MONT-DE-MARSAN : « CHARGEZ DONC, MONSIEUR
GIL ! »
18
Juillet : A peine le premier obus est-il parti que le fût du canon s’est
refroidi tout seul. Et il n’a pas mis longtemps. Pourtant, il faisait
chaud !
Déception générale, après cette première corrida de la Madeleine 2005.
Certes personne n’attendait des faenas de cent passes, ni des adornos
qui suspendent le vol du temps. La corrida « du Dimanche », à Mont de
Marsan est plutôt synonyme de « planquez-vous ! » En parlant
« artillerie ! », on dirait « corrida Grosse Bertha ! ». Mais là, cela a
fait pchhhttt !
Les
toros d’Escolar Gil ont menti, sur toute la ligne, tant côté plumage que
ramage. En fait d’obus, se furent des pétards mouillés, à peine
consommables, qui n’allumèrent aucun feu. Même leurs sorties, guettées
par tous, ont déçu, et pour ce qui est du jeu, voyez votre Cossio, à la
page « sentido », « genio », ou « mala leche »…
Par
six fois on eut l’espoir que « le prochain, peut-être ? », mais bien
vite il fallait déchanter et s’asseoir sur ses illusions, en sursautant
un peu, lorsque l’un des trois matadors parait un nouveau mauvais coup.
Les toros sortirent d’inégale façon, mais aussitôt, dés avant les
piques, tous paraissaient « encogidos », ramassés sur eux-mêmes, comme
demandant d’avance pardon pour leur refus de coopérer. Dés lors, il y
eut danger en piste ! Pratiquement tout le temps. Certes il fut évident,
comme avec les deux de Padilla. Mais on le trouva également, « plus
sourd », comme chez le premier, « reservon » ou le dernier, qui prend
deux naturelles, presque noblement, et « bloque la sortie », à la
troisième. Il n’y eut guère d’émotion, sinon « de la mala », et l’on a
piqué de la même façon que l’on a estoqué… c'est-à-dire « bien mal ».
Chez les coletudos, Pepin Liria s’est montré consciencieux et honnête.
Padilla a fait partir de gros pétards, avec cape et banderilles, puis
« s’est défendu » en faisant beaucoup de bruit… et un peu de vent. Quant
à Lopez Chavez, il aura du mal à faire passer une image de « vrai
vaillant », en entrant a matar comme il le fait. D’ores et déjà, son « golletazo »,
au troisième, entre dans « L’Histoire » de la feria 2005.
Bref vous l’aurez compris, la déception fut grande, et si l’on attendait
guère de grandes choses de ces « demi frères » des Victorino, on
espérait toutefois « l’émotion » du trapio et de « la fiereza », cette
sauvagerie, cette violence de ceux qui se défendent « en attaquant »,
même s’ils savent qu’ils n’ont pas la classe pour le faire bien. Là, ni
grand trapio, ni bravoure, ni caste, ni na ! Certains même se seraient
volontiers couchés, avant l’épée.
Attendons un peu ! La feria ne fait que débuter, et le dimanche est
passé. Attendons lundi, « al pie del cañon ». Et avant de « recharger le
canon », beaucoup sont partis « festayrer », histoire… de recharger les
accus.
17 Juillet – MONT DE MARSAN – 1ère corrida de la
Madeleine – ¾ de plaza – Temps lourd, gris bleu, presque agréable : Six
toros de José Escolar Gil, très inégaux de présence, quoique sérieux, le
troisième, un peu « ptite tête », faisant tâche. Cependant une corrida
de grand respect, mais qui déçut beaucoup dans son comportement : Les
trois premiers sortirent comme endormis, torontones, s’allumèrent un
peu, puis restèrent là, « encogidos », comme voûtés sous le poids du
manque de caste. Les trois derniers sortirent, plus « guapos »,
mais ce ne fut que feu de paille. |
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Là aussi, une propension à se ramasser sur
eux-mêmes, avant la pique, comme pour un dernier brieffing repassant les
mauvaises choses qu’ils allaient faire ensuite. La corrida, en sa
majorité, eut le défaut de « caminar », de marcher sur l’homme, le
menaçant sans cesse ; de « reponer », c'est-à-dire de se retourner
« dans la passe » ; de « mirar », de regarder l’homme, faisant fi de la
muleta, et de couper les trajectoires, illustrant leurs mauvaises
intentions à coup de terribles coladas et d’arreones dangereux. Aux
piques, ils « se laissèrent », donnant parfois l’illusion de pousser
fort. Pero na !
Pepin Liria (Silence et Petite ovation) s’est comporté en
professionnel honnête, essayant de faire charger ses deux adversaires,
de leur donner confiance, d’en exprimer quelques semblant de qualité. Ce
fut long, parfois fastidieux, mais le Murciano n’aura que peu à se
reprocher. Son premier, très réservé dans ses efforts, accepta quelques
gauchères, en fin de trasteo, avant une demi-lame, peu glorieuse, et un
descabello.
