MONT DE
MARSAN : « ETRE » DE LA CUADRILLA DE PONCE… »
26 Juillet : Cette reseña de la quatrième corrida de la Madeleine
aurait pu porter deux titres, au choix : « Etre de la cuadrilla
d’Enrique Ponce.. » ou, « Le long calvaire de Javier Castaño… ».
Comme on veut rester « positif », et ne pas faire pleurer dans
les chaumières, on gardera donc le premier..
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Certain banderillero disait « Pour voir une
grande faena de Curro Romero, il faut faire partie de sa cuadrilla ».
Cela fut longtemps le cas, puis, sur le tard, le Pharaon de Camas acquit
une certaine régularité qui mit à mal le dicton.
Faire partie de la cuadrilla d’Enrique Ponce,
en 2001, doit être un régal. Le maestro de Chiva donne une telle
impression de facilité, de technique, mais aussi d’engagement, de fierté
torera, de challenge perpétuel pour arriver à donner la passe, la série
définitive, celles qui feront son propre délice et celui de ses quelques
fidèles, que l’on ne peut que se rendre à l’évidence : Ponce
est un « sacré torero », et sa cuadrilla a beaucoup de chance
de pouvoir assister chaque jour à une nouvelle leçon de tauromachie,
qui, bien souvent, se termine en apothéose.
Mont de Marsan, sans être un sommet, a encore été
l’illustration de « la Tauromachie selon Ponce » :
« De dulce », avec le toro noble et faiblote ; plus
autoritaire avec le retord, l’amenant à charger sans arrêt, gommant
ses hésitations. Dans les gradins, à part quelques
dubitatifs patentés, chacun aura goûté, qui la légèreté, qui
la profondeur, selon les possibilités qu’offraient les deux toros de
Marca, radicalement différents, même s’ils étaient nobles. La plaza a
rendu les armes. Dans leurs fauteuils ou dans les peñas, les aficionados,
devant leur téléviseur, ont du apprécier. Dans leur burladero, « ceux
de la cuadrilla de Ponce » ont hurlé encouragements et admiration,
une fois de plus. Le torero leur parle beaucoup, et ils lui répondent,
fidèles lieutenants. Sacrée cuadrilla… La même depuis tant d’années…
Aussi, on peut se dire en les voyant bondir, sans affectation :
« Ponce est meilleur que jamais ! ».
« Lo de Javier Castaño » est inquiétant.
Perdu, errant comme une âme en peine, Javier Castaño a perdu son toreo,
jusqu’à sa folle vaillance. Dans le patio de caballos, déjà, le
regard est perdu dans quelque noire pensée. Pour arranger le tout, on le
laisse seul, on ne lui parle pas. L’apoderado est « à d’autres
affaires » ; la cuadrilla n’entoure pas beaucoup. Quand le
toro sort, le cœur ne veut plus ce que la tête exige. Le torero hésite
et rompt. Du coup, le toro se met à l’unisson. Et le long chemin de
croix continue jusqu’à la fin de cette temporada… la première, qui
pourrait bien être aussi…
On aurait pu aussi bien titrer « Juan
Bautista sauve sa saison », ou encore « Les Marca, réintégrés ».
Jean Baptiste Jalabert est l’auteur en direct du plus beau moment de réel
enthousiasme de la Feria, de la plus belle émotion torera. Même si, par
la suite, les choses n’ont pas évolué au même niveau, on se
rappellera longtemps de son entrée en action, face à son premier. Voilà
une portagayola, trois delantales trois chicuelinas et une serpentina qui
pèseront lourd dans le souvenirs de la temporada. Le ganadero, quant à
lui a passé son « examen de rentrée »… Interdit, banni, il
y a deux ans, pour quelque corne « bien plus râpée que d’autres »,
le ganadero est revenu avec un lot dont plusieurs exemplaires sortirent
« en estampes », qui n’avaient rien d’ombres chinoises…
La corrida a, certes, manque de forces, comme on pouvait le craindre, sans
pour autant, virer au scandaleux. On peut donc dire que le « ganadero
apoderado empresa » peut continuer a venir fumer ses cigares dans
les plazas françaises.
25 Juillet – Mont de Marsan – 4ème corrida de la
Madeleine – Llenazo y « calor calor ! » : Une certaine
partie du public était venue avec la fusil chargé » : Lisez
« mettre le souk » si les toros de Marca sortaient
petits, vilains et surtout « sospechosos de pitones ». Déjà,
sans que le toro soit sorti, d’immenses pañuelos
verts réclamaient vengeance. Ils en ont été pour leurs frais, la
corrida sortant normale, quoiqu’inégale de trapio ; bien armée et
parfois très bien, tout en précisant que seule « la Science »
pourrait dire si elle était touchée ou pas. On pourra seulement déplorer
une certaine faiblesse se traduisant par quelques agenouillements vite
rectifiés et, surtout, des tiers de piques écourtés quoiqu’intenses.
Pour les muleteros, on pensera qua Ponce a tiré le bon lot ; que
Juan Bautista aura connu quelques difficultés avec deux toros changeants ;
que Javier Castaño, par ses hésitations et son placement, a éteint les
quelques velléités de ses deux bichos.
Enrique Ponce sort triomphateur de la corrida,
avec une seule oreille, celle de son deuxième toro. Auparavant, on
l’avait fortement ovationné pour une faena « de dulce », élégamment
« léchée » devant un toro faible, qui provoqua quelques cris
vengeurs. Ponce le toréa « ligerito » et perdit quelque trophée
avec l’épée : Bon pinchazo, courte lame en buen sitio et deux
descabellos. Adios oreja ! – On ne l’aura pas vu beaucoup toréer
de cape, et le quatrième ne lui permit que deux lances et une larga à
une main, en guise de remate. Toro qui sort correton, mais aux forces
limitées. Châtiment correct, mais réduit, à la pique. Marianin de la
Viña pose « El par de la Feria », sur son premier élan.
