L'ACTUALITÉ TAURINE
(Juillet 2002)

RONALDO - PONCE : HISTOIRES D’HOMMES…

     1er Juillet : Soirée d’émotion ! De cette émotion qui vous serre le cœur, qui vous fait encore croire en l’Homme. A ce moment, on se fout du froid et de la pluie de Juillet. On se moque du Smic que l’on ne veut pas « pousser », alors que tout augmente… On se moque des singeries cravatées de ceux qui ont endetté la France et l’on trompée, encore une fois, « trente cinq heures durant »… Que voulez-vous, ce n’est pas encore demain que l’on rasera gratis… Hier soir, on se foutait de tout, du loft, des gays, et des autres calamités…

     Hier soir, on était tout simplement heureux ! Ces dames, parce que « ce bon dieu de mondial de foot est enfin terminé ! », et nous, parce que les meilleurs ont gagné. Les Brésiliens remportent « une cinquième coupe » … Y Olé ! Devant, derrière, ils furent les meilleurs, presque sans y toucher. Et pour une fois, le Brésil a un grand goal. Que bueno ! Victoire de l’inspiration mais aussi de la rigueur.

     Et puis… victoire d’un homme. Maudit, blessé autant dans son amour propre que dans son corps, Ronaldo a remporté hier une victoire éclatante sur son destin. Il avait disputé la finale 98 « complètement dans le cirage », suite à cet obscur malaise, à trois heures du match. Puis le trou noir, et les blessures à répétition. Plus personne ne croyait qu’il reviendrait…
     Hier, Ronaldo a prouvé au monde que « Quand on veut, on peut ! » Certes, on n’y arrive peut-être pas tout seul, et c’est pour cela qu’il a eu ce grand geste d’inviter le professeur Saillant, qui l’a remis sur pieds, et de quelle façon ! Chapeau, messieurs ! Cette belle histoire, humaine, est un exemple pour nous tous… Et, en triomphant ainsi, Ronaldo et ses compagnons ont mis du soleil dans les cœurs, qu’ils battent en bord de Garonne, ou au fond des favelas. Muy bonito !

     Un autre moment, un grand moment pour ceux qui ont eu la chance de l’entendre : Enrique Ponce, hier soir à « Clarin »…Une émotion comparable à ce moment historique où Curro Romero annonça, en direct, sa retirada du toreo.
     Grand moment de radio, grand moment de tauromachie… grand moment d’humanité, tout simplement. Enrique Ponce a frôlé la mort, et il en a parlé, simplement, sincèrement, disséquant ses sentiments et ses émotions, avec douceur et la même clairvoyance que lorsqu’il « invente » un toro. Cet homme-là est vraiment, à tous points de vue, « un Numéro 1 »… 
     Tant d’efforts, pendant tant d’années, auraient pu s’arrêter là, sur le sable de la plaza de Leon, ou encore dans cette ambulance qui l’amenait sur Madrid. Dieu, quel qu’il soit, ne l’a pas voulu, et les hommes non plus. Et, qui que nous soyons, que nous aimions ou pas son toreo, on est vraiment heureux du retour de Ponce « parmi les vivants »… (Au fait, allez donc revoir son site, il a été refait – Voir à rubrique :« Autres liens – Toreros »).

Tout cela pour dire que les grands, les « vrais grands », pas les PDG de multinationales assassines, nous aident aussi à avancer, parce qu’ils savent souffrir, aussi, comme des « tout petits »… Et ce mois de Juin en est un incroyable exemple: A la liste des toreros blessés de ces deniers jours (Ponce, Tomas, Juan Mora, et Rivera Ordoñez, qui en a pour plus d’un mois) est venu s’ajouter, hier, le nom d’un grand rejoneador : Joao Moura.
     Hier, en plaza de Barcelone, le cavalier portugais s’est donné un coup terrible à l’œil gauche, avec une banderille. Les nouvelles sont contradictoires… On sait qu’il a été opéré ; on sait qu’il est en clinique, mais la presse diverge sur les conséquences, certains parlant d’une possible perforation oculaire… Il faut attendre.

     Cruel mois de Juin, celui des « ferias faciles » et des toros dits « miniatures »…Que nenni ! Lorsque sort le toraco de Madrid, on se méfie, et on va au combat, presque « prêt à l’accident ». C’est toujours lorsque la tension se relâche un peu qu’arrivent les plus gros accidents… Regardez l’Histoire et ses statistiques : De Manolete, à Linares, jusqu’à Paquirri, à Pozoblanco ! De Paco Camino, à Aranjuez, au Yiyo, en plaza de Colmenar !
     Cruel mois de Juin, pour si peu de résultats. La Feria de Burgos est un énorme fiasco, ganadero et torero. De même, Alicante. Algesiras est passée, comme elle devait passer… Seule, Badajoz… et encore. Cruel mois de Juin, cruelle transition…
     Un mois de juin qui s’est terminé « en vrille », dans la grisaille générale. Peu de triomphe, et encore moins de caste… Si l’on y ajoute « pluie et froid », on a des corridas suspendues, à Soria et Teruel… et d’autres qui auraient mieux fait de l’être :

     30 Juin - MADRID (Las Ventas) – 1/5ème de plaza – Froid et vent: Corrida de quatre fers… Il était prévu un lot du Cura de Valverde. Les vétérinaires en approuvèrent quatre, à sortir en 1, 4, 5 et 6èmes. Hélas, le lot fut très faible, et le premier fut changé par un de Los Derramaderos, tandis que les deux suivants portaient le fer de Juan Perez Tabernero, et Maria Lourdes Martin de P.T. Tout cela… pour rien. Corrida impossible, dont seul émerge le quatrième, qui chargea, tête basse.
     Dinastia (Silence – Vuelta) eut la chance de toucher ce toro : Vaillant au capote, vibrant aux banderilles, le colombien ne put totalement convaincre, à la muleta, mais poussa une grosse épée, al encuentro. Dans les gradins, où il y avait plus de Japonais que « d’ayatollahs du 7 », on applaudit son tour d’honneur.
     Aucune option possible pour Andres Sanchez et Diego Urdiales. Venir à Madrid, s’habiller de lumières et d’espoir, pour se fracasser devant des gradins vides…Bof !

     30 Juin – BURGOS – Dernière de Feria – ¾ de plaza – Soleil froid, et vent : Corrida mixte, et corrida grise. Les toros de Jose Luis Marca ont fortement déçu « en tout ». Seuls, les deux du rejoneo… et encore !
     Pablo Hermoso de Mendoza était dans un jour « sans ». Son premier tarda à se coucher, et l’ovation alla à son cheval « Albaicin », le nouveau roi du toreo « a dos bandas ». Par contre, le navarrais se montra gris, devant le quatrième. Le public, froid et frigorifié, garda silence.
    Victor Puerto commença bien, et finit mal. Vibrant devant son premier, il se moqua complètement du monde au cinquième. Silence et Bronca
     Miguel Abellan ne put rien devant son premier, totalement arrêté, mais « inventa » le sixième, mettant toute sa vaillance à secouer une indicible soseria. Grosse épée et la dernière oreille de la feria.

     30 Juin – ALGESIRAS – Dernière de Feria – Petit entrée – Du vent : Les Concha y Sierra avaient de la gueule, mais manquaient de tout, en particulier de race et de force. Seul le premier fit illusion.
     Juan Jose Padilla a triomphé, coupant une oreille à chacun de ses adversaires. Très vibrant face au premier, un toro très sérieux et très armé : Largas serrées, troisième paire de banderilles super, et début « à genoux ». Le public pardonna une épée, tombée.
     Jose Luis Moreno donna vuelta à la mort du cinquième, pour de bonnes naturelles, en début de faena. Puis, le toro s’éteint. Le torero, aussi.
     Daniel Duarte entendit deux ovations. Très bien à la cape, il fit le meilleur toreo de la tarde, mais tua « fatal ». Un avis au sixième.

     30 juin – ZAMORA – ¾ de plaza : Corrida de Montalvo, bien présentée, mais sans grande race.
     Finito de Cordoba est passé (Applaudissements et silence) – El Cordobes a coupé au deuxième, la seule oreille du jour, en faisant beaucoup de tapage – Leandro Marcos fit les meilleures choses de la tarde, mais… no remato ! Ovation, chaque fois.

     30 Juin – LA BREDE (France) - ¾ de placita : Mansada totale de Sepulveda. Francisco Marco, qui relevait de sa blessure de Tolosa (16 juin), et Juan Bautista, ne purent rien faire, luttant en vain contre quatre « tristes ».
     Quand le toro ne charge pas, c’est le Fandi qui charge ! Le granadino a mis tout ce qu’il avait,  coupant une oreille de chaque toro. A revoir, en d’autres circonstances…

     30 Juin – BARCELONA – Rejoneo : Triste corrida où les toros de Galache ont été mal présentés et ont donné piètre jeu. Le quatrième était de Peralta, à peine meilleur. Les hommes  ont beaucoup galopé, en vain.
     De fait, on se souviendra de cette course, à cause des accidents qui arrivèrent à Joao Moura et Diego Ventura. Grave, le premier, le cavalier portugais se donnant un coup terrible à l’œil gauche, en posant une banderille courte au premier de la tarde. Hémorragie, sale impression. Le torero a été immédiatement emporté vers une clinique ophtalmo de la capitale catalane, dont on sait qu’elle possède d’éminents spécialistes en la matière. Cependant on craint…
     Diego Ventura s’est fracturé un  doigt, en tuant le 4ème. Partit à l’infirmerie, et en revint pour toréer le dernier. En mano a mano, Andy Cartagena et Diego Ventura entendirent plus de silences que de bravos.

     30 Juin – SEVILLA – Novillada – ½ plaza : Mansada sans présentation ni race « des héritières » d’Antonio Ordoñez (lisez : son épouse Pilar, et sa fille Belen). Seul le deuxième a transmis quelque moment d’émotion, mais…  Le quatrième a été remplacé par un sobrero d’El Serrano, qui ne releva pas le tableau.
     Javier Solis coupa l’oreille du jour, plus pour du toreo « enlevé », que de profondeur. Silence au quatrième.
     El Ciento, de Valencia, et Emilio de Justo, au toreo agitanado, n’ont pas convaincu.
     Blessure du banderillero Curro Javier : cornada « légère », de 10 cms, à la cuisse gauche.

     30 Juin – TARASCON (France)  - ¾ de Plaza : Novillada très sérieuse et astifina de François André. Le meilleur : le premier. Le cinquième se tua en rematant violemment dans un burladero. Remplacé par un du même fer.
     Novillada compliquée dont Jarocho tira de bonnes choses (Ovation et Vuelta) – Julien Lescarret fit face, mais aurait souhaité une autre despedida de novillero (Ovation et silence) – Très vaillant,  Julien Miletto mit la pression et coupa, au sixième, la seule oreille du jour.

 

"A DEUX PAS" DE PAMPLONA…

     2 Juillet : Alors… vous êtes prêts ? Les tenues blanche, immaculées (pour le moment…) sont elles bien rangées, là ? Une pour chaque jour, n’oubliez pas. Puis, le foulard et la ceinture… rouge sang… Ca y est, vous voilà parfait pamplonica… Manquent plus que les espadrilles. N’allez pas me mettre des tennis ou des baskets ! Des espadrilles, de Navarre ou d’Hasparren… et non pas « made in Taiwan »… Après cela, le journal et les dernières nouvelles…
     Pour le moment, Pamplona est calme, ou plutôt… on sent quelque chose ! Dans les ateliers des services techniques de la Ville, on entend un gros remue ménage, percé de grands coups de marteaux : on est en train de préparer « le vallado », cette assemblage de grosses poutres de bois, que l’on monte chaque nuit, pour l’encierro du lendemain, et que l’on démonte, tel un énorme meccano, une fois le cortège passé. Et cela, huit fois de suite.
     Dans les corrales del Gas, six corridas sont déjà arrivées, en plus de la novillada et de la corrida de Rejones. Déjà, certains se sont fait remarquer : Un toro de Torrestrella, du nom de « Ermitaño », a tué un cabestro, hier, au débarquement. Coup de corne au poumon. La corrida de Don Alvaro est impressionnante de trapio et d’armures. Le Capea, également a débarqué les siens. Rien de monstrueux ! 540kgs de moyenne. Par contre, il espère que la corrida tiendra debout, et vient « a por el premio ! ». Il vient pour remporter le trophée de la Feria.
     Dans les bureaux de l’Empresa, c’est une autre fièvre. On ne s’inquiète pas de la taquilla : La plaza sera pleine, tous les jours, y compris pour la novillada… Et il y aurait 25000 places, igual ! Non ! ce qui inquiète : « Par qui va t’on remplacer Ponce et Rivera Ordoñez.
     Enrique Ponce devait toréer les 7 et 13 Juillet ; Rivera, le 10. Pour ce dernier, pas de problème pour trouver un remplaçant. Il n’y a aucune corrida, ce jour-là.     Pour ce qui est du 13 Juillet, on pourrait presque parier que le Fandi peut se voir proposer un deuxième contrat. Ses résultats d’après San Isidro, et "son probable succès de la veille", peuvent permettre ce pari.
     Par contre, le problème se pose, pour le dimanche 7 : Par qui remplacer Ponce, face aux Marquis de Domecq ? Il y a sept corridas « de postin », ce jour-là, et Barcelone doit aussi remplacer Jose Tomas. Tous les « ténors » sont pris… La Casa de la Misericordia va t’elle ouvrir à un jeune ? Si oui… on pense à Cesar Jimenez, qui vient de connaître deux succès, à Burgos et Teruel… Pour le reste, les possibilités sont limitées. Cela peut aller d’un David Luguillano à un deuxième contrat pour Francisco Marco, navarrais et triomphateur 2000. Ainsi, « on ne sortirait pas de casa »… A suivre !
     Pamplona prépare « sa folie » annuelle… Des centaines de milliers d’étrangers vont débarquer dans ses rues, et des millions de litres de clarete ou de bière, se déverser… en maintes « tuyauteries »… Musique, pétarades, « furie en  blanc et rouge », percées de traits noirs, quand passent les toros…

     San Fermin ! Feria mythique ! Messe païenne… C’est dans cinq jours !

 

BURGOS QUI S’ETEINT… TERUEL QUI CLIGNOTE !

     2 Juillet : Il a fallu attendre le dernier jour, à Burgos, pour enfin s’enthousiasmer sur un lot de toros. Peu importe qu’ils soient « novillos » ! Il y a eu, enfin, de vrais adversaires, face à ces hommes qui veulent être toreros.
     Pendant ce temps, Teruel ouvrait sa feria. Rien à voir avec les « grands rendez vous »… Cependant, avant Pamplona, il est bon d’y aller respirer l’air d’Aragon, à deux pas de la Navarre où, dans six jours… ça va chauffer. Hier, on a donné la corrida que la pluie avait suspendue, dimanche. Antonio Ferrera y a triomphé, se préparant, déjà, à mettre le feu aux San Fermines.

     1er Juillet – BURGOS - Novillada de clôture – Moins d’1/4 de Plaza : Excellente novillada de Montealto, bien présentée, solide, pleine de noblesse encastée. Les six novillos ont été ovationnés à l’arrastre.
     Les novilleros auraient pu « couper plus », s’il n’y avait pas eu « crise de l’acier ». Jarocho, en particulier, a perdu des points au descabello : Ovation, après un avis, et une oreille – Triomphateur de la tarde, Santiago Manciño, de la Linea de la Concepcion : Bon concept du toreo et grosse faena au cinquième. Ovation et deux oreilles – Venu d’Herrera, près de Séville, le jeune Herrerita se bat et coupe une oreille au sixième, fermant ainsi, avec succès, une feria de Burgos qui ne passera pas à la postérité.

     1er Juillet – TERUEL – 1ère corrida de Feria – ½ plaza : Corrida renvoyée la veille, à cause de la pluie et du froid (et quand il fait froid à Teruel, pardon !!). corrida de La Palmosilla, bien inégale de comportement, mais correctement présentée, pour cette plaza.
     Antonio Ferrera continue, alternant toreo vibrant et filigranes. Deux oreilles au premier, avec des muletazos très « relâchés ». Ovation au quatrième – Davila Miura passa dans la grisaille. Le nord ne lui va guère. Silence partout – Cesar Jimenez remplaçait Rivera Ordoñez, confirmant la bonne impression laissée à Burgos : Ovation et oreille au dernier, après un avis.

 

L’INFIRMERIE SE VIDE…

     2 Juillet : Après l’hécatombe de cette dernière quinzaine, les nouvelles sont meilleures et les équipes médicales vont pouvoir respirer un peu… en principe.
     Enrique Ponce doit sortir aujourd’hui ou demain. Le grand susto passé, tout est rapidement revenu dans l’ordre, et le moral, comme l’appétit, sont au beau fixe. Maintenant… a descansar. On pensera « toros », plus tard.
     Juan Mora, autre blessé d’importance, a beaucoup souffert, ces dernières heures. Mais la cornada suit son évolution normale et il ne devrait pas y avoir de problème. Maintenant, c’est au niveau « de la tête » que cela va se passer. Après Jaen, un nouveau coup de corne, au même endroit…cela fait gamberger...
     Autres bonnes nouvelles : Joao Moura ne perdra pas son œil. Sorti de clinique, hier soir. Pas de conséquences, à priori.
     De son côté, Rivera Ordoñez a passé des examens poussés : Il n’y a pas de fracture du coude, et par ailleurs, le ligament interne du coude n’est pas  sectionné, mais écrasé. Donc, pas d’opération, mais une attente, avec le bras immobilisé. Réapparition souhaitée : le 21, à Barcelone.
     Par ailleurs, Paco Ojeda a vérifié qu’il n’y avait rien de cassé, au niveau de son épaule, très douloureuse. Le Sanluqueño pourrait reprendre l’épée, dans dix jours.

 

APRES LA BATAILLE…LA GUERRE!

     3 juillet : "L’été taurin" est là…Les autoroutes sur lesquelles on naviguait, en pleine  nuit, à des vitesses vertigineuses, vont se remplir de touristes « multicartes » qui vont transformer "ces grandes descentes" en slalom spécial. On n’a pas fini de rager ! "Mais pousse toi donc! On est pressés!"…
     Dans les lourdes camionnettes, les chauffeurs écarquilleront les yeux, dans le petit matin, bercés par quelques mélopées flamencas et les ronflements de leur précieuse cargaison. Heureusement, le matador est devant, avec l’apoderado… Coche rapide, confortable… Il aura pu dormir un peu, lui... Mais là, derrière, c’est une bande de six pirates, tous bien sympa au demeurant, mais qui prennent leurs aises, « dès le vingtième kilomètre… » Et quand on en a 800 à faire ! 

     Fini, les trajets tranquilles. La corrida est à peine terminée que l’on s’enfile dans la camionnette et « fouette cocher ! »
     Juillet est déjà un entraînement à ce que l’on va vivre en Août et Septembre. Pour le moment, cela peut encore aller : Teruel, Pamplona, Mont de Marsan, Valencia, Santander, Tudela… Cela peut encore aller. Mais après… l’enfer ! La guerre !
     « On ne va pas se plaindre, on l’a cherché, on l’a voulu ! » Chacun se met alors à réfléchir, et se retrouve en début mars ! Le matador n’a que cinq contrats ! « S’il passe au travers », on reste tout l’été « assis à la maison ». 
     Alors, on va à la bataille… on sert au mieux le maestro ! Il tient entre ses mains, le destin de tout une équipe… Cela tient à si peu: Un toro qui s’éteint, un pinchazo de trop ! « Maldita sea ! Con lo buen matador que es el cabron! »
     Et puis, cette apothéose que l’on espérait, mais à laquelle on croyait à demi, car on a tellement beau jeu de dire que ce monde est injuste… Le matador a gagné une, deux, trois batailles : Sevilla, Madrid, Granada ! Depuis, l’apoderado s’est acheté un nouveau carnet et un portable tout neuf, "bi-bandes", pour signer deux fois plus de dates !
     Dans la cuadrilla, on sourit: « Je vous l’avais bien dit… ». Un peu plus loin, le chauffeur fait briller son pare brise, en révisant sa géographie… « Vaya ! Eso va a ser la guerra ! » Et il murmure : « Mais comment je vais faire ? Dax, et le lendemain Puerto Santa Maria, puis San Sebastian, Barcelone, Bilbao…Tout cela en cinq jours ! Estan locos ! Ils sont tous fous ! »

     Après les batailles, les grosses escarmouches de printemps, c’est la guerre de tranchées. Elle va durer tout l’été. Partout, il va falloir se justifier, se montrer « tel qu’à Madrid, à la Télé ! »  Durant deux mois, le torero va devoir confirmer son statut de nouvelle figura, chaque jour, dans chaque plaza… Peu importe les volteretas, les coups, les bleus… il faudra tenir et « se justifier » partout.
     14 corridas en Juillet, 25 en Août et tout autant en Septembre ! De quoi pâlir un peu ! Alors, le regard se lève au ciel, en quête du doux regard de la vierge « qui fera le voyage avec nous ».
     « Bueno … Al Toro ! Suerte pa todos…et surtout pour nous ! » C’est à peu près ce que doivent « se » murmurer tous les toreros de postin qui, dans quelques jours, vont se lancer dans « le grand circuit ». Il ont gagné trois batailles… c’est maintenant, la guerre ! Dans cinq jours… Pamplona ! Cchhhhtttttt … puuuum !
     Je vous dis… « La Guerre » a commencé !

 

FERIA D'ALBACETE 2002

     3 juillet : Traditionnelle feria de Septembre, en plaza d’Albacete, révélée il y a 48 heures, par l’Empresa Martinez Uranga. Du 8 au 17 Septembre, elle présentera 7 corridas, deux novilladas piquées et une de Rejoneo.

     Les cartels en sont les suivants :
     Dimanche 8 Septembre : Novillos de Apolinar Soriano, pour Jose Manuel Samos, Javier Perea, Miguel Angel Franco
     Lundi 9 Septembre : Novillos de Los Chospes, pour Matias Tejela, Andres Palacios, David Galan
     Mardi 10 Septembre : Toros de Murteira Grave, pour Pepin Liria, Juan Jose Padilla, Luis Miguel Encabo
     Mercredi 11 Septembre : Toros de Los Derramaderos, pour El Cordobes, Miguel Abellan, Sergio Martinez
     Jeudi 12 Septembre – Rejoneo : Toros de Flores Tassara, pour Leonardo Hernandez, Fermin Bohorquez, Luis Domecq, Pablo Hermoso de Mendoza, Andy Cartagena, Diego Ventura.
     Vendredi 13 Septembre : Toros de Luis Algarra, pour Luis Francisco Espla, Antonio Ferrera et El Fandi
     Samedi 14 Septembre : Toros de Torrestrella, pour Enrique Ponce, Manolo Caballero et Anton Cortes
     Dimanche 15 Septembre : Toros du Capea, pour Finito de Cordoba, Jose Tomas et El Juli
     Lundi 16 Septembre : Toros de Daniel Ruiz, pour David Luguillano, Manolo Caballero, El Juli
     Mardi 17 Septembre : Toros de Nuñez del Cuvillo, pour Rivera Ordoñez, Jose Tomas et Abraham Barragan.

 

PAMPLONA : « CHUPINAZO  -3 »

     4 juillet : Cela commence à chauffer, du côté d’Iruña, ou de Pamplona, comme vous préférez ! Les bars on embarqué des cargaisons de bière, de vin rosé à 18°, et… deux packs d’orangeade !
     Dans deux jours, l’ouverture officielle : «Chittttttttt, poum ! Viva San Fermin ! Vivaaaaaaaa ! » Et ce sera parti pour sept jours pleins de totale folie, de convivialité « un poil alcoolisée » et d’images en blanc et rouge, pas toujours ragoûtantes, mais toujours fortes et uniques.
     Et puis… et surtout, on parlera « Toros » ! La Feria commence vraiment dimanche, avec le premier encierro et la corrida du Marquis de Domecq. A tout seigneur, le vin d’honneur ! Mais auparavant, on aura couru une novillada qui promet, demain vendredi, et une corrida de Rejoneo, où les gorges vont se nouer : Pablo Hermoso de Mendoza va faire une dernière bise, à « Cagancho », en public, dans sa plaza de Pamplona. Gageons qu’il y aura d’autres bisous, tranquillement, là-bas, au campo. On imagine ce que sera l’ovation à ce cheval génial, qui a levé tant de plazas, de par le monde. A tous coups, au milieu de tant de vinasse, il y aura quelques gouttes d’eau salée, quelques larmes… Les adieux de « Cagancho », à Pamplona, ça va être quelque chose !

     Pour le moment, les formalités, comme avant le Mondial de foot, les Jeux Olympiques ou le Tour de France… Tandis que Jan Ullrich se fait choper aux amphétamines sur une route d’entraînement, les vétérinaires révisent les effectifs et dictent quelques exclusions d’office. Ainsi, quatre des sept toros du Capea ont été « rechazados », refusés, pour cause de « p’tites têtes ! ». De même, un Santiago Domecq et un novillo de Miranda de Pericalvo.
     Autre constatation, les poids moyens sont raisonnables, presque à la baisse, comme à Madrid : Ainsi, la corrida la plus lourde « était », celle du Capea : 562 kgs de moyenne. La suivent, dans l’ordre : Marquis de Domecq (553kgs) ; Jandilla (534) ; Torrestrella (527) ; Santiago Domecq (523). Et la plus « légère », devinez… Cebada Gago : 495 kgs de moyenne. Cependant, on sit bien que cela ne veut rien dire. Tout dépend de « la caisse » du toro, du « type », de sa morphologie naturelle, héritée de sa haute lignée.
     Les Miura sont arrivés. Nul doute qu’ils vont faire exploser la bascule. Et puis, bien entendu, les femmes se faisant toujours attendre (mais si, mais si !) les toros de Dolores Aguirre ne sont pas encore là.

     Côté « Toreros », on connaît le nom de celui qui fera le premier remplacement d’Enrique Ponce, dimanche, face aux Marquis de Domecq. On savait que la date était difficile, vu que toutes les figuras toréaient… L’Organisation a choisi Luis Miguel Encabo, dernier vainqueur de la San Isidro, avec une grande prestation, face aux Victorinos. Vu les circonstances, ce n’est pas un mauvais choix, même si « ce n’est pas Ponce ». Le cartel complet sera donc le suivant : Toros de la Ganaderia « Marques de Domecq », pour Espla, Liria et Encabo. En grosse perte de vitesse, Pepin Liria, très aimé à Pamplona, doit s’accrocher ferme, pour relancer la machine. A moins que, plus ou moins volontairement, il arrive à préférer sa famille et le golf. On ne pourrait l’en blâmer. Ce guerrier mérite bien quelque repos. Mais, s’il est le même, et veut continuer, c’est à Pamplona qu’il faut donner l’assaut, et deux fois de suite. Sinon… mal asunto !

     Pendant ce temps, les peñas s’organisent, repeignent les banderoles, inventent de nouvelles chansons, cherchent de nouveaux gags, de nouveaux slogans, et font ample moisson de farine et chocolat en poudre, les deux incontournables compléments aux restes du « marmitako », que l’on a balancés sur le tête des voisins. Entrés « immaculés » (en principe !), les jeunes bambocheurs sortiront de la plaza, comme des guerriers Maoris…mais beaucoup plus sales ! C’est San Fermin ! Vivaaaaaa !
     Au fait, allez donc voir le site : www.websanfermin.com que viennent de sortir les Peñas de Pamplona. Plus de cinquante personnes ont participé, bénévolement et amoureusement, à sa construction. Un vrai délice !
     Ala ! Felices fiestas de San Fermin !Garçon... une orangeade! 

 

PAMPLONA - SAN FERMIN 2002

Vendredi 5 Juillet : 
Novillos de Miranda de Pericalvo, pour Matias Tejela, Salvador Vega, David Galan.
Samedi 6 Juillet : 
Rejoneo : Toros de Murube, pour Fermin Bohorquez, Luis Domecq, Pablo Hermoso de Mendoza
Dimanche 7 Juillet : 
Toros de Marques de Domecq, pour Luis Francisco Espla, Pepin Liria, Luis Miguel Encabo.
Lundi 8 Juillet : 
Toros de Cebada Gago, pour Pepin Liria, Victor Puerto, Francisco Marco.
Mardi 9 Juillet : 
Toros de Santiago Domecq Bohorquez, pour Miguel Abellan, Davila Miura, Antonio Barrera.
Mercredi 10 Juillet : 
Toros du Capea, pour le remplaçant de Rivera Ordoñez, El Juli, Francisco Marco
Jeudi 11 Juillet : 
Toros de Jandilla, pour Zotoluco, Eugenio de Mora et El Juli
Vendredi 12 Juillet : 
Toros de Dolores Aguirre, pour Juan Jose Padilla, Antonio Ferrera et El Fandi
Samedi 13 Juillet :
Toros de Torrestrella, pour le remplaçant de Enrique Ponce, Victor Puerto et Antonio Ferrera
Dimanche 14 Juillet : 
Toros de Miura, pour Zotoluco, Stéphane Fernandez Meca et Juan Jose Padilla.

     Les corridas de 9 et 12 Juillet seront retransmises en direct sur la chaîne nationale ; les autres, sur Via Digital.

 

LES VENDANGES DE NIMES !

     4 Juillet : Les cartels de « Septembre à Nîmes » viennent de sortir.. Bof ! Les vendanges semblent maigres. Y a t’il eu gel, cette année, ou « attaque de mildiou » ? Toujours est il que la feria est réduite en nombre de spectacles, et repose sur un gros cartel, cher, tandis que « l’on se rattrape » sur les trois suivants.
     Simon Casas nous avait habitués à mieux. Mais il a aussi déclaré que, "le Printemps" ayant été brillant, mais peu rentable, il fallait jouer « sur la distance », et donc sagesse garder. Pour ce qui est des coups de génie et des grandes envolées…on attendra un peu. On fait confiance.

     La feria des Vendanges 2002 présentera donc, du 13 au 15 septembre, les quatre cartels suivants :
     Vendredi 13 Septembre : Toros du Pilar, pour Paco Ojeda, El Juli et Cesar Jimenez
     Samedi 14, au matin : Rejoneo, avec Andy Cartagena, Diego Ventura et Rafi Durand, face à du ganado de le Condesa de Sobral.
     Samedi 14 Septembre au soir : Toros du Partido de Resina (Pablo Romero), pour Fernandez Meca, Zotoluco, Fernando Robleño
     Dimanche 15 Septembre : Toros de Manolo Gonzalez, pour Denis Loré, Antonio Barrera et Sebastien Castella.

 

LES ENJEUX DE PAMPLONA…

     5 Juillet : Le Tour de France débute demain… La « Grande Boucle », mythique, a du mal à reprendre ses esprits, après les orages qui l’ont secouée, ces dernières années. Les anciens parlent des « Tours » d’antan, avec des trémolos dans la voix. « Ca, c’était quelque chose ! » Ils oublient de dire que les grandes figures d’hier étaient peut-être aussi « chargées » que nos champions actuels…mais, chtttt!

     Aujourd’hui, la Fédération de Foot, relativement hypocrite, va « démettre » de ses fonctions, l’entraîneur qui a mené les bleus au désastre que l’on sait. Au lieu de trancher dans le vif, d’entrée, elle a joué les « demi teintes », en accordant au sélectionneur national, un temps de réflexion lui permettant de faire face aux responsabilités qu’elle ne voulait pas prendre. Quelle réflexion ? Quelle responsabilités ? Un tel désastre, une telle honte, nécessitent forcément une sanction sans appel. Alors, assez de simagrées, de parts et d’autres, avec, encore une fois, des millions d’euros, qui font osciller la balance entre devoir et honneur. Una verguenza total ! Mais au fond, monsieur le sélectionneur a raison de défendre son beefteak, puisqu’il y a un contrat, et que pendant ce temps, la pub continue à vanter les bleus…

     Dans « la planète du Toro », certes existent le magouilles, les montages, les hontes à peine cachées… Cependant, « El que vale ! » (celui qui vaut quelque chose) finit toujours par émerger. Et, contrairement à ces étoiles filantes de la chanson ou parfois du sport, « celui qui vaut » va devoir, jour après jour, confirmer sa valeur, conforter son statut… et chaque fois, en se jouant la vie…
     Ca, c’est un autre challenge ! Ca, c’est un autre pundonor ! Et il n’y a pas assez de millions pour payer cela.
     Quand on regarde bien... On hurle au scandale devant les cachets de tel ou tel torero vedette… Mais, qu’y a t’il de comparable avec le salaire mensuel d’un footballeur, et de tous les contrats Pub qui l’entourent ?
     Dénoncé, avili  par des programmes de « Télévision poubelle », comme celui « d’Antena Tres », l’autre jour, le monde taurin, avec ses turpitudes, est beaucoup plus « honorable » que celui de ces nouveaux riches « qui jouent à la baballe ! », et ne sont même pas capables de demander pardon à ceux qui ont tellement cru en eux qu’ils ne se sont pas aperçus qu’on leur crachait dessus… Parce qu’au fond, n’est ce pas de cela qu’il s’agit ?
     On en deviendrait presque violent !

     Pamplona débute aujourd’hui, par une novillada de grand luxe où Matias Tejela et Salvador Vega vont se tirer la bourre, tandis que le public va soutenir le Fils d’Antonio Jose Galan, en souvenir de celui qui les avait fait bondir, en 73 : Quatre oreilles et une queue, devant les Miura… Cela ne s’oublie pas, même si le ton a baissé, plus tard.
     Demain samedi, les cavaliers feront escorte à « Cagancho », en un dernier adieu navarrais.
     Puis, ce sera « la Feria ». Dimanche, première corrida, premier encierro. On imagine la foule !

     Pamplona est un col « hors catégorie », dans la grande boucle de la temporada. Avec Séville, Madrid et Bilbao, elle est un des sommets de la saison taurine… Les toreros s’y préparent mentalement, avec « la boule au ventre, et la gorge sèche ». Si l’on y ajoute cette ambiance si particulière qui transforme une arène gigantesque en « demi cour des miracles », vociférant, éructant, blasphémant à loisirs, on se demande « comment ils font », pour ne pas courir très vite et très loin… Pamplona est ainsi ! Les toreros y sont préparés…

     Après les désastres de Valencia et Séville, Madrid a sauvé les espoirs puisqu’un bon nombre de toros ont permis à la feria San Isidro 2002, de presque poursuivre le rêve aficionado: Un toro "de verdad", face à un torero "de verdad". Pamplona confirmera t’elle ou, au contraire, précipitera t’elle l’aficionado dans un nouveau scepticisme ? Les deux dernières Sanfermines n’ont pas été brillantes, au plan ganado. C’est un des gros challenges de la Feria 2002.
     Du côté des hommes, deux groupes : Ceux qui doivent « mettre un coup de cymbale » et redresser la barre ; et ceux qui doivent profiter de Pamplona pour confirmer qu’ils arrivent, et vont envoyer du monde « au placard ».

     En tête du premier groupe : El Juli. Certes, il n’est pas en danger… cependant le gros échec de la San Isidro, conjugué à l’arrivée de deux toreros qui tirent presque dans le même registre (celui de « la vibration ») fait que le Juli doit « reprendre le manche » et dire à tous qui est le patron. Et c’est à Pamplona qu’il peut le faire… qu’il doit le faire. Ce ne sera pas facile. Les dernières sorties le montrent sans le rayonnement habituel. A n’en pas douter, le Juli arrivera à Pamplona « le sabre entre les dents » ! Un énorme effort en perspective...
     Beaucoup plus délicates sont les situations de Pepin Liria, Padilla, Zotoluco et même Victor Puerto.
     Pepin Liria flotte un peu, cette année. Madrid l’a vu, presque « sin ilusion » ! Très aimé, ici, le murciano fut, par trois fois consécutives, le triomphateur de la San Fermin. Il a donc « crédit ouvert ». Cela suffira t’il pour relancer la machine ? Un gros challenge pour Pepin Liria… s’il a décidé de se maintenir.
     Juan Jose Padilla semble avoir également baissé la garde. Séville le vit se sauver à peine, mais Madrid fut un total naufrage… A Pamplona, on le recevra à bras ouverts : Sa  blessure de l’an dernier, face au Miura, force le respect et la sympathie. Les deux courses où il est engagé feront forcément bouillir la marmite : La télévisée, avec Ferrera et Fandi, puis la Miurada. Padilla devra batailler sec, mais peut s’en sortir.
     Zotoluco est respecté en France : Ses triomphes de Nîmes et Arles sont indiscutables. Il en est autrement, en Espagne. Certes, on reconnaît le professionnel, mais on ne l’aime pas. A cet égard, le comportement de Madrid fut évident : Même s’il a laissé passer le toro d’adolfo Martin, à la San Isidro, il fut loin d’être aussi mauvais que tous ont bien voulu le dire, ou l’écrire. Depuis…rideau ! A Pamplona, on est habitué à le voir devant des Miuras « plus hauts » que lui, et il est triomphateur de la dernière feria. Pour cette raison, deux contrats cette année, dont un en compagnie de son copain Juli, devant des toros un peu plus « consensuels ». Il doit être bon, sinon, il ne reviendra pas en Espagne, l’an prochain.
     Victor Puerto joue aussi une grosse carte : Il n’était pas au Fallas, et passa « à travers » Castellon, Séville et Madrid. Ou il reste dans son statut actuel de « bon animateur » en plaza de deuxième catégorie, ou il confirme les ambitions de l’an 2000. Pamplona dictera verdict…

     Dans le deuxième groupe, trois toreros, essentiellement, qui vont vouloir « tout défoncer » : Antonio Ferrera et El Fandi, avec, à un degré moindre, Antonio Barrera. 
     Les deux premiers sont favoris pour la course au trophée de la Feria. Vu les indisponibilités de Ponce et Rivera Ordoñez, il semble probable que l’on doublera le Fandi. Il a le profil du torero de Pamplona, et pour le moment, il marche « à fond » (même s’il eut une journée « sans », hier à Teruel). Donc, Ferrera et Fandi vont se défoncer, en particulier le 12, puisque la corrida est télévisée en direct. Attention à ses deux là, le raz de marée qu’ils sont en train de monter risque de balayer plusieurs toreros précédemment cités…
     Pour ce qui est d’Antonio Barrera, on est étonné que la Casa Chopera n’a pas eu "la force" de le faire toréer plus que deux fois, jusqu’à la fin juin, alors que ses deux prestations de Séville et Madrid furent des plus honorables… Pamplona est un enjeu très important pour lui, (comme Eauze le sera, dimanche, pour ce qui est du marché français…). A suivre donc, ce torero qui devrait séduire les Pamplonicas, car il est vaillant et ne manque pas de toreria.
     Tels sont les enjeux principaux de « Pamplona 2002 ». Il y en a d’autres…

     En attendant, « un respeto » pour tous ceux qui vont s’habiller de lumières, ces prochains jours, dans la marmite Pamplonica.
     « Felices Fiestas, y que Dios reparta suerte ! »

 

MANSADA DE BALTASAR IBAN, A TERUEL

     5 juillet : Bof ! Nîmes avait donné quelque espoir, en ce qui concerne les « Baltasar Iban 2002 » : Six toracos, pour Antonio Ferrera. Puis, Madrid avait mis un « gros bémol ». Hier, Teruel a sonné le glas : mansada, avec, en plus des cornes… « asi, asi ! ». Une autre « illusion » qui s’envole…

     4 Juillet – TERUEL – 2ème de Feria – Media plaza : Toros de Baltasar Iban, corrects de trapio, lourds mais mal armés (sospechosos de pitones) et mansos faibles. Les trois premiers furent des calamités.
     Luis Miguel Encabo a été « précieux dans la lidia », mais n’a pu dépasser une sobre efficacité. Applaudissements et silence.
     El Renco, l’alicantino a tiré son épingle du jeu, à la surprise générale. Très vaillant devant un premier toro « bien manso », on le vit calme et adroit devant le bronco cinquième. Tuant bien, il coupe une oreille chaque fois, et sort a hombros.
     El Fandi a connu un « jour sans » ! Vaillant, vibrant, brouillon, il toréa « à cent à l’heure », tant avec cape que muleta ; banderilla sans grande réussite ; et tua mal… Vuelta et vuelta, quand même, mais…

 

« TRANQUIIIIIILLE ! A L’AIIIIIIISE !
Alternative de Julien Lescarret, demain, à Eauze. 

