MONT DE MARSAN : « OLE, CŒURS ! »
23 Juillet : Les années suivent et ne se ressemblent pas… mais c’est
toujours la même chose ! On a beau changer « la directiva », repeindre
le décorum, les taureaux sortent tous avec quatre pattes, plus ou moins
solides, deux pitones, plus ou moins effilés… et « des idées », plus ou
moins claires. Devant eux, les toreros sont « ce qu’ils sont », plus ou
moins décidés, plus ou moins talentueux, et le public… ce qu’il est,
avec ses caprices, ses outrances, ses coups de cœur… Comme dans la vie !
Alors, après cette première corrida « de la nouvelle ère », qui
ressemblait un peu à « celles de l’ancienne », on a simplement envie de
dire « Hauts les cœurs ! » ou plutôt « Olé, cœurs Montois ! »
Superbement faite, la corrida de Margé a chèrement vendu sa peau.
Cependant, les Cebada Français n’ont jamais été « nets », entre la
fureur et de soudains accès de faiblesse, entre la caste et le subit
« manque de tout ». Certes tous firent illusion, à la sortie, mais, à
part les deux d’Encabo, ce furent des toros « de mucho cuidado ! »
Et là surgit « la division » : En
aficionado « toreista », qui va juger le torero « en fonction » du
comportement de son adversaire, peut-être les silences de Séville eurent
ils été de mise, hier… y compris pour un Luis Miguel Encabo qui, certes,
« a voulu », mais n’a pas pu… Devant le meilleur lot, et de loin, le
Madrilène mit de l’animation et fit « illusion » un long moment : faenas
copieuses, sans jamais s’y mettre vraiment, accumulant les passes, « rapidillas »,
rejetant le toro dehors, cherchant vainement « la série » parfaite et
décisive. Encabo a voulu… mais n’a pas pu. Et ce n’est pas la mort
instantanée de son premier adversaire qui change quoi que ce soit à
l’impression finale. Le public s’est peut-être trop emballé à réclamer
une oreille qui n’aurait en rien grandi le sérieux de la plaza…
heureusement sauvegardé par un président qui eut le courage d’aguanter
l’ire des uns et des autres, même si pour cela, il tutoya un peu le
règlement.
Pepin Liria n’est plus en heures d’aller
se jouer un cuir depuis longtemps tanné par de rudes batailles sous tous
les soleils d’Espagne. Pepin « veut » toujours, mais « ya… ! » Et puis,
son lot fut des plus décevant : Manso aquerenciado le premier ; court et
« reponiendo » le quatrième. Il fit… ce qu’il put !
Julien Lescarret quant à lui…nous a fait peur.
Outre une nouvelle et terrible voltige dont on ne sait par quel miracle
répété le jeune Français sort encore vivant et quasi indemne, c’est
« l’impuissance », avouée au dernier, qui préoccupe beaucoup. Hier « no
pudo con ellos ! ». « Eux ! » ce furent deux « sacrés tontons »,
violents et encastés, qui lui firent mal, peut-être encore plus
« moralement » qu’au plan physique. Devant des toros auxquels il fallait
dicter le chemin, aussi brutalement qu’ils chargeaient, Julien Lescarret
nous sembla se mettre en danger, citant de la jambe ou de la zapatilla,
plutôt que « toquant » dur, avec la muleta. En un éclair, le toro était
sur lui, et c’est vraiment miracle d’échapper ainsi à une bonnes
dizaines « d’achuchones » absolument interdits aux cardiaques… et même à
ceux qui ne le sont pas. Julien a eu du mal, hier, et ce n’est pas
méchanceté de le dire, bien au contraire.
Bueno ! La feria a débuté… Nouvelle plaza ! Nouveau ruedo… Sur la
piste, une ligne perpendiculaire à la barrière, en contre querencia,
« invite » fortement les picadors à ce placer « là, et pas ailleurs ! »,
pour le premier tiers. Durant toute la corrida, l’alguazil s’époumona
vaillamment à vouloir faire exécuter la consigne, aidé en cela, bien
plus diplomatiquement, par Alain Bonijol… Mais « Chante, beau merle ! »
les picadors n’en firent qu’à leur tête, et seul le deuxième puyazo,
court, bien cité et bien tenu, du premier piquero d’Encabo valut le
déplacement… Sinon, « bis repetita ! » et le pauvre alguazil, toute la
tarde, s’en fut « à la pêche... à la ligne ! »
Venga Mont de Marsan ! La Madeleine a commencé,
alors… « Olé, cœurs ! ». Pardon, « Hauts les cœurs ! »
Dimanche 22 Juillet – MONT DE MARSAN – 1ère
corrida de feria – Casi lleno – Beau temps chaud : Toros « preciosos »
de Robert Margé, variopintos (le sardo cinquième était « una estampa »),
et très armés. Toros « très sérieux », dont le comportement fut « très
inégal », mêlant de fréquents agenouillements soudains à des charges
violentes et encastées. Ce fut le cas des deux toros d’Encabo, le
cinquième allant s’améliorant, à condition que le torero « mette » la
muleta.. et la jambe. Mauvais lot « déclaré » pour Pepin Liria : Un
premier, manso au toril et le quatrième, très court et se retournant
« dans » la passe (reponiendo). Les toros de Julien Lescarret furent
très violents, impliquant que le torero s’impose à eux d’entrée. Sinon.. |
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Il y eut une jolie pique, courte, bien
citée parce que la seule « bien mise en suerte », de toute la tarde.
