MONT DE
MARSAN : LES MARQUIS DE DOMECQ "PEGANDO BOCAOS !"
25 Juillet : La foule hurle des olés, applaudit à tout rompre,
ovationne le moindre détail…Tel est le bilan de la troisième corrida
de la Madeleine. Enfin…presque !
La foule hurlait des olés, oui, mais de
pacotille, elle applaudissait la parodie, ovationnait quelque trouvaille
comme ce toro de carton pâte qui allongeait le cou, mieux qu’un Miura.
Comme pour exorciser sa fureur ; comme pour calmer sa haine, la
foule, soudain se faisait compréhensive, souriante et généreuse.
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Les toreros, les vrais, étaient partis depuis
longtemps, accompagnés de coussins et de bouteilles, et ce n’est pas la
tape sur l’épaule de Soldeville, à la porte du patio, qui pouvait
calmer leur tristesse, leur fureur.
La foule, elle, était déjà passée à autre
chose. Elle était « toute joie, toute fête », et
applaudissait à tout rompre la parodie de corrida, bien jouée par les
membres de la Peña Soldeville (à Mont de Marsan, il est partout..), là
où quelques instants plus tôt, des hommes s’étaient joués la peau,
pour de vrai…
« Ils n’ont pas voulu risquer un poil ! ».
Un peu court comme affirmation. Actuellement, il n’est pas de torero qui
sort à la plaza, bien décidé à ne rien faire. On n’est plus au temps
du grand Antonio de Ronda, ou du petit Paco de Camas. Parfois, leur tête,
au paseo, ne disait rien qui vaille. Aujourd’hui, les figuras toréent
mieux que jamais, mais n’ont pas cette superbe, à la limite, cette
morgue, qui font les toreros d’Histoire.
La corrida a été un désastre. Pourquoi ?
Etait elle mal présentée ? Non. Etait elle
faible au point de se ramasser à la pelle ? Non. Etait elle décastée,
ou sans aucune race ? A voir ! Etait elle « mansa
perdida », refusant tout combat ? Pues no !
Pourtant, il n’y eut pratiquement pas moyen de lui « péguer un
muletazo… »
Que paso ? La corrida du Marquis de Domecq
est sortie « pegando bocaos », « voulant mordre tout le
monde »… Les cuadrillas en ont perdu leur boussole et les lidias
furent des plus aléatoires, tant il y avait difficulté à fixer les
toros, à les garder dans un capote, à les mettre en suerte. A la muleta,
une espèce de mobilité agressive, pleine de sournoiserie, de regards en
dessus, en dessous, de côté, mais jamais « droit dans les yeux ».. Les
peones regardaient souffrir les copains en se disant « Attends, dans
cinq minutes, on y a droit ! ». Et la corrida est partie à la
dérive, au gré des oleadas, des arreones, violents ; au fil des
coups de freins, ou de boutoir, des retours secs, des charges « demi
sel » ou carrément « gros poivre »
Le public attendait des faenas de rêve. Les
toreros les espéraient…Tout le monde était déçu, berné, volé, et
tout le monde rageait, en particulier ceux qui paient cher leur tendido.
Normal.
Que paso ? La corrida d’hier est tombée.
Celle d’aujourd’hui avait des pattes pour une étape de cinq pics
himalayens… A t’on vu un toro prendre les puyazos qu’a reçu le
dernier, et galoper ensuite comme si de rien n’était, voulant tout détruire,
aveuglément ?
Et c’est là, le problème. La corrida est
sortie comme aveuglée de violence, de rage brute, tirant sur tout ce qui
bouge, faisant fi des passes en bas et de quelques piques bien lourdes. La
première moitié de la course fut un échec pour les toreros, même pour
Victor Puerto qui donna vuelta. La deuxième mi temps fut un désastre.
Les trois derniers toros, bien plus charpentés, furent lourdement châtiés,
et continuèrent leur « rentre dedans », comme si de rien n’était.
Parole ! Ils avaient mangé du Topset ! Au fait…
Toujours est il que les toreros rendirent les armes, un
à un, et que la foule, prédisposée à suivre amoureusement de belles
arabesques, ne voulut rien entendre, se laissant aller à quelque geste déplorable,
à la fin du triste spectacle. C’est ainsi.
24
Juillet – Mont de Marsan – 3ème corrida de la
Madeleine – Llenazo – Beau temps : Les toros du Marquis de Domecq
sont sortis inégalement présentés : plutôt bas et fins les trois
premiers, plus développés et hauts les trois ultimes. Cornes inégales,
que certains cris mirent à caution, mais qui résistèrent, pour la
plupart, à de gros choc, au burladero ou dans la caillasse. Au moral, un
comportement « a mas » dans la violence et le sournoiserie.
Les matadors ne voulurent pas piquer les trois premiers. Ils payèrent
cette négligence à l’heure de la muleta. Ils firent copieusement châtier
les trois autres, et se trouvèrent avec les mêmes difficultés. Du coup,
ils « tentèrent », timidement, comme le Finito ; plus
gaillardement, comme Victor Puerto ; en essayant « la
scientifique douceur musclée », comme le Juli. Rien n’y a fait,
et s’ils n’avaient été estoqués, avec des fortunes diverses, les
toros du Marquis galoperaient encore…peut-être. A un moment, on a pu
penser « caste ». On a pu penser « mansos con casta ».
