19 Juillet : « Alors
maintenant, on fait saluer un ganadero, parce que la corrida était bien
présentée et a tenu à peu près debout ? »
- Sans perdre le moindre respect au public Montois, ni
au ganadero dont le mérite est immense, en comparaison « aux
multinationales de l’élevage de toros », il nous semble que c’est quand
même… « un peu court » !
Peut-être parce que depuis la finale « tourneboulée »
du Mondial de Foot, l’ambiance est au tricolore… Peut-être parce
qu’orpheline de caste, et « gavée » de toros rampants, l’Aficion
Montoise a t’elle décuplé son enthousiasme envers des toros très bien
présentés, mais qui ne furent ni des monstres de caste, ni des héros aux
jambes d’airain.
En Espagne, on aura dit, peut-être un peu durement : «
Mucho ruido y pocas nueces ! »
La corrida a été remarquable
de présentation, et les ovations, à l’entrée en piste de plusieurs
bichos signifièrent autant de « Ah qu’il est beau ! ». Et c’est bien
vrai !
Cela dit, si le plumage fut des plus convaincants,
qu’il nous soit permis d’émettre quelques réserves sur.. le ramage. Un
toro de combat s’exprime par sa force, sa codicia, sa fiereza, et sa
bravoure. Si de plus il a de la noblesse dans sa sauvagerie, alors on a
un grand toro… et « alors » on fait saluer le ganadero, on lui fait
donner vuelta, sans même que cela choque une seconde de le voir sortir a
hombros.
Hier, on aura du mal à trouver un toro complet « aux
trois tiers », si ce n’est, probablement, le quatrième, qu’un accident
de la lidia a rendu inapte au combat. En effet, la pauvre bête se cassa
la corne droite, « por la cepa » (ou tout comme), en humiliant beaucoup,
dans un capotazo du Fundi. Cela fit un bruit affreux et le toro accusa
terriblement le coup, dans tout son corps, tandis qu’immédiatement le
sang dégoulinait du piton « blessé ». On imagine la douleur que pouvait
endurer l’animal, et c’est pour cette raison qu’il nous a paru
totalement déplacé de la part du Fundi, de prétendre lui donner le
moindre muletazo, ou de vouloir briller, même en ne toréant que sur le
piton valide. Imaginez que l’on vous arrache l’ongle d’un gros orteil,
et que l’on vous demande illico de jouer au foot !!! Dommage !
Triple dommage, car le toro, sans être un monstre de
bravoure, semblait avoir grande qualité de noblesse, de fijeza et de
continuité dans la charge. A priori, le meilleur du lot, avec le
premier. Celui là ne fut pas un roi de solidité, mais sa présentation et
sa répétition un peu violente, dans la muleta, en firent un toro
spectaculaire, gênant pour le torero, qui éluda un peu le problème.
Pour le reste, le lot de Denis Loré n’offrit guère de
possibilités, tournant au vinaigre ou « rajandose »… Reste le toro
troisième, de Luis Vilches. Toro noir, guapissimo, qui fit grande
illusion en venant part trois fois à la pique, poussant correctement…
mais sortant seul. La première fois, on applaudit le picador, pour
l’avoir piqué remarquablement et « rejeté » immédiatement, sans «
taparle la salida », sans lui boucher la sortie. Mais les deux fois
suivantes, le toro vint avec la même alegria, mais sortit seul… Le
picador restant des plus honnêtes, l’impression fut « de grande bravoure
», et l’ovation « de grande noblesse ».
Le toro garda son brillant au cours d’un petit duel au
quite, entre Fundi et Vilches, mais ce dernier ne put ou ne sut lui
faire baisser la tête, au cours d’une faena « fourre tout », à grand
coups de hurlements dont on ne sait trop s’ils servent à citer le toro
ou s’encourager soi-même…
C’est une nouvelle mode… et
l’on a du mal à penser que ces « incantations psalmodiées » ne servent
qu’à maintenir l’attention du toro, ou susciter sa charge. Un de ses
quatre, un bicho va partir s’asseoir dans un coin du ruedo et se boucher
les oreilles, des deux sabots.
