MONT-DE-MARSAN : LASSITUDE !
Les Baltasar « Iban a lo suyo ! »
21 Juillet : Quelle ganaderia faut il amener, qui garantisse à
chacun ce qu’il veut trouver ? Présentation, volume, poids, cornes
longues et astifinas, codicia, bravoure sauvage, noblesse encastée,
longueur de charge, « moteur » pour tenir des faenas de quatre vingt
passes et « docilité » à l’heure du descabello ? En cherchant bien, doit
manquer quelque chose…
Madrid, Pamplona ont démontré le fiasco
actuel des corridas « toristas » traditionnelles. L’encaste Nuñez
triomphe à la San Isidro, et le Domecq à San Fermin. Alcurrucen d’un
côté et le duo Jandilla et Fuente Ymbro, de l’autre. Cette année,
because « langue bleue », pas de Victorino, pas de Cebada, pas de Domecq
« de los buenos ». Donc il fallut chercher et conjuguer tous les goûts
au présent immédiat. Pas facile !
Le choix de Baltasar Iban n’était pas
foncièrement mauvais, et de nombreux souvenirs restaient liés à ce fer :
Des corridas à Dax ; le solo de Ferrera à Nîmes ; le « Bastonito » de
Rincon, à Madrid ; la corrida de Castellon. Des toros peu commodes,
encastés, « qui remontent » et sont de vrais durs à cuire… Pas facile,
mais « jouable » !
Malheureusement, hier Mont de Marsan a
joué « maldonne » ! Des six Baltasar Iban, pratiquement aucun « iban
bien », soit parce que bourrés d’aspérités, soit parce que faibles ou
malades. Deux toros s’abîmèrent une patte ou perdirent « una pezuña »,
(et le sixième se permit même les deux). Le quatrième seul promit
quelques « bouts de caste », mais il s’est éteint aussi vite que des
promesses ministérielles, et le Fundi dut batailler ferme pour le
presser comme un citron. On frôla l’oreille, mais l’épée « se refusa »,
encore une fois.
Meca faisait ses adieux à Mont de
Marsan, et à vrai dire, « il en fit des tonnes » ! Du salut à la
première ovation, logique, au dernier au revoir, jetant une poignée de
sable montois dans sa montera, mi ému, mi « en rogne », en passant par
mille petites démagogies « devant » et « hors » du toro…on dira
simplement que le Français a fait l’année de trop (Et à vrai dire… peut
être deux !). Absent au capote, affreusement « distancié » et
« disgracieux » à la muleta, Meca ne put que donner une pâle image du
torero maintes fois triomphateur au Plumaçon. Quant à ses épées et
surtout, ses façons d’entrer, ou plutôt « de sortir » a matar, elles
disent à tous à quel point le diestro est las. Ce que l’on comprend, et
que l’on respecte… en partie. L’affection n’est pas tout, et le respect
doit être « partagé ». En fait, on ne saura pas bien « comment » étaient
les toros de Meca, hier…
A tout prendre et de loin, c’est encore
Lescarret qui aura été le plus convainquant, hier, sur le peu
d’opportunités que ses toros lui ont laissées. Outre la vaillance et le
panache (bien gaillard, le quite à son premier) on gardera le souvenir
de ces naturelles à ce toro, que bien peu auraient pu prédire. Certes,
cela s’est méchamment gâté, à l’épée, et le Français a frôlé les trois
avis… mais le hachazo de la bête, s’il n’excuse pas ce douloureux
moment, l’explique en partie. Cependant, on retiendra de Lescarret, la
fermeté, les idées claires, et une responsabilité de tous moments.
Incontestablement, il y avait le Lescarret « d’avant Madrid » ; il y a
celui d’après… Fernandez Meca lui brinda longuement son dernier toro, un
peu comme un notaire décrirait un héritage. On aurait peut-être préféré
« Vas y garçon ! Sois toi-même, tu es sur la bonne voie »...
Ce fut une de ces corridas où l’on se rend à la plaza « en espérant
beaucoup ». Malheureusement, et pour les mêmes raisons, on en sortit
complètement crevés, comme vides, tristes de ce qui aurait pu être… et
ne fut jamais.
Mont de Marsan entre dans une période
« de convalescence » : La plaza ne se remplit pas, la chance n’est pas
au rendez vous, et certaines parties du public s’embarquent sur des
invectives déplacées, et des polémiques stériles, qui laissent un goût
amer à ceux qui essaient de se faire un avis, sans que jamais ce ne soit
une certitude. Hurler à l’afeitado, alors qu’on ne l’a pas fait, les
jours précédents, est non seulement gênant, mais particulièrement
aléatoire.
Le cinquième toro, longuement incriminé,
racla longuement le burladero après l’avoir durement percuté, par deux
fois. Or la corne résista. Ce toro était peut-être afeitado… mais alors,
c’était rudement bien fait !
Ensuite, « l’échange » d’insultes et de
menaces, en plein tendido, n’a que de piètres conséquences :
« Fatiguer » tout le monde ! Et il n’y avait vraiment pas besoin de
cela… Non vraiment pas !
20 Juillet –
MONT-DE-MARSAN – 4ème corrida de la
Madeleine – « No se lleno ! » – Grand beau bleu : Six toros de Baltasar
Iban, grands, longs et hauts, très sérieusement même si inégalement
charpentés. Certaines cornes furent mises en cause, sans que cela ne
paraisse vraiment évident, comme par le passé. Marqués à gauche, selon
la tradition, les Iban n’ont fait aucun honneur au prestige familial :
Corrida dure, aspera, mansa et limitée de forces, carrément faible
parfois. Toros qui fusent et se défendent, se retournant « dans » la
passe ou partant directement « al bulto ». Toros qui distribuent « derrotes »
assassins, comme le premier, ou terribles « hachazos », comme le
troisième. Toros de caste… mais « de la mala ». |
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La corrida ne donna rien à la pique,
même si Fundi et Lescarret firent les choses correctement. Par contre,
on passera sous silence les deux premiers tiers des toros de Meca. Un
silence… lourd de reproches.
