ANTONIO FERRERA TRIOMPHE
« A TOUTE VAPEUR ».
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Août – Bayonne – Corrida des fêtes – Tarde agréable avec un poil
de vent - Trois gros quarts
de plaza. Ambiance « des fêtes », sans les outrances passées,
malgré les sempiternels braillards.
Les toros de Cebada Gago ont déçu. Déçu par
une présentation inégale, et parce que la corrida n’a pas servi, à
divers degré, malgré quelques velléités à la pique. Le mauvais lot
fut pour Padilla, qui eut en premier un champion du crochet du droit. Le
Jerezano s’en défit avec l’approbation de tous. C’est bien ainsi,
car autrement, Tyson n’avait qu’à bien se tenir ! !. Le
quatrième est sorti « enterandose », « pensandolo »,
un cérébral, qui calculait ses angles et ses charges. Le typhon, en
baisse d’intensité, semble t’il, essaya bien de lui faire tirer
droite ligne, mais en vain. Le toro déclenchait à retardement, ce qui
agaça tout le monde. Padilla, qui ne sortit pas, aujourd’hui, la
Portagayola, mais surveilla avec attention celle tentée par son jeune
camarade, a écouté le silence, pour deux actuaciones sans relief, même
aux banderilles.
Luisito a pris une terrible rouste par le dernier
de la journée. Pris et repris, ballotté de corne en corne, le costume
troué comme du gruyère, il est revenu et, dignement a estoqué son
adversaire, donnant une vuelta, pour que tous puissent se convaincre
qu’il était toujours entier. Pour un torero qui ne torée que peu,
Ludovic s’en est bien sorti au troisième, reçu a portagayola, pour un
capeo mouvementé. Le toro, flojito, donna une vuelta de campana, avant
d’attaquer un premier temps
de brave. Toro qu’il fallait consentir, ce que réussit Luisito, en début
de trasteo. Cela marcha moins bien ensuite, et le français se gagna
l’ovation pour une estocade correcte, portée avec facilité. Le sixième
était un gros méchant qui fit voler en éclat la demi-tonne de picador,
avant de prendre trois rations de fer supplémentaires. Encasté, listo et
brutal, le toro prit vite l’ascendant sur l’homme et cela se termina
en drame. Le torero souffre d’une lésion au dos et un puntazo, presque
rien, en comparaison de ce qui aurait pu se passer. |
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« Tu verras, il a changé… » Bon !
on vous croit, monsieur l’apoderado. Mais pas aujourd’hui !
Demain peut-être. Antonio Ferrera a coupé deux oreilles, presque trois.
Il les a coupées avec cet entrain, avec ce dynamisme, avec cette furie,
qui séduisent la grande foule, et en laissent d’autre perplexes. Malin
en diable, il connaît tous les rouages
de la transmission au tendido, et comme, par ailleurs, il a
d’excellents moments, le tout est bien vendu, empaqueté de fluo, et
c’est ainsi que l’on sort a hombros. Sympathique et efficace.
D’excellents moments, il y en eut : au
capote dans sa réception au deuxième, le remate étant de première. Aux
banderilles, avec saut avant et après la réunion, le tout agrémenté
d’un saut de barrière qui, s’il n’y prend garde, va le faire
atterrir, un de ces jours, sur les genoux d’une jolie dame de la
barrera, ou même de la contrabarrera. Impressionnant ! Quiebro
efficace et spectaculaire eu cinquième, le torero s’autorisant une
vuelta al ruedo. |
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Le deuxième était peut-être le meilleur de la journée.
Ferrera l’attaqua au centre par deux « changés dans le dos »
suivis d’un première série de derechazos, magnifiques de calme, de
templé, muleta devant, captant le toro et le tirant loin derrière, sans
forcer la figure. Il voulut continuer ainsi, mais « las cosas se
torcieron », les
« choses se tordirent ».. .et lui aussi. Les séries suivantes
virent le corps se casser, un peu brutalement, avec cependant quelque
volonté de se redresser, mais le toro ne le permit plus. Faena enlevée,
vibrante, terminée par un gros coup d’épée, précédé d’un
« esta muerto, senores ! », tout à fait convaincu et
convainquant. Mort rapide du toro, oreille et pétition de la deuxième.
Deux vueltas. Bueno. Le salinero cinquième ne se laissa pas toréer de
cape, arrivant au pas, sortant à l’envers du capotazo. Pouah !
Toro que l’on n’a pas trop piqué, mais qui arrive gazapon en début
de troisième tiers. Il ne laissera pas Ferrera en paix, marchant sur lui,
l’obligeant à se replacer. Quand enfin il se calma, ce fut pour s’arrêter
totalement. La faena, brindée au président de sa pena, se termina par
une entière « para Bayona », un poil de côté, mais portée
avec foi. Descabello et, on dira… « enthousiasme débordant »
du torero qui coupe sa deuxième oreille et sort en triomphe.
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