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MONT-DE-MARSAN : DANS UN RIDEAU DE PLUIE …
Les trois toreros, en triomphe !
25 Juillet : La quatrième corrida de la Feria de La Madeleine 2002 s’est
terminée en apothéose : six oreilles coupées, sortie a hombros pour le
trois diestros… et un bon rhume pour tous.
Bien ! Tout cela semble un peu exagéré (y compris le
rhume !). Cependant, il est indéniable qu’il y a eu de bons moments, dus
en particulier à l’allant et la race des toros de Salvador Domecq « El
Torero », ainsi qu’à la grande bonne volonté des trois toreros. |
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Jour de pluie sur Mont de Marsan ! Non pas de ces
bonnes averses, bien franches, que l’on voit arriver de loin, aussi
courtes que violentes. Au contraire, ce fut un continuel rideau d’une
pluie fine et pénétrante, style « sirimiri bilbaino », s’insinuant dans
les moindres recoins, dégoulinant doucement dans les moindres cols,
jusqu’en bas de chaque dos (aaahh !), vous trempant plus sûrement qu’une
vague au Rocher de la Vierge, quand l’océan n’est pas content. Tantôt
bruine, tantôt douche plus conséquente, la pluie nous a en partie gâché
le plaisir, les photographes utilisant maints stratagèmes pour essayer de
protéger leur matériel, tout en captant quelques bons souvenirs. En vagues
« plasitifiées », vertes, bleues ou jaunes, le public se protégeait comme
il pouvait Pendant ce temps, il en est un qui ne se posait pas de
question : le légendaire alguazil, qui déambulait dignement, se protégeant
d’un immense parapluie, les plumes au sec. Ridicule, mais efficace !
Reseña sans carnet… compte rendu « sans filet » ! Impressions attrapées
« au vol » et rangées en vrac dans la mémoire, sans le secours du stylo.
Papier noyé, crayon muet ! Allons y !
On craignait ! On avait le souvenir des Salvador Domecq
d’Eauze, et des bruits de couloir parlaient d’une présentation indécente…
Bref, une catastrophe annoncée.
De fait, « au travers du rideau de pluie », la corrida
d’El Torero est sortie, certes réduite de trapio, pour certains, mais bien
faite et correctement armée. Ce qui a surtout frappé l’aficionado, ce fut
l’allant, le moteur, la race de ces bichos, qui n’ont pas arrêté de
galoper, d’attaquer, de charger, tout au long de la tarde. On se
souviendra longtemps du troisième, qui a bien failli faire exploser
Castella, et du quatrième, plus imposant, plus templado dans sa charge.
On se souviendra des hommes. Chacun dans son style, ils
donnèrent le maximum et, si le distributeur d’oreilles s’est un peu
emballé, et la sortie a hombros semble un poil exagérée (le seul qui
restait de sec !), on peut quand même les féliciter d’avoir ainsi « aguanté
le temporal », en vrais loups de mer et en vrais toreros.
Stéphane Fernandez Meca nous a paru bien énervé, ce
jour. Virulent, gesticulant, peut-être tout simplement « heureux ! », le
français s’est montré omniprésent comme chef de lidia et, habitué à de
plus rudes batailles, a tiré son épingle du jeu. Sa faena au quatrième
méritait elle deux oreilles ? « Au travers du rideau de pluie »… on dira
que la faena fut correcte, l’estocade, supérieure… et qu’il y avait peu
d’oreilles coupées au cours de cette feria.
El Juli a eu, hier, un immense mérite. Blessé au pied
gauche par son épée, dimanche à Marbella, le garçon souffrait visiblement,
avant le paseo, et se plaignait, très dignement. A part quelque discrète
boiterie dans la boue, il n’en laissa rien voir, de toute la tarde,
banderilla ses deux toros, et mit un énorme coup d’épée. Deux oreilles
sont tombées au cinquième, résultante de la générosité présidentielle au
toro précédent. Peu importe. Si le vrai Juli n’est toujours pas « rentré »
à Mont-de-Marsan, le torero a montré hier, une grande partie de sa caste,
et en cela, sa sortie a hombros est méritée.
Sebastian Castella paraît toujours aussi fragile, et sa
voix toujours aussi fluette. Ne vous y trompez pas ! le garçon a eu un
formidable mérite devant ce typhon cornu qu’était le troisième toro.
Plusieurs fois désarmé, menacé, poursuivi, Castella a supporté la tempête
et tout à coup, décida que « maintenant, c’est fini ! C’est moi qui
commande ! » Ce fut le moment le plus intense de la corrida, et de la
feria. Il y avait en piste, le réel combat d’un homme face à un vrai toro.
Et la pluie ne parvint pas à éteindre le magnifique incendie… L’oreille
fut « en or ».
Voilà, à grands traits, les impressions « sans carnet,
sans filet ! », que laisse la quatrième corrida de Mont-de-Marsan. La
sortie fut euphorique, et beaucoup d’aficionados se regardaient d’un air
entendu. Peu importe ! Dans le rideau de pluie, des petits toros de
Salvador Domecq et trois valientes avaient réveillé… le soleil de la
Fiesta Brava. Quitte à se voir à nouveau « trempés comme soupe », on en
redemande…
24 Juillet – MONT DE MARSAN – 4ème corrida de La
Madeleine – Llenazo – Pluie fine et pénétrante, quasi continue :
Corrida de Salvador Domecq « El Torero ».