Fundi semblait un roi de « ce karaoké taurin », mais il
fut amplement battu, hier, par un Luis Vilches, dont l’efficacité vocale
fut inversement proportionnelle à la qualité « muleteril ». Pour le
coup, on avait envie de crier aussi : « Mets l’son moins fort ! ».
Hier, nous n’avons pas reconnu le fin torero qu’est l’Utrerano
Luis Vilches. Est-ce une journée « saans », ou a-t-on réussi à gâcher un
torero artiste, à force de ne l’afficher que devant « du dur » ? La
question reste posée, tout haut, « fort et clair ».
Il y a eu « un autre
brouhaha », très désagréable, à l’encontre de Denis Loré. Une
impatience, voire une hostilité du public à son encontre, que nous ne
comprenons… ni n’acceptons.
Denis Loré a-t-il été si mauvais, hier, au point de le
déstabiliser, comme cela arriva, au cinquième ? Lui garde t’on encore
rancoeur, « tant d’années après », de ce qui fut « l’affaire de Saint
Sever » ? Ou tout simplement, Denis, homme honnête et réservé, souffre
t’il d’un manque de communication dont « un autre », bien plus habile
dans ce domaine, a bien usé, voire abusé, pendant des années, dans notre
région ?
Loré, personnage simple et sincère, est un bon torero,
grand estoqueador… et en aucun moment on ne peut supposer de sa part la
volonté « de saboter un toro », ou de lui mettre un bajonazo prémédité.
Hier, « se le fue la mano », au cinquième, manso rajado en tablas, mais
le public a bien oublié l’estocade à son premier, où la corne « lui a
pointé le nombril ». Et là, comme par hasard, on a omis de l’ovationner
! N’oublions pas que « dans le temps » on pouvait couper une oreille,
sur un grand coup d’épée ! Là, même pas quelque bravo ! Bien dommage !
Il est vrai qu’à l’arrastre du toro, une banda faisait grand bruit… ce
qui est parfait, mais « vole » des réactions au public, dans un sens ou
un autre.
Là encore ! Mucho ruidoooooo ! Mets l’son moins fort,
Nelson !
Ne fait on saluer un
ganadero, seulement parce que sa corrida est sortie magnifiquement
présentée… et qu’elle est moins tombée que les autres ! ». La question
reste posée, tout doucement, sans bruit !
18 Juillet – MONT DE
MARSAN – 4ème corrida de Feria – ¾ de plaza – Intense chaleur :
Six toros de Robert Margé, très bien présentés, dont plusieurs furent
ovationnés à la sortie. Très armés, les toros Français connurent
quelques accidents au cours de la lidia, le troisième s’explosant
littéralement la corne gauche, et le quatrième se brisant net la droite,
sur un capotazo où il humilia « à fond », labourant le sable et la
rocaille. La corrida ne tomba guère, ou pas aussi « scandaleusement »
que les précédentes. |
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Cependant, elle fut un peu « limite »
de forces, ce qui se répercutera dans son comportement : Peu de codicia au capote, peu
de réel « empuje » à la pique, peu de réelle « résistance » à la muleta.
Cependant, trois toros firent honneur au ganadero : Les deux du Fundi
(malgré l’accident du quatrième) et le troisième, qui « fit illusion » à
la pique, venant trois fois de loin, « con alegria », mais sortant seul,
après des courts puyazos. Ce toro garda de l’allant, mais son matador ne
sut trouver la façon d’exploiter sa charge vive, un peu dérangeante à
cause d’une tête un peu haute. Il y eut de la caste chez le premier, de
la soseria, parfois, et de la mansedumbre... chez le cinquième, rajado,
aquerenciado en tablas. En fin de corrida, le public fit saluer le
ganadero, en la personne de son fils. « Vox populi ! Vox Dei »… quoique
!