     6 juillet :  Au fait, avez vous vu la finale du Loftstory ? Non ? Moi non plus ! Mais on m’a raconté ! Eh oui ! « Tranquille ! A l’aise !!!!! »
     Alors, comme ça, sans même toréer, Tomas triomphe… Tranquille, lui ! Attention, on ne parle pas de Jose Tomas, qui se remet de ses blessures de Badajoz, et pourrait réapparaître le 22, à Mont de Marsan.
     Non, le triomphateur du Loft, s’appelle Thomas ! C’est « le mâle » de la saga ! Enfin… façon de parler ! Et puis, il y a Karine, qui est au flamenco ce que « la deuch est à la formule un… ».
     Alors Karine ! Heureuse d’avoir gagné ? « Traiinnquiiiiille ! A l’aiiiiiise ! » - Ah bon ! Mais maintenant, vous allez pouvoir donner libre cours à vos projets ? « Traiinnquiiiiille ! » - Ah oui ! Vous allez ouvrir une école de flamenco, je crois ?  « A l’aaaiiise ! » - Ah, bon ! Et euh… c’est vraiment bien que votre victoire tombe au moment de l’anniversaire de la mort du Camaron de la Isla ? « De quiiiii ? »

     La France est tranquille, à l’aise ! Quand on voit qu’à ce ramassis de demeurés, on fait un triomphe, on se dit que "vraiment… on ne méritait pas de passer le premier tout au mondial !" Toujours est il que la langue française s’est enrichie de deux nouvelles expressions complémentaires : « Tranquille ! A l’aise ! »  Au moins, on ne mourra pas idiots… quoique !
     Ainsi, comme Cyrano, en variant le ton, certains pourraient décliner la désormais « incontournable  exclamation » :
     « Alors, monsieur Raffarin… la France ? »- « Trôônnquîîîlle, ààà l’aaaîîîse ! ».
      Bon ! Et vous, Roland Courbis… cette mise ne examen ? « Je vais t’en mettre une, moi, de mise en examen, « traiinquiiille, eh ! »
     Tiens, ben justement, en parlant d’examen… « Et ce bac, Monsieur Jack Lang ? » -« Ecouteeeez ! Je ne suis plus ministre, et d’aucun le regrette… maiiiiis, en tant que député fraîchement et brillamment parachuté, je vous dirai simplement qu’après tous les efforts que le précédent gouvernement et moi-mêêêême avons déployés, les résultats du  baccalauréat 2002 sont à la hauteur de nos ambitions… A l’aise !  Notre jeunesse est vraiment digne d’éloges, porteuse de toutes nos valeurs. D’ailleurs Thomas et Karine en sont le plus beaux exemples… Tranquille ! » Merci, monsieur le Min… monsieur le député ! A bientôt, monsieur le Ministre ! – « Et comment! A l’aise, oui ! »

     Et vous, Julien Lescarret ? – « Ben moi…  pas tranquille ! »
     Et combien on le comprend. Loin de toutes ces balivernes où la vulgarité n’a pas de fond, un jeune français contemple, dans le pénombre de sa chambre, les ors du costume qu’il portera, demain. Dans le petit ruedo d’Eauze, il deviendra « matador de toros »… De Pouly à Christian « Nimeño » il relira dans sa mémoire les pages de notre histoire taurine. Et demain, c’est lui, qui y ajoutera une page.
     Demain, la plazita d’Eauze, qui porte le nom de Nimeño, sera pleine. Il n’y a plus de billet, dit on. Oh, quelque revendeur doit bien pouvoir vous en céder un petit bout…
     On voudrait bien espérer un ciel d’azur… Mouaiiis ! Emportez quand même un imper ! On est en juillet!
     Pour le moment, la concentration et un peu d’inquiétude… Et c’est bien normal ! « Comment vont sortir les toros ? Comment je serai ? Y a t’il vraiment une différence entre novillo et toro ? Le toro pèse t’il vraiment plus, dans la muleta ? Ceux que j’ai pris, « a puerta cerrada » m’ont donné cette impression là… »

     Matador de toros ! Un titre à porter avec gravité et honneur ! Demain, Julien Lescarret laissera de côté, peut-être définitivement, cet air de collégien qui va jouer au torero… Demain, comme dirait la pub « Tu seras un homme, mon fils ! ». Demain, le virage sera complet, difficile, et rien ne sera plus comme avant… Demain, on entre dans la cour des grands et il faudra s’y faire respecter… D’ailleurs, des noms s’approchent, comme autant de compagnons des futures empoignades : bien sûr, Meca et Barrera, demain, mais également Davila Miura et Abellan, à Mont de Marsan ; Ferrera et Juli, à Dax ; Bautista et Valverde, à Bayonne…. Hombre !!
     Demain, la France comptera un matador de toros de plus. Cette fois encore, il est du Sud Ouest. A la gravité du toreo de Rafael Cañada, Julien Lescarret répond « légèreté, spontanéité, fraîcheur… »
     Lescarret « voit vite » les toros. Il sait ce qu’il peut leur faire. Que cela réussisse ou pas est une autre histoire. Sa cape peut être profonde ou virevoltante. A la muleta, il sait les secrets du Temple. Les progrès sont évidents. Ce qui est certain, c’est que les efforts déployés par celui qui, hier encore, était un gamin, et par son entourage, l’amènent aujourd’hui à… « l’alternative ». Et ça… ce n’est pas rien !
     On respecte beaucoup, et on salue bien bas !
     Qu’en sera t’il de Julien Lescarret, matador de toros ? Nul ne le sait ! Bien sûr, on craint beaucoup, mais il faut jouer sa carte à fond, dans un monde où l’injustice est parfois patente, mais où l’on s’aperçoit en définitive, que « celui qui vaut », émerge toujours, même s’il met des années à y parvenir.
     Asi que… Bon courage, Julien Lescarret ! « Tranquille ! », comme dirait l’autre… Ne rêve pas le Toreo, fais-le, en accord avec ce que tu as en face !
     Et « con esa verdad por delante », tu seras un monsieur... Matador!! » …A l’aise !

     7 Juillet – Eauze : Alternative de Julien Lescarret, des mains de Stéphane Fernandez Meca, en présence d’Antonio Barrera, devant des Salvador Domecq.

 

PAMPLONA : IL NE SUFFIT PAS D’ETRE LE FILS DE SON PERE…

     6 juillet : « Silence et silence »… Maigre bilan pour celui qui aurait du faire exploser Pamplona! Cependant, on le voyait venir… cet échec.
     Hier, dans la plaza où son père a signé ses plus grands exploits, triomphant avec une blessure encore ouverte, estoquant des monstres en se jetant dessus, sans muleta, subjuguant la foule bigarrée des peñas, mais aussi de l’ombre BCBG… David Galan a donné la piètre image d’un « clown électrique », faisant passer à cent à l’heure des novillos incrédules devant tant de nervosité et de vulgarité. Pour un peu, le toro se serait arrêté, et lui aurait doucement tapé sur l’épaule : « Eh, petit… tranquiiiille ! » On aurait pu croire que Pamplona allait passer outre ces  excentricités, et faire un triomphe « au fils d’Antonio Jose Galan ». Pues no ! Il est vrai que pour cette novillada d’ouverture, les Peñas n’étaient pas là, et le public, bien sage et un peu froid, a su valoriser les bonnes choses faites à d’excellents novillos, mais n'a pas mordu au reste..

     Les outrances, la folie furieuse, ce sera pour demain… Aujourd’hui, le Chupinazo ! Viva San Fermin… en espérant que la décision du Juge Baltasar Gaston ne donne pas l’occasion à certaines « sympathies politiques » de s’exprimer complètement et brutalement. On espère ne pas avoir à revivre certaines mauvaises heures de 1978…
     Dans un autre ordre d’idée, on observera avec intérêt et même, peut être, avec un œil coquin la trentaine de membres (pas tous) de l’association PETA (« Personnes pour l’Etique dans le Traitement des Animaux ») qui manifestent dans les rue de l’encierro… tout nus !
     Il y a des hommes, il y a des femmes… On se demande s’il feront l’encierro, demain, et … comment pourra t’on leur faire un quite ? Peut-être San Fermin partagera t’il son manteau, sans que Saint Martin en prenne ombrage !
     Pamplona est prête ! La fête va exploser… avec ses pétarades, ses fou-rires et ses engueulades. Outrances totales, mais parfois bien sympathiques.

     La feria del Toro, proprement dite, a débuté par une grande novillada de Miranda de Pericalvo. C’est la quatrième fois qu’elle fait l’ouverture, et à n’en pas douter, elle sera encore du premier paseo, l’an prochain.

      5 Juillet – PAMPLONA – Novillada d’ouverture – Un peu plus de demi plaza – Temps gris et frais : Très bonne novillada de Miranda de Pericalvo, bien présentée, dans le type de charger (A la bascule : 445, 456, 435, 442, 440, 440 kgs – De « vrais » novillos). Magnifique comportement au cheval et chargeant fort aux muletas, le quatrième excepté. « Supérieurs ! », les deux novillos d’ouverture.
     Matias Tejela (Ovation après un avis – Oreille) a bien toréé le bon premier, mais tout perdu avec l’acier : Demie perpendiculaire et trois descabellos. Tejela est actuellement « embalado ». Tout lui réussit, sauf l’épée. Le quatrième provoqua un gros derribo du picador, mais serra le frein à main, d’un coup. Tejela se paya une longue séance de porfia, arrachant les passes, à force « de monter sur le toro ». Entrant fort, il mit une bonne entière qui déclencha l’octroi du seul trophée de la journée.
     Salvador Vega (Ovation – Silence – Un avis, chaque fois) a manqué un bon triomphe, en pinchant beaucoup. Son premier était un phénomène de noblesse et de régularité dans la charge. Le garçon régala tout le monde, en particulier sur deux séries, main droite, très « senties ». En fin de faena, le « tres en uno » fit lever l’ovation, et le public, déjà, sortait les mouchoirs. Hélas… fatal avec la rapière. Un avis, au lieu de une à deux oreilles. Le cinquième était plus compliqué, chargeant par à coups, sans grande fixité. Vega fut vaillant, mais encore une fois, « piqua » beaucoup…
     David Galan (Silence – Silence après avis) semble monté sur ressorts, tel Zébulon. Trop de nervosité, qui n’a rien à voir avec « les ganas ». Le public marcha un peu, puis finit par se désolidariser de cette constante gesticulation. Dernier défi à la raison, le jeune tua le dernier « sans muleta », se jetant dans le berceau, sans autre solution que la voltereta. Hélas, une fois l’émotion passée, le résultat de cette folie fut des plus décevants : Media atravesada et quatre descabellos. Un avis, silence… et quelques bleus !
     Non, vraiment, il ne suffit pas d’être « le fils de son père »…

 

D’AUTRE PART… ET AILLEURS…

     6 Juillet : La corrida télévisée de Vitoria n’a pas donné grande chose. Le toros de Castillejo de Huebra ne furent pas des Phénix. Entendez par là "que leur ramage fut loin de se rapporter à leur plumage". Triste ! Comme fut triste l’entrée (Juin a été catastrophique, dans toutes les ferias, dans toutes les plazas). Comme furent également tristes certains comportements toreros : La « science » d’Espla fut à deux fois mise à mal, en de ridicules "tartarinades", après des épées déficientes. On veut bien respecter le torero. Qu’il respecte la tauromachie, le public … et le toro.
     Padilla n’a plus "ses pattes de bandolero". Par contre, il a une cravate qui doit lui servir de serviette lors des repas, tant elle est large. C’est nouveau, cela vient de sortir!  
     Le « fajin », le ceinturon n’est qu’une mince bande de tissus aujourd’hui cousue au bas du chaleco. Le « corbatin » fait aujourd’hui dix centimètres de large ! Bueno ! De plus « rouge sur rose ! Bof ! » Tout cela n’est pas bien grave, mais dénote quand même de quelque manque de goût ou de classe. D’ailleurs, Padilla en manque un peu trop, en ce moment…

     5 Juillet – Vitoria – Corrida Bénéfique – Un tiers de plaza – Temps gris, et quelques gouttes : Heureusement pour la caisse, la corrida était télévisée. Sinon, vaya un desastre !
     Autre déception : Les toros de Castillejo de Huebra. Certes bien présentés (quoique surtout lourds),  ils n’ont pas su porter leurs kilos et le tout se traîna lamentablement entre faiblesse, noblesse fade, et le défaut de marcher souvent, comme des bœufs au labour. Seul le sixième permit de s’exprimer complètement.
     Luis Francisco Espla donna beaucoup de passes au toro d’ouverture qui, comme ses copains, se montra très faible au premier tiers, pour tenir mieux, par la suite, tournant à « l’andarin » ou au « gazapon ». Faisant « donner la science », Espla fit écarter tout le monde, après une épée tombée. On admira presque ! Mais le toro lui joua un méchant tour, refusant de tomber, le tournant en ridicule, au point de lui faire entendre un avis, après deux descabellos - Espla réédita son manège, en voulant descabeller le quatrième en utilisant la montera, poussée sur le sable, du bour de l’épée, sous le mufle du toro. Hélas, cela ne marcha pas, et le professeur manqua même trois coups de verduguillo. On l’applaudit mollement. A son actif, une grande deuxième paire de banderilles au quatrième, où toute la science, là, fit grand effet : « Cuarteo, esquive, poursuite, on gagne la cara, on cadre, on plante, et on sort… en marchant ! » Superbe !
     Jose Ignacio Ramos ne put que démontrer son application. Peu chanceux aux banderilles, il essaya de toréer à la cape, deux toros qui se montrèrent bien faible, d’entrée. A la muleta, on lui applaudit deux bonnes séries au cinquième, et un bon coup d épée, un peu bas. Une oreille.
     Juan Jose Padilla eut probablement très peur du premier, et on le comprend. On le vit très nerveux. Avis et palmas. Par contre, il toucha le bon sixième et lui fit, à sa manière, « la » faena du jour. Oreille, avec pétition de la seconde.

     5 Juillet – Teruel – 3ème de Feria – 2/3 de plaza : Toros de Jose Luis Osborne, très bien présentés et « pas faciles » : 2 et 3 èmes furent dangereux. L’ensemble fut faible.
     Victor Puerto ne put rien devant le premier, flojisimo. Aurait pu couper l’oreille du quatrième, s’il n’avait aussi mal tué. Avis et ovation.
     Uceda Leal s’accrocha fort, contre les barrières, devant le difficile deuxième. Pas grand chose à faire, face au cinquième. Applaudissements et silence, respectivement.
     Antonio Ferrera connaît actuellement un petit « bache », avec l’épée. La cornade de Vic, le fait elle  « réfléchir » ? Il aurait dû couper trois oreilles, hier. Toréa «à  fond », avec le capote ; "complet" aux banderilles; et donna de grands muletazos, en particulier au sixième. Hélas, « no los mato » ! Bilan: Applaudissements et une oreille, seulement! 
     Cela reviendra… « Tranquille !!!! »

 

PAMPLONA : « DANS LE REGARD DE CAGANCHO »

     7 Juillet : Depuis qu’il l’a vu, pour la première fois, dans la finca de Brito Saez, il y a plus de dix ans, Pablo Hermoso de Mendoza n’a pas arrêté de guetter le moindre regard de son fidèle et génial compagnon « Cagancho ». Depuis toutes ses années, le célèbre rejoneador  navarrais a partagé avec son cheval, chaque moment de toreria, au soleil de la plaza, mais également tous ces instants « d’intimité », hors public, où l’homme et l’animal peuvent se dire « des mots doux », échanger des regards de tendresse…
     « Cagancho est un cheval très peureux - disait Pablo Hermoso de Mendoza - et c’est cela qui dresse le public. C’est comme si le cheval expliquait qu’il a peur, et qu’il se joue vraiment la vie, en affrontant le toro. Et cette façon de communiquer émeut la foule qui le comprend parfaitement ».
     Cette capacité, ce talent, ce génie qu’a ce cheval à communiquer avec le public, est unique  dans l’histoire du rejoneo. Unique, cette façon de raidir les pattes, dresser les oreilles, fixer le toro, quand le cavalier le stoppe net, à quelques pas, bien de face. Le cheval est « tendu comme un arc », et ne quittera pas son adversaire des yeux, tant que dure la suerte. A la sortie, il galope, joyeux, « le sourire dans les yeux »

     « Cagancho » s’en va… On en est tous tristes, mais à la fois si heureux. Après Séville ; après Madrid, le petit cheval noir aux pattes blanches a eu un « au revoir » très simple et très émouvant, hier, en plaza de Pamplona. Après une actuacion exemplaire, face au troisième Murube, le cheval fut invité à donner la vuelta avec son maître. Là, il eut bien plus peur de tous les mozos de peñas qui voulaient, chacun, lui passer un foulard autour de l’encolure, que de tous les toros de la terre. A la fin du tour d’honneur, Pablo le mena au centre, lui enleva la selle, le mors, et le fier destrier s’en alla, au trot, vers l’écurie. L’ovation fut tonitruante; l'émotion serrait les gorges : « Cagancho » sera le héros de cette Feria, quoiqu’il arrive.
      En fin de course, Pablo Hermoso de Mendoza devait sortir a hombros, avec quatre oreilles et un rabo dans sa besace. Mais c’est sur le dos de « Cagancho » qu’il passa le grand portique, et dans la pâle lumières du soir, cheval et cavalier fendirent une foule admirative, respectueuse, étranglée de tendresse. Tous, l’espace d’un instant ne pensaient qu’à une chose : « croiser le regard de Cagancho ».

     6 Juillet – PAMPLONA – Corrida de Rejoneo – Llenazo – Temps gris : Les toros de Murube sont sortis nobles, mais de peu de force. Le troisième, invalide, manso et très desmochado, a été changé, à la demande de Pablo Hermoso de Mendoza. Sortit alors un sobrero du même fer, qui sauta immédiatement… au callejon. Par la suite, se révéla très noble.
     Fermin Bohorquez, classique et brillant, coupa une oreille du premier, et donna une vuelta « motu propio », au quatrième – Luis Domecq coupa une oreille au cinquième, mais c’est devant son premier adversaire qu’il se montra excellent, sauf au rejon de muerte.
     Mais la vedette incontestable du spectacle était Pablo Hermoso de Mendoza, ou plutôt, le duo « Hermoso – Cagancho ». Tout le monde savait que « le cheval – torero » allait faire ses adieux, et l’ovation fut tonitruante lorsqu’il sortit, au tercio des banderilles, face au troisième. La suite, on la connaît : Génial !
     Pablo Hermoso de Mendoza fut très torero, coupant quatre oreilles et même la queue du sixième. Un triomphe un poil exagéré, mais qui cadre tellement avec ce moment historique. « Cagancho » se fue !  mais le rejoneador d’Estella peut compter sur ses frères « Danubio », « Mariachi », entre autres, pour assurer la relève. Cependant, ne rêvons pas : Il n’y aura eu « qu’un » Cagancho !

     Ce dimanche, première corrida de la San Fermin : Toros du Marquis de Domecq pour Espla, Pepin Liria et Luis Miguel Encabo.

     Le 10 Juillet, Francisco Rivera Ordoñez sera remplacé par Manolo Caballero. On a du mal a s’explique ce choix, l’Albaceteño n’étant pas dans un bon moment, et par ailleurs, n’ayant jamais vraiment brillé dans ce ruedo. Cosas del Mundillo…

 

AILLEURS: ENTREES CATASTROPHIQUES ET PROTESTATIONS

    7 Juillet : La saison est très dure, au plan économique. On a honte de parler des entrées, alors que des figures sont au paseo. Imaginez trois toreros « de postin », faisant le paseo dans un placita de province, emplie au tiers de sa capacité… Beaucoup de choses sont à revoir dans ce marché qui devient si cher que les empresas sont obligées d’afficher des prix d’entrée inabordables pour le commun des mortels. Payer cher un billet de corrida, à Séville ou Madrid, certes…  Mais, payer le même prix… à Algimia de Almonacid ! "Pues, no voy !"

     Hier, peu de public et beaucoup de mauvaise humeur. Une chose se confirme : On admire le Juli, mais « on ne l’aime pas ». Aussi, chaque écart de sa part déclenche la colère, quelquefois injustifiée, du « grand public », beaucoup plus amateur des programmes « Gente » ou « Corazon, Corazon ! », que du Cossio et de « 6 Toros 6 ». Dur dur !
     A Ubrique, il y a conflit « laboral » autour de l’industrie des peaux. Grèves, manifestations, bagarres. Comme l’Empresa est lié au patronat, personne d’Ubrique n’a mis le nez aux arènes… Un petit quart de plaza « venu d’ailleurs », pour voir Ferrera et Fandi, qu’accompagnait le frère de Jesulin.

     6 Juillet – TERUEL – 4ème de Feria – Presque « casi lleno » :  La corrida del Ventorrillo fut catastrophique : Sin casta y parada. Traduisez : des blocs de marbre !
     Manolo Caballero coupe une première oreille bien généreuse, et entend une ovation au quatrième – Eugenio de Mora sue pour essayer de tirer trois muletazos à deux carnes. On lui applaudit la volonté.
     El Juli coupa une petite oreille du troisième. Par contre, il mit tout le monde en rogne avec le dernier. Ce toro renversa vilainement son picador Salvador Herrero, mettant une grosse cornada au cheval. Voyant cela, Juli ne voulut pas le banderiller. Emeute dans la plaza, les canettes de bière et les bouteilles de plastique jonchant le ruedo. Juli essaya bien de rectifier le tir à la muleta et y parvint presque, jusqu’au moment où, alors qu’il citait à genoux, le toro décida d’aller faire un tour au loin, le laissant là, "comme un couillon". Pobre!
     Final « en queue de poisson »!

     6 Juillet – UBRIQUE – ¼ de plaza : Toros de Carmen et Araceli Perez, sans grand fond.
     Antonio Ferrera « pinche » une très bonne faena au premier. Coupe une oreille à l’autre – Victor Janeiro obtient les deux oreilles du cinquième – Fandi marque des buts : Quatre oreilles. « Supérieur » aux banderilles.

 

EAUZE : RÊVE FRACASSE… SILENCIEUSE REVOLTE

     8 Juillet : Grand beau temps dans le ciel et dans les cœurs. Eauze respirait hier « une envie d’ovation »… Un torero « d’ici » allait recevoir l’alternative.
     L’amitié et l’esprit de clocher, d’une part… l’historique de la plaza, d’autre part, nous promettaient une tarde « agréable »… En effet, tout le monde sait qu’il ne sort pas à Eauze, « le toro de Madrid ou de Vic »… Et c’est bien, ainsi… à condition que !
     Le matin, une bonne demi-arène s’était régalée avec la toreria, la franche décision et l’intelligence lidiadora du jeune Ekaitz Rodriguez, de San Sebastian. En voilà un pour qui « Aficion al toro » veut dire quelque chose. Ses compagnons d’un jour ont peut être, également, l’Aficion, mais…
     Le soir, donc, tout le monde se la promettait belle. Et c’est là que tout s’est gâté…

     Une alternative est un cap… De « jeune communiant », on passe à « voltigeur de pointe » et dans quelque temps, on sera peut-être un « vieux routier »…
     Une alternative est un rêve… Quand s’échangent les trastos, défilent les visages de tous ceux qui ont vécu ce moment intense, la gorge un peu nouée, et qui ont mené leur chemin de gloire, parfois jusqu’au sacrifice suprême… Joselito, Manolete, Paquirri, Yiyo, Christian “Nimeño”…
    
Une alternative est un orgueil, une logique fierté. « Matador de Toros »… Cela sonne bien ! Cela veut dire que l’on rentre dans le dernier carré de ceux qui sont capables d’attendre sereinement la charge d’un monstre cornu, bien décidé à tailler en pièces tout ce qui se présente. Cela veut dire « muleta dans la main gauche, épée dans la main droite, et, au milieu, le cœur ! » Y… al toro !
     Oui mais voilà, quand le toro du baptême est un pauvre invalide qui ne peut faire trois pas sans se répandre honteusement sur le sable… Quand il faut toute une cuadrilla, tirant par la queue, par les cornes, pour le relever trois fois, afin que « le matador » puisse l’estoquer… alors, le rêve se brise, l’orgueil s’en va… on a perdu le cap.
     Alors, malgré les abrazos et les belles paroles…
     Alors, malgré le costume flambant neuf, « original », selon certains ; (« horrible ! », diront d’autres)…
     Alors… on n’est pas encore « matador de toros » !

     Hier, Julien Lescarret a vécu la plus décevante alternative qu’aucun matador n’aura vécue… Ne pas pouvoir péguer une seule passe ! Tout ça… pour ça ! Vivre pour voir ça ! De quoi « péter un plomb » ; de quoi se révolter, monter un nouveau « mai 68 », mais en juillet, à Eauze ! Una verguenza, total !
     Au lieu de cela… il n’y eut rien : rien du côté de la Présidence, bien mal inspirée de ne pas changer ce toro qui était sorti « derrengado ». Rien, du côté de l’Empresa, qui aurait pu dire : « Garçon, pas de chance ! Oublions cela, et on t’offre le sobrero ! » Rien, du côté du public qui aurait dû pleurer sa peine, hurler sa honte, crier sa colère… Et rien, du côté du « matador », qui se devait de piquer un coup de rogne, de verguenza torera, de pundonor : « Je suis matador de toros. Je ne peux accepter d’avoir vécu cela, cette honte ! Je demande le sobrero ! Je demande un vrai toro, là, maintenant ! » Au moins, faire le geste ! A coup sûr, malgré le règlement, les collègues auraient accepté ! Il n’y eut rien !
     Révolte, peut-être… mais révolte silencieuse, consternée…On rentre dans le callejon. On esquisse un pâle sourire. L’empresa regarde ailleurs… « Les hirondelles volent haut… il va faire beau ! » Le public murmure sa tristesse… sans plus.
     Rêve fracassé ! Silencieuse révolte ! Tristesse infinie.

     Après, tout alla de mal en pis ! Venu pour passer une « bonne après midi », le public passa un sale moment, sursautant aux mauvaises intentions d’une moruchada de Salvador Domecq, dont les mauvaises intentions étaient n’avaient d’égal que l’imposant volume. Fuera de tipo, fuera de todo !
     Et pendant ce temps, à Ciudad Real, Caballero, Victor Puerto et Juli, coupaient un sac d’oreilles à une corrida de… Salvador Domecq.

     Restent les efforts des trois hommes et de leurs cuadrillas. Reste le mauvais moment passé par Fernandez Meca, devant le terrible quatrième. Reste le sang, brave, d’Antonio Barrera, un vaillant qui sait toréer, et tue bravement. Reste les quelques muletazos de Lescarret, 43ème matador français, devant le sixième, premier toro d’une carrière en point d’interrogation …
     Rêve fracassé ! Révolte silencieuse… Et pendant ce temps, à Ciudad Real…

     7 Juillet – EAUZE – Llenazo total – Grand bleu : Six toros de Salvador Domecq, aux « caisses imposantes », pour cinq d’entre eux. Hauts, lourds, inégalement armés. Comportement imbécile, dangereux : Têtes hautes, sans aucune fijeza, tirant à gauche ou à droite, violemment ; regardant beaucoup, par dessus le leurre, par dessous, sachant ce qu’il y avait derrière la muleta. Al bulto !
     Le toro d’alternative « Astuto » - N°13  (on n’a pas idée !) – Sortit « bizarrement » déjà « descordinado », sautillant, trébuchant. Une terrible vuelta de campana fit trembler le sol. Et le toron, horrible spectacle, ne fut plus qu’un pauvre ère, roulant au sol, se couchant, suppliant qu’on arrête là son supplice… De verguenza !

     Les autres ont mieux tenu. Mansos au cheval, sans race aucune. Dangereux, alors que le public n’y prenait garde. Le quatrième est une vraie saleté. Seul, le cinquième chargera, presque franchement. Le dernier est un manso de libro », au cheval. Cependant, il garde mobilité et va « a mas », à la muleta, violent dans sa charge, voulant manger tout cru la muleta et celui qui la tenait…
     Stéphane Fernandez Meca coupa l’oreille de son premier. Heureusement qu’il est habitué à de lourdes batailles. Le quatrième lui mit la corne sous le chaleco, et faillit lui faire un mauvais sort. A souligner combien Meca et Barrera furent des parrains et témoins d’alternative attentifs et amicaux, pour le nouveau matador. Muy toreros !
     Antonio Barrera, la tête en sang, coupa au cinquième, une oreille que peu demandèrent, mais qui, somme toute, était bien méritée. Faena débutant spectaculaire, pour suivre les chemins classiques du toreo templé et cadencé. Survint alors une très dure cogida, le torero étant roulé au sol, prenant un gros coup de patte dans la tête. Le front ou l’arcade en sang, Barrera repartit au combat et tua fort. Bien, matador.
     Julien Lescarret, vêtu d’un « original » costume gris souris et or, ne put que constater la terrible invalidité du toro de son alternative. Rêve envolé ! Il coupa une oreille bien généreuse, face au sixième, qu’il essaya de toréer, sans pouvoir en résoudre les problèmes. On le comprend presque, puisque nous, spectateurs bien à l’abri, nous étions « crevés, écoeurés, fourbus, vidés… »
     Rêve fracassé... Silencieuse révolte…

 

PAMPLONA : PEPIN LIRIA RESOUD UNE PARTIE DU PROBLEME…

     8 Juillet : Première corrida de la San Fermin. Le matin, l’encierro a duré des heures… 7 minutes. Les toros du Marquis de Domecq ont roulé sur un sol glissant « de bave diverse », et ont gagné la plaza, disséminés sur le parcours, traînant un pas incertain, saoulés de cris et de coups… Trois mozos, dont deux étrangers, en firent les frais, sans trop de gravité, heureusement.

     A l’heure du Paseo, Madame Yolanda Barcina, Maire de Pamplona, a reçu la première grande bronca de la Feria. On ne peut satisfaire tout le monde, surtout en cette contrée… Alors, tandis que le soleil la vouait au diable, l’ombre lui promit un coin de paradis, en applaudissant raisonnablement. Ambiance tendue… mauvais présage.
     Heureusement, un torero vint au quite, parvenant en même temps à solutionner une partie de « son » problème. Pepin Liria, on le sait, est actuellement « en basses eaux ». L’oreille, coupée hier à Pamplona, même si elle est loin de faire l’unanimité, ouvre un coin de crédit qu’il devra conforter aujourd’hui, devant les Cebada… En attendant, les « Peeepin, Peeepin, Peeepin ! » ont couvert les insultes, relancé la fête de convivialité. C’est déjà un bon résultat.

     7 Juillet – PAMPLONA - 1ère corrida – Llenazo : Corrida impressionnante del Marques de Domecq, avec trapio et pitones. Corrida très sérieuse : 565, 540, 515, 515, 610, 595 Kgs. Fachada, mais comportement très inégal. Toros qui imposaient de se croiser beaucoup, d’aller les chercher, de s’imposer.
     Luis Francisco Espla a entendu « deux silences », ce qui, à Pamplona, est un énorme exploit. Mal, démago, truqueur. Espla n’a trompé personne. Faisant piquer lourdement ses toros, il ne brilla même pas aux banderilles, et se libéra d’une bronca au quatrième à cause d’un terrible achuchon du toro, au moment de l’estocade. Le chaleco et la chemise en lambeaux, Espla eut toute la chance du monde de ne s’en sortir « qu’avec » un gros coup à la hanche. Ce fut le gros susto de la tarde.
     Pepin Liria (Silence – Une Oreille)  a mis « la pression », toute la tarde : Larga à genoux, face à son premier. Spectaculaire début de faena, muy torero. Puis le toro s’éteint un peu, et trois descabellos mettent tout par terre. Le burraco cinquième lui permit de mettre le feu au tendido des peñas : début à genoux, bagarre un peu gigottée, bonne volonté indéniable. On est loin du grand classicisme, mais le torero « gagne les cœurs ». Grosse estocade, et une oreille que certains vont protester.
     Luis Miguel Encabo (Ovation - Palmas) a peut être été impressionné par le cadre de cette plaza enfiévrée. Il sembla un peu timide, ayant du mal à développer un toreo qui prend chaque jour plus d’envergure. Mal aux banderilles, il patina un peu, devant le troisième, et tua mal. Il faudra le revoir. Il reviendra.

     Ce lundi, les Cebada Gago, pour Pepin Liria, Victor Puerto et Francisco Marco

 

LES CORRIDAS DU DIMANCHE : OREILLES A FOISON…

     8 Juillet : Beaucoup de spectacles, en ce premier dimanche de Juillet. Seule, Madrid a vécu la tristesse d’une corrida écrasée de chaleur et d’ennui. Par contre, la journée a été marquée par une faena du Morante, à Barcelone ; un grand nombre de trophées, en plaza de moindre calibre, et par un nouveau triomphe de Sébastien Castella, au Grau du Roi, cette fois.

     7 Juillet – MADRID (Las Ventas) – Un quart de plaza – Chaleur épouvantable : Heureusement, la corrida n’a duré qu’une heure et quarante cinq minutes. Quatre toros de Los Recitales (1, 2, 3 et 6èmes) mauvais, sans caste ; et deux de Barcial (4 et 5èmes) violents.
     Canales Rivera écouta deux « divisions d’opinions ». On retiendra sa bonne volonté, un toreo un peu nerveux, et surtout, deux bonnes estocades.
    Juan Diego, le Salmantino qui ressemble « et veut ressembler » à Julio  Robles, confirma son alternative, face au toro « Acemilero » de Los Recitales – 490 Kgs. A part deux capotazos et trois muletazos, il ne put rien faire. Palmas et Division.
     Jose Luis Triviño sortit au sixième les seules passes valables et liées de la journée. A revoir. Silence et Ovation.

     7 juillet – BARCELONA – 1/3 de Plaza : corrida de Nuñez del Cuvillo, correctement présentée mais faible. Les 5 et 6èmes ont été remplacés par des Yerbabuena d’Ortega Cano, mansos au cheval, mais nobles, allant à mas.
     Finito de Cordoba (Division et Silence) n’a guère fait d’efforts. Quelques bons détails au capote ; quelques essais d’infirmier et…à la douche. Comme cela, il peut durer dix ans.
     Morante de la Puebla (Silence – Une Oreille) toréa très bien de cape son premier, en « mettant les reins ». Hélas, le toro baissa rapidement, et le torero fit de même. Le cinquième débuta manso, et le Morante dut se faire « lidiador » avant qu’artiste. Peu à peu, cependant, le toro se livra, et le matador put enfin complètement « se lâcher » : Séries profondes sur les deux mains, intenses, et longues naturelles. Adornos « de Morante » ! Pinchazo, avant l’estocade. Une oreille sur deux possibles. On a envie de dire : « Enfin ! »
    Miguel Abellan a mis de la bonne volonté, toute la tarde. Hélas, ses efforts furent bien mal récompensés. Silence partout.

    7 Juillet – CIUDAD REAL – Corrida de Bienfaisance – Lleno : Très bonne corrida de Salvador Domecq
     Manolo Caballero coupe les deux oreilles du quatrième – Grande bonne tarde d’un Victor Puerto, spectaculaire et torero. Une et deux oreilles. C’est bon pour le moral, avant Pamplona – El Juli a multiplié les efforts. Passe moins bien auprès du public : Une oreille, chaque fois.

     7 Juillet – ESTEPONA – Corrida Goyesca, célébrant le 5ème centenaire de la fondation de la ville – Grande entrée :
     Bonne corrida de Guadiamar, « a modo » pour le triomphe : terciadita, noblona, flojita…
     Padilla joua pour la galerie : Quatre oreilles – Ferrera fut brillant au capote et aux banderilles, face à son premier. Inégal et accéléré, à la muleta. Oreille. Complet au cinquième, avec des muletazos « de mucho empaque ». Deux oreilles et rabo – El Fandi a mis toute la vapeur, dans les trois tiers : Vibrato, ganas, facultés physiques, verguenza torera .Total : quatre oreilles !

     7 juillet – TARRAGONA – Bonne entrée : Toros de Brito Paez bien présentés et bons, sauf le deuxième, manso, banderillé de noir. Le sixième, très faible, a été remplacé par un toro de Pablo Mayoral, bueno.
     El Cordobes a fait son show pour les touristes : Trois oreilles – Uceda Leal, avec un toreo plus sévère, coupe un trophée du cinquième – Triomphateur complet de la journée : Cesar Jimenez, qui fait un tabac au troisième, coupant deux oreilles et la queue, et complète sa grande journée en obtenant les deux oreilles du dernier.

     7 Juillet – LE GRAU DU ROI : Corrida inégale de Peralta. Bon triomphe de Sebastien Castella qui semble allier cette année, la régularité à la toreria innée, à l’inspiration. Castella arrive « à maturité », et il est, parmi les français, « le » torero qu’il faudra suivre, cet été. Oreille et deux oreilles, respectivement.
    Denis Loré et Luis Vilches coupent une oreille à leur second adversaire respectif. 

 

PAMPLONA : LES DEUX CORBEAUX…
Victor Puerto coupe une « bonne » oreille

     9 Juillet : Regardez bien! Ils sont là, chaque année.
     Parmi la foule, au début « blanche et bleue » du tendido sol, ils dénotent… Ils sont deux, complètement vêtus de noir. Oh, il y en a d’autres, mais ces deux là, on les repère facilement. Comme deux corbeaux sur un fil électrique, ils sont là, installés sur une sobrepuerta… dos à la plaza !
     Ils passent toute la corrida ainsi ! presque toute la feria, ainsi… Dos au ruedo! Comme deux corbeaux, on les voit jacasser, semble t’il, avec la piétaille multicolore, passablement ravagée par l’alcool et le manque de sommeil. Tandis que tout le monde lève les bras et hurle le « Paquito chocolatero », ils sont là, dos à la plaza, dos au soleil, tout noirs, tête basse, maugréant quelque sourde mélancolie…

     N’allez pas leur demander la reseña de la course… Ou plutôt si ! Car ils ne se retournent que pour les moments cruciaux… une faena, une cogida, un gros incident de lidia… Pour le reste, ils sont là, cote à cote, bien serrés, comme deux corbeaux sur un fil. De quoi parlent ils ? De toros ? De l’actualité ? No sé...

     Peut-être parlent ils de Jose Tomas qui vient d’être condamné à 18000 Euros, pour l’histoire du toro qu’il a laissé vivant, le 18 septembre 2000, à Salamanca. Le tribunal Suprême de Justice de Castilla y Leon a rendu verdict. « Onze bâtons» de nos anciens ! 2999000 pesetas ! (Ils auraient pu dire 3 millions, mais on est en période de soldes d’été). A l’heure du 33%, où l’on paie pour tuer deux novillos, cela coûte quand même plus cher de refuser de les estoquer.
     Et à priori, ce n’est pas fini, car Tomas récidiva l’année suivante, on le sait, à Madrid ! Et là… les soldes seront passées !

     Peut-être parlent ils de Reina Rincon, ce jeune matador de Ciudad Real, parti tenter la fortune au Pérou, et qui a disparu de son hôtel, depuis le 2 Juillet.  Cela sent mauvais ! Ses deux compagnons ont donné l’alerte, et la police, qui ne croit pas à un rapt, a tout fouillé, du moindre bouge jusqu’aux noires morgues de hôpitaux. Introuvable !
     Enlèvement ? Disparition volontaire ? Histoire de drogue ou de femme (c’est pareil) ? Personne ne sait rien… ou ne dit rien. Un fait divers aussi obscur que les pensées de nos deux corbeaux…

     De quoi parlent ils donc ? D’Antonio Barrera qui va faire le paseo, « la tête lourde », aujourd’hui, à Pamplona… Il a eu de la chance, à Eauze. Le toro aurait pu le scalper : grosse coupure, depuis l’oreille jusqu’en haut du front, et douze points de suture. Plus grave : la perte momentanée de la vision de l’œil droit. Et il a continué « como si tal cosa ! ». Ces toreros sont incroyables.
     Très sympa, très posé, ce Barrera, qui mérite plus que les Chopera lui ont donné jusqu’à présent. Pamplona, cet après midi, est « une ligne de départ », celle d’un été où enfin, le « Sévillano-mexicain » va toréer au niveau de son rang. Torero classique, vaillant et « clair dans sa tête », du moins jusqu’au coup de sabot d’Eauze…

     Peut-être parlent ils « de Wanadoo… » qui nous fait des siennes, ce matin, et nous promet une coupure imminente, pour cause de travaux de maintenance… Pour un peu, les deux corbeaux s’énerveraient !

