L'ACTUALITÉ TAURINE
(Avril 2002)

 

CORRIDA D’EXCEPTION… CORRIDA SANS SATISFACTION !
Fiasco de la Corrida de Pâques, à Séville.

     1er Avril : Comme souvent, on attendait trop de cette corrida…
     Depuis plusieurs mois, on en parlait comme du grand duel « au sommet » : Jose Tomas et le Juli, sous le regard du grand maître revenu, Paco Ojeda. Depuis plusieurs jours, les billets se faisaient rares et, en pesetas ou en euros « cela faisait cher du centimètre de tendido ! »
     De leur côté, les ganaderos faisaient leur maximum pour amener une corrida « digne de Séville »… mais, patatras ! Trois heures après le paseo, il ne restait plus que les yeux pour pleurer : La corrida avait été un désastre ganadero ; Paco Ojeda ne dominait plus, ni les toros ni ses jambes ; Jose Tomas avait ennuyé, élégamment ; El juli, quant à lui, avait fait le maximum, mais, encore une fois, le public Sévillan ne l’avait pas récompensé…
     La Fiesta Brava est vraiment « en de basses eaux », mais le show « must go on »… Pour combien de temps encore ?

     31 Mars – SEVILLA – Corrida du Dimanche de Pâques – No hay billetes – Grand beau temps : La corrida de Torrealta a fortement déçu. Présentation très irrégulière, du petit rond au gigantesque sobrero. A la bascule : 522, 521, 505, 592, 626, 546 kgs. Manque de race général, allant du faible et soso, jusqu’au très violent qui, tête en haut, jauge le torero et lui promet les pires ennuis.
     Paco Ojeda (Applaudissements – Sifflets) ne put rien faire, face au premier qui finit par se coucher, avant l’estocade. Le quatrième était un toro très haut, que le sanluqueño s’entêta à vouloir toréer à droite, quand le piton gauche était le meilleur. Lorsqu’il s’en aperçut, le public lui en fit reproche, et cela se termina très mal à l’épée. Il reste une corrida à Paco Ojeda pour convaincre Séville, mais hier, il a « presque » repris le chemin de sa finca…
     Jose Tomas (Applaudissements – Silence) s’est illustré en deux quites, aux toros d’Ojeda : L’un par chicuelinas ; l’autre, au quatrième, par gaoneras ultra serrées. Malgré le soutien inconditionnel d’un partie du public, Jose Tomas a passé beaucoup de temps en pauses et « moments de réflexion », devant des toros sans relief ou « a contre style », comme le cinquième, qu’il ne sut par quel bout accrocher. On retiendra quelques muletazos pieds joints, isolés, en fin de son premier trasteo. Partie du public voulut y croire, mais la déception n’en fut que plus forte. Long comme un jour sans pain, Jose Tomas a élégamment ennuyé Séville. Mais, encore abasourdie de s’être fait berner l’an passé, elle ne le reconnaîtra pas.
     « El Juli » (Ovation – Silence) s’est conduit « en figura », mais Séville ne lui a pas permis de donner une vuelta méritée, en fin de son premier combat. Ce fut un vrai combat, face à un toro violent, dangereux, qui ne baissa jamais la tête et s’appuya constamment sur le torero. Le Juli fut très ferme, dans un trasteo plein d’ardeur. Une vraie bagarre, débutée par de vrais doblones. Très clair dans ses idées et son courage, le Juli mit la muleta en avant, imposant d’impossibles muletazos à la grosse brute. Il se joua la vie, mais Séville ne voulut pas le reconnaître. Grosse entrée a matar, pour une entière trasera. Le toro ne veut pas se coucher, et menace même Sevillita. Deux descabellos finiront de l’achever et le Juli ne pourra même pas donner une vuelta,  pourtant amplement méritée. (Si Jose Tomas avait réalisé cet exploit, on parlerait aujourd’hui de deux oreilles). Le sixième s’asphyxia aussitôt, et, après un bon tiers de banderilles, Julian Lopez fut rappelé à l’ordre, chacun sachant très bien qu’il ne pourrait rien tirer de ce « puit à sec ! »
     Nada ! Nada! « Corrida de expectacion… Corrida de decepcion »… une fois de plus !

 

CORRIDAS DE PAQUES… PAS DE MIRACLE !

     1er Avril : Où que l’on se tourne, ((à part, peut-être à Grenade), les corridas du dimanche de Pâques 2002  ont généré l’ennui ou la déception. De plus, et cela devient très préoccupant, les entrées ont été « catastrophiques »…
     Seuls vainqueurs de la journée : Enrique Ponce et El Fandi : d’un côté, la toreria et la finesse ; de l’autre, l’abattage et le spectacle à tout prix. Satisfaction aussi pour Manolo Caballero : triomphe à San Sebastian. Mais « la quantité » a toujours été l’ennemie de la…!
     Chapitre "à part" mérite le Zotoluco, qui s’envoie deux Miuras en plaza d’Arles, donne deux vueltas, et déclare ainsi aux Lozano que… ne pas lui donner de toros, à la San Isidro… serait une belle vacherie!
     En résumé, le dimanche de Pâques a donné les résultats suivants :

     31 Mars : Madrid (Las Ventas) – Media Plaza : Quatre toros de Manuel Angel Millares -   faibles et décevants – et deux de Criado Holgado, sortis 4 et 6èmes. Seul, le cinquième a permis quelque lucidité.
     Fernando Cepeda plaque deux bonnes véroniques et une demie, au quatrième. Et c’est tout ! (Silence et applaudissements discrets) – Eduardo Davila Miura s’étire un peu, en quelques muletzaos, face au cinquième. (Silence et ovation) – Jesus Millan se montre très vaillant devant le troisième. En vain ! ( Ovation après un avis, et silence). Les trois toreros sont sortis applaudis. Maigre consolation.

     31 Mars : Barcelone – 1/4ème de plaza : Ciment vide, pour la première corrida de la saison. Dans le ruedo, un lot compliqué de Angel Sanchez. Beaucoup de poids, mais sans aucune race.
     Manolito Sanchez a traîné en longueur. (Silence, partout) – Juan Bautista a vainement essayé, puis a finalement laissé tomber, écoeuré. (Ovation et silence, chaque fois après un avis) – Le vainqueur de la tarde s’appelle Jose Antonio Canales Rivera, qui met la pression à ses toros (largas à genoux) et coupe l’oreille du cinquième, pour un gros coup d’épée.

     31 Mars – San Sebastian – 1/5ème de plaza – Télévisée en direct su Via Digital : Les tors de Guadalest avaient de l’allure, mais, en général le ramage ne fut pas à la hauteur du plumage. 
     Le premier trébucha, près d’un burladero et alla s’y fracasser, se cassant net le piton droit. Le président essaya de « respecter le règlement », comme il le fit si bien la veille, à l’encontre de Salvador Vega. Mais là… allez donc savoir pourquoi, il se dégonfla, et changea le toro. ! Deux poids, deux mesures! Cqfd ! (“Presidenteeee, Sinverguenzaaaa” !) – Voir chronique d’hier, en finale du concours des novilleros.
     Manolo Caballero se montre puissant, abondant, irréprochable mais ennuyeux, parce que sans surprise. Il coupe une oreille chaque fois. A noter un président beaucoup plus « généreux » que pendant tout le concours des novilleros – Victor Puerto a été intéressant avec cape et muleta, face à son premier. Bon début de faena et quelques éclairs « très toreros », tout au long de la tarde. Oreille et Applaudissements – Javier Castaño n’a pas changé. Vulgaire et sans idées, il s’accroche lourdement. De son premier combat, on ne retiendra… que le brindis à Javier Valverde, cet autre salmantino, collègue et ami, qui risque bien d’effacer son nom de l’actualité. (Ovation et applaudissements)

     31 Mars – Grenade – ¾ de plaza : On rendit un émouvant hommage à Miguel Montenegro, récemment disparu. Toros de Jose Luis Pereda, bien présentés, inégaux de comportement.
     Enrique Ponce est ovationné face au premier. Le quatrième « Manchego » est un gros dur, très encasté. Ponce va se battre et s’imposer à lui sur ce qui constitue, déjà, une des faenas du Valenciano, pour 2002. Il y en aura d’autres. Deux oreilles pour un Ponce, « a gusto, en Granada » - Javier Conde fut désastreux : Pitos et division – El Fandi sort a hombros pour la 6ème fois consécutive de « sa » plaza de Grenade : Trois oreilles, sortant tout le répertoire avec cape, banderilles et muleta. Gros abattage, devant son public.

     31 Mars – Murcia – Media Plaza : Corrida compliquée de Lagunajanda – Pepin Liria et Alfonso Romero coupent une oreille à leur second adversaire – El Cordobes  patine.

     31 Mars - Tordesillas (Valladolid) – Le désert, dans les gradins : Mauvaise corrida de Loreto Charro – David Luguillano sort de bons muletazos au quatrième. Deux oreilles -  Juan Diego donne trois grandes véroniques. Oreille au cinquième – Le mexicain Ignacio Garibay est ovationné.

     31 Mars – Aignan (France) – Casi lleno : Corrida de Fraile, sans grand fond et faible – Denis Loré coupe, au quatrième, la seule oreille du jour, toréant juste, tuant net – Cesar Camacho et Javier Vazquez ne brillent guère.

     31 Mars – Malaga : Novillos de La Plata -  Reyes Mendoza et Salvador Vega sortent « a hombros », ayant coupé une oreille à chacun de leurs adversaires. Joselito Ortega coupe un trophée au troisième de la tarde. Dans les rangs des subalternes, on note la présence de Juan Jose Trujillo, qui était, l’an passé « matador de toros »

 

ARLES : LES MIURAS, AU RENDEZ-VOUS… LE ZOTOLUCO, EGALEMENT !

     1er Avril : Dimanche de Pâques des plus intéressants en Arles, puisque la corrida de Yonnet a donné quelque satisfaction, le matin, malgré des forces mesurées, et que la Miurada a confirmé « ce climat différent » qui se crée avant, pendant et après la corrida, à chaque fois que sortent les pensionnaires de Zahariche. Corrida dure, intense, pleine de détails passionnants et déroutants, chacun selon son aficion et sa sensibilité se fixant sur la beauté sauvage des toros, leur comportement inégalable, ou les efforts des hommes, face à ces montagnes cornues.
     Hier, la Miurada a tenu ses promesses, et il est un torero qui en a fait de même : Eulalio Lopez « Zotoluco », vous savez… celui de Azcapotzalco ! Le mexicain faisait son entrée dans « la tournée européenne 2002 », et tenait à y marquer des points, d’autant que, du côté de Madrid, on ne veut pas de lui, pour la San Isidro, ce qui pourrait déclencher un petit conflit entre Espagne et Mexique. Toréant avec le cœur et la Tête, le Zotoluco a été « bien, bien ! » hier, devant les Miura, donnant deux vueltas méritées.

     31 Mars – ARLES – 5ème de Feria – Media plaza – Beau temps : (De notre correspondante) Toros d’Hubert Yonnet, bien présentés, pleins de mobilité, encastés. Le premier se casse un piton, étant remplacé par un dur, de Ramon Flores. Le troisième mit deux batacazos au piquero.
     Miguel Rodriguez se montra professionnel, mais la flamme est presque éteinte. Il tua mal. Ovation et Silence, après un avis.
     Jose Ignacio Ramos coupe, au cinquième, l’oreille de la matinée,  pour une faena aseada et un gros coup d’épée.
     El Lobo se montra vaillant et électrique. Cependant, le public l’ovationna en fin de corrida. Aficion y deseos, si que tiene.

    31 Mars – ARLES – 6ème de Feria – No Hay Billetes – Beau temps : (De notre correspondante) Grande corrida de Miura, pour ce qui est de l’intensité.   Le troisième avait été remplacé, le matin, par un Sanchez Flores. Malheureusement, le sobrero sortit boiteux, et fut à son tour remplacé par un  frère de camada, brave, mais par la suite un peu limité de forces.
     Le poids des Miuras : 640, 550, (520, le sobrero), 580, 635, 660 kgs. Toros variopintos qui chargèrent de loin pour des piques « à la Miura », à mi hauteur en essayant de désarmer. Quelques points de faiblesse. A la muleta,  le quatrième fut le meilleur, suivi des premier et sixième, un cardeno qui provoqua batacazo. Le lot de Fernandez Meca fut compliqué.
     Zotoluco donna deux vueltas qui valent presque pour deux oreilles. Il toréa gaillardement, donnant beaucoup de distance aux toros qui vinrent de loin dans des séries de vaillance et plastique, très appréciées par le public. Heals, le mexicain tua mal, et perdit l’oreille du quatrième, pour quatre descabellos.
     Fernandez Meca passa une sale après midi. Touchant les deux compliqués, il se montrera bref, face au deuxième, qui tardera beaucoup à s’écrouler. Silence. Le cinquième est « un garbanzo de cuidado » très difficile, sur côté droit. En infériorité physique, Meca patine et doit baisser pavillon. Pitos.
     Juan Jose Padilla a "fonctionné", avec le sobrero, mais s’est accroché fort, devant le sixième, donnant de bons muletazos et entrant fort, a matar. Il y eut pétition d’oreille, mais pas majoritaire. Vuelta al ruedo.

     Ce Lundi de Pâques: Dernière "double session": Corrida de Rejoneo, ce matin.
Cette après midi: Toros de Salvador Domecq, pour Enrique Ponce, Finito de Cordoba et Juan Bautista

 

LES CARTELS DE BAYONNE... CHAPEAU!

   1er Avril : La chance... et quelques verres, ont voulu que quelque membre influent de l’organisation « hispano bayonnaise » se laisse aller à des confidences que, bien entendu, on ne peut garder pour soi, lorsque l’on est aficionado, et que la curiosité se mêle à la passion. Aussi, nul ne nous en voudra d'en faire profiter ceux qui sont « aussi fous que nous »…

      Asi que… voilà les affiches d’une saison bayonnaise qui risque de faire parler d’elle, et pour plusieurs raisons :
     14 Juillet : Novillos de Fuente Ymbro pour David Galan et Jose Mari Manzanares, en mano a mano, que précédera le cavalier Rafi Durand
     3 Août : Corrida de Rejoneo : Toros de Los Espartales, pour Pablo Hermoso de Mendoza, Gines Cartagena et Alvaro Montes
     4 Août : Corrida des Fêtes : Toros de San Martin, pour Juan Jose Padilla, Antonio Ferrera et El Fandi
     11 Août : Toros de Javier Perez Tabernero, pour Joselito, Morante de la Puebla, Cesar Jimenez
     15 Août : Toros de Jandilla pour Enrique Ponce, Jose Tomas, El Juli
     31 Août : Toros d’Atanasio Fernandez pour Enrique Ponce, Manuel Caballero, Javier Valverde
     1er Septembre, au matin : Toros de Martinez Elizondo  pour Fernandez Meca, Antonio Barrera, Javier Castaño
     1er Septembre, au soir : Toros de Victorino Martin, pour Fernandez Meca, Juan Bautista, El Juli.

     On notera : La novillada du 14 Juillet, dont le ganado a changé, suite au triomphe de Valencia – Le cartel « champagne » des toreros banderilleros, bien adapté aux fêtes. – La place faite aux jeunes, Cesar Jimenez et Javier Valverde – Le double défi de Fernandez Meca : Deux corridas, le même jour.

     Mais, les deux « énormes » évènements de la temporada tournent autour du Juli ! Le 15 août promet de faire couler beaucoup d’encre. Avec Séville, hier, et Linares, (à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Manolete), Bayonne sera la troisième plaza où Juli rencontrera Jose Tomas, face à face, cette année, (avec en plus, Ponce comme témoin. Chapeau !) Et… pour « rematar », il s’aligne devant les Victorino, comme le fit Ponce, l’an dernier. Vaya, pues ! L’affiche de Bayonne représentera le Juli, cette année… Il l’a pas volé !

     On sourira un peu en lisant le cartel de la matinale du 1er Septembre, très « mas Choperista, no se puede ! » : Ganaderia et toreros « de la casa ». On se demande même si le grand Basque n’a pas pris la buvette ! Ay ! Bayonne…
     Mais, ne boudons pas notre plaisir ! Ces cartels promettent passion, émotion, et c’est là toute l’essence de la Fiesta Brava. Asi que … Enhorabuena, Bayona !

 

MUGRON : « MONSIEUR MON FILS » NE VIENT PAS…

     1er Avril : « Ya empezamos ! » Jose Maria Manzanares, "fils de Jose Maria Manzanares", qui devait, ce jour, faire sa présentation dans le Sud ouest, en plaza de Mugron, s’est soudain senti patraque, au point de tomber du cartel. Cette blessure aussi soudaine que diplomatique, ne surprend personne, les organisateurs ayant refusé de se plier aux exigences diverses du torero et de son paternel entourage.
     Attitude des plus cavalières, d’autant que l’organisation landaise attend toujours le parte officiel qui excuse l’alicantino junior. De fait, c’est lorsque les chambres ont été décommandées, samedi, par le mozo de espadas, que l’un des premiers scandales de la saison 2002 se confirmait.
     Bravo donc al niño Jose Mari, qui commence fort bien, dans une région où son père a été reçu comme le messie, même si parfois, il s’y comporta... comme un diable.
     Les organisateurs de Mugron ont pu trouver, en Salvador Vega, un remplaçant de choix, après avoir contacté Javier Valverde, vainqueur du Concours de San Sebastian.
     Le cartel définitif es donc le suivant :
     Mugron - 16h30 – Novillos de la ganaderia Marques de Domecq, pour Ivan Garcia, Salvador Vega et Fernando Cruz
     En fin de matinée, deux becerros du Palmeral pour Ekaitz Rodriguez et Rafael Viotti, qui remplace « El Santo » 

 

ARLES : COMME DEUX POISSONS DANS L’EAU…

     2 Avril : Final de feria et impression mitigée : La feria de Pâques 2002 aura apporté de grandes satisfactions aux ganaderos français, en particulier à la maison Tardieu. Par contre, le reste fut en demi-teinte, les toreros devant faire face au manque général de race ou de force des ganaderias de renom, excepté Valdefresno, et, bien entendu Miura.
     Hier, lundi de Pâques, la ganaderia attitrée des corridas de Rejoneo, Los Espartales, a connu un triomphe important, valorisé par Pablo Hermoso de Mendoza. De leur côté, les Salvador Domecq sont allés « a menos », et seul Enrique Ponce a pu les convaincre de charger un peu.
     En ce premier avril, Pablo, le cavalier navarrais, et Enrique, le maestro de Chiva, se sont montrés au sommet de leur technique et toreria… comme des poissons dans l’eau. C’était bien le jour !

     1er Avril – ARLES – 7ème de Feria – Rejoneo – Lleno : (de notre correspondante) Grande corrida de Los Espartales, mayoral puis ganadero devant saluer et donner vuelta, invités par les cavaliers triomphateurs.
     Fermin Bohorquez resta dans la tradition cavalière des bonnes caves de Jerez. Oreille et Applaudissements.
     Pablo Hermoso de Mendoza faisait sa rentrée dans la temporada européenne. Gros coup de canon, d’entrée, avec quatre oreilles coupées, de nouveaux chevaux et ce don d’improviser magnifiquement, au mufle du toro, prouvant ainsi que le duende n’est pas l’apanage de la seule Andalousie. Quatre oreilles et un seul mot : Saluez !
     Rafi Durand a mis la spontanéité, l’entrain, la jeunesse. Oreille, chaque fois et déjà, un grand souvenir : Sortie a hombros, en compagnie du Roi Pablo.

     1er Avril – ARLES – 8ème et dernière de Feria – Llenazo : (De notre correspondante) La corrida de Salvador Domecq a montré plus de bravoure que prévu, mais est partie « pabajo »… Bonne présentation, homogène (550, 555, 535, 530, 545, 540 kgs) les toros du Torero n’ont pas été au bout, et seul un matador a pu en exprimer quelque charge. L’autre n’a pas voulu, quand au troisième, il a suivi le moral de ses toros.
     Enrique Ponce (Division – Oreille) a essayé de soutenir le faible premier, mais les quolibets ont coupé net ses efforts. Le valenciano a sorti la science et la conviction, face au quatrième, le toréant de dulce, avant de lui « monter dessus », en un final de bravades, peu habituel. Ponce voulait une oreille, et il l’obtint, malgré deux descabellos.
     Finito de Cordoba (Sifflets, après un avis – Sifflets) a réglé les affaires courantes. On le sait pourri de talent, pétri de qualités, mais … lui ne « montera jamais » sur un toro. Son premier s’arrêta vite. Son deuxième fut d’une soseria totale, et le cordouan se mit au diapason.
     Juan Bautista (Palmas – Silence) ne put que voguer au gré de la triste houle. Son premier fut le garbanzo de la corrida, et le Français ne put que fermer les débats, d’une grand estocade. Face au dernier… apaga y vamonos ! Le toro s’éteint d’un coup, le torero aussi… la Feria, de même !

     On apprenait hier, que Stéphane Fernandez Meca s’était fracturé une cheville, avec problème supplémentaire, côté ligaments. A souligner que le français a continué la lidia du « quinto malo » de Miura, dimanche, avec une cheville « en l’air »… Monterazo !
     Malheureusement, cette lésion tombe bien mal,  et prive le français de son paseo sur le sable de Séville, samedi prochain. Mala suerte !
     « Le malheur des uns, etc… », Meca sera remplacé par Luis de Pauloba.

 

MUGRON : EN QUEUE DE POISSON !

