MONT-DE-MARSAN : EL JULI… EN « JULIBRE ! »
Corrida « faiblissime » de Garcigrande.
22 Juillet : Consterné ! Et par deux fois ! D’abord, au petit matin, en
apprenant les détails de l’accident de l’ami Cesar Rincon, à Valencia. Et
ensuite, lors de la corrida du soir qui, théoriquement, lui était
destinée.
La veille, selon le témoignage de son frère Luis Carlos, Cesar avait écrit
une nouvelle page de gloire à son curriculum : Avec les deux pieds
blessés, le Colombien avait trouvé « quelques part » les ressources qu’il
faut pour repartir au toro, le citer de très loin, lui péguer deux séries
de muletazos, aguantant et templant sa charge forte, très encastée, et le
tuer « al recibir ». Les médecins ne pouvaient expliquer cet exploit. Avec
les ligaments des deux pieds, rompu, à gauche, et durement distendu à
droite, Rincon a fait réalité le fameux adage du « relève toi, et
marche ! »
Essayons, nous pauvres ères, de déjà faire cela… sans
toro ! Incroyable ! Impensable ! Le public Valenciano explosa
littéralement d’émotion…
Et maintenant ?
– « Maintenant il faut attendre ! - A mi hermano le han
inyesado el pie izquierdo! – Les médecins lui ont plâtré le pied gauche,
et pour ce qui est du droit, il faut attendre que l’inflammation se
réduise. Tout dépendra de cela. Peut-être que cela pourra aller très vite.
Mais ce « qu’ils n’expliquent pas… c’est comment il a pu aller au toro, se
tenir debout, « pegarle dos tandas, y matarlo ! – Le tuer recibiendo !
Bien sûr, puisqu’il ne pouvait pas marcher ! – Maintenant, nous sommes à
Madrid. Mon frère a passé une très mauvaise nuit, et de plus, il est très
triste de n’avoir pu venir à Mont de Marsan. Tenia mucha ilusion ! »
(« C’est écrit ! » murmure doucement l’autre « anti »
d’Astaffort !)
Eh oui… Cesar Rincon vient de subir un nouveau coup du
destin ! Etrange et douloureux, comme de coutume ! Mais on le reverra, à
Dax ou ailleurs, demain ou plus tard. Cela aussi, « c’est écrit ! »
A la fois triste et rasséréné, on vit donc défiler le Juli, en
remplacement du Cesar « de toujours », pour cette dernière corrida de la
Madeleine 2005, à Mont de Marsan.
El Juli avait accepté de remplacer un autre torero :
chose « exceptionnelle » qu’il n’aurait pas accepté, en Espagne. Un N°1 ne
vient pas « de sustituto ! ». Mais voilà… on sait l’histoire d’amour ou
« de grande amitié » qui lie Mont de Marsan et le Juli. Donc… il est venu,
et bien entendu, est une nouvelle fois sorti « a hombros » du Plumaçon.
Nous, on veut bien, mais là… on grimace un peu, tout de
même.
Deuxième consternation : Où donc étaient les aficionados « nec plus
ultra » de l’Escalier 6 ou du strapontin 9, qui avaient fait tant de
bruit, la veille, devant « les tontons » de Baltasar Iban ? Où donc
étaient ces puristes qui ont laissé passer, pratiquement sans rien dire,
une corrida faible, très faible, pratiquement « derengada » ?
Cruelle déception, mais faiblesse prévisible !
Pourtant, on ne pouvait penser à un tel degré de quasi invalidité ! Les
toros de Domingo Hernandez sont sortis très correctement présentés (à part
le burraco troisième)… Ils sont sortis « noblement mansos », mais hélas,
ils fallait « les soutenir » avec mille pincettes et bien sûr l’émotion
laissa place à l’ennui (presque au dégoût) quoi que fissent les trois
toreros. Que mala pata !
Le Juli est venu en remplacement… et il l’a fait sentir, peut-être
inconsciemment.
