DAX : « FALTO SENSIBILIDAD !
»
Qui a volé « La Porte » ?
Corrida « muy guapa » de Bañuelos. Mais…
15 Août: « Falto sensibilidad! »
Il a manqué « de la sensibilité », hier à Dax… et l’on
a volé « la Porte Grande » à un torero. Et ça… c’est pas bien ! C’est
encore pire que la concéder à un autre qui ne la mérite pas…
Si l’on n’est pas capable de reconnaître la vérité
d’une faena ou d’une estocade, ni la sincérité « totale » d’un torero,
qu’il soit « figura » ou segundon, qu’il soit novillero ou même
becerrista, alors c’est que quelque chose ne va pas !
On ne marche pas « qu’avec la raison » ! On marche
aussi « avec le cœur… et les tripes ! ». Alors, si au cœur s’ajoute « un
peu de raison… » ou de « savoir », on se rend compte de ce qui vient de
se passer, on sort son mouchoir, et on se lève tous, bien plus fort que
pour « Danette »…
Sinon… « es que falto sensibilidad » ! C'est-à-dire…
Aficion ! Autrement dit, le « savoir » et le « ressentir » !
Et vous, Monsieur du Palco… probablement aviez vous
envie de la concéder, cette oreille… mais vous avez passé votre temps à
compter les mouchoirs et donc, « règlement en main », vous n’avez pas
accordé le trophée que méritait ô combien, un garçon qui s’était joué la
vie, « tout à gauche », devant un toraco d’importance, et qui avait tué,
« atracandose de toro », restant suspendu au piton l’espace d’un
interminable instant…
« Falto sensibilidad ! Monsieur de Mont de Marsan ! »
Si vous n’êtes pas capable de laisser un instant votre calculette de
côté, et « ajouter » deux cents de vos blancs mouchoirs aux trois mille
et quelques (c’est vous qui avez le chiffre exact !) qui vous
demandaient cette oreille, premier « passeport » pour la Puerta Grande…
c’est que vous avez manqué de sensibilité… et d’Aficion ! Parce que,
vous saviez bien, vous, que le toro était « amorcillado », et que l’on
ne pouvait le descabeller… Grande partie du public devait le savoir
aussi, qui devait imposer silence à quelques ignares, et demander le
trophée… malgré tout, malgré ce temps qui passe, malgré le douloureux
spectacle de cette bête qui tarde, tarde, tarde… à tomber.
Falto sensibilidad ! O, vous n’avez pas douter à
envoyer un avis, et nul ne vous le reprochera… Mais vous auriez pu
également « faire justice », monsieur le Président…
« Que paso ? » - Que s’est il donc passé ?
– Simplement qu’après une faena « de vérité », dont la
majeur partie se fit « sur main gauche » et « à fond », le tout devant
un toro « guapisimo » et très armé de Bañuelos, le jeune Colombien Luis
Bolivar entra une première fois à matar, pour un pinchazo « vrai »,
extrêmement violent. Et sur la deuxième entrée, « atracandose de toro »,
le torero se fit accrocher par le piton, au niveau du chaleco, restant
un long instant suspendu au bout de la corne. Estocade « totale », comme
on voudrait en voir beaucoup en ces grandes ferias où l’on coupe des
oreilles à foison, à grands coups de « julipies » !
Et là, problème ! Mais problème « connu » ! Le toro
« se amorcillo, bebiendose la sangre ! ». Pour une raison que seule
expliquerait un examen poussé, post mortem, le toro resta debout, et
lutta longuement, tête à mi hauteur, immobile et « se ramassant sur
lui-même »… Impossible de le faire bouger, pour une nouvelle épée ; ou
de lui baisser la tête, pour le descabello. C’est très désagréable, mais
malheureusement, cela arrive parfois.
Alors bien sûr, certains s’offusqueront, par logique
ignorance ; d’autres diront « Si le toro ne tombe pas, c’est que
l’estocade était « imparfaite »… Pas vrai, monsieur du Palco ? -
Pues no ! On a vu de grands coups d’épée, qui ont eu ces conséquences..
et l’on en verra encore !
Que se passa t’il, alors ?
– Au bout d’un long moment, tandis que quelques
protestations fusaient, le toro s’écroula, et le jeune diestro salua,
conscient de sa faena, de son estocade « à pile ou face », et de son
triomphe… Mais là ! Surprise ! Le public ne « poussa » aucune pétition
majoritaire et sans appel. On demanda l’oreille, avec plus de cris que
de mouchoirs… Mais le président, lui, « ne compte que les mouchoirs ».
Et, règlement en main, on ne peut le lui reprocher ! C’est alors que
doit entrer en compte « la sensibilidad » !
Hier à Dax, le président n’a pas mis les deux cents
mouchoirs qui manquaient. A Mont de Marsan, il y a peu, il me semble
qu’un président en rajouta… deux mille !!! A que si ?