   2 Avril : Si la novillada de Mugro a, dans l’ensemble, donné satisfaction, on ne peut que souligner et condamner complètement l’attitude scandaleuse du jeune Manzanares et de son staff, à la tête duquel se trouve son père, matador qui, on le pense, n’a pas eu à se plaindre de l’Aficion française, tout au long de sa carrière. La France a toujours respecté l’homme et admiré le torero. Ici, contrairement à ce qui se disait en Espagne, l’on n’a jamais parlé de mœurs discutables, de bouteilles vides, de « torero aux hanches fleuries »…

      Aussi, on ne peut que fustiger l’attitude méprisante de ce señorito qui veut faire de son fils une figura, en trichant d’entrée, et en voulant forcer les français à passer sous le joug de ses quatre volontés. Il se trompe, et va s’en apercevoir.
     Hier, Jose Mari Manzanares fils n’était pas au cartel de Mugron, mais la plaza s’est remplie. Hier, la vedette n’a pas daigné se présenter dans le sud ouest, si les toros n’étaient pas « modelés » comme il le souhaitait… L’empresa n’a pas voulu marcher, et le ganadero, tampoco ! Pues bien ! Du coup, le torero ne vient pas, et ne prévient même pas, hors un coup de fil parlant d’un vague achuchon, lors d’une tienta. Classique ! 

     Il semble que nous avons là le premier scandale de la Temporada, et l’on souhaite que l’aficion et les autres plazas suivront la décision d’Olivier Martin de quitter Manzanares des autres cartels où il était prévu.
    Du côté de « Toros 2000 », et tant que cette véritable « queue de poisson » ne sera pas élucidée, nous ne parlerons pas de Jose Mari Manzanares, hors le résultat sec de ses prestations. C’est une question solidarité avec une Aficion et une empresa devant un parfait manque d’éducation et de verguenza torera…
     Asi que… pour le moment, Jose Mari Manzanares : Bronca y Bronca !

     Cela étant dit, la novillada de Mugron a donné un résultat mitigé, selon que l’on a l’esprit léger, positif, ou que l’on a du vague à l’âme.
     Dans le premier cas, on dira que les novillos ont permis à chacun de s’exprimer, même s’il ont eu un comportement de mansotes et de peu de race. Les toreros ont, chacun, plaqué de très bons moments, tirant le maximum de leurs adversaires.
     Si l’on est « un peu ronchons », on dira que la novillada n’a pas eu de force, et qu’a part le cinquième, elle fut un récital de soseria, face auquel les novilleros ont distribué un monton de passes, parfois bonnes, sans pouvoir « allumer » un public bien froid. Seuls cinq grands muletazos de Fernando Cruz ont fait naître ce vrai « Oléééé ! » qui vous vient du fond de l’être.
     Salvador Vega avait fait en voiture San Sebastian, Malaga, Mugron… en deux jours. On aurait été crevé, pour moins que cela. Il fut correct avec le quatrième, sans pouvoir libérer le toreo « de sentimiento » qu’il porte en lui. Ivan Garcia fait dans « l’Espartaco ». On ne lui reprochera pas ce modèle. Très propre au capote, agile aux banderilles, il baisse un peu à la muleta, et massacra de bonnes choses face aux toro de l’après midi, en catastrophant la mort. Fernando Cruz possède en lui cet « angel » qui est celui des têtes et cœurs privilégiés. Torero de Arte, qui peut vous emporter loin, sur un seul pase de pecho. A suivre, à pousser et à entraîner au carreton, pour ce qui concerne l’épée.

     1er Avril – Mugron – Lleno – Beau temps, se couvrant à la fin : Novillada du Marquis de Domecq, de présentation variée, les deux premiers faisant craindre un saldo… Après, cela s’arrangea, et la novillada sortit correctement, mais allant de mas a menos. Fusant du toril, tournant à fond, dans « le ruedo réduit », les Domecq donnèrent de gros coups dans les planches et fusèrent mal dans les capotes, broncos, distraits, ou impossibles, comme les deux de Vega. Piques bien désordonnées que n’améliorèrent pas des picadors « à la pêche ! ». Mansedumbre générale et peu de forces. A la muleta, un grand bicho, le cinquième. Troisième et quatrième répétèrent leur charges. Les deux premiers déçurent fortement.
     Salvador Vega (Silence – Oreille) s’escrima en vain avec le gros premier, bien soso. Par contre, eut de bons détails dans sa deuxième faena, totalement gauchère, mais sans pouvoir se libérer totalement.
     Ivan Garcia (Petite ovation – Silence, après avis) est très facile au capote, met de l’ambiance aux banderilles, mais baisse un peu à la muleta. Son premier lui donna un méchant coup a premier muletazo avant de fermer les gaz. Par contre, le jeune blond toréa longuement et bien le bon cinquième, avant de se faire désarmer, et de tout perdre avec épée et descabello. Dommage !
     Fernando Cruz (Vuelta – Oreille) a ravi le public, face au troisième. Gros début de faena, avec un pase de pecho monumental, suivi de deux premières séries très toreras, closes de longs pechos, bien tournés sur l’épaule contraire. Hélas, le toro baissa un peu, et cela se passa mal, épée en main. Faena plus travaillée, face au dernier, avec de bons enchaînements et un final plus heureux, avec l’acier.

 

BAYONNE : POISSON D’AVRIL…

    2 Avril : Vous avez mordu ? Non….
     Comme certains me l’ont gentiment fait savoir, les cartels que l’on a révélés ici, hier, étaient bien intéressants, peut-être, mais peu crédibles. Aussi, en regardant le calendrier, on ne pouvait que faire le rapprochement avec une tradition qui se perd… mais qu’il vaut mieux conserver, parce que pas méchante.
     Asi que, les cartels de Bayonne attendront un peu. Quant à nous, rendez vous au prochain 1er Avril !
 

LES CHEVILLES QUI ENFLENT…

    3 Avril : Curieuse coïncidence…Stéphane Fernandez Meca, qui vient de se fracturer la cheville, lors de la Miurada d’Arles, sera remplacé à Séville, par Luis de Pauloba… qui relève d’une lésion et d’une opération à la cheville droite.
     Les allusions vaseuses du titre s’arrêtent là, puisque les deux diestros sont appréciés pour leur simplicité et sincérité, autant que pour leur toreria.
     Cependant, il est probable que les toreros ont tous deux vécu cette sale impression de voir leur cheville doubler de volume, et prendre une couleur « indéfinissable », spectaculaire mais peu appréciée.

     Que mala suerte! Stéphane Fernandez Meca perd la corrida de sa présentation à Séville. C'est pas rien! Ce doit être un véritable crève cœur, tout torero rêvant de faire le paseo sur l’albero de la Maestranza.
     Le français pourrait réapparaître le 11 mai, en plaza de Ales, et donc pouvoir être présent à Madrid, pour la San Isidro, face aux toros de Jose Escolar.
     Luis de Pauloba, quant à lui, reviendra en plaza de Séville où il n’a pas toréé, depuis 1999 (et depuis 1994, dans le cadre de la Feria d’Avril). Prévu pour le 15 Août, Luis de Pauloba bénéficie d’une promesse de Canorea, au cas où se présenterait un « sustitucion ». Promesse tenue !
     On connaît le grand torero qu’est Pauloba, avec la cape. Il est, avec Cepeda et le Morante, l’un des meilleurs interprètes de la véronique. On sait aussi, la finesse de sa muleta, en particulier sur la main gauche. Cependant, on se souviendra des dizaines de succès qu’il a gâchés par sa carence, épée en main, due en partie à une lésion qui a réduit de moitié son champ de vision. Luis de Pauloba, une des promesses du toreo des années 90 vit sa carrière freinée d’un coup par une mauvaise cornada au visage. Il dut alors tout réapprendre : à marcher, à toréer…à vivre.
     Formidable courage de ce torero qui, samedi prochain, fera le paseo à Séville, en compagnie d’Alfonso Romero et Jesus Milan, face aux toros de Cuadri qu’il n’a jamais combattus. A ver si hay suerte !

 

LES CHEVILLES… ET LA TETE !

   3 Avril : On sait le scandale qu’avait soulevé la conduite de Jose Tomas, au Puerto Santa Maria, l’hiver précédent, pour son absence de dernière minute, alors que tout le monde l’attendait au Club Taurin de la ville. Ce soir là, on lui remettait le trophée de triomphateur de la Temporada 2000 au Puerto, ce qui n’était pas rien. No vino ! Il était « à deux heures de voiture ! », et il ne vint pas.
     Croyez le si vous voulez, mais Jose Tomas vient de faire le même coup, à Séville, et devant la haute… s’il vous plaît.

     On remettait l’autre soir, au restaurant Rio Grande, les 22ème Trophées Ramon Vila Arenas, récompensant les meilleurs quites de la Feria de Séville 2001.
     Ramon Vila, le fameux chirurgien de la Maestranza, qui a fait « plus d’un quite » à tout ce qui porte montera a eu l’idée, un jour, d’instaurer ce trophée à cette manifestation de grande inspiration artistique, qu’est « le quite », lors du premier tiers, mais aussi à cet acte réflexe héroïque que devient « le quite », lorsqu’il sauve, en un quart de seconde, la vie d’un homme.
     Cette année, Jose Tomas était récompensé pour deux quites « à faire hurler », lors de la feria 2001 (gaoneras et chicuelinas). Pour ce qui est du quite salvateur, c’est Jesus Sanchez «Hipolito » qui était distingué pour son intervention millimétrée lors d’une portagayola compromise de son maestro Rivera Ordoñez, face à un toro de Manolo Gonzalez, le 1er Mai dernier.
     Le banderillero était là, et la haute assemblée lui fit grande fête.
     Jose Tomas ne daigna pas venir, et envoya son picador, German Gonzalez.
     Tout en recevant dignement le subalterne, l’assistance trouva incompréhensible, et à tout dire « un peu raide », l’absence de Jose Tomas.
     Avec la classe qu’on lui connaît, le Docteur Vila « lui fit le quite », en déclarant que les matadors, aujourd’hui, avaient un calendrier aussi chargé que des ministres, et qu’il gardait les mots qu’ils avait préparés, pour le jour où il rencontrerait Jose Tomas… Pensait il à l’infirmerie de la Maestranza ? On espère que non, mais…

     José Tomas vient de se distinguer, une fois de plus, par une trouble indifférence… frisant le mépris. Ca ne tourne pas bien rond, là dedans ! Ou alors, les chevilles on tellement enflé, qu’il va falloir penser à des zapatillas orthopédiques !
     En 22 ans, un seul matador avait fait ce coup là. Il s’appelle… Jose Mari Manzanares.

 

MADRID, A L’HORIZON...

     4 Avril : A peine Séville ouvre t’elle sa Maestranza que Madrid et San Isidro pointent au proche horizon.
     Au pied  de la Giralda, le toreo est baigné de soleil, sur un sable qui donne à chaque suerte une luminosité incomparable.
     Madrid, elle, est… monumentale ! Las Ventas écrase les toreros, noie le public, donne à l’ensemble un aspect bougon, rageur, parfois tourmenté. Séville peut s’envoler sur deux trincherazos. Madrid exige beaucoup plus, même si elle est aussi capable de grands coups de cœur.
     Deux aficiones, deux sensibilités différentes, qui se détestent passionnément, mais qui se complètent admirablement…
     Séville "était" une référence, en début de chaque temporada. Madrid était « la que da y quita »…
     Séville promet beaucoup, chaque année, mais reste bien sage et « folklorise » un peu trop. La presse « du cœur » monopolise les places de choix aux kiosques à journaux de la calle Sierpes, et les vieux aficionados parfumés au Varon Dandi cherchent vainement l’écho d’un quite majestueux, ou de trois naturelles « de revolucion »… 
     Aujourd’hui, Madrid « ne donne » plus beaucoup, et n’enlève pas grand chose. Tel qu’est actuellement géré le marché taurin, c’est normal. Cependant, il arrive à Las Ventas de tout à coup s’enticher d’un torero qui a eu le courage et le talent de dessiner quelque page de vérité sur le monumental ruedo de la capitale. On se souvient, par exemple, du grand coup de cœur, amplement justifié, du public madrilène pour Cesar Rincon, en 1991...
     Le torero n’avait plus rien devant lui. Le 20 mai, il n’était qu’un bon petit torero colombien qui allait repartir vers Bogota, dignement mais sans un sou en poche. Deux jours après, il était un géant. Madrid avait su reconnaître son incontestable sincérité, et la vérité de son toreo, face à des Baltasar Iban et des Murteira… En deux jours, Madrid l’avait consacré, et le petit indien l’avait passionnément remerciée, se défonçant littéralement lors de la Bienfaisance et une quatrième fois, à la Feria de Otoño, au point que « la Catedral » lui ouvrit encore sa porte monumentale. Quatre sorties a hombros, dans la même année. Historique ! Un torero en fut capable, et Madrid aussi. C’est probablement le dernier exemple de sa soudaine grandeur…

     Séville débute demain, mais déjà, on lorgne vers Madrid et sa longue feria de San Isidro. Implacable, elle déroulera son feuilleton de grisaille  jusqu’à l’éclair soudain, qui, d’un coup, fait oublier les heures d’ennui et de mauvaise humeur.

     Demain, l’empresa madrilène révèle officiellement ses cartels, mais on en connaît déjà la plus grande partie. Aussi, reprenant l’annonce de « Mundotoro », on pourra se faire un idée de ce qui nous attend, du 11 mai au 8 juin.

La San Isidro 2002 se présente ainsi :

     Samedi 11 mai : Corrida de Partido de Resina (Pablo Romero). 12 Mai : Corrida de Hernandez Pla (pour ces deux courses, le cartel torero n’est pas complet)
     13 Mai : Novillada de La Quinta. Javier Valverde sera à l'affiche
     14 Mai : Toros du Ventorrillo, pour Victor Puerto, El Califa, Rafael de Julia
     15 Mai : Toros de Baltasar Iban, pour Manolo Caballero, Rivera Ordoñez, Javier Castaño
     16 Mai : Toros de Arauz de Robles pour Vicente Barrera, Uceda Leal, Alfonso Romero
     17 Mai : Toros de Carriquiri, pour Luis Francisco Espla, Antonio Ferrera et El Fandi (confirmation d’alternative)
     18 Mai : Corrida de Rejones : Mano a mano, Joao Moura et Pablo Hermoso de Mendoza
     19 Mai : à préciser
     20 Mai : Novillos de Hernandez Barrera. Jarocho sera du cartel
     21 Mai : Toros de Martelilla, pour Rivera Ordoñez, Jose Tomas, Rafael de Julia
     22 Mai : Toros de Garcigrande, pour Eugenio de Mora, Morante de la Puebla et El Juli
     23 Mai : à préciser
     24 Mai : Toros de Javier Perez Tabernero, pour Curro Vazquez, Enrique Ponce et Anton Cortes (confirmation d’alternative)
     25 Mai : Corrida de Rejones : Toros de Bohorquez, pour Leonardo Hernandez, Fermin Bohorquez et Pablo Hermoso de Mendoza.
     26 Mai : à préciser
     27 Mai : Toros du Puerto San Lorenzo, pour Finito de Cordoba, Morante de la Puebla, Alfonso Romero
     28 Mai : Toros de Alcurrucen, pour Joselito, Jose Tomas, Eugenio de Mora
     29 Mai : Toros du Conde de la Corte, pour Pepin Liria, Juan Jose Padilla, Antonio Ferrera
     30 Mai : Novillos de Roman Sorando, pour Matias Tejela, Ivan Garcia, Salvador Vega
     31 Mai : Corrida de la Presse (Hors abonnement) Six toros de fers différents, pour Eloy Cavazos, Enrique Ponce, Miguel Abellan
     1er Juin : Corrida de Rejones : Toros de julio de la Puerta, pour Luis Domecq, Andy Cartagena, Sergio Galan
     2 Juin : Toros de Gerardo Ortega, pour Pepin Liria, El Fandi (et possiblement El Cordobes)
     3 Juin : Toros del Pilar, pour Finito de Cordoba, El Califa, El Juli
     4 Juin : Toros de Manolo Gonzalez pour Joselito, Manolo Caballero, Miguel Abellan
     5 Juin : Toros de Palha : Sont probables Juan Bautista, Jesus Millan
     6 Juin : Toros de Jose Escolar : Fernandez Meca et Oscar Higares sont au cartel
     7 Juin : Toros de Adolfo Martin, pour Zotoluco, Juan Jose Padilla et Gomez Escorial
     Samedi 8 Juin : Toros de Victorino Martin, pour Luis Francisco Espla, Victor Puerto, Luis Miguel Encabo.

     Les derniers casse têtes concernent  les corridas de Pablo Romero, Hernandez Pla, Valdefresno, Guardiola et Ramon Flores. Il y aurait une troisième confirmation d’alternative : celle d’Antonio Barrera.
     On aura le temps d'analyser, de peser les chances de chacun, et les quelques trop rares défis que se lancent les figures. Celles ci prennent bien le soin de s'éviter, aidées en cela par la préoccupation de l'Empresa à équilibrer sa feria. On est loin  du temps jadis où un torero s'affichait trois ou quatre fois, et passait en revue tous les collègues... (l'un des derniers exemples: Paco Camino, à la San Isidro 1969: 5 paseos en 16 courses. Aujourd'hui: 2, en 23 courses. Bof!).
   A souligner, d'ores et déjà, Victor Puerto, qui prend les Victorinos, et le Zotoluco, à qui ont donne les Adolfo Martin, en toute dernière minute, comme si on lui faisait une fleur... Aura t'il un deuxième contrat, qu'il mériterait vraiment? Réponse, demain, à l'annonce officielle des cartels.

 

UN MEXICAIN "DORE"

     4 Avril : La dernière feria 2001, à Jaen, a révélé (ou confirmé) le talent d’un jeune mexicain, au toreo classique, profond, qui prenait l’alternative : Alejandro Amaya.
     Malheureusement, il recevait également une cornada dont il mit tout l’hiver à guérir, ne pouvant pas toréer sur ses terres mexicaines. Un coup à sombrer dans l’oubli.
     On vient d’apprendre que Paco Dorado, empresa de Cordoue, Jaen, Antequera et Algesiras, a décidé de l’apodérer, lui donnant ainsi quelque chance de « reprendre le train… ». Le "commandant" Dorado gère également les destinées artistiques de Jose Luis Moreno, Juan Carlos Garcia. Espérons qu’il pourra offrir à ce jeune mexicain les possibilités de confirmer son talent.
     Un apoderado "Dorado", pour un avenir qu'on lui souhaite..."doré"!

 

VEILLEE D’ARMES…

     5 Avril : Ca y est ! On y est ! Cette journée est à marquer d’une pierre. Choisissez la couleur !
     Que ce soit « dans le monde » en général, et dans le monde taurin, en particulier, ce vendredi rassemble des regards interrogateurs, des oreilles plus ou moins attentives, des espoirs plus ou moins déçus d’avance.
     La guerre totale plane sur le proche-orient, avec son cortège d’horreur. Nos rues vivent «de sales moments », de tristes anecdotes : On attaque un hôpital pour libérer un copain voyou… On brûle des lieux de culte, des écoles… Un homme meurt, dans la rue, mais comme une « certaine » catégorie de professionnels est en grève, son cadavre reste là, sur le trottoir, cinq heures durant… Une horreur, direz vous, et vous aurez raison ! Où donc cela se passe t’il ? Sûrement en Colombie, ou dans quelque pays sans foi ni loi… Non, non ! En France ! Ici, chez nous ! Bravo, merci !
     Pendant ce temps, la Télé nous expose le triste et bas spectacle « des 16 » qui, officiellement, briguent « le grand pavois »… ou plutôt, quelques uns de leurs représentants. Un spectacle à voir !
     Au milieu des invectives, des arguments jetés au visage, le présentateur nain essaie de récupérer un peu de « protagonismo », en coupant celui-ci ; en changeant de sujet lorsque celui-là veut développer ses idées ; en donnant la parole « à la salle », ballottée au fil des outrances… tout cela pour arriver à une vraie constatation : « On est vraiment dans la m…. ! » Et cela va continuer durant quinze jours, pour un résultat couru d’avance ! Total : un horizon du style « pot au noir », mais avec beaucoup de vent !

     Côté « Toros », ce 5 avril est aussi  une veillée d’armes. Et celle-là respire un peu plus d'honneur et de vérité...
     Aujourd’hui débute la Feria de Séville. Elle se poursuivra sans discontinuer, jusqu’au 21 (les choses sont décidément bien faites… !)

     Ce vendredi, on annonce les cartels de Madrid : Durant 29 jours, Las Ventas sera le centre du monde taurin. Les affiches sont pratiquement connues. L’Empresa Toresma en donnera les derniers détails, en fin de matinée. A priori, tout semble s’être arrangé et « ceux qui doivent y être »… y sont.
     Cependant, on sait que Manuel Diaz « El Cordobes », et Javier Conde  ne feront pas partie du cycle madrilène. Inquiétant pour un Cordobes qui confirme une prévisible dégringolade (Un cartel à Séville, absent à Madrid…). Quant à Javier Conde, son calamiteux début de saison n’engage à rien. (Il se réveillera peut-être en Août, à Malaga).
     On craignait une grosse injustice, vis à vis des « amis » mexicains. Cela semble s’être rafistolé, à grands coups de démagogie : La venue d’Eloy Cavazos est d’un goût douteux, même si le petit géant mérite beaucoup de respect (et même si la Corrida de la Presse ne fait pas partie de l’abono). On donne, du bout des lèvres, un poste au Zotoluco, mais on murmure un autre nom… Jorge Gutierrez. Curieux, et bien peu probable… Réponse, fin de matinée !

     Ce vendredi, Nîmes sera, en France, centre du mundillo. Annonce des cartels de la Feria, dans le cadre du Cinquantenaire ! Ce n’est pas rien, et, connaissant les coups de génie de celui qui mène la barque nîmoise, on peut s’attendre à quelque trouvaille « bien sonnée ».
     On sait déjà que Manuel Benitez y viendra faire le grand écart. On sait que Ponce et Jose Tomas se retrouveront à la même affiche, avec Sebastien Castella pour témoin. Il y aura des Miuras, des Victorinos… en un mot, de grandes choses.