Son premier se cassa une patte (quand donc va-t-on
pouvoir abréger décemment les souffrances d’un animal, lors de cet
accident qui se produit de plus en plus souvent ?) et fut remplacé par un
sacré « costaud bien musclé qui ne rigolait pas » d’Osborne !
Désolé, mais là, le Juli a tapé en touche, de la plus
« légère » des façons. Un peu plus, et l’on aurait pu dire… qu’il s’est
foutu de nous, avec ce toro. D’ailleurs… on le dit.
Quand sortit le quatrième, son visage s’éclaira, et la
machine « Juli » se mit en marche. Il y eut de tout, « como en botica », y
compris du bon, mais surtout du « qui brille beaucoup ». Et, contrairement
« au Juli de lundi » qui « ramena » le toro du soleil où il voulait
s’enfuir, là, le jeune malin l’y entraîna lui-même, tissant à l’envers et
à l’endroit, un incroyable ballet doré que le noble et faible bicho suivit
gentiment. Ce fut la folie dans les gradins, et bien entendu, "un pinchazo
et une lame bien de côté plus tard", le Juli coupait deux oreilles,
follement acclamées.
On veut bien, surtout si les gens sont heureux. Mais
souvenez vous : La vuelta fut rapide, distante, comme « de routine ». Il
n’y avait pas cette émotion, cette « parcimonie » dans la glorieuse
promenade autour du rond… comme l’autre jour.
Juli, hier, était… en roue libre !
Salvador Vega s’est « efforcé » de retrouver quelques sensations. Il y
parvint parfois, au compte gouttes, et aussitôt, les « olés » se firent
plus profonds, plus « communiés ». Pourtant, on ne retrouva qu’en de trop
rares moments, le Vega de l’an passé… et avec l’épée, que mal esta ! Il le
sait, d’ailleurs, puisqu’il voulut éluder le problème, au cinquième, en
descabellant « a toro vif », après trois pâles pinchazos. Mont de Marsan
protesta, et elle eut raison.
On eut aimé qu’elle protestât plus des premiers tiers
infâmes, avec des puyazos horriblement « en arrière » ou caidos, sur le
côté, à des toros qui ne furent pratiquement jamais mis correctement en
suerte. Un vrai scandale !
Puis il y eut Salvador Cortes, et là, on atteint des sommets… de
platitude.
On voudra bien m’excuser, mais « faut vraiment être
couillon ! » pour aller brinder au public un torito invalide dont les
cornes sont éclatées. Mont de Marsan refusa tout net, et elle a eu raison.
Non content de cette ineptie, Cortes réitéra au sixième, en plaçant un
desplante « de matamore », juste après avoir relevé le bicho d’une énième
chute. Un peu maso le salvateur ! Non ?
Mal taillé, très mal habillé, Cortes a fait une
présentation qui manqua « un tantinet » de psychologie et de pundonor.
Certes, on peut penser qu’il a du talent (et il l’a en partie prouvé, à
Séville et Pamplona) mais il faudra attendre des circonstances « plus
solides » pour se faire une idée. Mont de Marsan, comme n’importe quelle
des arènes Françaises, n’est pas Soria (con todos mis respetos pa la gente
de Soria)…et l’on pouvait penser qu’ayant beaucoup toréé de novillero sur
nos terres gauloises, Salvador Cortes aurait retenu la leçon. Pues no !
Final de Feria « en demi teinte ».
Même en « Julibre » le Juli est le grand patron du
Plumaçon, et c’est, ma foi, bien mérité… au seul souvenir se son actuacion
du Lundi 18 Juillet, sommet de cette Madeleine 2005.
En attendant… vive 2006 et bonne fête à toutes les
Marie Madeleine, puisque le calendrier nous le rappelle, pour aujourd’hui,
quand la Feria est terminée !!!
