BAYONNE :
« TCHAO, RICHARD... BONJOUR,
SEBASTIEN ! »
16 Juillet : La
despedida de Richard Milian a été la fidèle image de « 20 ans de
relation » entre le torero et le public : « Amour vache »,
un mélange de cariño et d’agacement, une passion totale, avec de
grands abrazos et des coups de rogne, vite oubliés...
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Hier, Richard Milian a fait ses adieux à Lachepaillet. Disons
que ce ne fut pas facile, mais que si, à sa place, un autre torero avait
produit une telle prestation, la bronca
eut été de celles
qui font date. Le public, hier, se montra magnanime et cariñoso,
reconnaissant également que le catalan n’avait pas eu de chance au
sorteo. C’est donc applaudi que Richard sortit de Bayonne, et c’est
bien, ainsi.
Stéphane Fernandez Meca a fait, tout à coup,
penser à Antonio Ordoñez.... Non par la qualité du toreo inimitable du
rondeño, mais par un double détail : Le costume orange et or, et le
chaleco ouvert... Antonio Ordoñez porta ces couleurs, vers 1968/69, et
avait l’habitude, sur la fin de toréer avec la chaleco ouvert. Stéphane
aurait il un peu « forci » ? La question reste posée,
mais le souffle semblait un peu court, parfois, ce que l’on peut
comprendre, vu les deux toros qu’il eut à combattre. Bonne tarde de
Meca, avec un final « muy torero », même si le recibir prit
« les chemins de traverse ».
Attention ! va falloir suivre un torero qui
revient en trombe. On pouvait le penser fragile, perdu dans quelque rêve
mystique. Le voilà tout à coup revenu. Il n’est que de voir sa façon
d’aborder ses adversaires, que ce soit avec cape ou muleta. Une autre
attitude, un autre regard, une nouvelle force... Ensuite, les choses sont
ce qu’elles sont, et le chemin reste long , mais, hier, en plaza de
Bayonne, Sebastien Castella a confirmé un beau retour, scellant
l’espoir qu’on désespérait de retrouver, après une fade saison
2000.
« Adieu Richard, on t’aimait bien, tu
sais ! Bonjour Sebastien, on va te suivre ! A tout à l’heure,
Stéphane...Cuidate et s’il te plaît, merci de fermer ce chaleco ! »
15
Juillet – Bayonne – 2/3 de plaza
- Après midi ensoleillée, très agréable : Cinq toros de
San Martin et un sobrero d’Andres Ramos. Le premier de Chafik sortit en
Santa Coloma et partit percuter un burladero, se cassant net un piton.
Remplacement immédiat. Sort alors un Andres Ramos qui, par sa présentation
et ses pitones, fera peut-être référence, tout au long de la saison. Un
tio ! Un toraco ! Au moral, ce fut autre chose, mais pour ce qui
est trapio... chapeau ! Les
toros de San Martin souffrirent de la comparaison, tout simplement parce
qu’ils respectèrent « le type » de l’encaste Santa Coloma :
bas, petite tête, mais du muscle et de la caste. Le quatrième fut un
mauvais garçon, mal lidié ; le sixième fut d’une grande
noblesse, sur le côté gauche. Ce toro fut magnifiquement mis en valeur
par Sebastien Castella, au point qu’on lui accorda, bien tardivement et
de façon un peu exagérée, la vuelta posthume. La polémique « queda
servida », mais le nom reste dorénavant gravé sur les pages de
Lachepaillet. Le toro s’appelait « Botella ! »
Sympathique « accueil d’adieux » à
Richard Milian... Les bisous des enfants, l’Aurresku d’honneur, tout y
était... à la Basque !. Muy bonito ! Les choses se gâtèrent
par la suite. On peut le comprendre, et on ne va pas demander à Milian de
« partir à la guerre », comme il le fit, tant de fois. Face
au tonton d’Andres Ramos, le torero va essayer, en étant convaincu
qu’il n’y arriverait pas. Le cites « bougés » accentuèrent
les défauts du bicho qui, la charge courte, les retours secs et la tête
en haut, n’attendait que cela pour mettre la panique. Milian essaya un
peu à gauche, prit un avertissement musclé, et finit sans gloire. Face
au quatrième, « mas toro », puissant et pesant sur le torero,
les choses se passèrent mal d’entrée. Premier tiers bousculé, hésitant,
qui augmenta le sentido du toro ; Deux piques exagérément longues
et trop appuyées ; « mitin » aux banderilles, où la
cuadrilla montra « moins de bravoure » qu’en d’autres
circonstances... Au final, un toro qui arrive à la muleta, lourd de
mauvaises intentions, face à un torero qui pense à en terminer au plus
vite, ce qui sera fait d’une verticale bien habile. Pitos et quelques
palmas qui excusent. Adieu, Richard !
Stéphane Fernandez Meca a construit une
actuacion solide, forte, musclée. Sa première faena alla de « mas
à menos », comme le toro. Toro qui provoqua un batacazo (la
cavalerie semble bien faible !) et permit
à « El Chano » de saluer, après deux paires de
banderilles « de lujo ». Meca débuta hésitant, puis,
laissant la muleta devant, bien puesta, enchaîna de bonnes séquences,
notamment sur côté gauche, souvent closes de double pechos. Faena qui,
comme le toro, manqua un peu de continuité. Pinchazo et entière un peu
trasera donnèrent lieu à une ovation. Le cinquième était un autre
tonton. Deux entrées au cheval, compliquées, et un toro qui demande
bataille... Meca remporta le combat d’entrée, en soumettant le bicho dès
les premières séries. Par la suite, le toréo se relâcha, entrecoupé
de desplantes toreros. Muy bien. Le grand moment de la faena fut la préparation
d’un recibir, le torero choisissant son terrain et sa distance, préparant
son estocade avec soin. Certes, l’épée entra à moitié, et légèrement
de travers, mais le geste fut « très torero », et l’oreille
justement accordée.
Sebastian Castella ne put triompher devant le
troisième qui prit un bon puyazo, mais arriva tardo à la muleta, pour
ensuite virer au « quedado ». « Je reste là, et je
bouge plus ». Castella lui vola quelques séries, mais se fit
prendre sans mal sur un court retour du bicho, qui avait prévu le coup.
Mal à la mort, le jeune torero entendit quelques bravos. Le sixième fut
l’image même du « Buendia passé ». Petit toro plein de
verve, qui sort en bougeant beaucoup dans la cape. Castella ne
s’illustrera que dans une jolie demie, suivie d’une élégante
rebolera. Le toro fera son devoir, sans plus, à la pique, et ira s’améliorant
à la muleta, terminant en totale noblesse. Castella débuta sinçèrement,
mais un peu accroché, sur la droite. Puis, découvrant le magnifique côté
gauche, Sebastien se régala, et nous régala, se grandissant à chaque
passe, pour terminer en apothéose. Il y eut de bonnes naturelles, plus légères
que profondes, puis divers enchaînements, à l’endroit, à l’envers,
le torero donnant libre cours à son élégante imagination. Faena
« à mas », terminée d’un gros coup d’épée, libérant
deux oreilles incontestées. Sourires dans les gradins, et le bonheur sur
le visage du jeune torero, auteur ici, hors de ses terres, d’une bonne
sortie, dont il faudra tenir compte.
La
saison bayonnaise commence bien, malgré une météo instable, mais plus
chanceuse que vers Fréjus ou Méjanes qui durent annuler, tout comme
Rieumes, à qui le bon dieu aficionado fit le quite, évitant ainsi un
ridicule... « qui aurait bien pu tuer » !
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