     Donc, aujourd’hui, on souffle ! On respire un grand coup, comme avant un grand combat. Séville, Madrid, Nîmes… du pain sur la planche et de saines émotions en perspective, qui nous permettront de supporter… « l’autre » veillée d’armes. Ouf !

 

SEVILLA : ESCRIBANO, LA MITRAILLEUSE…

    6 avril : La feria de Séville a débuté hier, sous la pluie, dans le vent et le froid. Deux gros tiers d’entrée, pourtant, pour la novillada de pré feria. Au cartel, la dernière trouvaille de l’Aficion Sevillana, celui qui renverse le bon peuple et ravit les filles (à moins que ce ne soit l’inverse !) : Manuel Escribano, la huitième merveille du monde.

      N’allez  pas chercher un grand brun andalou aux yeux de braise, à la taille de jonc, qui torée comme on danse le flamenco, un soir de duende, au fond d’un obscur tablao… N’allez pas croire au nouveau Paula, à un autre Morante… Non, non ! Celui ci ressemblerait plus à un british qui a perdu sa balle de golf… Grand, blond, frisé comme un caniche, « l’air … »(comme dirait Audiard), les yeux clairs, un peu globuleux, le sourire « un poil » chevalin… il est la preuve vivante que « la gueule ne fait pas le torero ». On croyait, pourtant… Quand on voyait, jadis, vers 1965, Miguelin dans la rue, on se disait « Celui-là, il est torero ! ». Escribano fait plutôt joueur de hand, ou  champion de skate ! Pero bueno !
     Manuel Escribano fait tout, très vite, et parfois très bien : Courageux, généreux, véloce et puissant, il assène au toro une quantité de suertes, avec cape, banderilles et muleta, qui oblige le revistero a acheter un nouveau carnet à chaque novillada. Bénéficiant d’un appui populaire à la dimension sévillane, le jeune se fait applaudir à chaque intervention et aurait probablement coupé, hier, un monton de trophées, s’il n’avait pagaillé avec la rapière…
     Bon triomphe, donc, de cette nouvelle valeur, à la bourse sévillane, qui va fonctionner très fort, « là en-bas », mais devra pondérer ses élans, dès qu’il passe l’équateur de la péninsule. Le toreo, plus que jamais, demande de la mesure et de la classe…
     La novillada a confirmé le mauvais moment de Torrealta, ganaderia de prestige et de garantie. Après les échecs de Nîmes et surtout de Séville, le dimanche de Pâques, la voilà montrée du doigt, au grand désespoir de ceux qui rêvent de s’y voir affrontés.
     La feria de Séville commence mal, au plan ganadero, mais on suivra, aujourd’hui, la première corrida, dont est absent, hélas, Stéphane Fernandez Meca, avec les toros de Cuadri, qui reviennent à la feria de Séville… après 30 ans d’absence. (La dernière corrida sortit le 24 avril 1973, lidiée par Jaime Ostos, Ruiz Miguel et Santiago Lopez. Ruiz Miguel y coupa la première oreille de la feria au toro « Turronero »). Mais cela… c’était « avant hier » !

     5 Avril – SEVILLE – 1ère de Feria – Novillada – 2/3 de plaza – Mauvais temps, froid, pluvieux, venteux.
     Novillada de Torrealta, très "juste" de présentation et de trapio (poids : 463, 442, 410, 465, 437, 44 kgs). L’ensemble manifesta un désolant manque de caste et de forces. Le cinquième fut le meilleur du lot. Il aurait fallu voir le troisième sans les trois vueltas de campana qu’il se donna, au premier tiers. Gros échec pour le ganadero.
     Francisco Javier Corpas (Ovation - Silence) a touché le plus mauvais lot. Novillero, en piquée, depuis cinq ans, Corpas va recevoir l’alternative le 20 Avril en plaza d’Almendralejo, des mains du Finito et du Juli. Beaucoup de métier, un certain chic dans son toreo classique, mais peu de possibilité de s’exprimer, de transmettre une émotion quelconque. Il débuta bien, toréant son premier par véroniques à genoux, malgré une méchante rafale de vent. Son début de faena fut parfait, puis le toro, la tête dans les nuages, ne permit plus rien. Le quatrième se mit en grève après dix (bonnes) passes, et le novillero manqua sa mise à mort : Six pinchazos, cela fait un peu beaucoup.
     Manuel Escribano (Vuelta après pétition – Ovation) a reçu ses deux novillos, à genoux face au toril. La première portagayola s’est soldée par un terrible tampon, dont il sortit déchaussé, mais indemne. Varié avec le capote, essayant tous les quites, le blond torero banderilla en puissance, et dessina une faena vibrante et fournie, débutée par une passe changée dans le dos. A signaler quelques bonnes naturelles et deux grands pases de pecho. Hélas, il porta un pinchazo hondo, et voulut descabeller, ce qui refroidit les esprits.
     Portagayola « limpia », face au bon cinquième, et une nouvelle débauche de suertes, à cent à l’heure. Aux banderilles, un quiebro « al violin ». A la muleta, début à genoux, et une nouvelle faena intercalant l’abondance, frisant le vulgaire, et de grands détails de qualité. Il sait toréer, veut faire les choses « bien », mais semble encore dominé par ses nerfs, sa fougue, ses ganas… Cela peut s’arranger, d’autant qu’il bénéficie de la grande sympathie du public. Hélas, ce fut un échec avec l’épée : Six pinchazos et deux descabellos. Maldita sea!
     Juan Jose Dominguez (Silence, après deux avis – Silence) avait été pistonné pour faire sa présentation en novillada piquée. Ce fut un gros échec, le jeune paraissant « écrasé » par le cadre et les circonstances. Les quelques détails entrevus ne peuvent cacher sa verdeur et un cœur un peu léger. Un crime de l’avoir envoyé ainsi à l’abattoir. Il fut catastrophique, à la mort de son premier (quatre pinchazos, une demie et sept descabellos) et frôla les trois avis. Cela se passa un peu mieux à la mort du sixième, mais l’échec était consommé.

     Ce samedi, deuxième de pré feria : Corrida des héritiers de Celestino Cuadri, pour Luis de Pauloba, Alfonso Romero et Jesus Millan

 

MADRID : DES CARTELS CONVENTIONNELS…

     6 Avril : Pas de surprises dans les cartels de la San Isidro madrilène, annoncés hier par les frères Lozano. Seul, Manuel Diaz « El Cordobes » manque à l’appel, ainsi que Paco Ojeda. Normal pour ce qui est du Sanluqueño, qui ne peut aller se frotter à Madrid, tant qu’il n’a pas retrouvé ses repères (et ça !). Par contre, Manuel Diaz, qui a toujours été sérieux et responsable, à Las Ventas, méritait quelque place, même si son heure semble avoir passé.
     Les figuras ne veulent pas s’affronter directement…Les Ponce, Juli, Tomas se rencontreront peut-être, par hasard, dans l’ascenseur de l’hôtel… mais surtout pas dans le ruedo. Décevant !
     Autre signe des temps : A part le Fandi, qui doublera, les toreros qui confirment l’alternative n’auront « qu’une » opportunité… Dur, dur !
     A noter Antonio Ferrera, qui vient par deux fois, avec les Carriquiri et les De la Corte. Il pourrait bien causer quelques soucis aux plus huppés.
     Certains toreros n’ont plus grand chose à faire ici. D’autres auraient mérité mieux : Zotoluco, Luis Miguel Encabo, Jose Luis Moreno, El Cid.
     Pour ce qui est des novilleros, ce sera la « énième oportunidad », pour Luis Vital Procuna. Pero bueno !
     Côté ganaderias… la bouteille à la mer ! On ne parle plus aujourd’hui de toros commerciaux, ni de corridas « terrorificas ». Tous les toros de Madrid  sortent « de Madrid », du moins pour ce qui est du plumage. Côté ramage, on verra sur place !  En tous cas, les quatre derniers jours promettent quelques hauts le cœur.

Voir le programme définitif de la San Isidro, dans la rubrique : « Cartels »

     Auparavant, Madrid aura donné sa mini feria, dite « de la Comunidad » : Trois novilladas et une corrida goyesque dont les affiches sot les suivantes :
     1er Mai : Novillada de Garcigrande, pour Jarocho, Leandro Marcos et Andres Palacios
     « 2 de mayo » - Corrida goyesca : Mano a mano Luis Francisco Espla et Luis Miguel Encabo, face à trois Alcurrucen et trois Carlos Nuñez.
     3 Mai : Novillada du Ventorrillo, pour Reyes Mendoza, Javier Valverde, Salvador Vega.
     4 Mai : Novillada du Puerto San Lorenzo, pour Martin Quintana, Luis Rubias et Matias Tejela.

     Après la San Isidro, le 13 Juin, aura lieu la Corrida de Bienfaisance (qui a fait couler tant d'encre), avec des toros de Nuñez del Cuvillo. Au cartel : Manuel Caballero, Jose Tomas et Morante de la Puebla.

 

GARLIN : « MONSIEUR MON FILS »…PEUT RESTER CHEZ LUI !

     6 avril : On sait la mésaventure vécue à Mugron, il y a quelques jours : Le fils de Jose Mari Manzanares « tombe » du cartel, sans tambours ni trompettes, l’empresa ayant refusé de sortit la lime à ongles. Du coup, « Môsieur mon fils n’est pas venu ! » (voir notre titre, le 2 Avril)  La même aventure semble arriver à la même empresa de Garlin, qui cette fois, prend les devants et dit : « Môsieur votre fils… on n’en veut pas ! ».
     Donc, hier nous est arrivé un communiqué des plus clairs et concis, indiquant que l’affiche du 14 avril, à Garlin était changée.
     Ce communiqué est le suivant :  
    « Tout comme leurs voisins mugronais, les organisateurs garlinois ont subi, de l’entourage de Jose Maria Manzanares, des exigences inacceptables quant à l’intégrité des cornes du lot de Fuente Ymbro prévu pour la novillada du Dimanche 14 Avril 2002.
     Ils ont immédiatement décidé de retirer le torero du cartel et il sera remplacé, pour sa présentation dans le Sud-Ouest, par Matias Tejela, triomphateur des Fallas de Valence 2002 ».

     Saine initiative des organisateurs, en espérant que l’aficion les suivra, et remplira la plaza, comme elle le fit à Mugron, d’autant que le cartel est alléchant. Par ailleurs, on peut espérer une solidarité des autres plazas, quant à la position à adopter, face à « Môsieur, mon fils ! ». On peut espérer…
     En tous cas, il est bien dommage, pour un jeune torero « de talent et de probable grande trajectoire », de débuter ainsi ses paseos dans le sud ouest… par deux faux pas !

     Garlin - Dimanche 14 Avril : Novillos de Fuente Ymbro pour Julien Lescarret, Matias Tejela et Cesar Jimenez.

 

SEVILLE : LES CUADRI... POUR TRENTE ANS DE PLUS.

     7 Avril : Cela faisait presque trente ans qu’ils n’étaient pas venus. On les attendait, car on les avait vus sortir gaillardement à Valencia, à Madrid… Les Cuadri, en plaza de Séville : le grand retour ! Un des évènements de la Feria…
     Bon ! Et bien… ils peuvent repartir, pour trente ans !
     La corrida, super bien présentée, a été détestable, refusant de charger, certains toros montrant de réelles mauvaises intentions. En face, les toreros ont fait ce qu’ils ont pu, selon leurs moyens. Seul le petit Millan s’est accroché et a pu donner quelques détails de toreria. Pour le reste, les bravos sont rares, excepté pour les trois banderilleros de l’aragonais : Francisco Javier Rodriguez, Carlos Casanova et Jesus Arruga. Grande cuadrilla.
     A signaler que la Maestranza bénéficie d’un nouveau drainage, qui semble avoir fait ses preuves. Il pleuvait beaucoup, hier matin, mais à l’heure du paseo, sous un pâle soleil, l’ovoïde ruedo sévillan était à peu près praticable.

    6 Avril – SEVILLE – 2ème de Feria – ½ plaza – Temps froid et très venteux :
Corrida des fils de Celestino Cuadri, formidablement présentée, au point que l’on ne pense pas retrouver de trapio aussi sérieux, tout au long de la feria. Au poids : 538, 597, 572, 573, 583, 590 kgs (soit 575 de moyenne). Malheureusement, le comportement sera négatif : Toros sans race ni bravoure, réfléchissant beaucoup avant de charger, probones. Toros arrêtés, certains dangereux, comme le quatrième. Seul le troisième, « Nadador », galopa franchement au long des deux premiers tiers, et offrit un vingtaine de bonnes charges, à la muleta. Le cinquième était court, mais humiliait beaucoup. Son matador ne s’en aperçut que trop tard.
     Luis de Pauloba (Silence – Silence) remplaçait Fernandez Meca. On lui doit les grands moments de la tarde, avec le capote : trois véroniques et une demie, au toro d’ouverture. Puis, ce fut la déroute, le doute, l’échec. Gêné par le vent, sans confiance, Pauloba renonça, face au premier, et connut grande panique, face au quatrième, très dangereux que l’on pensa affublé d’un défaut de vue. Ce toro mit en grave danger le banderillero Miguel Arcos, qui faillit bien se faire clouer à la barrière. Dans les deux cas, Pauloba tua en « sortant a matar ».
     Alfonso Romero ( Silence – Silence, après un avis) se présentait à Séville. Ce fut une déception, en partie à cause des toros, mais aussi par son souhait d’attendre « le bon toro », nécessaire à son toreo. Son premier était un probon faiblote, qui se défendait à coups de tête. Il ne put lui péguer un muletazo, tuant d’une entière et de trois descabellos. Le cinquième avait quelques qualités que Romero tarda à découvrir. Il y eut trois bonnes naturelles, mais le doute reprit le dessus. Pinchazo et demie tendue et « muy caida ». Une déception.
    Jesus Millan ( Division, en saluant – Ovation, le public lui refusant la vuelta) faisait également sa présentation dans le coso du Baratillo. Son premier, le « Nadador », fut le seul potable de l’envoi. La faena débuta mal, le torero ne s’accordant pas avec les premières bonnes charges du toro. Puis vint une bonne série de derechazos, bien liés, main basse. Une autre poignée de grands muletazos firent sonner la musique et les « olés » secs, des sévillans. Hélas, un désarmé, à la première naturelle, et le toro qui s’arrête, d’un coup. Millan tentera de lui arracher quelques passes, une à une, et perdra tout à la mort, pinchant deux fois avant de mettre un vilain bajonazo. Le sixième se montrera comme les autres, ou pire : distrait, sans race aucune. Millan s’accrocha comme un lion, débutant les deux genoux en terre. Cette fois, il tua bien et le public l’ovationna, ne lui permettant pas, cependant, de donner la vuelta à laquelle il prétendait. Es que Sevilla…

     Ce dimanche 7 Avril : 3ème de Feria, en corrida de Rejoneo, si le temps le permet (la météo n’est pas bonne) : Toros de Murube, pour Fermin Bohorquez, Pablo Hermoso de Mendoza et Diego Ventura.

 

LOGRONO : ON COUVRE !

     7 Avril : La nouvelle plaza de Logroño inaugure aujourd’hui sa couverture. Avec le temps de chien qu’il fait, elle ne pouvait choisir meilleure date. Il est vrai que l’on râle un peu contre cette corrida « bien au sec », presque aseptisée, en plaza couverte. Mais, quand le ciel déverse pleurs ou ses colères… ma foi !
     Mine de rien, voilà un belle brochette d’arènes, couvertes et bien pratiques : Zaragoza, La Coruña, Leganes, Sans Sebastian, Vista Alegre, Logroño…
     Dans dix ans, plusieurs arènes les auront rejointes, probablement. Mais, dans dix ans… y aura t’il encore des toros ? A ce sujet, on s’étonne de voir que Vista Alegre, à Madrid, n’a toujours pas ouvert ses portes, cette saison… et que l’on ne voit rien à son horizon.

     Logroño inaugure donc sa « cubierta », en ce dimanche 7 avril, bien pluvieux. On se souvient que la plaza a été inaugurée le 21 septembre dernier, à l’ouverture de la San Mateo 2001. Ce jour là, Ponce, Juli et Urdiales patinèrent dans un champ de labour, face çà une corrida de Jose Luis Marca.
     Aujourd’hui, le cartel « était » de lujo : Joselito, Ponce, Juli, face à des Juan Pedro Domecq. « De lujo », il le reste, même si Enrique Ponce est obligé de déclarer forfait. Il sera remplacé par Morante de la Puebla, auteur d’une bonne faena, ici, l’an dernier. Un des rares grands souvenirs de sa temporada.
     Enrique Ponce a attendu jusqu’au dernier moment pour se retirer du cartel. Le valenciano s’est senti très mal, après la corrida de San Sebastian, le 24 mars, et cela ne s’est pas arrangé, après Arles, où il a toréé malgré son état de faiblesse. On parle d’intoxication lourde ; on parle de bouche envahie d’aphtes. Il ne faut pas rigoler avec ça. Aussi, Ponce a sagement renoncé, après avoir tenté de se remettre en forme. Séville n’est pas loin… De plus, l’aficion de Logroño ne porte pas forcément Ponce dans son cœur. Donc, même à 100%, il aurait du mettre le turbo pour les convaincre…

     Bref, en ce dimanche 7 avril 2002, bien au sec, Joselito, Morante de la Puebla et le Juli entreront dans l’histoire de la Logroño taurina, confirmant que dorénavant, on ne risque plus de prendre des trombes d’eau, en terre de « vino de la Rioja ».

 

NIMES : CINQUANTE ANS DE "FETE TAURINE"

     7 avril : Pour son cinquantenaire, Nîmes va mettre les petits plats dans les grands, et monter une Feria de Pentecôte où toros et toreros se disputeront la vedette, pour la joie de tous, du moins on l’espère.
     Simon Casas a dévoilé, vendredi, les cartels de la Feria 2002. Du mercredi 15 au lundi 20 mai, se dérouleront 10 spectacles, dont un, hors abonnement, qui sera théoriquement, le sommet du cycle Nimois.
     Sur les 10 spectacles, il y aura une corrida de rejoneo et une portugaise.

     Ce qui étonne : l’absence de novilladas.
     Ce qui étonne : la place, bien discrète, faite aux toreros de la casa, en particulier Alfonso Romero et Cesar Jimenez en corrida matinale, mais le dimanche de Pentecôte, il est vrai. L’empresa n’a elle donc qu’une confiance mesurée en Cesar Jimenez, pour ne pas le mettre avec Ponce et Morante, le dernier jour ? Cosas de tactica taurina…
     Le grand moment : Un paseo historique, entre El Cordobes « père » et Paco Ojeda. Le paseo ! Après, on verra bien ! Les Juan Pedro Domecq diront s’ils laissent ces deux ex révolutionnaires, développer le toreo qui les a fait riches. Mais les ans ne passent pas en vain. Aussi, il faudra se dépêcher de prendre les photos… au paseo. C’est la corrida « Paris-Match »…
     Le reste « normal » de la feria est de grand intérêt : Côté ganado, avec Miura, Victorino, Palha, pour les durs et la rama Domecq, pour les toros  « plus artistes ». Pour ce qui est des hommes, on peut trouver curieuse l’absence de Ferrera, d’autant qu’il prend seul six toros pour l’Ascencion. C’est peut-être  la raison. De fait, l’Empresa présente « l’Ascension » et « la Pentecôte », comme si cela faisait « un tout ». Cela peut se voir ainsi,  à condition de ne pas venir…de loin.

Les cartels de la Pentecôte, à Nîmes, sont donc les suivants :
     Mercredi 15 Mai : Toros de Miura, pour Zotoluco, Denis Loré, Davila Miura
     Jeudi 16 Mai : Toros de Juan Pedro Domecq, pour Enrique Ponce, Jose Tomas, Sebastian Castella
     Vendredi 17 Mai, en matinée et hors abonnement : Mano a mano entre M.B « El Cordobes » et Paco Ojeda, face à des Juan Pedro Domecq.
     Vendredi 17 Mai : Toros de Domingo Hernandez, pour Joselito, El Juli, Juan Bautista
     Samedi 18 Mai : Toros de Victorino Martin, pour Fernandez Meca, Juan Jose Padilla, Luis Miguel Encabo
     Samedi 18 Mai, en nocturne : Corrida portugaise.
     Dimanche 19 Mai, en matinée : Toros de Jandilla, pour Curro Vazquez, Alfonso Romero, Cesar Jimenez
     Dimanche 19 Mai, au soir : Toros de Palha, pour Luis Francisco Espla, Zotoluco, Swan Soto
     Lundi 20 Mai, en matinée - Corrida de Rejoneo : Toros de Los Espartales, pour Pablo Hermoso de Mendoza, Sergio Galan, Rafi Durand.
     Lundi 20 Mai, en soirée : Toros de Buenavista, pour Enrique Ponce, Morante de la Puebla, Miguel Abellan.

