre naturelles de face, au dernier de la soirée. Pour le reste, le
sable et or de son costume se confondit avec celui du ruedo de Dax, au
cours de longs monologues où il sembla se joindre au public, pour
essayer de trouver… un peu de passion !
Samedi 6 Septembre – DAX – Première corrida de la Feria de
la Salsa 2008 – Plaza pleine – Tarde agréable et « sèche », après une
matinée où la corrida de rejoneo de la Feria, renvoyée à cause de la
pluie, subit le même sort, encore une fois : Six toros de Montalvo, de
peu de trapio, le quatrième étant indigne de cette plaza. Le deuxième de
la tarde sortit « descoordinado », et fut immédiatement rentré au corral.
Son remplaçant, du même fer, fut le plus armé de la corrida, asfino et
plus long que tous. Corrida faible, à peine piquée; sans race, excepté
chez les deux derniers, le sixième rematant « vers le haut », qui blessa
un cheval, en lui « montant » au cou, directement. Corrida noble, en
particulier les toros de Bautista, et surtout le cinquième, pastueño, du
nom de « Vigilante ». Toro noblissime et très limité de forces, à
templer « avec des pincettes », ce que fit très bien el Juli. Hélas,
corrida « morne », qui ne suscita aucune passion. Déception totale, des
Montalvo, tant au « plumage » qu’au « ramage ». |
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El Juli : Applaudissements au tiers ; Silence avec
quelques sifflets ; Deux oreilles – A tué très vilainement ses deux
premiers adversaires, multipliant sans honte des « julipiés » dont le
public, peu à peu, découvre la supercherie. Certes ces deux toros « ne
méritaient » guère autre chose, mais, renfrogné et comme « absent »,
Julian Lopez supporta la première charge du toro d’ouverture, dans
chaque série, pour ensuite la conduire à son aise, notamment sur main
gauche. Final par passes hautes et… passons à d’autres choses.
Devant le troisième, qui s’arrêta, après trois doblones
« hauts », et se mit à gratter consciencieusement le sable déjà meuble
du ruedo, le Madrilène sut aguanter plusieurs charges « de rage et sans
aucune classe », sur la gauche, avant d’entendre des sifflets pour une
conclusion sans honte, en sept épisodes (quatre entrées, dont un
metisaca « muy feo », et trois descabellos.
Heureusement, on retrouva le Juli « tel qu’il aurait du
être dans un mano a mano, dès le paseo » : Ambitieux, vibrant, bref…
« en figura ! » qu’il est. Dès sa sortie, le cinquième lui plut (à moins
que le torero, d’un coup, ait décidé de hausser le ton, et gagner son
semblant de duel avec Bautista), et Juli « joua » avec le toro : Tout
d’abord, six véroniques en tablier, pied joints, sans bouger d’un
centimètre, les bras et la ceinture « allant chercher » le toro qui
passa en de nobles va et vient. En conclusion de cette brillante entame,
une talaverana, une demie et grande rebolera. L’ovation éclata, enfin
unanime. Au cheval… « un picotazo de na ! », et Juli s’envole pour un
quite par « lopezinas », pas très limpio mais de gros effet sur un
public qui, à ce moment, ne demandait qu’à s’enthousiasmer. Brindis à
tous, décidé, et joli début par passses hautes, au tercio. Ensuite, la
faena va devenir un festival de « douce puissance » : « accompagnant »
les charges nobles et suaves du faible « Vigilante », Juli va se régaler
en tirant doucement des droitières à mi hauteur, très templées, « codilleando »
volontairement, toréant vertical, le coude cassé, avec grande douceur.
Faible mais plein d’envie, le toro fléchit à plusieurs reprises, mais
Juli lui donna confiance, au point d’allonger sa charge, sur main
gauche, et de lui imposer au final de longues allées et venues, « à
l’envers et à l’endroit ». Faena qui eut gros effet, bien que
l’adversité fût infime. Comme le coup d’épée, bien que d’effet tardif,
fut entier, décidé et « plus droit », semble t’il, les deux oreilles
furent accordées, que le Juli promena avec aux lèvres un grand sourire
enfin retrouvé.
Juan Bautista :
Une oreille (un peu protestée) ; Silence ; et Une oreille – A corrigé,
en partie, le « mauvais souvenir » laissé au cours de la Feria. Certes
le Français mit toute sa bonne volonté, tant au capote qu’à la muleta,
mais c’est probablement à son épée qu’il devra une sortie en triomphe
que l’on qualifiera « d’aimable et dépassionée ».
