BAYONNE : CE NE FUT PAS DES « CEBADA CADEAUX »....
6 Août : Certes, quand on voit
« ce que l’on voit », dans la plupart des plazas d’Espagne,
hors grandes ferias, on n’a pas le droit de se plaindre : Des toros
« fofos » qui sortent parfois comme des « gros casseurs »,
font trois petits tours, et « ne cassent plus rien » »,
quand ils ne se répandent pas lamentablement sur le sable, transformant
les lidias en séances de premiers soins, et les toreros en infirmiers du
Samu.
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Cependant, quand on dit « Cebada »,
on pense à « toro toro », et quand on entame la fameuse
« route du toro », du côté de Medina Sidonia, et qu’on les
voit, en contre bas, on se dit que « Eso no son toros, sino carros
de combate ! »... des vrais chars d’assaut !
Par ailleurs, « Cebada »
signifie, âpreté, dureté, force, et genio. Mais quelquefois, sort un de
ces toros qui porte « un cortijo sur chaque corne », et permet
au torero de se libérer, donnant plus de force, d’impact à sa faena,
de relief à son triomphe. Exemple : le Cebada de Rincon, en 93, à
Pamplona, un toro « pero que muy serio ! », mais d’une
noblesse totale et ravageuse, auquel le colombien monta un faenon.
Plagiant Devos, on pourrait dire : « Cebada, c’est ça ! »
Hier, à Bayonne, « ce ne fut pas ça... ».
Question « plumage », on peut rester dubitatif. On se dit bien
qu’avec ce que l’on incurgite pendant les Fêtes, on voit tout
« en double », et cela pouvait servir, mais vraiment, trois
des Cebada, en sortant, méritaient plus le « diminutif » de
« Cebadita », qu’autre chose : toros réduits, sans
profondeur, sans largeur, sans hauteur, sans « cuajo »,
anovillados ! Lot très disparate, que sauva difficilement un quatrième
plus « señor toro », que vint épauler un cinquième
balourd, bien vilain, mal foutu, dont les yeux coquins ou « mal
intentionnés » auront repéré qu ‘il n’avait « qu’un
testicule »...Vaya ! ou plutôt : Ouille ! Pas étonnant
qu’il soit de si mauvaise humeur. Pobre !
Quant au « ramage », là, ce
fut bien la bataille attendue. Ils ne sont pas tombés, c’est déjà
quelque chose. Pour le reste, pas de bravoure, beaucoup de genio, de la
brutalité, des regards en coin et des tirs « sous la ceinture »,
des coups francs directs au corps...du sentido chez le cinquième. Il
fallait « les avoir, bien accrochées »... les idées, pour
rester quieto devant ces pélerins. Zotoluco ne s’engagea qu’à moitié,
Ferrera dut renoncer, glanant au passage deux ou trois upercuts bien
douloureux. Quant à Marquitos, on le pensait « un peu tendre »,
et cela se confirma, malgré une agréable faenita au sixième, le seul
potable de la tarde festive.
Décidément, les Cebada Gago ne furent
pas « des cadeaux », et la Bayonne « blanche et rouge »
qui remplissait la plaza sous un ciel « grand bleu » méritait
mieux, beaucoup mieux ...
Cebada a confirmé sa mauvaise année, et
Bayonne a terminé ses fêtes sur un ultime « Ay ay ay aayyyyy !
Canta y no llores ! » repris en choeur
par ses invités mexicains, tandis qu’Antonio Ferrera
s’en allait sous d’autres cieux, en se demandant bien ce
qu’il allait faire de la planche de surf que des jeunes eurent la
coquine et sympathique idée de lui offrir, pour s’être bien battu
contre « les oleadas », les « noires déferlantes »
venues de basse Andalousie.
5 Août - Bayonne – Corrida des Fêtes – Plaza
pratiquement pleine – Lumière magnifique, entre blanc, rouge et ciel
bleu – Grande ambiance, malgré quelques interventions dissonnantes... :
Décevante corrida de Cebada Gago, d’abord au plan présentation : lot
sans trapio, sans volume, à part le quatrième, toro serio, armé bizco,
court de carrosserie, mais guapo. Le public ne s’y trompa guère, qui
l’applaudit à la sortie. Le cinquième fut un mastodonte mal foutu. Se
sauva le troisième, un castaño bien « enmorillé », qui mit
la Navarre en déroute.
Au plan « moral », les Cebadas
se sont défendus, plus qu’ils n’ont attaqué, chargeant fort avec
quelque regard sournois, dans les capes, prenant des piques avec violence
et bien désordonnées, sans réelle bravoure, « remontant »
dans les muletas, pour peu que celles ci soient un peu hésitantes. Un
toro impossible, partant directement « al bulto », le cinquième
« unicouillu », feisimo et de muy mala leche ! Le
lot de Zotoluco méritait peut-être mieux. A voir. Marquitos, quant à
lui, fut dépassé par le troisième, et
murmura une agréable faena au sixième, le seul potable de la
tarde. Cependant, l’impression de fragilité se confirma, épée en main !
