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DAX:
« MAIS DONNEZ DONC UNE OREILLE « DIFFERENTE » !!!!
17 Août : Si l’on part du principe que toréer, c’est conduire
la charge d’un toro ; c’est le mener « où il ne veut pas
forcément » ; c’est imposer à lui un ensemble de
trajectoires curvilignes, poursuivant un leurre qu’il n’atteint
jamais… Si l’on part du principe que toréer est traduire avec
« sentiment », cette force, ce courage, cette technique…on
peut se demander pourquoi monsieur le président et ses assesseurs n’ont
pas daigné laissé tomber un mouchoir, hier, en faveur de Javier Conde.
On peut également se demander pourquoi certains ont cru bon de
les applaudir, pour ce refus qui rompait l’instant magique.
Alors, bien sûr, on ne peut s’étonner
qu’une oreille, parce qu’il en fallait une, ait été accordée à
Cesar Jimenez, après une faena « a menos », un pinchazo et
deux descabellos. Bravo, monsieur le président. Continuez donc à être
bien coiffé, bien habillé, bien cravaté…Restez bien « dans la
norme », continuez donc « à ne pas rêver », gardez
bien votre règlement, et vos articles 18, rectifié 19 alinéa 3… No
pasa nada ! Seulement, permettez nous…
Permettez nous de vous dire que si Dax a engagé
Javier Conde, c’est parce qu’il est un torero « différent »
et qu’il fait un toreo « différent ». Lui qui a mis le feu
à deux ferias de Malaga, pour de semblables arabesques, vous le
sanctionnez, alors qu’il vient les dessiner à Dax… Hors, c’est
exactement ce que l’on attendait de lui… Avouez qu’il y à de quoi
se poser des questions. Avait il donc été à ce point ridicule ?
N’avait il pas dominé son toro, en faisant « son toreo » ?
Avait il multiplié les pinchazos, tué d’un bajonazo ?
C’est vrai, il ne figurait pas à l’article
18, rectifié 19, alinéa 3 du code du bon président… Una
lastima, no ?
Peut-être avez vous préféré les
interminables séries assenées par un Castella sans âme ? Peut-être
prépariez vous votre mouchoir, lorsqu’il brinda le cinquième au
public, bien décidé… à faire la même faena qu'au deuxième ? Certes, des toros
sosos… mais, peut-être fallait il un grain de folie, pour arrêter la
sieste, non ? Peut-être et certainement, vous avez préféré les
faenas de Cesar Jimenez, exactement les mêmes qu’hier et avant-hier…
Ces mêmes faenas qu’on lui sifflera, demain. Pues bien !
Enfin !!! On gardera le
souvenir d’un moment magique, qui retint l’attention de tous, avec des
expressions du style « Mais qu’est ce qu’il nous fait ? »
à « Génial, il est en train de danser le toreo ! », en
passant par « Il a fumé la moquette ou quoi ? ». Et dans
le callejon, un ami photographe, féru de flamenco, de déclarer,
catégorique :
« Si c’est cela, vive le cannabis ! »
Formidable, inoubliable moment, que ces sept
minutes de « danse avec le toro » ! Ceux qui n’ont rien
ressenti peuvent retourner au
Macdo…. Con perdon !
Conde a « dansé le toreo », a soupiré de lentes arabesques,
faisant d’un toro de 506 kgs, normalement monté, un véritable
complice, qui entra totalement dans sa dramaturgie, lui laissant le temps
de préparer ses suertes, et de les clore, en arcs en ciel de génie… Le
toro a vraiment eu du talent, lui aussi !
La bonne demie, après pinchazo, n’interdisait aucun trophée, de même que la scénographie
accompagnant la longue agonie du bicho. On a vu bien pire, bien plus fade,
bien plus long… Si o no ?
Faena « différente », d’un torero
« différent », qui méritait une oreille « différente »,
ou peut-être… un président « différent » ! Dommage ! |
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Autre satisfaction : la présentation des « Manolo Gonzalez and
Co » : robes précieuses,
cornes de respect, sorties majestueuses. Pourtant, ce n’était pas des
autobus, mais de vraies Cadillac. Après, les moteurs ont eu quelques ratés,
d’accord ! Mais on pardonne tout… à des Cadillac ! Tout
simplement parce qu’elles sont « différentes ». Pas vrai,
monsieur le président ?
16
Août – DAX – 3ème de Feria – Lleno et grand beau
temps – Plaza preciosa :
Quatre toros de Socorro Sanchez Dalp et deux
Manolo Gonzalez (5 et 6èmes). Le deuxième, un petit mais bien armé
colorado, précieux, de San Miguel (3ème fer de la casa) a été
protesté pour une blessure au bas du flanc gauche, puis rentré, pour
faiblesse, (sans savoir si cette cause avait fait cet effet).