     Peut-être parlent ils de la corrida, tout simplement… Parce que, regardez mieux : A Pamplona, du soleil partent parfois de grand éclairs blancs, aveuglants… Des petits rigolos apportent des miroirs, et balancent « des rebonds de soleil » à la figure de « ceux de l’ombre », ou dans l’objectif des caméras de télé. Un jeu comme un autre ! Tant qu’ils n’aveuglent pas le torero !
     Regardez les, nos deux corbeaux ! Une de leurs ailes est souvent levée…  Ils sont « dos au ruedo », mais grâce à leur rétroviseur, ils ne perdent cependant pas une miette du spectacle, et pourraient vous raconter la corrida d’hier…
     Ils vous diraient que les Cebada Gago ont fait un bon encierro, rapide, intense, sans grosse casse. Il y avait moins de monde que dimanche, et les courses ont parfois été fort belles, comme le passage du N°10 de l’Aviron Bayonnais, au milieu d’Estafeta. Muy bonito, muy limpio !
     Ils vous diraient que, l’après midi, après une terrible averse, le ciel était de plomb… et que les Cebada ont fait planer la crainte. Corrida sérieuse, très pointue, qui a fait planer le drame, surtout quand Pepin Liria « se la jouait » inconsidérément.
     Les « deux corbeaux vous diraient aussi qu’il y a eu deux oreilles coupées ! L’une, très justement, par un Victor Puerto « muy asentado » et grand tueur. L’autre, « oreille de clocher », par Francisco Marco… tout simplement, parce qu’il est d’ici… « Et quoaaaaa ! Il est d’ici ! »

     8 Juillet – PAMPLONA – 2ème corrida de la San Fermin – Llenazo (19529 personnes… et deux corbeaux !) – Temps gris, lourd : Corrida , légère mais  bien faite, extrêmement sérieuse de Cebada Gago. A la bascule : 495, 490, 510, 500, 515, 495 kgs… mais, du trapio et des cornes pour cauchemarder un brin. La corrida ne fut pas brave au cheval, et fit preuve de mauvais caractère. Cependant, elle « bougea » et les matador purent s’exprimer. Le deuxième, manso au cheval, aquerenciado a tablas, se montra noble, grâce à Victor Puerto. Le sixième, également permit à Marco de s’exprimer. Le plus tordu  fut probablement le troisième, tandis que le lot de Pepin Liria alla "en empirant"..
    Pepin Liria (deux grosses ovations, pour deux roustes monumentales) a fait très peur, toute l’après midi. Il savait que l’oreille coupée hier n’avait pas convaincu tout le monde. Il partit donc au combat, la fleur au fusil, recevant son premier à genoux, débutant de même sa faena, sans ce soucier de la tête en haut, et du cabeceo de ce premier colorado, très armé. Se découvrant beaucoup, Liria va finir par se faire accrocher, recevant un coup de corne dans la joue droite. Le visage en sang, le murciano va se la jouer, dans une estocade dont il sort vivant, par pur miracle. Direction l’infirmerie, dont il sortira, le visage à demi caché par un énorme pansement.
     Ce n’est pas de pansement, dont on faillit parler, en fin de la lidia du difficile quatrième. Liria se montra terriblement vaillant, mais un peu brouillon, sans le sitio habituel. Au moment de l’épée, une très dure cogida, le torero étant pris et repris au sol, tandis que les capes ne pouvaient détourner le bicho, sûr de sa prise. Seul « San Fermin » réussit le quite, et Pepin Liria, complètement moulu mais apparemment indemne, recueillit les ovations du respect.
     Victor Puerto était malade : Grippe et forte fièvre. Cela ne l’a pas empêché d’être exemplaire de savoir, de courage et de toreria, face à son premier adversaire, un colorado, manso au cheval, et qui n’avait qu’un désir… partir vers les barrières, et n’en plus bouger. Après un bon quite par chicuelinas, Puerto  a toréé sereinement, très sérieusement, presque « pour lui ». Faena droitière, templée, coulée, très technique mais très « naturelle ». En fin de faena, après un essai moins évident à gauche, Puerto laissa partir le toro vers son terrain de prédilection, non sans avoir placé un molinete « para alegrar », et un trincherazo « de cartel ». Bien préparée, une très bonne estocade, et une oreille « en or ».
     Par contre, le cinquième « regardait beaucoup ». Un toro « miron », que Puerto reçut bien au capote, mais devant lequel ses efforts furent moindres, semble t’il. Silence de respect, dans l’attente de la prochaine.
     Francisco Marco est de Navarre… Bien ! Ce n’est pas une raison pour lui faire des cadeaux qui vont le desservir, plus qu’autre chose… L’oreille, coupée au sixième n’a aucune comparaison possible avec le trophée gagné par Puerto. Certes, le jeune donna les meilleures véroniques de la journée, mais ses faenas furent plus volontaires qu’efficaces, et ses estocades sont parties « en bas ». Y eso no es !  quelle que soit la sympathie qu’inspire le diestro ; quel que soi son mérite !  Un premier toro difficile, dangereux. Le pire du lot ! Et comme pour consolation, le sixième « Montañista », un joli burraco, de meilleur caractère. Francisco Marco fut propre, ferme, mais sans génie. Quant à son estocade… pardon ! Mais au palco, il y avait une dame, conseillère municipale de Pamplona. Alors, on donna une oreille… « au Pamplonais »! Y eso no es !

     Ce soir, la Corrida est télévisée – 18h30 – TVE 2 . Au cartel : Toros de Santiago Domecq, pour Miguel Abellan, Davila Miura et Antonio Barrera.  

 

ATTENTION…COMPLICITE D’ASSASSINAT !
Pamplona, aussi, touche le fond…

     10 Juillet : La télévision espagnole a montré, hier, une fois de plus, le terrible paradoxe de la Fiesta dite « brava » : Un toro invalide, au regard lamentablement exténué, faisant de tragiques efforts pour que son train arrière arrive à suivre son train avant… et puis, quelques minutes après, la non moins tragique blessure d’Antonio Barrera, brave parmi les braves, qui se met lui même une garrot, et repart à la bataille, pour une deuxième voltige.

     Au matin de cette triste journée qui vit Pamplona finalement trempée de toutes les larmes du ciel, l’encierro avait été terrible : 12 minutes et 7 secondes de drame total. Le deuxième encierro le plus long de l’Histoire. (Le premier dura 15 minutes, en 1959 : Un toro de Miura refusa de rentrer, défiant tout le monde, en plein ruedo. C’est un chien de berger qui lui fit entendre raison).
     Hier, il y eut cinq cornadas. Le deuxième encierro le plus sanglant de l’Histoire. (Le premier se déroula plus près de nous, le 12 Juillet 1988. Ce jour-là, les Cebada Gago firent un massacre : 6 cornadas graves).
     Hier, les Santiago Domecq sont partis comme des fous. Déjà, en haut de Santo Domingo, un citoyen eut une rapide idée de ce qu’est "une mise en orbite". Puis la manade se décomposa, et plusieurs toros culbutèrent, l’un d’entre eux restant un long moment étendu, incapable de se relever seul. Quand il le fit, ce fut pour se venger de tous ceux qui l’avaient vu dans un tel état. Pendant ce temps, un copain, le N°52, ne trouva rien de mieux que de repartir dans l’autre sens… Cela aurait pu faire un véritable massacre. Images dantesques de corps désarticulés, accrochés au piton. Un mozo est pris, repris, poussé au sol par la corne. Un autre jeune, probablement étranger, lui sauve la vie, s’attaquant au toro « à mains nues », à coups de poings, à coups de pieds… "El toro se acojono » ! Effaré, le toro laissa tomber et s’en fut vers d’autres clients, moins agressifs… Incroyable ! Fou ! Héroïque !
     Et le soir, on se demandait : « Que vont ils donner, ces Santiago Domecq, qui ont fait un tel massacre ? Comment va sortir le N°52 ? »

     Pues… nada ! Ils sont sortis, vilains, mal présentés pour Pamplona, mais « se cachant » derrière d’impressionnantes cornes. A la limite… pas trop grave ! Ce sont des toros, et des toros de respect. Hélas, tant de bravoure, pour certain, comme le cinquième ; tant de noblesse, pour tous, ne peuvent faire oublier le triste spectacle, insoutenable, de la plus complète invalidité.
     Nous sommes en train de devenir des complices d’assassinat !
     Soyons clairs : Ou les professionnels de la Fiesta trouvent, ou avouent, les causes de ce désastre, ou il n’y a plus de tauromachie dans cinq ans. Et c’est nous, Aficionados qui aideront à la condamner.
     Pourquoi ? Parce qu’en aucun cas, on ne peut accepter un toro comme il en sort tant, actuellement. En aucun cas, on ne peut accepter les toros télévisés de Tolède… On ne peut accepter ceux d’hier, pas plus qu’on ne peut accepter le toro de l’alternative de Julien Lescarret. Ceci est une honte totale, qui fait de nous, aficionados, les complices d’un assassinat, volontaire ou non…
     Contrairement à certains, nous n’exigeons pas le toro gigantesque, armé comme un cuirassé… Nous exigeons un toro de combat, normalement présenté et armé, qui tient le galop, qui bouge et attaque…Un vrai toro de vrai combat, devant lequel de vrais braves triomphent ou fracassent, mais avec honneur.
     Alors, on a cœur de chanter haut, la louange de ces hommes qui se jouent la vie, vêtus d’or ou d’argent, pour un peu de gloire, pour un peu d’argent. Alors, on tolérera de regarder ces gros capitalistes bouffis d’orgueil, fumant leur cigare, bien planqués derrière leurs burladeros et leur compte en banque : Empresas, apoderados, ganaderos… « gana..duros ! »
     Où est l’Honneur ? Où est la grandeur du Toreo ? Sûrement pas dans l’image de ce pauvre dieu écroulé, suppliant qu’on le relève, ou qu’on en finisse …
     Il y a des années, un ganadero a pleuré parce que pour la première fois, un matador avait osé prendre en main la corne d’un de ses toros… Aujourd’hui, ce sont des peones qui viennent à plusieurs, relever le monstre déchu, en le tirant par la corne, ou par la queue…

     Et pourtant… "Il est toro de combat". Et pourtant, des hommes tombent encore, victimes de leur courage et de leur pundonor.
     Hier, Antonio Barrera a écrit une nouvelle page de sang et d’or, au grand livre de la Toreria. On avait changé deux fois le toro, et celui qui sortit ne valait guère mieux… vilain, les cornes courtes et abîmées.
     La faena était vaillante, un peu accrochée, mais torera. Et survint la cogida. La répétition des images attestait de la blessure. Tout le monde s’en rendit compte, en particulier les autres toreros qui arrivèrent au secours du blessé. Abellan dénoua sa cravate et voulut faire un garrot à la cuisse droite qui, déjà, dégoulinait de sang. Avec un calme saisissant, Antonio Barrera écarta tout le monde, prit la cravate, se la noua lui même et, sans affectation, repartit au combat, bien décidé à estoquer son adversaire, avant de se laisser conduire à l’infirmerie. Il se savait blessé, mais… « il était torero, avant tout ! »
     La faena se poursuivit, dans l’angoisse. Alors que ses forces diminuaient visiblement, Antonio Barrera porta un premier pinchazo, et une estocade dont il sortit vilainement accroché par le ventre. Le premier au quite, El Juli, en civil, qui a bondi depuis son burladero de callejon. Torero y compañero !  Angoisse terrible, et nouvelle admiration de tous devant cet homme qui se relève, le costume, de estreno, (tout neuf), en lambeaux…
     Là, Pamplona manqua de grandeur ! Elle qui en connaît un rayon, pour ce qui est des actes de courage, se devait de concéder une oreille à cet acte d’héroïsme. Il n’y avait pas eu de faena ! Y que ? Il y avait eu un pinchazo ! « Y alors ? » La sérénité d’un homme qui se savait blessé, a sauvé l’honneur de la tarde, de la Fiesta Brava, et a sauvé « notre » honneur. Cela méritait bien une oreille « en bronze » ! Surtout quand on sait que la veille on en avait donné une à Francisco Marco, « pour trois biscouettes et quelques mouchoirs navarrais »… Eso no es !
     Le torero passa outre, et donna une vuelta, de vrai « honneur », avant de partir aux mains des chirurgiens. Au bilan : Cornada à l’intérieur de la cuisse droite, avec une trajectoire de 12 cms en profondeur, qui provoque des dégâts aux adducteurs jusqu’à la face postérieure du fémur. Rien que cela. De plus, une blessure superficielle (« tu parles ! ») … à la base du pénis. Le pronostic général est « Grave ».

     Grandeur et décadence de la Fiesta : Le toro déchu, mais toujours toro, toujours dangereux… Et l’homme, qui fait ce qu’il peut, toujours capable d’incroyables gestes, pour que survive… l’honneur torero !

     9 Juillet – PAMPLONA – 3ème corrida de la San Fermin – Llenazo – Temps gris, pluvieux : Corrida triste, « épaisse » dont les protagonistes furent les toros de Santiago Domecq, très inégaux de présentation, mais très armés. La corrida entière fut terriblement faible, presque invalide, en particulier « de los cuartos traseros », des trains arrière. Le troisième a été remplacé, après le deuxième puyazo. Son remplaçant, de Manuel Angel Millares, était encore plus faible. Nouveau mouchoir vert. Deuxième sobrero de Millares, vilain, mal armé, qui finit par blesser Barrera. Poids de la corrida : 490, 509, 565, 515, 500, 500 kgs. Comme on peut le voir… ce n’est pas une question de poids.
     Corrida noble, très noble ; un peu sosa et sans grande fixité. Peu à peu, les charges se raccourcirent, et chaque lidia fut entachée de terribles fléchissements, certains toros se retrouvant « assis », le regards vide, comme des chiots qui se sont saoulés en jouant avec les enfants. De pena ! Le cinquième était un brave, mais… Le sixième, toro montado, avec des cornes veletas et astifinas, se défendit vers le haut. Une triste tarde qui finit sous des trombes d’eau.
     Eduardo Davila Miura dut tuer trois toros du fait de la blessure de Barrera. Recevant le premier par une larga à genoux, le sévillan toréa bien par derechazos, avant un désarmé qui gâcha un peu la fête. Le toro, noblon et soso, baissa rapidement de rythme, et la faena s’éteint doucement. Avec l’épée, un calvaire en sept actes. Silence.
     Bonne faena au quatrième, Davila Miura toréant fermement, mais sans transmettre assez à des tendidos distraits. Faena perfilera, sans personnalité, close d’une bonne estocade. Regard effaré parce que la présidence n’accorde pas l’oreille. Pues no ! Vuelta, quand même. Le sixième est un tio, que Davila Miura affrontera sous la pluie, tandis que se vident les gradins. Toro compliqué ; torero vaillant et brouillon, dans la pluie et le vent. Vains efforts !
     Miguel Abellan  a donné une vuelta à la mort du deuxième, abattu d’une entière décidée, mais delantera. Le torero s’était montré excellent dans un quite par navarras, tournant bien sur la pointe des pieds, et dans trois séries de très bons derechazos, liées, templés, non exempts de profondeur. Hélas, cela se compliqua à gauche, le toro accrochant trop la muleta. C’est là qu’il perdit l’oreille. Le cinquième, reçu par deux largas à genoux et delantales, se montra brave, mais si faible, si faible… Terrible honte sur nous tous !

    Antonio Barrera est un vrai brave, nous l’avons vu. Mais il est également « vrai bon torero »  qui essaie de faire les choses « bien », toréant avec grande sérénité, tant à la cape qu’à la muleta. On dut changer deux fois son toro, avant la blessure. Le sévillan eut le temps de toréer par gaoneras, au capote, et de commencer sa faena, à genoux, très vaillant et très torero. Le toro faiblard, court de charge, le serra vilainement  à gauche et c’est en revenant sur main droite où il avait brillé, que le diesto se fit prendre. On connaît la suite.

      Attention à Barrera, son courage et sa toreria ont touché beaucoup de monde, hier. En voilà un « qui est » torero ! Demain, il pourrait bien être « Figura ». 

     Ce soir: Toros du Capea, pour Manuel Caballero, El Juli et Francisco Marco. 

 

REINA RINCON : C’EST FINI…

     10 Juillet : Malheureusement, on se doutait que la disparition, au Pérou, le 2 Juillet, du matador Reina Rincon, ne pouvait avoir que de graves conséquences.
     Hier, des surfers ont découvert son corps, flottant au bord de la plage de Waikiki, sur la costa verde, près de Lima. Son père l’a formellement reconnu, en particulier grâce à une cicatrice de cornada. Le corps était en état de décomposition avancée.
     Le jeune torero de Ciudad Real – 22 ans – avait quitté son hôtel, le 2 Juillet, déclarant à ses compagnons qu’il allait dîner. Cela les avait un peu surpris, car ils restaient toujours ensemble. Le jeune, qui semblait en état dépressif, portait sur lui une importante somme d’argent.
     On se perd en conjectures, mais la police soupçonne un problème lié au monde de la prostitution. Depuis qu’il était arrivé, le jeune torero avait été très attiré par ce que l’on appelle « les quartiers roses », de Lima. De là à ce qu’il soit tombé dans un piège tendu par quelque belle, qui l’aurait drogué, volé et fait disparaître, il n’y a que deux pas que le autorités franchissent rapidement. A priori, le corps ne portait pas de blessures mortelles. On pense plus à une overdose provoquée, le corps ayant été jeté à l’eau. Une autopsie sera effectuée aujourd’hui.
     Il avait 22 ans. Là s’arrête le chemin de celui qui était parti chercher « l’or du Pérou », et qui n’y a rencontré... que son destin.
     Repose en paix, Jose Tomas Reina Rincon, matador de toros.

 

LES CARTELS D’AZPEITIA

     10 Juillet : Traditionnelle feria d’Azpeitia, en terre Basque, où « los Toros » sont partie intégrante de la Fête et de la Culture. Cette année, comme de tradition, trois corridas, au moment où « Juillet bascule vers Août », au moment où l’autoroute toute proche est encombrée de « rôtis bien cuits », qui croisent les « visages pâles » (à moins que cela soit le contraire, vu la météo actuelle ! »

Les affiches sont les suivantes :
     Mercredi 31 Juillet : Toros de Cebada Gago, pour Jose Ignacio Ramos, El Cid et Fernando Robleño
     Jeudi 1er Août : Toros de Martelilla, pour Manuel Caballero, Antonio Ferrera et Alfonso Romero>
     Vendredi 2 Août : Toros de San Martin, pour Luis Miguel Encabo, « El Fandi » et Antonio Barrera. Devant : Le rejoneador Igor Quintela, avec un toro de Martelilla.

 

PAMPLONA : LA GRANDE BRADERIE !!!
El Juli a fait ce qu’il fallait…

     11 Juillet : Dieu que c’était mal parti… Pour un peu, on mettait la même « intro » qu’hier, en changeant simplement la date. Le premier toro de cette quatrième corrida de la San Fermin était aussi invalide, pitoyable que la veille, et Manolo Caballero faisait peine à voir, jouant les « matamores infirmiers »…

     Le matin, l’encierro avait été presque normal, si ce n’est ce pauvre bicho qui s’est écroulé dans le couloir de la plaza, les pattes coincées contre le mur. Longues minutes de tristesse, à la vue de ce pauvre bicho impuissant, ne pouvant se relever, tandis que déboulait toute une foule de « pseudo mozos », qui courent l’encierro… derrière les toros ! L’un d’entre eux, surpris, se retrouva même assis sur le flanc du toro… Quelle tristesse ! Il n’y avait eu que cinq toros du Capea. A la fin, n’en restait plus que quatre, le cinquième s’étant cassé une corne pendant le course. Una tristeza !

     Vraiment, cela partait mal ! Puis, le panorama changea. Soudain, bien que limités de forces, les toros ne tombèrent plus. Alléluia ! Du coup, le président au chapeau claque et ses deux sbires se dirent qu’ils fallait marquer l’occasion. Peut être aussi, un rhume carabiné ! Toujours est il que les mouchoirs se mirent à tomber de tous côtés : cinq oreilles !
     Cinq oreilles ! Apothéose historique ? Pues no ! Si l’on regarde bien, on peut dire que seule une oreille aurait du être attribuée : Celle du cinquième, au Juli ! Y nada mas !
     Julian Lopez coupa un premier trophée, réclamé par le public, pour avoir été vibrant devant son premier. Mais l’épée, peu académique, ne méritait pas telle récompense. Un vuelta aurait suffi.
     Oreille scandaleuse à Francisco Marco, au troisième : faena volontaire et vulgaire, conclue d’un authentique bajonazo. Oye ! Que pasa aqui ?
     Manolo Caballero "laisse passer" le grand quatrième,  bradant tout ce qu’il avait en magasin, de passes rapides, destempladas, sans aucun sentiments. Oreille ! Toma ya !
     Le Juli fut vraiment bien, face au cinquième, lui « montant dessus » sans décomposer la figure « torera ». Comme l’épée fut un vrai coup de canon, et qu’il fallait bien faire la différence avec les précédentes récompenses, il y eut deux oreilles… Normal !
     Au bilan, le président a soigné son rhume, et la grande foule s’est amusée…
     Au bilan, deux toros ont enfin permis à deux toreros d’être « en torero ». L’un en a profité, l’autre a fait semblant, manifestant plus de classe et d’inspiration au cours de la vuelta al ruedo, que lors d’un trasteo interminable, que le public a mollement apprécié. Comment peut on laisser ainsi, passer un tel toro ?

     El Juli arrivait à Pamplona, chargé de responsabilité. Il était sorti « tocado » de Madrid, et depuis, il allait et venait, essayant de reprendre le maillot jaune… mais personne ne prenait en considération ses efforts, dans des ferias de moindre consistance. Pamplona était le gros rendez vous, celui où il fallait, à tout prix, redresser la barre…
     C’est fait ! Sans être « homérique », le Juli a démontré, hier, qu’il reste un phénomène, « une tête privilégiée », qui sait allier force physique et force morale, à deux doigts des cornes du toro. Et quand celui ci ne veut plus charger, c’est lui, Juli, qui rentre dedans ! Sa porfia au cinquième en est une preuve qui ne peut laisser personne indifférent, surtout lorsqu’elle fut précédée de bon toreo, et conclue d’un gros coup d’épée. Chapeau Juli ! Peut importent les oreilles, excessives ou non ! Hier, il s’est comporté en figura qui devait résoudre un problème, « repasser un examen », pour la énième fois…  Pues ! Reçu, élève Juli, avec mention « Bien » !

     10 Juillet – PAMPLONA – 4ème corrida de la San Fermin – Llenazo – Temps gris – Minute de silence, lourde, en hommage au matador Reina Rincon, tué au Pérou, dans des circonstances bien obscures.
     Quatre toros du Capea, sous les fers de sa femme et de ses enfants : Carmen Lorenzo, puis Pedro y Veronica  Gutierrez. Bref, des toros du Capea, sortis : 3,4,5 et 6èmes : Présentation très inégale, allant du terciadito cinquième, au grand sixième, style « autobus à double galerie ». Le quatrième présentait bien mal, mais se sauva grâce à ses cornes. Au moral, un grand toro dont il faut se souvenir : « Recobero », 538 kgs, sorti quatrième : Brave, noble et très mobile.
     En remplacement sortit un premier de Jose Ignacio Charro, noble et donc très faible. Le deuxième était un Charro de Llen, mansote, très mobile.
     Manolo Caballero ne put que jouer les infirmiers devant le premier. Silence – Par contre, l’albaceteño déçut beaucoup de monde, dans la faena au très noble quatrième : des passes, par dizaines, sans rien transmettre. La muleta fait ce qu’elle veut… le toro aussi ! Les deux se retrouvèrent « en relative conjonction », sur trois jolis pechos, et dans la dernière série. Bien peu pour lever une plaza, même euphorique. Après pinchazo, une bonne épée, tendida, et une oreille… qui est une défaite, car ce toro était « de dos y rabo ». Caballero fit une vuelta « hollywoodienne »… Grand bien lui fasse !
    El Juli a mis toute la pression pour triompher : bonnes chicuelinas, devant le Charro de Llen ; trois paires de banderilles, a piton pasado, mais intenses. Brindis à tous, puis au ciel. Le toro est mansote, noblote, très mobile, un peu descompuesto. Le Juli va se montrer vibrant, malin et très adroit. Naturelles, égrenées « en beaucoup de terrain », puis trois pechos, pour se libérer des retours du bicho. Molinete à genoux, final en regardant le tendido. Au moment de l’épée, le toro ne bouge plus, et Juli, qui comptait sur son élan, est obligé « de plonger », pour une épée qui tombe en coin. Oreille, généreuse !
     Par contre, Julian Lopez se montrera très torero face au cinquième. Toro « réduit »  (toutes proportions gardées), du nom de « Avellano », que le Juli reçut d’une larga à genoux, où il se fit peur. Le capeo de réception fut incertain, mais le garçon rectifia aussitôt par un quite en caleserinas, de gros effet sur le public. Bien ! Trois paires de banderilles, « a mas », la dernière étant un vrai « poder a poder ». Le toro débute noble et le Juli enchaîne de longs derechazos bien tournés, templés, profonds, « gustandose » dans la deuxième série. Naturelles tandis que le toro proteste un peu, et raccourcit sa charge. Alors apparaît « le lion Juli », superbe de caste, de courage, de sérénité, à deux doigts des cornes. Le torero rentrera dans le berceau des cornes, arrachant d’ultimes séries, sans jamais décomposer la figure. Dernières passes, pieds joints; dernières giraldillas et un énorme coup de rapière, montant à l’assaut du garrot. Deux oreilles, logiques, au vu des circonstances ; grande vuelta al ruedo et sortie a hombros finale dans la soirée qui tombe, tandis que les tendidos retentissent des derniers « Juli, Juli ! ». Bon triomphe torero.
     Francisco Marco a coupé l’autre jour, une oreille « de chufla », seulement pour être « navarrico » ! Hier, il a récidivé, toréant très inégalement un bon toro et le tuant d’un « bon bajonazo ». Nouvelle oreilles qui va lui faire « beaucoup de mal ». Il reçut par deux largas l’imposant sixième, essaya de lier trois passes, et tua vite… et bas ! On a eu peur de voir un nouveau mouchoir au palco, mais non ! Menos mal !
     Cinq oreilles accordées par le président. Cinq mouchoirs!   Sacré rhume !

     Ce soir: Toros de Jandilla, pour Zotoluco, Eugenio de Mora et El Juli.

 

REINA RINCON : BIEN UN ASSASSINAT !

     11 juillet : Le pauvre Jose Tomas Reina Rincon a bien été assassiné, à Lima. Probablement le jour même de sa disparition.
     Hier, l’autopsie a été pratiquée, révélant que le corps portait une trace de strangulation, probablement avec une sangle, et un gros traumatisme au sommet du crâne. Le corps est resté près de six jours dans l’eau, près de la plage Waikiki, sur la Costa Verde, près de la capitale péruvienne.
     Triste moment : Le père fut obligé d’appeler l’amie du torero, en Espagne, pour lui demander si son fils portait, à l’aine, un tatouage représentant un diable chauve, aux yeux rouges. La réponse affirmative ne laissa plus aucun doute.
     Le corps du malheureux torero a été veillé, hier soir, dans les dépendances de la plaza de Acho. On va le rapatrier aujourd’hui vers l’Espagne et sa ville de Ciudad Real, où la mort tragique de Jose Tomas Reina Rincon a semé la consternation

 

PAMPLONA : ON N’EN DEMANDE « PRESQUE » PAS PLUS…
El Juli finit de régler les affaires.

   12 Juillet : « Chupate esa ! » qu’on pourrait traduire, un peu moins vulgairement, par « Vous n’avez qu’à vous accrocher, maintenant ! »… C’est un peu ce que semblait murmurer le Juli, hier soir, en brandissant la cinquième oreille obtenue, en quatre toros, au cours d’une San Fermin où il a réglé de nombreuses affaires, passées, présentes et futures.
     Histoire de dire à ceux qui déjà l’enterraient ; histoire de « mettre à dix pas » les Ferrera et Fandi qui vont débouler aujourd’hui, sous les cameras de la Télé ; Histoire de bien marteler « Ici, le chef, c’est moi ! », Julian Lopez a « fait de tout », hier, pour couper les oreilles et sortir une deuxième fois « a hombros » sous les yeux d’Hemingway… Il a fait « de tout », parfois rapidement, parfois vulgairement, parfois superbement !
     Rapidement au capote, où le génial inventeur de quatorze quites différents semble avoir tout rangé aux archives. Vulgairement aux banderilles, deux paires sur sept méritant quelque détour. Superbement à la muleta où le Juli fait de constants progrès, parvenant à « gustarse » en de nombreuses séquences. Son début de faena au sixième, avec des trincherazos et un pecho, de cartel, en avançant vers le centre, est digne du Cossio. (Allez donc voir la galerie photos de Maurice Berho, vous m’en direz des nouvelles ! : www.mundotoro.com , page spéciale San Fermin – Rubrique « Imagenes »). 
     Formidable Juli, intelligent, malin, brillant, « muy torero »… A l’épée, c’est un coup de canon assuré, bien que « le saut » implique deux choses :  Il ne décompose pas les temps de l’estocade, et la trajectoire d’attaque n’est plus aussi droite. Résultat : Ligera travesia, léger travers de l’épée, qui lui coûte la deuxième oreille du dernier toro. Mais bon ! Il attaque, monte à l’assaut, comme un fou mais « très lucide », et gagne le respect, autant que les trophées. Chapeau, Señor Juli !

     Et puis, enfin… on a eu des toros dignes de ce nom !  Pas des monstres, pas des brutes impossibles… Non ! Des toros, tout simplement, qui sortent au galop, rematent aux planches, bondissent d’un burladero à l’autre, dés qu’une montera fait mine de sortir. Des toros qui répètent dans la cape, agressifs, avec fixité et codicia. Des toros qui vont au cheval, et font leur devoir, certains avec bravoure. Des toros qui arrivent fort à la muleta, même si quelque force va leur manquer, ou si leur caractère va tout à coup se modifier… En un mot, des toros de combat, certains de caste, certains de classe… Borja Domecq peut être satisfait, il a sorti « la » corrida et « le » toro de la feria, jusqu’à présent. Pas mal ! Ce toro, le quatrième, du nom, déjà historique, de « Jaqueton » est à noter sur les plaquettes du souvenir. Toro encasté, brave et noble, qui a fini par « bouffer tout cru » le Zotoluco !
     On n’en demande pas plus ! presque… Des toros et des hommes ! Et tout naturellement, on fête les hommes, et on les respecte tous, même s’ils cafouillent et ennuient un peu, comme Eugenio de Mora, hier. Ses toros étaient les plus durs, peut-être… Mais qu’auraient donné ces bichos, entre les mains du Juli ? On ne le saura jamais. C’est en cela que la Fiesta est « grande » et « brava » !

     « Tutti contenti, pues… ! » Il faisait « grand beau »  et, le matin, l’encierro avait été très spectaculaire : Les Jandilla ont mis quatre minutes vingt secondes. Un toro est parti devant, comme un fou, gagnant tout le monde à la course. Derrière, dès le début, un colorado du nom de «Romero » a commencé à regarder et « balancer » de tous côtés, créant la panique. Danger qui s’est traduit par deux cornadas (Un canadien et un anglais. Sorry !) tandis que monsieur Jean Marie Gaudin recevait un fort traumatisme à l’abdomen. Hombre ! A 60 ans, on respecte, mais vaudrait mieux aller taquiner le goujon ! Mais voilà… De tous âges et venant de partout… la folie San Fermin ! « Viva, pues ! »

     11 Juillet – PAMPLONA – 5ème corrida de Feria – Llenazo habituel – Grand bleu :  
     Belle et bonne corrida de Jandilla
. Présentation irrégulière, quant au poids (500, 505, 530, 609, 565, 524 kgs), mais homogène quant à la conformation et aux armures. Corrida qui sort avec codicia et fijeza. Bravoure en certains épisodes, comme au quatrième. Noblesse encastée, un brin de distraction, un poil de manque de forces chez certains, mais toujours la nécessité pour les hommes, « de combattre », et non de jouer les infirmiers ou les psychiatres. 
     Un grand toro, brave, encasté, qui alla «a mas », le quatrième du nom de « Jaqueton ». Bon toro, également, le sixième « Romero »… C’est celui qui avait fait du grabuge, le matin. Buen toro, para buen torero !
    
Zotoluco a coupé l’oreille du premier. On en est heureux pour lui… mais ! Le mexicain a toréé les Jandillas, comme il torée les Miuras : Grande volonté, technique et variété, mais gestes brusques, corps trop incurvé… C’est rapide, forcé…un poil vulgaire. Il débuta sa première faena, à genoux, plein centre. Les séries qui suivirent furent plus spectaculaires que classiques et reposées. Trois bonnes naturelles et final à genoux qui précède une entière ladeada, de côté. Bueno !
     Venant « cruzado », le quatrième (« Jaqueton » - 609 Kgs) faillit l’écharper dans la larga à genoux. Zotoluco se reprit bien et donna un grand quite par « vraies chicuelinas » (C’est le balancé de  la cape « qui trompe » le toro, et non le torero qui fait un pas de côté) Olé ! Bon début de faena, genoux en terre « en restant là ». Le toro, bravement piqué par Acosta, accepte les premières séries, puis décide que ce jeune homme ne le domine pas assez. Du coup, « il remonte », et finit par déborder le mexicain. La preuve évidente : Zotoluco veut terminer par un abañiqueo, si élégant et si ridicule, lorsqu’il se fait devant un bloc de marbre. Là, ce fut une tout autre mélodie : le toro suivit chaque mouvement de la muleta, en avançant sur l’homme, qui eut bien du mal à s’en dépêtrer. Conséquence : Estocade sans confiance, en deux attaques. Mais ce n’est pas « à l’épée » que le Zotoluco a perdu la bataille. Ovation, en attendant les Miuras !
     Eugenio de Mora a été "mal". Sans grande illusion, semble t’il ! Sans grands recours ! Il touche les deux compliqués : Un qui s’arrête vite et l’autre qui devient un gros brutal. De Mora accumulera les essais avec bonne volonté, donnera trois bons pechos, mais finira par ennuyer tout le monde. Le cinquième lui donna deux émotions… Tuant mal, Eugenio de Mora entendit deux silences respectueux ?
     El Juli est "un monstre" ! Un monstruo del Toreo!  Son premier est un peut faible, se donnant une petite vuelta de campana. Mal piqué par Salvador Herrero, banderillé « vulgaire » par le maestro. Le panorama changea, dès les premières passes de muleta. Grand début en avançant vers le centre. Gros trincherazo. Le trasteo sera un peu inégal, le Juli tardant à trouver le bon rythme, changeant qualité par quantité. Mais, quand il trouva le sitio, la distance et la cadence… la faena monta de trois crans. Final magnifique, scellé d’une grosse épée en montant sur le toro. On attendait deux oreilles (vu le trophée accordé au Zotoluco). Un seul trophée et grosse vuelta pour un Juli « heu..reux ! »
     Son triomphe au sixième est d’un autre calibre. Toro noble, qui répète beaucoup. El Juli partira quatre fois, aux banderilles, avec un cuisant échec à la deuxième course, par excès d’ambition. A noter une quatrième paire por fuera, partant de l’estribo… sur le côté gauche. Début de faena magistral, gustandose, torerisimo, par statuaires, trincherazos et firmas enchaînées, avançant vers le centre et concluant d’un énorme pecho ! Vaya ! Puis, les séries s’enchaînent, sur les deux côtés, le torero ralentissant sa cadence, le corps relâché, bien appuyé sur la jambe avancée. Que bonito ! Que cela semble facile. Grande faena d’un Juli totalement retrouvé, qui assure une grosse estocade. Malheureusement, la lame part un peu contraire et de travers, très en arrière. Le toro ne tombe pas vite, et Manolo Belmez le relève, à la puntila. Juli est obligé de descabeller, mais la deuxième oreille est partie. Poco importa ! Pamplona est contente ; Juli est fou de joie… et nous applaudissons ! Nous n’en demandons pas plus.... presque! 

     Ce soir : Corrida télévisée (18h30 – TVE2) : Toros de Dolores Aguirre pour Juan Jose Padilla, Antonio Ferrera et El Fandi. A enregistrer !

 

BAYONNE: LES NOVILLOS DU 14 JUILLET .

     12 Juillet : Bayonne ouvre ses portes, dimanche ! La plaza est en train de se refaire une beauté… Si le temps "accompagne", on viendra de loin pour la novillada du 14 Juillet.
     Cartel simple, varié, sans faire appel à quelque « niño bonito » : Raul Cano, un bilbaino au toreo classique, presque austère ; Matias Tejela, un madrilène, ou tout comme, vedette de la novilleria actuelle, tout auréolé de ses triomphes madrilènes. Enfin, Manuel Escribano, Sévillan blond frisé, torero « tous terrains », dans toutes les positions. Un grand animateur, mais pas un gros tueur, contrairement à Tejela.
     « En face »… des novillos de Loreto Charro. Si la novillada sort comme les lots « d’il y a quelques années »… va y avoir du spectacle ! Pour le reste, allez donc les voir au campo (cliquez ici), et venez donc à Lachepaillet, dimanche !

 

PAMPLONA : UNE GRANDE CORRIDA !
"Un respect !" pour les toreros !

     13 Juillet : « Entendons-nous bien !  Ce fut une mansada ! Mais pourtant, on ne s’ennuya pas un instant, parce que dans le ruedo, il y avait des toros et des hommes…
     Des toros, pleins de défauts, sans doute, mais dont la présence « imposait » et créait l’émotion. ! Des hommes, pleins de folle vaillance, l’esprit parfois embrumé, mais totalement prêts à se jouer la peau pour triompher, et « planter » les copains…

     La corrida de Pamplona, hier, méritait d’être enregistrée, et mérite d’être archivée, parce qu’elle montre ce que doit être « une corrida de Pamplona » : Des toros, et des hommes.
     Pas d’oreilles par pelletées… Et alors ? L’émotion, seule, est déjà un triomphe…
     Quand le Fandi part à reculons pour une paire de banderilles, se fait gagner de vitesse, se fait rattraper, basculer, piétiner… Quand, une minute plus tard, « il met la même », avec succès, parce que Ferrera a eu le geste de lui donner une autre chance de briller, « à son toro »… cela vaut toutes les oreilles du monde !
     Quand Ferrera est dangereusement poursuivi par ce même toro, au descabello, et qu’il se fait accrocher… Fandi est là, reste tout près, au callejon, prêt à secourir son compagnon et principal concurrent. Ferrera remet un entière… Fandi s’éclipse discrètement. Superbe !
     Quand Padilla, à la limite de la rupture, face à ces jeunes loups, patauge aux banderilles, et se la joue, à la muleta, au point de prendre « deux boites » dont il sort apparemment indemne, on ne peut que saluer l’homme vêtu de lambeaux, et le torero qui se relève, prend son épée et met une estocade entière. Incroyable !

     Mansada de Dolores Aguirre. Mansada total, au cheval. A la muleta, trois « ont servi » et le Fandi a touché « les deux carnes… Mais chaque toro, chaque lidia, ont apporté un moment, parfois un éclair, de grand Toreo, que ce soit à la cape, aux banderilles, bien sûr, ou à la muleta. Même le désastre de Ferrera, (à nouveau sur 100 000 volts) au descabello, avait quelque chose de grand… La preuve, le public l’a respecté et malgré les avis et une avalanches de coups mal préparés, mal portés, a gardé un silence de dignité. Faut dire qu’Antonio Ferrera s’était donné, avant cette « déroute de l’acier »
     Pamplona a retrouvé hier son identité : Feria dure, folle, extrême… mais feria profondément humaine et noble. On a plaisir à s’écrier « Viva San fermin ! »

    12 Juillet – PAMPLONA – 6ème de Feria – Llenazo – Beau temps, avec du vent – Corrida télévisée en direct – A un burladero du callejon : Cesar Rincon.
     Les toros de Dolores Aguirre sont ont fait des sorties impressionnantes, en particulier, le premier toro. Puis, les présentations se sont révélées disparates, quoique toujours très sérieuses. A la bascule : 570, 580, 520, 550, 480, 560 kgs. Corrida mansa au cheval, même si deux toros ont pris, sans rechigner, un gros châtiment : les 2 et 6èmes. Toros solides et très mobiles, excepté le troisième qui s’arrêta d’un coup, en début de faena. Pour le torero : Le deuxième, complet ; le premier, et le cinquième quand on toréait « vers » sa querencia. Le lot du Fandi fut impossible, au troisième tiers.
     Juan Jose Padilla a semblé, durant toute la corrida, à la limite de la rupture. « Il » n’est plus le centre d’attention. Comme si on n’attendait plus rien de lui, qu’on ne connaisse déjà. D’autres, plus brillants, plus audacieux, plus fous peut-être, sont arrivés qui ont éteint sa flamme, presqu’aussi sûrement que les terribles blessures reçues au cours de ces deux dernières années. Padilla s’est donné au maximum, hier, mais a fini en lambeaux, le corps moulu, l’âme en charpie... Pourtant, c’est lui qui donne la seule vuelta de la journée. Lo que son las cosas !
     Trois faroles à genoux, pour recevoir le premier. Bon ! Echange de banderilles, avec les jeunes fauves que sont Ferrera et Fandi. Padilla fait ce qu’il peut, mais sort vaincu de ce premier duel. Brindis à toute l’équipe médicale de la plaza, qui lui a sauvé la vie, l’an passé. Faena médiocre, rapide, destemplada, à un toro qui semble aller et venir « fort, mais clair ». Padilla n’arrive pas à gagner le public. En fin de trasteo une bonne série et plus de vibration. Mort en trois temps, et petite ovation de vieille amitié.
     Face au quatrième, Juan Jose Padilla fera peine à voir, aux banderilles (hier, son point fort) même s’il se sauve par une troisième paire « al violin ». Faena plus engagée, à un toro plus rebrincado, court de charge, un peu collant. Tout à coup, Padilla reste à portée du toro, touchant le piton de sa main, comme dans un adorno de domination. Erreur fatale ! le toro fuse et prend le diestro, lui infligeant une terrible voltige en plusieurs épisodes. Secoué, la taleguilla déchirée, Padilla revient, donne deux derechazos et se fait à nouveau prendre, très dangereusement. Tout le monde a vu la corne entrer dans la jambe gauche. A peine retombé au sol, Padilla est repris, avec une violence extrême, sa tête faisant « un drôle d’angle », pendant que le corps s’envole au dessus du piton. Horreur totale ! On croit tous à quelque chose « de gros » ! Le Jerezano se relève, la teleguilla en charpie, complètement hachée aux deux jambes. Il calme tout le monde, rassemble ses esprits et ses forces, pour un pinchazo, et une entière qui libère tout le monde. Le public lui fit donner vuelta, et Padilla a fini par se laisser convaincre de passer à la révision médicale. A priori, il n’a rien. Son corps est « bleu », mais il n’a rien. Le sastre, par contre, a du pain sur la planche.
     Antonio Ferrera aurait pu couper, au minimum, deux oreilles. Au lieu de cela, il prend un et deux avis, entend deux silences, et, au passage, prend un grand coup dans les fesses (on ne rigole pas ! cela aurait pu être très grave). Antonio Ferrera a été « énorme » de vaillance et de clairvoyance, tant qu’on ne parlait pas d’épée ou de descabello : au capote, on retiendra un gros quite par navarras, en tournant bien sur la pointe des zapatillas. Aux banderilles, il est le vainqueur de la soirée. Trois paires, entre autres : Le cuarteo au premier de Padilla ; Et deux paires au cinquième toro : Partant de l’estribo, comme pour un « por fuera », Ferrera change soudain d’idée et de trajectoire, pour revenir « à l’intérieur », et clouer un gros « por dentro », entre toro et barrière. Tout le monde est sidéré ! Enfin, un quiebro au centre, très court, après avoir longuement cité à genoux, presque couché en arrière. Très spectaculaire ! 
     A la muleta, Ferrera alterna le bon, le très bon, avec l’électrique et le clinquant. Ses progrès sont évidents, dans la lenteur, la cadence, le templé de ses derechazos, souvent clos de magnifiques passes de pecho. Longues droitières au noble deuxième, avec des changements de main par devant, des tours complets enchaînés, parfois terminés d’adornos plus discutables, comme ce remate en regardant le public, une fois que la corne est passée...  Bonne faena, qui part pour deux oreilles… Mais, à l’heure de l’épée, Ferrera se contente d’un pinchazo hondo, veut descabeller, et subit un énorme échec  avec le verduguillo, au point de se faire poursuivre et accrocher au niveau de la fesse gauche. Pas de mal, excepté pour le costume, soudain « aéré » à cet endroit. Ferrera « remet » une épée qui semble définitive, mais c’est le puntillero qui relève le bicho. Ayyyy ! Avis et silence au lieu d’une, sinon deux oreilles.
     Le cinquième est un manso mobile et noble, surtout quand on le torée vers son terrain de querencia a tablas. Ferrera ne va pas s’en priver, réussissant à placer plusieurs séries, mi classiques, mi surexcitées… A l’épée, ce fut un terrible désastre, le torero piquant n’importe comment, avec le descabello. Curieux comportement, « à la limite de… » ! Deux avis, pour une pluie de coups, portés à la sauvette, comme « ailleurs »… Dommage.
     El Fandi respire la santé. Depuis qu’il triomphe partout, même son visage a changé : plus fin, moins « poupin », plus rayonnant. Sa présentation à Pamplona a bien failli tourner court, lors de l’accrochage par le toro de Ferrera. De plus, le granadino n’a pas eu de chance avec son tirage au sort : Il touche les deux « pires » ! Malgré ce, on le vit très actif à la cape : quites par navarras, par chicuelinas à genoux… Aux banderilles, clair et en puissance, avec une paire de la moviola au deuxième, et un violin au troisième. Mais Pamplona n’a pas encore vu un Fandi « complet », avec les palitorques. Très bon début de faena, au toro de la présentation (un tal «Burgalito ») : doblones de grande classe, gustandose, et gros pecho. L’eau à la bouche ! Hélas, le toro décida de s’arrêter là, et il n’y eut plus moyen de lui sortir une passe. Le Fandi essaya, sous tous les angles, et finit par le défier en un desplante à genoux, sous le mufle. Demi estocade d’effet immédiat, et ovation.
     Le sixième tourna court également, et le Fandi, désolé, dut se contraindre à en terminer rapidement, sortant applaudi de la plaza, et donnant le rendez vous à tous, pour cet après midi où, comme on l’avait supposé, il remplacera Enrique Ponce, devant les Torrestrella, en compagnie de Victor Puerto et Antonio Ferrera.

