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DAX :
DES ROSES... POUR VICTORINO!
Corrida triomphale, avec des « mais ! » et des
« pourtant ! »
18 Août : Un peu caché par le
public, debout, et les copains du callejon, je ne peux jurer avoir bien vu un geste très torero, très
« chevaleresque » et spontané, de Victorino Martin père,
ganadero triomphateur de cette feria de Dax, comme il l’est de presque
toutes les ferias où il affiche ses toros : A la fin de sa vuelta
triomphale, au quatrième, Fernandez Meca, qui sait y faire, fit saluer le
ganadero et son fils, sagement assis à une delantera, et leur lança un
bouquet de roses (à moins que ce fut des œillets) que don Victorino se mit
à distribuer à la cantonade. |
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Je ne jurerais pas, mais il me semble
que cela s’est passé ainsi. Et si cela ne fut pas, ça aurait mérité
de l’être. Y olé ! Comme quoi, on peut être du fin fond de l’extrémadure,
et être galant homme et grand seigneur. Y "re olé !"
Pour le reste, les yeux grands ouverts, bien aidés par le zoom
photographique, et le champ bien dégagé, je vais me lancer dans une reseña
« muy dificil », pleine de « il me semble que »,
qui n’engage que moi, mais qui aura l’avantage de faire réfléchir...
peut-être.
Elle se résume en quatre « sentiments »,
très personnels, très respectueux, et…très aficionados !
Un : J’ai vu, hier, une grande
corrida de Victorino Martin, qui à su compenser par une grande noblesse,
encastée ou plus « douce », une présentation réduite, et
une bravoure plus spectaculaire que réelle.
Deux : J’ai vu un Fernandez Meca, qui «vend »
très bien ses actuaciones face aux Victorinos, surtout au premier tiers,
et qui en fait même un peu trop. Stéphane, qui avait cruel besoin d’un
triomphe, a mis « deux grosses faenas », en puissance,
baissant beaucoup la main, tirant fort… mais sans cette grande variété
que méritaient ces toros, une fois réduits. Par contre, on soulignera le
total mérite de ses estocades recibiendo, y compris avec pinchazos et
metisaca.
Trois : « Il m’a semblé » que
les deux faenas du jour, l’une parce que très technique et très
courageuse ; l’autre parce que monumentale d’esthétique, de
lenteur et de grande toreria, ont porté la signature de Manolo Caballero.
Malheureusement, le public ne l’a pas vu ainsi, ou, amoureux de Meca…
n’a pas voulu le voir ainsi.
Quatre : Juan Bautista, vilainement cueilli
d’entrée, a parfaitement joué sa carte, tuant bien le plus fade, et
toréant superbement le dernier.
Allons-y
donc, « con el Point N° 1 » :
Victorino Martin sort, cette année, des toros beaucoup plus bas,
beaucoup plus réduits, que par le passé. Cela s’est vu à Mont de
Marsan, cela s’est vérifié, hier. "Con perdon", la corrida
d’hier avait moins « de caisse », que les novilladas de
Juillet, à Bayonne et Mont de Marsan. Pero bueno ! Les toros sortent
fins, agalgados, mais sérieux et toujours intéressants. Des toros
« spéciaux »… qui reçoivent, de la part du tendido, un
traitement « autre », plus admiratif, plus tolérant… Je ne
suis pas sûr que « sous un autre nom », la corrida d’hier eût
connu un tel triomphe.
On a donné vuelta à deux toros. Bien !
Mais pour nobles et encastés qu’ont été « Misivo » et
« Montonero », on ne peut pas dire qu’ils ont été « complètement
complets »… Le premier doit son succès au fait qu’il vient
facilement, mais au petit trot, de loin et de très loin, au cheval, mais
« dans le puyazo », on ne peut pas dire qu’il fixe, met les
reins et pousse longuement. Quant au quatrième, il vient aussi de loin,
mais pour deux puyacitos très courts, et à la troisième charge,
« de très très loin », escarba (il gratte le sol), hume le
sable, et s’arrête en chemin… Mais, comme ces lointaines envolées
sont « bien vendues » et suscitent de grandes ovations d’un
public qui n’attend que ça, on regarde moins le toro « dans le
puyazo ».
Alors, bien sûr, on dira : « Vous
n’êtes jamais content, vous râlez sur les monopiques interminables, et
vous râlez contre quatre piques données « dans les règles »...
Non ! Je dis que dans un puyazo, on doit quand même donner le temps
au toro de démontrer qu’il est vraiment brave, et non pas le porter au
nues, seulement parce qu’il est venu de dix mètres.
