ILLUSION,
DESILLUSION
17 juillet-Mont
de Marsan-2ème de feria : Aller aux toros « con ilusion », c’est
un peu, comme écrivait Jean Cau, « croire au père noël »,
tous les jours à cinq heures. Et en ce jour de grand bleu, la plaza entière,
les toreros, et même les toros, affichaient cet espoir.
Six toros du
« Torero » qui sortiront tous avec brio, pleins d’illusions !!!
En les regardant mieux, après leur
galop de sortie, on put constater une présentation disparate, tant côté
volume que plumage. Mais qu’il soit moustique comme le premier ou éléphant comme le quatrième, le toro a « le
poids de ses idées » et, ce jour, certains des Salvador Domecq
firent le poids, tant leurs idées étaient sombres, ou pour les moins...
troubles. Faisant illusion dans des premières piques musclées, les
Domecq montrèrent deux comportements bien distincts : soit collant
dangereux comme le premier, collant marcheur comme le quatrième; soit
noblotes mais fades et sans personnalité comme les deux de Tomas, virant
vite à l'éteint troisième qui échut à Jalabert. La désillusion se
complètera avec un sixième à la vue un peu basse.
Joselito revenait à Mont de Marsan qui lui
fit ovation. Son premier, "peu de chose" peut-être pas assez
piquée, se révéla un sale moustique, collant l'homme, retournant sec,
accrochant tout de ses mauvaises intentions. Le torero, pourtant méfiant,
se fit percuter sur un retour, et salement fouiller au sol. Groggy,
grimaçant de douleur, se plaignant de la hanche, José tarda à revenir
ne tuant d'une entière qu'au troisième effort. Cabochard et courageux,
Joselito demeura en la plaza jusqu'à la fin de contrat, entendez par-là,
après avoir lidié le quatrième, un gros tonton qui fit illusion,
l'espace d'un premier tiers brillant dont le vieux picador Emiliano
Sanchez sortit fortement ovationné. Joselito brinda à tous, mais se "cassa
les illusions" et les dents sur un vilain gazapon qui ne cessa de
marcher sur lui, accrochant le tissus, bousculant le torero en de dures
bourrades. Ecœuré, visiblement diminué, le Madrilène en termina en
deux temps, avant de partir vers l'infirmerie où on diagnostiqua quelques
problèmes du coté sacrum en attente de confirmation par les spécialistes.
José Tomas à coupé la première oreille
de la feria. Ce José Tomas 2000 surprend par un toreo de plus en plus intériorisé,
qui porte sur le toro, mais encore plus sur un public qui n'attend que cela. Brillant au capote Tomas trouva un
premier adversaire noble et soso qu'il toréa très léger, au début, avant de l'amener à son "toreo",
c'est à dire au coup par coup, cité à bout portant, arrachant des
passes courtes mais intenses. Plusieurs naturelles provoquèrent
l'admiration, comme les pechos de libération. Quelques malonetines
allegrant le tout, et une entière en arrière, libérèrent une oreille et
'l'illusion' de tout un public. Mais qu'aurait donc donné ce toro si on lui
avait donné la distance? Le rouquin cinquième se révéla noble, mais
soso et faiblard, au point que la recette José Tomas se noya dans la
grisaille et le silence…la désillusion ! Ovation après une mort
en trois temps. |
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On saluera l’alégria de Juan Bautista
dans son capeo premier, tant à la réception que dans ses quites.
Malheureusement, le Français touchera deux os, l’un mou, toréé sans
illusion, et l’autre, dur, mal embouché, plein d’épines qui lui
arrachèrent la muleta à plusieurs reprises. Le public salua pourtant la
grande bonne volonté du français qui fut invité à donner une vuelta
après avoir convenablement estoqué le troisième.
Ainsi traîna en longueur cette chronique,
commencée "con ilusion" et terminée, comme la corrida du jour,
deuxième de feria, dans un certain désenchantement. Mais peu importe, demain, à
la même heure, les aficionados "attendront encore le père Noël"…avec
la même illusion!!!
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