Alors…Enrique Ponce va dicter leçon : Un Ponce technique, mais
aussi entregado, profond, voulant, comme un novillero « se »
convaincre et, du coup, convaincre tout le monde… Faena « a mas »,
devant un toro qui, sans être un Barrabas, ne voulait pas prendre la
passe entière, en début de trasteo. Encore moins la série… Ponce, peu
à peu, lui imposa le trajet, réussissant deux passes liées, puis trois,
puis une série, le toro protestant sur le pecho. Du coup, le matador
revint à la charge, donnant la série suivante, plus appuyée, close
d’un pecho doublé. Le toro râle un peu, mais y va. Essai de la gauche,
avorté au bout de deux coups de frein. Ponce n’y reviendra pas, et on
le lui reprochera, peut être, à l’heure des trophées. Retour à la
main droite pour deux séries « définitives », certains
derechazos « ralentissant le temps ». Heureux comme un gosse,
Ponce partit pour une bonne épée qui provoqua lentement une mort
spectaculaire que le public ovationna. Grosse pétition, et une oreille.
On aurait pu penser plus, dans le contexte de cette feria 2001. On a du
mal, en effet à comparer ce trophée et cette faena à ceux de Milian et
Ferrera, ou même de
Caballero…
Juan Bautista a surpris tout le monde, et devant
les téléviseurs, certains auront sursauté. A la sonnerie annonçant la
sortie du deuxième, Jean Luc partit s’agenouiller au toril,
et donna le plus intense moment de la feria, jusqu’à présent,
celui où chacun hurle, sans se préoccuper de son voisin, mais où tous
s’embrassent et se congratulent, quand l’émotion est passée. Que
bueno ! Larga a portagayola, « limpisima », trois
delantales totalement sculptés, trois chicuelinas remarquablement tournées
et une aérienne serpentina qui firent exploser la plaza, tandis qu’au
fond de l’Espagne, devant sa télé, le vieil aficionado rabroue sa
femme « Callate, mujer ! Que aqui viene un torerazo ! ».
La duègne se tait, mais reprend du poil de la bête quand, après une
pique sans vice, le toro change du tout au tout, et met Jalabert en échec.
Début par doblones et double pecho . Cela semble bien partir, le
toro venant bien, apparemment, de loin. Hélas, il va raccourcir le tir,
se mettre à puntéer dans la muleta et Bautista ne pourra corriger ce défaut.
Prenant le toro « en court », il parviendra à lui tirer
quelques passes isolées, mais peu convaincantes. Entière ladeada et
forte ovation pour le souvenir de « la fanfare d’ouverture »
- Le cinquième va
prendre en brave un gros puyazo et
Juan Bautista va l’affronter bravement…sans pour autant réussir à régler
ses changements de rythme. A mi faena, trois bons derechazos bien tirés,
liés, firent renaître l’espoir. Là bas, en Espagne, la jacasse avait
repris son monologue, mais tout à coup, son homme lui coupa le sifflet :
Se profilant en court, Jalabert, le petit franchute, venait de plonger une
estocade recibiendo qui va prendre tous les prix de la feria, d’autant
que le toro ira mourir en brave, au centre du ruedo. Belle fin d’une
difficile faena, et une oreille joyeusement fêtée.
L’actuacion de Javier Castaño ressembla au
personnage : triste, vide, sans idée… C’est peut-être « aller
vite en besogne » et, quelque chose peut nous avoir échappé.
Cependant, le public a constaté les pâles essais du salmantino devant
ses deux toros qui finirent par ne plus vouloir charger. Le troisième,
magnifiquement armé, se révéla tardo et les hésitations du torero ne
firent que le confirmer dans ses « non intentions ». Castaño,
après deux torchonnades lui épingla une lame « très, très en
arrière » et de côté, qui lui valut « pitos y silencio ».
Un trasteo qui ne faisait honneur, ni à sa présentation dans ce lieu, ni
au brindis à Paco Ojeda, venu en gendre du ganadero. On espérait le
desquite face au joli dernier qu’il toréa longuement de cape. Le toro
sera mal piqué, mal lidié par une cuadrilla calamiteuse, et arrivera
dubitatif, a la muleta. Au lieu de s’engager, de lui dicter sa loi,
Castaño, malgré début à genoux, va encore hésiter, rester sur les
bordures, toréer du bout du bras, parallèle, fuera de cacho, « fuera
de todo »… Gros échec, conclu de deux pinchazos et une entière.
Silence et déception finale. Dans le callejon, des apoderados cherchent
un autre torero. « Les affaires sont les affaires ! ».
Ce Jeudi 26 juillet : Après la « non piquée »
matinale, La Victorinada ! Surtout, ne pas faire l’erreur de
vouloir « revoir » celle de l’an dernier. Les toros sont
« comme les melons » dit le proverbe… tous différents. Il
en est de même pour les Victorino Martin. Au cartel : « El
Tato », précédent triomphateur ; Fernandez Meca, spécialiste
de la casa et le dernier venu, remplaçant Padilla : Il se surnomme
Eulalio, il est mexicain, et on le surnomme « El Zotoluco ! ».
Vedette dans son pays, il y torée les petits, armés courts, dit « commerciaux ».
Venu en Espagne, il a remarquablement triomphé devant les géants de
Miura, à Séville et, surtout, à Pamplona. Un torero !
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