Elle valut belle ovation au premier picador de Luis Miguel Encabo. Aux
banderilles, El Chano s’illustra en allant banderiller le premier de
Lescarret « al sesgo por fuera », en partant des barrières. On le fit
saluer, « pour la réunion », mais aussi pour l’initiative technique.
Dans la cuadrilla de Pepin Liria, les frères Cervantes ont brillé de
concert.
Pepin Liria : Silence et Silence, avec
quelque sifflet mêlé - Gardera un souvenir « bien vide » de cette
corrida. Il toucha deux toros « clairement » mauvais, parce que bien
plus enclins à la défense qu’à l’attaque : Le premier « fila à querencia »,
presque immédiatement, en barrière du toril, et le diestro de Cehegin
alla lui voler quelques passes en ce terrain, profitant du retour
naturel du bicho vers « sa » barrière, pour placer çà et là, une
naturelle, un beau pecho et un remate en regardant le public. Après une
lame courte, tendeciosa et insuffisante, Liria abrégea en deux
descabellos.
Il abrégea encore plus face au
quatrième, sorti fort, qu’il avait reçu par larga à genoux. Le toro se
montra « court » d’entrée, se retournant même dangereusement, dans les
essais main gauche. Sur ce constat, Pepin Liria « plia les cannes », de
trois quarts de lame.
Luis Miguel Encabo : Vuelta, après forte pétition
et furieuse bronca au président ; Petite ovation au cinquème – Aura été
le principal acteur de cette ouverture, en particulier en estoquant son
premier d’une lame dont l’effet instantané a un peu trompé le monde. Du
coup, il y eut « grosse pétition » d’oreille, plus de la voix que du
mouchoir… mais le président refusa le trophée. S’ensuivit alors une
grosse bronca, tandis qu’en bas, Encabo regardait fixement le palco,
avec aux lèvres un « cabrones ! » à peine dissimulé. La vuelta fut très
fêtée, et les président entendit « le deuxième couplet » de la chanson.
Il y avait pétition majoritaire, et au vue du
règlement actuel, le président devait donner l’oreille, même s’il
estimait que le torero ne la méritait pas… Et nous sommes d’accord avec
lui ! Durant une faena « légère », éludant le toreo « de verdad » pour
accumuler les passes, Encabo fut « très en dessous » du toro, et ni ses
banderilles, rapides et faciles, ni son estocade, habile, roulant
immédiatement de toro, n’y pourront rien. No merecia premio !
Il confirma son apparent mauvais moment
devant l’impressionnant cinquième qui finit « avec de la qualité »,
malgré des cornes « de cauchemar » et une charge parfois hésitante. Mais
le toro « mettait la tête », quand le torero, lui « ne mit jamais la
jambe ». En un mot : « No estuvo bien con el toro ! » Après une estocade
tendida, trasera, en sortant par devant, Encabo, vint saluer une ovation
qui s’adressait… au toro.
Julien Lescarret : Applaudi fort, chaque fois, avec
un « ouf ! » de soulagement – Son principal mérite fut « de sortir »
vivant de cette corrida. Rarement l’on avait vu le jeune Aquitain autant
en danger devant des toros.
Si le seul souvenir de son actuacion est
la terrible voltereta que lui infligea son premier, c’est le reste qui
préoccupe : l’impression de danger permanent, le sentiment perpétuel
« qu’il va se faire attraper ». Hier, Julien Lescarret passa une très
dure après-midi… et le public de même, à le voir en danger constant. Ses
deux toros le menacèrent durement, tant au capote qu’à la muleta. Deux
toros très « durs », violents, « regardant beaucoup » le jeune homme qui
les défiait, plus de son corps que de sa muleta… Et ils firent leur
devoir ! Sans pouvoir s’imposer à eux ; manquant de ce « toque » sec,
vigoureux, qui fixe le toro sur la muleta, Lescarret ne put éviter des
charges forcément désordonnées, courtes et ultra violentes, de deux
toros qui faisaient… ce qu’ils devaient faire.
Dur ! Très dur, hier, pour Julien
Lescarret qui, outre l’affection du public (à part quelques idiots !),
bénéficia « de tous les quites » de Sainte Madeleine.
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