21 Juillet – MONT DE MARSAN – 5ème et dernière corrida
de la Madeleine – Casi lleno, avec du vide au soleil – Grand beau
chaud : Des six toros prévus de Garcigrande, ne furent complètement
lidiés que cinq, le premier « ensabanao sucio » s’étant cassé
l’antérieur droit au cours d’un arreon à la sortie de la
première pique. Triste et affreux spectacle de cette pauvre
bête qui fut rentrée prestement, sur les conseils et avec l’aide du
Juli. Cependant, cela dura encore bien trop ! |
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Donc, cinq de Garcigrande, correctement présentés (sauf
le burraco troisième), mais d’une faiblesse frisant l’invalidité. A de
nombreuses reprises, les pauvres bêtes partirent au sol, malgré tous le
soins des toreros à « mimarlos », à les « tenir debout », le mieux
possible. Les premiers tiers furent « pure théorie », mais hélas,
horriblement démontrée, sous forme de puyazos en arrière, sur le côté,
n’importe où charcutés et recharcutés. Fatal !
La corrida fut noble, très noble, mais « limitée en
tout »… surtout en émotion.
Par contre, on regrettera le mauvais traitement
appliqué au superbe sobrero premier de Jose Luis Osborne, solide, plein de
piquant, mais mobile et « prenable », pour qui l’avait décidé. Ce toro fut
horriblement piqué dans le dos, le puyazo provoquant des torrents de sang
dont l’animal ne sembla pas se soucier. Un toraco, ese ! Peut-être celui
de la Feria (Comme le Criado Holgado de la Madeleine 2004 !)
El Juli (Palmas et Deux oreilles) ne se
compliqua guère la vie devant l’Osborne en question, le passant de muleta
rapidement, sans aucun engagement, distribuant quelque courtes séries
avant de s’embarquer « à la va vite » pour une lame courte, très très en
arrière. Mais sur la lancée de lundi… Mont de Marsan ne pouvait gronder le
garnement. Elle applaudit donc, gentiment.
Quand sortit le quatrième, colorado tostado, le Juli se
dit que « deux oreilles de plus, pourquoi pas ? » Aussi se mit il en
croisade, démontrant, quinze minutes plus tard, qu’il était capable de
couper « quand il veut, où il veut ! »
Après un bon quite par gaoneras, le jeune prodige
brinda au public… c’était déjà presque gagné. Le toro n’avait pratiquement
pas été piqué, et sa noblesse n’avait d’égal que son alegria... une fois
qu’il avait décidé de charger. Parce qu’auparavant, « gratte que je te
gratte » en mille endroits du ruedo, au point que déjà les areneros se
réunissaient pour demander « une rallonge », vu le boulot après l’arrastre
du laboureur. Malin en diable, le Juli le laissa faire, puis, lorsqu’il le
décida, « toqua fort », entraînant le toro dans ses rondes, d’abord
classiques, pleines de force et de toreria, puis beaucoup plus baroques,
en terrain de soleil, prenant le public à témoin de mille exploits « tournicotés-liés »
dont certains, remarquables. Faena puissante, spectaculaire, un brin
pueblerina, mais sans conteste triomphale. Cependant, on reprochera au
torero, après un pinchazo, de conclure sa démonstration par une lame
portée « à fond », mais « à sa façon », c'est-à-dire, entière mais de
côté.
Juli est un grand ! Pas de doute là-dessus. Mais hier…
il fut surtout « un gros malin ! »
Salvador Vega (Une oreille – Silence, après un
avis) a distillé, tout au long de la tarde, des moments magnifiques, très
toreros, « gustandose ». Pourtant, il n’eut pas de faena complète, ou « a
mas », et de plus, il tua très mal.
