BAYONNE: « A MALIN, MALIN ET DEMI! »
El Fundi sort a hombros de la Miurada

    10 Août: Il y a, en gros, trois sortes de passes de poitrine : la première, « gustandose », artistique et profonde, prenant loin derrière la charge du toro, et la lançant en avant, en le faisant tourner vers l’épaule contraire. C’est ce que voulut faire Joselillo, par deux fois, devant le sixième Miura, et par deux fois il se mit en danger. La deuxième est le pecho « en linea », lançant le toro droit devant, le parcours de la muleta restant parallèle à la ligne de charge du toro. C’est ce que fit, régulièrement Valverde, ce qui donna des images « propres » et spectaculaires, provoquant les bravos du public. La troisième enfin est de donner la passe, « echando el toro por fuera », le diestro restant d’un côté, et, de la pointe de sa muleta, « jettant le toro », littéralement, de l’autre côté. C’est ce que fit le Fundi, continuellement, parfois avec raison, souvent… par principe.
     Bien entendu, il est hors de question, ici, de critiquer le Fundi. Son  curriculum, son parcours, son courage, son sens de la lidia et sa toreria ne sont plus à vanter. Pourtant c’est aussi un malin, un vrai « batailleur », qui sait, en bougeant beaucoup et en criant un peu, convaincre bien des publics. C’est de bonne guerre et lorsque l’on sait ne pas être un artiste, « le métier » aidant, on trouve les recours pour « se gagner tout le monde », surtout lorsque, dans le ruedo, il y a… d’autres malins !
     Car ils sont malins, les Miuras !
     Même lorsqu’ils sont « prontos » et nobles, ils « regardent »  d’une drôle de façon. Ils « pèsent » sur l’esprit des toreros qui, d’entrée, se méfient… avec raison. Ils chargeront droit, clair et long, sur les deux premières charges, et « couperont » méchamment, le terrain ou le rythme, à la troisième. Alors, deux solutions : Ou l’on essaie de les toréer « classique », et advienne que pourra…!  Ou on est aussi malin qu’eux, d’entrée...! Fundi fait partie de la deuxième catégorie, et son mérite n’en est pas des moindres.
     Hier, à Bayonne, le Fundi a vaillamment « bataillé », d’abord devant un noble, puis un bien plus compliqué. Certes il coupa une oreille de chaque, mais sa sortie a hombros ne fut pas « chaude », comme lorsqu’elle est incontestable. Cela dit, « à malin, malin et demi ! » et Fundi fut bien plus malin que ses Miuras… et que ses collègues.

     Trop sage, trop sobre, trop vrai, Javier Valverde. On ne le changera pas… et c’est très bien ainsi. Pourtant, il lui manque cette « picardia » qui valent à certains de couper des sacs d’oreilles, à moindre mérite. Le Salmantino eut des très bons moments, hier, en une plaza qui l’apprécie grandement, mais ses conclusions à l’épée n’étant pas assez « nettes », il dut se contenter d’une chaude vuelta.
     Joselillo prétendit toréer les Miuras « comme des Domecq », et il faillit le payer cher. Après un début alluré, au capote, il oublia que les « doblones », secs et durs, par en bas, ce n’est pas que pour faire joli, mais bien aussi pour « tordre » le toro, lui dire que « le patron, c’est moi ! », bref… commencer à le dominer. Sur le premier pecho, Joselillo, « pas malin », prit le Miura dans la figure et partit au sol. Dès cet instant, le toro était le patron, et il le savait. Devant le dernier, probablement « possible », le Vallisoletano ébaucha le toreo « classique » et laissa la jambe, en plusieurs naturelles. Cependant, l’impression ne fut pas « complètement favorable », même après la meilleure estocade de la tarde.

     Restent les Miuras ! Des sacré malins qui, à Bayonne, firent bonne impression à la sortie, par leur mobilité, leur promptitude et leur allant, notamment au premier tiers. Il n’y eut pas, ou très peu de faiblesse (chez les deux premiers), et quatre toros au moins « acceptèrent » près de soixante muletazos… ce qui n’est pas commun. Cela dit, reste l’esprit « malin » des Miuras, qui fait que, dans les cuadrillas, personne ne se sent bien à l’aise, notamment aux banderilles (si tant est que l’on puisse se sentir « à l’aise », devant le moindre toro !).
     Et puis… en parlant de « malin », il faudra quand même que Mr Miura explique comment se fait il que ses toros, « qui ne sont jamais touchés », finissent régulièrement avec les cornes « en plumeaux », comme certains, au Plumançon, ou le sixième, hier, à Lachepaillet… Là également, « A malin, malin… trois quarts ? »

     Ah, au fait !!! Depuis le début de saison, Bayonne a droit à un véritable concert « de canards », à chaque sonnerie de clarine. Curieux de se mettre « à sept » pour si piètre résultat. Cela finit par tourner « au cachondeo ».
     Pas malin !  

