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MONT-DE-MARSAN : PITONES Y MALA LECHE…
Corrida compliquée de Sanchez Ybargüen
22 Juillet : « Des cornes et un
caractère de cochon ! » C’est ainsi que l’on pourrait traduire
l’impression qui domine en cette fin de première corrida de la
Madeleine 2002.
Il y eut des toros, grands, armés, qui
firent illusion le temps de trois photos et d’un « Haaaa! »
d’admiration. Hélas, cela se transforma vite en d’autres exclamations,
soit de déception, soit de peur. En plusieurs moments de la lidia, le
public qui remplissait le Plumaçon, a eu l’occasion de sursauter, en
particulier lors de la lidia des deux toros de Denis Loré. |
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L’un était un
véritable assassin ; l’autre, exagérément armé, prit très vilainement Tino
Lopez eu sortir d’une paire de banderilles, le cornéant en l’air, puis le
cherchant longuement au sol, au grand dam des toreros accourus au quite.
Très sale impression d’une grave cornada, le torero s’écroulant dans le
callejon, avant d’être emporté en hâte vers l’infirmerie où l’on décela
une petite cornada au côté gauche de l’abdomen. Le banderillero fut mis en
condition pour le transfert et rapidement évacué vers le Centre
Hospitalier des Landes où il fut opéré par le docteur Chaussende. Le bilan
est moins grave que l’on aurait pu le craindre en revoyant les tragiques
images de la cogida : deux côtes cassées, et aucun organe vital de touché.
Suerte hubo !
Pendant ce temps, l’organisation avait d’autres
soucis. En effet, elle apprenait, coup sur coup, les blessures d’Antonio
Barrera et de Ferrera, se retrouvant de nouveau devant la feuille blanche
des possibles substitutions. Décidément, cette feria a pris l’allure d’un
puzzle de mille pièces à reconstruire en dix minutes. Cinq remplacements,
et ce n’est peut-être pas fini, car le Juli a été soigné hier soir, à
Marbella, pour une coupure au pied… avec son épée. Mais, à chaque jour sa
peine suffit ! Ce lundi, Cesar Jimenez remplacera Antonio Barrera. Quant à
Ferrera, plus sévèrement touché, on ne savait pas encore, hier soir, qui
prendrait sa place, devant les Victorino Martin. A priori, le Fandi ne
torée pas, jeudi, mais … On verra bien !
Hier… il y a eu des toros. Bon ! Grands, hauts et très armés. Bien ! Pour
autant, la corrida ne laissera que peu de souvenirs, d’autant que les
hommes n’ont pas pu, ou su, briller devant de tels mastodontes, souvent
pourvus de mauvaises idées. Seul un toro a vraiment permis de se livrer à
fond, ce que fit Pepin Liria en première moitié de sa faena au troisième.
Pour le reste, toros « topones », « probones », « broncos » et pleins de
regards de côté ou en dessous. La palme revint au troisième, qui trompa le
monde en percutant le piquero, trois fois de suite, dont une en chargeant
de loin. Hélas, le pseudo brave se transforma en terrible spadassin dès le
premier muletazo. Comme s’il avait déjà été toréé. Denis Loré passa un
mauvais moment, et nous de même…
Côté des hommes, Zotoluco semble faire des
efforts désespérés pour essayer de « rester quieto ». Ce n’est pas son
année. Après les mésaventures de Madrid et Pamplona, le mexicain semble
avoir atteint une limite, un plafond. Seuls, Arles et Nîmes ont pu, cette
année, lui mettre quelque baume au cœur. Il serait étonnant de revoir le
Zotoluco, en Europe, l’an prochain.
Denis Loré a eu la guigne au tirage au sort.
Suerte negra ! Il fit face, et s’en sort indemne.
Ya es algo! A revoir, dans d’autres conditions.
Quant à Pepin Liria, il donne l’unique (et
mérité) tour d’honneur de la soirée, après « s’être envoyé » le troisième,
impressionnant de trapio, mais heureusement noble. A grands coups de « Hey
toro, hey ! », martelés mille fois, Pepin Liria a pu capter l’attention du
toro et du public, dominant l’un et séduisant l’autre. Le torero de
Cehegin avait besoin de cela, vivant actuellement une dure saison. Bon
pour le moral !
Corrida dure, parfois intense. Corrida qui fait
que l’on respecte les hommes, quoiqu’ils fassent. Corrida, pourtant, que
l’on n’irait pas voir tous les jours…
21 Juillet – MONT-DE-MARSAN- 1ère de Feria – Llenazo –
Grand beau, avec des rafales de vent, au début.
Corrida de Sanchez Ybargüen, de grand
trapio et très armés. Le premier était « un tio » ; le troisième « un pavo »
et le cinq « un pavo real ». Armures exagérément larges et pointues,
impressionnantes. Le premier fit ronchonner les gradins, s’étant astillé
les deux pitons, en labourant le sable et la caillasse, sur une chute, au
sortir du cheval. Pour le reste, les burladeros vous diront que les cornes
étaient pointues et très solides. Plusieurs toros ont rageusement planté
leur piton dans le bois, en faisant voler des éclats à maintes reprises.