Son premier, colorado noble mais très faible, fut
agréablement passé de capote, et, après un puyazo « très » en arrière,
permit au malagueño, un trasteo plein de douceur et de galbe, dont on
retiendra trois naturelles « en se grandissant », allongeant la charge et
l’accompagnant au plus profond du muletazo. Alli si estuvo « en Salvador
Vega ». Il y eut des remates, des adornos au fil des planches, en un
ensemble que l’on qualifiera de « précieux », agréable à regarder. Tuant
d’une bonne demie, Vega coupa une oreille dont il a bien besoin,
actuellement.
La faena au cinquième sera plus longue, un tantinet
« pesante », le torero n’arrivant vraiment à « se relâcher » que dans les
ultimes muletazos. Le toro était noble et il voulait charger… mais ses
forces le trahissant, il ne permit pas à Vega, le crescendo souhaité.
Pourtant le torero le laissa respirer, le cita de loin, tirant des séries
courtes que le toro prit sans grande furia. C’était là tout le problème.
Le jeune diestro fut néanmoins applaudi, qui aurait probablement
« coupé », s’il n’y avait eu petit désastre à l’épée, accentué par une
tentative de descabello à toro vif, que le public fit aussitôt avorter.
Vega y perdit là une grande ovation, mais nullement le souhait de tous à
le revoir.
Salvador Cortes (Palmas après avis – Silence)
promène un regard un peu hagard sur le ruedo, du haut d’uns silhouette de
basketteur NBa, curieusement habillé d’un vert moutarde, plutôt douteux.
Au capote, on sent qu’il peut être joli torero… à
condition qu’il y ait un toro. Son premier fut « le triste » de la
journée : Burraco bas, réduit de trapio, faible au plus haut degré, et se
massacrant les pitones en chutant au sol ou grattant les tables (Tiens,
tiens !)
Salvador Cortes, alors que le public ronchonnait, n’eut
d’autre trouvaille que de vouloir brinder à tous. Il fut aussitôt
vertement réprimandé, avec raison. La faena fut « d’une douceur extrême »,
style entraînement au carreton, totalement exempte de la moindre émotion.
Cependant, il y eut de grands moments, mais on attendra qu’il y ait en
face une plus forte opposition pour les chanter. Presque « heureusement »
dirons nous, Cortes eut la bonne idée de mettre une atravesada suivie
d’une lame courte, le tout descabellé sans gloire… ce qui évita à certains
Montois de réclamer une oreille, hors de propos.
Le sixième fit de drôles de choses, tout au long des
deux premiers tiers. Il semblait affublé de quelque défaut de vue,
ignorant le proche, fusant sur le lointain, passant au large et revenant
soudain, selon « l’angle d’aperçu ». Curieuse impression, ratifiée par la
cogida très dure, infligée au banderillero Curro Robles, terriblement
recherché et « piqué » au sol. On a craint la très grave blessure pour le
brave banderillero, qui s’en sortit, l’honneur sauf… mais la fesse à
l’air.
Sur l’émotion, le public « flotta un peu », et la faena
de Cortes… en fit de même. Ce fut une suite de passes, ou de demi passes,
sans idée directrice, mécaniques, le toro prenant la muleta, bien ou mal,
sans oublier de se répandre au sol, plus souvent que souhaitable. Cortes
essaya de faire bonne figure, osant même un desplante triomphant, juste
après relever le bicho d’un lamentable agenouillement. Pas très finaud, le
Salvador.
Là également, l’épée fut bien moins gaillarde, et
Salvador Cortes repartit sous quelques bravos.. bien déçus.
Nous reviendrons, demain sur la grande
novillada du matin, qui vit un ganado formidablement présenté d’Adelaïda
Rodriguez, offrir de sérieuses possibilités à Medhi Savalli, qui sortit a
hombros, avec trois oreilles coupées (peut-être une de trop); Alberto
Aguilar et David Esteve, qui firent « une chacun », dans un registre
différent. Grande novillada.
On notera que Mehdi Savalli reçut un puntazo à la
cuisse droite, ce qui ne l’empêchera point de faire ce soir un important
paseo… à Madrid, avec un moral d’enfer.
Que haya suerte alli !
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