     Samedi 9 Août – BAYONNE – Entrée bien décevante, pour les organisateurs (entre demie et deux tiers de plaza) – Grand beau : Six toros de Miura, bien présentés, dans le type, les hautes et longues carcasses cachant, à l’habitude, des poids importants (entre 566 et 610 kgs). Corrida d’une très grande mobilité, prompte et noble au capote. Fixité et allant aux piques, mais « topando », jouant plus sur « le choc » au cheval, que la franche poussée. Cependant, les Miuras firent grand devoir et les picadors, de même (formidable mobilité et aguante des chevaux de Bonijol), en quinze rencontres qui valurent quelques belles ovations aux cavaliers. A la muleta, le troisième, distrait, gazapon et violent, devint impossible, parce que jamais dominé. Les deux premiers furent nobles, et le dernier le devint sûrement. Toro « coriace » et violent, « interdit à gauche », le quatrième, tandis que le cinquième sans grande fijeza et tardo, ne permit aucun lié.
     El Fundi : Une oreille et Une oreille – Fit preuve en tout instant d’un grand « métier », notamment devant son premier qui semblait bien accepter la droite, en début de trasteo. Sur deux fléchissements (les seuls) du Miura, Fundi partit main gauche et imposa sa bataille en un final peu limpio mais vibrant. Après pinchazo hondo, une entière efficace, et une présidence qui obéit à la pétition, sans se faire prier.
     Le quatrième sera un tout autre client, sortant fort et violent, prenant trois piques et bondissant au visage du Fundi, dans un tiers de banderilles qu’il aurait du refuser. Faena « bataille », encore une fois, le diestro parvenant à tirer de très bonnes droitières, isolées, avant de jeter le toro « fuera » sur des pechos de défense. A gauche, le Miura interdit toute approche et Fundi continua d’attaquer à droite, avec intelligence et « gros métier ». Final « en castigo », genou à terre et desplante, dans la même position. Entrant habilement, Fundi laissa une lame « passée » et de desprendida, qui roula le Miura. L’oreille tomba, et le public en fut ravi.
     Javier Valverde : Ovation et Vuelta – Manqua deux probables oreilles, à cause de l’acier. Les deux descabellos qui scellèrent les longs effets retardés d’une lame trop courte, à son premier ; et l’entière au cinquième, qui se révéla « atravesada », au fur à mesure qu’elle ressortait, coûtèrent au Salmantino les récompenses qu’auraient méritées une première faena, propre et abondante, au noble deuxième ; et la seconde, volontaire, au coup par coup, citée à grands cris, devant le cinquième. Pour le reste, toreo « sobre », classique, sans fioritures aucune, un peu répétitif, peut-être, mais grandement sincère et « valiente ». Valverde est « vrai », du paseo à la sortie de la plaza. Et cela… c’est important. A son grand actif, une larga à genoux « très forte », devant la sortie impressionnante du cinquième, suivi d’un grand capeo. A Bayonne, Valverde paya content.
     « Joselillo » : Division, après un avis ; et Applaudissements -  N’a probablement lidié que peu de Miuras, ce qui lui valut grosse déconvenue, hier à Lachepaillet. Débutant très bien au capote, face au troisième de la tarde. Ce toro prit deux puyazos, « durmiendose » ou « saliendo suelto », mais un troisième en poussant. En un mot : « Un malin ! ». Aux banderilles, on le vit « remonter », arrivant à la muleta « como si tal cosa ! », en plein forme. Joselillo débuta par élégants doblones, peu appuyés, et une première série droitière à l’issue de laquelle, dans un pecho mal conduit, le torero se fit jeter au sol où le toro tenta de le chercher. A partir de cet instant, il n’y eut plus de doute : Le toro s’imposa, avec tous ses défauts (marchant, jouant les distraits, restant tête en haut !), et le diestro perdit pied. Souvent menacé, il termina en des doblones plus secs, insuffisants à fixer le toro, maître du combat. Ce fut le début d’un petit calvaire, épée en main, avec un avis et quelques sifflets (gentils) à la clef. Depuis le callejon, Fundi encourageait et conseillait, mais ce fut insuffisant : Le Miura était devenu le patron.
     Face au sixième, Joselillo eut de bons passages, notamment main gauche, mais son trasteo ne prit pas d’envergure, d’autant qu’il fut méchamment menacé sur deux pechos qu’il prétendait vouloir « tourner » sur l’épaule contraire (Ayant retenu la leçon, il tira les suivants « en linea »). Cependant, il laissa la jambe, en quelques bonnes occasions et, après pinchazo, porta l’estocade de la journée. Hélas, le public n’a pas suivi, malgré final spectaculaire, le toro campé sur ses quatre fers, la muleta posée sur le dos, en une estampe des temps anciens. Pas assez « malin  », Joselillo!