Face au sobrero du même fer Salmantino, toro colorado,
astifino, noble mais faible, Bautista monta une longue faena, propre
mais sans passion, sans « la chispa ». Comme il tua bien et vite, une
oreille tomba, bien généreusement.
Devant l’affreux quatrième, qui ne fut protesté que
lors de l’arrastre, le diestro « ennuya et s’ennuya », mais tua vite, la
aussi.
De fait, c’est encore devant le dernier que l’on
retrouva, en quelques bons passages, le Bautista de l’an dernier. Toro
castaño, bien armé vers le haut, qui « monta » immédiatement au cou du
cheval, le blessant spectaculairement mais semble t’il, sans gravité.
Toro « noblon » avec tendance à remater dur « vers le haut », ce qui
empêcha une estocade à laquelle Bautista « dut penser », après une faena
« longue et intermittente », dont on gardera trois jolies naturelles de
face et des enchaînements de bon aloi, près des barrières. Hélas, il y
eut un pinchazo, précédant une nouvelle estocade, de gros effets
immédiats. L’oreille fut accordée, permettant à Bautista une sortie « a
hombros », un peu discutable, aux côtés d’un Juli qui a sauvé la
corrida… « en six coups de cape ! »
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DAX : « MIGUEL, L’ANGE !!! »
Miguel Angel Perera gracie un toro de Victoriano
del Rio.
Dax, divisée mais justement heureuse, célèbre la faena de
l’année. |
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8 Septembre : Il est dans la vie, des moments magiques où, d’un coup,
tous ensemble, on se retrouve « sur une autre planète », une planète où
le temps s’arrête, où tous les regards deviennent complices dans le
partage de l’admiration et l’enthousiasme… une planète où tous les
soucis sont oubliés, l’espace de dix minutes d’un inexorable crescendo
où « le cœur et le ventre » font taire toutes les « raisons », toutes
les froides analyses…
Hier, la plaza de Dax et huit mille personnes ont vécu
ce moment… Certes, quelques « raisonneurs » auront trouvé bonne raison à
ne pas communier… Ils ont leurs raisons, et peut-être... raison! Mais à
tout dire, on les plaint un peu...
Hier, un homme et un toro ; un grand homme et un petit
toro, très brave tant il était noble, ont amené tout un public à une
totale euphorie dont le bouquet final, longuement attendu, fut « l’indulto »,
la grâce du toro…
Bien sûr il est possible de contester, on y reviendra…
Bien sûr on reprochera à Miguel Angel Perera, de ne pas avoir « le
sentiment » du Morante, d’être « un laborieux », parfois pesant, qui met
et remet dix fois, cent fois, son métier sur l’ouvrage… tandis que
Morante, sur « un muletazo »…
Cela peut être vrai, mais il me semble que certains
muletazos, certaines entames, certains remates de Perera, hier… si c’est
Morante qui les donne, pues… « apaga y vamonos ! ».
Hier, Miguel Angel Perera, d’un bout à l’autre d’une faena parfaite,
intense, à la fois douce, suave, coulée, léchée, mais aussi
« puissante », impérieuse, totalement dominatrice, a monté un véritable
chef d’œuvre, parfaite illustration du Toreo d’aujourd’hui, avec « les
valeurs d’hier »... Et que l’on ne parle pas de « répétitif »,
face à une babosa sans force ou sans malice… Certes le toro était
« petit », certes il était « très noble »… Certes il n’avait pas été
piqué, pratiquement, mais il était brave, et sa noblesse allant
crescendo, son envie de charger et charger encore, dévoilèrent sa vraie
bravoure…
Bien sûr que l’on pourra discuter, et en cela, cette
dernière tarde Dacquoise « alimentera » bien des discussions, dans les
Clubs et Peñas, autour d’un feu d’hiver… Bien sûr que « règlement en
main ! », le dos courbé sous le poids « des tables de la Loi », le toro
n’avait pas été piqué, « qu’on ne l’avait pas vu au cheval », et qu’à ce
titre, n’étant pas « complet », il ne pouvait être question « d’indulto ».
Mais quand à la fin d’un tel faenon, le toro « demande » et « en
redemande encore », dévorant la muleta et « les kilomètres », on peut
tout à fait entendre que « l’on n’a pas le droit » de laisser partir cet
animal vers le repos éternel, surtout en une époque où « l’on espère »,
à chaque paseo, que la plupart des toros « permettront un peu ! » A
l’heure des toros « tardos », « parados », « rajados », « cantando la
gallina » parce que le torero a un peu trop baissé la main, on n’a pas
le droit de laisser passer celui qui accourt, avec brave noblesse, au
moindre toque…
Hier à Dax, Miguel Angel Perera a monté un véritable chef d’œuvre, digne
de celui dont il porte le nom… Mêlant le temple, la cadence, la douceur
et la force, le torero « se salio », « sortit de lui-même… et se regarda
toréer ! ».