Voilà donc pourquoi et comment Luis Bolivar ne coupa
point une énorme oreille, coupée « toreando y matando, muy de verdad »,
en toréant et en estoquant, avec grande sincérité, un toro « important »
de Bañuelos. Et voilà pourquoi le Colombien, qui coupa au quatrième une
oreille « d’émotion et de courage », ne sortit il pas a hombros, « por
la Puerta Grande ». Tout cela parce que… « falto sensibilidad ».
Corrida « importante » d’Antonio Bañuelos, hier à Dax. Corrida
« con trapio y pitones », très sérieuse de présence et très armée.
Corrida noble, parfois encastée, à laquelle il manqua un peu de force et
de bravoure, au premier tiers. Avec « un petit plus », de tels toros
devaient « volatiliser » les piqueros. Ils ne le firent pas, restant
relativement discrets, pour « remonter » ensuite, dès le deuxième tiers.
Deux éléments extérieurs ont en partie gâché la
corrida :
Un: le fait que le troisième toro se soit cassé la
corne gauche dans le peto, « annula » totalement la présentation à Dax
du jeune Mexicain Joselito Adame, d’autant qu’il essaya de le toréer, y
compris sur la corne infirme. A ce sujet, on notera que la corne se
cassa, en sa moitié, et que « quedo seco el piton », c'est-à-dire, qu’il
ne saigna pas… Ce qui n’est pas normal ! (Un peu comme pour le toro de
Castella, à Pamplona). Bañuelos utilise t’il « les fundas », et si oui…
pense t’on que le piton « puisse vivre », ainsi emmaillotées de résine ?
- La question est posée… Toujours est-il que cet incident provoqua le
doute en de nombreux esprits, d’autant que certains demandèrent le
remplacement du toro. Là également, « règlement en main », le président
refusa. Triste, mais logique...
L’autre mauvais coup du Destin, ce fut la pluie, à
partir du cinquième ! Et là, on se doute bien que les choses ne sont
plus les mêmes. Daniel Luque vit comment l’on ne tenait guère compte de
sa faena au cinquième toro de Bañuelos, mais c’est Joselito Adame qui
fut peut-être le plus défavorisé, dans la mesure où, face à un toro
noble mais très encasté, violent et prêt à la bagarre, le jeune Mexicain
n’avait plus tous ses appuis… Mais au fond, peut-être en vaut il mieux
ainsi, car il semble qu’Adame soit très friand de demi passes et de
recortes, affichant un dynamisme cachant mal certains lacunes, en
particulier d’aguante.
Cet aguante, cette capacité physique et mentale « d’attendre » et « de
supporter » la charge du toro, surtout s’il était armé comme tous, hier,
Luis Bolivar l’a eu. Avec un courage à épreuve de plus gros boulet de
canon, le Colombien « aguanta » formidablement, la grosse charge du
premier. Et tout sur main gauche, s’il vous plaît !!! Pero. ?.. falto
sensibilidad.
Devant le quatrième, peut-être pas assez piqué, il
faillit se faire couper en deux dans la pedresina d’ouverture, mais là
également… « aguanta » formidablement. Comme il supporta les
conséquences d’une terrible voltereta, avec grosse chute sur la tête et
longue « recherche » au sol… Terribles moments d’anxiété, et probable
« raideur », au niveau des cervicales (On verra demain !) Mais
après deux secondes de douleur, le torero revint, et « aguanta » de
nouveau…
Vaillant, le Colombien ! Droit dans la ligne de Rincon,
le jour de « Bastonito ». Cette fois, le public demanda une oreille,
malgré le bajonazo, peut-être pour demander pardon !!! Hier en plaza de
Dax, Bolivar fut « un géant »….
Malheureusement, on n’en dira pas autant d’un Daniel Luque, excellent au
capote, mais qui ne sut pas, ou ne put pas, donner « le grand pas »,
avec la muleta. Il étouffa son premier, que l’on vit excellent, en un
grand début de faena. Et sous la pluie, il toréa longuement le
cinquième, alors le public essayait de se protéger.
Avec un peu plus de psychologie et de métier, le jeune
Sévillan aurait pu viser une faena courte, très intense… il préféra « le
long » et le « demi teinte ». Ainsi s’étonna t’il de ne rien couper… En
cela il fit une erreur, car s’il avait toréé de muleta avec autant « de
sensibilidad » qu’au capote, on parlerait aujourd’hui d’un autre
résultat. Mouillés, mais contents de lui !
Ainsi se déroula une deuxième de Feria, en plaza de
Dax, où malheureusement, le public passa à côté de ce qui aurait été
très beau… et très juste !
Mais... ce n'est là, que mon opinion...
Jeudi 14 Août – DAX – 2ème de Feria – No hay
billetes – Temps menaçant, et pluie à partir du cinquième toro : Corrida
d’Antonio Bañuelos, pas très lourde, mais de grand trapio, armée « superior »
et « astifina ». Corrida importante, sortant fort, un peu discrète à la
pique, mais « remontant » noblement mais « avec caste », à la muleta.