     A n’en pas douter, les deux toreros ne vont pas en rester là, et voudront laver le relatif affront d’hier… A l’assaut !

 

REINA RINCON : « CE N’EST PAS CLAIR ! »

     13 Juillet : Le corps Jose Tomas Reina Rincon, le malheureux torero, assassiné la semaine dernière à Lima, au Pérou, est arrivé hier à Madrid, dans un climat de grande tristesse, et lourd de soupçons.
     Devant les allégations de la police péruvienne, le père du malheureux a demandé une deuxième autopsie, pour approcher au mieux la date et les circonstances de la mort de son fils.
     Des éléments semblent troubler les autorités péruviennes qui tendent à soupçonner l’un des compagnons de l’infortuné diestro. Deux professionnels sont ici clairement visés : Curro Martinez « El Curro », compagnon de chambrée, qui a dénoncé la disparition, le 2 Juillet ; et Antonio Bricio, matador mexicain, dont le nom a sonné en de multiples occasions, en particulier lors de la dernière feria du Scapulaire d’or, à Lima.
     « Compagnon de route », Angel Gomez Escorial mettrait sa main au feu, pour assurer que ces collègues n’ont rien à voir avec ces tristes évènements, mais…
     Espérons que la lumière se fera vite sur cet horrible fait divers, en espérant que le costume de lumières ne se verra pas, une fois de plus, maculé de quelque noire turpitude.
     « Pas clair ! … et pas fini ! »

 

PAMPLONA : DEUX « F », COMME... « FRENESIE"!
Ferrera et Fandi! Mais... surtout Fandi!

     14 Juillet : Après Madrid, la temporada a pris un nouveau tournant, hier, 13 Juillet, en plaza de Pamplona.
     La San Isidro a révélé Antonio Ferrera aux yeux du grand public. Déjà, en petits comités, et en France, on murmurait « Il peut toréer calme, lent. Tu verras ! » Effectivement, on a vu… à Séville, à Madrid.
     Mais Las Ventas avait également fêté « El Fandi », un tourbillon venu de la Sierra Nevada, au dessus de Grenade. Il n’avait pas complètement triomphé, mais… « Un toque de atencion ! », comme on dit, de l’autre côté.

     L’autre jour (voir 5 Juillet), on soulignait ici que Pamplona serait le cadre d’une grande bagarre, entre Ferrera, El Fandi et… les autres.
     Le Juli l’a bien senti, qui a poussé à fond les manettes de gaz, coupant cinq oreilles en deux courses, ce qui arrangeait bien ses affaires, vis à vis de ses plus proches concurrents, Ponce et Tomas, actuellement en convalo… Mais surtout, il surveillait du coin de l’œil ces deux fous furieux de Ferrera et Fandi, qui vont lui faire la vie impossible, sous peu.
     Vendredi, les deux toreros s’étaient battus avec une corrida très dure de Dolores Aguirre. Hier, on avait invité Fandi à remplacer Ponce (ce qu l’on avait vu venir), et les deux duettistes se retrouvaient, à armes égales, face à une corrida « buena »… Corrida de Don Alvaro Domecq. Invité témoin, Victor Puerto…

     La grande bagarre a eu lieu ! Les deux toreros sont sortis « a hombros », au milieu de l’enthousiasme général. Mais un torero a vaincu et convaincu. L’autre, non…
     Hier, 13 Juillet 2002, « El Fandi » est définitivement entré dans le peloton de tête, et a mis un bain à un Antonio Ferrera, certes volontaire et torero, mais électrique, accéléré, jonglant entre admirable et vulgaire.
     Trois oreilles pour David Fandila, vainqueur aux points, que ce soit à la cape, aux banderilles ou à l’épée. Côté muleta, les deux ont fait dans l’abondance, mais l’avantage revient au granadino, en constants progrès et toujours désireux de faire les choses « bien ». Et, contrairement à Ferrera, il paraît  beaucoup plus « réfléchi » et sincère.

     Hier, Pamplona a contemplé « deux frénésies » et les a fêtées, comme il se doit, avec ferveur et générosité. Du coup, le classique, l’académique est resté à l’écart, comme dans un autre monde. Victor Puerto, considéré comme un baroque et un torero de spectacle, a paru tout à coup bien fade. Il est vrai que ses toros ne l’ont pas aidé.
     Deux « F », comme « Frénésie ». Deux « F », comme Ferrera et Fandi.
     La temporada 2002 devient, d’un coup, « différente », et certains toreros peuvent déjà se faire grand souci. Les ferias n’étant pas « élastiques », les deux compères vont accaparer les postes aux dépens, forcément, de ceux que l’on considérait comme « des bons compléments de cartel. Ainsi, des toreros comme Espla, Pepin Liria, Eugenio de Mora, ont du souci à se faire. Tandis que d’autres, comme El Califa, Alfonso Romero, Rafael de Julia disparaîtront, malgré les succès passés, ou les appuis dont ils peuvent bénéficier.
     Nous sommes rentrés dans une nouvelle ère et, comme cela s’est souvent produit, l’aficion populaire va devenir… « enfandilada ! » jusqu’au jour où paraîtra un nouveau phénomène… C’est toute l’Histoire de la Tauromachie.

     13 Juillet – PAMPLONA – 7ème de la San Fermin – Llenazo – Beau temps : La corrida de Torrestrella a fait grande impression. Certes, la présentation fut inégale, les 2 et 3èmes étant un peu « limite » de trapio, mais l’ensemble est à saluer, avec en exergue les 1 et 5ème toros, magnifiques. Ce dernier, du nom de « Sonajero » était un burraco sensationnel, une véritable estampe. De plus, il fut un modèle de toro de combat, tant au fer qu’aux engaños, vendant chèrement mais noblement sa peau. Un toraco !  Les meilleurs furent les 2, 5, 6èmes. Les pires : 1er et 4ème. A la bascule : 610, 509, 550, 514, 565, 505 kgs
     Victor Puerto a touché la mauvais lot. Classique, très académique, il fut dépassé par les circonstances, ne pouvant lutter contre le typhon des deux « F ». Son impressionnant premier avait la tête « au deuxième étage », et Puerto ne put rien en faire, tuant d’une demie tombée et quatre descabellos. Le quatrième était un balourd, bien soso, bien fade. De plus, « c’était l’heure du goûter », dans les peñas. Puerto s’ennuya, et ennuya. Silence partout.
     Antonio Ferrera toucha le meilleur lot. Il coupa une oreille de chacun, et s’accorda une deuxième vuelta, parce que le public demanda en vain la seconde oreille du deuxième. Antonio Ferrera est sorti a hombros… et pourtant, il a été bien moins convainquant que la veille… et « à cent lieues de Madrid ». Que pasa aqui ? La véritable nature du torero reprendrait elle le dessus ? Cette double personnalité du « Docteur Ferrera et Mister Antonio » laisse perplexe. Quel est le vrai Antonio Ferrera ? Ce soudain classique, presque raffiné ? Ou ce frénétique qui torée à cent à l’heure, dans tous les sens, jetant des yeux fous au public, au toro, à son apoderado ? En que quedamos ?
     Hier, Ferrera a eu des détails « monumentaux », avec cape, banderilles et muleta. Il a été beaucoup plus expéditif, avec l’épée. Il a triomphé… et pourtant, son actuacion laisse « mal à l’aise », comme s’il avait rendu une partie du triomphe de Madrid, et des espoirs soudain portés sur lui. Cela dit, un formidable animateur, qui a placé, au grand burraco cinquième, un grand tiers de banderilles, virevoltant à la pointe des cornes, réunissant et clouant « dans le haut ». Enorme !  Cependant, face aux deux meilleurs, Ferrera a donné deux faenas « de quantité », à fond, sans laisser personne respirer. Certes il triomphe, mais son succès est incomplet, et inquiète un peu.
     El Fandi triomphe sur toute la ligne. Il coupe une oreille de son premier, auquel il donne l’estocade de la Feria. Pétition de la seconde oreille et deux vueltas. Et pour finir, il monte un festival au bon dernier, coupant deux oreilles incontournables et s’érigeant en probable triomphateur de la feria. A la cape, il fait tout, y compris les lopecinas. Aux banderilles, il plante dans toutes les positions, en avant ou en arrière, sans oublier sa paire « al violin ». A la muleta, cela baisse un peu, mais il s’améliore à chaque sortie. Hier, ses naturelles ont remporté tous les suffrages. Enfin, à l’épée, il entre très fort et en décomposant. Torero complet, largo, qui apprend à une vitesse folle, avec, de plus, une grande marge de progression. A suivre, passionnément..
     A retenir : Cinq véroniques à genoux à la réception du troisième ; deux paires de banderilles où, comme au précédent, il sort vainqueur du duel avec Ferrera. Début de faena, au centre, à genoux ; grandiose passe de pecho. Faena un peu rapidilla, avec cependant de grands moments, bien tirés, sur main gauche. Grand volapié, superbement préparé et exécuté, même s’il est un poil tombé. Au sixième : Le festival ! Portagayola, cinq véroniques, terribles, chicuelinas et remate à genoux. Y olé ! los valientes… Au quite, les lopecinas, piquées au Juli, closes d’une grande demie. Aux banderilles : quatre paires dont « la moviola » et « le violin ». Vuelta en fin du deuxième tercio (Ferrera est battu). Faena de poder, avec, encore, de très bons moments, à gauche. Grand volapié, perdant la muleta. Poco importa.. deux oreilles et apothéose.
     Sortie a hombros des deux « F », comme « frénésie » ; des deux F », comme Ferrera et Fandi ! « Esos es la Fiesta Brava, de verdad ! »

     Ce 14 Juillet, Pamplona ferme sa feria avec les Miuras. 597kgs de moyenne, dont un colorado de 660. Au cartel : Zotoluco, Fernandez Meca et Juan Jose Padilla. Au quite, un jour encore, le capote de San Fermin.

 

EN FRANCE : A CHEVAL, MIEUX QU’A PIED…

     14 Juillet : Les drapeaux flottent au vent (un peu trop, au goût des vacanciers… et des toreros !). C’est le 14 Juillet : Fiesta Nacional ! Défilés, bal des pompiers, feux d’artifice ! Les filles sont jolies ! Un peu trop habillées, cette année ! Maudite météo ! A Paris… la garden party ! « Tais-toi donc, grand Jacques ! »
     On va rendre honneur à un gamin de 13 ans qui a sauvé un « abuelito pescadou » de la noyade. Chapeau, garçon ! Un peu plus loin, les pompiers de Paris et ceux de New York vont se fondre en un vrai abrazo. On n’oublie pas… on n’oubliera jamais !

     Et puis, le 14 juillet, on parle "Toros", un peu partout ! A Céret, à Bayonne…

     Cela a débuté, hier, chez les copains du Sud Est. A « Céret du toro », ils n’ont pas vu grand chose, faute de « matière première ». Ce sera pour aujourd’hui.
     Pendant ce temps, à Mejanes, un cavalier virevoltait plus, et mieux, que ses compères, et remportait « le Rejon de Oro ». Son nom… Pablo Hermoso de Mendoza.

     13 Juillet – CERET – 1ère de Feria – Plein – Du vent : (par correspondance)  Déception de la part des toros : Quatre portugais de Vaz Monteiro qui faisaient présentation et ont déçu, en tout : plumage et ramage. Pour compléter : Deux de Juan Luis Fraile (sortis 2 et 4èmes), plus sérieux et peu commodes.
     Fernandez Meca ne se sentit pas à l’aise devant le premier, veleto et très reservon. Le quatrième passa son temps par terre. Triste.
     Domingo Valderrama ne fut jamais à son avantage, tant devant le deuxième, à la tête « en haut », que face au cinquième, un fuyard qu’il essaya vainement de bloquer dans un coin qui n’existait pas.
     Juan Jose Padilla, passablement moulu de ses aventures pamplonesques, n’eut que peu d’options, devant des toros parados ou rajados.
     Silence partout, pour tout le monde, avec quelque sifflet de déception. A oublier.

    13 Juillet – MEJANES – Corrida du « Rejon d’Or » - Lleno : Corrida relativement maniable de Luis Terron.
     Pablo Hermoso de Mendoza n’a pas de difficulté à remporter le trophée, coupant deux et une oreilles, respectivement, devant Alvaro Montes, qui obtient un trophée du troisième, et Leonardo Hernandez, en moindre forme.

     Ce 14 Juillet, les cartels de France sont les suivants :

     A Céret, double session : Ce matin, avec la novillada de La Quinta, pour Fabian Barba, Nuno Velasquez et Reyes Ramon. Cet après midi, avec une corrida de Jose Escolar, pour  Luis Francisco Espla, Luis Miguel Encabo et Fernando Robleño.
     A Fréjus : Toros de Parladé, pour El Fundi, Juan Bautista et Sebastien Castella.
     Aux Saintes Maries : Corrida de Rejoneo, avec Patricia Pellen, Sergio Galan, Martin Burgos, alvaro Montes, Rafi Duran et Sergio Dominguez, face à du ganado del Sierro.
     A Bayonne : Novillada, forte, de Lorreto Charro, pour Raul Cano, Matias Tejela et Manuel Escribano.

 

REINA RINCON : ENCORE PLUS HORRIBLE…

     14 Juillet : Le dénouement du tragique fait divers qui vient d’attrister le mundillo est encore plus horrible, encore plus écoeurant, que tous les scénaris auxquels on pouvait s’attendre.
     Tout d’abord, les compagnons de Reina Rincon sont lavés de tous soupçons, puisque l’on a arrêté, hier, les auteurs de l’assassinat. Il s’agit d’un policier et de trois vigiles assermentés auxquels on avait fait appel, dans la nuit du 2 juillet, parce qu’un jeune homme, pris d’alcool ou de drogue, faisait du scandale et avait dévasté trois étals de vente ambulante, près du parc Kennedy, dans le quartier de Miraflores, à Lima.
     Les trois fonctionnaires l’avaient fait monter dans une camionnette de police, en le frappant d’abondance et en criant qu’ils allaient lui donner un bain, « histoire de le calmer un peu ».
     Le véhicule se dirigea vers la plage de La Estrella. A l’intérieur, devant l’agressivité du jeune, les coups ont continué de pleuvoir… jusqu’à des conséquences « fatales ». Les policiers, qui ont fouillé le cadavre, lui ont volé 1200 dollars et sa montre, que l’on a retrouvé sur l’un d’entre eux.
     Ils ont décidé de jeter le cadavre à la mer, espérant qu’elle l’emporterait loin, et longtemps. Heureusement pour la vérité, le ressac a ramené le corps, qu’un des vendeur du parc a reconnu dans les journaux du lendemain, donnant l’alerte et découvrant à tous, la terrible histoire.

     C’était donc… « une bavure policière ! ». Une véritable horreur, un sale coup de ceux qui, soit disant, représentent la Justice ! Dire que l’on aimerait tant y croire ! Tant leur faire confiance, ici ou ailleurs !
     Il n’y aura peut-être pas de seconde autopsie du pauvre Reina Rincon. Qu’il repose en paix ! Que ses parents, et amis, puissent enfin le pleurer tranquillement. Le Monde Taurin les salue.

 
PAMPLONA : «POBRE DE MI ! »
Mauvaise corrida de Miura.

     15 Juillet : "Ya se acabaron las Fiestas de San Fermin". En un mot… c’est fini ! La Feria de Pamplona 2002 a vécu. Tout s’est à peu près bien passé : Beaucoup de monde, bonne ambiance, mais la vie qui a beaucoup augmenté. Cela coûte cher, maintenant, de se mettre « comme un monstre » ! Aussi, la plupart des festayres apportent « leurs munitions » et déambulent dans les rues, le litron à la main. Bof !
     Les encierros se sont également "à peu près bien passés", avec, cependant, un bilan global de 12 blessés graves par corne de toros (Jusqu’à présent, 6 à 7 blessés par feria).
     Pour ce qui est des corridas proprement dites, Torrestrella a remporté tous les prix : Celui du meilleur lot, et le trophée « Carriquiri », au toro de la feria : « Sonajero », N°30 – 565 Kgs, cinquième toro, estoqué par Antonio Ferrera, samedi 13.
     Il y a eu beaucoup d’oreilles concédées. Beaucoup trop. On peut penser que cette « générosité extrême » a un peu faussé les débats. Cependant, le grand souvenir de la feria se centrera sur « le duo d’enfer », que constituent Ferrera et Fandi, mais également sur l’impeccable participation du Juli  et le courage, plein de superbe, d’Antonio Barrera.

     Hier, les Miuras ont fait peur au Zotoluco et à Padilla. En fait, tout en étant « Miura », ils n’ont pas fait honneur, loin s’en faut, à leur devise. Seul Fernandez Meca s’est vraiment mis devant le cinquième, et a reçu juste récompense. Des voix s’élèvent à Pamplona, qui commencent à refuser l’engagement systématique des Miuras, alors qu’ils n’ont rien montré, depuis des années. « Poble dellos ! »

     14 Juillet – PAMPLONA – Dernière de Feria – Llenazo – Froid et vent :  Corrida de Miura, dans le type de la casa, hauts, lourds et longs, mais pas monumentaux (595, 590, 569, 660, 600, 570 kgs). Hélas, le comportement fut « tristote » : Mansos ou sosos. Tout le monde s’est ennuyé, d’autant que, figés par la légende, certains toreros n’osèrent pas les affronter vraiment. Le meilleur fut le cinquième, parce que le torero voulut vraiment l’approcher.
     Zotoluco (Silence, après avis – Silence) sort battu de cette feria où il devait rectifier le faux pas de la San Isidro. L’autre jour, il laisse passer un Jandilla. Hier, il parut paralysé par le nom de Miura. Il mit un temps fou à vouloir s’approcher du long premier, amoncelant les passes de châtiment, et ne se redressant qu’à grand peine, en trois derechazos fuyants. Demie basse, et deux descabellos. Le quatrième, qui prit quatre piques par Efren Acosta, était le garbanzo du lot : charge courte, arreones. Pas sympa du tout ! Zotoluco essaya un peu, puis laissa tomber, en quatre temps.
     Stéphane Fernandez Meca (Ovation – Vuelta) se montra très volontaire devant le deuxième, aux forces limitées. Le toro ne baissa jamais la tête, et le français, après de vains essais, le tua bien, d’une entière trasera, un peu tendida. Le cinquième poussa fort, et révéla l’excellence de ce nouveau subalterne « de lujo », que devient Morenito de Arles. Fernandez Meca se montra très engagé, avançant la muleta pour une bonne première partie sur les deux mains, d’où émergèrent de très bonnes naturelles. Final plus spectaculaire, enchaînant les adornos et rodillazos. Pinchazo, hélas, dont il sort avec un puntazo au plexus, et entière caidita. Grande ovation du public qui se réchauffe enfin, et vuelta.

     Juan Jose Padilla (Silence après avis – Silence) a bien banderillé… un point, c’est tout. Pamplona fut loin de retrouver le Padilla des précédentes Miuradas. (Faut dire que…). Son premier était soso, fadasse. Padilla fit deux ou trois choses, fades… et tua, catastrophique : quatre pinchazos, une demie basse et un descabello. A signaler que ce toro prit une pique du « réserve », alors qu’il avait encore, fichée dans l’échine, la pique qu’il avait arrachée au picador « de turno ». Cela fait désordre.
     Le sixième était un roi du zig zag, et Padilla n’insista guère, tuant en trois temps, alors que tout le monde révisait déjà son « Pobre de mi ! Ya se acabo la San Fermin ! »

 
BAYONNE : GRANDE NOVILLADA DE LORETO CHARRO
Matias Tejela « se sent » torero!

     15 juillet : Ceux qui ne sont pas venus ont eu grand tort. Peut être avons nous déjà vu « le » lot et « la » faena de la Saison 2002, en plaza de Bayonne. On ne le souhaite pas, bien sûr, mais il faudra vraiment que soufflent tous les duendes, pour qu'on voit meilleur toreo que celui de Matias Tejela au cinquième novillo de cette lumineuse tarde « de Fiesta national », à Lachepaillet.
     Le lot de Loreto Charro était impressionnant de présence : Novillos lourds, sérieux, très correctement armés. Un petit détour par les poids des « novillos » : 507, 505, 529, 507, 550, 537 kgs. C’est à dire, une corrida de toros. A part le premier, faible, et le sixième, incertain et court, les novillos de Salamanca, de souche Atanasio, ont donné grand jeu, avec noblesse, mais sans innocence ; mobilité et résistance, permettant au trois toreros des faenas longues où ils purent entièrement s’exprimer… et ils ne s’en privèrent pas.
     Trois novilleros, trois personnalités.
     Raul Cano, me fait penser au fils de Pepe Luis, en 1979, quand il était novillero : Cette façon d’aller au toro, timidement, presque « en lui demandant pardon », et soudain, après quelques hésitations, de très bons muletazos auquel il ne sait pas assez donner d’importance.
     Manuel Escribano, le troisième est un torero « tous terrains » qui mord dans le toro, toutes dents dehors. A la cape, aux banderilles comme à la muleta, cela part dans tous les sens, très fort et très vite. Dans le callejon, une cour de gens, tous plus importants les uns que les autres, font un tapage monstre et se contredisent dans leur conseils au torero. Peu importe, il y a là Manolo Cortes qui essaie de mettre un peu d’ordre… Il a du boulot, Manolo !
     Et puis… Matias Tejela. L’épée lui a joué un sale tour, aujourd’hui. Sinon, il coupe trois oreilles. Formidable prestation de ce jeune qui « se sent torero » et le démontre à chaque pas, dans chaque geste. Il pense, regarde, marche « en torero ». De plus, « tiene raza, y mucha ! ». Il ne se fatigue pas de toréer, « rentre dedans », revient à la charge, jusqu’à obtenir le résultat escompté. Son toreo est fait de fermeté et d’empaque, le diestro sachant imprimer à chaque passe une élégance qui fait le plaisir des photographes. Torero de « pellizco » autant que de « poder », qui peut convaincre tous les publics, ainsi qu’on la vu, à Madrid, Bilbao, Pamplona. Hier, à Bayonne, Matias Tejela a donné une des grandes faenas de la saison, laissant les professionnels pantois, et les aficionados, ravis. 
     Grande novillada à Bayonne, et bon toreo. La saison débute « de perlas » !

    14 Juillet – BAYONNE – Un gros tiers d’arène – Beau temps frais, avec quelques nuages et du vent : Novillos de Loreto Charro, lourds et bien charpentés, qui firent des sorties « en Atanasio », un peu abantos, avant de se fixer et répéter dans les capes. Faisant leur devoir à la pique, les Loreto sont arrivés nobles à la muleta, répétant la charge, à condition que l’on commande, que l’on avance la muleta. Le premier se montra très faible, en début de trasteo. Le sixième fut le plus compliqué, accrochant beaucoup, se retournant sec. On donna vuelta d’honneur, fort méritée, au cinquième, du nom de « Cardicito », et le Mayoral fut justement invité à saluer, en fin du spectacle. La ganadera peut être satisfaite, elle s’est « regagnée » Bayonne.

      Raul Cano (Silence  - Vuelta) est connu chez nous, depuis le concours de San Sebastian. Ce jeune homme de Baracaldo, sérieux et pâle, semble un peu timide avec le toro. Discret au capote, il commence doucement ses faenas, avance « presque en demandant pardon au toro », et ne transmet que peu au gradin. Pourtant, peu à peu, il se libère et dessine un toreo très propre, souvent alluré, parfois profond. Il sait « templar » la charge du toro, et donne d’excellents adornos. En un mot, le Bilbaino fait un toreo « de classe », mais à du mal à connecter avec le tendido. Son premier débuta très faible. Le jeune le soutint, en début de faena, et parvint à lui donner des séries « crescendo » sur les deux mains. Il pincha, et prit une sérieuse voltereta sur l’entière aguantando qui suivit. Quatre descabellos provoquèrent un silence respectueux. Le quatrième était un colorado imposant, bravucon au fer. Raul Cano monta une faena « a mas », débutant un peu dubitatif, puis, se centrant mieux, enchaîna de très bons moments, sur chaque main, avant de clore par des adornos de « corte » très classique. Torero sérieux, qui mérite attention et respect. A l’épée, un pinchazo et une atravesade, qui le privent d’une probable oreille. Ovation au toro et vuelta timide du bon novillero bilbaino.
     Matias Tejela (Vuelta après un avis – Oreille, après un avis) a frôlé le grand triomphe. Très engagé, toute la tarde, le torero d’Alcala a perdu les oreilles, à cause de sa probable précipitation, avec l’épée. Poco importa, presque. Impeccable au capote, où il se fend vers l’avant pour fixer le toro, met la hanche dans les véroniques, et clôt la série, de façon aérienne. Son quite par faroles inversés, est un peu tirebouchonné, mais de gros effet sur le public. Faena agréable, un peu ligerita, à son premier. Abondance de passes, sans prendre la vraie bonne cadence. D’excellentes choses, mais pas de totale domination. Peut-être est ce la raison pour laquelle le novillero attaquera fort, mais de côté, pour une épée très basse, qui lui fera perdre une oreille demandée par une partie du public.
     Par contre, la faena au cinquième ira crescendo, le torero se livrant à une débauche d’inspiration artistique, alliant la fermeté à l’esthétisme, toréant « à fond » un grand novillo, dessinant des naturelles parfois profondes, templées, liées ; parfois légères, très sévillanes. Grande faena, « se sentant » torero, s’enivrant de passes et d’adornos bienvenus, de remates « de cartel ». Très, très bien. S’il tue, ce sont deux oreilles assurées. Mais… maldita sea!: Grand pinchazo, applaudi, qui précède un vilain metisaca, et une entière qui libère enfin tout le monde. Excès de précipitation. Dommage ! Une seule oreille, mais un grand souvenir ! Monterazo, Torero ! 
     Manuel Escribano (Oreille – Palmas, après un avis) est un grand dégingandé blond frisé au sourire à la Fernandel, qui fait tout en abondance, à la cape, aux banderilles, à la muleta, avec une évidente bonne volonté, mais un manque de classe « aplastante ». Un torero « tous terrains », toutes postures, debout, à genoux, de face, de dos, de profil et… en l’air. Il prit une très sérieuse voltereta pour ne pas « commander » sur  son premier. On a un peu de mal à comprendre l’enthousiasme de Séville (à voir !) et de son abondante « suite », dans le callejon, hurlant de tonitruants « olés », à chaque passe, qu’elle soit bonne ou vulgaire. Il tua bien son premier, coupant une oreille. On l’avait vu recevoir ce bicho à portagayola, toréer « vibrant », au capote ; bien banderiller, en poder a poder, vraiment « puissants ». Puis, cela se gâta quelque peu. Au sixième, banderilles bien enlevées, avec une paire al violin en quiebro, près des barrières. Le toro « n’était pas le même », et Manuel Escribano bredouilla une faena volontaire mais sans fil conducteur. 
     En un mot, Manuel Escribano est tout à fait… le contraire de Tejela. 

 

CERET : GRANDE JOURNEE DE TOROS
Triomphes de La Quinta et Fernando Robleño

     15 juillet : Journée d’Aficion en plaza de Céret, hélas gâchée par de fortes rafales de vent qui gênèrent les toreros. La novillada de la Quinta fut « un monument », et, l’après midi, les Escolar Gil  ont donné bataille, pour le plaisir de tous, d’autant qu’un torero leur a fait face : Fernando Robleño.

     14 Juillet – CERET – Novillada matinale – ¾ de plaza – Beaucoup de vent : (Par correspondance). Excellente novillada de La Quinta, superbement présentée (523 kgs de moyenne), brave et encastée. Les Santacoloma ont pris deux, trois, parfois quatre piques, comme le troisième. Le mayoral dut saluer, au final.
     Fabian Barba, le mexicain, s’est battu, a donné de bonnes séries au premier, quelques ayudados au quatrième, mais tua fort bas. Ovation et Silence .
     Nuno Velasques a essayer de faire le toreo, en particulier au cinquième. De bonnes choses de la part du portugais, très gêné par le vent, mais une catastrophe totale, en particulier au descabello : sept, à l’un ; huit, au cinquième. Cela fait beaucoup. Deux avis à chaque toro, avec Silence et ovation.
     Reyes Ramon donna une vuelta , après deux avis, pour s’être montré volontaire devant le grand troisième qui entra quatre fois au cheval. Par contre, il ne put rien avec le dernier : silence.

     14 Juillet – CERET – 3ème de Feria – Lleno – Beaucoup de vent : (Par correspondance) Corrida de cinq de Jose Escolar, superbement présentés, très durs, imposant sérieux, technique et courage. En complément, le cinquième, de Fraile, se mit au diapason. Les plus potables : 4 et 6èmes.
     Luis Francisco Espla (Silence et Oreille) eut de bonnes choses face au premier : Quite par navarras, et bons derechazos, à un toro « qui coupait » sur les deux côtés. Il tua mal. L’alicantino banderilla bien le quatrième, fit jouer la technique et le sourire entendu. Il a été « en professionnel ».
     Luis Miguel Encabo (Oreille – Vuelta) a beaucoup souffert du vent, au cours de ces deux combats. Son premier alla cinq fois au cheval, et le madrilène le toréa très sérieusement, baissant beaucoup la main en longs derechazos. Mais il tua bien laborieusement. Banderillant bien le cinquième, Encabo se montra encore une fois très sérieux à la muleta, mais perdit tout le crédit engrangé, à cause de l’épée.
     Fernando Robleño (Oreille et deux oreilles) est sorti « embalado », de la San Isidro. Tout lui semble facile, et de plus, « il touche les bons »… Grande prestation devant le sixième, mettant la muleta devant, tirant le toro en longs derechazos, et tuant « volcandose ». Gros triomphe qui en appelle d’autres.

 

DIMANCHE DANS LES RUEDOS
  Antonio Ferrera gracie un toro de Roman Sorando

     15 Juillet : La journée en Espagne a été marquée par la fin de Pamplona ; la double confirmation d’alternative à Madrid ; la pauvre entrée de Barclone, malgré le Juli ; et « l’indulto » du cinquième toro de Roman Sorando, par Antonio Ferrera, en plaza de Tarragona.

     14 Juillet – MADRID (Las Ventas) – 1/4 de plaza – Vent : Corrida et présentation à Madrid, catastrophique, de toros de Carmen y Araceli Perez. Mansada, faible et sans aucune race. Le sixième était un Barcial qui remonta un peu le niveau, mais guère plus.
     Double confirmation d’alternative : Celle du toledano Rafael Gonzalez (Ovation par deux fois, avec avis au premier). Il fut le plus en vue, montrant une décision de chaque instant -  L’autre confirmant fut Luis Vilches, torero sevillano, très fin, mais qui tua « fatal ». Le vent n’arrangea pas les choses. Un avis chaque fois. Applaudissements et silence – De son côté, Oscar Higares se montra sans grande ambition. Silence partout.

     14 Juillet – BARCELONA – On n’arrive pas à ½ plaza : Corrida de Torrealta, très inégale en tout. En général, bons, sauf le cinquième. La présidence était « en période de soldes ».
     Victor Puerto (Ovation, avec avis - Deux oreilles) s’est montré très actif, un peu ratero, et cela a marché. Spectaculaire au premier, il se vexa devant le quatrième qui l’avait désarmé. Sa rogne lui valut de s’engager vraiment. Une oreille de trop.
     El Juli ne remplit plus les plazas. C’est un fait. Il coupa les deux oreilles de son premier, en se montrant vibrant et en tuant fort. Par contre, le cinquième le fit batailler, et il pincha six fois. Ovation, après un avis. A souligner le pundonor du Juli qui refusa la sortie a hombros, bien qu’ayant coupé deux oreilles à un toro. Verguenza torera!
     Cesar Jimenez se montra torero, donnant trois séries de naturelles de face, à son premier, et commençant très vibrant, son trasteo, au sixième. On l’a vu torero « de gusto », mais un peu froid. Un avis, avec applaudissements et une oreille du dernier, un peu généreuse.

     14 Juillet – TARRAGONA – ½ plaza : Bonne corrida de Roman Sorando. Le cinquième , du nom de « Cotorrico » a été gracié. A noter que ce toro a continué à faire parler de lui, puisqu’il a défoncé la porte du corral où on l’avait conduit, avec tous les honneurs que l'on doit à un toro « indultado », et s’est retrouvé, dans le patio de caballos, blessant un cheval au passage. En fin de corrida, on le fit passer dans le ruedo, et tout rentra dans l’ordre.
     Corrida vibrante, et gros triomphe de Ferrera qui fit de tout à ce toro, dans les trois tercios : Deux oreilles et rabo, symboliques.
     De leur côté, le Colombien Dinastia coupe une et deux oreilles, respectivement, tandis que le Fandi fait un trophée à chacun.

     14 Juillet : MARBELLA – Corrida inégale de Jose Luis Pereda.
     Les trois toreros patinent un peu devant leur premier adversaire, mais se libèrent totalement, face au suivant : Deux oreilles chaque fois.
     Finito de Cordoba, facile et profond – Pepin Liria, vibrant et abondant – Javier Conde, avec ce grain de folie qui le caractérise. Le public, qui boudait un peu, au début, finit en joie, tandis que les trois diestros sortaient a hombros… 
     Bien ! Mais on a sûrement vu « plus » toréer à Bayonne ou à Céret ! 

 

ENTRE L’ARC DE TRIOMPHE ET LA MADELEINE…

     16 Juillet : Ouf… on respire un petit peu. Le 14 Juillet est passé, et partout, on est presque heureux. Oh, bien sûr, la météo des plages est « muy mansa, huidiza ». De gros nuages « cardenos » assaillent les estivants. "C’est donc cela, la Côte Basque ? C’est donc cela, le Var ?" Les pauvres, on pense à eux. Mais non, ce n’est pas cela, du moins… pas toujours. Ces pauvres gens n’ont vraiment pas de chance… Economiser ainsi, toute l’année, pour venir passer les vacances de Juillet à Biarritz. Triste ! Ils devront se contenter des histoires de quelque marin du Port Vieux : « De mon temps… »
     Ouais… Sale temps, avec du gris, avec du vent... ce vent!
     Céret a connu une grande journée de toros, mais elle aurait probablement été plus intense si Eole s’était uni aux aficionados, et s’était assis, tranquillement, à côté d’eux. Malheureusement, faut toujours qu'il se fasse remarquer, celui là…
     C’est comme notre correspondant, qui donne à Encabo une oreille qu’il n’a pas coupée. « Ala ! No te enfades ! C’est vrai qu’en regardant ton carnet de notes, on se demande comment tu peux retranscrire ce que tu as vu ! »
     Bien non ! Encabo n’a pas coupé d’oreille à Céret, mais il a été bien. Merci à ceux qui nous aident à rectifier le tir… en coup de vent, et qui soulignent les « énooooormes » coups d’épée de Fernando Robleño. Ils se reconnaîtront. Merci et bravo d’avoir vécu un grand moment de toros, à Céret.
     Les touristes de Fréjus, solidement encadrés des aficionados du cru, ont eu moins de chance : La corrida a été suspendue, et renvoyée au 20 Juillet.

     Mais... on est vraiment « mauvaise langue ». Sur la Côte Basque, il faisait beau… Bon, c’est un des rares jours de soleil de ce juillet 2002, mais avouez qu’il est bien tombé.
     Certains réagissent un peu durement, me semble t’il, à la novillada de Loreto Charro : Elle a été très « protégée », à la pique, parce que sinon, les six auraient mordu la poussière, de faiblesse ou d’invalidité. Un peu excessif, non ? On était loin d'"Eauze", de Tolède ou même des Santiago Domecq de Pamplona… Même peu piqués, des faibles ne tiennent pas des faenas de 50 passes… Digo yo !
     Par contre, effectivement, nous avons toujours le problème des chevaux, des « caballos de picar »… Dimanche, le premier cheval s’écroula parce que le bicho lui avait « soufflé dessus »… A partir de là, il semble que toute la novillada ait été piquée, en « unico espada », par le même cheval ! Vaya ! On espère qu’il aura eu double ration d’avoine et « double RTT »…  On souhaite aussi ne pas le voir « piquer entièrement » toute la feria de Mont de Marsan…

     A part ces quelques anecdotes dont il faut tenir compte, tout s’est bien passé… en particulier du côté de l’Arc de Triomphe… « Grand Jacques » a eu de la chance. Le coup ne passa pas « si près », et, de toutes façons, il ne portait pas de chapeau ! Bravo, quand même, aux citoyens qui ont terrassé le triste candidat à l’Histoire. Gran quite !

     Maintenant… direction La Madeleine ! Mont de Marsan ouvre le feu dès samedi, avec une novillada où l’on retrouvera les deux mandibules de Manolo Escribano. Personnellement, on préfère « presque plus », le toreo de Raul Cano.      Autant le premier est comme un supermarché géant, où l’on trouve de tout, en vrac, vanté par de grands panneaux fluorescents, clignotant de tonitruants olés… Autant l’autre est comme ces petites boutiques où vous cherchez beaucoup, à la fois intéressés et rageant un peu, pour finir par tomber sur… la perle rare…
     Puis la Feria de la Madeleine 2002 prendra « son régime de croisière »… parsemé de folles secondes, de grandes chaleurs et de ces « hoouuuuuu ! » d’admiration ou de raillerie, chaque fois que sort un toro.
     Le 22, Jose Tomas et Antonio Barrera seront là… Les deux reviendront de blessure et auront à cœur de respirer à nouveau le grand air du triomphe.
     Absent, Enrique Ponce. Par qui sera t’il remplacé ? Fandi ne torée pas, ce jour là… Aura t’on la chance de ??? Ou, « d’autres intérêts » primeront ils ? Veremos a ver ! 
    
Le 25, c’est Fernandez Meca qui remplace Joselito. Bueno ! Stéphane a toujours payer comptant, à Mont de Marsan, et de plus… il est « de la casa ». Asi que !
     Pas facile de monter une Feria ! Pas facile de parier sur tel fer, plutôt que tel autre. Les Salvador Domecq seront ils « comme à Eauze », ou comme à Ciudad Real, le même jour ? Les Victorinos vont ils rééditer l’exploit ? Et les salmantinos, qué ?