Point
Deux : Stéphane Fernandez Meca est vraiment un spécialiste des
Victorinos. Il avait dramatiquement besoin de ce triomphe, et on en est
vraiment heureux pour lui. Reste un doute : Cette propension à faire
briller exagérément et systématiquement les premiers tiers, par ce que
l’on sait que l’on se gagne ainsi le public, et parce que l’on sait
que l’on est « un peu court » (de registre, mais non de
valeur), à la muleta. No sé ! Face à deux toros, très encastés,
le français à tiré des dizaines et des dizaines de passes, intenses,
longues, tirées « main basse ». Muy bueno ! Mais ces
toros méritaient peut-être, en fin de trasteo, plus de
variété, qui « aussi » pouvait traduire domination et
toreria. Quand on voit la faena de Caballero au cinquième, un tout autre
toro, on se prend à penser que Meca l’aurait toréé exactement de la même
façon que les premier et quatrième… Mais je me trompe sûrement…
Donner au public « ce qu’il veut »
est aussi « être torero » ! Meca, qui l’aurait fait de
toutes façons, répondit à la demande du tendido « a recibir ! » Cette
façon de tuer, on le sait est très risquée, puisque le toro vient sur
le matador qui l’attend. Sa tête, et donc ses cornes, ont eu le temps
d’arriver à hauteur de poitrine. (Le toro arme son coup de corne, de
bas en haut, en démarrant. Al volapié, on lui gagne un temps, et la tête
est « en bas. Al recibir, la tête est « en haut »).
Enorme mérite de Fernandez Meca de répéter la suerte, jusqu’à la
consommer parfaitement. Toreria y cojones !
Maintenant, je n’ai pas aimé le fait de
« remettre un quite », au premier toro, pour « effacer »
celui de Bautista, qui venait de se faire sérieusement accrocher (ce qui
lui a valu un rafistolage de la taleguilla, sponsorisé par « Pampers »).
Ce « pique » au quite était superflu, même s’il s’est
inquiété de la santé de son jeune concurrent, avant d’y aller par
chicuelinas. Mais, dans le feu de l’action…bueno !
Point
trois : « Il m’a semblé » que Dax et une partie de
son public, n’ont pas voulu apprécier les deux faenas de Caballero.
Pourtant, l’albaceteño a été colossal, hier, face à deux toros différents.
Et Dieu sait qu’il n’est pas torero de notre dévotion ! Sa première
faena a été longue, interminable. Mais ce toro, qui débuta « chat
griffeur », termina « presque toutou », parce qu’un
torero se l’est jouée, malgré l’impatience hostile des gradins, et a
fini par « rester là », quand le toro avait passé son temps
a essayer de l’en déloger… Caballero a été technique et
vaillantissimme ! Très torero ! Dax ne l’a pas vu ainsi, tout
comme elle a poliment applaudi de formidables passages, face au cinquième :
Faena remarquable de lenteur, de toreria, de plastique, et parfois de
total abandon… face à un Victorino, « noble mais Victorino ».
Alli estuvo cumbre ! Tuant vite et sincère, Caballero méritait deux
oreilles « como una casa » ! Ce n’est « que »
mon sentiment…
Point
quatre : Souligner le grand mérite de Juan Bautista, que l’on
sait « en heures un peu basses », comme c’est arrivé à
tous le toreros… Jalabert prenait les Victorino, pour la première fois,
et il a passé avec brio cet examen. Le sort n’a pas été juste avec
lui, en dirigeant de travers, la grosse estocade portée au sixième. Nous
parlerions aujourd’hui d’une seconde sortie a hombros…
En fait, dans la rétine, j’ai quatre sorties a hombros : Celle de
Meca, indiscutable ; celle de Caballero, pour les raisons exposées ;
celle de Juan Bautista, s’il n’y avait pas eu ce « coquiiiin de
sort ! » ; et celle du ganadero, plus pour la noblesse et
la caste de ses toros, que pour leur réelle bravoure et leur présentation.
« Alors - me direz vous- pourquoi tu râles ? »
Hombre...
17
Août – DAX – 4ème corrida de Feria – Casi lleno –
Grand bleu :
Toros de Victorino Martin, très inégaux
de présentation et de « romana » : 484, 468, 513, 490,
482 et 496 kgs. Bas et armés diversement. Le plus beau : le quatrième,
cardeno claro. Sorties avec beaucoup de tonus, sauf le troisième, au pas,
sans se presser. Ce toro fit illusion en prenant un gros puyazo, poussant
fort et droit, sur cinq mètres. En fait, codicia et bravoure « de défense »,
car à la deuxième… salio suelto. Très spectaculaires tiers de piques
des deux toros de Fernandez Meca, plus intenses dans leurs préparations,
que leur réelle exécution (voir point un). Deux toros d’une caste
incontestable, d’une noblesse enracée, qui répétaient et pouvaient
asphyxier le muletero. Tous ces éléments ajoutés firent que le public
demanda et obtint les vueltas daux dépouilles de « Misivo »,
le premier, et de son compagnon quatrième, « Montonero ».
Dangereux parce que court et avisé, le deuxième. Noble mais « muy
soso », le trois. Nobles terminant pastueños, les deux derniers. A
la fin de la corrida, le Mayoral de Victorino, Modesto Baile, sortit a
hombros, en compagnie du triomphateur de la journée.