 

UN DIMANCHE « DE CHIENS »…

     8 Avril : Allez donc savoir pourquoi, les espagnols ont une expression très imagée, pour traduire la mauvaise journée, au plan climatologique : « Un dia de perros »… où les hommes et les éléments se regardent « en chiens de faïence…
     Du coup, nous avons aussi adopté « l’après-midi de chiens »… sans que ces pauvres bêtes n’y soient pour grand chose…
     Il a fait « un temps de chiens » (encore !), hier, en Espagne. La corrida de rejoneo, en plaza de Séville a été reportée au mardi 16, midi. A Madrid, pluie vent et froidure. Des spectacles ont été annulés un peu partout, au cours de ce triste week end.
     Paradoxalement, il faisait beau à Logroño, où l’on inaugurait… la couverture de la Plaza  de la Ribera. Le ciel est taquin…
     Peu de monde dans les plazas. Désolante entrée, comme d’habitude, à Madrid. Bien plus décevante encore, à Barcelone, pour un grand cartel, et la présentation de Cesar Jimenez.
     De tristes entrées, un peu partout… Mais le pompon va à Texcoco, au Mexique, où la troisième et dernière corrida de feria dut être annulée, parce qu’il n’y avait dans le tendido que… 80 entrées payantes. Au cartel : Mariano Ramos, Manolo Martinez et un certain Luis de Triana. Tout le monde est reparti à l’hôtel en se posant quelques questions sur « sa force taquillera »…

     Hier, côté toreros, deux triomphateurs : El Juli et Cesar Jimenez.
     A Logroño, le matin, Julian Lopez s’est vu remettre le Capote de paseo, trophée offert par la Comunidad de la Rioja, à l’auteur de la meilleure faena, lors de la dernière San Mateo : Cape de soie blanche, ornée des armes de la région, portant l’image de sa sainte patronne, la Vierge de Valvanera, le tout agrémenté de ceps de vignes d’or, entrelacés. On est en terre de vin, ou on n’y est pas ! Du coup, le Juli, « bon pied, bon œil », a mis le paquet et a coupé deux oreilles, mais n’est pas sorti a hombros, parce qu’il faut ici couper deux oreilles… à un même toro. « Peut-être qu’avec un gros coup de Rioja, cela aurait pu marcher… Hips ! ».
     Cesar Jimenez a fait sa présentation à Barcelone, démontrant à tous la qualité de son toreo, mais aussi cette tendance à aller « de mas a menos ». Faudra revoir cela. Le bon toreo se fait « de arriba pabajo »… mais « de menos, a mas ! ». La novillada de Jandila a été « superior ! »
     En plaza de Benalmadena, Marcos Sanchez Mejias, celui en qui on fonda tant d’espoir, dans les années 90/95, a repris l’épée, coupant deux oreilles. Voir s’il revient avec une illusion renouvelée…
     En Alicante, un festival où le président s’est montré plus radin qu’en corrida formelle. Rivera Ordoñez a banderillé, sous les ovations des belles qui veulent, toutes, jouer leur chance… mais c’est Julio Aparicio qui a sorti deux ou trois « genialidades », de derrière les fagots. Ortega Cano, qui s’était fait secouer, hier, au festival de Haro, s’en est mieux sorti.
     En plaza de Cordoba, ce fut une novillada dite « de promotion ». Personne dans les tendidos, et un festival de volteretas, peu graves heureusement. Promotion majeure pour « le sonneur de clarines », puisque le petit Dorado, qui doit tuer trois novillos entend, respectivement, trois, un et deux avis…
     Un dimanche « de chiens », vraiment...

     7 Avril – Logroño – Corrida d’inauguration de la couverture de la Plaza – Casi lleno : Cinq toros de Juan Pedro Domecq et un du Torero, remplaçant le premier toro, qui s’est brisé la patte, dans le capote de Joselito. Le Salvador Domecq sera costaud et coriace. Ceux de Juan Pedro allieront  faiblesse et mansedumbre. Seuls les 3, 4 et 6 èmes se sauveront quelque peu.
     Joselito a patiné devant le premier, mais s’est en partie rattrapé face au quatrième. Faena templée et deux épées. (Applaudissements et oreille) – La Morante de la Puebla toucha deux carnes. Il ne se força guère, face au violent deuxième, mais mit le paquet, devant le cinq : Larga à genoux, excellents détails, mais vains efforts. De plus, il tua mal. (Silence et ovation) – Le Juli se montra vibrant, intelligent et courageux. Il fit le spectacle, avec le troisième, avant de mettre un gros coup d épée. Plus calme devant le dernier. (Oreille de chaque toro)

     7 avril – Madrid (Las Ventas) – Entrée désolante – Temps « de chiens » : Novillada d’Alejandro Vazquez, bien présentée, mais faible et mauvaise. Le 2ème est un remplaçant de Felix Hernandez, un peu meilleur.
     Tomas Lopez se montrera sobre et aussi froid que le temps. (ovation et silence) – Le gaditano Curro Duarte eut quelques détails de classe avec la cape, et de bons gestes isolés, avec la muleta. « Buenas maneras »… mais silence, par deux fois – Juan de la Reina, de Tolède, mit la vibration et le courage. Peu de classe, mais la volonté de se battre.(Ovation et ovation).

     7 Avril – Barcelona –Première novillada de la saison – ¼ de plaza : Entrée désolante pour un cartel de bonne catégorie. Triste !
     La novillada de Jandilla s’est montrée excellente de caste et de noblesse. Le premier se cassa un piton, étant remplacé par un Francisco Ruiz Melendez, qui mit son torero en échec.
     Leandro Marcos, à l’habitude, voulut faire son torero de salon, et se fit manger tout cru. (Silence et silence)
     Grande présentation à Barcelone de Cesar Jimenez, qui démontra grande classe au capote, toréa magnifiquement son premier, coupant une oreille après une belle estocade, au ralenti. Le cinquième, mou, fut entrepris à genoux, le torero essayant de mettre la vibration que le toro n’avait pas. Faena de mas à menos, et échec à la mort. Ovation.
     Serafin Marin brinda sa première faena à Lucio Sandin. Hélas, il se montra très en dessous de la classe du troisième novillo. Par contre, se montra très décidé, face au dernier, bien estoqué.(Ovation, après un avis, et une oreille).
     Un des grands moments : le « pique » aux quites, entre Jimenez et Serafin Marin, au deuxième novillo. Cesar Jimenez avait toréé par tafalleras. A son tour, Marin donna de bonnes gaoneras. Piqué au vif, Cesar Jimenez répliqua par faroles inversés et rebolera. Eso se llama… « Toreria ! ». Superbe !

     7 Avril – Sevilla – Il a plu toute la matinée. La corrida de Rejoneo a été suspendue, à 15h30, et renvoyée au 16, à midi, avec le même cartel : Fermin Bohorquez, Pablo Hermoso de Mendoza et Diego Ventura, face à six de Murube.

     Ce lundi 8 avril, le temps ne semble pas meilleur. Doivent sortir six Domecq de Gerardo Ortega, pour Antonio Manuel Punta, dont on attend peu ; Antonio Barrera, que l’on suivra avec attention. Sévillan, né le 9 février 1976, il prit l’alternative en juillet 99, avant de s’expatrier au Mexique, où il fait un tabac, toréant 43 corridas en 2001. C’est un torero extrêmement vaillant, qui plante les pieds au sol, et ne les « sort pas ». Adepte du spectaculaire, il peut intéresser certaines aficiones. Séville est un gros examen de passage. Le troisième homme sera « El Cid », très apprécié, ici, après une actuacion de grande classe, le 15 août dernier. Superbe torero… mais piètre tueur. (Hombre… se llama « El Cid » ! A ver un poco…)

 

SEVILLE : ENFIN UN QUI POURRAIT BIEN LES EMPÊCHER DE DORMIR…

     9 Avril : La Maestranza a enfin retrouvé son ciel gris bleu, ses olés « mu de Sevilla ! » et sa musique, qui démarre à la première grande naturelle, mais s’arrête au moindre achuchon.
     Hier, la corrida a duré deux heurs trois quarts, paraissant parfois lourde et désespérante, surtout quand le cinquième fut changé deux fois. Pourtant, ce fut une course très intéressante, parce que les toros étaient « hyper » sérieux de présentation ; que deux d’entre eux montrèrent de grandes qualités à la muleta ; que l’on a vu deux toreros sévillans frôler le triomphe… mais…
     …Mais on a surtout vu un torero qui revenait d’exil et jouait très gros, pour se retour en sa terre. Un jour, il était parti à Mexico, avec une toute petite valise. Il s’y est construit et, en « conquistador à l’envers », il revient chez lui pour dire : « Aqui estoy yo ! »
     « Y si que estuvo ! » Hier 8 Avril, avec un lot infâme, Antonio Barrera s’est montré formidable de vaillance, de courage serein, de technique et de toreria. Les deux ovations, humblement saluées depuis la barrière, peuvent paraître un maigre bilan. De fait, elles saluent la décision, la fierté et la force de ce torero qui risque bien d’empêcher certains de dormir…
     Antonio Barrera plante les pieds dans le sable, et ne les sort pas de là. Mais pour autant, il n’est pas « un torero suicide ». Concentré, clair dans ses idées, ferme dans ses placements et ses cites, le sévillan tire les muletazos, main très basse, obligeant le rétif à suivre sa volonté.
     Attention à Barrera ! Hier, avec le mauvais sorteo, il a vraiment été bien, arrachant de gros derechazos à son méchant premier, et faisant reculer le cinquième tris, en marchant sur lui… Ajoutez à cela une volonté de bien faire la suerte de matar… et vous pouvez avoir un « joker » important, au cours de cette temporada, pour peu que lui sorte « un toro bueno » dans une plaza importante, car, ainsi qu’il le disait hier : « J’ai essayé d’être le mieux possible, mais aucun toro ne m’a laissé « sortir mes armes », développer mon toreo ! »
     Les Chopera ne sont pas fous. Ils le surveillaient depuis un moment, et il est possible qu’encore une fois, ils aient touché un loto… et nous, de même.

     8 Avril – SEVILLA – 4ème de Feria – 2/3 de plaza – Temps nuageux, humide et froid – Corrida télévisée Via Digital :  Il est sorti 9 toros de Gerardo Ortega. Le premier se rompit une patte, dans le capote de Manuel Punta. Le cinquième se donna une terrible vuelta de campana, avant la pique. Il en sortit invalide. Le cinquième bis fait une mauvaise chute, se tordant vilainement le cou et sortant « descordinado » de l’accident. Pa dentro ! Son remplaçant fit craindre le pire, mais le président le maintint dans le ruedo.
     Corrida formidablement présentée, très emorrillada, terriblement armée, lourde : 605, 565, 545, 614, 579, 580 kgs (581 de moyenne). Toros de caractère violent, allant fort au cheval, mais sans vraiment s’employer, car manquant de race et de forces. Cependant, même avec leurs défauts, ils permirent aux toreros de s’exprimer, même quand ils étaient mauvais. Il y eut deux grands toros : le quatrième, « Feten », d’une formidable noblesse, et le sixième « Clavelillo », lui aussi, excellent pour le muletero.
     Antonio Manuel Punta (silence – Vuelta, après petite pétition) n’a rien toréé en Europe, l’an passé. Par contre, il a fait sa saison, au Venezuela. Un torero qui a de la classe, mais qui manque… de quelque chose. On ne comprend pas pourquoi il brinda son premier au public. Ce toro l’avait mis en difficulté à la cape, et seul Barrera s’était déjà distingué dans un quite par trois gaoneras risquées. Le toro était aplomado, brutal. Punta resta un moment devant, et tua mal, de quatre pinchazos et trois descabellos.
     Le quatrième le mit en difficulté au capote. 614 kilos d’agressivité, déboulant à toute vapeur… et tenant debout. Deux puyazos bien calibrés et une faena qui commence à droite, « Feten » trébuchant dans les troisièmes passes des deux premières séries. On se lamente. Noble, mais faible. Punta le laisse respirer et le prend à gauche. Miracle, le toro va « a mas », tournant à « vraiment noble », chargeant « droit et long ». Punta va l’exploiter, en partie, tirant de bonnes naturelles, terminées de grands pechos. Cependant, on pense qu’il pourrait être mieux. Il faudra attendre une grande série finale, sur la main droite, scellé d’un énorme pase de pecho, pour emporter l’adhésion finale. Malheureusement, un pinchazo précédera une entière en arrière, et l’oreille s’envolera. Vuelta pour le torero, mais grosse ovation, surtout, pour le toro, à l’arrastre. Il s’appelait « Feten »
     Antonio Barrera (Grande ovation, au tiers – Ovation, à la barrière)  a été « énorme » de valeur et de toreria. D’entrée, il lidia son premier, avec le capote, voyant qu’il ne pourrait le recevoir classiquement, pare véroniques. « Se sortant » vers le centre, le torero amena le toro où il le désirait, et le planta là, d’un remate puissant. Vuelta de campana à la sortie du deuxième puyazo, et méchanceté affichée au deuxième tiers. Débutant par un cambio dans le dos, risqué, Barrera, très décidé, très concentré, va s’imposer au toro et au public. Plantant les pieds au sol, rentrant dans le toro, il va lui imposer des muletazos, la main très basse, que le toro va prendre en renâclant et en le menaçant plusieurs fois. Y olé, torero ! Marchant sereinement devant les cornes, toréant « muy asentado », le sévillan va obliger le toro à charger, malgré les menaces et les achuchones sur les passes de sortie. Il essaya en vain la main gauche et mit toute sa volonté dans un grosse estocade, bien portée, qui tarda un peu dans ses effets. Avec un toro très dur, Antonio barrera « est entré » à Séville.
     Avant son accident, le cinquième lui permit une réception par delantales, trois reboleras enchaînées, à une main, et un pecho avec le capote, sortant désarmé. Rabia ! pero rabia torera ! Le cinquième bis permit de voir que ce n’est pas un grand artiste de la véronique. Quand au « tris » il ne permit rien, mettant d’entrée, deux vilains upercuts, à droite. Le toro prendra un gros puyazo et sortira, plantant ses cornes dans le sable. Faible, lui aussi. A la muleta, Barrera lui « rentrera dedans », mais le manso refusera le combat, se défendant sur place, ou, pire encore, reculant devant la décision du torero. Bien portée, l’épée tombera… très bas ! Accidente ! Le public ne lui en voulut point, qui le fit saluer à la barrière… en torero !
     El Cid (Silence – Vuelta) a été magnifique avec la cape, face à ses deux toros. De grandes véroniques, serrées, longues, templadisimas. A la muleta, son premier se montra très court, se défendant. Le diestro fit ce qu’il put… et ne put grand chose. Par contre, le Cid toucha le deuxième grand toro de la soirée. Ce sixième débuta très noble, eut un petit passage à vide, en milieu de trasteo, et « remonta », permettant au torero de s’exprimer avec galbe et profondeur. Bons derechazos, séries à gauche (qui est « sa main ») chaque fois closes de grandes passes de poitrine. Final par redondos inversés. On sent que l’oreilles va tomber. Hélas, l’estocade définitive et bien portée, arrivera après trois pinchazos. Pas rancunier, le public lui permit une vuelta. Mu Sevillano !
     Aux banderilles, El Alcalareño eut un geste de superbe toreria. Menacé lors  de son premier passage, au sixième, il prépara et posa une « énorme » deuxième paire, sortant « guapisimo ». Et Séville explosa…

     Ce 9 Avril, la corrida de Gavira est, paraît-il, « una tia ! ». En face, des toreros, dont on sait qu’ils ne sont pas « foudres de guerre » : Pepe Luis Vazquez, Fernando Cepeda, Davila Miura. Demain, on parlera de quelques véroniques et demies, mais aussi, probablement, de beaucoup de « Je voudrais, mais ne peux pas ! »

 

CABREL, BIGARD, ET… CEPEDA.

     10 Avril :  « Il est fou ! » se diront certains. Ca, on le sait depuis longtemps. En quoi ce titre, un peu loufoque, peut il donc avoir quelque lien avec la corrida d’hier en plaza de Séville ?
     Au moins, il a le mérite de vous faire « tendre l’oreille », et peut-être de vous faire sourire un peu…
     En fait… on va parler de toros, comme toujours, ici, et chaque jours, depuis le 18 février 2000…

     Mes amis me taquinent souvent en me demandant : « Toi qui aimes Cabrel… que penses tu de sa chanson sur la corrida ? »  Je réponds que Francis Cabrel est un malin que l’on a vu plusieurs fois dans des arènes. (Ne l’a t’on pas vu aux arènes de Bayonne, assister à une Miurada. Il avait un pied dans le plâtre)… un malin qui a des milliers de fans, dont les 80% sont sûrement contre la corrida (c’est forcé, on ne peut pas aimer la tauromachie, et être gentil !)… un malin qui « s’est fait le quite » en écrivant une chanson rigoureusement « exacte » : Si on se met à la place du toro qui sort du chiquero, on se dit exactement cela… « J’ai vu  les fanfares, les barrières et les gens, autour »…  « Ils ont refermé, derrière moi. Ils ont eu peur que je recule. Je vais bien finir par l’avoir, cette danseuse ridicule »… « Ce pantin, ce minus ! Je vais l’attraper, lui et son chapeau, les faire tourner comme un soleil… ». Hombre ! si vous étiez toro… ne penseriez vous pas cela ? surtout si vous étiez un toro de Gavira, hier, à la Maestranza, et qu’au sortir du chiquero, vous aperceviez, là bas, tremblant élégamment… l’ombre du fils de Pepe luis ?

     Hier, à Séville, le deuxième toro a mis dix minutes à sortir… Cela me fait penser au sketch qui ouvrait le spectacle de Jean Marie Bigard, en 2000, je crois. Il mimait, avec grand à propos, les différentes attitudes et pensées des toros sortant à la plaza. Selon qu’ils étaient violents ou mansos perdidos, les toros sortaient, un à un, déclenchant nos rires, mais aussi notre admiration…
     On imaginait le coin de rideau, en porte de toril. Durant quelques secondes, le noir complet. Soudain déboulait le « Bigard toro », à fond les manettes, le regard mauvais, la bave aux lèvres, les naseaux fumants, en hurlant « Où il est, le gars ?
     Regardez bien  le bronco qui déboule, fonce sur le premier burladero, et bousille l’estribo. (Planqué à deux pas, le menuisier de la plaza maugrée « Bon, c’est encore à moi ! Je vais demander une augmentation…). Et le toro, l’air mauvais, semble dire au torero « Sors un peu, si tu en as les c…apacités ! ».
     Et Bigard, de mimer ainsi plusieurs toros aux différents comportements. A la fin, comme hier à Séville, le rideau-toril reste longuement dans le noir… mais vraiment longuement (bon ! pas dix minutes, quand même !), puis seule la tête effarée du « Bigard-toro » sort, timidement, et murmure, mi effaré, mi maricon, « Ecoutez… Bernard et Robert sont sortis par là, tout à l’heure… on ne les a jamais revus… ».
     Peut-être le deuxième toro de Gavira d’hier, en plaza de Séville était il "paxé" ? Toujours est il qu’il mit presque dix minutes à sortir… Avait il donc été voir Jean Marie ? Les autres avaient ils donc entendu la chanson de Cabrel. Sûrement non… mais c’était bien imité !

      Hier… on doit vraiment parler de Fernando Cepeda ! Cela fait des années que l’on vante trois véroniques, ici… une grande demie, là ! On parle de trois naturelles de rêve, aussitôt gâchées par une grosse reculade, à droite. L’inconstance de l’artiste… et le souvenir d’une grave cornada, par où le courage, limité, s’est enfui, un jour.
     A bientôt 38 ans, Fernando Cepeda  fait le yoyo entre espoir et nouvelle désillusion. Il a pris l’alternative en 87, à Madrid, rien moins que des mains de Paula et Manzana…
     Longtemps, il fut l’espoir de l’aficion Sévillane…jusqu’à la terrible cornada de Cordoba, en 90. Déjà, un toro lui avait fait mal, en 88, à Séville. Puis arriva une mauvaise lésion à un poignet, en 91. De fait, Cepeda n’arrêta pas de « repartir de zéro »… Aujourd’hui, il est un « vétéran » dont Jose Antonio del Moral dit qu’il ferait une grande « tête de cartel », beaucoup plus importante que quelques « vieux beaux », revenus parce qu’ils n’arrivent pas à supporter les ans qui passent… Tout à fait d’accord ! Mais voilà ! Cepeda intéresse t’il les petits jeunes ? Il est l’un des tout meilleurs, à la cape, et, s’il met une demie faena comme celle d’hier, il les enterre tous. Vaya telonero…

     La corrida de Gavira est sortie « infumable », ce qui a donné au fils de Pepe Luis l’occasion de ne pas trop suer le burnous, une fois de plus. Quant à Eduardo Davila Miura, il se battit fièrement avec le seul toro valide qui lui restait, son premier s’étant cassé la corne… au peto du cheval !

     Cabrel… Bigard… Cepeda… vous voyez bien qu’on a parlé de toros !