Toros de taille réduite mais bien faits, armés commode mais fin. Les
premiers et sixièmes furent « en dessous » semble t’il, de la catégorie de
la plaza. Cependant, le lot manifesta, à divers degrés, une race, une
agressivité, une mobilité, qui a rendu la corrida passionnante, malgré les
mauvaises conditions météo. Toro passionnant, le troisième, très encasté,
pegajoso inépuisable. Précieux le quatrième, noble ; les cinq et sixième,
répétant leur charge, en diverses intensités. Intéressant le premier,
qu’il fallu combattre, vraiment. Seul, le deuxième fit preuve de quelque
soseria, avant de partir aux barrières, terrain qu’il avait d’avance
choisi, pour se protéger de la pluie. Le lot a fait très sèchement son
travail au cheval, en de courtes piques, intenses. Le quatrième, « Reojos »,
fut le plus brave, bien mis en évidence par Fernandez Meca, et son piquero.
Stephane Fernandez Meca (Vuelta, après
pétition – Deux oreilles, un peu protestées) remplaçait Joselito. Il tint
a justifier à tout prix son double contrat, à la Madeleine. On le vit
omniprésent, comme chef de lidia, tout au long de la corrida. Précieux,
pour les collègues. Son premier toro est un petit nerveux que le français
reçoit en une larga à genoux très serrée. Puis on retrouve le Meca, rageur
et engagé, toréant muleta en avant, très basse, en longues séries
musclées, closes de pechos doublés, très autoritaires. Bonne faena,
sanctionnée d’un récibir, contraire et en arrière, suivi d’un descabello,
seul au milieu du ruedo. Il y eut pétition, que le président refusa
d’entendre.
Euphorique, un brin excité, le français brinda au
public, le bon quatrième. Ce fut une faena, classique, à un excellent toro.
Faena comportant de bons enchaînements, mais sans la profondeur et
l’expression artistique que méritait le bicho. Par contre, le volapié fut
de « mention très bien » et mort spectaculaire du toro, au milieu d’une
excitation un peu excessive. Deux oreilles, dont l’une fut fortement
critiquée par une partie de la plaza.
El Juli (Silence – Deux oreilles, un
peu protestées) eut du mal avec son premier, qui cherchait à rejoindre sa
querencia aux barrières. Toro qui gigote dans tous les sens, en
particulier au tiers des banderilles, où il n’aurait jamais du s’engager.
D’abord, parce qu’il n »’était pas en condition physique pour le bien
faire. Ensuite, parce que le toro, sans fijeza aucune, ne permettait pas
le succès dans cette discipline. La cuadrilla patina beaucoup au
placement, et Juli cloua avec mérite, mais à la sauvette. A la muleta,
toro pénible, d’aucun relief, qui passe et sort du muletazo, désirant
rejoindre son abri. A l’épée, cela se passe mal, et Juli rentre en
grimaçant.
Le cinquième est noble, et Julian Lopez pense pouvoir
développer tout son registre torero. Ce ne sera que partiellement le cas.
Faena accélérée, le torero voulant forcer un rythme, que le toro ne put
suivre, fléchissant à plusieurs reprises. Une faena qui nous sembla (à
travers le rideau de pluie) « sans unité », sans crescendo, sans « la
série définitive », celle qui rallie tous les suffrages. Par contre, bien
préparé, « en corto », un énorme coup d’épée, dont le toro sort « rodado ».
Mort immédiate et deux oreilles accordées, partie du tendido protestant la
seconde. Cependant, vu les trophées accordés a Meca…
Sebastien Castella (Oreille – Oreille)
toucha un premier toro très collant, pegajoso. Toro qui alla « a mas »,
après un premier tiers intense. Un toro qui ne cessa de marcher sur le
torero, le mettant en danger, le débordant à plusieurs reprises. La
première partie de la faena fut « de défense », le torero supportant les
dures charges répétées du bicho, ses coups de boutoir et ses regards
menaçants. A la limite de l’explosion, Castella supporta les assauts,
essayant d’endiguer ce typhon infatigable. Tout à coup, le torero « se
planta » dans le sable, et donna une première série droitière, qui surprit
à la fois le toro et le public. A partir de cet instant, Castella commença
à s’imposer dans une suite de séries intenses, très vaillantes, qui
finirent par dompter l’animal. Vrai desplante, pour une grande ovation.
Sebastien pinchera une fois, manquant de se couper à la main, avec l’épée,
et tuera d’une bonne demie. Gosse oreille, bien méritée.
Le sixième était plus réduit, semblait armé plus
commode. Castella dessina une longue faena un peu irrégulière, comportant
de bonnes séquences, en particulier sur main droite. Gros mérite du
français, qui sut maintenir l’intérêt et triompher à son tour, passant
derrière ses deux collègues, doublement récompensés. Oreille pour
Sebastian Castella et sortie a hombros générale.
Cinq minutes après, le soleil pointait… Que cabron !
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