Stéphane
Fernandez Meca (Deux oreilles – Oreille, après un vis) a remporté
un énorme triomphe, sortant « a volandas » par la grande
porte, et continuant ainsi, jusqu’à l’hôtel) Deux faenas sur le même
patron, répondant à la caste, par la caste, tirant à fond, main très
basse, de longs muletazos, fermant ses séries par de gros pechos, souvent
doublés, voire triplés. Poderoso, prenant la charge « loin devant »,
et la tirant, « loin derrière ». La silhouette est un peu « forcée » et ce n’est pas de la dentelle,
mais cela soulève de gros olés, aussi longs que chaque passe. Il y eut
d’intenses moments, tant à droite que sur main gauche. Estocade
recibiendo, après pinchazo,
pour tuer le premier. Après longue et belle préparation, il portera
trois récibir au quatrième : Un vilain metisaca ; une demie
atravesada « contraire » ; et une casi entera, parfaite.
La longue et noble agonie de l’animal mit la chair de poule. Elle fut
une des clefs de l’apothéose.
Manolo Caballero
(Division, après avis – Une oreille, après avis) a été discret et
facile capotero. Son premier toro avait « plus que peligro sordo » :
regardant beaucoup, calculant sa charge, passant sèchement, mais tirant
des coups « à mi mollet », se retournant sec, ou s’arrêtant
dans le troisième charge… Un vrai chat qui griffe ! Caballero
s’attela à le dompter, à lui faire accepter la muleta et la présence
de son corps. Ce fut long, interminable, et des quolibets injurieux le
firent hocher de la tête, d’un air navré. Mais ils eurent aussi pour
effet de lui faire gagner son propre challenge : « réussir à
le faire passer, et lui donner une série complète, sur chaque côté ».
Ce fut difficile, fastidieux. Il faillit renoncer, mais à la fin y
parvint : Une grande série de naturelles, taille enfin redressée,
suivie de « la même », à droite, clôturée de grands pechos,
libérateurs. Estocade entière et mort spectaculaire, enrazada, du toro
enfin vaincu. Tout le monde ne le vit pas ainsi.
Face au noble cinquième, Manolo Caballero débuta
sous quelques lazzis, style « v’la qu’il recommence ! »
De fait, la faena va vite prendre un côté « grand seigneur »,
le torero finissant par toréer, totalement vertical, la main et la muleta
tombant, parfaitement relachées, tirant le bicho en de longues passes
parfaitement templées, au ralenti. Enorme faena de Manuel Caballero,
close d’une bonne entière, trasera, moins tendida que de coutume. Une
seule oreille. Oooh ! Grande actuacion qui remate ainsi une
formidable semaine : Un toro grâcié au Puerto ; six, muy bien,
à Bayonne ; et cette actuacion de Dax, face à deux Victorinos différents.
Actuellement « embalado », Caballero va faire une grande fin
de saison. En dépit d’un manque d’appui de partie de la plaza, Manolo
Caballero a été « en grand torero », hier, à Dax.
Juan Bautista
(Ovation – Une oreille, après un avis) a, d’entrée, senti la différence
de charge des Victorinos, puisqu’il les affrontait pour la première
fois : vilaine cogida, pris et repris au sol, en voulant prendre son
quite, face au premier toro. On a craint, un instant, une cornada.
Jalabert reviendra, le costume drôlement rafistolé, et se montrera très
torero, très appliqué, toute la tarde.
Son premier fut « le triste » de la
corrida : soso, sans aucune transmission. La faena fut correcte, mais
un peu grise, du fait du bicho. Par contre, l’estoconazo fut
« de categoria » et tua immédiatement.
Bonne faena « a mas », devant le sixième,
brindé au peintre Loren et son épouse. Faena débutée classiquement,
sans grands éclats. Puis, un « pico ! » tombé du gradin
« hérissa » le torero. Pico ? Tiens, tu vas voir… Et
tombèrent alors trois naturelles, de face, muy buenas… La faena,
ensuite, devint un récital, Jalabert oubliant sa naturelle froideur, toréant
magnifiquement à gauche, et rematant par de grandes passes de poitrine.
Voulant bien conclure le tout, et couper les oreilles dont il avait
besoin, Jalabert rentra comme un fou, avec l’épée, pour une entière…atravesada
et transperçante. Geste de désespoir, que le public sut consoler, bien
convaincu qu’il n’y avait là aucune préméditation. L’épée qui
suivit fut nette et sans bavure… mais Juan Bautista avait perdu dans
l’affaire, une oreille sur deux, et la salida « a hombros ».
La corrida de Victorino
Martin s’est terminée en une apothéose, que l’on souhaite voir se répéter
ce soir, pour la dernière de feria : Toros de Juan Pedro Domecq,
pour Finito de Cordoba, Jose Tomas et Morante de la Puebla. Tout ou rien !
« Pinceladas », ou monument « del arte torero » !
Bonne chance à tous !
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