     9 Avril – SEVILLA – 5ème de Feria – Petit 2/3 de plaza – Soleil frais !: 
     Six toros d’Antonio Gavira, présentés « comme pour Madrid », avec du trapio et des cornes astifinas. Du poids à revendre : 550, 585, 579, 607, 569, 649 kgs – (589 de moyenne). Avec cela, un caractère de manso « en échelle » : depuis les 1et 4, imbuvables, jusqu’au cinquième, manso toréable. Les trois premiers avaient cinq ans et demi, et le sentido correspondant.
     Pepe Luis Vazquez (Silence – Silence) fit son traditionnel paseo, regarda sortir ses deux toros, les donna à lidier à ses peones, leur donna trois coups de torchon, les massacra à l’épée sans se tâcher le costume, et s’en alla rosissant sous quelques vagues coussins qui tombaient mollement. Comme ses deux toros étaient les pires… on lui dit : « A l’année prochaine ! ». Il fête ses 21 ans d’alternative. Il peut durer « 20 ans de plus »… mais non, ce serait trop fatiguant !
     Fernando Cepeda (Silence – Vuelta) ne put toréer de cape son premier toro, qui resta dix minutes dans le couloir du toril, imitant Bigard à la perfection. Quand il daigna sortir, ce fut pour montrer sa nulle qualité, et Cepeda en termina d’un pinchazo et une épée. Le cinquième déboula, brutal, et appuyant fort vers les barrières. Cepeda ne put le toréer au capote. Violent, le toro « derriba » à la troisième pique. Tout le monde par terre ! Voyant le tableau, et en faisant le bilan de la corrida, on donnait peu de chance à la faena de Cepeda. On ce trompait. C’est la fameuse incertitude de la tauromachie. Fernando Cepeda, soudain visité par quelque duende sortant de son long sommeil, se mit à toréer profond, raffiné, suave, « comme les anges… » Trois séries de derechazos « con empaque », la taille redressée, seigneurial ! La faena baissa un peu, suite à un désarmé, mais le torero retrouva sa cadence, terminant par deux trincherazos « de cartel ». Hélas, comme tant de fois, l’épée « pincha », avant d’entrer, entière. Et, comme tant de fois, l’oreille s’envola. Grosse bonne vuelta pour Fernando Cepeda, que l’on attendra, en fin de feria, avec les Cebada, et dont la faena au toro « Altanero », de Gavira, est déjà un des souvenirs de la Feria 2002. Y olé !
     Eduardo Davila Miura (Silence – Ovation) vit son premier se casser un piton, en entrant au cheval « sous un mauvais angle ». (Ou le peto était trop dur, ou le piton était « trop mou ! » Non ?). Le président Francisco Carrasco prit la bronca du jour pour refuser de changer le blessé, et le torero dut se résoudre à l’abattre, d’une entière tendue. Le dernier, de 649 kgs, pulvérisa cheval et picador, mettant en danger Agustin Navarro, tompé à découvert. Grande ouvrage de toute la cuadrilla qui brega bien, Joselito Rus se montrant supérieur, aux banderilles. Davila Miura prit une grosse colada d’entrée, et aguanta vaillamment la brutalité du toro. Faena volontaire, propre, sans grande option. Estocade contraire et tombée (vaya ! un bajonazo « de l’autre côté ») et l’ovation de son public. On n’attendait guère plus.

     Ce 10 Avril, il va y avoir du sport ! Déjà, la corrida de Marie Carmen Camacho n’est pas passée, à l’examen vétérinaire. Cinq toros rechazados. Ceux que l’on a amenés en hâte, ne valent rien, non plus. Séville, aujourd’hui, exige « le toro de Madrid »… Una barbaridad ! Il n’y a qu’un toro : Le toro « en el tipo de embestir », en fonction de la conformation correspondant à son encaste, à son identité génétique.
     Du sport...parce qu’au cartel : Pepin Liria, Antonio Ferrera et El Fandi : Un gros vaillant… deux « fous furieux »… Trois toreros !

 

MARIA… « LA DOÑA ».

     10 Avril : Hier, à une heure du matin, disparaissait, victime d’une crise cardiaque, Maria Felix, qui venait de fêter, la veille, ses 88 ans.
     Elle était la diva du cinéma mexicain. Pas une grande actrice, mais « un personnage »… qui suscita autant d’admiration que de haine, autant d’envie que de jalousie. Un cœur de feu… un corps de liane… un regard de braise… Vaya  mujer !
     Maria Felix connaissait bien le mundillo taurin. Elle le connaissait…de très près.
     Elle avait été mariée au grand compositeur Agustin Lara, qui, conquis par le faenon de Silverio Perez au toro « Tanguito », lui composa le fameux pasodoble, en 1943. Leur relation fut… orageuse.
     Maria eut « un bon contact » avec Luis Miguel Dominguin, ce qui l’amena à être souvent présente à ses corridas. C’est ainsi qu’elle assista, malheureusement, à la cogida mortelle de Manolete, le 28 Août 47, en plaza de Linares.
     Elle connut d’autres toreros, en particulier Manolo Martinez.
     Devenue plus sage, elle continua à aller aux corridas. Une de ses dernières sorties à la Monumental de Mexico eut lieu le 10 Mars 96 : Il y avait quatre toreros, dont… Denis loré. Les quatre diestros lui brindèrent un toro, et ce jour-là, « El Conde » obtint la grâce du dernier toro de Fernando de la Mora.
     Depuis, elle restait chez elle, et regardait les corridas à la télé, en fumant son éternel cigarrillo.
     Elle avait tourné 47 films, dont un paquet de navets… Mais elle était un vrai « personnage », et une grande ambassadrice du Mexique.
     Idolâtrée ou haïe, Maria Felix était…« Le Mexique », de feu et de passion… Un Mexique qui a tristement tourné, hier, une page de son Histoire.

 

VALLADOLID : LES CADEAUX DE SAINT PIERRE…

     10 Avril : Chaque année, Valladolid fête la « San Pedro Regalado ». Du coup, on monte trois corridas qui, au fil des années, prennent la même importance que la Feria de Primavera, jadis, à Zaragoza.
     Cette année, un cadeau de « trois cartelazos », qui vont monopoliser l’attention des aficionados. Toutes « les Figuras » seront à l’appel, avec, de plus, le gros événement : L’alternative de Leandro Marcos.
     Bon ! Vous allez dire : « Oui, mais… il est « léger » de cœur ! Oui mais… il fait un toreo « de espejo » ! ». Vous avez raison… mais, attendons un peu ! Son toreo peut avoir plus de force, de profondeur, avec le toro, s’il sort pastueño. Il y en a, et la majorité chargent moins fort que le novillo. Certes, il est « un peu juste », mais il faut voir. Es un torero artista ! Et s’il met un faenon dans une grosse plaza… ce peut être plus fort que Cap Canaveral, ou Kourou !  En tous cas, beaucoup l’attendront, dans les mois qui suivent.

     « San Pedro Regalado 2002 », à Valladolid… Demandez le programme !

     Samedi 11 Mai : Toros d’Alcurrucen, pour Enrique Ponce, David Luguillano, Finito de Cordoba.
     Dimanche 12 Mai : Toros du Capea, pour Joselito, Manolito Sanchez, El Juli
     Lundi 13 Mai : Toros de Garcigrande, pour Paco Ojeda, Jose Tomas, Leandro Marcos, qui prendra l’alternative. A ver lo que pasa…

 

 UNE HISTOIRE « DE LOUFS »…

     11 Avril : Que va t’il se passer, ce soir ?  Quel suspens haletant allons nous vivre, durant 80 jours ?  Quelles émotions nous réserve ce grand moment d’humanité « à nu » ? Quelles conclusions sur la vie, tirerons nous de ces grandes pensées philosophiques, dans le huit clos « tous publics », que la France entière attend, histoire de faire «in »…
     Qu’est ce donc ? Une nouvelle émission politique? Un nouveau programme télvisé, que l’on appellerait  « Penthotal », où chacun arriverait devant la caméra, après un passage obligé devant la maquilleuse, certes, mais aussi une infirmière qui lui aurait injecté quelque sérum de vérité…? Du coup, l’un parlerait avec conviction de « Paris, au temps des HLM… » ; l’autre « se lâcherait », confirmant que pour lui, « l’important n’était pas forcément la rose, mais, la victoire, coûte que coûte … en faisant voter les nouveaux nés, si c’était nécessaire… », et que… « Trotski avait du bon ! »… Pas vrai, Arlette ?
     Pues no ! Rien de cela… Ce soir débute une nouvelles histoire de loufs, télévisée en direct… ou si vous préférez, un nouvel épisode du « Loft Story »…
     Super ! Tout ce que vous ne devez pas voir, ni entendre… vous l’avez là, en direct ! Toutes les vulgarités, les bassesses, les hypocrisies du genre humain, vous les avez, bien condensées, chez vous, tous les soirs et plus, si affinité, ou… si vous avez internet. Ainsi, vous pourrez vous dire : « Au fond, je suis comme les autres, et peut-être un peu mieux ! Moi aussi, j’aimerais bien me payer la petite du quatrième… Moi aussi, j’ai des flatulences dont je suis presque fier… Moi aussi, je fais des fautes de français, et j’ignore ce qui s’est passé le 6 Juin 44 … Au fond, je ne suis pas trop mal ! Je vais continuer à regarder, parce que cela me rassure et que… cette fois, ils ont mis une caméra « même » au fond de la piscine, parce que la dernière fois, ils nous ont fait louper un épisode, « vu d’en dessous »…
     Quelle affligeante « c…bêtise » ! Si le Loft Story est le reflet de la société actuelle… pues, « apaga y vamonos ! ».
     Tout le monde trouve ça très bien : Les nuls, parce qu’ils ont trouvé « encore plus nul » ; et les « normaux », parce que cela fait bien, cela fait « ouvert d’esprit », cela fait « démocrate », cela fait « tolérant »… Il existe un snobisme du « Loft Story »… Pooooobre de mi !
     Pues, muy bien !  Puisque l’on est, soit disant, en démocratie… qu’on nous permette de dire que le « Loft Story », à coups de millions, est la plus grande vitrine de la vulgarité et de la connerie humaines… Le problème, c’est que l’on ne sait pas de quel côté de la caméra, ses deux actuelles « qualités premières », s’expriment le mieux…
     Alors, vous savez… après un tel événement, ce qui se passe en Palestine, en Colombie, au Sahel, au stade Santiago Bernabeu, ou… à la Maestranza de Sevilla, n’est que roupie de sansonnet…
     Et pourtant, le canon continue de tonner, les hommes de tomber… Moins dramatiquement, les sportifs continuent de « tout donner »… et les toreros, de se jouer la peau « muy de verdad » ! 

     Le Real a gagné ! Ouf ! On va vers un « Real-Barca » qui vaudra le déplacement… Même vous, madame, qui sentez quelque picotement, à chaque épisode du Loft, vous appellerez votre « demi moitié » (qui est en train de repasser, dans la cuisine), par un péremptoire « Chéri, ça commence ! »
     A Séville, des hommes se sont joué le cuir d’héroïque façon. La corrida de Camacho a servi pour faire un ragoût, pas plus… La ganadera était présente, cachée derrière des lunettes de soleil… Elle avait bien raison !
     Par contre, cette fois, il faut vraiment féliciter Antonio Ferrera, et souhaiter toujours le voir « comme à Séville ». Calme, sérieux, classique dans son toreo, élégant et profond (« Mais si, mais si ! ») Antonio Ferrera a fait une grande présentation, hier, à la Maestranza et dans l’esprit de plus d’un aficionado. Muy bueno ! Et pourtant, il touche deux carnes !
     El Fandi  a passé une dure après-midi ! Il a bien failli se faire arracher une main sur un capotazo accroché… mais, celui là aussi vaut le déplacement ! Variété, force, vista, courage… muchas cosas !
    Alors, messieurs les empresas… Cela fait un moment que, dans ces pages,  on vous suggère un cartel « Padilla, Ferrera, Fandi »… L’un d’entre vous va bientôt le découvrir, et l’on hurlera au génie ! Pues bien ! Ce qui est certain, c’est que ce jour là, on ne s’ennuiera pas sur le tendido… et l’on pourrait même voir de la qualité.
     Je vous dis… Une vraie histoire de fous !

     10 Avril – SEVILLA – 6ème de Feria – ¾ de Plaza – Beau temps et un peu de vent.
     En fin de paseo, une émouvante minute de silence, au souvenir de Joaquin Vidal, revistero du « Pais », décédé le matin, des suites de ce que l’on appelle « une longue maladie ». Saleté de crabe ! Son combat a été dur, et son cœur n’a pas tenu. « Bon repos, monsieur ! Vous étiez un « dur de dur », mais on vous regrettera ».
     Il y a eu beaucoup de difficultés pour trouver un lot de Mari Carmen Camacho. De fait, malgré le « baile de camiones », (le va et vient des camions entre la ganaderia et la plaza), on ne trouva pas six toros. Aussi vit on sortir un premier de Gavira, grand, haut, aquerenciado en tablas, et de « muy mala leche ». Les autres, de Mari Carmen eurent une présence très inégale, et des comportements presque similaires : durs, violents, mansos courts de charges, regardant beaucoup le torero, tirant le hachazo ou le derrote… et finissant par s’arrêter d’un coup, comme le sixième. Poids de la corrida : 568 (Gavira), puis 530, 577, 492, 538, 500 Kgs, les Camacho.
     Malgré cela, les hommes ont été admirables et la corrida, intéressante.
     Pepin Liria (Palmas, après un Avis – Ovation, après un avis) a toréé le premier, collé aux tablas. Sachant que le toro y reviendrait forcément, il l’attaqua, d’entrée, dans son terrain. Ce fut une grosse bagarre, mais le murciano réussit deux ou trois enchaînements de grand mérite. Epée tendue, un peu de travers, manquant de se faire arracher la cravate, et… huit descabellos. Ayy ! Face au quatrième, un cardeno très clair, marqué du chiffre 13, Liria se battit comme un chien, et se fit ramasser, sur une passe de pecho. Pas de mal, heureusement ! Un toro qui se retournait très vite, et qui ne permettait aucune tranquillité. Liria fut honnête et déclara qu’il n’attendait rien de cette course. Cqfd !
     Antonio Ferrera (Ovation – Ovation, après avis) a été très sérieux, toréant posé et parfois « profond »… Très bien ! Très bonne présentation à Séville. Bien sûr, les banderilles, mais surtout… la muleta ! Son premier se donna une terrible vuelta de campana, avant la première pique. Il s’en remit et nous sembla se faire mal sur un faux pas, lors de la première chicuelina du quite. Au deuxième tiers, Ferrera, qui avait invité le Fandi, cloua une première paire, médiocre. Suprême injure, le Fandi posa une énorme paire, dite de la « Moviola » (en courant en arrière, jusqu’à la rencontre (Essayez de faire cela, même sans toro…). Public en fusion, et Ferrera, battu. Du coup, le torero partit au fil des barrières et cloua un gros quiebro, cité « très court ». Enorme ovation pour les deux, après le jugeteo final, et une franche poignée de main. Olé, Toreros ! Ferrera se retrouva avec un toro qui pesait sur l’homme, des deux côtés. Calme, précis, réfléchissant devant la tête du toro, le frisé diestro aligna deux séries, nettes, esquivant les regards troubles, et menant à bout la courte charge du Camacho. Final par des aidées par le haut, empreintes de personnalité, avec un élégant remate. Grosse ovation. Entrant lentement, il pincha deux fois, avant l’entière, desprendida. Ovation « de verdad », saluée au tiers. Ce Ferrera là, est à cent lieues de tout ce qui lui a fait couper tant d’oreilles, jusqu’à présent.  Bien à la cape, face au cinquième, qui avait le mauvais goût de s’appeler « Malasuerte », Ferrera se montra, encore une fois très torero, signant un quiebro magnifique, au centre de la plaza. Toro de charge courte, donnant d’impressionnants tornillazos ! Ferrera se la joua, recevant un varetazo dans le coude, lidiant sérieusement et confirmant la bonne impression auprès des sévillans qui lui pardonnèrent une mort laborieuse, en l’ovationnant abondamment.
     El Fandi (Silence – Ovation) se signala dans un bon quite par navarras, au premier de Ferrera. Puis, après le premier duel, loyal, aux banderilles, faillit bien se faire arracher une main, le troisième toro accrochant son capote dans un terrible hachazo. Endolori, Fandi invita Ferrera pour la revanche, et posa, en troisième, une paire de banderilles « al Violin », qui leva le public. Le toro continua à donner de la tête, et le muletero ne put s’exprimer. Pinchazo hondo, et une entière habile, de côté, mais poussée fort, en évitant le dernier coup de hache. Face au sixième… deux largas à genoux, à nouveau « la moviola », aux banderilles. Ce garçon court aussi vite, en arrière qu’en avant. Vaya !  Début de faena, les deux genoux en terre, puis…le toro se dit qu’il a en face de lui, un lion… Du coup, il se fait tout petit, se met à reculer, se réfugie aux tablas. Pour un peu, il irait se planquer derrière un burladero ! « Toro de combat », qu’ils disaient ! Grosse estocade, et une ovation de consolation. On a vu « qu’une partie » du Fandi…
     Ferrera et Fandi n’avaient qu’un contrat, au cours de cette feria… Bien dommage ! Il faudra les revoir… et ensemble !

     Ce soir, la corrida est télévisée en direct et en clair sur TVE. 18h30, le paseo. La corrida de Torrestrella est passée, complète. Au cartel : Manolo Caballero, Victor Puerto, Davila Miura.

     Par ailleurs, on apprend que le Morante de la Puebla a été opéré d’urgence, hier, de l’appendicite. Il était « vraiment » dit qu’il n’allait pas toréer à Séville, cette année, même s’il avait eu cinq contrats… Tout s’est bien passé, et le torero pense reprendre le 21, à Barcelone. Hum !

 

ALLEZ DONC SAVOIR POURQUOI…

     12 Avril : La corrida se mourait doucement… Un torero avait coupé la première oreille de la Feria… une oreille « mu sevillana » ! Derrière le burladero, les deux autres matadors discutaient et plaisantaient beaucoup plus qu’ils n’avaient vraiment essayé de toréer des bichos magnifiques, mais difficiles. Puis sortit le sixième…
     C’était un magnifique colorado, qui jaillit au galop, sous les murmures : admiration, espoir et déception… Ses deux cornes étaient éclatées. Il avait du « taper comme un sourd », dans les chiqueros. Et cela se confirma, aussitôt. Ce qui devait arriver… arriva : Il galopa jusqu’à un burladero, qu’il prit de plein fouet, se cassant la corne gauche, dans un craquement sinistre qu’un micro d’ambiance répercuta tristement… Adieu, torito ! Le président mit le mouchoir vert, et le toro rentra tout seul, pour un voyage sans retour vers d’autres pâturages…
     Pendant ce temps, on regardait ses notes… Le sobrero ? Ah, oui, un petit noir, vilain. On l’a refusé ce matin… Il est trop vilain ! Pas de trapio pour Séville. Mais bon ! Pour un sobrero, ça passe !

     Allez donc savoir pourquoi…
     Pourquoi les hommes sont plus fous que les animaux ? Pourquoi la nouvelle « chasse aux Juifs » ? Pourquoi le « ras le bol », au Venezuela ? Pourquoi les 11 députés, d’un seul coup séquestrés, en Colombie ? Allez donc savoir pourquoi  les 16 candidats à la Présidence, vont ils renoncer, en bloc, au suffrage des français. La réponse est que, lorsqu’ils ont vu les nouveaux candidats au « Loft Story II », ils ont compris que la France était… ingouvernable !

     Allez donc savoir pourquoi, ce 11 Avril, vers 20h15, la Feria s’est tout à coup « illuminée », à Séville ? Tout simplement parce que, jailli du toril, un petit toro noir, trop vilain pour certains « professionnels », galopa sans répit… jusqu’à la gloire.
     Il s’appelait « Ojito », portait le N°153, et 515 Kilos d’alegria et de noblesse. Il fut si bon, que les hommes se repentirent, et lui accordèrent la vuelta al ruedo.
     Même le lamentable présentateur omnipotent, « omni-monopolisateur » des antennes radios et télé, dût attendre, cachant son manque de cœur et d’aficion : « Certains demandent la vuelta pour le toro. Je n’ai va vu de mouchoir bleu à la présidence, donc, pas de vuelta… » Puis, deux secondes après, très vite, comme  à regret « On donne la vuelta au toro ! ». Hombre ! Ya esta bien ! Vous deviez être, monsieur « Don Fernand », le premier à la demander, cette vuelta. Certes, le toro avait pris deux légers puyazos, parce que « bien medidos », par ce formidable « torero à cheval » qu’est Manuel Montiel… Mais, bon Dieu ! combien de toros verrez-vous ainsi tout au long de la  Feria ? Que dis je… tout au long de la temporada ? Alors… mouillez-vous un peu, et préoccupez vous un peu d’autre chose que « Si on ouvre la Porte du Prince, ou pas ? »
     Derrière un burladero, un « petit vieux monsieur », qui avait poliment ôté sa casquette campera, lorsque Davila Miura lui avait brindé le troisième, avait les larmes aux yeux. Il s’appelle Alvaro Domecq y Diez… Sa corrida, jusque là, avait été pour lui, un crève cœur. Mais… allez donc savoir pourquoi ? Un petit toro lui rendit des années de jeunesse, et un torero lui fit grand honneur de le faire briller, allant même jusqu’à pincher, perdant ainsi la porte du Prince… et la une des journaux. Sans ce pinchazo… il n’y aurait peut-être pas eu de vuelta pour le brave toro de Torrestrella.
     Allez donc savoir pourquoi… le destin fait parfois bien les choses !

     11 Avril – SEVILLA – 7ème de Feria – 2/3 de plaza – Temps gris et froid – Corrida télévisée sur la chaîne nationale.
     Corrida, inégalement présentée de Torrestrella. Corrida « multicolore », certains toros, capirotes ou burracos, sortant vraiment comme des estampes. Trapio irrégulier, armures normales, sans exagération. Mais… toros « guapisimos ! ». A la bascule : 518, 576, 517, 566, 539, et le sobrero, 515 kgs. Le sixième se cassa un piton, à peine sorti, et fut remplacé par un petit sobrero, noir, qui sortit comme un bolide, et garda le pied au plancher, durant toute la lidia. On lui donna vuelta al ruedo. Son nom « Ojito » - N°153 – 515 Kgs. Il sera, peut-être « le » toro de la Feria.
     Au  bilan du comportement général, la corrida de Don Alvaro fut une déception. Quatre toros sans classe, faibles et aux idées torves, jetant de mauvais regards, comme le premier, ou quelques coups vers le haut, bien tordus, comme le deuxième. Le quatrième semblait avoir de la qualité, avant la muleta. Seul, le troisième, pourtant bien faible, se hissa à la hauteur de la réputation du ganadero.
    Manolo Caballero (Silence – Silence) ennuie, autant qu’il semble s’ennuyer. Ses deux toros  ne valaient pas grand chose, d’accord. Mais on ne peut pas se cantonner, en Feria de Séville, à péguer des passes, et attendre la corrida suivante. A Séville, quand on entend deux silences de cet acabit, on reste discret, dans le callejon, et on ne passe pas son temps à plaisanter, « como si tal cosa… ». Son premier se donna une terrible vuelta de campana, avant la pique, et finit en « s’appuyant » beaucoup, sur le torero. Caballero supporta deux vilaines œillades, et lâcha des kilomètres de muletazos, arrêtant juste avant les premiers sifflets. Face au quatrième, un gros espoir de desquite, avec une réception très torera, avec le capote. Puis, le toro se laissa aller, et le torero de même. Manolo Caballero est actuellement… comme dans sa dernière année de novillero, celle « de trop ». Doit rectifier, vite.
     Victor Puerto (Silence – Silence) Igual ! Triomphateur des deux dernières temporadas à la Maestranza, Puerto s’est montré un poil méprisant, hier. Son premier était un bruto. Mais il en a vu d’autres et il devait « rentrer dedans ». Il a la caste et le savoir pour cela. Il brinda son deuxième au Maire de San Vincente de la Rinconada, un copain d’enfance. Très bien, très émouvant. Pero, señor ! Essayez donc de faire honneur au brindis, et ne vous cantonnez pas de faire la moue, en constatant que le toro « no sirve ». Victor Puerto nous a fait penser à une certaine tarde de 1998, à Madrid. Lui aussi doit rectifier. A Séville, deux silences ! A Madrid, deux broncas ! Le meilleur de Victor Puerto, hier : Son banderillero, Paco Peña, qui dut saluer, au deuxième de la tarde.

