DAX : « PORT, SALUT ! »
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Septembre : On ne va pas en faire « un fromage », mais vraiment, entre
les résultats de Bayonne, Dax et certaines autres plazas de la planète
Toros, il est temps que le fer du Puerto San Lorenzo subisse une « mise
en carénage » des plus sérieuses.
Bien sûr, « los toros, como los melones son ! ». Les
toros sont comme les melons : Il faut les ouvrir pour voir s’ils sont
bons ! Mais avouez que le comportement des toros du Puerto San Lorenzo,
cette année, laisse « un tantinet » à désirer : Dix lots lidiés, et « en
gros », deux toros qui ont vraiment servi (dont celui de Juan Bautista,
à Madrid). Pour le reste : Madrid à Pâques, Séville en feria d’Avril,
Madrid en San Isidro (trois toros), Nîmes, Leon, Vitoria, Béziers,
Bayonne, le week end dernier… Et Dax, hier ! Cinquante et un toros
lidiés, et dix oreilles coupées, souvent grâce aux exploits personnels
des toreros (Ex : Talavante, avec le dernier de la corrida de Pâques à
Madrid, manson aquerenciado en tablas). Pas terrible, non?
Et Dax, hier !!!
Une corrida très correcte de présence, solide de corne
(même si le premier se quitta « una vaina »), qui sortit « en Atanasio »,
partant dans tous les sens, se retournant à l’envers, « a lo loco »,
mettant un gros coup de force dans le cheval, cherchant à passer « par
devant », par derrière, mais rarement « par le côté des braves ». A la
muleta, « andarines » presque tous, « marchant », ne laissant jamais le
torero tranquille, ni avant, ni après le muletazo. En prenant un
« bien », mais en jouant un mauvais tour dans le suivant. Le tout dans
une fadeur et un manque de race évidents. Pouaaah !
Dans ces conditions, et face à un Sébastien Castella
qui resta longtemps, malgré son état de santé, « devant les cornes », le
Juli mit tout son savoir, toute sa hargne et sa toreria, à démontrer
« qu’il peut » avec tous les toros, même si cela ne transmet pas « à
tout le monde » (Confer : Arles, vendredi). Hier, le Madrilène a fait
une démonstration « de poder », (de pouvoir), en dominant ses sujets (et
son concurrent) de la tête et des épaules. Mais il a également fait
preuve « de sabiduria », de cette élégance technique, consistant à « andarle
al toro », marcher avec le toro, lorsque le toreo fondamental, lié et
répétitif, ne peut atteindre son but ni « lever » personne. De même sa
façon de « mettre une rouste » au cinquième, à l’ancienne, par doblones
et recortes très secs, genou en terre, sans perdre l’attitude torera,
après s’être joué la peau, de la gauche, où le toro lui mit « trois
vacheries » en cinq naturelles. Ajoutons à cela ces « remates à une main
» avec le capote, lents, majestueux et « toréés » jusqu’au dernier
centimètre de cape… Que bonito ! Sans connaître l’apothéose que tous
souhaitait, le Juli a été « très bien », hier à Dax, compte tenu de
l’adversité.
Sébastien Castella, livide (on apprendra peu après la
course, que le Français « coupe » la temporada), se dépensa sans
compter, se montrant très torero avec le capote, puis subissant le
manque total de classe de ses adversaires, en trois longues faenas où
l’on pensait parfois que « enfin cela va décoller! ». Mais cela ne
décollait jamais, malgré les efforts et les risques encourus. L’épée
fonctionnant « plus vite », mais pas mieux, Sébastien Castella put
limiter une casse dont il n’était nullement responsable.
Oui décidément, hier à Dax, la France n’a pu qu’adresser, à son corps
défendant, un fatidique « Port, salut ! », aux toros du Puerto San
Lorenzo.
Maldita lengua azul !!! Avec cette maudite « Langue
Bleue » et à force de racler les tiroirs du campo Salmantino, on va
finir par se retrouver « Grosjean comme devant !! » Et derrière aussi,
d’ailleurs ! Ce qui est pire… enfin, pour la majorité !