A la muleta, le quatrième promit grande
et noble bagarre, l’espace de deux séries. Le cinquième fut très faible,
et l’on ne saura jamais ce qu’aurait donné le deuxième, dans d’autres
mains.
On notera que deux toros se sont abîmés,
au cours de la faena, notamment le dernier, après avoir perdu « un
ongle », una pezuña. « Golosopeda, chez Baltasar Iban ? » Ceci pourrait
expliquer cela.
El Fundi (Silence et grande ovation, avec début de
vuelta protesté) a « bataillé » toute la tarde. Sans être totalement
maître de la situation, il fit consciencieusement un travail orphelin de
toute grâce, de toute élégance, mais ferme et décidé. Facile au capote,
il banderilla sans se faire prier, mais sans brio particulier, se
faisant même prendre de vitesse et bousculer par le quatrième, sans mal
heureusement.
Devant le toro d’ouverture, d’entrée
interdit à gauche, le madrilène de Fuenlabrada attaqua sur droite, mais
dut aussi rapidement se méfier des méchants coups de bambou, de ce
côté-là. Le final fut peu glorieux, d’une lame plate, vingt centimètres
en avant. Le descabello et le puntillero parachevèrent le désastre.
Le quatrième « avait quelque chose »… au
début ! On pensait que « celui-là enfin ! » - Fundi démarra fort, mais…
« dix derechazos plus tard », le bicho se dégonflait d’un coup, et le
torero suait sang et eau pour en exprimer la moindre charge, comme la
dernière goutte à un citron. Ce ne fut pas sans mérite, et si l’épée
avait bien voulu… Hélas, la première lame « glissa quelque part », et
transforma le côté droit du toro en lamentable brochette. Vexé, Fundi
mit un pinchazo, très violent, puis une grosse lame vengeresse, d’effet
instantané. Une des estocades de la feria. Les bravos furent nombreux,
mais quelques sifflets interdirent tout honneur supplémentaire.
Fernandez Meca (Division – Saluts désolés) n’a pas,
tant s’en faut, réussi sa despedida Montoise. On comprendra sans mal ses
difficultés à « planter les pieds » et « se le passer près », mais on
aura du mal à supporter cette volonté permanente de faire passer des
vessies pour des lanternes. Que le torero « ne peuve plus », cela paraît
normal et tout à fait respectable, mais qu’il essaie de vendre pour de
l’or, mille quincailleries, ne nous paraît digne ni de son histoire, ni
d’une plaza qui l’a adoré. Hier, Meca « n’a pas pu », et surtout, il a
fait passer pour « de grandes croisades » des entrées a matar
particulièrement douteuses. Le premier final fut un vrai désastre,
accentué par un puntillero noyé dans « la poisse générale ». Quant au
dernier, brindé à Julien Lescarret, mieux vaut ne pas parler de ses
lugubres mugissements, après le descabello… et même la puntilla. Bien
triste que tout cela !
Julien Lescarret (Palmas de consolation, après deux
avis et Applaudissements de consolation) a été bien mieux qu’en rapporte
la statistique finale.
On gardera en mémoire sa froide
détermination devant son premier, après un quite virevoltant, muy limpio.
Ce toro arriva à la muleta, complètement décomposé, désordonné dans ses
charges, tirant de très durs hachazos, en particulier sur corne droite,
baladant un peu le torero, en début de faena. Lescarret « aguanta »,
puis passa sur main gauche, réussissant l’exploit d’imposer deux séries
de naturelles, « fortes », pleines de sincérité face à un danger
évident. Faena « a mas » qui aurait mérité quelque tour du rond, s’il
n’y avait eu un bien mauvais « quart d’heure », avec l’épée. Par sept
fois, Julien attaqua, parfois très bien, mais le toro donnait en même
temps un gros coup de hachoir, interdisant tout engagement
supplémentaire. Muy dificil cazarlo ! Il y eut une affreuse atravesada,
d’un flanc à l’autre du toro. Il y eut du sang en trop, jusqu’au
descabello libérateur, à quelques secondes du troisième avis. Pas beau,
mais qu’y faire ?
Le sixième sortit fort, mais ce n’était que feu de
paille. Il fallut « cuidarlo » à la pique, peut-être un peu trop
d’ailleurs, car la bête arriva, pleine d’âpreté, à la muleta. Lescarret
brinda sa faena à l’autre Julien (El Santo) et s’en alla, plein de
vaillance. Hélas, le toro passa son temps à se défendre, perdit un
sabot, puis se déboîta l’antérieur gauche. La poisse totale, et pour le
public… une grande lassitude. Heureusement cette fois, le jeune diestro
en termina rapidement avec les souffrances de l’animal… et de tous.
De verdad : « Mala pata ! »
Ce
jeudi, la dernière journée de la Feria, en deux épisodes :
Ce matin, face à des novillos Salmantinos d’Adelaïda
Rodriguez, Alberto Aguilar, Mehdi Savalli et David Esteve, qui vient de
faire grosse impression à Bayonne et Valencia.
Ce soir, la corrida de clôture : On espère que les
Garcigrande favoriseront digne succès à El Juli qui remplace Cesar Rincon
blessé gravement hier à Valence, Salvador Vega et
Salvador Cortes, qui remplace le Gallo.
Mont de Marsan a impérieusement besoin d’un succès.
D’un digne succès. Elle le mérite. Bonne chance à tous !
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