Les toros de
Gonzalez ont fait de spectaculaires sorties, faisant apprécier de belles
robes allant du chorreado au castaño oscuro, passant par un burraco foncé,
pour terminer par un « noir de geai », magnifique. Côté
pitones, c’était plutôt du sérieux, virant à « très pointu »,
comme l’astifinisimo quatrième. Deux aiguilles ! Corrida qui a
fait son boulot au cheval, la plupart attaquant fort, et poussant, fijos,
sous la trop longue première et seule pique administrée. On n’en
sortira pas ! A la muleta, un peu de faiblesse, un peu de soseria,
pas assez de piquant, pas assez de moteur. Le lot de Castella méritait
qu’on le secoue un peu. Seul le quatrième a dit « non ! »
Javier Conde (Grosse pétition et deux vueltas
– Division) n’a pu toréer de cape un premier qui sortit « suelto »
de chaque essai…Un toro qui changea à la muleta, partant noble, et
terminant noblissimme ! Il faut dire qu’entre temps, ce toro fut
subjugué par la faena de Javier Conde. Et cette faena, véritable ode à
l’inspiration « taurino flamenca », débuta par trois passes
dont un « pecho caresse », qui dominèrent la bête, et
ouvrirent le flacon de tous les parfums d’Andalousie. Alors, le regard
noir, le menton perdu dans le jabot de la chemise torera, Javier Conde
va entonner le « Cante Jondo » du toreo… Peu importe
le temps qui passe, peu importent les kleenex du président… le torero est
seul, il avance et creuse les reins, son bras s’élève, pour attirer
l’attention des dieux « Silence, là haut! on torée, en bas ! »
Après une longue préparation, la muleta embrasse le toro, l’enveloppe
et le guide jusqu’au bout du voyage parfumé. De longs muletazos, compas
très ouvert (trop ouvert), puis des passes plus courtes, plus marchées,
comme murmurées, le temps prenant la pause. On est ailleurs, essayant de
rejoindre cet artiste « différent »… Faena courte, mais
d’une totale intensité artistique. Un pinchazo nous ramène à terre,
suivi d’une demi lame, très honorable. Le toro mettra du temps à
tomber, mais loin de permettre la terrible « ronde de peones »,
Javier Conde improvisa un dernier ballet, celui de « la mort del
toro bueno ». Cela lui valut un avis. Pues bien ! Le triste
vint ensuite : Beaucoup ont ressenti « algo », dans l’échine,
au cours de cette faena... D’autres, non ! Parmi eux, le président
et ses acolytes ! Article 18, rectifié 19, alinéa 3…. Pas
d’oreille ! Du coup, les deux vueltas de Conde furent, à elles
seules, tout un spectacle…
Le quatrième était très armé et « de
mala uva » : court, la tête à mi hauteur… Conde essaya, un
peu, de lui construire une charge. Mais, rapidement on sut que
l’entreprise serait veine, d’autant que la conviction semblait
boiteuse. Oublié, les reins cambrés et les regards de braise. Pour
arranger le tout, quelques « olé » moqueurs tombèrent des
gradins. Se acabo ! Vilain metisaca, vilain pinchazo et vilain
bajonazo. Ya !
Sebastian Castella (silence – silence) a semblé
« flotter » toute la tarde. Certes, il touche deux toros sosos,
sans définition: un sobrero de Sanchez Dalp, guapisimo, brave sous la
pique, et un cinquième, castaño de Manolo Gonzalez, qui, lui aussi démarra
bien. Allez donc savoir pourquoi ? Pas un quite ! Un toreo mécanique,
répétitif, comme sans âme, sans feu… Pas d’inspiration, pas de
« transpiration » ! Una siesta !
Cesar Jimenez (Ovation – Une oreille,
avec avis) a été formidable avec la cape : réceptions qui
accrochent le toro, le fixent, le ramènent à soi, et un festival de véroniques, chargeant la
suerte, sans forcer, laissant tomber les bras, jouant des poignets…
superbe ! Et, pour la bonne bouche, des demies « sculpturales »,
doublées d’aériennes reboleras. De grand luxe ! Au quite, on chicueline au troisième, et on farolise à
l’envers, au sixième. Très, très bien. Première faena, débutée par
six derechazos à genoux, plein centre. Olé ! Ensuite, cela va
partir un peu dans tous les sens, au gré de la soseria et faiblesse du
toro. On retiendra quelques passes de face, et surtout, un gros volapié,
le meilleur de la tarde, et peut-être, de la feria.
Jimenez ouvrit sa dernière faena par trois
passes changées, dans le dos, en forçant beaucoup la position, puis
continua, liant plusieurs séries de droitières inégales, closes de bons
pechos. Impression de suprême facilité, de grande toreria. Pourtant, un
faena qui alla « a menos », et se termina d’un pinchazo, une
bonne entière et deux descabellos. Comme il fallait une oreille pour
sortir de la douce léthargie, ce fut Cesar qui la coupa… Pues bien !
L’article 18, rectifié 19, alinéa 3… sans
doute !
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