MONT DE MARSAN : « LES TOURS
D’ADELAÏDE… »
Fernando Cruz frôle le grand succès
26 Juillet : Ainsi donc nous y voilà : Dernier jour de la Madeleine
2007, dite « la Feria du renouveau ! »
Il ne faut préjuger ni jurer de rien,
mais on aura beau se tourner à l’Ouest, à l’Est, au Nord ou au Sud, on
aura beau interpeller toutes les Sainte-Anne du Moun…on ne verra rien
venir… Alors on se dira peut-être que, dans les actuelles circonstances,
« cinq corridas, c’est une de trop ! », et qu’à voir les réactions du
grand public montois, que ce soit envers un torero « peu connu » ou un
élevage « nouveau », il vaudra mieux « reconstruire » en ne se basant
que sur du « connu » et du solide. Je ne sais pas, moi : Quatre
corridas… avec le Juli, chaque jour ! Là tomberaient les oreilles, et la
majorité se retirerait contente… en principe.
Curro Diaz n’a pas plu ! Bon ! J’ai
entendu : « Mais où y ont été le chercher, çuila ? » La réponse peut
surprendre : « A la porte grande de Madrid, señor ! »
Les Adelaïda Rodriguez n’ont pas fait
recette : la plaza était loin d’être remplie, hier, pour « l’avant
dernière »… peut-être parce que « Adelaïde » évoque plus le rugby que
l’une des ganaderias les plus « fortes » de Salamanca, qui a déjà fait
quelques beaux jours, du côté de Bayonne ou Dax. Oui mais Bayonne…
« c’est loin ! » Et Dax… « quelle horreur ! » Le mépris séculaire qui
sépare les deux proches cités, en aveugle beaucoup… du côté de l’Aficion.
Total : Juli, Juli !!!! Au fond, la
recette est peut-être celle là : Quatre corridas, l’an prochain… et
« quatre fois Juli », bien entouré ! Y porque no ?
Hélas, le public, encore une fois, semble avoir quitté le Plumaçon…
désenchanté ! Il est vrai que la fatigue se fait peut-être sentir, et
que, la chaleur revenue, le gros « coup de barre » nous guette tous.
Pourtant « il y a eu des choses ! »
hier, en cette quatrième de Mont de Marsan. Tout d’abord « des toros »,
certains, impressionnants, qui ont fait grande partie de leur devoir,
même si la note de certains aurait pu leur valoir deux heures de colle.
Il est vrai que les cornes du premier
toro, méchant boxeur ambidextre, aurait pu lui valoir un « contrôle
après l’arrivée »… ce qui a du se faire, d’ailleurs.
Il est vrai que lorsque sortit le
salpicado deuxième, une « décoordination » des ses arrières nous fit
craindre le pire… mais non ! Il était « acalambrado », comme on dit…
Mais, avouez qu’à partir du troisième,
la chose prit un autre ton, et chaque toro souleva l’intérêt : Présence,
trapio, mobilité, noblesse compliquée, qui ne pardonne rien, force au
cheval… On n’est pas loin de « la caste », même si… beaucoup de choses
se passèrent « au toril »…. Même si… le lot d’un Domingo Lopez Chaves,
totalement « hors du coup » actuellement, ne fut pas des plus propices,
loin de là.
Chez les hommes, on reprochera au Fundi… son horrible costume « vert
et noir » qui fut pourtant celui de son triomphe, « seul contre six »,
en Arles l’an passé. « Hombre ! Don Pedro… un « matador de toros », et
vous en êtes un, doit sortir vêtu d’or ». En tous cas le Fundi souligna
bien qu’il fut « le meilleur tueur » de Séville et Madrid 2007, en
portant au quatrième, « l’estoconazo » de la Feria… Cela lui valut
justement, « l’oreille du jour ».
L’autre satisfaction, même si elle ne
fut que partielle, repose sur les « apparemment » frêles épaules de
Fernando Cruz. Apparemment seulement ! Parce que le jeune Madrilène,
bien connu par nos contrées, du temps où Olivier Mageste se crevait à
lui dénicher les contrats, est devenu un torero « solide » dont la
vaillance n’a d’égal que la capacité à faire « à des toracos de mucho
cuidado ! » le toreo que d’autres font… « a des chotos » ! Hier, en
plaza de Mont de Marsan, et par deux fois, Fernando Cruz a toréé « con
gusto », alliant au fondamental, quelques séquences de grande
esthétique…Hélas, « la espada no viajo ! » L’épée fut sa croix, une fois
de plus, et au lieu de la sortie a hombros que l’on voyait déjà, ce fut
le long trajet du retour, à pied, vers le patio, le coche et la douche…
Même sous l’ovation, on comprend bien qu’il eut un goût amer. Otra vez
sera.. peut-être ! Car Fernando Cruz s’est bien gagné « la répétition ».
Une estocade, quelques fameuses paires
de banderilles (Bravo, Javi !), de bons moments « muleterils » et
surtout « les tours d’Adelaïde »…
Tout ne fut pas noir, hier, sauf
peut-être… les lunettes du président ! « Hombre, Señor ! Le soleil ne
vous brûle pas… et en bas, « ceux qui vont mourir et vous saluent »
aimeraient bien vous le dire… « droit dans les yeux ! »
Un détail peut-être ! Mais, important
lorsque l’on parle de renouveau, et de respect !