     Eduardo Davila Miura (Oreille, généreuse – Oreille, forte) arrivait, comme « complément de cartel ». Il est sorti « a hombros », par la porte de cuadrillas, et faillit bien ouvrir celle du Prince. Très aimé, ici, Davila Miura est un bon torero, qui n’a rien d’un artiste. Tout le monde le sait, mais tout le monde le vit également, devant un grand toro de Nuñez del Cuvillo, un 1er Mai de pluie, il y a deux ans. Hier, « allez savoir pourquoi ! », c’était jour de loto ! Davila Miura a touché les deux bons numéros de la corrida de Don Alvaro. Il les a bien toréés, et a failli ouvrir la grande porte sévillane. Bref ! Six numéros, mais pas le complémentaire !

     Le troisième sortit fort, et le matador le reçut à genoux, essayant de bloquer la charge un peu folle du bicho qui finit par planter sa corne au sol, et partit en un grand soleil, dont il sortit, groggy. Quelques palmas de tango demandèrent son changement, après deux piques d’infirmiers. Brindis « de Miura… à Domecq ». Superbe, don Alvaro, qui se décoiffe, à l’hommage du petit jeune !  Le toro est faible, et s’affale eu troisième muletazo. Mais il est noble et brave, et le torero saura le maintenir, alignant des séries « a mas » et terminant par de belles aidées par le haut, en « mettant les reins ». L’estocade est tombée, et l’oreille un peu généreuse, mais… Séville la voulait tant, cette première oreille de la Feria.
     Sortit le Sixième bis, le fameux « Ojito ». Un véritable ouragan, qui suit le capote, comme un chaton une pelote de laine. Davila est un peu dépassé. Aux piques, grande leçon de Manuel Montiel : Leçon de toreria a cheval,  de précision et de mesure dans le châtiment. Se llevo el premio de la feria ! Grande ovation, pour deux piques, légères, mais très bien portées. Le matador a découvert le grand toro qu’est « Ojito », et il va le faire briller. En décidant cela, avec cœur et courage, il va triompher. Brindis au public, et là, au centre, sans l’aide de l’épée, Davila Miura cite de la gauche, à la naturelle, muleta réduite. Le toro est à vingt mètres, au burladero. Dès qu’il voit la petite flamme rouge, là-bas, il part au galop… Et cette première charge, allègre, de totale noblesse, il la répétera trente fois… Davila Miura le citera de loin, pour des séries sur les deux mains, qui iront crescendo, en qualité. Un peu « retorcidas », les premières, dans  sa volonté d’allonger au maximum, le muletazo. Puis, beaucoup plus « redressées », les suivantes, chaque fois closes de grandes passe de poitrine. La musique joue ; le public se lèvera plusieurs fois, pour applaudir. Bon torero… mais, quel toro ! Derniers enchaînements en doblones bien « génufléxés » et grand desplante. S’il tue, deux oreilles et … la Porte du Prince !  Mais voilà ! le destin ne l’a pas voulu… Y a eu un os ! et le torero pincha, « de toute son âme ». « Ooooh ! » de déception générale (même nous, devant la Télé !) Loin de se désespérer, le sévillan cadre à nouveau le toro et part pour un énorme coup d’épée, un peu contraire. « Ojito » fait ses derniers pas et s’écroule, en toute noblesse. La plaza se couvre de mouchoirs… Un oreille, et quelques regrets ! Vuelta au noble toro de Don Alvaro. La feria a vraiment débuté ! Viva Sevilla !

     Ce 12 Avril – Toros de Victoriano del Rio, (qui ont eu des problèmes au reconocimiento  vétérinaire). Au cartel : Joselito, Finito de Cordoba, El Juli. La corrida ne sera pas télévisée.

 

« ILS » L’ONT LAISSE, TOUT SEUL !

    12 Avril : Il y avait 80 personnes, hier, pour accompagner Joaquin Vidal, en sa dernière demeure. Pas un torero de postin, pas un subalterne de renom… même pas un novillero, alors qu’il écrivit des grandes choses sur ces gosses qui se jouent la peau, dans les obscures ferias « des bords de Madrid »… Seuls, deux compagnons revisteros étaient là : l’un, de Salamanque ; l’autre, « del Mundo » ! 

      « Ils » l’ont laissé seul ! Certes, quelques « figures » avaient des raisons de ne pas venir. Il ne les avait pas ménagées, tout au long de ces années, dans sa page de « El Pais ». Certes, il s’était arrangé pour se faire un bon paquet d’ennemis…
     Mais… Il ne méritait pas « ça » !

     Joaquin Vidal est décédé, le 10 avril, parce que son cœur n’a plus supporté la lutte contre le cancer. Né à Santander, il avait 66 ans.
     Critique indépendant, insolent, très dur, parfois injuste… il était un grand écrivain du toro, dont la reseña était incontournable, quand on voulait se faire une idée « complète » d’une corrida. Contrepoids des encenseurs et autres « trincones », il disait « sa vérité », et on la respectait, même en râlant beaucoup.
     Il avait débuté dans les colonnes du « Hierro », de Bilbao. Mais, il était, de toujours, le critique taurin « du Pais »…
     Romantique du Toro, il aimait le café froid, les Ducados, l’Atletico de Madrid, les amis, les femmes, la nuit… Todo un personaje.
     Après chaque corrida à Madrid, où, là aussi il était bien seul (Tendido bajo 10, fila 6, numero 17), il filait écrire sa reseña, dans un garage inconfortable, près de Las Ventas. Il avait téléphoné le titre, mais, une heure après, il envoyait un article, impeccable, et la légende de la photo qui l’accompagnait.
     « Ils » l’ont laissé seul, pour son dernier paseo, tranquille, vers les terres où les toros chargent, comme « Ojito », hier, à Séville…
     Dans « La Codorniz », à laquelle il avait collaboré, Joaquin Vidal avait écrit un jour, un article, devenu Histoire : « Las vacas enviudan, a las cinco de la tarde » (« Les vaches braves deviennent veuves, tous les soirs, vers cinq heures »). Rien que pour cela, « ils » n’avaient pas le droit de le laisser seul…

     A Joaquin Vidal, notre hommage ! Il faisait partie de notre chemin Aficionado, de notre jeunesse…
     Le journal « El Pais », nous pardonnera de lui avoir « piqué » cette photo, parue hier, dans ses colonnes. Ce cliché est de Claudio Alvarez .  
     Joaquin Vidal – Tendido bajo 10, fila 6, Numero 17… del Paraiso aficionado !
     Que en paz descanse « el señor revistero ! »

 

CA VOUS FERA DES VACANCES…

     12 Avril : « Que voulez vous… « le Loft », hier soir, ça m’a achevé ! Je… me…casse ! » « Tranquille ! ».
     Franchement, il y a de quoi ...« retourner sa veste ! ».
     Entre « la souris, au rat des villes sur l’épaule », et la lionne décolorée, en passant par la barmaid hystérique, on a du mal à faire le choix… On se demande s’il reste du monde au bois de Boulogne. Ajoutez à cela la minette impertinente qui jacasse pendant que le digne présentateur essaie d’en placer une… (Va pas faire de vieux os, celle là !) « Madre mia… me voy !!! »
     Non ! Il en faut plus que ça… mais pas beaucoup.
     Alors, comme l’an passé, les vacances… ouf ! Une petite semaine au soleil… en principe !

     Pendant ce temps, quelqu’un reprendra le flambeau. C’est un bon ! Il s’appelle Hervé Touya. Bon, il a un énorme défaut… il est de Dax ! D’accord ! Mais c’est un vrai bon, et, comme beaucoup de dacquois…un ami de ses amis ! Que bueno !
     Hervé Touya couvrira donc la semaine, et je peux aller me balader tranquille (peut-être au Bois de Boulogne… mais celui de Dax !).
     Vous le connaissez, l’avez lu, (dans « Corrida », dans « La Semaine des Landes »), mais surtout, vous l’avez entendu, ou l’entendez, (jadis à RDO ; aujourd’hui sur « Sud Radio »). Il est « Aficion et rigueur », asi que…

     Merci donc au compagnon qui me permet d’aller voir « une autre mer », et qui vous accompagnera ainsi, car vous aussi… vous méritez bien quelques vacances.
     Hervé vous parlera de Garlin, où vous devez aller, dimanche, rien que « pour faire la nique à Manzana… » et vous contera, entre autres, la suite de Séville. 
     Maintenant, si vous voulez  « l’image », vous pourrez aller le rencontrer, vendredi 19 Avril, à Mont de Marsan, au Cercle Taurin Montois, pour une soirée d’aficion, où il accueillera le novillero  Fernando Cruz et son apoderado, Olivier Mageste.
     Vous rendez-vous compte ? Un Dacquois, invité à Mont de Marsan ! Faut vraiment qu’il soit bon…

     Allez ! Tchao ! On se retrouve, le 21 avril, au matin ! Et… bonnes vacances !

 
PREMIER PASEO... AVEC SEVILLE

     C'est d'un pas hésitant que je me présente à ce premier paseo, bien conscient de la responsabilité qui pèse sur mes épaules. Excusez du peu, il me faut essayer de remplacer le maestro Patrick. Je dis bien essayer, car le maestro est unique et irremplaçable. Bueno, on va se risquer malgré tout avec le sentiment de faire une b.a., car s'il y en a un qui mérite bien un peu de repos c'est bien lui. Il était temps pour lui d'aller détendre son corps d'athlète sur les plages espagnoles. Alors Maestro, bonnes vacances et reviens-nous en pleine forme pour poursuivre la temporada.
     Je reprends donc le relais pour évoquer en priorité la Feria de SEVILLE jusque là peu emballante et qui pour beaucoup entrait hier dans le vif du débat avec le premier "gros cartel". Il ne faut donc pas s'étonner qu'on ait pour la première fois affiché le panneau "no hay billetes", d'autant plus que la corrida (tout comme celle d'aujourd'hui) n'était pas télévisée. Toujours ces caprices de stars...
     Dans ce cartel figurait EL JULI qui, on le sait n'est pas un torero de SEVILLE. Entendez par là qu'il n'est pas encore entré dans le coeur des Sevillans qui parfois font des blocages, comme jadis avec Cesar RINCON. EL JULI le sait parfaitement, et il n'aime pas qu'on lui résiste, que ce soit un public ou un toro. Encore meurtri par la froideur qui lui fut manifestée lors de la corrida de Pâques, il a montré hier à tous ces ingrats de quel bois il se chauffe. Au diable si le bétail ne servait pas, il voulait prouver. IL a donné une leçon de technique et de courage et a fini par inventer un toro. Jusqu'à quand la dernière vague d'aficionados qui le snobe va refuser l'évidence ? Julian est déjà un "Monsieur" de la tauromachie. Au fait il n'a que 20 ans.

     SEVILLE : 12 avril. 5 toros de VICTORIANO DEL RIO. Bien présentés mais faibles et compliqués à l'exception du 5ème noble mais vite éteint. En 2ème position est sorti un toro des Hermanos SANPEDRO au tempérament nerveux.
     Brillante prestation du peon Curro MOLINA invité à saluer après le tercio de banderilles au second toro, et chaudement applaudi pour sa brega au 5ème.
     JOSELITO : (Silence - Silence) Mauvaise journée pour le madrilène très mal servi par le tirage au sort avec un premier décasté et un autre faible. Otro dia sera.
     FINITO DE CORDOBA : (Ovation - Vuelta.)Le cordouan aurait pu couper un trophée à chaque toro, mais l'épée n'a pas bien fonctioné. Il a fait l'effort devant son premier à la charge courte et a réalisé de bonnes séquences au 5ème avant que ce dernier ne baisse de ton. Finito a mis le public en appétit, le triomphe sera peut-être aujourd'hui lors de son second et dernier contrat à la feria.
     EL JULI : (Ovation - 1 oreille) Il est venu avec un moral "à tout casser". Il lui a d'abord fallu s'exposer devant le 3ème décasté qui gardait la tête haute. Ce n'est qu'après une grande estocade que le public a enfin consenti à réagir par une ovation fournie. le 6ème était aussi facile à déplacer qu'un mulet. Le madrilène l'a entrepris de près, dans le sitio où on s'impose mais aussi où on risque la cornada. Le risque a payé car il a imposé sa volonté et a fini par un vola pie d'école. EL JULI est sorti la tête haute.

     La Maestranza va sans aucun doute faire le plein aujourd'hui. José TOMAS sera là. Son concurrent le plus direct a marqué des points hier. On attend sa réaction avec impatience. Il est temps pour lui de redorer son blason, pourquoi pas en triomphant comme ce fut le cas l'an passé.
     Réponse dans quelques heures. Il fera le paseo aux côtés de FINITO DE CORDOBA et EUGENIO DE MORA. Quelque chose nous dit qu'il va y avoir de l'ambiance au sorteo car 3 toros seulement de GARCIGRANDE ont passé le premier reconocimiento.....

     Toujours dans le chapitre des toros, on connaît ceux de la corrida de la presse de MADRID car les toreros engagés ont fait leurs choix :
Eloy CAVAZOS : LOS BAYONES - ALDEANUEVA
Enrique PONCE : ALCURRUCEN - Samuel FLORES
Miguel ABELLAN : VICTORINO MARTIN - Juan Pedro DOMECQ

Reste à savoir ce que donnera ce cocktail

 
SEVILLE : ENTRE DECEPTION ET COLERE

     14 avril : Depuis le début de la feria, les habitués de la Maestranza ont été surpris de ne plus voir en piste le toro de SEVILLE aux lignes harmonieuses et trié sur le volet par les ganaderos, mais plutôt le mastodonte de MADRID, de surcroît très armé. On ne peut pas dire que ce changement de cap ait apporté beaucoup de résultats au niveau du spectacle. Les kilos superflus et les centimètres supplémentaires de cornes n'ont en fait rien apporté. On a d'autant plus de mal à comprendre comment les vétérinaires si tatillons jusque là, qui ont refusé plusieurs toros, ont hier accepté des toros très justes de présentation, indignes de cette plaza. Y a-t'il deux poids et deux mesures ?? Bizarrement José TOMAS était au cartel. On sait les exigences de son mentor en matière de bétail et la pression qu'il sait mettre sur les organisateurs. On espère que c'est un simple hasard car si SEVILLE a cédé il y a de quoi s'arracher les cheveux. Quand on monte une feria de cette catégorie il faut respecter une certaine cohérence et une ligne de conduite. Tous les toreros doivent être logés à la même enseigne. Par bonheur la corrida n'a pas servi. Imaginez un instant un triomphe de José TOMAS par exemple. C'eut été une belle injustice vis-à-vis de ses confrère qui eux ont eu droit à de véritables "mammouths". Tout cela est indigne de SEVILLE qui ne doit en aucun cas faire du favoritisme. Hier le bouchon a été poussé un peu trop loin. Le pourtant gentil et bien éduqué public Sevillan a fini par se mettre en colère en voyant modèle réduit sorti en 6ème position. Afin d'éviter toute suspicion il faudrait que pour son prochain contrat José TOMAS affronte une véritable "tia" de Juan Pedro DOMECQ mercredi prochain. Il est toujours permis de rêver....

    SEVILLE 13/04/2002. 3 toros de GARCIGRANDE de jeu décevant et très justes de présentation. 2 toros des frères SANPEDRO.( le 3ème exploitable sur la corne droite, le 5ème sans race) et un 6ème compliqué de Domingo HERNANDEZ.
     FINITO DE CORDOBA : (Silence - Silence). Aucune option de briller pour le cordouan qui repart donc bredouille de cette feria.
     José TOMAS : (Ovation -Silence). Très attendu, le madrilène n'a pu se distinguer qu'à la cape devant son premier qui l'a pris de façon spectaculaire, heureusement sans mal en début de faena. Devant le 5ème arrêté, il a pu soutirer que quelques muletazos isolés.
     Eugenio DE MORA : Ovation -Silence. Peu de choses à mettre à son actif. Après un bon début en derechazos à son premier il a baissé de ton par la suite.
     Grosse désillusion donc hier à SEVILLE où la colère a grondé au 6ème. Fait assez rare les coussins ont fleuri sur le ruedo en signe de protestation devant la pauvre présentation du 6ème.Pour la corrida d'aujourd'hui les toros de JANDILLA Ont tous été acceptés. Pour les affronter on trouvera au cartel José ORTEGA CANO, RIVERA ORDONEZ et Eugenio de MORA.

 

GARLIN CETTE APRES-MIDI A 16h30.

     On ne peut que conseiller vivement aux aficionados de faire le déplacement à GARLIN. En premier lieu pour remercier le courage et la fermeté des organisateurs qui n'ont pas hésité à retirer du cartel MANZANRES Junior après "l'affaire" de MUGRON. En se montrant solidaires des Mugronnais ils défendent au mieux les intérêts de l'aficion Française afin qu'elle soit respectée par le mundillo espagnol. Même si le fils MANZANARES représentait une attraction certaine, le cartel n'a rien perdu de son attrait. Son remplaçant sera Matias TEJELA que l'on va découvrir dans le sud-ouest et qui est le récent triomphateur des Fallas de VALENCE. Il retouvera sur son chemin les novillos de FUENTEIMBRO et Cesar JIMENEZ justement comme à VALENCE. En quelque chose un peit air de revanche entre ces deux toreros, le tout arbitré par Julien LESCARRET qui voudra lui aussi tirer son épingle du jeu. En résumé un cartel prometteur.

 
GARLIN : UNE SACREE NOVILLADA

     15 avril : Il sera difficile de trouver un lot de novillos aussi spectaculaire durant toute la temporada. Les aficionados qui remplissaient la coquette placita Garlinoise sont repartis le coeur léger et ravis de l'après-midi. Par les temps actuels de disette ganadera, c'est un grand bol d'air pur qui nous a été donné par cet élevage de FUENTE YMBRO dont la cote ne cesse de monter. 6 superbes novillos, sérieux de présentation, braves dans 13 contacts, ont remarquablement animé une novillada qui fera date à l'heure des bilans de la saison. Chers amis passionnés de tauromachie soyez rassurés, la caste, la bonne, la vraie, existe encore !! Quel régal de voir autant de race, de combativité et d'émotion. Et dire que notre Maestro Patrick était en train de flâner au bord de la Méditerranée.... Il a vraiment raté quelque chose de grand.
     Le premier fut sans aucun doute le plus indigeste en raison de sa violence et de la menace que laissait planer sa corne droite accrocheuse. Julien LESCARRET a relevé le défi courageusement et a été pris de façon spectaculaire sur un redondo inversé. Heureusement sans mal. Après une entière il a coupé la première oreille du jour. Son second possédait beaucoup de classe et de noblesse. le torero Landais n'a que partiellement su en profiter faute de donner la distance adéquate. De nouveau bousculé sans trop de bobos il a coupé un nouveau trophée tandis que le bicho était honoré d'une vuelta.
     Venu en remplacement de MANZANARES, Matias TEJELA a agréablement surpris par son toreo de cape alluré. Face a un novillo "con mucho motor" il a bien fait courir la main en début de faena. Comme il n'a employé que la main droite et qu'il n'a apporté aucune variété dans son répertoire muleteril l'ensemble s'est étiolé. Ce qui ne l'a pas privé d'une oreille. A son second également encasté il a soutiré des passes isolées sans apporter de réelle liaison. Pourtant le courant est passé avec le public qui a réclamé un nouveau trophée concédé par la présidence.
     Pour Cesar Jimenez la journée fut bien remplie. le matin il a reçu le trophée traje de oro, en l'occurrence un costume blanc et or qu'il portera lors de sa prochaine alternative à NIMES le 9 mai prochain. L'après-midi il s'est montré très convaincant. Il n'a éprouvé aucun problème pour embarquer son premier à la charge douce et fixe dans un ensemble bien ficelé seulement contrarié par son échec au descabello. C'est surtout au 6ème qu'on a pu mesurer la vraie dimension de ce novillero au potentiel prometteur. Son novillo violent de charge et court de trajet ne permettait pas de grandes envolées. Patiemment Cesar l'a éduqué, lui a appris à charger et à suivre sa muleta autoritaire. Peu à peu il a construit sa faena avec beaucoup d'autorité et de mérite. Après un pinchazo et une entière deux oreilles pleinement justifiées sont tombées du palce.
     A la fin de la novillada, les 3 novilleros et Juan MANZANO, le mayoral de la ganaderia sont sortis en triomphe sous l'ovation d'un public aux anges. On en oubliait le froid et certains trophées un peu généreux pour ne retenir que le bonheur d'avoir vécu une grande tarde.