Deux toros ont dominé, dans ce domaine : Premier et sixième. Deux toros
nobles, auxquels il fallait peut-être donner distance : les deux de
Luque. Plus compliqué quoique noble, au début : le quatrième, qui
soudain, se mit à chercher durement, sur les deux côtés. Enfin un
troisième, probablement excellent, qui se cassa la corne, a mi piton,
dans le peto (??) Una lastima! |
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Luis Bolivar : Vuelta après un avis ; et Une
oreille – On ne reviendra pas sur ce qui a été dit précédemment, mais on
retiendra, avec force, sa faena « toute gauchère », après cambio au
centre, face au grand premier, très durement armé. Il y eut des
naturelles « ultra serrées », où le Colombien montra un cœur « énorme »
et un enviable savoir faire. Il y en eut d’autres, citées « de medio
pecho », tournant le toro sur la jambe, avancée, qui rappelèrent le
Rincon de 91/92. Il y eut… beaucoup d’intensité et se sincérité, en
cette faena « sincèrement » brindée à Jean François Mengelle,
responsable de « Périples Lointains », dont on sait l’amitié qui le lie
à la Colombie. Faena solide, ferme, bien conclue, avant le moment de
l’épée.
Bolivar « voulait les deux oreilles », et c’est la
raison pour laquelle il attaqua fort, avec l’épée. Le pinchazo fut très
dur, mais l’épée qui suivit fut « a matar o morir ». On
connaît la suite : El toro se amorcillo… y falto sensibilidad !
La pétition fut peu convaincante, et le président… manqua de conviction
aficionada.
Luis Bolivar, peu rancunier, reçut le quatrième en une
larga à genoux, risquée, et brinda sa faena au public. Débutant par une
pedresina « ultra serrée », le colombien attaqua fort, d’entrée. Moments
intenses, qui devinrent angoissants suite à une voltereta terrible, le
torero montant haut et retombant sur la tête, avant d’être durement
piétiné et recherché, au sol. Se relevant, très courageux, Bolivar
repartit au combat, imposant une dure bataille, sur les deux mains, se
faisant à nouveau menacer par un toro plus incertain, prenant tout à
coup un gros « sentido », sur les deux côtés.
Partant fort, mais habile, avec l'épée, Bolivar laissa
un bajonazo, qui roula le bicho. Malgré ce, pétition et l’attribution
d’un trophée « de consolante ». Mais… c’est au premier qu’on a fait la
faute !
Daniel Luque : Ovation, et Ovation, après
pétition minoritaire – Se montra excellent, au capote, mais déçut
fortement à la muleta, dans la mesure où le toreo « encimista », que
l’on pourrait ici à comparer à du « tremendisme classique » ne lui va
nullement.
Son premier avait belle charge, en début de faena.
Luque débuta joliment, mais se mit très vite « trop dessus », étouffant
la charge (peut-être parce qu’il ne la « supportait pas ») et restant
« al hilo », alternant cites « pendulés » et muletazos « au coup par
coup », souvent agréables, mais trop répétitifs, qui finirent par
ennuyer un peu. Faena « que l’on attendait pas », et torero… dont on
attendait mieux. Il tua « muy trasero » et s’étonna que l’on ne lui
accordât point meilleure récompense. Hombre!
De même, sous la pluie, face au cinquième, Luque
parcourut beaucoup de terrain, tirant de bons muletazos, isolés et
« sans transmettre ». Tuant vite, le sévillan et ses accompagnants
« espéraient plus », mais le public attendait « autre chose » de lui…
Une petite « régression », au vu d’autres actuaciones.
Dommage ! Du moins c’est une impression, un sentiment. Mais, cela
dépend… des sensibilités !!!
Joselito Adame : Silence ; et Silence après avis
– Devra être revu ! D’abord, en pleine possession de ses moyens et
talents (sa lésion à la main, à Orthez, l’empêcha de banderiller) ; et
ensuite, avec un peu plus de « bonne étoile ». En effet, un toro qui se
casse une corne, en premier ; et la pluie, pour affronter le grand
dernier, avouez qu’il y a mieux, comme conditions de succès. Cependant,
on restera, personnellement, sur une impression mitigée :
Il n’aurait « même pas » du faire mine de vouloir
toréer son premier, sur le piton mutilé. De plus, le toro, noble, était
très faible... Asi que...
Par contre, on le vit « malin » et « élégamment
électrique » devant le dernier de l’ondée, noble mais solide et encasté.
Adame multiplia les demi passes, les recortes et les adornos, souvent
sur le voyage, mais dut « rendre les armes », pas très bien, d’ailleurs.
Peut-être qu’en d’autres conditions, sur un autre « piso »,
les résultats eurent été tout autres… mais on en doute !
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