8 Septembre – DAX – 1ère corrida de la Feria de
« La Salsa » - Plaza pleine – Grand beau : Six toros du Puerto San
Lorenzo (dont le sobrero quatrième), correctement charpentés et armés
durs. Toros « sueltos y sin fijeza » au premier tiers, chargeant par
arreonnes, « percutant » les chevaux (topones) mais sans bravoure
aucune, cherchant la faille (le premier mit un traître et périlleux
batacazo à Diego Ortiz). A la muleta, plusieurs toros s’avéreront « inciertos »,
même en multipliant les charges. Des toros « andarines », qui marchent
et compliquent le positionnement des hommes. Seul le troisième se
montrera à son avantage, sur le piton droit, le reste démontrant un
manque total de race. |
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El Juli : Applaudissements ; Une
oreille, Ovation au tiers – Se montra « en torero », toute la tarde,
alliant dans ses lidias et trasteos, les exigences du toreo
« d’aujourd’hui » (séries liées) aux saveurs du Toreo « de toujours »,
notamment ce savoir « andarle al toro », marcher avec le toro, lui
gagnant un pas, ou un temps, et le dominant « naturellement » presque
sans effort. Très dur, et très beau.
Sa faena au premier fut « rapidilla », essentiellement
à droite, et conclue par un « Julipie », après pinchazo.
Très bien au capote, notamment dans le remate d’un
quite chicueliné, par une larga « longue, looonnngue » et templadisima,
il brinda le troisième au public. Après début par doblones et marchant
vers le centre, Juli se régalera à tirer de longues droitières, bien
rematées et liées entre elles. Puis, en fin de trasteo, entre
trincherazo et deux passes du mépris, les yeux au tendidos, Juli égrena
une grappe d’adornos qui lui auraient bien valu deux oreilles si sa
lame, courte, portée en force, n’avait pas refroidi les tendidos.
Le cinquième était un triste sire, andarin, auquel
Julian Lopez servit une faena « machacona » (vaillante et réitérative),
essayant de tirer quelques bonnes choses à droite, se jouant la peau sur
une série gauchère où le toro le menaça sournoisement, avant de lui
mettre une rouste finale par des passes de châtiment, se doublant
élégamment et efficacement, par devant, avec un desplante « de dominio ».
« Eso es el toreo… tambien ! ». Hélas, l’épée ne sera « que demie »,
desprendida, scellée d’un descabello, mais l’ovation ne sera pas moins
méritée.
Sébastien Castella : Ovation (après
pétition) ; Silence ; Palmas – S’est montré excellent au capote, tout
l’après midi, notamment dans ses bregas, pour retenir ou mettre en
suerte des toros fuyards ou rétifs à se fixer au cheval. Pour le reste,
il conviendra de saluer sa grande bonne volonté devant trois toros
« sans classe aucune », qui se sont coalisés pour lui rendre tout
triomphe impossible. Pourtant, le français prit des risques, sans
ostentation, mais « allongea » beaucoup ses trasteos, toujours en quête
de la série parfaite et « définitive ». Hélas, elle ne put jamais venir,
ni devant le deuxième auquel il donna de bons derechazos, rematés du
double pecho ; ni le sobrero quatrième, « flojon, manson, soson » ; ni
face au dernier, qui n’avait que dix bonnes passes, où le torero se
laissa par trop accrocher la muleta.
A l’épée, ce fut « plus rapide », mais les épées, même
entières, tombèrent de côté, et, malgré une pétition majoritairement
« vociférée », le président eut raison, à notre opinion, de refuser
l’oreille, en fin de première faena. Une vuelta était permise, mais le
torero se fit boudeur, et le public ne put couvrir de son ovation les
flonflons d’une animation musicale qui tomba mal. Preuve que « la
pétition » n’avait pas eu de force !
A signaler que le Juli invita le Morenito de Nîmes à un
joli quite par navarras, très bien rematé, qui lui valut belle ovation,
et ne « dérangea » en rien le toro. Bien !
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