Vous souvenez vous de l’entame : Deux cambios dans le
dos… Bon ! On connaît ! Cela devient presque « routinier » On ne
s’étonne plus de rien ! Mais, un troisième cambio, puis le pase de las
flores, en huit aller et retour impressionnants de force et de saveur…
avouez que ! Et il n’est que de voir « le coup d’bouc » du torero, au
sortir de la suerte, pour être sûr qu’à ce moment précis, Perera « se
sentait » immense torero, et qu’il savait ce qu’il allait monter.
Savait il que le tout serait si parfait, si coulé, si
lié, si « plein de trouvailles joliment mêlées », que l’on arriverait à
ce dire « Mais bon Dieu ! Que ce toro est brave, avec ce qu’il lui
met ! » Peut-être en rêvait il! Il savait le toro, noble... mais peu à
peu, la noblesse devint « authentique bravoure », et c’est pour cela que
le public tout entier arriva à demander « l’indulto ». Et cela fit du
bruit! Une belle fièvre, qui montait, montait...
En bas, le torero interrogeait, alors que la bronca
naissait, dès qu’il faisait mine de monter l’épée. En haut, au palco, le
président gardait la main sur « le règlement… et « la raison », dont il
était le double garant. En cela, il était parfaitement dans son rôle, et
personne, ici ou ailleurs, n’aurait voulu être à sa place, en ces
instants.
Ce furent de longues, longues minutes, de « bras de
fer » entre les deux concepts « de la bravoure et de la noblesse ».
Puis, tandis que huit mille gorges (moins quelques unes) hurlaient la
supplique, le président, lui aussi très noble, accepta, laissant parler
« le cœur et les tripes ». Car en bas, « Desgarbado », (littéralement
« le vilain pas beau, sans élégance ni classe », continuait de charger
et charger, sous les derniers coups de pinceau d’un torero qui, ce jour,
devint… un grand artiste.
A l’heure où j’écris cette chronique qui, je le sens, sera « bien trop
longue », une fois de plus, je n’ai lu aucun de mes collègues, sur
d’autres pages… et peut-être vais-je à l’encontre de tout ce qu’ils ont
écrit. Tant pis… j’assume, et je signe ! Hier, pour moi, « le » grand
artiste de la tarde, fut Miguel Angel Perera, et le « laborieux » fut
Morante de la Puebla. « Y eso que soy Morantista!! », vous le savez
amplement.
Hier, et même s’il fut bien, très volontaire, ce ne fut
pas le Morante que l’on rêvait de voir. Le Morante « vertical »,
seigneurial… le « Cagancho des années 2000 » ou « le Pepin Martin
Vazquez de toujours ». Son « inspiration » actuelle le poussant à des
remates « agachados », vilainement courbé, le cul en arrière, que l’on
prend pour de l’art, tandis que l’on peut aussi penser que ce n’est que
« du précautionneux fleuri », nous éloigne du « garboso », de « l’empaque
profond » qui fut le sien… « avant ». Hier, le Morante de la Puebla fut
« laborieusement baroque », souvent « très torero »… mais « l’artiste »
du jour, dans un autre registre d’immense toreria… fut Miguel Angel
Perera.
La France et Dax ont eu la grande chance de vivre ce
moment, et de le vivre, comme Dax, seule, sait le vivre… et le faire
vivre. « Avec le cœur et les tripes… autant qu’avec la tête ! ».
Corrida qui partait bien mal ! Corrida « chica », dans le trapio et
« les idées »… Mais corrida qui finit en véritable apothéose, « unique »
et méritée, grâce à un toro « très brave à force d’être noble », et d’un
immense torero…
Chapeau à « Desgarbado », qui mérite son destin futur !
Monterazo à Miguel Angel Perera, immense torero, hier…
et superbe artiste !
Chapeau à Dax, qui a voulu parler « avec le cœur »,
même si elle savait que « la raison » disait le contraire. Et chapeau au
Président… qui a su l’entendre!
En premier rang de la barrière, un homme, un torero retiré, un grand, un
immense torero, les yeux plissés par la concentration, suivait, étonné,
la faena de son jeune collègue… A ses côtés, sa belle et adorable
épouse, qui ne lui lâcha la main que pour se lever et, dès les premiers
instants, demander l’indulto de « Desgarbado ». Le torero en question
était le maestro Cesar Rincon, et lui aussi, quelques instants après, du
mouchoir et du sifflet, s’est joint à l’immense clameur… Torero,
ganadero, « immense persona », par sa sincérité et sa « noblesse de
brave », Rincon se laissa aller, lui aussi, à la grande communion…
obtenant, lui aussi, la vie sauve du petit toro vilain, tellement noble
qu’il en était… « immense » de bravoure !