Le
quatrième sortit « très beau », mais se révéla vite faible et sans
classe. Liria toréa doucement, à mi hauteur, sans brusquer les choses.
Le toro, noblon accepta deux naturelles par ci, deux redondos par là,
mais... impossible d’en lier trois. Pepin Liria pincha un coup, puis
entra lentement, presque délicatement, pour une quasi entière, delantera.
Juan Jose Padilla (Palmas et Une vuelta qu’il doubla…
« parce qu’il le sentait comme ça ! ») fit beaucoup de bruit, toute la
tarde. Du bruit, et parfois du vent. Mais comme on l’aime beaucoup, ici,
et que ses toros furent deux carnes dangereuses ; comme on s’ennuyait
ferme, et que Padilla, justement est un vrai remède contre l’ennui… le
torero a multiplié ses « exploits », et le public a marché… en partie.
Cela dit, il n’a pas donné un muletazo limpio de la journée. Le pouvait
il, d’ailleurs, vu les deux « spécimens » qui lui échurent ?
Son
premier sortit « encogido », mais accepta trois véroniques et plusieurs
remates de capote, bien tournicotés. Le toro se laissa piquer, mais dès
le quite, et malgré le « Ay que toro mas bueno ! » que l’on entendit
jusqu’à Jerez, Padilla se rendit vite compte que « pas aussi « bueno »
que ça ! » Achuchon, sur un farol inversé, puis l’on passe vite à autre
chose. Trois paires de banderilles, attendues, mais sans grand éclat.
Déjà, on a vu que le toro « repone » à gauche, se retourne comme un
chat, marche sans cesse et cherche l’homme. Padilla va vite en faire
l’expérience, essayant à droite, essuyant plusieurs coups bas, sur les
deux côtés. En fin de trasteo, le toro se casse l’antérieur droit, et le
Jerezano en profite pour une demie basse, après pinchazo, et deux
descabellos.
Au
cinquième, on tire le feu d’artifice ! Le toro est sorti « guapo » et
Padilla tire trois largas à genoux, lâchant le capote à la troisième.
Ambiance ! On reprend le capote, on retire une larga et après deux
delantales et une chicuelina, on rébolère à tout va, en sortant de la
suerte par un jugueteo, dangereux et qui n’apporte rien. Lors de la
pique, trasera et bien trop longue, le toro se venge et envoie tout le
monde au sol. Long moment pour relever le pauvre cheval. Padilla s’illuste
avec les banderilles, en particulier sur la deuxième paire, bien
« envolée », et un « violin » en force. Desplante à genoux et grands
coups de gueule. On pense que le toro a quelques bonnes charges, mais
dès les premières droitières, Padilla prend une colada terrible, dont il
sort en boitillant. Dés lors, le torero tentera de faire passer la bête,
mais surtout de parer les mauvais coups, sur les deux côtés. Rien à
tirer de propre, et « sale temps !» permanent. Le toro n’acceptera pas
de se fixer, à la mort, et Padilla, qui aura fait de tout, lui
demandera « de l’aider un peu » à en finir vite. Lame entière, ladeada,
et « délivrance générale ». Il y aura petite pétition d’oreille,
justement refusée par une présidence impeccable, ce jour, et Padilla
donnera grande vuelta, qu’il décidera de doubler… sous quelques
sifflets.
Domingo Lopez Chaves (Bronca rapide – Palmas) n’eut guère
plus de chance au sorteo. Mais comme il ne sait pas « faire semblant »,
dans sa rigueur toute Salmantine, cela ne passe pas, et le public le
prend vite en grippe, d’autant qu’avec l’épée, le matador fait tout pour
qu’il en soit ainsi. Passe encore qu’il ne puisse que voler quelques
muletazos isolés au troisième toro, « andarin », « buscon », qui se
retourne comme un chat. Mais l’infâme bajonazo, personne ne lui a
pardonné. Normal !
Le
sixième donna un court espoir, sur le côté gauche, et sur les conseils
de son peon, Domingo tira deux naturelles, longuement, lentement
préparées. On pouvait croire que la solution était trouvée, mais hélas,
la suite prouva que non, et le garçon tua encore très mal, « sortant
avant d’entrer », en trois occasions, avant l’ultime lame, entière…et de
côté.
Les
trois diestros sont sortis applaudis, parce qu’ici on est poli, mais
l’on passa vite à autre chose !
Ce
soir, corrida « orage » ! : Conde revient. Attention à ce nouveau pile
ou face ! El Juli et Miguel Angel Perera accompagneront, porteurs
d’espoirs. L’inconnue et la crainte viendront des toros de Garcia
Jimenez. Trois questions : Présentation ? Race ? Force ?
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