Zotoluco remplaçait Padilla. Le mexicain
donna une perpétuelle impression de « je veux, puis je laisse
tomber... mais, voyez, je pourrais.... ! », ce qui indisposa
les gradins. Inexistant au capote, à part une jolie demi véronique, le
triomphateur de Pamplona ne trouva pas la solution, ou ne s’y engagea
pas totalement. Trois naturelles ne sauvèrent pas son premier trasteo, le
toro terminant « très court ». Pinchazo « recibiendo »,
(tiens!), un autre bien vilain et une entière bien desprendida, perdant
la muleta, sortant par devant. Nada.. Silence dans les rangs. Le quatrième, toro sérieux portait le nom de « Golfillo »...
Malin et vrai toro de combat, il fut piqué par Efren Acosta qui ne s’y
cassa pas les dents, mais par
contre, y brisa une de ses piques personnelles, sortant ovationné, après
trois rencontres bien dosées, mais peut être insuffisantes, le toro
remontant fort, dès les banderilles. Zotoluco débuta sans montrer
d’entrée « qui était le patron », insistant peu sur les
doblones, terminant par le haut ses premières séries. Pas fou, le toro
commença à regarder lourdement, à peser sur le corps et le moral du
torero. Celui ci fit quelqu’effort, plusieurs fois dans la faena,
alternant les moments de volonté, puis d’abandon. Deux vilains
pinchazos à toro parado et un bajonazo prévisible firent sonner « pitos
y flautas, c’est à dire une courte bronca accompagnée d’un avis.
Antonio Ferrera venait pour triompher,
c’est clair. Joli quite, bien envolé, au premier de la tarde. Son
premier « moustique » ou « loustic » fut accueilli
magnifique au capote, par delantales et un triple remate où le toro déclara
déjà que « petit mais musclé ! ». Ferrera s’en
rendra compte immédiatement, se faisant vilainement prendre en mettant
l’animal en suerte. Gardant le toro « cru », le diestro
partit aux banderilles en grimaçant : Trois paires « a mas »,
spectaculaires, sortant du dernier quiebrto par un jugueteo très
spectaculaire qui ferait rougir d’envie Hermoso de Mendoza
lui même. Enorme ovation. Faena, débutant fort, avec un toro qui
derrote sec. Un peu de brouillon, mais engagement et vibrato, le torero se
plantant soudain pour trois derechazos reposés, templados, hélas terminés
en méchante poursuite, du style « tu n’es pas là pour faire le
beau ». Sur un ultime et dangereux derrote, Ferrera doit couper le
faena, mais se lance pour une grosse estocade « avec le coeur »
qui roule le bicho. Une grosse oreille et vuelta joyeuse, malgré une
cuisse douloureuse. Le cinquième sera un autre client qui tournera vite
« à l’impossible », s’arrêtant vilainement dans le
muletazo, regardant lourdement les dorures, virant sec des deux côtés.
Qu’on vienne de Finlande ou du Japon... que l’on soit parvenu à se
hisser difficilement du fond du petit Bayonne, telle une outre pleine de
bière, on ne put que percevoir le réel danger. « Imposible, el
toro ! ». Malgré sa volonté de triomphe, Ferrera ne put que
se résoudre à en terminer, en trois temps, avec ce spadassin qu’il
avait gentiment brindé à Loulou Lamarque, figure locale, aficionado
practico, qui sait ce qu’est lidier et prendre des coups. Antonio avait
banderillé avec brillo, sur un cuarteo, un poder a poder en faisant
« la moto » et une troisième paire « por dentro »,
très intelligente et pleine de bravoure. Bonne sortie du jeune torero qui
ne triomphe pas, mais n’a rien à se reprocher.
Francisco Marco baffouilla quelques
capotazos devant le troisième, « Capuchino »... Le toro prit
trois grosses rations de fer, qui le saignèrent littéralement. Court et
violent, il mit en déroute le fragile torero qui ne sut par quel bout le
prendre. Cela se termina mal avec l’épée, et la bronca fut courte,
mais sévère. Le Navarrais, par contre, eut de jolis gestes face au
dernier de la corrida, le seul qui permettait de se libérer vraiment.
Dans le callejon , les copains devaient rager. Faena enlevée, séries
principalement droitières, plusieurs muletazos accompagnés « avec
le corps », d’une réelle qualité esthétique, en série terminées
par de bons pechos. L’oreille pointait pour « la Navarre »,
mais hélas, l’épée piqua trois fois, et la Navarre murmura son second
« Pobre de mi », en l’espace de vingt jours. Dommage !
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