Ah oui ! Un « superbe détail » qui dit, encore une fois, qu’à Dax, « il
y a quelque chose qui ! » : Lorsque « Desgarbado » fut rentré au corral
et que l’on attribua au torero « tous les trophées, symboliquement », on
n’alla point, comme il arrive souvent, courir au desolladero chercher
les deux oreilles et la queue d’un toro précédent… Ici, l’alguacil remit
au triomphateur, en une superbe improvisade, trois mouchoirs immaculés,
symbolisant tout « le moment parfait », vécu ensemble…
Un joli geste de plus, « un detalle » qui fait qu’à Dax, on
aime à y venir et y revenir…
Enhorabuenas mil !
Dimanche 7 Septembre – DAX – 2ème corrida de la
Feria de La Salsa – Gros plein et belle tarde : Toros de Victoriano del
Rio, de présence très inégale, et de comportement décevant, très limités
de forces, arrivant « noblones » mais avec bien des défauts au troisième
tiers. Sortant « abantos », distraits, corretones, ils ne permirent que
peu de choses, au capote. Les piques furent courtes, quoiqu’intenses,
parfois, mais aucun n’arriva « facile » à la muleta. Aucun… sauf « Desgarbado »
- petit toro noir, de 486 kgs, sorti sixième. Un toro qui ne brilla
guère, dans les deux premiers tiers… mais un toro qui alla « a mas y
mas », chargeant de loin, avec « du moteur », une énorme fijeza, une
immense noblesse et au final, une telle « bravoure » (alors qu’il
n’avait reçu qu’un picotazo », que peu à peu, la plaza toute entière, en
demanda vies sauve, et finit par l’obtenir. |
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En fin de paseo, Dax fit saluer Enrique Ponce, qui
invita les collègues à partager les bravos. En barrière d’ombre,
accompagné de son épouse Natalia, Cesar Rincon reçut de nombreuses
marques d’amitié.
Enrique Ponce : Silence après un avis ;
et Silence – Sembla « trop facile » et se passa de faena, devant le
noble mais bien fade premier. Elégance, technique, mais pas de passion…
et deux désarmés. A la mort, le Valenciano piqua deux fois, vilainement,
et perdit une petite oreille.
Le quatrième sortit « avec quelque chose » à une patte,
mais fit oublier cette passagère faiblesse en un puyazo « romaneando »,
finissant par un gros batacazo, plus « malin » que brave. Il sortit de
la deuxième rencontre, affaibli et le piton gauche en charpie. A la
muleta, il se défendit plus qu’il n’attaqua, et Ponce multiplia
vainement de longs efforts, et finit par ennuyer un brin. Cette journée
n'était pas sienne!
Morante de la Puebla : Ovation et Une
oreille après avis – Ne put jamais « se libérer » tout à fait, tant au
capote qu'à la muleta, du fait du manque de vraie noble bravoure de ses
adversaires. Pourtant, Perera monta à son premier adversaire un quite
par le haut, formidablement « double rematé », qui disait que le toro
« avait quelque chose », à condition de rester quieto et de le
convaincre plus que le forcer. Le Morante 2008, plus « vibrant » que
profond, plia le toro par le bas, et « l’obligea » en de nombreuses
séries sur chaque main, sans n’obtenir jamais « la grande communion ».
Un Morante, en quête du moment parfait… qui n’arriva pas. Devant le
cinquième, la faena fut très longue, mélange de classique et de baroque,
les passes longues et « galbées », avec quelque profondeur, se mêlant à
des remates baroques, très penchés en avant, inesthétiques, ce qui est
un petit comble, pour le Morante. Cependant, tout « génial » tutoyant le
grandiose ou le ridicule, on laissera à chacun sa propre appréciation.
Cela dit, on retiendra la grande volonté du Morante à « travailler »,
pour tirer la série parfaite… à laquelle il ne parvint pas, tant
l’adversaire était âpre et inconstant dans ses charges. En un mot, un
Morante qui coupa une oreille, après un coup d’épée, pour lui, très
honnête. Mais… « ce n’est pas le Morante que l’on attendait ! »
Miguel Angel Perera : Silence et « Tous
les trophées, « symboliques », du toro gracié – S’est immédiatement
signalé par un quite ahurissant de stoïcisme et de serré, en ses deux
remates, sans rectifier la position. Sa première faena fut
« insistante », alors qu’on priait pour qu’elle fût plus brève, le toro
ne valant pas grand-chose, manso, faible, sin raza ninguna.