     Une feria pleine de questionnements, de mystères, tant du côté des hommes que du ganado… Ces questionnements, ces mystères qu’essaya d'élucider, durant des décennies d’Aficion, de sagesse et de cordialité, Paco Tolosa, qui vient de nous quitter.
     Todo un Señor revistero ! Aux côtés du Tio Pepe, de Don Severo, de Monosabio ou « du grand Claude »… ils vont s’en raconter de bonnes, là haut !: « Alors, tu arrives enfin, toi ! Et comment tu vas ? Tu as bonne mine ! Un peu pâle peut-être… oh ! Excuse-nous ! Mais tu sais, on est bien, ici…pas besoin de « mendier » pour voir les corridas… le "patron"est aficionado ! »…
     Ainsi s’en est allé pour de lointains palcos, celui qui berça de nombreux premiers pas aficionados. « Merci, monsieur Auguste Lafront, et… à bientôt ».

 

REINA RINCON : L’ADIEU…

     16 Juillet : C’est aujourd’hui que l’on va porter en terre le malheureux Jose Tomas Reina Rincon, sauvagement assassiné, le 2 Juillet, loin de sa terre. Depuis hier, une chapelle ardente a été installée dans le ruedo de la plaza de Ciudad Real, où plus de mille personnes ont accueilli les cercueil. Tristesse et dignité…
     Pourtant, la révolte gronde, ici comme au Pérou.
     On a pratiqué une nouvelle autopsie, plus sérieuse, en Espagne. Les résultats en seront connus, sous une quinzaine de jours.
     Dimanche soir, les déclarations du père de la victime, ainsi que de ses compagnons, ont laissé planer de nombreux doutes, sur les circonstances et les suites de ce crime. Ils ne peuvent parler, tenus par le secret de l’enquête. Mais, le climat est lourd…
     Les autorités péruviennes sont en cause, c’est clair ! Les trois hommes ont trop souligné la grande collaboration du milieu taurin péruvien, et de l’Ambassade d’Espagne à Lima…
     De l’autre côté de l’océan, la presse commence à fouiller : La juge d’instruction, Farah Cubillos a inculpé les quatre fonctionnaires, de meurtre. Ils risquent 35 ans de prison.
     Ce n’est pas la première fois que des policiers sont responsables de crimes, pratiquement impunis. « La Républica », quotidien Limeño relate le même cas, il y a quelque jours…
     Là, ils étaient quatre ! Un policier « national » et trois « municipaux »…dont l’un était vénézuélien, avec un casier judiciaire, bien chargé… Bravo !
     Mais, il y a sûrement pire : Le candidat à la Municipalité de Miraflores, Manuel Macias, accuse l’actuel bourgmestre, German Kruger, d’avoir nié l’incident, dès le début, et « couvert » ses sbires, sans vergogne… C’est à ce moment que l’on a fait circuler ces soupçons portés sur les deux compagnons de Reina Rincon, les deux toreros Antonio Bricio et Curro Martinez…
     Une sale histoire… qui, hélas, marquera l’histoire de la Temporada 2002.
     L’an dernier, on brûlait des chevaux… Aujourd’hui, c’est un jeune homme, que l’on assassine. Et il en est de même, chaque jour et partout, dans notre monde que l’on dit « civilisé »…

 

NAVALON GARDE LE MORAL…

     17 Juillet : Jeu de mots facile ! Ce qui est moins plausible, c’est de voir, dans la même page taurine, deux signatures aussi diamétralement opposées que celles d’Alfonso Navalon et de Jose Antonio Del Moral.
     Pas possible ! Il doit y avoir un virus quelque part…
     Honni de tous, mais pourtant admiré, « quelque part » (comme disent les socio-cu), Alfonso Navalon est le contraire de Jose Antonio del Moral.
     Autant l’un est rustre, grossier, provocateur et belliqueux ; autant l’autre sait avoir de la classe, s’exprime très noblement, même s’il ne loupe pas… ce qu’il ne faut pas louper ! Autant le premier est « un torista » acharné (qui, d’ailleurs, fait comme ganadero, exactement le contraire de ce qu’il prône, comme critique taurin…), autant le second est « torerista », ou plutôt « Toreista », admirateur du bon toreo et ami successif des grandes figuras, comme Paquirri, Manzanares, Ojeda et Enrique Ponce. On ne peut pas dire qu’il ait mauvais goût… Cependant, il est exactement le contraire du premier et, secrètement, doit lui dédier mille noms d’oiseaux les plus rares…
     Peu importe, puisque de son côté, l’autre en fait autant…

     Pourtant, les deux sont de grands aficionados, et les deux sont très attachants. Chacun dans son style ! Mais… de là à les rencontrer dans le même canard ! En voilà une « qu’elle est bien bonne ! »
     Quand apparut Jose Antonio del Moral, au mois de mai, je crois, dans les colonnes taurine de « La Tribune de Salamanca », on s’est dit « Tiens, Alfonso Navalon en a fait « une de trop », et il s’est fait débarquer… ». Effectivement, Del Moral a couvert toutes les ferias, tous les évènements, comme l’alternative de Valverde, à Salamanca…
     Entre temps, Alfonso Navalon avait provoqué un énième scandale, sur le plateau « d’Antena Tres », au cours du « fumeux » programme « Al Descubierto », qui fit hurler tout le monde, tout en disant quelques vérités, incontestables… Pour certains, Navalon se couvrit de gloire ; pour d’autres, de honte et de bave âcre et verdâtre. Pouuahhh !
     Là, on pensait qu’effectivement, il y avait eu un coup de puntilla, et que le bon Alfonso tirait une dernière salve d’honneur, tel le Graf Spee dans le Rio de la Plata !
     On le regrettait, car, tout en appréciant au plus haut point « l’œil torero » et le « verbe clair » d’Antonio del Moral, on aimait bien les « Colucheries taurines » de Navalon !
     Exit Navalon… on redevenait bien mis, bien éduqués, bien coiffés, bien habillés (« avec le petit élastique, là ! »)

     Mais aujourd’hui… Boum ! Alfonso Navalon réapparaît dans le page de «La Tribune » et « entre très fort » ! Un édito terrible, plein de hargne et de rogne ! Plein d’un nombrilisme haineux ! Plein d’une espèce de mépris pour les hommes, pour leur passé, y compris pour leur mort… On pourrait presque en prendre la voiture et aller lui casser la… Mais non ! Parce que pour odieuses que paraissent certaines phrases, elles disent certaines vérités que nous tous, aficionados de quarante, cinquante ans et plus, ressentons au fond de nous…
     L’article s’appelle « La vraie histoire de la Génération 70 ». Il porte sur les figuras de l’époque, de Paquirri au Capea, passant par Manzanares, qui, on le devine, en sort habillé pour plusieurs hivers…et par Julio Robles.
     Ils étaient amis, et ils le restèrent jusqu’au dernier moment. (Les articles qui ont suivi la mort de Robles étaient de purs chefs d’œuvre « du cœur »). Navalon connaissait, mieux que quiconque, la biographie taurine et les qualités toreras de Julio Robles, tout autant que ses travers.. S’il avait eu plus d’ambition, plus de constance, Julio pouvait « acabar con el cuadro »…

     Bref, "Alfonso est revenu", et signe un papier où il écrit que tous ces noms là, n’étaient pas des figuras, martelant ses dires d’allusions où il se donne souvent le beau rôle, sans oublier de mettre un puyazo « muy caido » à la critique de l’époque, devenue celle d’aujourd’hui… Manolo Moles et Fernandez Roman rejoignent Manzanares, sous le même manteau !

     Sacré Navalon ! Que bestia ! Et pourtant, on ne peut s’empêcher de se dire : « Bon Dieu, il est le seul a oser … »
     Et je suis sûr que, derrière son stylo, Jose Antonio Del Moral se dit également « Pero, que cabron ! »
     Insulte suprême ! Mais, en espagnol… tout est dans le ton.
     Allez donc faire un tour dans une des meilleures pages taurines de la presse quotidienne espagnole : www.tribuna.net - Rubrique « Toros » (clairement annoncée), en date du 17 Juillet (on peut naviguer sur des semaines précédentes, grâce à la rubrique « hemeroteca »)

 

ENRIQUE PONCE : TOUT DOUCEMENT…

     17 Juillet : Longue convalescence et « difficile relance » pour Enrique Ponce, après sa grave blessure de Leon. Le valenciano est encore très faible et souffre encore au niveau des côtes fracturées. L’anémie le maintient prostré, dans l’impossibilité de reprendre l’entraînement.
     Hier, le diestro était à Cuenca, pour la remise d’un trophée. Bien entendu, on le questionna sur son état, et la date de son retour. Discret, pudique, Enrique Ponce expliqua sa lente progression  et son espoir d’être à Cuenca, pour sa feria.
     Au départ, on prévoyait un retour du torero de Chiva, pour la Feria de Julio, en sa plaza de Valencia. Puis, on parla de début Août. Maintenant…
     Enrique Ponce doit passer plusieurs examens, cette semaine. Samedi, on en saura plus...

 

FERIA DE PALENCIA 2002

     17 Juillet : Une feria qui ouvre le mois de Septembre, qui devient presque plus intense qu’Août. Une feria où il se passe toujours quelque chose…
     Palencia vient d’annoncer, hier, ses cartels 2002 : Six corridas qui se dérouleront entre les 31 Août et 5 Septembre. Les combinaisons en sont les suivantes : 
     Samedi 31 Août : Toros d’Adolfo Martin, pour El Millonario, Luis Miguel Encabo et Fernando Robleño
     Dimanche 1er Septembre : Toros del Torreon, pour Manolo Caballero, Jose Tomas et Miguel Abellan
     Lundi 2 Septembre : Toros de Domingo Hernandez, pour Finito de Cordoba, El Juli et Javier Valverde
     Mardi 3 Septembre : Toros de Martelilla, pour Enrique Ponce, Rivera Ordoñez et Antonio Ferrera
     Mercredi 4 Septembre : Toros de Torrestrella, pour David Luguillano, Jose Tomas et Morante de la Puebla
     Jeudi 5 Septembre – Rejoneo : Toros de Fermin Bohorquez, pour Joao Moura, Fermin Bohorquez et Pablo Hermoso de Mendoza.

 

RAISON D’ETAT…

     18 Juillet : Allons bon ! L’Espagne est en guerre ! Ne rigolez pas, c’est très sérieux ! Depuis hier, la bandera des ex « fiers conquistadors » flotte sur « l’Ile du persil »… Comme je vous l’dis !
     Des unités d’élite ont débarqué à l’aube, en essayant de ne pas se marcher sur les pieds, et ont rapidement fait de nombreux prisonniers. Enfin, ils ont fait prisonniers les six soldats marocains qui buvaient leur thé, en attendant de passer une journée… tranquille. Mais ne voilà t’il pas que des hélicoptères, des vedettes rapides de la Royale Espagnole, appuyées par une corvette lance missile sont venus troubler leur réveil, tandis que des commandos « maquillés pour faire peur » déboulaient dans leur fragile campement.
     L’Espagne a repris « la Isla Perejil ». Non, mais !

     "L’Ile du Persil" est elle donc à ce point importante, pour que deux royaumes se la disputent ? Contient elle quelque richesse cachée, encore inexploitée ?
     En fait, la Isla Perjil est « un morceau de caillou » de un kilomètre et demi,  planté de rocaille et quelques arbustes, posé à un kilomètre de la côte à quelques lieues de Ceuta, enclave Espagnole au nord du Maroc. Cet îlot squelettique était portugais entre 1415 et 1581. Puis, il est passé à l’Espagne, en même temps que Ceuta, par le traité de 1668. Depuis, à part quelques pêcheurs en quête d’une bonne sieste, et autres contrebandiers de seconde main, personne n’y a mis les pieds.
     L’Angleterre a essayé plusieurs fois de la récupérer. Mais on n’en sait exactement la vraie raison : Position stratégique, ou… manque de persil dans la cuisine de la Queen ? On ne sait pas !
     Donc, l’île dormait au soleil… jusqu’à lundi dernier. Allez donc savoir pourquoi, le Maroc a pris la mouche, et s’est approprié le galet, manu militari. Hier, les Espagnols ont répliqué, et maintenant, le Maroc parle d’état de guerre… Ne rigolez pas, la troisième guerre mondiale est peut être en route ! Monsieur Kofi Annan est sur le coup… On parle même d’envoyer…un casque bleu !

     Fou, non ! C’est cela, "la raison d’Etat !" C’est un peu comme les remplacements à la feria de Mont de Marsan… 
     Joselito est blessé, à Nîmes, en Mai! On va chercher un remplaçant ! Voyons voir… A oui, pourquoi pas ? Fernandez Meca ! Il est « de la casa », non ? Alors… tranquille !
     Enrique Ponce ne peut être là ! Il faut le remplacer… Il y aurait bien ce Fandi, dont tout le monde se pourlèche en ce moment, comme si l’on venait, tout à coup, d’inventer l’eau chaude… Oui, mais…
     Jose Tomas, qui réapparaît « veut quelqu’un devant ». Au fait : Jose Tomas est il toujours en position d’exiger, ainsi ? Et puis… Miranda et Chopera, cela finit par « A », mais c’est bien la seule chose qu’ils ont en commun. Donc, le Fandi ne sera pas dans les plazas françaises de Chopera… et l’on aura à Mont de Marsan : Manuel Caballero !
     Ne dite rien, c’est ainsi… Raison d’Etat ! Le cartel de ce 22 Juillet est donc le suivant : Toros de Javier Perez Tabernero, pour Manolo Caballero, Jose Tomas et Antonio Barrera, en principe…

     Antonio Barrera, qui devait réapparaître à Mont de Marsan, le fera la veille, à Barcelone, en remplacement de Rivera Ordoñez, toujours en délicatesse avec son coude méchamment luxé en plaza d’Algesiras. On est heureux que Barrera se soit vite remis de sa cornada de Pamplona, le 9 Juillet. Mais on pâlit un peu…car Antonio Barrera est « un valiente » et un torero d’honneur. Par ailleurs, Barcelone est toujours une plaza de renom, même si elle ne fait plus le plein depuis longtemps. De plus, le cartel de dimanche est important : Ortega Cano, Finito, avec des Hermanos Sanpedro. Barrera va donc mettre « le paquet »… Il ne faudrait pas qu’une nouvelle voltereta… ou un simple achuchon qui le renvoie au lit… 
     Sinon, Mont de Marsan se retrouvera devant une nouvelle question et devra chercher une nouvelle… raison d’Etat ! 

 
FERIA DE MONT DE MARSAN

Vendredi 19 Juillet : Grand concours Landais
Samedi 20 Juillet : 
     Novillos de San Martin, pour Jarocho - Raul Cano - Manuel Escribano
Dimanche 21 Juillet : 
     Toros de Sanchez Ibarguen, pour Zotoluco – Denis Loré – Pepin Liria
Lundi 22 Juillet : 
     Toros de Javier Perez Tabernero, pour Manolo Caballero, Jose Tomas, Antonio Barrera
Lundi 22 Juillet – Nocturne:
     Corrida portugaise, avec les rejoneadores Luis Domecq, Pablo Hermoso de Mendoza et Patricia Pellen. Pega des forcados de Alcochete. Ganado de Sanchez Cobaleda
Mardi 23 Juillet : 
     Toros de J.I Charro Sanchez Tabernero, pour Davila Miura, Miguel Abellan et Julien Lescarret
Mercredi 24 Juillet : 
     Toros de « El Torero », pour Stéphane Fernandez Meca, El Juli  et Sebastien Castella.
Jeudi 25 Juillet, au matin – Novillada non piquée : 
     Erales de Martinez Elizondo, pour le cavalier montois Gérald Martinez, et les novilleros I.Lopez et D.Martinez Reyes.
Jeudi 25 Juillet : 
     Toros de Victorino Martin, pour Stéphane Fernandez Meca, Juan Jose Padilla et Antonio Ferrera.

 

EL FANDI : UNANIMITE A PAMPLONA

     18 Juillet : Un à un, les trophées de la San Fermin 2002 sont révélés au public. Outre les deux grandes récompenses dont nous avons déjà parlé, d’autres jurys ont décerné les prix suivants, dont beaucoup vont à David Fandila « El Fandi », grande révélation de la Feria.
     Ainsi le Jury de « la Cope, de Navarra » qui le déclare triomphateur de la San Fermin 2002.
     Ainsi le Jury des Trophées de la chaîne hôtelière « Tryp », qui opère une variante, remettant un double prix au duo « Ferrera Fandi », pour avoir mis la plaza « debout ! » en plusieurs occasions, le 13 Juillet. Ce jury attribue le prix du « détail Torero » à Pablo Hermoso de Mendoza, pour le moment de grande émotion qui a accompagné « la despedida de Cagancho »

     Ainsi le « Club Taurino de Pamplona » qui, lui aussi annonce ses "Tableaux d’Honneur":
     Meilleure estocade de la Feria : El Fandi
     Toro le plus brave de la Feria : « Jaqueton », 4ème de Jandilla,  toréé par Zotoluco, le 11 Juillet.
     Meilleur Puyazo de la Feria : Manuel Martin Rueda, de la cuadrilla du Fandi, au toro de Torrestrella « Orgulloso », le 13 Juillet.

 

FERIA DE CUENCA 2002

     18 Juillet : Traditionnelle feria de Cuenca, en fin Août, dont les cartels ont été annoncés lundi soir, en présence d’Enrique Ponce, amaigri mais heureux, auquel fut remis le trophée au triomphateur de la feria 2001.
     La feria se présente ainsi :
     Samedi 24 Août : Toros de Martelilla pour Paco Ojeda, Jose Tomas et Miguel Abellan
     Dimanche 25 Août - Rejoneo : Toros de Artelejo Sacristan, pour Fermin Bohorquez, Francisco Benito, Andy Cartagena et Sergio Galan
     Lundi 26 Août : Toros de Jose Luis Marca, pour Enrique Ponce, Finito de Cordoba et El Juli
     Mardi 27 Août : Toros de Manuel Santos Alcalde, pour El Cordobes, Rivera Ordoñez et Cesar Jimenez.
     Mercredi 28 Août : Six Toros de …. Pour Jose Antonio Iniesta, en unico espada.

 

PLEINS FEUX SUR LES LANDES ! 

     19 Juillet : Attention, ce n’est qu’un titre ! La sécheresse, chez nous, n’est pas à la dimension de celle qui menace la Corse ou le Sud Est… Mais, prenez garde quand même ! Le pin et la fougère, cela brûle « trop bien », comme on dit, en « nouveau François »…
     Donc, faites bien attention si vous allumez « un pitillo », ou si vous voulez déclarer votre flamme à quelqu’un. (Je ne dis plus « à une femme… », cela ferait trop retro !). Non vraiment, faites gaffe… nos forêts sont trop belles (et là, c’est du bon français) pour qu’en un éclair de pierre à feu, une partie d’entre elles s’envole en fumée. Et ceci est valable pour «l’autre côté », et encore plus pour l’Ile de Beauté… « Brûlez d’amour pour elle… mais ne la brûlez pas ! »

     Bon… sur cet appel ardent, genre « B.A du jour », on revient aux Toros…
     Pas grand chose à se mettre sous la dent, aujourd’hui. Oh ! il y a bien cette nouvelle plaza que l’on va inaugurer, ce soir, en direct à la Télé, du côté d’Almeria. A n’en pas douter, cela va être beau ! Un petit port, près d’Almeria : Roquetas del Mar… Une plaza de plus ! Bien ! Mais pour quoi y faire ? Combien de fois à l’année ?
     Donc, on ne portera à l’événement qu’une attention modérée…
     Si le cœur vous en dit, c’est à 18h30, ce soir sur Tve1 : Finito, El Juli et Jesus Almeria, avec du ganado de Torrestrella.

     Non, le plus important, pour nous, c’est la dernière ligne droite de Juillet…
     Imaginez un peu : Si vous « avez faim de toros »… vous pouvez voir, en dix jours : 6 corridas de toros, 3 novilladas piquées, deux portugaises ou de rejoneo et une non piquée. Soient 12 spectacles entre le 20 et le 29  Juillet. Et encore, on vous laisse le 26 pour faire trempette…
     Suivez moi bien : Cela débute demain soir à Mont de Marsan, qui sera « notre camp de base » : Novillada, ce samedi, puis les cinq corridas de la Madeleine (où Jose Tomas a confirmé sa présence), avec, en sus, la corrida de Rejoneo du 22, et la « sin picar » du 25 au matin.

     Etant à Mont de Marsan, vous pouvez aller faire un tour, le 24 au matin, à Villeneuve de Marsan, qui veut transformer l’essai de l’an passé, en montant une novillada piquée, avec une novillada de Fuente Ymbro, dont on sait les résultats, cette saison. En face, Manolo Escribano et Fernando Cruz, en mano a mano… A ne pas manquer ! Villeneuve est à 17 kms de Mont de Marsan, et «complète » la Madeleine, sans lui faire aucune ombre.

     La feria terminée, on vous laisse « campo » le vendredi. Il faut se reposer… on n’est plus tout jeune ! Mais, le samedi 27, frais et dispos pour aller à Garlin où le cartel est de première bourre : Novillada de Mari Carmen Camacho, pour Matias Tejela, Salvador Vega et Manuel Escribano. Le petit Fernando Cruz était au cartel, mais il a eu l’opportunité de se présenter, près de Madrid, et l’empresa de Garlin a eu l’élégance de le libérer, vu la chance qui s’offrait à lui. Hombre, voilà qui est chevaleresque. Muy bien ! Tejel et Vega… A ne louper sous aucun prétexte.
   

     Puis, le gros dilemme, le dimanche… ce maudit dernier dimanche de Juillet : Le 28 Juillet:  Tyrosse ou Orthez ? Orthez ou Tyrosse ? Deux corridas intéressantes, à la même heur, à moins de 100 kilomètres
     Oh, bien sûr, ils vont nous dire : « On remplit, des deux côtés »… Bon ! Pour le moment… Et quand bien même ! Le aficionados auraient le droit de voir l’un et l’autre des cartels… et non « l’un ou l’autre » ! Bien sûr que ce n’est pas grave… C’est dommage, voilà tout !
     A Tyrosse, la Miurada avec le Fundi, Denis Loré et Fernando Robleño ! Ce dernier a mis le feu à Céret, l’autre jour. Du coup, le cartel « monte encore d’un cran ! ». Le Lundi, il y aura Rejoneo et Forcados.
     A Orthez, les toros seront de Ramon Flores. Tous ceux qui suivent Julien Lescarret seront à son troisième rendez vous de matador ; tandis que l’on surveillera le Zotoluco et Juan Bautista…qui aurait mérité, peut-être, le remplacement de Joselito à Mont de Marsan. Pero bueno… raison d’Etat !

     Vous voyez, vous avez de quoi faire… Maintenant, si vous avez un jet privé… c’est une autre histoire, car, demain samedi commencent, en Espagne, les grandes Ferias de San Jaime, à Valencia… et de Santiago, à Santander ! Mais là, faut vraiment faire vite !
     Non, soyez raisonnables, restez dans nos landes…ou notre Béarn (Faut faire attention à ce que l'on dit!) On y est bien accueilli ! On y mange et boit bien (avec modération) ! On y roule de jour, tous feux allumés. (Rien à voir avec quelques excès dus à la phrase précédente !) C’est une mesure de prudence qui semble avoir de bons résultats… en particulier pour les vendeurs de batteries (N’oubliez pas d’éteindre vos phares, en arrivant à destination !)
     Bonne semaine, et bonne Feria, à Mont de Marsan. Et soyez sages, sinon… vous n’y verrez que du feu !

     Voir tous les cartels de la semaine dans notre rubrique « Cartels »

 

LINARES : FERIA DE SAN AGUTIN 2002

     19 Juillet : On vient d’annoncer, hier, les cartels de la feria de Linares. Cette grosse bourgade n’aurait que peu d’importance, au plan taurin, si … le 28 Août 1947, un toro de Miura, bien vilain, appelé « Islero », n’avait mis fin à la carrière du plus mythique des toreros : Manolete.
     Depuis, on y pense, et chaque année, une rose rouge est posée à l’endroit où le sang du génie s’écoula, pour la dernière fois.

     Cette année, trois corridas et une de rejoneo, dont les cartels sont les suivants :
     Mercredi 28 Août : Toros de Sanchez Arjona, pour Finito de Cordoba, Rivera Ordoñez et El Juli.
     Jeudi 29 Août : Toros de Hermanos Tornay, pour Enrique Ponce, Jose Tomas et Morante de la Puebla
     Vendredi 30 Août : Toros de Los Guateles, pour Juan Jose Padilla, Antonio Ferrera et El Fandi
     Samedi 31 Août  - Rejoneo : Toros de Herederos de Bernardino Sanz, pour Fermin Bohorquez, Pablo Hermoso de Mendoza et Martin Porras.

 

IL N’Y A PAS DE CORRIDA « SANS IMPORTANCE »

     20 Juillet :  Pozoblanco, également, devait être une petite course, « sans importance »… Une figura del toreo, Paquirri, y a été tuée par un petit toro « sans importance », et le nom de Pozoblanco a parcouru le monde entier, parce que la télévision y avait filmé « la mort en direct »…
     Linares, avant Manolete, n’était « rien », ou si peu… Une feria « sans importance »..
     Rien de plus faux ! Regardez, hier ! Dans une corrida triomphaliste, organisée à l’occasion de l’inauguration de la plaza de Roquetas de Mar, près d’Almeria, Finito de Cordoba et El Juli ont frôlé la cornada devant des toros terciados et peu armés de Torrestrella. Hombre ! Terciados et peu armés, peut-être… mais chargeant fort et droit, jusqu’à ce que leur maestro respectif fasse une erreur de jugement ou de placement… Avec un peu moins de chance, on parlait ce matin de deux cornadas. Non vraiment… jamais de corrida « sans importance ».

     Magnifique, cette nouvelle plaza. Elevée en 18 mois, sans l’aide d’aucun financement public, la nouvelle arène peut recevoir, très confortablement, 7800 spectateurs. Une grande partie des travaux a été financée par les entreprises privées et autres sponsors. De plus, la plaza contient 61 palcos de 12 places, loués par des particuliers, pour une durée de 65 ans… C’est à dire que l’on peut y entrer le jour de sa première communion, et en sortir… les pieds devant !
     Il s’y déroulera des corridas, bien sûr (la région étant des plus touristiques), mais également d’autres spectacles, tels que des concerts, des compétitions sportives, mais également des congrès… (Peut-être « les verts » ? Faudrait en parler à … A qui, au fait ?)

     C’est toujours émouvant, l’inauguration d’une plaza ! On sait qu’elle entre dans « la grande Histoire » et que son nom va figurer un jour au Cossio ! Aussi se dépêche t’on de recueillir tous les éléments qui ont marqué ce grand jour…
     Ainsi, tenez : Le cartel d’inauguration rassemblait, en ce 19 Juillet 2002 : Finito de Cordoba, El Juli et Jesus de Almeria, face à du ganado de Torrestrella. Alvaro Domecq y Diez, le ganadero, était présent.
     Le premier toro s’appelait « Flautista », un burraco magnifique, portant le N°119. C’est Finito de Cordoba qui le reçut au capote, et lui coupa les deux premières oreilles concédées en cette nouvelle plaza. Entre temps, le picador Manuel Muñoz, lui avait porté le premier « picotazo » et Curro Molina s’était illustré dans les premières paires de banderilles…Voilà ! vous avez tout, ou presque !
     Bien entendu, on a coupé « un monton » d’oreilles, et même un rabo, qui ne s’imposait guère. Mais bon… c’était l’inauguration. A la fin, « tutti contenti et… tutti a hombros ! » Normal !

     En attendant, on a également eu un panorama de la tauromachie des années 2000 : Des Torrestrellas qui chargent, plutôt bien. De la noblesse, du rythme et quelques regards en dessous. Et, tout à coup, le troisième, qui sort comme un bolide, du style « Attention, c’est moi que me v’là ! et vous allez voir ce que… » Pas le temps de finir sa phrase : trébuchant au pied d’un burladero, le toro se couche vilainement, ne se relevant qu’à dure peine. Alors, débuta le lamentable spectacle du toro « descordinado », dont chaque mouvement fait penser à un navire qui tangue et se meurt ; ou à un pochard, un soir de triple bamboche ! Lamentable ! Horrible ! D’ailleurs, la Télé Espagnole préféra passer sous silence le triste moment, préférant parcourir les gradins où certaines dames et jeunes filles, avaient un trapio supérieur à bien des toros du jour, « y pitones astifinos » ! Mais, on s’égare !
     La pauvre bête fut rentrée à dure peine… et personne, dans la plaza, ne dit rien ! Que s’est il passé ? On avait déjà assisté à ce dramatique et lamentable spectacle, il y a quelques années, à Bilbao et Séville, en pleine feria… et avec des Torrestrella, si notre mémoire flanche moins que les toros… Que paso ? Lésion de la moelle épinière ? Ou… aurait on, comme en Angleterre, légalisé quelque « pétard », dont ce pauvre toro aurait abusé, à l’ombre du chiquero ? Ce qui est certain : Pas normal ! Enfin !

     Reste la corrida : Quelques moelleux mouvements du Finito de Cordoba ; L’entrain du Juli qui a du courir vite pour banderiller son premier ; a donné quelques muletazos et un gros coup d’épée au cinquième. Un rabo, hors de propos. Les bonnes passes du jour furent dessinées par Jesus de Almeria, qui toréait là, sa deuxième corrida de la saison : De bonnes naturelles, liées au pecho, de la part de ce torero agitanado, qui fait un peu penser au Sebastian Cortes des bons moments. Pour le reste… on aurait pu dire : corrida « sans importance »… Mais non ! Ne jamais dire cela !

     19 Juillet – ROQUETAS DE MAR (Almeria) – Inauguration de la plaza – Casi lleno – Chaleur intense : Corrida de Torrestrella, correctement présentée, pour une plaza de troisième catégorie. Magnifique et excellent, quoiqu’un peu faible, le burraco premier, du nom de « Flautista ». Le lot eut de la mobilité et de la noblesse. On donna vuelta au cinquième (Question « d’euphorie générale » !). Le troisième fut remplacé, suite à l’incident ci dessus relaté. Que paso ?
     Finito de Cordoba : Deux oreilles et silence
     El Juli : Ovation et Deux oreilles et rabo
     Jesus de Almeria : Quatre oreilles.
     Sur ces "huit oreilles et un rabo", seules trois à quatre semblaient justifiées. Mais… on inaugurait !

 

COMME UN CHEVAL EMBALLE !

     20 Juillet : Pauvre, mais fabuleux Jaja !  En voilà un qui a du caractère et du panache ! « Chapeau, monsieur Jalabert ! ». Hélas, les deux grandes batailles livrées par notre « panda » national sont un peu le symbole de ce que nous sommes, face au « monstre américain », et cela, dans tous les domaines : Economique, politique, militaire…
     Comme un vrai char d’assaut dont chaque roulement à bille est abondement huilé, Lance Armstrong et son bataillon avalent les kilomètres et les pourcentages de pente, avec une force dévastatrice. Un vrai rouleau compresseur ! On râle un peu…. mais il faut saluer ! C’est l’Amérique ! 

     Dans « notre monde à nous », il en est un autre qui est « comme un cheval emballé ». C’est « El Fandi ». Non content de mettre le feu à Pamplona, non content de triompher partout… il a grande chance au sorteo. C’est toujours ainsi, quant un torero est « embalado »..
     Hier, en plaza de La Linea de la Concepcion, au pied du rocher de Gibraltar, El Fandi a grâcié son deuxième toro de l’année. Le premier, de Daniel Ruiz, s’appelait « Cortesano » (31 mai – Granada). Hier, 19 Juillet, c’est un toro de Peralta, du nom de « Gomero » - N°945 – que le Fandi a « indultado », après une actuacion de haute tenue.
     Nous ne le verrons pas en France… c’est une erreur. Pire, une faute ! Cela fait un moment qu’on en parle, ici (pouvez vérifier !), comme d’autres le soulignaient aussi. Vraiment dommage ! Certes, il est loin d’être un artiste et un pur. Mais il a une grande marge de progression, servie par une vista, un courage, des facultés physiques, un sens du spectacle et une intelligence du toro, peu communs…
     Actuellement, « El Fandi » est un vrai révulsif pour la fiesta. Combien de temps cela durera t’il ?  Courez donc vite le voir ! 

     19 Juillet – La Linea de la Concepcion – 1ère de Feria – Media plaza : Bonne corrida de Peralta. Le sixième a été gracié.
     Marcos Sanchez Mejias : Ovation et Vuelta
     Manuel Diaz « El Cordobes » : Ovation et deux oreilles
     David Fandila « El Fandi » : Deux oreilles et deux oreilles et rabo (symboliques)

     Au 15 Juillet, El Fandi avait coupé 68 oreilles et 5 rabos, en 28 corridas. L’an passé, il finissait la temporada avec 40 corridas, 93 oreilles et 7 queues. S’il « ne lui arrive rien », il va pulvériser ces chiffres, en 2002.

 

CHARITE « MAL ORDONNEE »…

     20 Juillet : On se souvient du festival « hommage » à Manuel Vidrié, en début de saison. Le grand cavalier, une des grandes figures de l’Histoire du Rejoneo, méritait bien cet honneur.
     La commission organisatrice multiplia ses efforts, pour qu’en plus de ovations, le « Grand Seigneur » qu’est Manuel Vidrié, puisse apporter beaucoup d’argent au Petites Sœurs de Chinchon, qui font tant pour les déshérités, les abandonnés de la Société…
     Chaque année, depuis tant de temps, Manuel Vidrié organise le grand festival de Chinchon, dont l’image est un des grands classiques de la publicité pour l’Espagne, dans les agences et revues touristiques.

     On espérait de grandes choses et de grands résultats… Hélas, Dieu et les hommes ne furent pas charitables…
     Dieu…bon ! Il a tant de choses à faire ! Aurait pu éviter qu’il pleuve, quand même ! Le public ne vint pas au rendez vous de Madrid. Una lastima…
     Les hommes ! Ca, c’est une autre histoire ! « Ils » ne leur ont fait aucun cadeau, à Don Manuel et aux organisateurs. A part les Lozano, qui ont offert leur novillo, et les vétérinaires, qui ont œuvré gratuit, tout le monde s’est fait payer… et cher ! Ne dit on pas que le ganadero Daniel Ruiz a fait payer son novillo, près de 8000 Euros ? Ganadero, ou « ganaduros » ?  Et tout à l’avenant…

     Au bilan : Perte sèche de 15000 Euros… Grandeur et décadence du « Monde du Toro ». Don Manuel est reparti, les oreilles pleines de bravos, mais le cœur en peine : Rien pour les Petites Sœurs de pauvres… jusqu’au prochain Festival de Chinchon !

 

FIN JUILLET… C’EST PARTI !

     20 Juillet :  On va essayer de faire pour le mieux… Mais, vous comprendrez aisément que, Mont de Marsan, Valencia, Santander, La Linea, et j’en passe… cela fait beaucoup pour un seul homme !
     Petits moyens, petit budget ! Mais… Gratuit !
     Nous partons pour Mont de Marsan, et allons essayer de vous en informer, le plus fidèlement et sincèrement possible.
     Pendant ce temps, Valencia commence, ce soir, avec une corrida de Maria Luisa Perez Dominguez de Vargas. La feria San Jaime 2002 compte 9 corridas, dont une de rejoneo. A suivre, demain : Espla, Ferrera, Fandi, devant des Puerto San Lorenzo. Autre corrida d’intérêt, les Cuadri, le 24.
     De l’autre côté, Santander, et sa feria de Santiago. On débute également aujourd’hui. Huit corridas consécutives, dont une de rejoneo. A suivre, mardi 23, en direct à la Télévision Espagnole (18h30), « le cartel des jeunes » : Cesar Jimenez, Leandro Marcos et Javier Valverde, face à des Charro de Llen. La relève ? Peut-être… C’est une grande chance qui leur est offerte, là. A eux de ne pas la laisser passer… comme on manque un train !
     Vous avez tous les cartels de cette fin Juillet, dans notre rubrique: "Cartels"
     Bonne semaine ! On essaiera de vous tenir succinctement informés de ces deux ferias, mais c’est sur Mont de Marsan que ce porteront tous nos efforts.
     Bonne semaine à tous, donc, et… grande chance à « La Madeleine 2002 » ! 

 

MONT-DE-MARSAN : « IL PARAIT QUE… IL SEMBLE QUE…MANOLO ESCRIBANO…»
Grande novillada de San Martin

     21 Juillet : Il paraît que…il semble qu’un novillero est sorti « a hombros », hier, de la novillada d’ouverture des Fêtes de la Madeleine, à Mont-de-Marsan. On reste abasourdi d’un tel triomphe, et une peu honteux d’avoir à le retranscrire. Pourtant c’est la réalité des faits.
     Donc, hier, Manuel Escribano est sorti en triomphe du Plumaçon, ayant coupé trois oreilles.    

           Pendant ce temps, ses deux compagnons avaient les yeux dans le vague, et méditaient sur la façon de couper les oreilles, eux qui avaient cent fois mieux toréé que le blond andalou, mais que le public avait applaudi du bout « du bout des doigt »… Certes, leurs faenas avaient été inégales… Certes, ils avaient aussi été « en dessous » de leurs adversaires, mais franchement, entre le classicisme des uns et cette espèce de « fourre tout » proposé par Escribano, on n’hésite pas longtemps.
     Oui mais voilà… Signe des temps ! on préfère  le clinquant, l’artificiel, le vulgaire, le facile… Et pendant ce temps, « la qualité doit baisser les yeux »…
     Jarocho est un torero qui fait les choses « bien », toréant classiquement, parsemant ses faenas de détails de grande esthétique. Rien de génial, mais, du métier et le sentiment d’être « en torero ». Le public et les circonstances se sont montrées injustes à son égard, en particulier, au quatrième toro.
     Raul Cano continue à nous laisser dans la perplexité. Est-ce « un mauvais » ? Est-ce « un mou » ? Est ce « un triste » ? Est-ce « un pleutre » ? Non… rien de tout cela, et peut-être même, l’exact contraire…
     A la cape, il est « juste » et a du mal à « parar » ses adversaires. Cependant, cela s’améliore bien, lorsque le toro est mieux fixé. A la muleta, un énorme problème : Il ne transmet pas ! Pourtant, regardez mieux la faena au cinquième : il y a eu de précieux muletazos, parfaitement engagés, profondément « naturels », les pieds posés bien à plat sur le sable ; la « main qui ne torée pas », parfaitement relâchée. Qu’on le veuille ou non, on retrouve une grande partie du Pepe Luis Vazquez fils, en 1979, lorsque novillero, il leva par deux fois la plaza de Valencia, et fit de grandes choses à Madrid. Et, à Valencia, on a eu la même impression, dérangeante : Cette façon timide, presque inquiète, d’approcher le toro… ce visage peu expressif…cette apparente fragilité… Il y a vraiment des comparaisons à faire. Ne nous y trompons pas : il est dur de toréer ainsi, et, à moins de monter « un faenon », complet, dans une grande plaza, Raul Cano n’a que peu de chance de « sortir du rang »…
     Le public préfère le facile, le brillant (même de pacotille), le jetable ! Il préfère Manuel Escribano ! Pues bien ! Il est vrai que le jeune homme se multiplie, tente tout, bouge beaucoup…Il fait tout, très vite, très vaillant…quoique !  Il est vrai, également, qu’il a « la fesse avenante »… C’est la deuxième fois, en une semaine qu’Escribano se retrouve, chez nous, les fesses à l’air. A priori, cela n’a pas l’air de le déranger, et certaines aficionadas, présentes à Bayonne et Mont-de-Marsan nous ont avoué attendre Villeneuve, avec impatience ! Serait ce donc là le secret du triomphe ? Il est évident que s’il met de son côté la gent féminine, par cet érotisme torride…apaga y vamonos !

     Bref, il y en a eu pour tout le monde, pour tous les goûts… et c’est très bien ainsi ! Par contre, il y a unanimité sur la novillada de San Martin : Grande et noble novillada qui a valu une vuelta d’honneur au mayoral. Cependant, si le public a salué la grande qualité de noblesse des six toros, le ganadero, Pepe Chafik, aura peut être levé le sourcil : Manquait peut-être le piquant Santacoloma… Mais, ne soyons pas plus royaliste que le roi ! Et hier, le Roi s’appelait San Martin !