Au moral, ce fut autre chose : Seul
l’impressionnant troisième a donné un jeu potable. Les autres ont souvent
manqué « de fijeza », de fixité dans les leurres,
et se sont défendus avec plus ou moins de violence et de force. Le
deuxième est un assassin ; le quatrième, un violent, court ; le cinquième
« amaga », fait semblant de déclencher, puis se reprend. A noter que le
premier perdit le sabot antérieur droit, et que le sixième, magnifique
colorado dut être rentré, pour boiterie intermittente : lésion ou crampe
passagère. Algo tenia ! En remplacement, « un tonton » de Martinez
Elizondo, aussi beau de corps que court et épais de corne… Toro soso qui
plongea tout le monde dans la torpeur.
Zotoluco (Courte division d’opinions –
Petite ovation) a beaucoup patiné, toute la tarde. Donnant l’impression de
vouloir mais ne plus pouvoir, le mexicain s’est montré sur le reculoir,
devant le premier, très hésitant dans sa charge, parce que naturellement
« probon », ou parce qu’il souffrait de son sabot perdu. Toro sérieux,
devant lequel, le Zotoluco fut un peu gêné par le vent. Excuse que le
public n’accepta pas. N’ayant rien dominé, le diestro ne domina pas la
suerte de matar : vilain pinchazo et une entière habile, en sortant par
devant, précédant deux descabellos.
La faena au quatrième, deux fois correctement
piqué par Efren Acosta, fut une suite d’essais, le torero « voulant » mais
ne pouvant pas. Toro qui « regarde beaucoup », devant un torero qui ne lui
donne pas confiance. Zotoluco multiplia les passes, le corps appuyé sur la
jambe arrière, toujours prêt à la retraite. Trois muletazos en fin de
trasteo, prouvèrent qu’avec plus de décision… Mais, facile çà dire ! Il
tua en une entrée desprendida.
Denis Loré (Silence – Palmas) a fait
mentir son premier, en « lui rentrant dedans » au capote. Le toro répondit
rageusement, et parut brave et encasté. Trois attaques fortes au cheval de
Michel Bouix confirmèrent l’impression. Cependant, le toro s’endormit sous
le fer. Aucune bravoure, la dedans. Panique aux banderilles. Toro « topon »,
qui percute, mais en garde sous la pédale. Danger ! Ce n’était qu’une
douce préface à ce qui allait suivre : désarmant Denis Loré dans le
troisième doblon, « Gavilan » va tout à coup révéler sa vraie nature : un
assassin qui va directement « al bulto », tirant à la poitrine ou au
visage de terribles derrotes, interdisant toute possibilités de trasteo.
Ayant essuyé plusieurs upercuts, Denis Loré s’en débarrassa comme il le
put, dans la compréhension générale, même si certains crurent bon de
siffler.
Le cinquième avait une paire de cornes à faire
cauchemarder le diable, lui-même. Pas un assassin, à priori, mais un toro
qui faisait semblant d’y aller et « en gardait un peu », de façon à mettre
le mauvais coup de corne à l’imprudent qui passe. Il cueillit Tino Lopez,
à la première pose de banderilles et lui mit une terrible raclée. Pris,
cornéé en l’air, longuement et très violemment recherché au sol, le
banderillero se releva, partit au callejon où il s’écroula en vomissant.
Impression de grave blessure qui ne se confirma heureusement pas. Mais…
vaya susto ! Faena difficile devant un toro qui avance d’un pas, se
retient au dernier moment et « descoloca al torero ». Denis Loré essaiera,
en vain, terminant en une inutile porfia. A l’épée, une vilaine épée,
horizontale, basse, envainada (sous la peau), et une demie verticale. Pas
de chance pour Loré, à Mont-de-Marsan. Voyons si cela sourit mieux,
dimanche à Tyrosse… face aux Miuras.
Pepin Liria (Vuelta – Palmitas) a
donné les bons moments de la journée : Tout d’abord, les trois demi
véroniques qui signèrent sa réception au capote de l’impressionnant
troisième. Toro très armé, puissant, mais qui s’endormit sous le fer et se
montra noble, mais imposant, dans ses attaques. Pepin Liria, très maître
de lui, attaqua fort, en une faena intense, construite en courtes séries,
nettes, sans fioritures. Clair dans ses positions, Liria imposa un trasteo
vibrant que le toro suivit bien, au début. Le passage à gauche, où il
fallut insister lourdement pour arracher deux naturelles, fit baisser le
ton de la faena. La suite fut plus heurtée, le torero se montrant moins à
son aise, jetant le toro « dehors », allant un peu « a menos ». Pinchazo
et une entière vaillante, un peu de côté. L’avis tombe, et le toro de
même, au deuxième descabello. Grande ovation et vraie vuelta.
Malheureusement, Pepin Liria verra rentrer au
corral le beau sixième. On ne sait ce qu’il aurait donné. Par contre, on
compris tout de suite que le remplaçant de Chopera n’apporterait rien au
débat. Toro distrait, soson, qui reste la tête en l’air… pas grand chose à faire, sinon s’en défaire
proprement. Epée tendida et longue séance au descabello. Mais le public
avait déjà la tête ailleurs…
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