Et puis, alors que la corrida « coulait » un peu et que
l’on s’attendait à une « redite » de Perera… sortit « Desgarbado » le
sixième et dernier de la temporada... Petit toro, feucho, sortant sans
grande fijeza, jusqu’au moment où Perera l’accrochera en trois bonnes
véroniques. Le premier tiers se déroulera dans la quasi indifférence, le
toro étant à peine piqué.
Pourtant, le diestro « avait vu » sa qualité, et ne
douta pas d’aller brinder, au centre. Et là, pratiquement sur place,
Perera va citer de loin, et lier en vibrantes allées et venues, trois
cambios dans le dos, suivis d’un pase « de las flores », lié à deux
muletazos de remate, grandioses. Explosion dans la plaza et hurlement
d’émotion du torero, au sortir d’un tel enchaînement.
Ensuite, la faena monta… en faenon, la muleta allant
chercher loin devant la charge d’un toro qui devint parfaite de rythme,
de fixité, de noblesse et de bravoure. Séries « amples », douces mais
puissantes, suaves mais sans faille, chaque fois ouvertes par des
adornos que l’on qualifiera « d’artistes », par l’attitude torera et
l’efficacité, le toro et la muleta se retrouvant à l’endroit précis, au
moment précis, pour entamer la séquence suivante. Séries « variées »,
dans le registre conventionnel, car « rematées » par des enchaînements
que beaucoup regardèrent, incrédules. Faena « a mas », avec un toro qui
n’arrêtait pas de charger, en demandait et redemandait encore, avec
énormément de fijeza et de noblesse.
Déjà des voix demandaient l’indulto, bientôt rejointe
par une majorité naissante. A sa barrière, l’épouse de César Rincon se
leva, un foulard à la main. La pétition allait croissant, et en bas,
saoul de toreo, Perera regardait le président. Celui-ci, dans son rôle,
lui fit signe de monter l’épée. Une, deux fois, Perera fit mine de
cadrer « Desgarbado ». Une, deux fois, la bronca se fit féroce, et se
retourna contre le palco. Alors, Perera continua de donner au brave toro,
« ce qu’il lui demandait », des passes et des passes, plus
seigneuriales, plus « abandonnées » les unes que les autres… Alors la
pétition fut générale, féroce. Rincon était debout, fixant la
présidence, sifflant et rageant.
Et tout à coup, la bronca se fit gigantesque explosion
de joie : Le président avait plié… et Miguel Angel Perera avait gracié
le brave « Desgarbado ». Le torero, très ému (bien que cela ne se
refléta pas) simula la mort et le toro partit, tête haute, noblement,
beau comme tout, vers son nouveau destin. Dax donna en guise de « Tous
les trophées, symboliques », trois mouchoirs blancs, comme autant de
colombes de paix, de joie et d’amitié Aficionada.
Enorme moment, comme fut « énorme » la faena de Miguel
Angel Perera, à un petit toro de Victoriano del Rio, nommé « Desgarbado ».
Petit par la taille, mais… « énorme » par le cœur !
Enhorabuena… tout le monde !
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PERERA, A DAX
L’indulto de « Desgarbado » - La vidéo
9 Septembre: Après l’événement de dimanche, en plaza de Dax, de larges
extraits de la faena de Miguel Angel Perera, face à Desgarbado,
désormais fameux toro de Victoriano del Rio.
Certes, la vidéo amateur (que son auteur soit ici
remercié) ne donne pas la complète dimension de la faena, ni de
l’émotion que suscita « le crescendo » de l’homme et du toro. Cependant,
on peut se faire ici une première idée, que d’autres documents,
probablement, viendront corroborer. Ce fut… un grand moment !
Déjà, Miguel Angel Perera est reparti, suivant le grand fil d’or d’une
saison triomphale. Dimanche soir, il en était à 65 corridas toréées en
Europe, avec 113 oreilles et 2 rabos. (36 faenas « de
deux oreilles », dont Madrid, Sevilla, Barcelona, Pamplona, El Puerto,
Nîmes… )
Hier, lundi 8 Septembre, Miguel Angel Perera a
coupé trois oreilles à la Goyesca de Santoña.
En vidéo, la faena de Miguel Angel Perera, devant Desgarbado, toro de
Victoriano del Rio, indultado sur pétition du public et des
professionnels (via youtube):
http://fr.youtube.com/watch?v=rMDjwP3t_r0
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