MONT DE MARSAN : « EL CID…STEMA !!! »
Petite oreille pour tarde d’ennui.
20 Juillet : « El Cid…stema ! » ou si vous préférez : « Le Cid…stème ! »
Titre désolant pour aficionado désolé. En effet, il est désolant de voir
Manuel Jesus « El Cid » dont on a chanté la rigueur, il y a peu, être si
rapidement tombé dans « le Système ».
« Le Système !» Certes il en fut
longtemps victime, et encore a-t-il gâché de nombreuses opportunités en
toréant si bien, mais tuant si mal, des toros durs, pleins de force et
de rage. Hélas, le preux chevalier est vite tombé dans les facilités de
ceux qui, arrivés presque en haut, n’ont qu’un objectif : Toréer
n’importe où, n’importe quoi, n’importe comment… mais beaucoup. Alors,
comme on sait que l’on a un registre « muy corto », par ailleurs
apprécié des puristes, il faut quand même rassasier « le grand public ».
Du coup, on verse dans les quelques facilités des redondos « à tours
complets et multiples », bien installé « derrière la corne », comme au
premier ; ou encore les desplantes à genoux, dos au toro, entre deux
passes de pecho, dans la même posture. Du vrai Jesulin de Ubrique ! Si
vous ajoutez à ces « exploits », deux toros exsangues, qui sortent du
cheval comme on va prier à Lourdes… pues ! que pourra t’on en conclure ?
- Que le Cid est tombé dans « le Système » et qu’il s’y complaît déjà.
A voir sa colère à peine rentrée, à la
mort du cinquième, on se demande ce qu’il aurait coupé, s’il n’avait eu
l’idée de rentrer trois fois.. pour deux atravesadas.
Bien sûr on dira : « Il ressentait
encore les effets de ses deux blessures de Burgos et Fréjus ! » Plus
« dans la tête » que sur le plan physique, parce que… faut être en forme
pour une telle gymnastique. Non ?
Vous l’aurez compris, « El Cid no me gusto nada, ayer ! »
En fait, c’est la corrida entière qui a
profondément déçu. Corrida basse, surchargée de kilos, faible et sans
race. Corrida « salopée » au premier tiers et à l’épée. Le « système !
», vous dis je !
Va quand même falloir que le règlement
« se penche » sur le premier tiers !
Marre des piques « a toro lanzado »,
envoyant la bête se fracasser dans le cheval, directement, sans la
mettre en suerte, sans la fixer, sans lui donner la chance de
« répondre » à l’appel du picador.
Marre des puyazos traseros ou caidos,
portés à la sauvette, sur le retour du toro depuis la barrière où il
avait été faire un tour.
Marre de ces puyas que l’on laisse
fichés dans la plaie, une fois que le picador « ne pique plus », et
attend qu’on sorte l’animal endormi au peto. Parfois même, on « mouline
bien », à l’intérieur, histoire d’agrandir le trou, et faire ainsi mieux
saigner l’animal, pour « le décongestionner », comme nous l’apprennent
les livres. « Décongestionnez-le, mais en faisant les choses
correctement et avec honneur ! »
Marre de bouchers habillés de lumières !
Mais que fait donc la police ?
Dans toute cette tristesse… c’est Enrique Ponce qui s’est encore
montré le plus torero. Certes, lui aussi fait partie « du Système », et
depuis de nombreuses années, mais il a assez d’Aficion et d’amour
propre, pour « se piquer », et se montrer torero, là où « des jeunes
loups » n’auraient pas risqué le moindre alamar, la moindre dorure de
leur beau costume.
Enrique Ponce a coupé une oreille, la
seule du jour, au quatrième. Pourtant c’est au premier qu’il a été
fameux (sauf à l’épée) et, plus discrètement, mais « royal », en mettant
un capotazo, un, de cinquante centimètres pas plus, qui fit le quite au
banderillero du Cid « el Alacalareño », poursuivi par le cinquième. Un
petit bout de cape, mais un grand quite.
Le premier est sorti, bien décidé à ne
pas charger. Ponce s’en rendit parfaitement compte, et dés la cape, se
mit en devoir de lui apprendre à charger. Quinze minutes après, le toro
prenait quatre muletazos, presque limpides. Il était vaincu et surtout,
convaincu. Ensuite il y eut cinq pinchazos, d’accord ! Mais « la » faena
de la tarde, c’est celle là !
Pour le reste… muletazos van, capotazos vienen ! Pas de toros… pas
d’émotion ! Pas d’âme ! La grisaille et le presque néant au fond duquel
Matias Tejela, cheveux ras et idées courtes, semble plongé. Ce n’est pas
qu’il a été mal… « il n’a pas été du tout ».
On espérait de grandes choses de la
corrida de Valdefresno. Surtout de la force et de la caste. Hélas ce fut
un peu le contraire qui arriva, et l’on oubliera bien vite cette
troisième corrida, bien décevante, de la Madeleine 2005. Dans chaque
feria, il y en a une !
C’est…systématique !