     20 Juillet – MONT-DE-MARSAN – Novillada d’ouverture – Un gros tiers de plaza – Chaleur gris et moite.
     Novillada de San Martin, inégalement mais bien présentée, sérieuse, très correctement armée. La palme du trapio et de la « présence » dans le ruedo, revint au magnifique cinquième, du nom de « Arlequin », un cardeno qui fit une sortie de toute beauté. Dans l’ensemble, les novillos firent une sortie distraite, mouvante, dure à fixer. Puis, resserrant leur jeu, ils devinrent collants au capote, pegajosos et certains, comme Cano, ne purent s’en dépêtrer. A la pique, les novillos ne se firent pas prier, surtout le deuxième, leva le cheval (romaneo) et le grand quatrième qui poussa très bravement dans la première pique (trop longue) et vint de loin, à la seconde. A la muleta, les San Martin furent d’une grande noblesse, sans exprimer «le nerf des Santacoloma ». Longues charges droites, permettant aux muleteros de s’exprimer totalement. Un peu de faiblesse chez les deux derniers ; un peu de retard à déclencher (tardanza) chez le quatrième. Le troisième « Esparteño » était une véritable machine à charger, que l’on récompensa de la vuelta posthume.
     Problème : Le public réagit tardivement au moment du verdict. Il laisse passer du temps, et soudain se met à vociférer dans tous les sens. Pas facile pour le président. L’oreille se demande en agitant le mouchoir blanc, et immédiatement. Si la présidence ne bouge pas, on peut donner de la voix jusqu’à ce que…mais toujours « con clase ! »
     Jarocho (Vuelta après timide et tardive pétition – Petite ovation) a semblé un peu marginal et sans personnalité, face au bon premier. Faena sérieuse, débutée par quatre « à genoux », plein centre, et poursuivie sur les deux mains, tirant de bonnes naturelles et clôturant de grands pechos. Le public a suivi, froidement. Rentrant fort, le Jarocho laisse une lame entière, dont dix centimètres « sortent en dessous ». Peut-être a t’il perdu l’oreille à ce moment-là. Logique !
     Par contre, on est surpris du manque de réaction du public devant le bon toréo proposé au quatrième. Déjà, la portagayola avait été « bien aguantée » (contrairement à Escribano) et la faena se déroula, ferme et classique, le torero allongeant la charge, tirant de grands muletazos, doublant de grands pechos, en ligne ou sur l’épaule contraire. En fin de trasteo des adornos très bien enchaînés et originaux, tels ces deux molinetes à l’épaule. Calme, « se sentant torero », Jarocho se jeta sur le morillo, pour une entière qui, encore une fois transperça verticalement… Pas d’oreille, d’autant qu’une banda annihile toute réaction du public. Bien tardivement, une petit ovation que le garçon vint saluer… mais on lui refusa la vuelta. Aïeeee ! Pues, lo siento ! Estuvo muy bien Jarocho, en ese toro!
     Raul Cano (Silence – Ovation, avec refus de vuelta) a confirmé l’impression de toujours… quoique plus souriant que de coutume. Son premier le mit en déroute, cape en main. Toro très puissant qui « romanéa »… Après un quite embrouillé, Cano demanda le changement et égrena des dizaines de passes « sans rien dire », avec, en fin de faena, du toreo plus reposé, et deux adornos de classe. Pinchazo hondo, ladeado, trasero… tout pour plaire ! Ovation au novillo, et silence au torero. Bufff !
     Le gris cinquième fait une sortie ovationnée… mais se révélera un peu limité de forces, au début. Raul Cano dessina une faena beaucoup plus posée, beaucoup plus « sentie », liant des muletazos coulés, sans forcer l’attitude, muy asentado. Il y a eu là, de très bonnes choses, et probablement les meilleures passes (isolées) de la soirée. Cependant, l’ensemble manque d’enthousiasme, et le public ne suit pas, complètement. Final de haut vol, en adornos et desplantes de classe, quoique timides. Trois pinchazos hésitants, avec longue et dure cogida, le torero se relevant groggy. Entière tardive et adieu à l’espoir de triomphe. Ovation seulement.
     Manuel Escribano (Deux oreilles – Une oreille) a donné une portagayola loupée sortant poursuivi - deux essais de véroniques à genoux, en danger – trois véroniques closes par une espèce de demie en regardant le public. Après la pique, trois paires de banderilles « comme ça », avec un bon quiebro, en dernier lieu. A la muleta, quatre vingt six passes, en une faena volontaire mais sans aucune classe, bougée, retorcida, le corps « tournant plus » que le poignet. Quantité, oui ! Qualité ? Où ça ? Très en dessous du toro, Escribano mit une grosse entière dont il sortit accroché et repris, durement cherché au sol. Le torero se relève, la taleguilla amplement trouée… « vous savez où ! ». Deux oreilles, totalement hors de propos, tandis qu’on donnait vuelta au novillo. Il y eut petite bronca au palco.
     Le sévillan réédita sa portagayola au dernier, se mettant également en danger, parce que tirant le capote trop tôt, probablement. Deux premiers tiers à « essayer des choses », avec des résultats divers : mise en suerte « désarmée » ; quites tarabiscotés, avec cite, la cape sur l’épaule ; banderilles… dans le sable ; troisième « al violin », en kamikaze… Le novillo débute faible, et le torero va essayer de trouver distance et hauteur de muleta. Enfin, les paramètres sont entrés dans l’ordinateur de la polycopieuse, et, on retrouva le final précédent : Quantité, vulgarité…oubli. L’épée fut décisive et l’oreille tomba, forcément…
     Hier, à Mont-de-Marsan, « il semble que… il paraît… » qu’un novillero est sorti a hombros, après avoir coupé trois oreilles… Pues bien ! Mais, qui s’en souviendra, demain ?

     Ce dimanche : Première de feria, avec une imposante corrida de Sanchez Ibarguen, pour Zotoluco, Denis Loré et Pepin Liria

 

MONT-DE-MARSAN : PITONES Y MALA LECHE…
Corrida compliquée de Sanchez Ybargüen

    22 Juillet : « Des cornes et un caractère de cochon ! » C’est ainsi que l’on pourrait traduire l’impression qui domine en cette fin de première corrida de la Madeleine 2002.
     Il y eut des toros, grands, armés, qui firent illusion le temps de trois photos et d’un « Haaaa! » d’admiration. Hélas, cela se transforma vite en d’autres exclamations, soit de déception, soit de peur. En plusieurs moments de la lidia, le public qui remplissait le Plumaçon, a eu l’occasion de sursauter, en particulier lors de la lidia des deux toros de Denis Loré. 

  L’un était un véritable assassin ; l’autre, exagérément armé, prit très vilainement Tino Lopez eu sortir d’une paire de banderilles, le cornéant en l’air, puis le cherchant longuement au sol, au grand dam des toreros accourus au quite. Très sale impression d’une grave cornada, le torero s’écroulant dans le callejon, avant d’être emporté en hâte vers l’infirmerie où l’on décela une petite cornada au côté gauche de l’abdomen. Le banderillero fut mis en condition pour le transfert et rapidement évacué vers le Centre Hospitalier des Landes où il fut opéré par le docteur Chaussende. Le bilan est moins grave que l’on aurait pu le craindre en revoyant les tragiques images de la cogida : deux côtes cassées, et aucun organe vital de touché. Suerte hubo ! 
     Pendant ce temps, l’organisation avait d’autres soucis. En effet, elle apprenait, coup sur coup, les blessures d’Antonio Barrera et de Ferrera, se retrouvant de nouveau devant la feuille blanche des possibles substitutions. Décidément, cette feria a pris l’allure d’un puzzle de mille pièces à reconstruire en dix minutes. Cinq remplacements, et ce n’est peut-être pas fini, car le Juli a été soigné hier soir, à Marbella, pour une coupure au pied… avec son épée. Mais, à chaque jour sa peine suffit ! Ce lundi, Cesar Jimenez remplacera Antonio Barrera. Quant à Ferrera, plus sévèrement touché, on ne savait pas encore, hier soir, qui prendrait sa place, devant les Victorino Martin. A priori, le Fandi ne torée pas, jeudi, mais … On verra bien !

     Hier… il y a eu des toros. Bon ! Grands, hauts et très armés. Bien ! Pour autant, la corrida ne laissera que peu de souvenirs, d’autant que les hommes n’ont pas pu, ou su, briller devant de tels mastodontes, souvent pourvus de mauvaises idées. Seul un toro a vraiment permis de se livrer à fond, ce que fit Pepin Liria en première moitié de sa faena au troisième. Pour le reste, toros « topones », « probones », « broncos » et pleins de regards de côté ou en dessous. La palme revint au troisième, qui trompa le monde en percutant le piquero, trois fois de suite, dont une en chargeant de loin. Hélas, le pseudo brave se transforma en terrible spadassin dès le premier muletazo. Comme s’il avait déjà été toréé. Denis Loré passa un mauvais moment, et nous de même…
     Côté des hommes, Zotoluco semble faire des efforts désespérés pour essayer de « rester quieto ». Ce n’est pas son année. Après les mésaventures de Madrid et Pamplona, le mexicain semble avoir atteint une limite, un plafond. Seuls, Arles et Nîmes ont pu, cette année, lui mettre quelque baume au cœur. Il serait étonnant de revoir le Zotoluco, en Europe, l’an prochain.
     Denis Loré a eu la guigne au tirage au sort. Suerte negra ! Il fit face, et s’en sort indemne. Ya es algo!  A revoir, dans d’autres conditions.
     Quant à Pepin Liria, il donne l’unique (et mérité) tour d’honneur de la soirée, après « s’être envoyé » le troisième, impressionnant de trapio, mais heureusement noble. A grands coups de « Hey toro, hey ! », martelés mille fois, Pepin Liria a pu capter l’attention du toro et du public, dominant l’un et séduisant l’autre. Le torero de Cehegin avait besoin de cela, vivant actuellement une dure saison. Bon pour le moral !
     Corrida dure, parfois intense. Corrida qui fait que l’on respecte les hommes, quoiqu’ils fassent. Corrida, pourtant, que l’on n’irait pas voir tous les jours…

     21 Juillet – MONT-DE-MARSAN- 1ère de Feria – Llenazo – Grand beau, avec des rafales de vent, au début.
     Corrida de Sanchez Ybargüen, de grand trapio et très armés. Le premier était « un tio » ; le troisième « un pavo » et le cinq « un pavo real ». Armures exagérément larges et pointues, impressionnantes. Le premier fit ronchonner les gradins, s’étant astillé les deux pitons, en labourant le sable et la caillasse, sur une chute, au sortir du cheval. Pour le reste, les burladeros vous diront que les cornes étaient pointues et très solides. Plusieurs toros ont rageusement planté leur piton dans le bois, en faisant voler des éclats à maintes reprises.
     Au moral, ce fut autre chose : Seul l’impressionnant troisième a donné un jeu potable. Les autres ont souvent manqué « de fijeza », de fixité dans les leurres,  et se sont défendus avec plus ou moins de violence et de force. Le deuxième est un assassin ; le quatrième, un violent, court ; le cinquième « amaga », fait semblant de déclencher, puis se reprend. A noter que le premier perdit le sabot antérieur droit, et que le sixième, magnifique colorado dut être rentré, pour boiterie intermittente : lésion ou crampe passagère. Algo tenia ! En remplacement, « un tonton » de Martinez Elizondo, aussi beau de corps que court et épais de corne… Toro soso qui plongea tout le monde dans la torpeur.
     Zotoluco (Courte division d’opinions – Petite ovation) a beaucoup patiné, toute la tarde. Donnant l’impression de vouloir mais ne plus pouvoir, le mexicain s’est montré sur le reculoir, devant le premier, très hésitant dans sa charge, parce que naturellement « probon », ou parce qu’il souffrait de son sabot perdu. Toro sérieux, devant lequel, le Zotoluco fut un peu gêné par le vent. Excuse que le public n’accepta pas. N’ayant rien dominé, le diestro ne domina pas la suerte de matar : vilain pinchazo et une entière habile, en sortant par devant, précédant deux descabellos.
     La faena au quatrième, deux fois correctement piqué par Efren Acosta, fut une suite d’essais, le torero « voulant » mais ne pouvant pas. Toro qui « regarde beaucoup », devant un torero qui ne lui donne pas confiance. Zotoluco multiplia les passes, le corps appuyé sur la jambe arrière, toujours prêt à la retraite. Trois muletazos en fin de trasteo, prouvèrent qu’avec plus de décision… Mais, facile çà dire ! Il tua en une entrée desprendida.
     Denis Loré (Silence – Palmas) a fait mentir son premier, en « lui rentrant dedans » au capote. Le toro répondit rageusement, et parut brave et encasté. Trois attaques fortes au cheval de Michel Bouix confirmèrent l’impression. Cependant, le toro s’endormit sous le fer. Aucune bravoure, la dedans. Panique aux banderilles. Toro « topon », qui percute, mais en garde sous la pédale. Danger ! Ce n’était qu’une douce préface à ce qui allait suivre : désarmant Denis Loré dans le troisième doblon, « Gavilan » va tout à coup révéler sa vraie nature : un assassin qui va directement « al bulto », tirant à la poitrine ou au visage de terribles derrotes, interdisant toute possibilités de trasteo. Ayant essuyé plusieurs upercuts, Denis Loré s’en débarrassa comme il le put, dans la compréhension générale, même si certains crurent bon de siffler.
     Le cinquième avait une paire de cornes à faire cauchemarder le diable, lui-même. Pas un assassin, à priori, mais un toro qui faisait semblant d’y aller et « en gardait un peu », de façon à mettre le mauvais coup de corne à l’imprudent qui passe. Il cueillit Tino Lopez, à la première pose de banderilles et lui mit une terrible raclée. Pris, cornéé en l’air, longuement et très violemment recherché au sol, le banderillero se releva, partit au callejon où il s’écroula en vomissant. Impression de grave blessure qui ne se confirma heureusement pas. Mais… vaya susto ! Faena difficile devant un toro qui avance d’un pas, se retient au dernier moment et « descoloca al torero ». Denis Loré essaiera, en vain, terminant en une inutile porfia. A l’épée, une vilaine épée, horizontale, basse, envainada (sous la peau), et une demie verticale. Pas de chance pour Loré, à Mont-de-Marsan. Voyons si cela sourit mieux, dimanche à Tyrosse… face aux Miuras.
     Pepin Liria (Vuelta – Palmitas) a donné les bons moments de la journée : Tout d’abord, les trois demi véroniques qui signèrent sa réception au capote de l’impressionnant troisième. Toro très armé, puissant, mais qui s’endormit sous le fer et se montra noble, mais imposant, dans ses attaques. Pepin Liria, très maître de lui, attaqua fort, en une faena intense, construite en courtes séries, nettes, sans fioritures. Clair dans ses positions, Liria imposa un trasteo vibrant que le toro suivit bien, au début. Le passage à gauche, où il fallut insister lourdement pour arracher deux naturelles, fit baisser le ton de la faena. La suite fut plus heurtée, le torero se montrant moins à son aise, jetant le toro « dehors », allant un peu « a menos ». Pinchazo et une entière vaillante, un peu de côté. L’avis tombe, et le toro de même, au deuxième descabello. Grande ovation et vraie vuelta.
     Malheureusement, Pepin Liria verra rentrer au corral le beau sixième. On ne sait ce qu’il aurait donné. Par contre, on compris tout de suite que le remplaçant de Chopera n’apporterait rien au débat. Toro distrait, soson, qui reste la  tête en l’air… pas grand chose à faire, sinon s’en défaire proprement. Epée tendida et longue séance au descabello. Mais le public avait déjà la tête ailleurs…

     Ce lundi 22 Juillet, le cartel est chamboulé : Au lieu du « Ponce – Tomas -  Barrera », initial… nous aurons Caballero, Jose Tomas et Cesar Jimenez, face à des Javier Perez Tabernero.

 

DIMANCHE DANS LES RUEDOS : DU SANG ET DES LARMES
Blessures d’Antonio Ferrera et d’Antonio Barrera
     22 Juillet : Nous ne voulions pas être de mauvaise augure, l’autre jour, en songeant au retour d’Antonio Barrera, non à Mont-de-Marsan, comme prévu, mais la veille, à Barcelone. Un torero vaillant et plein de pundonor, comme l’a démontré Barrera à Pamplona, allait se donner à fond… Cela n’a pas loupé, et voilà le Sévillan, à nouveau alité, avec une nouvelle cornada, quatre centimètres au dessus de celle de Pamplona.
     Pour ce qui est de Ferrera, c’est autre chose : Le torero est « en pleine bourre », et il met le turbo, surtout quand torée avec lui ce tourbillon appelé El Fandi. Ferrera a pris une grave cornada, de celles que l’on prend lorsque l’on a qu’un seul objectif en tête: « A hombros, por la puerta grande ! »
     Du sang, donc, à Valencia, à Barcelone et Mont-de-Marsan… mais il y eut également des larmes de peine, de douleur ou de joie…
     Larmes de joie, comme à Lunel où l’on a gracié un novillo de Yonnet
     Larmes de peine, comme au Puerto, où le jeune Antonio Caro Gil, qui se présentait en piquée a entendu les trois avis à chacun de ses toros.

     21 Juillet – VALENCIA – 2ème corrida de la Feria de Julio – Media plaza : Toros du Puerto San Lorenzo, correctement présentés et armés. Rien de spécial à la pique, et maniables à la muleta. Plus compliqués, les 2 et 3èmes.
     Antonio Ferrera se fait prendre à la troisième série, face à son premier adversaire. Jusque là, il s’était montré brillant, en particulier en un énorme double quiebro, aux banderilles. Le torero se fit lui même un garrot et continua jusqu’à estoquer son adversaire. Deux oreilles, tandis qu’on l’emportait. Blessure cuisse droite, de deux trajectoires (15 vers le haut, et 10 cms vers le bas). Pronostic : grave..
     Luis Francisco Espla « a fonctionné », devant un manso et une autre, soso. Ovation et applaudissements
     « El Fandi » a mis le feu, devant son premier, « véroniquant » à genoux, mettant la plaza debout aux banderilles, en duo avec Espla. Faena ferme et sérieuse, mal conclue à l’épée. Ovation. Par contre, actuacion complète, face au dernier de la soirée, le Fandi coupant deux oreilles après une faena, mi classique, mi baroque…
     A noter le geste du Fandi qui refuse de sortir a hombros, parce que son compagnon et concurrent, Antonio Ferrera, qui a également coupé deux oreilles, ne pouvait le faire.

     La veille, la feria s’était ouverte sur une très dure corrida des Pedrajas de Maria Luisa Dominguez Perez de Vargas.
     Victor Manuel Blazquez avait coupé la seule oreille du jour, et son frère, Raul Blazquez s’était accroché vaillamment. Mais c’est Jose Calvo, un fin torero qui avait connu des heures de gloire, comme novillero, qui se montra héroïque face au très dangereux cinquième, qui le pris dangereusement à trois reprises.

     21 Juillet – BARCELONA – Petite entrée : Quatre toros des Hermanos Sanpedro et deux Jandilla. L’ensemble se révéla sans grande classe, sans fond et faible.
     Antonio Barrera reprenait l’épée, après la blessure de Pamplona. Il se fit prendre au deuxième muletazo. Vilaine voltige et cornada moins grave que l’on pensait : 10 cms à la cuisse droite, juste au dessus de celle de Pamplona.
     Trois cogidas en trois corridas : Eauze, Pamplona, Barcelona. Et deux blessures ! Malchance noire de ce torero qui mérite beaucoup mieux.
     La corrida se transforma en un mano a mano entre Ortega Cano, qui ne devrait pas continuer dans les ruedos, tant son… « anxiété » et son manque de facultés physiques, sont patents. Le résultat est désastreux : Trois toros, avec pour résultats : Silence ; bronca avec avis et grande bronca, avec trois avis.
     Finito de Cordoba… c’est autre chose ! « S’il veut vraiment », il met tout le monde au garde à vous…Mais voilà ! pourquoi se compliquer la vie ? Silence ; silence, sifflets, avec deux avis.
     Antonio Barrera voudrait reprendre le 2 Août, en plaza d’Azpeitia.

     21 Juillet – MADRID (Las Ventas) – ¼ de plaza : Toros de Gavira, bien présentés et très armés. Trois ont donné grand jeu (1, 2, 6eme) mais ont été insuffisamment exploités.
     Diego Gonzalez (Ovation et silence, avec un avis) Le jeune Colombien confirmait son alternative. Bien, devant le toro de la cérémonie, mais alla « a menos ». Bonne épée. Par contre, les choses se compliquèrent un peu, face au cinquième. Il arrivait directement de Colombie, sans avoir toréé en Espagne.
     Alberto Ramirez (Vuelta et silence, après deux avis) eut des bonnes choses devant son premier qu’il fallut toréer à mi hauteur. Cependant, le toro semblait mériter mieux. Bon début au quatrième, mais il tua « fatal ».
     Manuel Jesus « El Cid » (Silence – et vuelta, avec avis) toréa, encore une fois, très bien, face au bon dernier… mais il tua en catastrophe, perdant, encore une fois un bon succès.

     21 Juillet – TARRAGONA : Corrida de Santa Maria.
     Padilla coupe quatre oreilles – Juan Bautista fait : Ovation et une oreille – Ruben Marin qui recevait l’alternative obtient une oreille de chaque adversaire.

     21 Juillet – MARBELLA  - une demi entrée (!!!) : Toros de Manolo Gonzalez et Sanchez Dalp.
     El Cordobes coupe « quatre et un rabo » - Morante de la Puebla : Une oreille de chaque toro – El Juli entend des ovations et se coupe au pied, avec son épée. Pas grave, apparemment

     21 Juillet – El Puerto Santa Maria – 3ème de la saison – Plus d’une demie arène Beau temps, sans vent (ce qui est rare) : Novillada de Guadalest, bien peu commode
     Salvador Vega coupe au premier, la seule oreille du jour. On le vit très volontaire, très torero, et bon tueur.
     Octavio Chacon touche le plus mauvais lot, et tue bien mal (Silence et ovation, après avis)
     Antonio Caro Gil se présentait. Bon et fin torero avec cape et muleta, il leva le public, à plusieurs reprises. Hélas, il connut un calvaire avec l’acier, face à deux novillos qui devinrent très difficiles. Au bilan, ce qui pourrait paraître un vrai désastre : Trois avis à chacun, le premier étant rentré au corral, le second, puntillé sur place. Pourtant, le public l’acclama debout, au troisième. Heurts et malheurs de la toreria…

     21 Juillet – Lunel : Grande novillada de Yonnet, très bien présentée et de grand jeu. On a « indulté » le cinquième.
     Jorge Ibañez écouta deux silence, avec avis au quatrième – Emilio Laserna fut le grand vainqueur du jour : Une oreille,  et « tous les trophées », symboliques du cinquième dont il obtint la grâce – Manolo Escribano : Ovation aux deux, avec un avis au dernier.

 

MONT-DE-MARSAN : « TROIS EN UN ! »
Manolo Caballero coupe la première oreille de la Feria

    23 Juillet : La novillada de samedi étant « fuera de abono », on peut considérer que les oreilles coupées par Manuel Escribano n’ont que peu à voir avec la feria proprement dite.
     Donc, hier, lundi 22, la « vraie » première oreille de la Madeleine 2002 est allée aux mains de Manolo Caballero, presque en toute justice. Par ailleurs, Cesar Jimenez a d’abord ravi, puis convaincu grande partie des aficionados. Quant à Jose Tomas, aux cheveux coupés tellement courts qu’il en a perdu sa coleta, au cours de la corrida… on dira qu’il est passé, a fait quelques minauderies, et s’en est reparti, aussi hermétique que son coffre à la banque d’Espagne.

      Corrida qui ne décolle pas, diront certains. « Véritable toston ! », s’écrieront les autres en commandant leur cinquième « jaune » !
     Nous dirons simplement que nous sommes passés hier, à côté d’un grand moment, et de ce fait, avons assisté à un énorme scandale, par la faute de gens qui se disent « professionnels, faisant tout pour satisfaire le public »
     La corrida de Javier Perez Tabernero était du genre réduit, par rapport aux toracos de la veille. On s’en doutait. Mais trois toros ont été tellement braves que, s’ils avaient été correctement piqués, on parlerait aujourd’hui, d’une toute autre corrida.
     Braves mais mal piqués les deux et troisièmes… Très brave et horriblement trop piqué en une seul puyazo, le quatrième. Trois puyazos en un seul ! Combien de temps encore ? Ce toro prit une première partie de châtiment, fixé dans le peto, mettant les reins, poussant fort et droit, faisant reculer l’attelage. Une pique énorme, de grande classe ! Et puis, la deuxième partie, celle que l’on hait, que l’on déteste : le piquero s’acharne, pique et repique, monte sur ses étriers, tandis que la main gauche tire le cheval, droit à la maudite carioca. Cela dure des heures et le toro, forcément, s’y épuise, recevant alors un vrai « châtiment », à l’âcre goût de vengeance. Mais, bon Dieu ! mettez-lui quatre, cinq puyazos s’il le faut, mais courts, intenses, qui révèlent à tous, la bravoure du toro, l’adresse et la toreria du piquero, le sens de la lidia de son matador… Mais arrêtez donc ce massacre organisé, planifié, qui vole au toro de combat sa force et son honneur.
     Hier, on a failli assister à un incident : Après le terrible monopuyazo, le sieur Caballero se retourna élégamment vers la présidence, demandant le changement… Et la présidence refusa !
     Air contrit et peiné du  maestro : « Quoi ? Me faire cela à moi ? » Et on en remet une couche, histoire de mettre le public contre la présidence… « Le toro est piqué ! » Oui, mais mal piqué ! On vous a prévenu, avant le paseo…
     Bon gré, mal gré, il fallut ramener le toro au cheval, pour une deuxième pique, qui compte tenu de la triple raclée précédente, tenait lieu de « quatrième puyazo ». Bien, le président ! Il risquait gros : le toro pouvait y laisser ses dernières forces, et le matador pouvait également le jeter en pâture à la foule déçue par l’impossible faena.. Il n’en fut rien, heureusement…
     Et c’est ainsi que hier, Monsieur Caballero a certes coupé une oreille, mais a volé un grand moment aux aficionados : celui de la vuelta d’honneur à un toro très brave, et ensuite très noble…Et cela est impardonnable.
     Quand donc arrivera t’on à ces puyazos dans les règles de l’art, aussi nombreux que nécessaire, entrecoupés de quites où les toreros font briller leur répertoire ? Hier, vu l’intensité de plusieurs « premiers tiers », on aurait pu assister à « la corrida des quites » : Trois ou quatre puyazos à plusieurs toros, et une cascade de quites, de la part des trois artistes. Aujourd’hui, cela est impossible, dans 90% des corridas.
     Hier, « ils » nous ont volé un grand moment d’aficion et de Tauromachie !!!
     Et le public n’a rien dit ! Comme il n’a rien dit, lorsque Jose Tomas s’est franchement moqué de lui, face au cinquième. Certes, le toro ne valait pas grand chose, mais est ce une raison pour jouer ainsi les ballerines ? Est ce une raison pour ainsi picoter trois pinchazos, comme des olives « à un apéritif chez Madame de… » ? Le public, encore une fois, s’est tu, a presque applaudi ! Publico santo !!!
     Dommage ! avec un peu plus de « verguenza torera », les choses auraient pu être fort intéressantes, hier. Non une grande corrida, mais « une corrida très intéressante ».  Ces messieurs ne l’ont pas voulu, et le public n’a pas su se faire respecter. C’est ainsi ! Dommage !

     22 Juillet – MONT-DE-MARSAN – 2ème de Feria – Llenazo – Beau temps.
     La corrida de Javier Perez Tabernero est sortie fort disparate de présentation et comportement.  Le premier toro surprit beaucoup, paraissant l’un des jeunes fils de « ceux du dimanche ». Heureusement, cela s’arrangea par la suite. La corrida presque entière, est sortie  « enterandose », au pas, presque arrêtée « à la porte du garage », humant l’ambiance, comme se demandant « Que se passe t’il donc, ici ? » Puis, quelques pas, le long des barrières, en regardant beaucoup. Enfin le trot qui se transforme en charge plus puissante, comme pour les deux de Cesar Jimenez. Les autres ne permirent pas, ou trop peu, de toréer au capote, le cinquième paraissant affublé de quelque raideur du train arrière. 
     A la pique, les Salmantinos firent plus que leur devoir, y compris le deuxième, sorti figé, mais qui explosa littéralement à la barbe du piquero. Grande poussée du troisième, également. Puis l’épisode du quatrième « Pitinesco », très brave, dont on devrait chanter les honneurs de la vuelta, aujourd’hui. Monopique terrible ! « Trois en une ! » Un vrai sabotage ! Un vrai « sabordage ! »
     La corrida n’a pas donné grand chose à la muleta, excepté le quatrième, complet et le dernier, qui débuta faible, mais suivit la muleta de Jimenez, à la fois douce et autoritaire.
     Pour le reste, soseria et manque de caste, en particulier dans le lot de Jose Tomas. Mais, le matador, lui… où donc, dans quel recoin, dans quel tiroir secret, avait il donc rangé « sa » caste ?
     Manolo Caballero (Silence – Oreille) a fonctionné, face au burraco premier. Toro soso, manson, qui gratte et recule à mesure que le torero avance… Comment voulez vous ? Caballero égrena quelques passes et tua comme un cochon, de deux pinchazos, un vilain metisaca,  et une entière qui tarda à faire son effet.
     Après l’épisode « hold up » du quatrième, Caballero se retrouva avec un toro qui ne lui tint pas rancune, chargeant noblement la muleta, sur les deux côtés. L’albaceteño en profita largement, sans pour autant atteindre « l’Historique ». Bonne faena, débutée majestueusement, liée sur les deux mains, en particulier à gauche. Grande estocade, un peu en arrière et oreille logique. Mais, ne nous trompons pas, dans une corrida « de rêve », on devait avoir : Vuelta au toro et deux oreilles au matador, qui invite son picador à faire avec lui le tour du rond. Un rêve !
    Jose Tomas (Ovation – Silence « siffloté ») reprenait l’épée, après la cogida de Badajoz. Déjà, au patio : visage hermétique, le regard « en bas », les peones qui se mettent devant les photographes, bref… une grande joie de vivre ! Dans la plaza, l’air de toréer « pour lui », comme au campo. « Si cela vous plaît, bien ! Sinon, pueeees… »
     Il ne put toréer de cape, aucun de ses adversaires. D’accord ! Mais ensuite, son actuacion est sujette à caution. Jose Tomas donna une longue litanie de passes droitières « de règlage », à son premier. Faena qui ne décolla jamais, et se liquéfia définitivement sur le mauvais côté gauche. Epée en entrant fort. Bueno !
     Le cinquième, vilain cariavacado, traînait l’arrière train et le public ronchonna. Lésion ? Raideur passagère ? Cela ne fut jamais défini. Longuement piqué, lui aussi. Tomas débuta bien, avançant vers le centre, intercalant un bon trincherazo. Hélas, « trois fléchissements du toro, et deux enganchones de muleta, plus loin… », Tomas décida de tout plier, et piqua vilainement trois pinchazos, précédant une entière. On le laissa faire. Il y eut même quelque applaudissements.
     Cesar Jimenez (Ovation – Ovation, après un avis) « se regarde » toujours autant, et se trouve toujours aussi beau. Certains sont d’ailleurs d’accord avec lui. Cependant, on lui doit de très bonnes choses au cours de cette journée, en particulier à la cape, et dans sa faena au dernier. Il reçut le troisième par delantales et une grande demi véronique. Après avoir laissé piquer le toro en une longue « trois en une », le madrilène dessina son quite par chicuelinas et tafalleras. Faena débutée à genoux, un peu compromise, en son début. Le toro n’avait pas de continuité dans sa charge, et le torero fut obligé de « meubler », élégamment. Deux pinchazos et une entière en arrière et de côté.
     Grande série de véroniques en recevant le dernier, colorado. Moelleux de la cape, erguida la figura. Superbe ! Faena « a mas », devant un toro qui débute faible, trébuchant à plusieurs reprises. A la fois doux et autoritaire, Cesar Jimenez va le tirer  « vers le haut », en faisant presque un grand toro. Le trasteo débuta un peu haché, mais parvint à prendre son envol, en particulier sur trois séries de gauchères, dont une de face, bien liées au pase de pecho. Faena longue, technique, hélas clôturée par une épée basse, le toro chutant au moment de l’embroque. Le temps passa ; l’avis tomba et une possible oreille s’envola avec trois descabellos. Dommage.

     Ce mardi 23, corrida de Jose Ignacio Sanchez Tabernero, pour Davila Miura, Miguel Abellan et Julien Lescarret, dont c’est l’entrée dans le grand bain… « Que haya suerte pour tous ! »
     Et demain matin, mercredi 24, 11h 30… ne pas oublier la novillada de Villeneuve de Marsan : Quatre de Fuente Ymbro, pour Manuel Escribano et Fernando Cruz. On y reviendra…

 

VALENCIA ET SANTANDER : UN LUNDI « SANS CASTE »

     23 juillet : Rien de bien folichon, hier, tant à Santander qu’à Valencia. Tant le matadors que les novilleros ont du faire face à du ganado faible, décasté, sans classe aucune.
     A Santander, les cinq toros d’Algarra n’ont rien donné, pas plus que le Montalvo premier. Une oreille à chacun des maestros, Finito de Cordoba faisant quelqu’effort ; Miguel Abellan prenant un gros tampon par son premier et Fernando Robleño tenant son rôle de torero modeste et vaillant, entrant dans un cartel de luxe.
     A Valencia, la novillada de Yerbabuena a manqué de classe, se révélant sosa et faible. Seul, Salvador Vega se montra à la hauteur, malgré le mauvais lot qui lui échut. Jorge Ibañez et Reyes Ramon sont passés sans peine ni gloire.

     Ce soir, la corrida de Santander est télévisée en direct sur la Tve2 – 18h30 : Toros de Charro de Llen, pour Cesar Jimenez, Leandro Marcos et Javier Valverde.
 

MONT-DE-MARSAN : JULIEN SAUVE LA TROISIEME
Une oreille et « le respect », pour Lescarret

     24 Juillet : Lorsque les clarines sonnaient la sortie du sixième toro, hier soir au Plumaçon, bien peu d’aficionados donnaient cher de l’avenir de Julien Lescarret. D’autres, en voyant le sobrero d’Andres Ramos, se rappelaient le triomphe, mais également la grosse suée du Juli, devant celui de Bayonne, il y a deux ans.
     Quelle ne fut pas la surprise de beaucoup, de voir Julien Lescarret « y aller franchement » et s’envoyer le morlaco, lui coupant une oreille, sauvant la corrida et surtout, se gagnant le respect général ? Carton plein !


     Cette fois, ça y est : Julien Lescarret est matador de toros ! Et l’Empresa de Mont de Marsan lui doit une fière chandelle. En effet, d’un côté, on avait du mal « à avaler » l’alternative d’Eauze. De l’autre, on renaudait sérieusement sur le lot de Charro Perez Tabernero qui rendait à tous la vie impossible, à l’occasion de cette troisième de la Madeleine.
     Un toro, par ailleurs magnifique, soufflant plus fort qu’un volcan qui sommeille ; Deux autres portant au corps « des bultos » suspects vestiges de quelque cornada, de quelque mal intérieur… cela faisait beaucoup pour un seul envoi, et d’aucun  pensait qu’on était en période de soldes, du côté de Salamanca. Dans les tendidos, on commençait à la trouver saumâtre, et quelque chanson peu flatteuse faisait son entrée dans le hit parade. Eduardo Davila Miura avait bien ouvert le bal, mais loupé sa conclusion, et depuis… une vraie Berezina, malgré les efforts de Miguel Abellan.
     Julien Lescarret était sorti vivant de la confrontation avec le « troisième bis », et même s’il avait beaucoup dansé devant la brute, on se disait « qu’on s’y attendait un peu », et qu’au fond, bien d’autres en auraient fait autant.
     Puis sortit ce sixième, un noiraud, bien planté, prêt à en découdre… Vaya tio ! On se dit qu’il va le manger tout cru, au Julien ! Et voilà qu’on reste abasourdi devant cette frêle silhouette qui se plante là, devant le bicho, et va lui tirer les meilleures naturelles de la feria, jusqu’à présent. Même le Juli, présent dans le callejon, opinait du chef ! Lescarret lui avait brindé le toro, et vraiment faisait honneur à son hommage.
     Certes, le toro ne fut pas entièrement dominé. Certes, l’épée partit un peu de travers. Certes ! Mais cela n’est rien à côté de la très bonne impression et le grande joie, causées par ce gamin qui paraît plus un gentil collégien qu’un terrible guerrier. Car, dans son apparente insouciance, Julien Lescarret en surprend plus d’un. Un revistero ami nous racontait que l’une des plus grandes préoccupations de Julien, à la veille de cette grosse corrida de Mont-de- Marsan était de savoir s’il pouvait encore avoir un place pour aller applaudir un de ses chanteurs préférés…à Dax. Un jeune d’aujourd’hui, qui semblait « jouer au toro », comme on joue aux caniques…
     Hier soir, Julien Lescarret devait avoir les épaules douloureuses de tant d’abrazos et accolades. Cet enthousiasme et ces félicitations, auxquels nous nous joignons, sont mérités. Tout fut loin d’être parfait, mais, depuis hier, vraiment, Julien Lescarret est « matador de toros ». Para mañana…Dios dira !

     23 Juillet – MONT-DE-MARSAN – 3ème de la Madeleine – Arènes pleines – Beau ciel et un peu de vent.
     Corrida très inégalement présentée de Jose Ignacio Charro Sanchez Tabernero. Des toros dont les armures fines esquivaient quelques insuffisances, du côté trapio, surtout chez les colorados. Cependant, cela n’avait rien de scandaleux, si ces toros avaient paru en bonne santé. On espère qu’il y aura examen post mortem et que le résultat en sera rendu public, car trois de bichos présentaient des symptômes de maladie ou blessures qui rendaient leur présence à Mont de Marsan, pour le moins douteuses. Le gros deuxième se mit à souffler comme une forge. Les trois et quatrième portaient au flanc des bultos, « des grosseurs » bien suspectes : Tuberculose, pour l’un ? Cornadas ou kystes  pour les autres ? Il serait utile de connaître la nature de ces handicaps qui ont gâché une partie de l’après midi. Côté positif : la grande qualité du premier, bien exploitée par Davila Miura, et l’allant furieux du sobrero d’Andres Ramos.
     Eduardo Davila Miura (Division, après deux avis – Palmas, après un avis) a été superbe muletero devant le très noble et très mobile premier. Ce toro était sorti au pas, sans aucune codicia au capote, puis s’était allumé au fer, s’échappant des capes pour aller percuter le picador de réserve, prenant un gros puyazo en secouant tout le monde. Au quite, Davila le laissa faire, constatant sa mobilité, et sa longue charge. Citant de loin, le sévillan dessina de longues séries de derechazos, superbement rematés par le haut en de grands pechos. Faena de maestro, digne du triomphateur de Séville : Calme, temple, lié, maestria. Muy torero ! Hélas ! Que paso? L’épée se refusa, à sept reprises, le diestro attaquant droit, semble t’il. Cette catastrophe à l’acier lui valut deux avis, au lieu d’une oreille, hautement acquise. Se souvenant du chic de la faena, plus du choc des sept pinchazos, la majorité applaudit, couvrant les quelques sifflets logiques, mais déplacés. Hubo mala suerte, de verdad !
     Par contre, on comprend mal l’entêtement et un petit air prétentieux avec lesquels il toréa longuement le quatrième, faible et souffrant de quelque mal caché. Certes, son obligation est de faire au mieux pour satisfaire le public. En l’occurrence, le public aurait probablement apprécié la brièveté et la pudeur…
     Miguel Abellan (Silence – Silence) ne put rien faire. Son premier était un gros burraco, sorti manso, qui se mit à souffler « caverneux », dès la sortie des piques. Transformé en marmolillo, le pauvre bicho, immobile et douloureux, faisait peine à voir… et à entendre. Après de vains essais, Abellan le bascula d’une bonne estocade, après pinchazo.
     Le cinquième était un flacucho cariavacado, qui alla percuter un burladero. Mansurron, sans caste, le toro alla par ci par là, prenant un quite par chicuelinas  et trois muletazos d’un Abellan dépité, condamné à prendre l’épée. Deux pinchazos, une entière et Amen. Malchance totale.
    Julien Lescarret (Palmas – Une oreille) vit rentrer au corral son premier adversaire, un roux qui portait au flanc deux grosseurs suspectes, et se transforma rapidement en invalide. Sortit alors celui qui devait « faire sixième » : Un tio, très sérieux et agressif, court dans le capote, la tête au ciel. Le premier tiers fut bouscula, Lescarret trébuchant sous le mufle, au moment de mettre en suerte. Bien Davila Miura, qui mit de l’ordre et plaça lui même le toro, en bon chef de lidia. Le deuxième tiers ne fut pas plus rassurant, le Morenito de Arles subissant un gros Waterloo. Pas rassurant, tout cela ! La première demi surprise, fut que Lescarret ne paniqua jamais. La seconde : Il resta longuement « en la cara dela toro », essayant de voir comment il pouvait faire passer ce manso, tardo, qui se met à marcher, pour soudain s’arrêter, le temps d’un lourd regard, bien sournois. Un toro qui aurait fait coincer bien des ténors. Lescarret « le busco las cosquillas », puis s’en défit en un pinchazo, une demie extrêmement tendue et trois descabellos.
     Le sobrero d’Andres Ramos était impressionnant : fin, très armé, agressif. Lescarret fit face et réussit à placer de bons delantales, avant de placer un quite aérien qui surprit le public. On se mettait à y croire, mais on ne pensait pas voir Lescarret aussi calme, aussi suelto, en un mot, aussi torero, devant pareil animal. Ayant brindé au Juli, Julien Lescarret exploita d’entrée la bonne corne gauche du toro de Ramos, en trois séries de naturelles dont certaines furent « vraiment bonnes ». Les meilleures de la feria, jusqu’ici : intenses, bien tirées, bien rematées. A droite, ce fut plus compliqué, mais le torero ne baissa jamais pavillon. Le toro fut il complètement dominé ? Non. Mais le français a été « en torero », calme et très vaillant. Un trois quarts de lame, un peu de travers, et un gros descabello, libérateur. Il n’en fallait pas moins pour que tombe, logiquement, une oreille, et que le sourire revienne sur tous les visages. Julien Lescarret venait de sauver la troisième corrida de Mont de Marsan, et ce n’est pas son moindre mérite.