 
SEVILLE : BLESSURE POUR EUGENIO DE MORA

     La présentation du bétail fut cette fois sans reproches. Pour autant les JANDILLA n'ont pas donné le jeu escompté et ont souvent manqué de vibration même si 3 d'entre eux servaient pour la muleta (3-4-6)
     Une seule oreille a été coupée lors de cette 10ème corrida par Eugenio de MORA qui a fini à l'infirmerie comme cela lui était déjà arrivé notamment à MADRID. Et puis que penser de la présence d'ORTEGA CANO ??
     Pour avoir été comme beaucoup un de ses fervents admirateurs je regrette qu'il vienne gâcher l'image du grand torero qu'il fut. Même s'il lui arrive parfois de retrouver ses sensations comme au bon vieux temps, la peur est trop pesante désormais. L'orgueil ne suffit pas, ni la recherche du temps passé. Il ne faudrait pas que tout cela se termine en tragédie. Il n'y a rien de plus pathétique qu'un artiste qui sent en lui des sentiments à exprimer et de refuser l'évidence que le coeur ne suit plus. C'est un peu ce malaise que beaucoup ont ressenti, d'autres ont préféré en rire, ce qui est encore plus terrible.

     SEVILLE : 14/04/2002. Toros de JANDILLA bien présentés et de jeu varié.
     José ORTEGA CANO : (Silence - Silence -Silence) . Le miracle ne s'est pas produit (voir plus haut)
     Francisco RIVERA ORDONEZ : (Silence - Silence) Prestation discrète du fils de PAQUIRRI face à un lot de peu de jeu.
     Eugenio de MORA : (1 Oreille). Bonne faena du Madrilène, ou pour être plus précis du Toledano. Pris en cours de faena et rechargé au sol il est resté en piste pour estoquer son adversaire dont il a reçu une oreille méritée. Il est ensuite passé à l'infirmerie où les médecins ont constaté une cornada de 6cms à la fesse droite sans gravité. Eugenio de MORA est allé ensuite passer une radio car il a ressenti des douleurs sur une ancienne lésion à la main.

    A BARCELONE Enrique PONCE (1oreille - 1 oreille) est sorti en triomphe en compagnie d'EL JULI (1oreille - 2 oreille).FINITO DE CORDOBA s'est contenté d'un trophée. Bétail faible et noble de SANCHEZ ARJONA.

 
SEVILLE : NOUVEAU COUP DE FORCE DES VETERINAIRES.

     16 avril : Encore sous le charme de la formidable novillada de GARLIN j'ai longuement hésité à suivre la retransmission de la corrida de SEVILLE. Je craignais de retomber brutalement de mon nuage mais la tentation était trop grande avec le cartel proposé, superbe sur le papier. J'aurais mieux fait de m'abstenir !!
     Première déception, pas de toros de Manolo GONZALEZ, sûrement l'élevage le plus en vue l'an passé. Tout cela parce que Messieurs les vétérinaires ont encore fait du zèle. Pour défaut de trapio, ils ont refusé la moitié du lot. Le ganadero qui a autant de tempérament que ses toros, a refusé de ne voir lidier qu'un demi-lot et a rembarqué tout son monde à la finca. Quand on connaît cette ganaderia on a du mal à imaginer qu'un lot préparé pour la feria de SEVILLA puisse manquer de trapio. Enfin on ne peut rien dire faute d'avoir vu l'ensemble du lot proposé. Mais quand même.... Par contre il y a beaucoup à redire sur le bétail retenu et qu'on a pu voir en piste. On peut vraiment avoir des doutes sur l'appréciation du trapio de la part des vétérinaires.
     Le lot composé de 3 élevages différents n'était vraiment pas un modèle du genre. Vilains de type la plupart, irréguliers de présentation et des cornes douteuses pour le 5ème. A la place des vétérinaires je ne serais pas fier !!
     On peut dire qu'ils ont carrément fichu une corrida en l'air car ils ont proposé à des artistes de premier plan une matière première indigne de cette plaza.
     Pour corser le tout Paco OJEDA qui jouait une carte importante dans son come-back a déclaré forfait par le biais d'un certificat médical faisant état d'une lésion à un doigt. La veille il a coupé une oreille dans les arènes de HERRERA DEL DUQUE dans la province de BADAJOZ. Alors blessure réelle ou diplomatique ?? le mystère reste entier. Il serait bon de savoir si la décision a été prise avant ou après le changement des toros de Manolo GONZALEZ.....
     Juste récompense de ses prestations précédentes, le poste est revenu au triomphateur pour l'heure de la feria, Eduardo DAVILA MIURA. Comme en tauromachie la loi des séries existe aussi, il a hérité du moins mauvais lot et a su en profiter pour se mettre en évidence. Comme si dans un repas on avait réservé les meilleurs morceaux pour l'invité surprise. Quant aux vétérinaires, il m'étonnerait fort qu'ils trouvent baucoup de monde pour leur payer un verre de fino !

     SEVILLE : 15/04/2002. 2 toros de José MIGUEL ARROYO (1er -5ème) décastés et de jeu pitoyable. 2 toros d'OSBORNE (2ème - 4ème)dépourvus de race et sans intérêt. 2 toros de Martin ARRANZ (3ème et 6ème) mansos avec un fond de noblesse.
     JOSELITO : Silence - Silence. Vraiment pas gâté par son lot, JOSELITO a dû se contenter d'un joli quite en chicuelinas à son premier, d'une larga à genoux et de bonnes passes de réception à la cape au 4ème. c'était aussi frustrant pour lui que pour le public et les téléspectateurs.
     Enrique PONCE : Silence -Silence : Même constat que pour JOSELITO. Quand on sait les miracles que peut réaliser ce prestidigitateur des ruedos qui sait "inventer" des toros comme en ARLES dernièrement, il est clair qu'il n'y avait rien à des tirer des carnes qu'il a affrontées.
     DAVILA MIURA : Ovation - 1 oreille. Moins mal servi que ses collègues, Eduardo a su saisir l'opportunité pour démontrer sa bonne forme actuelle. Avec une muleta basse il a bien embarqué ses 2 toros dans des faenas bien construites. Il a été à 2 doigts de signer un nouveau triomphe. 2 pinchazos à son premier l'ont privé d'un trophée. Cette feria est très positive pour lui. A ce jour il a coupé à lui seul 3 des 4 oreilles concédées dans cette feria.

     Aujourd'hui nouveau cartel prestigieux: toros de PARLADE pour ORTEGA CANO, Enrique PONCE, Manuel CABALLERO.
     Corrida retransmise en direct sur La 1ère chaîne espagnole à 18h30.

Suerte a todos !

 
DE CI PAR LA ...

     Réunir dans un même cartel JOSELITO, ENRIQUE PONCE, JOSE TOMAS, EL JULI constitue à n'en point douter le rêve secret de tout organisateur. Celui de LEON a réussi ce gros coup. Pour l'inauguration des arènes de LEON, les 4 mousquetaires seront au paseo le 23 juin prochain. Ils affronteront 4 toros de Domingo HERNANDEZ et 4 toros de ZALDUENDO.

     Pratiquement tous les toreros y ont droit un jour. Dimanche VICTOR PUERTO a entendu sonner les 3 avis dans les arènes d'ALCOY. Son premier toro de NAZARIO IBANEZ a dû être puntillé en piste.

     Le jeune torero d'ALBACETE, Javier PEREA qu'on a eu l'occasion de voir à maintes reprises dans les novilladas non piquées de la région a fait ses débuts avec picadors dimanche à CIEZA. il a coupé 3 oreilles.

 
SEVILLE : UNE TARDE ACCIDENTEE

     17 avril : Dans le mundillo taurin on appréhende particulièrement le mardi 13, l'équivalent de notre vendredi 13. A priori pas de problème hier puisque nous étions le 16 avril. Oui mais... c'était mardi et... le 13ème rendez-vous de l'abono sevillan ! Hasard ou fatalité cette corrida a été marquée par la poisse de bout en bout. 2 toreros et 2 toros blessés dans la même tarde, cela fait beaucoup et la superstition du mardi 13 ne va pas s'estomper de sitôt.
     Le ton a été donné d'entrée de corrida avec un manso impossible à fixer à la cape et à la pique. La présidence a sorti le mouchoir rouge pour condamner le bicho aux banderilles noires, suprême déshonneur pour la casa DOMECQ qui, reconnaissons-le a rarement connu cet affront. C'était déjà un signe...
     Désireux d'effacer la piètre prestation de l'avant-veille ORTEGA CANO a fait un gros effort pour toréer avec un certain mérite ce fuyard. A la sortie d'une série, il a alors fait une erreur de débutant, se retourner en perdant la tête du toro. Sanction immédiate et grosse voltereta. Malgré la douleur il est resté en piste pour liquider son adversaire avant de passer à l'infirmerie avec une fracture du coude gauche. Cela commençait mal !
     Au second Enrique Ponce a détendu l'atmosphère avec son toreo coulé. Dès le début de faena il s'est relâché. A peine les premiers olé ont-ils fusé que le toro s'est arrêté dans sa charge et a cueilli le matador qui est resté de longues secondes en fâcheuse posture. En serrant les dents le Maestro PONCE a donné une leçon de pundonor en reprenant sa faena ponctuée d'une grande estocade. Sous l'ovation il a regagné l'infirmerie où il a été opéré d'une cornada importante à la face postérieure de la jambe gauche avec trajectoire ascendante de 30 cms qui a failli traverser la cuisse. A ce moment précis beaucoup ont dû se demander jusqu'où irait cette scoumoune. Satané mardi et satané 13ème spectacle !!
     Le 3ème homme du cartel, Manuel CABALLERO a dû s'envoyer les 4 toros restants. Arme à double tranchant surtout dans une arène aussi importante. Si la réussite est au rendez-vous, la répercussion sera immense, dans le cas contraire le standing en prend un sacré coup. Mais voilà la guigne n'a pas épargné non plus l'Albaceteno. Deux de ses toros ont manqué de race et ne lui ont laissé aucune option de triomphe. Heureusement les 2 autres étaient animés des meilleures dispositions et offraient sur un plateau les clés de "la porte du prince". C'était sans compter sur cette fichue poisse. CABALLERO a vu ses deux faenas stoppées brutalement, et bizarrement pour la même raison. Ses 2 toros se sont cassé la patte avant gauche !! Comme toute récompense il n'a pu obtenir qu'une seule oreille. Adieu Porte du prince, triomphe et sunlights....
     Après toutes ces mésaventures, allez donc essayer de convaincre les professionnels de la tauromachie qu'il ne faut pas croire à ces bêtises de mardi 13.....
     Au-delà de ces considérations cette corrida a démontré une nouvelle fois que les matadors sont bien des êtres à part. ORTEGA CANO est ENRIQUE PONCE en ont apporté la démonstration, l'un avec une fracture du coude, l'autre avec une cornada de 30 cms dans la cuisse. Ils n'ont eu qu'une idée en tête, reprendre le combat et en finir dignement. Aucun des deux n'a voulu se réfugier sous la douleur pour s'éclipser.
     Ils auraient pu le faire sans que personne ne trouve à redire. Tous deux sont riches, n'ont plus besoin de toréer pour vivre. Il y a autre chose de plus fort, la passion tout simplement. Il ne faut jamais l'oublier et toujours garder du respect pour ces hommes hors du commun.

     SEVILLE : 16/04/2002. 13ème d'abono. 5 toros de PARLADE, le 4ème de Juan PEDRO DOMECQ
    José ORTEGA CANO : grande ovation.
     Enrique PONCE : grande ovation.
     Manuel CABALLERO : Silence - 1 oreille - Applaudissements - Ovation

     SEVILLE en matinée : corrida de rejon
     3 toros de MURUBE - 3 BENITEZ CUBERO
     Fermin BOHORQUEZ : Silence - Ovation
     Pablo HERMOSO DE MENDOZA : 2 oreilles - vuelta
     Diego VENTURA : Vuelta - Ovation
    

Grande émotion au 5ème toro avec la dernière prestation à SEVILLE du fameux cheval CAGANCHO auquel Pablo HERMOSO DE MENDOZA a coupé de façon symbolique la coleta. Une grande page du rejoneo se tourne. Le cavalier navarrais a raté de peu la porte du prince par la faute du descabello à son second. Le jeune Diego VENTURA a enthousiasmé les gradins mais a échoué à la mort. Fermin BOHORQUEZ est resté sur une note sobre.

     Cet après-midi Victor PUERTO, José TOMAS et Miguel ABELLAN vont en découdre avec les Juan Pedro DOMECQ. José TOMAS sera très attendu. Il ne pourra se contenter d'une prestation moyenne....

 
VIVE GARLIN

     18 avril : A l'issue de la 14ème corrida de la feria de SEVILLE, je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour les abonnés de la Maestranza ainsi qu'un sentiment de compassion. Encore une fois ils ont dû supporter un spectacle d'une grande fadeur. J'imagine sans peine le bonheur qu'ils pourraient éprouver s'ils avaient la chance de voir la novillada qui s'est déroulée dimanche dernier à GARLIN. Après une longue traversée du désert de 14 jours, ce serait de la folie. Tout simplement car tout change lorsque la caste est en piste. La différence est frappante. Dimanche à GARLIN il fallait éviter les gestes brusques, les mouvements des étoffes, les déplacements car les novillos fonçaient sur tout ce qui bougeait. A SEVILLE, c'est tout le contraire avec des toros distraits et sans gaz.
     J'espère que les petits veinards présents dimanche à GARLIN mesurent leur chance. De quoi faire saliver les abonnés de SEVILLE.
     Hier encore la déception était au rendez-vous. La matière première a encore fait défaut. Les toros de JUAN PEDRO DOMECQ bien dans le type ont donné peu de jeu. Victor PUERTO qui réussit habituellement dans ces arènes n'a pas renforcé son cartel. Son premier faible et sans transmission ne l'a pas aidé. Par contre on se demande encore pourquoi il a brindé son 4ème au public devant lequel il a rendu copie blanche. soit il s'est trompé sur l'analyse du toro, soit il n'a pas trouvé la force de justifier son brindis. Dans les deux cas c'est grave.

    Pour José TOMAS ce n'est plus le beau temps fixe sur SEVILLE où l'an passé à pareille époque on l'encensait. Pas une vuelta en 3 contrats à la présente feria. Il lui faudra de nouveau conquérir ce public qui a attendu en vain. On a pensé un moment que le 5ème jabonero allait l'aider à composer sa faena. Par malchance il s'est blessé à la patte gauche comme ses 2 frères hier. José TOMAS devra attendre MADRID pour rebondir. Du moins on l'espère.

      Miguel ABELLAN n'a pas la même pression. il semble aimer les grands rendez-vous où il aime se donner à fond. A 2 reprises il est allé se planter à genoux pour accueillir ses toros à la sortie du toril. Geste suicidaire certes, mais aussi la démonstration d'un torero qui se donne entièrement. outre ces deux morceaux de bravoure il a dessiné la seule faena de l'après-midi au 3ème de charge fixe malgré une tête haute. On regrettera pour lui que l'épée l'ait privé d'un trophée mérité. au 6ème son toro s'est éteint trop vite et ne lui a pas permis de briller.

     Décidément les jours passent et se ressemblent en cette feria de SEVILLE.
     SEVILLE : 17/04/2002 Toros de JUAN PEDRO DOMECQ
     VICTOR PUERTO : Ovation - Silence
    José TOMAS : Applaudissements - Silence
     Miguel ABELLAN : Vuelta - Ovation.

     Cet après-midi place aux toros de José LUIS MARCA. Face à eux RIVERA ORDONEZ, EL JULI, Rafael de JULIA.
     On n'ose plus y croire. Mais sait-on jamais.....

 
BONJOUR TRISTESSE

     19 avril : Un seul mot pour qualifier la 15ème corrida du cycle Sevillan : Affligeant. Décidément cette feria s'enfonce dans la médiocrité chaque jour davantage. Hier ce fut le plus grand fiasco. Cela tourne au supplice pour les spectateurs dans les gradins. Encore une fois on a eu droit à un défilé d'animaux sans race, sans combativité, distraits et mansos. Pas une once d'émotion, pas un souffle d'agressivité au bon sens du terme, bref aucun intérêt. Le prétentieux et arrogant José LUIS MARCA, propriétaire des toros (si on peut les appeler ainsi) a pris une sacrée claque....
     Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle est méritée. Avec ses confrères présents dans cette feria ils peuvent mesurer l'étendue des dégâts. Tout cela parce qu'on a trop joué avec la caste, qu'on a laissé de côté la vraie bravoure. Condition sine qua non pour répondre à une poignée de personnes qui ont la main mise sur la tauromachie. C'est le cercle vicieux. Pour vendre ses toros il faut qu'ils plaisent aux figuras. Pour plaire aux figuras ils faut qu'ils soient nobles et sans agressivité. En cautionnant cette pratique la plupart des ganaderos se retrouvent aujourd'hui victimes de leur alchimie. La caste est partie et on s'ennuie dans les arènes. Il est temps de tirer la sonnette d'alarme sinon les arènes vont se vider.
     A l'évidence personne ne peut trouver son compte dans cette parodie de corrida comme on en voit non seulement à SEVILLE depuis le début de la feria mais comme ce fut le cas également à CASTELLON et VALENCE.
     Cela devient urgent et vital : il faut mettre en place le plan ORSEC. En priorité les ganaderos doivent réinjecter la caste qui fait cruellement défaut, les toreros doivent s'inspirer des générations passées. Dans un passé pas si éloigné les Figuras se mesuraient à tous les élevages, ne boudaient pas les ganaderias réputées dures. De nos jours seuls Enrique PONCE et EL JULI montrent l'exemple. Que les autres emboîtent le pas et que les apoderados cessent leurs chantages auprès des organisateurs et qu'ils prennent conscience qu'ils sont en train de tuer la poule aux oeufs d'or. La patience de l'aficionado a ses limites. Hier par exemple à SEVILLE les coussins ont de nouveau jonché le ruedo à la fin de la corrida.
     Voila c'est dit ! Cela fait plaisir de vider son sac !!!!
     Pour en revenir à la corrida d'hier vous aurez compris qu'il y a peu de commentaires à faire. SEVILLE était encore plus loin de GARLIN !!!
     Ce fut pitoyable et désolant. on ne veut plus voir de telle Marcarade..
     Pour les toreros ce ne fut pas non plus la fête.
     Francisco RIVERA ORDONEZ a apporté les rares moments d'intérêt en recevant le premier a puerta gayola et en faisant un gros effort au 4ème, un toro aux réactions bizarres, incertaines et violentes. Beaucoup de mérite donc de sa part d'avoir voulu se confier malgré la menace permanente. Cela lui a valu la seule ovation de la tarde.
     Pour une fois EL JULI a été condamné au strict minimum. Rien à espérer du second un bœuf de 599 kilos ( que barbardidad!) ni du 5ème manso. Visiblement il était déçu car il lui tient à cœur de conquérir définitivement ce public qui le bat encore froid. Mais sans toro...
     Quant à Rafael de JULIA sa présentation à la Maestranza aura été par la force des choses discrètes. Comme tout jeune matador il avait dû rêver de se trouver dans cette arène. Dans ses rêves les toros devaient être bien différents...

     SEVILLE : 18/04/2202.
     6 toros de José LUIS MARCA, mansos et dépourvus de race.
     Francisco RIVERA ORDONEZ : Silence - Ovation
     EL JULI : Silence - Silence
     Rafael DE JULIA : Applaudissements -Silence

     Quelques nouvelles des blessés. José ORTEGA CANO a été opéré à la clinique RIBER de MADRID par le Docteur DEL CORRAL. Tout s'est bien passé et logiquement il devrait être rétabli et prêt à toréer dans un mois. De son côté Enrique PONCE a été opéré à la clinique SAGRADO CORAZON de SEVILLE. Il devrait reprendre le chemin des arènes dans 25 jours.

     Aujourd'hui au cartel : toros de GUARDIOLA pour Juan José PADILLA - EL CORDOBES - EL CALIFA.

 
SEVILLE : TOUJOURS PAS LA JOIE....

Et une de plus ! La Maestranza a une nouvelle fois sombré dans l'ennui.
L'encaste n'était plus le même, pas de sang DOMECQ mais les pensionnaires de la famille GUARDIOLA. On n'a pas échappé à la médiocrité ambiante. Le bétail a donné un jeu décevant et bien entendu les toreros nn'ont pu s'exprimer. Un scenario bien connu dans cette édition 2002 de la feria de SEVILLE, sûrement la plus pauvre et décevante qu'on ait connue. Même les GUARDIOLA sont dans le bache. Les aficionados qui ont toujours eu un faible pour cette famille auront un pincement un coeur. On se doutait que le départ à la retraite du fameux mayoral Luis SAAVEDRA serait un coup dur, mais pas à ce point.
De ce spectacle indigeste les spectateurs ne retiendront pratiquement rien : La décision de Manuel DIAZ, EL CORDOBES qui a fait preuve de beaucoup de ganas mais aussi les 3 volteretas dont il est sorti indemne par miracle. De Juan José PADILLA l'incontournable réception a Puerta gayola et ses poses de banderilles. Après rideau par la faute du bétail.
EL CALIFA ne laissera vraisemblablement aucun souvenir de sa présentation à SEVILLE. Pas à l'aise devant le violent et dangereux 3ème, il a montré ses limites devant le 6ème abordable.
A la fin de la corrida les coussins ont volé dans le ruedo.... Comment ne pas comprendre le ras le bol d'un public dépité.
On espère pour eux un changement radical cet après-midi de par la présence des toros de CEBADA GAGO, un élevage redouté pour sa caste. A condition qu'elle ne soit pas indigeste comme cela arrivre très souvent depuis quelques temps....
Face à eux on trouvera Fernando CEPEDA, Pepin LIRIA et Javier CASTANO.