A un moment, la mobilité a pu faire illusion ; de même, la violence
à la pique. Mais, au bilan, les Marquis ont dominé le ruedo en vrais
spadassins, avec ou sans artifices, et les hommes, entrés « en
pleine fierté », sont sortis de cette échauffourée, le moral en
berne…
Finito de Cordoba ne put toréer de cape le petit
premier, pointu, qui déclara, dès le premier tiers, sa tendance aux
planches. Toro qui arriva bronco, incierto , à la muleta, avec la
complication ajoutée de quelque faiblesse. Du coup, on ne peut le châtier
« en bas », mais on ne peut le retenir. Après quelques essais
infructueux, le Finito ne se compliqua pas la vie, et se la joua encore
moins avec l’épée : deux vilaines entrées pour un pinchazo et un
trois quarts de lame en arrière et de côté. Courte bronca - Face au
quatrième, Juan Serrano put libérer trois véroniques en mettant la
hanche et un remate à une
main, plein d’espoir. Toro lourd, très piqué, qui arriva incertain et
violent à la muleta, faisant semblant de charger, s’arrêtant, puis déclenchant
avec violence. Finito le prit en doblones, l’amena au centre et débuta
sur main droite. On sait le cordouan adepte de soumettre le toro, tout
d’abord, puis se relâcher, par la suite. Donc, les premières attitudes
sont forcées, et le torero paraît hésiter. Sur une invective venue du
tendido, trois derechazos feront illusion. Colère du Finito, qui regarde
le public avec une rogne non dissimulée. La suite ira « à menos »,
le public applaudissant quelques attitudes sur le voyage d’un toro
devenu maître de la situation. Cela se termina par un désastre à l’épée
et une bronca digne de « qui aime bien châtie bien »
Vctor Puerto se présentait. On le vit démarrer
sur les chapeaux de roue, devant son premier : Capeo puissant et élégant ;
joli quite par chicuelinas et serpentina. Le petit burraco est encasté,
très mobile. Début de faena à l’estribo, le torero se libérant par
trincherazo et grand pecho. Filant au centre, Victo Puerto va débuter par
passe changée dans le dos, une première série de droitières qui sera
l’image de toute le faena : la première passe, puissante et galbée,
la seconde, moins nette ; la troisième, qui flotte ; et la
rupture au quatrième voyage. Le toro, vif, retord, va peser sur le torero
qui ne s’en sortira que par quelques détails enjoués, mais ne dominera
jamais la situation. Final par statuaires, et bonne demi épée, bien préparée,
mais un poil de côté. Le toro tarde à tomber et la pétition
d’oreille ne parviendra pas, malgré
moultes vociférations, mais peu de mouchoirs, à convaincre la présidence.
Bronca des uns, ovations des autres. Victor Puerto donna la seule vuelta
de la tarde - Le cinquième fut un « sacré tonton ». Haut,
puissant, il percuta les picadors avec rage, et devint le maître du ruedo.
Puerto essaya bien quelques demi passes, mais le toro verrouillait toutes
ses charges à mi parcours, menaçant le torero, refusant tout compromis.
Désolé, le torero se profila pour deux pinchazos et une bonne entière. No
pudo ser ! Silence du public résigné. Silence parce que les
efforts avaient été constatés, et que des trois, Victor Puerto était
le moins « capé »
Julian Lopez « El Juli » a connu une
journée aussi noire que les broderies de son costume. Son premier toro
prendra deux bonnes véroniques et " pegajoso », qui colle à
l’homme et ne lui laisse jamais de répit. Entre
les deux piques, le Juli aura le temps d’un quite par navarras.
Il banderilla « à la demande », mais le fit rapidement,
jouant la géométrie « plus 50 centimètres de sécurité »,
plus que l’inspiration. De méchante humeur, le Julian, qui rouspéta
sans cesse, contre le toro, contre ses peones. Menacé sur un pecho, le
Juli se mit à douter et finit par renoncer, geste à l’appui. Vilain
pinchazo et une presque entière, au vol, que compléteront deux
descabellos. Silence déçu - Cela tourna beaucoup plus mal au dernier. Le
toro sortit comme les copains, prit le fer de la même façon et termina
avec les mêmes intentions. Le Juli refusa logiquement de banderiller et
se retrouva dans l’impossibilité de lier trois passes, terminant en châtiment
que le public protesta violemment.
Ainsi prit fin cette troisième corrida de La
Madeleine, sous les coussins, les bouteilles et les hurlements qui étouffèrent
à peine les quelques mots de ce banderillero : « Nosotros
queremos toros ! Pero esos son tigres ! ».
Ce mercredi 25 Juillet, quatrième de Feria. Les toros sont de Jose Luis
Marca. On sait qu’ils ne sont pas charpentés comme des Miura, mais on
sait également leur qualité. Petite crainte du côté des forces -
On attend Enrique Ponce, pour sauver la Feria. Depuis quelques
semaines, le torero de Chiva parsème l’Espagne taurine d’immenses
faeanas. Pour le grand souvenir : Madrid-Vista Alegre, et Badajoz.
Hier avec des Victorinos, aujourd’hui avec des Marca. Suerte ! –
Juan Bautista a un crédit de sympathie largement ouvert. Cependant, il
cherche encore la feria où définitivement installer son rang, en
particulier dans le Sud Ouest – Javier Castaño joue gros : La
France, et dans une plaza des Choperas, ses mentors. La saison est
calamiteuse, pour le moment. Mont de Marsan est une place forte à conquérir,
a cara o cruz , pour ainsi, s’ouvrir la France. D’autant que la
corrida est télévisée sur Via Digital. Donc, un triomphe…à tout
prix. Cela va être chaud !
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