25 Juillet – MONT DE MARSAN – 4ème corrida de
Feria – Plus de 2/3 de plaza – Grand grand beau, enfin !: Six toros de
Adelaïda Rodriguez, de présence parfois « impressionnante », tels les
quatre et cinquièmes, justement ovationnés à leur sortie.
La très mauvaise opinion que laissèrent
les cornes « explosées » du premier par la suite s’estompa, notamment
devant les « petacos » du quatrième. De même, la sortie chaloupée du
deuxième, probablement « acalambrado », inquiéta l’espace d’un temps.
Pour le reste, même s’il y eut bien quelque génuflexion, on ne retiendra
que de la mobilité et des charges « qui pèsent ». Certes il y eut
parfois mansedumbre y soseria, mais toujours « seriedad » et parfois
même « casta ». |
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Au comportement justement, on retiendra
« du sérieux » au cheval, le magnifique cinquième supportant deux
terribles « sopapos » en piston, sans sourciller. Le sixième « romaneo »,
levant le cheval comme fétu de paille… Pour les toreros, si le deuxième
fut « le malo de la pelicula », et le cinquième son valet, le lot de
Fernando Cruz « se laissa » et ceux du Fundi, de même, à condition
d’aller les chercher. En un mot, une corrida « qui avait de quoi »,
laissant aux toreros le choix de s’exprimer… chacun selon sa forme du
moment.
El Fundi : Ovation et Une oreille – Peut être
satisfait d’une actuacion « jamais géniale » mais solide, « forte »,
conclue d’un coup d’épée « royal ». Son premier fut rejeté par le
public, pour des cornes méchamment mutilées (Le fait de le voir « taper
comme un sourd » sur tout ce qui bougeait, laisse encore un doute,
d’autant que le reste du lot semblait « hors tout soupçon »). Fundi le
banderilla « tout en muscles », et tira une faena d’honnête laborieux,
longue à se déssiner, après avoir trouvé les bons terrains du toril,
prédilection de manso « con mobilidad noble ».
On l’aura plus apprécié devant le
quatrième, très bien reçu au capote, même si la faena, longue, heurtée,
hurlée, répétitive, finit par lasser un brin, heureusement close par un
énorme coup d’épée qui, à lui seul, valut bonne oreille. Pas « génial »
le Fundi, mais honnête, bagarreur, et en 2007, remarquable escrimeur (en
référence, les prix de la Feria de Séville, de la San Isidro et de… Mont
de Marsan !)
Domingo Lopez Chavez : Petite division et Bronca –
Passe un mauvais moment. Presque celui… d’où l’on ne revient pas. Cela
se traduit notamment par des « entrées a matar », calamiteuses, que l’on
qualifiera surtout de « sorties a pescar al toro, como sea ! ». Pour le
reste, justice est de dire qu’il toucha un bien mauvais lot, en
particulier son premier toro, sans cesse marchant sur l’homme, les yeux
« par-dessus » la muleta, ne baissant jamais « ni mufle ni cornes »…
L’échec était logique.
Devant le magnifique cinquième
(Magnifique… pour nous !), le Salmantino qui avait permis une lourde
punition par coups de pistons répétes, en deux rencontres
« règlementaires » - (Por favooooor ! Mettez lui « cinq puyazos » s’il
le faut, mais pas « dix huit », en deux entrées !) - pensa trouver la
solution en deux passes de tanteo, corne gauche, auxquelles le toro
répondit favorablement. Hélas, la suite ne fut que placements,
remplacements, muletazos « au coup par coup », sans « la force d’y aller
tout à fait » mais en restant sur le bord de quelque réussite, « à la
prochaine tentative, peut-être ! ». Long trasteo que les sifflets
logiques finirent par interrompre, précédant la bronca qui pointa, après
quatre « sorties a matar » des plus vilaines, suivies d’un descabello
« a toro vivo ». Pa sanccion !
Fernando Cruz : Vuelta et Ovation, à la sortie –
Frôla le bon triomphe ! Le frôla, seulement, à cause « de l’acier »,
encore une fois. Cependant, on retiendra de sa prestation, la faena au
troisième, bien construite, allant « a mas », comportant, dans le
registre classique, de longues séquences sur les deux mains, certains
muletazos, longs et templés, soulevant un bel enthousiasme du conclave.
Faena « sur deux mains », dont on retiendra les naturelles du début, une
grosse série droitière qui en fut le zénith, et les adornos qui la
conclurent. Hélas, une entière « muy desprendida », après pinchazo, lui
couta un juste triomphe.
La faena au sixième fut moins brillante,
parce que peut-être « trop volumineuse », trop longue, mêlant de
nouveaux muletazos « précieux », à d’autres, moins riches, plus « sur le
voyage ». Pourtant, s’il eut bien tué, nul doute qu’on aurait vu fleurir
« les bruyants mouchoirs blancs » (pétition « à la Française)… mais là :
Quatre entrées, peu assurées, et autant de rage et désespoir à peine
contenus. Que lastima !
En tous les cas, de cette Madeleine
2007, on oubliera beaucoup de choses… mais pas « les tours d’Adelaïde »
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