El Fundi : Vuelta rapide et Silence
– Ne nous a pas semblé dans un grand jour, même s’il se débrouilla pour
offrir, au premier, une nouvelle version de « Mucho ruido y pocas nueces
! ». Ce toro sardo, pur Cebada, était magnifique. Il ne fut pas brillant
à la pique, mais garda grand allant, malgré des forces un peu limitées,
et un petit retard à déclencher. Mais « quand il y allait », c’était
franchement et avec caste. Fundi aligna plusieurs séries, sur deux
mains, de qualité inégale, animant le toro de la voix (inutile ! de «
vrais toques » faisant mieux l’affaire, probablement) et tuant d’un
pinchazo, suivi d’une entière « sin puntilla ». Il y eut molle pétition,
tandis que la dépouille du toro était justement applaudie. Ovationné,
Fundi décida de s’offrir une vuelta rapide. Il avait banderillé fort
médiocrement… sous les bravos.
On sait l’accident qui arrivera au quatrième, un toro
qui paraissait de grande noblesse, et de bonne « répétition », dans la
charge. Alors que la corne droite, brisée mais encore en place, saignait
d’abondance, Fundi prétendit banderiller et « toréer » ce toro blessé.
C’est, de notre point de vue, inacceptable, et le public aurait du
réagir bien avant. Fundi banderilla et tira deux séries sur le piton
gauche, avant de tuer, en deux temps.
Denis Loré : Palmas et Sifflets – A
souffert, toute la tarde, d’une sorte d’hostilité à son égard. Comme de
plus, il toucha les deux plus mauvais, son passage au Plumaçon fut
décevant, sans qu’il n’y soit vraiment pour grand-chose.
Son premier lui mit deux gros avertissements à droite,
au capote et en début de faena. Loré alla tenter sa chance sur le côté
gauche, court et « tapant haut », avant de revenir, courageusement, à
droite. Pour finir, le matador s’engagea à fond sur une estocade fort
risquée, dont le toro mourut, debout, lentement, fièrement, sans
qu’aucune cape, sur ordre du torero, ne vienne le saouler. Cela méritait
grande ovation, mais le public ne sut faire taire la banda et ses
flonflons, pour saluer Loré, ne serait-ce que pour son coup d’épée.
Le cinquième sortit « guapo », mais alla suelto, sin
fijeza, et chargea « soson » au capote du Français. Faiblot et manso, il
s’endormit sous le peto, et c’est peut-être la raison pour laquelle le
public refusa bruyamment le brindis du Nîmois. Méchante attitude qui
déstabilisa probablement le torero. Toujours est il que le toro confirma
vite son peu de qualité, allant se bloqer aux barrières du soleil où
Loré lui mit un bajonazo, que l’on pense bien involontaire. Ce n’est
vraiment pas le genre du bonhomme. Dans cette affaire, on ne sait qui
fut le plus décevant : Le matador, les toros…. ou le public.
Luis Vilches : Division « fatiguée
», par deux fois – Ne nous a pas semblé dans un bon moment. Si on le vit
« bien au capote », ses deux faenas de muleta furent empreintes de
nervosité et d’une certaine impuissance. Pour compenser « ce manque
d’aise » et peut-être se faire violence, l’utrerano accompagna chacun de
ses cites de hurlements aussi pénibles que probablement inutile, vu son
placement parallèle et sa muleta peu engagée.
Son premier adversaire, qui fit illusion lors d’un
premier tiers « enlevé », mais « sortant seul, à chaque fois », lui
aurait permis « un autre travail » que ce laborieux trasteo, sans rythme
ni sitio, conclu d’un pinchazo et un vilain bajonazo (que l’on peut
penser, cette fois, prémédité).
Le sixième fit un premier tiers médiocre, s’échappant
et partant se faire piquer au toril. Bien banderillé par Manolo Corona,
le toro arriva noblote et soson à la muleta, et Vilches assomma tout le
monde à grands cris de bucheron, sans pour autant ne jamais être « ni
quieto ni a gusto ». Et pour finir : « Otro bajonazo ! »
Muy mal, Señor ! Il va falloir penser « à un grand
desquite », le plus vite possible !