     Ce Mercredi 24 Juillet, quatrième de Feria : Toros de Salvador Domecq « El Torero », pour Fernandez Meca, El Juli et Sebastien Castella.
     Demain, jeudi, c’est Javier Valverde qui remplacera Antonio Ferrera, devant les Victorino Martin, encadré de Meca et Padilla.

 

TRIOMPHE DE CESAR JIMENEZ, A SANTANDER

     24 Juillet : Important triomphe « télévisé » de Cesar Jimenez, hier au cours de la quatrième corrida de la Feria de Santiago, à Santander. Le madrilène a coupé deux oreilles, qu’il aurait pu doubler, sans sa malchance à l’épée face au premier. Une prestation qui pourrait porter de nombreux fruits.
     A Valencia, le mano a mano Tejela - Manzanares n’a rien donné. Le jour où Manzanares fils arrête de se trouver trop beau en son miroir, cela ira peut-être un peu mieux.

     23 Juillet – SANTANDER – 4ème de Feria : Toros de Charro de Llen, correctement présentés et potables, sauf 2 et 5èmes, compliqués.
     Cesar Jimenez (ovation – Deux oreilles) fut en jeune maestro, toute la tarde. Elégant et valiente. Perdit les trophées en pinchant cinq fois le premier.
     Leandro Marcos (Palmas – Silence) a touché le mauvais lot : Toros compliqués qui ne lui laissèrent jamais l’occasion de développer son toreo si personnel
     Javier Valverde (Oreille – Ovation) aurait également pu sortir a hombros. Hélas, il tua mal le dernier. Cependant, le grand public de la Télévision aura pu voir sa vaillance et son talent. Bonne sortie que confirma le remplacement offert à Mont de Marsan

    23 Juillet – VALENCIA – 4ème de Feria – Novillada : Le lot de Torrestrella a déçu, et les toreros, de même.
     Matias Tejela (Ovation – Silence – Oreille, avec pétition de la deuxième) toréait avec un doigt de pied fracturé. On le vit, vaillant, un peu rapide, un peu embrouillé. Il est de loin, le meilleur souvenir de la novillada. Il tua magnifiquement le  cinquième toro.
     Jose Maria Manzanares : Ovation – Ovation – Ovation et un avis.

 

VILLENEUVE : LA RENCONTRE DE DEUX STYLES

     24 Juillet : Manolo Escribano, le blond frisé bondissant, sorte de « Zébulon des ruedos » et Fernando Cruz, torero classique, vaillant à l’apparence fragile, seront les deux protagonistes de la novillada que l’on espère désormais traditionnelle, ce mercredi 24, à Villeneuve de Marsan.
     Franchement, vous n’avez comme excuse… que le travail ! Sinon, malgré le réveil embrumé de la fiesta de la veille, vous vous devez  d’aller à Villeneuve, vous « qui faites Mont de Marsan ! »
     Escribano est… ce qu’il est. On ne peut nier sa vaillance et son application « à tout faire ». Quant à Fernando Cruz, on attendra de lui quelques filigranes dont il a le secret.
     Face à ce duo de choc et de charme, quatre novillos de Fuente Ymbro, pur Jandilla, dont on a vu la qualité en de nombreuses occasions, cette saison, en particulier à San Sebastian, Valencia et Madrid, à l’occasion du solo de Cesar Jimenez, en avril, à Las Ventas.

     Villeneuve de Marsan – 11h30 : Quatre novillos de Fuente Ymbro, pour Manolo Escribano et Fernando Cruz, mano a mano.
 

MONT-DE-MARSAN : DANS UN RIDEAU DE PLUIE …
Les trois toreros, en triomphe !

     25 Juillet : La quatrième corrida de la Feria de La Madeleine 2002 s’est terminée en apothéose : six oreilles coupées, sortie a hombros pour le trois diestros… et un bon rhume pour tous.
     Bien ! Tout cela semble un peu exagéré (y compris le rhume !). Cependant, il est indéniable qu’il y a eu de bons moments, dus en particulier à l’allant et la race des toros de Salvador Domecq « El Torero », ainsi qu’à la grande bonne volonté des trois toreros.

     Jour de pluie sur Mont de Marsan !  Non pas de ces bonnes averses, bien franches, que l’on voit arriver de loin, aussi courtes que violentes.  Au contraire, ce fut un continuel rideau d’une pluie fine et pénétrante, style « sirimiri bilbaino », s’insinuant dans les moindres recoins, dégoulinant doucement dans les moindres cols, jusqu’en bas de chaque dos (aaahh !), vous trempant plus sûrement qu’une vague au Rocher de la Vierge, quand l’océan n’est pas content. Tantôt bruine, tantôt douche plus conséquente, la pluie  nous a en partie gâché le plaisir, les photographes utilisant maints stratagèmes pour essayer de protéger leur matériel, tout en captant quelques bons souvenirs. En vagues « plasitifiées », vertes, bleues ou jaunes, le public se protégeait comme il pouvait Pendant ce temps, il en est un qui ne se posait pas de question : le légendaire alguazil, qui déambulait dignement, se protégeant d’un immense parapluie, les plumes au sec. Ridicule, mais efficace !

     Reseña sans carnet… compte rendu « sans filet » ! Impressions attrapées « au vol » et rangées en vrac dans la mémoire, sans le secours du stylo. Papier noyé, crayon muet ! Allons y !
     On craignait ! On avait le souvenir des Salvador Domecq d’Eauze, et des bruits de couloir parlaient d’une présentation indécente… Bref, une catastrophe annoncée.
     De fait, « au travers du rideau de pluie », la corrida d’El Torero est sortie, certes réduite de trapio, pour certains, mais bien faite et correctement armée. Ce qui a surtout frappé l’aficionado, ce fut l’allant, le moteur, la race de ces bichos, qui n’ont pas arrêté de galoper, d’attaquer, de charger, tout au long de la tarde. On se souviendra longtemps du troisième, qui a bien failli faire exploser Castella, et du quatrième, plus imposant, plus templado dans sa charge.
     On se souviendra des hommes. Chacun dans son style, ils donnèrent le maximum et, si le distributeur d’oreilles s’est un peu emballé, et la sortie a hombros semble un poil exagérée (le seul qui restait de sec !), on peut quand même les féliciter d’avoir ainsi « aguanté le temporal », en vrais loups de mer et en vrais toreros.
     Stéphane Fernandez Meca nous a paru bien énervé, ce jour. Virulent, gesticulant, peut-être tout simplement « heureux ! », le français s’est montré omniprésent comme chef de lidia et, habitué à de plus rudes batailles, a tiré son épingle du jeu. Sa faena au quatrième méritait elle deux oreilles ? « Au travers du rideau de pluie »… on dira que la faena fut correcte, l’estocade, supérieure… et  qu’il y avait peu d’oreilles coupées au cours de cette feria.
     El Juli a eu, hier, un immense mérite. Blessé au pied gauche par son épée, dimanche à Marbella, le garçon souffrait visiblement, avant le paseo, et se plaignait, très dignement. A part quelque discrète boiterie dans la boue, il n’en laissa rien voir, de toute la tarde, banderilla ses deux toros, et mit un énorme coup d’épée. Deux oreilles sont tombées au cinquième, résultante de la générosité présidentielle au toro précédent. Peu importe. Si le vrai Juli n’est toujours pas « rentré » à Mont-de-Marsan, le torero a montré hier, une grande partie de sa caste, et en cela, sa sortie a hombros est méritée.
     Sebastian Castella paraît toujours aussi fragile, et sa voix toujours aussi fluette. Ne vous y trompez pas ! le garçon a eu un formidable mérite devant ce typhon cornu qu’était le troisième toro. Plusieurs fois désarmé, menacé, poursuivi, Castella a supporté la tempête et tout à coup, décida que « maintenant, c’est fini ! C’est moi qui commande ! » Ce fut le moment le plus intense de la corrida, et de la feria. Il y avait en piste, le réel combat d’un homme face à un vrai toro. Et la pluie ne parvint pas à éteindre le magnifique incendie… L’oreille fut « en or ».
     Voilà, à grands traits, les impressions « sans carnet, sans filet ! », que laisse la quatrième corrida de Mont-de-Marsan. La sortie fut euphorique, et beaucoup d’aficionados se regardaient d’un air entendu. Peu importe ! Dans le rideau de pluie, des petits toros de Salvador Domecq et trois valientes avaient réveillé… le soleil de la Fiesta Brava. Quitte à se voir à nouveau « trempés comme soupe », on en redemande…

     24 Juillet – MONT DE MARSAN – 4ème corrida de La Madeleine – Llenazo – Pluie fine et pénétrante, quasi continue :
     Corrida de Salvador Domecq « El Torero ». Toros de taille réduite mais bien faits, armés commode mais fin. Les premiers et sixièmes furent « en dessous » semble t’il, de la catégorie de la plaza. Cependant, le lot manifesta, à divers degrés, une race, une agressivité, une mobilité, qui a rendu la corrida passionnante, malgré les mauvaises conditions météo. Toro passionnant, le troisième, très encasté, pegajoso inépuisable. Précieux le quatrième, noble ; les cinq et sixième, répétant leur charge, en diverses intensités. Intéressant le premier, qu’il fallu combattre, vraiment. Seul, le deuxième fit preuve de quelque soseria, avant de partir aux barrières, terrain qu’il avait d’avance choisi, pour se protéger de la pluie. Le lot a fait très sèchement son travail au cheval, en de courtes piques, intenses. Le quatrième, « Reojos », fut le plus brave, bien mis en évidence par Fernandez Meca, et son piquero.
     Stephane Fernandez Meca (Vuelta, après pétition – Deux oreilles, un peu protestées) remplaçait Joselito. Il tint a justifier à tout prix son double contrat, à la Madeleine. On le vit omniprésent, comme chef de lidia, tout au long de la corrida. Précieux, pour les collègues. Son premier toro est un petit nerveux que le français reçoit en une larga à genoux très serrée. Puis on retrouve le Meca, rageur et engagé, toréant muleta en avant, très basse, en longues séries musclées, closes de pechos doublés, très autoritaires. Bonne faena, sanctionnée d’un récibir, contraire et en arrière, suivi d’un descabello, seul au milieu du ruedo. Il y eut pétition, que le président refusa d’entendre.
     Euphorique, un brin excité, le français brinda au public, le bon quatrième. Ce fut une faena, classique, à un excellent toro. Faena comportant de bons enchaînements, mais sans la profondeur et l’expression artistique que méritait le bicho. Par contre, le volapié fut de « mention très bien » et mort spectaculaire du toro, au milieu d’une excitation un peu excessive. Deux oreilles, dont l’une fut fortement critiquée par une partie de la plaza.
     El Juli (Silence – Deux oreilles, un peu protestées) eut du mal avec son premier, qui cherchait à rejoindre sa querencia aux barrières. Toro qui gigote dans tous les sens, en particulier au tiers des banderilles, où il n’aurait jamais du s’engager. D’abord, parce qu’il n »’était pas en condition physique pour le bien faire. Ensuite, parce que le toro, sans fijeza aucune, ne permettait pas le succès dans cette discipline. La cuadrilla patina beaucoup au placement, et Juli cloua avec mérite, mais à la sauvette. A la muleta, toro pénible, d’aucun relief, qui passe et sort du muletazo, désirant rejoindre son abri. A l’épée, cela se passe mal, et Juli rentre en grimaçant.
     Le cinquième est noble, et Julian Lopez pense pouvoir développer tout son registre torero. Ce ne sera que partiellement le cas. Faena accélérée, le torero voulant forcer un rythme, que le toro ne put suivre, fléchissant à plusieurs reprises. Une faena qui nous sembla (à travers le rideau de pluie) « sans unité », sans crescendo, sans  « la série définitive », celle qui rallie tous les suffrages. Par contre, bien préparé, « en corto », un énorme coup d’épée, dont le toro sort « rodado ». Mort immédiate et deux oreilles accordées, partie du tendido protestant la seconde. Cependant, vu les trophées accordés a Meca…
     Sebastien Castella (Oreille – Oreille) toucha un premier toro très collant, pegajoso. Toro qui alla « a mas », après un premier tiers intense. Un toro  qui ne cessa de marcher sur le torero, le mettant en danger, le débordant à plusieurs reprises. La première partie de la faena fut « de défense », le torero supportant les dures charges répétées du bicho, ses coups de boutoir et ses regards menaçants. A la limite de l’explosion, Castella supporta les assauts, essayant d’endiguer ce typhon infatigable. Tout à coup, le torero « se planta » dans le sable, et donna une première série droitière, qui surprit à la fois le toro et le public. A partir de cet instant, Castella commença à s’imposer dans une suite de séries intenses, très vaillantes, qui finirent par dompter l’animal. Vrai desplante, pour une grande ovation. Sebastien pinchera une fois, manquant de se couper à la main, avec l’épée, et tuera d’une bonne demie. Gosse oreille, bien méritée.
     Le sixième était plus réduit, semblait armé plus commode. Castella dessina une longue faena un peu irrégulière, comportant de bonnes séquences, en particulier sur main droite. Gros mérite du français, qui sut maintenir l’intérêt et triompher à son tour, passant derrière ses deux collègues, doublement récompensés. Oreille pour Sebastian Castella et sortie a hombros générale.

     Cinq minutes après, le soleil pointait… Que cabron !

 

VILLENEUVE DE MARSAN : LES FUENTE YMBRO, A HOMBROS !!!

     25 Juillet : Comment peut on accepter de sortir a hombros, « toutes dents dehors », quand on se dit « vouloir être torero », alors que l’on a patiné, presque explosé devant quatre toracos d’une classe inouïe, et qu’un président enrhumé a sorti le mouchoir blanc, presqu’avant le public, accordant des oreilles totalement déplacées ?
     Comment peut on accepter un tel triomphe, sans avoir le geste d’aller chercher le mayoral, pour au moins partager avec lui, les ovations du public ?
     Entendons nous bien. Il n’est pas question de nier ici « el pan y la sal », à des jeunes toreros « qui commencent » (et ne finiront peut-être jamais, de commencer). Cependant, il faut rendre à Cesar…etc ! Les quatre novillos de Fuente Ymbro, sortis hier à Villeneuve, étaient « des préciosités » (Cela ne se dit pas ? Tant pis !) : Précieux « de lamina » ; Précieux, au moral comme au physique ! Braves, codiciosos, et nobles. Des toros d’importance, pour un toreo d’importance. Des toros auxquels il fallait imposer sa loi, et « se grandir » avec eux.
     Les novilleros ne l’ont jamais fait, et ont passé un bien mauvais moment, essuyant achuchones, cogidas, désarmés et maints avertissements bienveillants. Le président a cru pouvoir attribuer une oreille chaque fois, parce que deux minettes secouaient leurs mouchoirs.  Pues bien ! Mais ce n’est qu’un piètre service à rendre à deux toreros qui ont laissé passer une grande occasion, hier, et à leur mentor, qui ne le leur ont peut-être pas dit…

     24 Juillet – VILLENEUVE DE MARSAN – Novillada – Poca gente – Pluie fine, par instants.

     Quatre novillos de Fuente Ymbro, magnifiquement présentés (deux petits, bien faits et deux « sacrément roulés ». Sorties puissantes, courses rapides, beaucoup de codicia et de fijeza. Les Novillos ont été braves au cheval, et durement châtiés, carioqués à souhait. Le quatrième a été littéralement massacré à la pique, devant la passivité du novillero de turno. Les quatre bêtes finirent nobles, mais puissantes et agressives, mettant les hommes à la limite de l’explosion. (Ce que l’on respecte, et l’on salue, car il fallait du courage, face à de telles machines à charger)

     Manuel Escribano a coupé une oreille chaque fois. Il n’a pas déçu, dans la mesure où chacun savait ce qu’il allait faire. On aurait pu quand même espérer d’autres recours, chez un novillero qui torée beaucoup, et triomphe (soit disant), partout. Gros échec, avec des milliers de demi passes, deux oreilles et sortie a hombros.
     Fernando Cruz a également coupé un trophée chaque fois. Beaucoup moins armé que son collègue, il a cependant « plus déçu », dans la mesure où l’on attendait de lui, plus de verguenza torera, plus de pundonor. Passe pour la première oreille, bien que la faena fut un peu bousculée, par manque de toque plus autoritaire. Certaines passes furent très esthétiques, mais… « no manda ! ». Volontaire, tueur courageux, certes ! Par contre, on ne peut accepter l’oreille du quatrième, qui avait failli lui arracher la tête, à la cape, et que l’on massacra consciencieusement à la pique. Là, ce fut très difficile.
     Bien ! « Le toro lui est venu « trop gros » ! On le comprend. « Il fallait penser à l’Espagne, samedi ! » On le comprend aussi. Alors, on reste modeste, on donne la vuelta s’il le faut, au cours de laquelle on invite la mayoral à partager les bravos et, surtout, on ne sort pas a hombros. Mais ça …
     Hier, à Villeneuve de Marsan, ceux qui ne sont pas venus ont loupé quatre magnifiques novillos de Fuente Ymbro qui méritaient vraiment la sortie a hombros.

 

MONT-DE-MARSAN : QUAND PADILLA SAUVE VICTORINO…
Excellente présentation de Javier Valverde

     26 Juillet : La corrida de clôture de la Madeleine 2002 aurait pu être un fracaso retentissant. Un torero l’a sauvée… Juste retour des choses !
     Après les apothéoses auxquelles nous étions (trop mal) habitués, il fallait bien que cela arrivre un jour…
     Cela fait cinq ans que la Victorinade « sauvait », en partie, la Feria de Mont de Marsan. Cette fois, elle a failli l’engloutir. Adieu l’admiration, l’émotion, le rythme, l’intensité des « versions passées »… Cette année, on peut se demander quelles auraient été les réactions du public si les toros sortis hier, avaient porté, par exemple, la devise d’un Jose Luis Marca ou d’un quelconque Domecq… « Pues, queman la plaza ! »

     La corrida est sortie, basse, réduite, faible et endormie au cheval. La corrida est sortie, mobile certes, mais bourrée de défauts, « regardant » beaucoup, « marchant » beaucoup, se retournant beaucoup et vite… Si on ne nous croit pas, qu’on interroge Fernandez Meca, qui a du passer un des plus mauvais moments de sa carrière… Qu’on en parle a Javier Valverde, face à son premier.
     Hier, à Mont de Marsan, Victorino aura eu du mal à revendiquer une quelconque place de Numéro Un au ranking ganadero.
     Ces toros sont « différents », certes, mais la corrida d’hier, même dans sa « différence »  fut pour beaucoup une immense déception, de par sa présentation, et par le jeu « qu’elle n’a pas donné », en particulier au premier tiers...

     Heureusement, un homme a, en partie, gommé ce lapsus. Dieu sait qu’il n’est, ni un grand classique, ni un grand technicien, ni un artiste de haute inspiration. Dieu sait qu’il n’est pas torero de notre dévotion… Mais il faut bien reconnaître que la décision, l’abattage, la puissance et une certaine sincérité, ont fait de Juan Jose Padilla l’indéniable triomphateur de la corrida… et de la feria. Quatre oreilles, dont une, fort discutable, sont là pour en témoigner, tout comme les visages en joie, dans les gradins… et dans le callejon.
     Alors, ne boudons pas le plaisir de la majorité… Hier, à Mont de Marsan, le public a préféré rugir de plaisir, plutôt que de gronder sa colère. C’est bien ainsi !
     Juan Jose Padilla, pueblerino presque détestable devant son minuscule premier, mais « se sauvant » par une impressionnante cogida au moment de l’épée, a surpris beaucoup de monde en ralentissant son toreo, face au noble cinquième, et en portant une estocade digne des « canons de Navarone », avant que ne passe Grégory Peck et sa bande de dynamiteurs... Quatre oreilles, c’est beaucoup, mais c’est bien peu, à côté de l’énergie dépensée par le Jerezano.

     A ses côtés, plus calme, plus classique mais tout aussi décidé, Javier Valverde. Le jeune Salmantino vient de prendre l’alternative. Il se présentait en France, de matador de toros, et prenait de Victorinos, pour la première fois. On peut dire que sa sortie est des plus positives, de par le sérieux, la fermeté et le talents déployés. Passer derrière « le Typhon Padilla » et « faire dans la sobriété », deux minutes après l’immense orgie…, cela ne manque pas de  mérite, que le public sut lui reconnaître.

     Au palco, la Victorino Martin Family ne disait rien… mais, peut-être pensait elle que, pour une fois, un torero lui avait fait le quite…et qu’il faudrait « rectifier le tir », l’an prochain ! Cependant, « les choses étant ce qu’elles sont… », il n’en manquera pas pour dire que nous avons vu « une grande Victorinade » ! Bueno ! Chacun voyant dans la corrida ce qu’il va y chercher, nous respecterons cet avis. C’est aussi pour cela…que nous sommes Aficionados !

    25 Juillet – MONT DE MARSAN – 5ème et dernière de La Madeleine – Llenazo – Temps gris et lourd.
     Corrida de Victorino Martin : Basse, de profil ; Fine, de face, « se cachant » derrière des armures sérieuses, sans exagération. Corrida qui est sortie mobile, correosa, avec tendance à la distraction et la fuite (le deuxième sauta au callejon et deux autres y regardèrent beaucoup). A part le cinquième, les toros furent difficiles à fixer aux capotes. A la pique, même s’ils furent mis plusieurs fois, et de loin, au cheval, on dut les « protéger », car ils eurent tendance à faiblir et s’endormir sous le fer. « Descafeinados », au premier tiers. A la muleta, un toro noblisimo : le cinquième. Un terrible et dangereux : le quatrième. Entre ces deux extrêmes, des charges qui se raccourcissent, des retours secs, des regards lourds de menace. En un mot : petits, souvent vicieux, maintenant l’inquiétude de tous. En un mot… une corrida des plus incommode pour les toreros.
     Stéphane Fernandez Meca (Silence – Division) ne fut jamais « a gusto ». Son premier est faible au cheval, court à la muleta. Meca essaie de la passer des deux côtés, sortant avec difficulté de chaque série. A un moment, on croit qu’il va y arriver, sur main gauche… mais un upercut du toro le fait renoncer. Deux pinchazos et une entière suivie d’un descabello.
     Le quatrième est un danger ambulant. Una caja de bombas ! Endormi à la pique, ce toro va se mettre à marcher, marcher, le regard « directement dans les yeux du matador »… Celui-ci va aguanter deux charges, puis se faire totalement déborder, accentuant les défauts du toro, finissant en panique. Et on peut le comprendre ! Epée "de gendarme", sortant de cinquante centimètres, sur le côté ; un pinchazo, très compromis, et l’entière libératrice. Fernandez Meca s’est fait très peur… Et à nous donc !
     Juan Jose Padilla (Deux oreilles – Deux oreilles) a connu une apothéose que personne ne pourra lui discuter, quant à l’intensité. Que les récompenses attribuées soient justes ou non, passe à l’arrière plan. Le public a récompensé l’abattage, l’énergie et la grande bonne volonté du Jerezano, tant à la cape qu’aux banderilles, tant à la muleta qu’avec l’épée.
     Son premier est un moustique, cardeno muy claro, qui galopa dans tous les sens. Padilla le toréa bien à la cape, le banderilla en puissance, terminant par une paire « al violin ». La faena comportera plusieurs séries de droitières très liées, clôturées de vibrants double pechos. Puis, ce sera une débauche de diverses vulgarités, qui mirent la plaza en ébullition. Entrant court, le grand Padilla « tombe » littéralement sur le petit toro, qui le prend au niveau du ventre et le lève haut, dans un furieux dernier hachazo. Le costume déchiré, tordu de douleur, grimaçant d’importance, Padilla lutte pour ne pas être emporté vers l’infirmerie… Le toro tombe et la plaza explose, d’émotion et de joie. Une oreille, immédiate, le président résistant un moment, mais devant abandonner ses prérogatives et lâchant la deuxième oreille, sous peine de se faire écharper par la masse « vociférante ». Padilla donna une vuelta d’apothéose et fila à l’infirmerie, dont il revint, le costume dûment « strappé Velpeau »!
     Par contre, son actuacion au cinquième est complète, digne d’éloges. Bien au capote, avec des véroniques ralenties, à droite. Enorme de puissance et de vista, aux banderilles, en particulier dans un «violin » parfait. Surprenant, à la muleta, dans une faena beaucoup plus sérieuse, plus posée, que le première, tirant deux séries de naturelles amples, ralenties, parfaitement liées à de grands pechos. Ce n’est pas du Paula, mais… Pour en finir, un monumental coup d’épée, dont le toro sort moribond. Deux oreilles incontestables et une vuelta d’enfer, le sympathique jerezano doublant le tour d’honneur, dans l’allégresse générale. Rien à dire, sinon que le toro fut très noble, et que le torero sut se hisser à son niveau. Bravo !
     Javier Valverde (Ovation – Une oreille) a remporté un sacré challenge : Un mois et demi après son alternative, de présenter en France, dans une grosse feria, en remplacement de Ferrera, et face à des Victorino Martin ! Monterazo !
     Son premier était bas, armé fin. Le salmantino, très calme, très ferme, le fixa par lances « génuflexés », avant de donner les trois grandes véroniques de la journée. Le bicho prend trois piques qui ne disent rien, et arrive sans grand jus, à la muleta. Valverde, très décidé, va essayer d’allonger cette charge, mais essuyer plusieurs retours très secs, dans les remates de chaque série. On a quelque espoir sur les premières passes de gauche, mais le toro va également fermer la porte, de ce côté là. Valverde essaie à nouveau, mais se fait longuement enlever et bringuebaler au dessus des cornes. Sans mal, heureusement. Une presque demie épée, en arrière et de côté, qui ne fait pas son effet, et une épée contraire. Ovation que libère un descabello. Estuvo en torero !
    
Le sixième sera peut être trop piqué. Qui le sait ? Valverde va démontrer, face à ce toro noble, mais qui ne dura pas longtemps, toute la sobriété, la fermeté et la personnalité de son toreo. Il y a du Viti, là-dedans. Une grande série de derechazos fut le sommet d’un trasteo sans aucune concession à la galerie, hormis trois pechos enchaînés. Tuant rapidement, Javier Valverde coupa une oreille de justice et de raison. Une oreille qui doit lui servir à gagner des contrats et des postes dans l’escalafon. En tous cas, le jeune torero de Salamanca a gagné le respect de l’Aficion du Sud Ouest, qui le reverra avec plaisir.  

     Final de la feria 2002. Ce fut long, parfois un peu poussif. Mais la sortie, radieuse, de Padilla, ovationné par la foule, debout, en restera l’image première. Après tant de coups reçus, tant de cicatrices « inoubliées », le Jerezano méritait bien cela. Viva ! 

 

ILS APPELLENT CELA : « LA MANDANGA ! »

     27 Juillet : Ce n’est pas une nouvelle danse ! Pourtant, son nom sonne plus chaud, plus torride que la salsa ou la lambada…
     La « mandanga »… Ce n’est pas nouveau, et c’est très taurin… mais cela peut s’appliquer à tout le monde: du jeune cadre supérieur, à l’épouse, le soir au lit …
     Mais dans le monde taurin, on l’emploie beaucoup lorsqu’un torero « n’a pas envie », « ne veut pas »… lorsqu’il se laisse aller, lorsqu’il erre dans le ruedo, l’air absent, portant péniblement le poids du costume de lumières. Il fait le paseo, comme s’il venait d’ailleurs et, trois muletazos et un bajonazo plus tard, il y retourne… Les publics ont beau se mettre en colère, l’apoderado, lui faire les gros yeux, ses banderilleros « l’animer » avec des « bieeeeennnn ! », au moindre soupir muleteril… rien n’y fait. Pas envie !  Et cela peut durer longtemps…

     Antonio Ordoñez et Paco Camino en ont connu, de ces passages à vide où, dès le paseo, on savait que « cela allait se corser »… 
     Visage fermé, geste minimum, ils traversaient vite la zone de soleil et filaient au burladero, sans même ouvrir le capote. Quand sortait le toro, ils lui adressaient un regard « plein de vide »… Arreglado ! Son sort était réglé. Le picador pouvait s’en donner à cœur joie… Après, trois trapazos et une épée « al rincon », y ya esta ! Peu importent les sifflets… on file à la douche, et en route pour la suivante ! C’est où, déjà ?

     Ce qui était valable hier, l’est encore aujourd’hui… sauf que "les Figures" d’hier, le seront encore… demain !  
    
D’accord, vous allez me dire : « Dans dix ans, on ne parlera plus de toros ! » Peut-être, mais l’Histoire demeure, et dans dix ans, on parlera toujours, et plus, peut-être d’Ordoñez et Camino, encore magnifiés par le manque de personnalité et de pundonor des vedettes actuelles…
     Hier, à Valencia, deux toreros de postin se sont comportés comme de vrais bandits. Ils ont pour noms  Finito de Cordoba et Jose Tomas. Dans une corrida où tout le budget est passé à payer le gasoil des camions qui amenaient et ramenaient les toros, dans le fragile espoir de pouvoir en réunir six qui pouvaient faire l’affaire… ces deux petits messieurs se sont comportés comme des bandits, renonçant à toute honte, flottant tristement dans la plaza, en quête du geste minimum…
     Finito de Cordoba n’a pas voulu… Jose Tomas, non plus !  Les deux sont des professionnels qui peuvent « plier un toro » en deux minutes, et nous expliquer élégamment « que ce toro ne sert pas ». Mais là… ce ne fut pas le cas. Finito ne fit même pas mine d’essayer. Il distribua deux derechazos par ci, une naturelle par là, et tua… mal. 
     Finito de Cordoba est le roi du yoyo ! Magnifique et décidé, l’an passé… Phase montante ! Cette année, on laisse aller ! Phase descendante ! Il est vrai qu’il vient d’avoir un enfant et que ce grand bonheur mérite bien un petit arrêt « tendresse ». Bueno ! Mais, même sans ce doux événement, le Finito se serait payé une bonne sieste, cette année… Sa biographie, reine de l’irrégularité, le démontre.

     Le cas de Jose Tomas est beaucoup plus préoccupant…pour lui ! Trois corridas, depuis son retour, après la cornada de Badajoz : Mont de Marsan, Santander, Valencia. Trois corridas, trois scandales ! 
     A Mont de Marsan, le public a été adorable, bien éduqué et tout… Ne s’est il donc pas rendu compte, au cinquième, que Jose Tomas « n’en avait rien à cirer ! » des Landes, de son foie gras et du prix des entrées à la taquilla ?  A Santander, ce fut « un peu » plus virulent… et hier, à Valencia, « se armo la marimorena » ! Bronca majuscule ! Attendons un peu, mais on peut prévoir un nouveau coup de tête de Jose Tomas, dans pas longtemps, style : trois avis, refus de tuer un toro, etc…
     Que lui arrive t’il donc ? Pas remis, physiquement ? Il semble que non ! Pas dans le coup, mentalement ? Puede ser ! Mais alors, attention à deux choses : une nouvelle cornada, ou la soudaine désaffection du public… Le jour où il ne marchera vraiment plus…le public sera aussi injuste dans l'odieux, qu'il l'est, depuis trois ans, dans le "flatteur". 
     Où va donc Jose Tomas? A Mont de Marsan, Jose Tomas avait l’air « dans son monde à lui », murmurant trois mots au toro, s’en allant, le visage fermé, les yeux vides… « Jusque z’à quand, Monsieur Tomas ? »

     Heureusement, de telles attitudes en révèlent d’autres, plus honorables… Deux exemples : Cesar Jimenez, qui a profité de « la mandanga » du Finito et de Tomas Jose, hier à Valencia, pour aligner son troisième triomphe de la semaine : Bien à Mont-de-Marsan ; bien à Santander ; très bien, hier à Valencia. Devant le désastre de ses compères, le jeune madrilène s’en fut recevoir le dernier toro, par chicuelinas, au centre du ruedo. Toma ya ! Plaza en fusion, qui le porta vers les deux oreilles et la salida a hombros.
     Autre exemple, venant pourtant d’une figure qui pourrait, de temps en temps, se laisser aller… El Juli ! Il n’a as aimé les deux oreilles accordées à Fernandez Meca, l’autre jour, à Mont de Marsan (nous non plus !) Du coup, il a mis le paquet au cinquième. Ce ne fut pas parfait, mais il a voulu, et cela s’est réglé, « à la pointe de l’épée ». Vaya estoconazo ! 
     Hier, à Santander, son amour propre en a pris un grand coup, en voyant Francisco Marco triompher devant un grand toro de Torrealta. Rebelote ! Il se mit en colère et attaqua fort son second toro. Casta ! Figura !

     Que nous réserve la temporada ? De magnifiques épopées, et de sordides descentes aux enfers, comme toujours. A nous de les vivre et de les apprécier, en toute équité… Surtout, ne pas tomber dans « la mandanga »…

     26 Juillet : VALENCIA – 7ème de la Feria de San Jaime – Un peu plus de media plaza : Demie arène, pour Jose Tomas, mais les exigences  font, elles, le plein ! On a vu 24 toros, pour remplacer la corrida de Nuñez del Cuvillo, refusée en bloc. Les camions sont allés et revenus, transportant des remplaçants, et ce n’est qu’à 14h30 que l’on s’est mis d’accord sur trois de Los Bayones (1,3,5èmes) et trois de Martelilla (2,4,6èmes). Puis, ce fut un méli mélo, les 1er et 5ème, invalides étant remplacés par deux Fermin Bohorquez. A priori, les meilleurs furent les 4 et 6èmes.
     Finito de Cordoba (Silence et Bronca) s’en est fichu, toute l’après midi. Sans faire le moindre effort, l’air absent, profitant que le public avait d’autres centres d’intérêt, d'autres cibles....
     Jose Tomas (Silence et sifflets) toréa longuement,  en des trasteos vides d’expression, sans boussole ! Ne pouvant régler la charge du cinquième, il laissa tomber, rapidement, sans un regard pour ceux qu’il décevait encore une fois, grâce auxquels il est, pourtant, « où il est » aujourd’hui. Très mal.
     Cesar Jimenez (Vuelta – Deux oreilles et salida a hombros) a remporté un gros triomphe, encore accentué par le désastre des compagnons. Il aurait pu couper l’oreille du premier, s’il n’avait pas cafouillé son descabello. Toro tardo, auquel le jeune diestro avait donné de grandes naturelles. Par contre, il mit le feu, d’entrée, face au dernier de la soirée, bien présenté et astifino, qu’il reçut par chicuelinas, directement, en plein centre du ruedo. Une espèce de portagayola, par chicuelinas. Vaya ! La faena fut un mélange de vibration et d’élégance, et Jimenez triompha totalement.

     Le mercredi 24, la feria de Valencia avait connu de bonnes choses, avec la corrida de Cuadri, inégale mais très intéressante. Le sixième avait été remplacé par un Bohorquez, mauvais.
     Les toreros avaient fait le maximum : Pepin Liria (Ovation et oreille, avec pétition de la seconde) s’était fait prendre d’entrée, au capote, par son premier. Gros choc, mais s’était bien remis pour bien toréer le quatrième - Juan Jose Padilla (Ovation et Vuelta) avait brillé au capote et banderilles - Blessé à Barcelone (et ne réapparaissant pas avant le 14 Août, en théorie) Antonio Barrera était remplacé par  Jose Calvo, valenciano, auteur d’une faena téméraire, le premier jour. Oreille du troisième Cuadri pour le jeune diestro qui mérite de revenir au premier plan : Torero « d’esthétique », qui vient de se révéler « de valor », en cette Feria de Julio 2002.
     Jeudi 25 Juillet, la sixième de Feria, avec des toros de Jose Luis Pereda (le 4ème étant de la Dehesilla), bien présentés et astifinos. La corrida est sortie mansa, les 2 et 4èmes étant les meilleurs - Vicente Barrera remplaçait Enrique Ponce. Il coupa une oreille de chacun, et sortit a hombros. Mieux au quatrième devant lequel s’illustra le picador Curro Luna. Barrera fut un peu longuet et fade, devant le premier. Par contre, plus vibrant mais toujours stoïque, face au quatrième. Bonne journée du Valenciano - Victor Puerto reçut deux ovations, avec avis au cinquième, qui montra beaucoup de genio - Abellan fut très mal servi : un troisième, faible ; et le dernier, « dur-dur ». Il fit ce qu’il devait. Silence et ovation.

     26 Juillet – SANTANDER – 7ème de la Feria de Santiago – Lleno : Corrida de Torrealta très inégale de comportement, mais intéressante. Bonne présentation, très homogène (502, 485, 480, 510, 520, 505 kgs). Le troisième, du nom de « Giraldillo », donna un jeu superbe, tant à la pique qu’à la muleta.
     Victor Puerto (Ovation avec avis, et Ovation) fut mal servi, mais ne poussa pas ses feux
    « El Juli » ne put grand chose devant le premier qui accrocha Manolo Belmez, à l’heure de la puntilla. Par contre, vexé par le triomphe de Francisco Marco, le Juli mit un gros « coup de rein », devant le cinquième, lui coupant une bonne oreille
     Francisco Marco eut la chance de tomber sur un grand toro, le « Giraldillo », qu’il toréa parfaitement, en particulier en de longues naturelles que le toro suivit, mufle au sol. Deux oreilles méritées. Attendant le sixième a portagayola, le navarrais fut violemment percuté, dans l’émotion générale. Relevé groggy, le jeune torero revint au combat et, poussé par un public au cœur généreux pour ceux qui le méritent, coupa deux nouvelles oreilles et sortit en triomphe. Olé, valiente !

     A Santander, mercredi 24 , la cinquième corrida avait vu Caballero et Cordobes couper chacun une oreille. Mais c’est le Fandi qui avait monté un formidable show, coupant trois trophées, mais se faisant mal au pied droit, un toro lui ayant marché dessus (plus grave que l’on croyait). Nouveau gros triomphe du Fandi, devant une bonne corrida, noble de Daniel Ruiz. Il n’y avait plus de billets, ce jour-là.
     Jeudi 25 : On attendait Jose Tomas. Il connut un désastre, et le public se mit en colère. La corrida était prévue, de Torrestrella. Il en sortit quatre : 2,4,5 et 6èmes, de « poca cara » et compliqués. Le premier fut un noble, de Daniel Ruiz ; et le troisième, un Nuñez del Cuvillo bien présenté. Pepin Liria, se comporta en brave, en particulier face au dangereux quatrième. Ovation – Silence, de respect) – Jose Tomas eut certes des toros peu commodes, mais il laissa vite filer : Silence et Bronca – Bonne tarde du Morante de la Puebla, qui toréa magnifiquement le troisième, coupant l’oreille de la journée, après de bonnes naturelles et une grande épée. On n’était pas loin des deux oreilles. Le sixième, hélas, ne dura pas…

 

EL FANDI ET TEJELA : C’EST LE PIED !

     27 Juillet : La temporada 2002 est vraiment « celle des accidents », et des casse-tête pour les empresas. Imaginez un peu : Ponce, toujours incertain pour le début Août, suite à sa terrible blessure de Leon ; Rivera Ordoñez, qui attend que son coude fonctionne à nouveau ; Antonio Ferrera et Antonio Barrera, respectivement blessés, dimanche dernier, à Valencia et Barcelona…
     Les noms des  remplaçants voltigeaient déjà dans tous les sens… Et ne voilà t’il pas que deux nouveaux blessés viennent grossir l’effectif de l’infirmerie : El Fandi et le novillero-vedette, actuellement : Matias Tejela.
     Les deux ont été blessés au pied droit, à Valencia et Santander, respectivement.

     El Fandi est la révélation de l’année, triomphant presque à chaque sortie. Un toro de Daniel Ruiz lui a marché sur le pied droit, mercredi, à Santander : Gros hématome, avec fissure d’un métatarse et entorse de la cheville. Six à dix jours d’arrêt. Mais le torero a déjà signalé qu’il allait faire le maximum pour revenir, le 1er Août, à Huelva.

     De son côté, Matias Tejela devra s’arrêter plus longtemps. Victime, à Valencia, de la fracture d’un doigt du pied droit, le jeune novillero, grande promesse de l’escalafon inférieur, a du annuler plusieurs dates, dont Garlin, cet après midi, où il sera remplacé par le français Julien Miletto. A signaler que le novillero était déjà blessé au pied, avant Valencia. Lors du mano a mano avec Manzanares, le premier novillo lui marcha sur le pied. Tejela partit à l’infirmerie, dont il sortit, sous infiltration, pour toréer ses deux autres adversaires. Vaillant et tout à son honneur, mais cela n’arrangea pas la fracture.
     On regrette vraiment son absence, à Garlin, sa confrontation avec Salvador Vega promettait beaucoup, d’autant qu’Escribano va sûrement mettre le feu, à sa façon.

     Cartel définitif, ce samedi 27, à Garlin : Six Novillos de Mari Carmen Camacho, pour Salvador Vega, Julien Miletto et Manuel Escribano  

 

« REPRENDRE... LE TRAIN ! »

     28 Juillet : Puisque l’on en est aux expressions taurines (voir hier « la mandanga »), il en est une qui surprend le quidam qui débarque dans un monde où la mécanique n’a encore rien à voir… pour le moment. Cette expression : « Perdre le train du succès », ou « Prendre le train du succès », ou encore « Reprendre le train du succès »…
     En ces jours « de grande transhumance », c’est l’occasion ou jamais de nous y arrêter, cinq minutes.
     Dédouanons immédiatement la SNCF de tous ces incidents ferroviaires. Pour une fois, elle n’y est vraiment pour rien. Ni retard, ni grève ! Un miracle!