19 Juillet – MONT DE
MARSAN – 3ème corrida de la
Madeleine – Bonne entrée, mais arène loin d’être pleine – Grand beau :
Six toros de Valdefresno, de Nicolas Fraile, de présentation très
inégale, bas, ronds, surchargés pour la plupart. Le quatrième, plus fin,
engatillado de pitones (cornes « en crochet » vers le haut) fit la
meilleure impression. La corrida se déroula tristement, prise dans un
carcan de faiblesse générale, en particulier les deux du Cid, de noble
soseria et total manque de race. Le plus intéressant fut encore le
premier, manso en tablas, qui ne savait pas, au début, qu’il pouvait
charger. |
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Enrique Ponce (Palmas et Une oreille, avec un avis
à chaque toro) se mit en quête d’apprendre à son premier, comment on
pouvait et devait charger. Pour cela, il sacrifia totalement le chapitre
« véroniques, demies, reboleras etc », pour commencer « la leçon », dès
le premier capotazo.
Le toro, aquerenciado en un endroit
précis des tablas, refusa tout châtiment, jusqu’à ce que Saavedra,
picador chef de Ponce, aille l’y attendre. La rencontre alors, fut
« musclée ». Manso, mais costaud !
Toute la faena sera… une partie
d’échecs. Jouant avec les lignes, les terrains, les retours naturels du
toro vers « sa » querencia, Enrique Ponce va tisser une toile de fils
conducteurs dans laquelle le toro va s’emmêler les mauvaises idées, et
finir par suivre la muleta, d’abord « a regañadientes », à contre cœur,
puis enfin plus docilement. Le public s’en rendit compte, qui monta le
volume de ses bravos, au fur et à mesure du petit miracle. Faena
technique, super intelligente et courageuse, qui méritait grande
oreille… à condition que ! Hélas, Ponce qui est mal, en ce moment avec
l’épée, porta cinq pinchazos « de trop », avant une lame « comme ça ».
Un final petit exploit qui méritait un autre final, et une autre
récompense.
Le quatrième, plus beau, aux cornes plus
sérieuses, lui permit une faena « à la Ponce », classique, coulée,
faisant oublier la prudente distance dans les muletazos, et le fait « d’echar
fuera » le toro, dans chaque passe de pecho. Faenita élégante, criblée
des mille petits détails de cette classe indéniable « que possède
Ponce ». Demi estocade, bien préparée, bien portée, mais qui ne fit
effet qu’après un descabello bien tardif. En fait.. il nous a possédés,
Ponce !
A noter le quite, presque sans en avoir
l’air, à El Alacalareño, poursuivi après avoir banderillé le cinquième.
Cinquante centimètres de capote. Pas plus !
El Cid (Ovation et Ovation, après un avis) semble
avoir changé d’attitude. Torero sérieux, rigoureux et digne, le Sévillan
a montré hier, deux facettes qui « dénaturent » l’idée et l’image qui
sont les siennes, dans l’esprit des aficionados français.
Mont de Marsan n’est pas Benidorm. Ou le
Cid le comprend immédiatement, ou quelques nuages pourraient poindre à
l’horizon. Le fait de tromper le monde par des redondos à double tour,
mis « derrière » la corne droite du premier, parce qu’il ne voulait pas
retenter la gauche, qui l’avait méchamment avisé… n’est pas digne du
Cid. La fin de faena au cinquième, par pecho à genoux, avec long
desplante de dos, exacte copie du Jesulin de Ubrique quand il faisait
l’andouille… n’est pas digne du Cid.
Certes ses deux toros furent très
faibles, mais il devait les bien lidier (ce qu’il ne fit pas, au
premier) et les toréer avec technique et cœur. Malgré l’avertissement,
il devait revenir à gauche, devant son premier, et non pas « noyer le
poisson » comme il le fit, trois fois de suite, citant pour des redondos
«à double tour », où il est forcément « derrière la corne ». Et face au
cinquième, extrêmement faible en début de faena, il devait trouver
d’autres solutions que ces pitoyables artifices agenouillés. Esto no fue
« El Cid » ! De plus, il tua très mal (« gamberge », après ses récentes
blessures) pinchant deux fois son premier, et mettant vilaine atravesada
au cinquième, avant pinchazo hondo, et une lame entière… qui ressortait
en dessous. A la fin, il maugréait sa colère, les yeux en forme de
mitraillette… Le public eut toutes les peines du monde à le sortir à
saluer. « Va, on ne te hait point ! » semblaient dire les Montois.
Enfin… pour le moment !
Matias Tejela (Palmas et Silence ponctué de
quelques sifflets) fut « transparent ». Comme « ido » ! Comme s’il
n’était pas là, « plus là ! »
Routinier avec le capote (on retiendra
deux « demies », au sixième) il amassa les muletazos devant deux toros,
respectivement faible le troisième, et soso le dernier, incapable se
soulever la moindre ovation, la moindre émotion, la moindre passion. Du
toréo « transparent » et des épées calamiteuses. « Pincho feo », et s’en
alla… comme il était venu. Dommage ! Une chose semble claire : Matias
Tejela n’est pas bien en ce moment. Le « Système », peut-être ?
Ce soir, cela devrait « bouger ». Comment sortiront les Baltasar Iban ?
Toute la question est là. Pour y répondre, un Fundi 2005 qui doit se
ressourcer dans un Sud Ouest qui l’apprécie beaucoup ; Un Fernandez Meca
que l’on espère remis de son malaise à Fréjus – Il fera ses adieux à
Mont de Marsan ; et un Julien Lescarret en pleine bourre, auréolé de ses
bonnes dernières sorties, dont celle de sa confirmation d’alternative, à
Madrid. Que haya suerte !
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