     « Prendre le train du succès » signifie : entrer dans le circuit de ceux qui vont toréer beaucoup, suite à un triomphe important autant qu’inattendu. Tel torero n’était rien, la veille de son paseo à Madrid… son apothéose lui a valu de signer vingt contrats d’un coup. Exemple : Le Califa, en 2000. Il n’était rien, en début de saison, mais une grande actuacion aux Fallas de Valencia et son grand triomphe à la San Isidro, le font monter dans le train du succès… Autre exemple, cette année : Fernando Robleño. Avant San Isidro, il n’est rien d’autre qu’un torerito qui est sorti a hombros, de façon discutable, d’une corrida d’hiver, à Madrid, et à qui on a promis « la première substitution… ». Le remplacement arrive, et Robleño monte un tabac, devant Las Ventas, pleine comme un œuf. Depuis, Robleño torée et triomphe partout. Il n’est pas encore « tout en haut », mais…23 oreilles en 10 corridas, depuis fin mai. Céret peut en témoigner.

     « Perdre le train »…signifie le contraire : Un torero est monté haut, mais n’a pas justifié les espoirs mis sur son nom. Déçu, le public commence à la bouder, et les empresas le laissent tomber, peu à peu. Exemple : Re « Le Califa ». Une malencontreuse blessure le laisse deux mois sans toréer, juste après son triomphe madrilène 2002. Quand il revient, il n’est plus le même. Pendant deux ans, il nage à contre courant, mais, peu à peu, celui qui aurait secouer le classement, et obligé les autres à s’arrimer, sombre dans les profondeurs de l’indifférence. 

     « Reprendre le train… » est chargé de lourds nuages sombres qui, tout à coup, laissent passer un rayon de soleil, celui d’un moment de joie, enfin, et l’espoir d’un ciel qui redevient bleu. Un torero était monté très haut, puis, pour de multiples raisons, il avait coulé dans les profondeurs du doute… et du classement. Plus dure avait été la chute ! Mais, allez savoir pourquoi, il avait suffi d’un jour, d’une placita de pueblo, d’un toro « qu’on a vu clair », pour que « cela reparte », et que les choses paraissent soudain plus faciles… Après le dur purgatoire, on retrouve enfin les palaces, les contrats plus corrects, et le sourire des belles…
     Un des exemples les plus éloquents : Ortega Cano. Alternative fin 74 ; Confirmation à la San Isidro 78, et de gros déboires, à partir de l’été qui suit : Cornada à Bilbao, retour en demi teinte, et grosse blessure par un Victorino, à la feria de Madrid 79. A partir de là, Ortega Cano perdra le train du succès, et il faudra attendre l’été 83, pour qu’il y remonte, un soir d’Août, dans une placita portative, installée sur la plage basque de Zarauz. Quelques mois plus tard… il retrouvait les grandes plazas et le succès. Ortega Cano avait repris le train du succès..

     Hier, un torero est remonté sur le marche pied « du train qui passe »… Il s’appelle « El Califa ». 2002 le voit « bien en bas », et l’arrivée des nouveaux voyageurs, comme Ferrera, Fandi, Robleño, mais aussi celle des jeune loups, comme Cesar Jimenez, Javier Valverde, le condamne au dernier banc du fond de la salle d’attente.
     Cependant, hier, le Califa a marqué un grand coup, à Valencia, aux côtés du Juli. Il a coupé une oreille au cinquième. « Marquer des buts » est important, mais c’est au deuxième que l’on a retrouvé le grand Califa, celui qui aguante, qui temple à fond, la charge des toros ; celui qui lie les muletazos, main basse, mettant le feu aux gradins. Il a pinché son toro, hélas… sinon, « deux oreilles ! ». Dommage, mais bravo ! Il faut encore attendre… quelques jours, des mois, peut-être !

     Voilà donc la petite histoire de « notre petit train, à nous ». Depuis que Romero a donné la première passe à un toro, à l’aide de son manteau, le train roule vers l’horizon « des hommes vêtus de lumières ». Il est souvent plein, mais il y reste toujours de la place… Mais, « s’il siffle trois fois », comme tout train qui se respecte… il repasse rarement.

     27 Juillet – VALENCIA – 8ème de Feria – Presque plein : Il y a eu une minute de silence, au souvenir de Curro Valencia, banderillero tué en cette plaza, il y a cinq ans, à la même date.
     On dit que le Juli a acheté toutes les places qui restait, histoire d’être le seul à faire afficher le « No hay billetes ». Ainsi donc, la plaza n’était pas tout à fait pleine, mais « tout le papier était vendu ». Un triomphe de plus pour le Juli, quand les autres figures (comme Jose Tomas) n’avaient convoqué que « demi arène »… Cosas del mundillo.
    
Cinq toros de Las Ramblas et un Gabriel Rojas, sorti premier. Toros inégalement présentés et armés, trop lourds, mais « qui ont servi », en général. A la bascule : 508, 508, 620, 603, 678 et 565 Kgs…
     Vicente Barrera (Ovation, avec avis – Silence) fait tout pour reprendre le train… Après son triomphe des Fallas, il a confirmé, l’autre jour, en remplacement de Ponce. Hier, il fallait « rematar ». Le valenciano multiplia ses efforts, recevant le premier par une larga à genoux, clôturant sa faena par de manoletinas, dans la même position. Inattendu de la part de ce classique « amanoletado », sympathique mais un peu ennuyeux, parfois. Hier, il eut de bonnes choses, avant que son premier ne s’arrête. Par contre, il ne comprit pas le quatrième, et rendit feuille blanche.
     El Califa (Vuelta – Une oreille) a mis du temps à trouver le vrai sitio, devant le deuxième de la tarde, qui était sorti désordonné, compliqué au deux premiers tiers. Le Califa l’avait reçu à genoux, mais rien de spécial, à l’horizon. Tout à coup, à mi faena, le Califa trouva la solution, la distance, la hauteur de muleta, le rythme… Suivirent alors de minutes de grande intensité torera, où l’on retrouva le Califa de 2000, aguantant, droit comme un piquet, liant les passes, muleta templée, ferme, limpia. Gros impact sur la foule… et chez les revisteros, qui cessèrent d’écrire, en baillant. Hélas… il ne le tua pas : Quatre pinchazos ! Jose Pacheco perdit là deux oreilles, mais coupa celle de « Mantarrota », le cinquième, de 678 kilos : Un grandullon qui ne voulait qu’une chose : aller siester contre les barrières. Le Califa « lui monta dessus » dans un trasteo sans qualité artistique, mais qui porta sur le public. Comme on dit : « Se pego un arrimon ! » Oreille, qui ne pèse pas autant que les précédentes, perdues… Mais, « un demi billet de seconde », pour le Califa…
    « El Juli » (Silence – Oreille, avec pétition de la seconde) est bien installé, lui, en première… depuis longtemps, et pour longtemps encore. Son premier était un vilain, mal armé, qui s’arrêta vite. Juli passa discrètement, et tua en quatre temps. Par contre, le madrilène mit toute la vapeur, devant le dernier, tant à la cape (Larga à genoux, quite par lopecinas), qu’aux banderilles, très valeureuses (une paire « à gauche », et un por dentro, impressionnant). Le toro ne valait pas grand chose, mais le Juli s’arrima fort, lui arrachant des passes, sur les deux côtés, qui mirent la foule en émoi. Comme de bien entendu, l’estocade fut « un monument », et le Juli triompha, encore une fois, laissant ses premiers concurrents, à des lieues derrière. Il reste un phénomène.
     La feria se termine aujourd’hui par la corrida de Rejoneo.

     27 Juillet – SANTANDER – 8éme de feria – Plein – Temps à la pluie : Corrida de Victorino Martin, très inégalement présentée et dont le comportement divise la presse. Certains parlent d’émotion, d’autres de toros, justes de présentation, « fuera de tipo », sans caste, faibles et mansos. Les trois premiers ont été des… On a donné la vuelta au quatrième, du nom de « Estudiao » ; Vuelta que personne ne réclamait, d’autant que le toro avait pris deux piques, en terrain de toriles. Par contre, il était très noble. A l’arrastre, silence pour les trois premiers et sifflets pour le cinquième. Au poids : 565, 557, 570, 510, 540, 510 kgs.
    Luis Francisco Espla (Ovation – Une oreille) avait amené tout son attirail, pour faire bonne figure, en remplacement de Ferrera. Il coupe l’oreille du quatrième, l’ayant bien lidié, et toréé de façon irrégulière, mais avec son habituelle facilité. Le toro, très noble, méritait mieux…
     Juan Jose Padilla (Ovation, avec pétition – Ovation, après un avis) s’est montré très décidé, brillant avec la cape et les banderilles. Son triomphe de Mont de Marsan l’a remis en selle. Le jerezano perdit l’oreille du premier, à cause d’un bajonazo.
    Luis Miguel Encabo (Sifflets – Ovation, après un avis) a été bien à la cape, mais pour le reste, il a déçu, à Santander. Faenas volontaires, mais embrouillées, sans fil conducteur.

     Triste feria de Santander, sans grands sommets, marquée par la faiblesse et le manque de caste du ganado, surtout les jours de « figuras ».
     A retenir :  Le succès de Francisco Marco, face à un grand toro de Torrealta et, à l’inverse, le fracaso de Jose Tomas.

 

HIER ET AUJOURD'HUI, EN FRANCE : "DE TODO, UN POCO !"

     28 Juillet : Ce dimanche est celui du perpétuel casse6tête : Où aller ? On court des Miuras à Tyrosse, avec la présentation de Robleño. A cent bornes de là, Orthez programme Bautista et Lescarret, ce qui ne manque pas d’intérêt, après son succès à Mont de Marsan…
     Où on va ? Allez donc où vous voulez, mais emportez votre transistor (et des écouteurs, pour ne pas gêner vos voisins). Vous vous branchez Radio France Bleu Gascogne… et vous ne perdrez rien. Malin!

     A priori, cela risque de chauffer, du côté de Tyrosse. C’est la première fois que les Miuras y font le paseo, mais c’est également la première fois que l’on demande la saisie des cornes… avant la corrida ! Du sport, en perspective. A suivre : Toros de Miura, pour El Fundi, Denis Loré et Fernando Robleño.
     A Orthez, des toros de Ramon Flores, pour le Zotoluco, Juan Bautista et Julien Lescarret. Les trois ont de bonnes raisons de vouloir briller: deux, pour récupérer des places perdues, et "reprendre le train!", le troisième, Lescarret, pour renforcer sa position.

     Hier, Beaucaire a vécu le triomphe des deux toreros, tandis que Garlin ajoutait son nom aux grandes portes de l’inévitable Manolo Escribano.

     27 Juillet – BEAUCAIRE : Uceda Leal, qui a perdu sa mère, cette semaine, était absent. On le comprend. L’empresa avait décider de garder un mano a mano. Elle n’a pas eu tort.
     Corrida d’Antonio San Roman, correctement présentée, mais sans grand allant. Fadeur  générale, sauf le troisième.
     Juan Bautista a été en torero, ferme et technicien : Oreille – Oreille – Vuelta.
     Cesar Jimenez s’est montré brillant, toujours élégant : Oreille – Ovation, après avis – Deux oreilles. "Grosse semaine" du madrilène.
     Les deux diestros sont sortis en triomphe.

     27 Juillet – GARLIN – Arène pleine – Grosse chaleur : La novillada de Mari Carmen Camacho était peut-être trop lourde. En général, elle a servi, mis à part le deux premiers, plus retenus.
     Salvador Vega a donné un les grands bons moments de la soirée, face au quatrième, dont il coupa l’oreille. Avait du régler les affaires courantes, devant le premier.
     Julien Miletto n’a pas été engagé, dans le Sud Ouest. Il ne laissa pas passer l’occasion de protester brillamment contre cette injustice : Deux oreilles du cinquième.
     Manolo Escribano est… Manolo Escribano ! On ne le changera pas ! Il fait « de todo, como en botica ! », avec entrain et vaillance brouillonne… et il coupe les oreilles : Une et deux, respectivement. Si le public en demande… que peut-on avoir à redire ? 

 

AU JULI, TOUT LE POIDS DU MOIS DAOÛT

     29 Juillet : D’ores et déjà, la temporada 2002 restera celle des blessures et lésions compliquées. Tour à tour, les ténors et, de même, les jeunes arrivants, qui devaient « porter la saison », se sont retrouvés cloués sur un lit d’hôpital, victimes de coups de cornes autant que de vils coups du sort.

     Joselito « se fait casser », à Nîmes. Enrique Ponce reçoit, le 23 juin, une cornada si compliquée et si grave, qu’il n’en est pas encore remis, au point de devoir repousser encore un retour d’abord fixé à Valencia, pour le 25 Juillet, puis à Huelva, le 2 Août. Fortement anémié, le torero de Chiva n’a pas encore repris la muleta, même à l’entraînement.
     Rivera Ordoñez a toujours le coude endolori, mais pense réapparaître, le 3 à la Coruña. Sa lésion date du 29 Juin, en plaza d’Algesiras
     Paco Ojeda a perdu tout le mois de Juillet. Malgré une blessure à l’aisselle, reçue à Burgos, qui le fait toujours souffrir, il revient, le 2, à Huelva.
     Chez « les jeunes », le Fandi devra soigner en quelques jours une entorse du pied droit. Son toreo exige un total rétablissement, côté mobilité, agilité. Il voudrait revenir pour la Bienfaisance de Santander, le 3 Août.
     Antonio Ferrera soigne sa cornada de Valencia, la deuxième, grave, en deux mois.
     Antonio Barrera, torero intéressant mais encore inédit, se relève de sa deuxième cornada en un mois. Blessé à Pamplona, il revient à Barcelone, le 21 Juillet, et se fait prendre, au deuxième muletazo. Retour prévu « aux alentours » de 14 Août.
     Cela fait beaucoup de monde… Un sacré cartel ! A ce sujet, on regrette la disparition, dans les années 70, du fameux « Sanatorio de los Toreros », à Madrid.  Elle était « la clinique des toreros ». Les blessés s’y retrouvaient entre eux et se rétablissaient à vitesse « grand V », parce qu’ils restaient des toreros, et non de vulgaires malades ou blessés, perdus au milieu de centaines de quidams alités (avec tout le respect qu’on leur doit, bien évidemment)

     Un autre « blessé »… mais « blessé à l’âme », c’est Jose Tomas. Sa réapparition, le 22 à Mont de Marsan avait laissé flotté un doute… Malchance ? Pas tout à fait remis ? Pas dans le coup ? Il fallait attendre.
     Depuis, Jose Tomas a « toréé », en plazas de Santander et Valencia. Non seulement, il a « pégué des petardos » d’anthologie, mais surtout, son entourage « administratif et artistique » a provoqué de gros incidents au moment de composer les corridas, et aux tirages au sort. Le scandale de Valencia ne restera pas sans conséquences, et d’ores et déjà, toutes les empresas peuvent se préparer à de longs palabres, quand vient toréer « le génial samouraï ». Si cela continue, et que sa mafia poursuit ses exactions et chantages, le génial samouraï ne pourra envisager qu’une seule sortie : Le hara kiri !

     Donc, dans ce triste panorama, un seul torero se retrouve seul, sur la proue du navire… comme De Caprio sur le Titanic. C’est Julian Lopez "El Juli ". D’accord, il est moins bien accompagné… mais le navire semble plus solide ! Sans médire des autres diestros, (Finito, Morante, Caballero…) le Juli va devoir supporter le poids du mois d’Août, en particulier dans toutes les ferias, de France et de Navarre…
     Sacré challenge ! A l’heure où certains murmurent une baisse de régime, chez le jeune madrilène, on se demande comment le Juli va pouvoir gérer tant de pression, de la part de tous. Dans l’histoire, ce sont les toros, presque, qui lui donneront le plus de facilités.
     A suivre, avec grand intérêt… Le garçon est un phénomène ! Oui, mais « jusqu’à quel point » ?

 

DIMANCHE DANS LES RUEDOS : PLEIN DE "GRANDS DETAILS"...

     29 Juillet : Ce dernier dimanche de juillet a vu de nombreuses courses, sur notre planète « Toros ». De Madrid à Barcelone ; de Valencia eu Puerto Santa Maria ; de Tyrosse à  Inca, aux Baléares, on s’est habillé « de toreros », avec la même anxiété… pour des résultats bien moyens, qui ne traduisent guère les efforts consentis, les peurs vécues, les « bonnes suées », devant les toros...
     Au bilan de la journée : Madrid reste amoureuse de Frascuelo - El Juli triomphe à l’arrachée au Puerto, où la 1000ème oreille concédée fut protestée - Castaño semble remonter la pente – On a gracié un toro, aux Baléares -  Du côté France, on retiendra une bonne faena de Juan Bautista, à Orthez… y poco mas !

    28 Juillet – MADRID (Las Ventas) – ¼ de plaza – Chaleur : Le public fait une grande ovation en fin de paseo, à Carlos Escobar « Frascuelo » (54 ans), pour qui elle a un amour démesuré. Avec Espla, Frascuelo peut tout se permettre, à la Monumental de Madrid, seulement parce qu’il y a toujours donné de simples et bonnes choses, face à des toros de respect. Cela n’a pas loupé, cette fois-ci, puisque l’on annonce déjà sa répétition, pour dimanche prochain.
     Corrida de cinq toros  de Barcial, bien dans le types, variopintos aux pattes blanches, sérieux mais faibles et compliqués, allant a menos ; et un sobrero d’Alcurrucen, sorti premier, vilain et mauvais.
     Frascuelo (Ovation avec avis – Vuelta) a parsemé son après midi de grands détails toreros, tant avec la capote que la muleta. Le vétéran a fait preuve de grande toreria, en lidiant ses deux toros « à l’ancienne », adaptant ses suertes aux qualités et défauts de chacun. Comme il se doit ! Fatigué des « derechazos y naturales à tout prix », le public a fortement apprécié ce « toreo de toujours ». A bien failli couper une oreille au quatrième.
     Fernando Camara (Silence partout, avec un avis au deuxième de la tarde) a rencontré des difficultés, du fait d’un lot compliqué, mais également du manque de rodage, le malagueño n’ayant que trop peu toréé, depuis son retour aux ruedos. A son actif, un gros coup d’épée, au cinquième.
     « El Renco » (Ovation et silence) a également mis une bonne estocade, au troisième toro. Seul poit positif d’une actuacion courageuse, devant un lot totalement adverse.

     28 Juillet – BARCELONA – 1/3 de plaza : Corrida « à quatre fers ». Il y eut trois de Valdefreno (les trois derniers) ; un du Puerto San Lorenzo (1er) ; un de Martin Arranz (2ème) et un de Fraile Mazas (3ème). Ouf ! Tout cela pour de maigres résultats, au plan qualité. On retiendra le genio du premier et les deux derrribos, dangereux pour les piqueros, des deux et cinquièmes. Pour le reste… complications.
     Jose Ignacio Ramos (Oreille et vuelta) Vaillant toute la tarde. A son actif, un énorme coup d’épée au premier, qui perfora la barrière, « sur un coup de tête ». Une estocade qui restera le souvenir de la journée, avec la faena d’Encabo, au dernier.
     Juan Jose Padilla (Ovation – Silence) Fit dans le spectaculaire et le pueblerino, devant deux toros compliqués : De media arrancada, le sobrero d’Arranz ; Gazapon, le cinquième.
     Luis Miguel Encabo (Silence- Vuelta) Débuta fort bien, devant son premier, mais « flotta » en fin de faena. Par contre, excellent au sixième, citant de loin, laissant venir avec aguante, donnant plusieurs derechazos, desmayados. Hélas, pincha deux fois et perdit une grande oreille.

     28 Juillet –PUERTO SANTA MARIA – 1ère corrida de la temporada d’été – Casi lleno – Du vent :  On a coupé, aujourd’hui la 1000ème oreille de l’Histoire de la plaza du Puerto Santa Maria. Statistique et anecdotique, puisque l’oreille en question, attribuée à Vicente Barrera, a été fortement protestée.
     Corrida de la ganaderia Marques de Domecq, correctement présentée et de jeu divers. 2 et 6èmes furent les meilleurs.
     Finito de Cordoba (Silence et Bronca) fit quelques petits efforts au premier. Par contre, il se laissa totalement aller, face au quatrième, qui permettait… peut-être. Pous son excuse, le Finito déclara : « Ecoutez, jez mesure 1m82, et ce toro a voulu, par quatre fois, « me défaire le nœud de cravate »… Le public ne l’a pas entendu de cette oreille et l’a beaucoup sifflé. Le Finito ne réussit pas, au Puerto : 3 oreilles en onze corridas.
     Vicente Barrera (Ovation- Oreille protestée) est très aimé, ici. On le vit très décidé, face au deuxièm, un encasté qui finit par le déborder, et de même au cinquième, qui prit trois puyazos. Beaucoup d’application et de vaillance froide, mais le public protesta l’oreille accordée.
     El Juli (Division – Deux oreilles) prit quatre dangereuses coladas, en recevant le troisième, au capote. Toro brutal, devant lequel le Juli essaya en vain. Par contre, le madrilène sortit « toutre la caste », face au dernier, du nom de « Remarcado ». Reçu à genoux, bien banderillé, ce toro remuant, désordonné, échappa aux peones, au moment du brindis, et fondit sur le torero. Muleta et montera en main, le Juli donna trois naturelles, en puissance et planta là le toro en un remate sec, qui lui permit d’aller brinder à tous, tranquillement. C’était gagné ! Bonne faena, sur les deux mains, avec de longues naturelles, qui précédèrent un gros coup d’épée. Deux oreilles et « a hombros ».

     28 Juillet – TUDELA – Dernière de Feria – 1/3 de Plaza : Toros de Martinez Elizondo, bien présentés. Les meilleurs : 1er et 5ème.
     Davila Miura toréa sérieusement et vaillant. Silence et oreille – Triomphe de Javier Castaño qui semble, enfin, retrouver ses sensations. Silence et deux oreilles. C’est sa troisième sortie a hombros, en trois corridas – Anton Cortes eut de très bons détails artistiques. Silence et ovation.

     28 Juillet – INCA (Baléares) : Victor Puerto a grâcié le deuxième toro de l’après midi, « Alpargato », de Juan Albarran. Générosité du public mise à part, le lot d’Albarran a donné bon jeu :
     Manolo Sanchez coupe trois oreilles – Victor Puerto fait « quatre oreilles et deux queues », dont le trophées symboliques du toro indultado – Miguel Abellan : vuelta et deux oreilles. C’est bon pour le moral ! 

    28 Juillet – MARBELLA  - 1/3 de plaza : Bonne corrida de Juan Jose Gonzalez. Bien présentée et de bon comportement, sauf les 1et 6èmes.
     Pepin Jimenez donne de grands détails de classe, à l’habitude. Vuelta et oreille – Marcos Sanchez Mejias fait une grande faena au cinquième, bien conclue à l’épée. Ovation et deux oreilles – Le triomphateur du jour est le mexicain Alejandro Amaya. Excellent avec cape et muleta. Aurait pu obtenir plus, s’il ne pinche pas le sixième. Deux oreilles et grande ovation.

    28 Juillet – SAINT VINCENT DE TYROSSE – Arènes pleines – Chaleur : Du fait de mouvements d’humeur qui ont précédé la corrida, deux Miuras ont été remplacés par de Vega Teixeira, sortis en deux premiers. Les Miura qui ont suivi  ont eu une présentation et un comportement très inégaux. Seul le dernier…
     El Fundi se montra professionnel et « vistoso ». Ovation à chaque toro – Denis Loré toucha un lot compliqué. Silence partout – Fernando Robleño coupa la seule oreille du jour, alliant  vaillance, technique et sens du public. Silence, face au dernier.

    28 Juillet – ORTHEZ – Arènes pleines – Grosse chaleur : La corrida de Ramon Flores sortit bien présentée, mais faiblote et très fade. Soseria générale, que seul le cinquième réussit à dépasser. Un vrai « mauvais » : le dernier.
     Le Zotoluco n’y est plus (Silence partout) – Juan Bautista est le triomphateur du jour, avec une très bonne faena au cinquième (Ovation et une oreille) – Julien Lescarret touche le mauvais lot, en particulier le sixième (Silence et silence)

 

« SONT FOUS, CES ROMAINS !!! »
De la folle vaillance, ou de l’inconscience, des toreros blessés…

     30 Juillet : Plagiant Astérix et son copain, on pourrait appliquer aux toreros, la célèbre phrase : « Y sont fous, ces toreros ! »
     Comment font ils donc ? Quel Graal secret vont ils donc conquérir ? Est ce uniquement l’appât du gain ? Nul ne le sait…
     Les toreros blessés ont une capacité à se remettre sur pied, en moins de temps qu’il ne  faut pour l’écrire. Pour un peu, ils sortiraient de la salle d’opération… au galop. Incroyable !

     Antonio Ferrera, qui a reçu, le 21 Juillet, en plaza de Valencia, une cornada à double trajectoire de 10 et 14 cms, reprend l’épée, aujourd’hui, à Calasparra, près de Murcia, soit exactement neuf jours après la cornada. Son seul commentaire est : « J’ai encore une petite gêne, du côté des adducteurs… » Tu m’étonnes !

     L’Histoire est parsemée de ces anecdotes où des toreros, célèbres pour la plupart, se font hacher menu, mais réapparaissent quelques semaines plus tard, les traits un peu tirés, mais bien droit dans leur costume de lumières, exactement comme des chevaliers dans leurs rutilantes armures…
     Diego Puerta, Jaime Ostos, spécialistes des voltiges en tous genres, ont marqué les années 60, par quelques chapitres de pur héroïsme.
     On se souvient également, en 1978, de la formidable « récupération » de Paquirri, après sa terrible blessure de Séville : Le 21 avril, le toro « Locares », de Jose Luis Osborne inflige au diestro de Barbate une double cornada, gravissime, sur un quiebro, aux banderilles : 30 cms dans la cuisse droite et 20 cms dans la cuisse gauche. Les dégâts musculaires sont très importants. Deux cornadas « de cheval » !
     Croyez-le si vous le voulez… Paquirri réapparaissait exactement un mois plus tard, le 21 mai, au Puerto Santa Maria, coupant trois oreilles et un rabo, et sautant allègrement la barrière, sur une poursuite du toro, aux banderilles. 30 jours après avoir eu les deux cuisses perforées, lacérées par la corne…

     Le commun des mortels se plaint et boite bas, des mois durant, sur une simple déchirure musculaire, glorieusement contractée en montant sur un escabeau pour aller chercher le dernier pot de confiture, en haut de l’armoire, à gauche ! Les toreros, eux, ont cette capacité de se relever et repartir au combat…
     L’argent n’est pas la raison principale… A peine sont ils tombés, à peine arrivés, sanglants, sur la table d’opération, ils clament « qu’ils veulent être Figura », et toute leur convalescence sera marquée par cet objectif…
     Bien sûr, il faut profiter du « grand moment » dans lequel ils se trouvent, professionnellement. Bien sûr, « le train » du succès passe vite, et il ne faut pas le laisser échapper. Bien sûr, les collègues « arrean », (mettent le paquet) et les publics peuvent rapidement tomber sous le charme d’un autre… Bien sûr, il faut « occuper le terrain », même clopin-clopant…
     Antonio Ferrera reprend l’épée, neuf jours après sa cornada de Valencia. Déjà, le mois de mai l’avait vu triompher, et de belle façon, à Madrid, pour tomber, à Vic Fezensac, trois jours après. Déjà la cuisse droite, en portant l’estocade.
     Ferrera, dont le toreo repose sur les facultés physiques, fait là le gros pari du « Ca passe ou ça casse ! » Aujourd’hui à Calasparra ; jeudi à Azpeitia ; samedi à Iscar ; dimanche à Bayonne… et chaque fois, un public qui voudra le voir, « à 100% »…

     On ne sait si l’on doit admirer ou se rebeller : « Comment peut-il prétendre leur en donner pour leur argent ? C’est impossible… » Outre le fait qu’une cornada « fait réfléchir », car les toreros sont avant tout des hommes, elle « bouscule » la belle mécanique bien huilée des muscles, des tendons et des nerfs… Un millième de seconde en retard, et on peut repartir à l’infirmerie.
     Ferrera sait cela, mais, comme d’autres toreros, magnifiques de vaillance et d’orgueil… il va repartir au toro, et confier en son destin.

     On suivra donc ce torero qui, dans son année « champagne » repart pour un nouveau combat, face au toro … face à lui-même. Que haya suerte, torero !

 

CESAR JIMENEZ, GRAND TRIOMPHATEUR DE VALENCIA

     30 Juillet : Pas à dire, la saison 2002 sera celle du changement, celle où des jeunes loups  arrivent et jouent des coudes devant les vedettes d’hier, un peu éberluées. C’est le cycle traditionnel qui se répète, encore une fois.
     Cesar Jimenez vient de marquer un grand coup, en remportant tous les trophées de la Feria de Juillet, à Valencia. Avec lui, d’autres jeune « trustent » les prix d’honneur, et les figures « installées » de retrouvent à faire tapisserie, l’œil mauvais.

La Diputacion de Valencia vient d’attribuer les trophées suivants :
     Triomphateur de la Feria de San Jaime 2002 : Cesar Jimenez
     Trophée « Vicente Barrera » au torero « révélation » de la Feria : El Fandi
     Trophée « El Choni », au meilleur toreo de cape, chez les matadors : Antonio Ferrera
     Trophée à la meilleure estocade de la Feria : Antonio Ferrera
     Trophée « Miguel Baez Litri », au meilleur toreo de cape, chez les novilleros : Jose Maria Manzanares junior. (Le trophée au meilleur novillero n’a pas été attribué).
     Meilleur Rejoneador : Andy Cartagena.

     Par ailleurs, le jury a distingué comme meilleure ganaderia du cycle : Maria Luis Dominguez Perez de Vargas, qui a reçu le Trophée « Vicente Zabala ».
     Trophée « Alvaro Domecq y Diez , au meilleur toro de la feria :  « Cebollita », (N°8 – 534 kgs), de Celestino Cuadri, lidié par Pepin Liria, le 24 Juillet.

Dans les cuadrillas, les prix ont été ainsi distribués :
     Trophée « Alfredo David », au meilleur peon de Brega : Rafael Perea « El Boni »
     Trophée « Manolo Montoliu », au meilleur banderillero : Paco Peña
     Trophée « Manuel Canto Barana », au meilleur picador : Paco Luna, de la cuadrilla de Victor Puerto.

     Grande semaine de Cesar Jimenez, qui triomphe à Santander, et remporte également, à Valencia, le trophée de « la Naranja de Oro », (l’orange d’or) attribué par l’Empresa « Ruedo Valenciano S.A », responsable des arènes et de la feria.

 

CESAR RINCON… A PIED D'OEUVRE

     30 juillet : L’échéance se rapproche : Cesar Rincon réapparaîtra le 15 août, dans le cadre d’un festival à Zorita, près de Caceres. Il y combattra des novillos de son élevage du Torreon, accompagné de Jose Mari Manzanares « père », et de l’équatorien Cruz Ordoñez.

     Ce premier festival précédera une phase d’entraînement en public, en vue d’attaquer la temporada en Amérique du Sud, où Cesar Rincon désire toréer « partout » : Pérou, Equateur, Mexique et bien sûr, Colombie.
     Pour le moment, le diestro colombien est fermement engagé à Medellin, dont l’empresa « Cormacarena » gère également la plaza de Cartagena de Indias. D’ores et déjà, on connaît les cartels de cette feria :
     Le 4 Janvier, Cesar Rincon, Manuel Caballero et Victor Puerto combattront des toros de « Las Ventas del Espiritu Santo » (ganaderia de Cesar Rincon, qui a triomphé partout, en Colombie, cette année)
     Le lendemain, 5 janvier, les toros seront de Rocha Hermanos, pour un cartel banderillero « de choc » : Dinastia, Antonio Ferrera, El Fandi.

     On sait, par ailleurs, que Cesar Rincon est en durs pourparlers avec l’Empresa de Cali. Question « d’argent »… La nouvelle empresa vise à faire des économies, et fait le pari des « jeunes valeurs », pour la Feria 2002.
     Cesar Rincon, « qui revit », après ces dures années de lutte contre la maladie, désire toréer une trentaine de corridas, en Europe, pour la prochaine temporada…

     A ver lo que pasa ! Le Toreo a changé, depuis… et ceux qui admirent Rincon, comme torero et « comme homme », ne pourraient supporter de le voir jouer « en arrière plan ». A suivre donc… en tirant son chapeau !

 

CONCOURS DE GANADERIAS…

     31 Juillet : A l’heure où les toros font assaut de faiblesse, de manque de race, de manque de tout… on se prend à rêver aux temps lointains où Septembre nous donnait rendez-vous, à Jerez, pour la plus célèbre corrida concours de la temporada.
     Cette course avait, dans l’aficion, le même impact médiatique que la Goyesca de Ronda. Les deux courses, d’ailleurs, se suivaient de près…
     A Ronda, la gentry venait voir "les toreros", et au premier rang de tous : Antonio Ordoñez. C’était l’attente d’une grande faena, d’un détail de toreria  qui vous emportait au ciel…
     A Jerez, il y avait certes, un public « clavelero », mais surtout, "les Seigneurs du Campo" et tous leurs collaborateurs. Là, on ne parlait que « toros » ! Les diestros engagés, souvent des figuras, souvent des vétérans, n’avaient qu’un but : « Lucir al toro ! », mettre en évidence les qualités du toro ; le lidier de façon à le placer dans les conditions optimum pour démontrer sa bravoure, sa caste, puis sa noblesse. Si, en plus, le toro « avait » quarante muletazos, alors la corrida s’envolait vers des sommets, et l’on pouvait atteindre le zénith, avec un indulto, un toro gracié.

     A la concours de Jerez, les vedettes s’appelaient Murube, Bohorquez, et « leurs serviteurs », Bienvenida, Ordoñez, Romero… Les plus grands artistes devenaient, ce jour là, des grands lidiadors, et surtout, des grands aficionados.
     A leur service, et à celui du toro, les picadors avaient également place prépondérante… Le nom de Barroso fut, par exemple, souvent lié au concours de Jerez. Et quand un picador saluait « castoreño en mano », c’est qu’il avait élevé la suerte de varas, à la hauteur du « grand Art ».

     Tout cela est bien loin, bien oublié,  presque effacé à jamais. Espartaco "gracia" un jour de mai 86, le dernier toro de la concours de Jerez : Un Cebada Gago, magnifique, qui mourut au campo, quelques semaines plus tard, pour avoir eu la drôle d’idée de manger du fil de fer barbelé.
     Les tentatives de corridas concours de Nîmes, dans les années 80 ; de Madrid, plus près de nous, ou encore de Zaragoza, ont pratiquement toutes échoué. Au rancard, les concours !
     Seule, Dax fait de la résistance. Elle en a grand mérite. Cette année, cela passe ou cela casse ! La première fut un succès ; celle de l’an passé ne le fut pas. En 2002… balle au centre ! A ver lo que pasa !

     Une curiosité, cependant… une annonce de grand intérêt, pour le 11 Août : La petite cité landaise de Soustons, plus célèbre pour une certaine bergerie que pour ses arènes monumentales, organise « une novillada concours ».
     Superbe idée et un pari : redonner au concours, avec des novillos, plus vifs, plus encastés, plus fous parce que plus jeunes, l’émotion que l’on a perdue avec les toros de quatre ou cinq ans.
     A cartel: Six novillos, respectivement d’Atanasio, de Fraile, Valdefresno, Javier Perez Tabernero, Los Majadales, et du Palmeral, d’Olivier Martin, qui seront lidiés, en concours, par Martin Quintana, Luis Vital Procuna et Luis Rubias.

     Une  grande initiative, qui mérite succès.
     Cependant, une petite réserve : Pourquoi avoir engagé un torero banderillero ? La concours a pour but de faire briller le toro, ou ici, le novillo. Donc, le lidiador devra presque oublier son propre intérêt. Un torero comme Luis Vital Procuna, dont l’essentiel du talent repose sur les banderilles, aura tendance, presque inconsciemment, à lidier le bicho en perspective d’un grand deuxième tiers…Si o no? Mais bon, ce mauvais procès ne doit pas freiner l’aficionado, et dans un week-end où il sera obligé de faire un choix, (Bayonne et Parentis donnant également spectacles d’intérêt), nul doute que la concours de Soustons peut remporter son adhésion.
     Bravo et bonne chance à tous : Public, Ganaderos, Toreros, Organisation… En fait, « Bonne chance à La Fiesta ! 

 

BAYONNE…BAYOOOONEEEEE !! C’EST PARTI !

     31 Juillet : Si vous voulez « vous noircir en blanc », c’est le jour J : Bayonne ouvre ces fêtes, et croyez moi.. « Ca déménage ! »
     A l’habitude, du balcon de la Mairie, au fond de la rue Pannecau (on n’a pas dit « bas fond ») en passant par le trinquet et surtout les arènes, Bayonne va vivre quelques jours de folie «en principe » bonne enfant… Quelquefois, un hoquet plus fort que les précédents fait un peu déraper la java, mais tout le monde se retrouve vit autour d’un nouveau verre, et tout rentre…hips... dans l’ordre.
     Bayonne, fête de musique, de couleur, d’humour et de joies diverses. On retient des images fortes ou très tendres, comme le jour des enfants, sur les vertes pelouses des remparts… et puis, bien sûr, pour nous, les toros, aux arènes de Lachepaillet, joliment rafraîchies, à l’intérieur.

     Ce soir, la plaza de toros retentira « des pas de danse » de Jean Jacques Goldman. Pendant ce temps, du haut du balcon de la Mairie, une « célébrité » livrera à la foule les clefs de la ville toute entière…
     Chaque année, c’est le mystère : « Qui donc va ouvrir les Fêtes ? » Là, on a très peur… on murmure un nom, devenu symbole de la grande fiesta, vedette « lotstoryesque » qui monnaie désormais ses 35 heures « de java »… A vous de deviner…à vous de voir ! (Pour nous, c’est tout vu !)

     « Bayonne en fêtes », avec ses grands moments, qu’ils soient d’amitié, d’émotion, de ceux qui en  font oublier d’autres, moins reluisants. Bayonne de toujours...
     Bonnes Fêtes à tous ! Amusez vous bien et… essayez, quand même, de marcher droit !

     Toutes infos sur les Fêtes de Bayonne 2002 sur le site :   www.fetes-de-bayonne.com

 

LES BRUITS DE SALAMANQUE…

     31 Juillet : C’est lundi prochain que l’empresa va révéler officiellement les cartels de la Feria de Salamanca 2002. Outre les corridas, qui se dérouleront du 8 au 15 septembre, avec une « resaca », le 21, la Feria sera marquée par l’ouverture, au musée Primitivo Sanchez Laso, d’une grande salle entièrement consacrée à Julio Robles. Un accord vient d’être signé entre la Diputacion  de Salamanca et les héritiers du grand torero disparu, qui permettra de retrouver le diestro, tout au long de sa carrière, au travers de trophées, costumes de lumières, épées, capes, affiches et, bien sûr, un important témoignage photographique. 

     La feria est presque « rématée ». Selon le quotidien « Adelantado de Salamanca », il reste des derniers ajustements à faire, mais on peut penser que la plaza de La Glorieta verra défiler les paseos suivants :
     Dimanche 8 Septembre : Novillos de Garcigrande, pour Matias Tejela, Juan Andres Garzon et Diego Ramos
     Lundi 9 Septembre : Toros de Hermanos Garcia Jimenez, pour Enrique Ponce, El Juli et Javier Valverde
     Mardi 10 Septembre : Toros du Capea, pour  Victor Puerto, Jose Tomas et El Juli
     Mercredi 11 Septembre : Toros de Montalvo, pour Padilla, Ferrera, Fandi
     Jeudi 12 Septembre : Toros d’Atanasio Fernandez, pour Enrique Ponce, Caballero (ou Morante) et, probablement, Javier Castaño
     Vendredi 13 Septembre : Toros de Garcigrande, pour Manuel Diaz « El Cordobes », Dpomingo Lopez Chaves et un troisième diestro, à choisir entre Rivera Ordoñez et Abellan
     Samedi 14 Septembre : Toros de Nuñez del Cuvillo, pour Finito de Cordoba, Jose Tomas et Javier Valverde
     Dimanche 15 Septembre : toros de Miura, pour Zotoluco, Alvaro de la Calle et un troisième, à choisir entre Fernando Robleño et Antonio Barrera.
     La feria se terminera le dimanche 21 Septembre, par une corrida de Rejoneo : Toros de Galache, pour Joao Moura, Hermoso de Mendoza et Andy Cartagena.

 

EL JULI, ENRIQUE PONCE… « GRANDS SITES »  RENOVES!

     31 Juillet : Julian Lopez "El Juli" vient de remodeler son site internet. Muy bonito ! Bien entendu, on y retrouve tous les éléments qui permettent de suivre la carrière du diestro. Bien entendu, un galerie de photos, que l’on peut agrandir et télécharger.
     Mais, également, une trouvaille : le schéma de tous les costumes de lumières du Juli, depuis ces débuts, et la date de l’estreno (la première fois qu’il les a portés). Un détail ! Une bêtise, diront certains…  Bien au contraire, une page d’Aficion, et un livre ouvert sur des souvenirs que nous avons tous dans la rétine.
     Très bien, le nouveau site du Juli, comme l’est, de même, celui d’Enrique Ponce, lui aussi reconstruit, plein de sensibilité.

     Sites « El Juli »  et « Enrique Ponce », à visiter dans notre rubrique « Autres liens », catégorie « Toreros »