SEVILLE 19/04/2002. 4 GUARDIOLA FANTONI. 2 GUARDIOLA DOMINGUEZ (1-3)
EL CORDOBES : Ovation - Applaudissements
Juan José PADILLA : Silence - Silence
EL CALIFA : Silence - Silence

Quelques nouvelles des blessés : Enrique PONCE se porte bien. Il pense pouvoir reprendre le 9 Mai prochain à JEREZ.

Francisoco RIVERA ORDONEZ a reçu un coup violent sur la jambe gauche lorsqu'il a reçu son premier toro à la sortie des chiqueros. Les médecins lui ont recommandé 10 jours de repos. Il ne participera pas au festival de GRENADE cet après-midi ni à la corrida de demain à CACERES.

****************************

Loin dela morosité andalouse, le cercle taurin Montois a offert une excellente soirée hier dans son local si accueillant. Fernando CRUZ le grand espoir de la tauromachie et son apoderado Olivier MAGESTE ont passionné l'auditoire nombreux. Ce tandem "romantique" qui dénote dans ce milieu pollué par les copinages et l'argent va de l'avant avec une foi immense. Plus qu'un apoderado traditionnel Olivier est avant tout un grand frère, un ami qui sait faire fructifier la formidable force de caractère et le talent de Fernando. Le torero lui s'est dévoilé avec beaucoup de naturel. On a appris à connaître l'homme tout aussi séduisant que le novillero.
Fernando sera à n'en point douter la coqueluche du sud-ouest qui l'a découvert en novillada sans picador l'an passé. Ce garçon a du talent et toutes les qualités pour percer. Hier il participait à sa première conférence. Il a triomphé avec autant d'aisance que dans le ruedo.

 

AUX LARMES, CITOYENS…

     21 Avril : Ayyyy ! Qu’on est bien, en vacances ! D’autres lieux, d’autres gens, d’autres regards… De plus, partir en sachant que vous aurez l’information qu’il faut, jour après jour… Impeccable ! Je vous avais dit qu’Hervé Touya était un « tout bon ! ». A lui tous mes remerciements, sans lui pardonner toutefois les mots de « maestro », « unique », « irremplaçable », qui ouvrirent sa chronique du 13 Mai. Ceci n’est ni vrai, ni mérité. Asi que… Seuls, les toreros méritent le nom de « Maestro », et encore… pas tous !  Quant à unique…bref ! On essaie d’être « différent », tout en étant aficionado avant tout, et… humain, ce qui implique les enthousiasmes, mais aussi les rages que tout homme peut ressentir, devant le formidable film de la Vie.
     Une semaine dehors… mais pas « en dehors de tout ! »… La curiosité, la soif de découvrir et d’apprendre… un coup de soleil, par-ci ! Un verre de rosé, par-là ! Et des rencontres…
     Ces rencontres : Des pêcheurs de Cambrills, qui, tous les soirs, vers 16 heures, font la course pour arriver au port, et débarquer, les premiers, le fruit coloré de leur journée de travail sur la belle bleue… à Paco Navarro, ce jeune artiste qui fait des prodiges d’adresse et d’humour, avec ses oiseaux des îles, au parc d’attraction de Portaventura. A voir et à revoir ! La Catalogne et la Costa Dorada… Muy bonito !
     Et puis… le kiosque à journaux, tous les matins ! Incorrigible !
     La Presse… le sourire et la rogne ! Le haut le cœur en lisant ce qui s’est passé, à Jenine ! On ne peut pardonner cela, quelles qu’en soient les raisons… Le sourire en coin, avec le Venezuela ! Z’ont l’air fin, ceux qui croyaient « le tyran » à bas. Que vont ils lui dire, maintenant qu’il est remonté « en haut » ? Enfin… beaucoup de sang… et un peu de ketch up, aussi !

     Ah ! au fait… N’oubliez pas... « Citoyens » ! Nous votons, aujourd’hui ! Alors, bien avant de lire cette introduction à une nouvelle page d’Aficion, j’espère que vous aurez rempli votre devoir… et votre droit ! 
     Votez… ce que vous voulez ! Mais, allez voter ! Vous avez le choix, paraît il !

     Et puis, la presse surtout, pour une page… celle des toros ! Et là… les bras vous en tombent : Señores ! Si on continue ainsi, dans dix ans, il n’y aura plus de corridas ! Certains s’en réjouiront… et nous aussi, peut-être, mais pas pour les mêmes raisons…
     La Feria de Séville 2002 est un véritable désastre ganadero. Pendant 17 jours, le public a vu un impressionnant défilé de toros, dits « de combat », soigneusement choisis, imposés par les figuras qui ont été incapables, par la suite d’être « medio bien »… pegando trapazos, d’un air désabusé. Une honte totale ! Après Castellon, Valencia, Séville… elles iront voir si, à Madrid ! Et si ce n’est pas à Madrid, ce sera, peut-être à Miami Playa… Que verguenza !
     Feria désastreuse, où la presse du cœur tient plus de place que la « taurina »… Ortega Cano, ridicule, sans honte, porté aux nues pour s’être fait bousculer, par sa faute… Le toro était banderillé de noir ! Vous rendez vous compte ? Un monstre terrible, assoiffé de sang, bondissant sur tous ce qui bouge, mettant tout en charpie… Et, devant, le fier torero qui, réunissant son courage et sa technique, réussit à le faire passer, succombant seulement au dernier hachazo, meurtrier… Ca… c’est dans la presse du cœur !  De fait, le toro était un manso fuyard, sans aucun danger à la muleta, qui passait et repassait, sans un coup de tête… permettant à monsieur Cano de faire le beau. La seule chose… « ne pas lui perdre la tête » ! Et dans son autosatisfaction sirupeuse, Monsieur Cano se permit une virevolte, en fin de passe, qui se termina… en vol plané ! Heureusement, peu de gravité, mais un coude fracturé qui vient à point pour justifier une retraite méritée et que l’on souhaite « honorable »… Mais ça ?
     Autrement dramatique fut la cogida de Ponce ! A priori, le seul à ne pas s’être aperçu que le toro « le habia calado », fut le commentateur vedette et exclusif « Tele/Radio », qui continua ses balivernes, tandis que le torero faisait face, avec « seulement » une ouverture de 35 cms de long dans la cuisse gauche…

     Pour le reste… Vaya un desastre ! Les monosabios ramassent les coussins à la pelle et le public ne supporte plus… l’espace d’un instant. Mais… un verre de Fino et une sévillana bien tournée, et çà repart.
     De quoi faudra t’il se souvenir ? De Ferrera et Fandi ? d’Antonio Barrera ? Assurément. 
     Faudra t’il se souvenir des Figuras ? Vraiment pas ! Jose Tomas a coulé, corps et biens ! Joselito somnole dans son coin ! Finito est passé ! Seul, le Juli a fait un effort de titan…
     Faudra t’il se souvenir des oreilles coupées ? Partiellement ! Imaginez : 7 en 17 jours : Une pour De Mora, qui est vraiment « autre », à Séville. Une pour Caballero, qui a été bien, seul avec les quatre Domecq, dont deux s’abîmèrent en piste. Une, impressionnante, pour El Juli, « qui ne rentre » toujours pas, à Séville. Une, archi méritée, pour la prestation d’ensemble de Pepin Liria, hier, devant les Cebada… Reste Davila Miura, avec trois trophées à lui seul. Bien, mais au dessous d’un grand toro de Don Alvaro, il a été répété pour remplacer Ojeda qui a signé là son arrêt de temporada (personne n’est dupe) … Sans génie, mais propre et le moral au beau fixe, Eduardo davila Miura coupe un nouveau cartilage, et devient le triomphateur du cycle ! Un triomphateur… par défaut, comme on dit chez Windows ! A moins que l’on assiste à une Miurada du style 1970, où les trois toreros étaient sortis par la Porte du Prince… cela s’arrêtera là ! Un désastre !
     Reste Séville ! Reste la Meastranza… Mais, pour une fois, c’est vraiment trop peu !

     Ah, si… Reste un moment formidable ! Reste le souvenir... d’un baiser !
     Bon, vous voilà avec l’œil coquin ! Non, Non… on ne parlera pas de Carmina Ordoñez ! Un baiser de tendresse, de reconnaissance, d’émotion totale : Celui de Pablo Hermoso de Mendoza, sur les naseaux  de « Cagancho », son génial cheval-torero, qui « se coupait la coleta », à la Maestranza ! « Ce bisou-là », je crois que des milliers d’aficionados « se le sont partagé »…

     La corrida de Cebada allait elle « remonter la feria » ?  Non, parce qu’elle est tombée trop bas. Mais pour le moins, elle fut un combat, et permit de confirmer trois choses : Cepeda n’est pas un torero lidiador, ni un guerrier (Mais cela, on le savait !) ; Pepin Liria est un « monstre » qu’il faut voir, à Séville ; Javier Castaño est… un véritable désastre. Quant aux Cebadas… ils n’ont pas eu le trapio habituel, mais « la présence » et les idées…oh que oui !

     20 Avril – SEVILLA – 14ème corrida de Feria – Llenazo – Grand beau, avec un peu de vent.
     Corrida de Cebada Gago, irrégulièrement présentée, mais sérieuse et compliquée. A la bascule : 539, 480, 479, 512, 556, 510 kgs). A la pique, rien de trop spécial, si ce n’est la carioca automatique, tolérée, presque applaudie. Au moral, tous présentèrent les conditions du toro de combat, qu’il faut lidier et dominer. « Poder con él ! ». Un toro vraiment impossible : le dernier. Dangereux : le premier, et le deuxième qui le devint. Grand toro, le troisième « Zurito », qui signa la fin «définitive » de Javier Castaño. Toro que « d’autres » auraient toréé : le quatrième. Reste le cinquième, pas si bon que cela, mais qui tomba entre les mains d’un titan, appelé Pepin Liria.. En un mot, corrida intéressante, voir passionnante, car les toros étaient « des toros », et les toreros… des toreros, quel que soit le résultat de leur prestation.
     Fernando Cepeda (Silence – Division) a été désastreux, car sans sitio ni force de caractère devant de telles bêtes. Le premier lui mit une colada terrible au premier derechazo. « Apaga y vamonos ! » Quant au quatrième, il ne sut par quel bout le prendre, alors que le toro aurait servi… avec une muleta plus « puissante ».

     Pepin Liria (Grande Ovation – Oreille) mérite un sacré coup de sombrero andalou ! Ce n’est pas un styliste, mais ce qu’il donne à Séville, est d’une grande toreria, faite de valeur, de technique, de pundonor… et presque, d’élégance. Portagayola à genoux, pour recevoir son premier qui galope large dans une réception monumentale au capote : delantales, chicuelinas au cordeau, demie à genoux et rebolera finale. Y olé, los valientes ! Mise en suerte millimétrée, pas de quite, mais une deuxième approche au piquero, en deux capotazos très fermes et limpios. « La tête » fonctionne bien ! Le quite de Castaño a t’il contribuer à faire changer le toro ? Personne ne peut l’assurer. 

Mais… Changement de comportement aux banderilles : le toro devient court, et « regarde » beaucoup. Gros début de faena, par doblones et trincherazo appuyés, clos d’un gros pecho. Deux séries de droite, fermes, puissantes, et double pecho. Liria passe à main gauche et, sur la première naturelle, le toro lui saute à la gorge. Huuyyy ! Sans se décontenancer, le torero va, par trois fois, citer à la naturelle, sans rectifier, sans s’aider de l’épée, qu’il garde derrière la hanche… Et trois fois, le toro va le mettre en danger. Le public est en admiration et applaudit à tout rompre, tant de vaillance. Liria revient à droite pour une série moins évidente. Toute la plaza pousse derrière l’épée, et se fait mal dans un gros pinchazo. Oooh ! Liria repart en force, pour une entière qui tombera un peu bas. Adieu oreille, adieu même Vuelta ! Grosse ovation, saluée du tiers, muy torero !  Y olé, Sevilla.
     On attendait le cinquième. Et Liria, une fois de plus, s’en alla le recevoir, à genoux face au toril. Portagayola limpia, mais un toro sardo qui va le serrer et l’amener contre les barrière. Demie terrible, en regardant le public, et remate torero. Ouf ! Le toro est puissant, se retourne très vite. Le muletero va le réduire, dans un début par le bas, très ferme. Faena essentiellement droitière, par muletazos très appuyés, mais basse, mais en faisant attention de vite se retires en fin de passe, prévenant ainsi le retour très sec du toro. Faena de vaillant, vibrante, close d’une grosse épée, en rentrant comme un fou. Oreille totale, pour une actuacion de « vrai torero d’or »…en non de pailettes ! 
     Javier Castaño (Pitos – Silence) a été mal, sans idée, sans recours, presque sans courage. A t’il gâché, en partie, le deuxième, dans un quite maladroit ? Nul ne peut le jurer, mais… Par contre, il laisse passer le « Zurito », troisième toro, et cela, bien peut le lui pardonneront. Faena de 70 passes, sans âme, totalement à côté du sujet… loin, très loin ! Derechazos liés, mais décousus, sans élégance, fuera de cacho. Des pechos lointains que le public conspua. Catastrophe ! Vilain pinchazo et une entière forte. Ouf ! Le cauchemar est fini ! Il eut le mérite d’abattre vite le garbanzo sixième. Le reste du temps : regard vide, paroles vides… le vide !

     Ce Dimanche 21… Corrida de Rejoneo, ce midi et ce soir : La ultima ! Corrida de Miura (deux ont été refusés par les vétérinaires, car s’étant abîmé les cornes) pour Zotoluco, Juan Jose Padilla et Oscar Higares.

 

DE LA… PAR CI…

     21 Avril : Le jeune matador salmantino Andres Sanchez (qu’on appelait « Andresin ») a reçu un terrible coup, vendredi, par une becerra de Sanchez Cobaleda.
     Au début, n’a pas fait attention. Un coup de plus… Un peu étourdi, la jambe douloureuse, il continua la tienta, suivant notamment, les évolutions de son collègue, Juan Diego. Rentré chez lui, il fut pris de terribles douleurs et partit à l’hôpital où il fut mis en observation, sous calmants. La douleur devenant intolérable, Andres Sanchez fut amené au bloc opératoire, où, sous anesthésie locale, on ouvrit… pour voir ! On a vu. A l’intérieur, sans rompre la peau, le choc avait fait littéralement « exploser » les muscles de la cuisse, provoquant la douleur que l’on devine. Cornada « peu glorieuse » pour les chroniques, et pourtant, la plus grave des cinq qu’eut à souffrir le diestro de Salamanca, qui va mieux, ce dimanche.

     Enrique Ponce a quitté la clinique, hier. Quelques jours de repos et de soleil, en sa Finca de Jaen, et jeudi, on lui retire les points. Ponce pense réapparaître en plaza de Jerez, le 9 Mai. Décidément, le torero de Chiva n’a pas de chance avec Séville. Certes, il a ouvert, une fois, la Porte du Principe, un soir de septembre… mais, malgré que tous lui reconnaissent la qualité de son toreo… on peut dire qu’il n’est pas tout à fait « rentré », à Séville.
     Cela dit, reste le geste de continuer à toréer, avec la cornada, ; reste le geste d’aller donner un abrazo à Caballero, en s’excusant de le laisser seul ; et le geste de marcher seul vers l’infirmerie, rassurant tout le monde, y compris son ami Litri, qui le savait blessé. « Aqui paso un torero ! »… avec 35 cms de cornada dans la cuisse !

     Ce dimanche, Jose Tomas doit faire des étincelles : Il est à Barcelone, sa plaza ! Les toros seront du Capea, c’est à dire, noblotes et faibles. Les copains seront Joselito (tranquille !) et Morante, (qui réapparaîtra, après son appendicectomie)… C’est dire que beaucoup de choses iront en sa faveur. S’il ne triomphe pas là…

     Hier, samedi 20 Avril, Francisco Javier Corpas a pris l’alternative, en plaza d’Almendralejo. Les toros de Sanchez Arjona ont permis le succès des toreros, à part le premier. Le nouveau matador a coupé les deux oreilles du dernier, toréant avec grande qualité. Finito a fait ce qu’il fallait pour couper deux trophées au deuxième, mais sa faena au quatrième fut la meilleure de la tarde, hélas mal rematée à l’épée – El Juli obtint deux oreilles du troisième et se fit prendre, sans trop de bobo, en banderillant le cinquième.

     Un quart de plaza, seulement, pour la novillada de Zaragoza. « Cartel de lujo », pourtant…Les novillos de Jose Vazquez n’ont pas donné le jeu escompté. Ovations pour Salvador Vega, Vuelta et oreille pour Cesar Jimenez, qui se fit méchamment secouer par le deuxième (on attend le résultat des examens radio, du côté cervicales). Oreille et ovation, pour Ivan Garcia, qui tire son épingle du jeu… Cet après midi, la mini feria continue… avec quelle entrée ? Pourtant, toros de Fuente Ymbro, pour Alfonso Romero, Jesus Millan et Paulita.

 

« Y AHORA… QUE ? »

     22 Avril : « Il est cinq heures… Paris s’éveille ! »… et les autres aussi ! A l’horizon pointe un soleil  qui n’a rien d’Austerlitz. La France a voté, et la Feria de Séville s’est terminée… Dans les deux cas… c’est un désastre.
     On est trop libre, ici, pour ne pas donner un avis sur ce qui s’est passé, hier, dans l’hexagone… Lisez donc la  chronique précédente. Elle disait : « Allez voter… ». Beaucoup ne l’ont pas lue… beaucoup trop ! Pues, que se aguanten !
     Ce qui s’est passé hier, se voyait venir… et ce n’est pas fini.
     Quand on se dit pays de démocratie, de liberté, on ne diabolise pas les gens, au fil des ans. On les combat politiquement, et c’est dans la démocratie et l’efficacité que l’on contrecarre leurs arguments excessifs. Hier soir, la haine n’était pas du côté de monsieur Le Pen… mais bien du côté de ceux qui, spontanément ou pas, montèrent quelques manifestations outrancières (n’a t’on pas vu, furtivement un calicot où étaient écrits ces mots « Crève, charogne ! ». Asi… no !). Et ce n’est pas fini…
     Loin de comprendre la leçon, les politiques et les médias, tous complices et tous coupables, continuent de « faire les beaux et les justes », alors que, depuis des années, ils ont laissé entrer la laideur et l’injustice !
     Y aurait il, en France, 18% de fascistes ? Allons donc… Mais, de ceux qui en ont « ras le bol » des « On est les meilleurs et les plus beaux ! », il y en a beaucoup plus… Donc, que la France politicarde ne se plaigne pas… et que les Français fassent leur devoir, comme ils auraient du le faire, hier. On ne pleure pas, après… On ne dit pas « je m’en vais ! » A quelque niveau que l’on soit, leader politique ou simple citoyen, on prend ses responsabilités, démocratiquement et avec respect… en mettant un bulletin dans une urne… Mais, le « crève, charogne ! » n’est pas digne d’un pays qui, soit-disant, prône ces trois mots « Liberté, Egalité… Fraternité ! »… Punto !

     A Séville, la feria s’est terminée… Une feria désastreuse, où les figures ont imposé la démagogie et le manque de verguenza torera…
     La feria s’est terminée sur une Miurada où chacun a retenu son souffle… Pendant que les figuras allaient siroter un fino à la caseta du coin, des hommes se sont appuyés les oleadas, les arreones, les derrotes et hachazos de deux ou trois toracos, droits venus de l’antédiluvien… Un respeto !
     Curieux : La Miurada, à Séville, est toujours terrible ! Ailleurs cependant, elle sort avec plus de possibilités (Voyez Pamplona). Hier, les toreros ont tous été « des vrais hommes », et, quel que soit leur bilan, il faut les saluer.
     Honneur au Zotoluco qui a du affronter le plus dangereux des mansos, un bicharraco qui le dépassait d’une tête. Il suffit d’aller voir les photos de Maurice Berho, dans Mundotoro.com, pour se faire une idée de ce qu’à vécu le petit mexicain (en particulier, à l’épée). Oscar Higares a donné ce qu’il avait, mais aurait pu appuyer un peu plus sur l’accélérateur… Quant à Padilla, chapeau ! Ce n’est pas un torero de notre préférence, mais il a tout essayé, et a réussi beaucoup. Si l’épée « ne tombe pas si bas », au troisième, on parlerait aujourd’hui d’une oreille bien méritée, avec cape, banderilles et muleta…
     Mais voilà… la France et Padilla « ont pinché » ! Tout est à refaire…

     21 Avril – SEVILLA – Dernière de Feria d’Abril 2002 – Casi lleno – Beau temps, avec un peu de vent.
     Corrida de Miura… Rien que de dire cela, on est fixé. Six toros qui sortent de façon différente, mais qui réunissent toutes les caractéristiques de élèves de Zahariche. Hauts, longs, ils ne font pas leur poids (619, 580, 609, 590 et 605 kgs, pour les cinq premiers), mais ils ont des idées souvent bien saugrenues ou franchement assassines, comme le premier, une montagne de vrai danger, haut comme un building, aveugle au moindre leurre, sourd au moindre toque… « Una caja bombas ! ». Le sixième est sorti invalide, qui fut remplacé par un Felix Hernandez Barrera (600 kgs), qui voulut jouer les Miuras, et y parvint parfois. Dans le lot, on dira que Zotoluco toucha les plus durs ; Higares, les plus « possibles » ; Et que Padilla put s’exprimer, devant le troisième.
     Zotoluco (Silence respectueux – Silence, après un avis) se souviendra longtemps de « Saltarin », le premier de la tarde, immense, haut, terrible. Il faillit lui arracher un bras à la deuxième véronique et ne cessa de prendre plus de sentido, au fil d’une lidia «tourmentée»… Zotoluco mit une grande demie véronique, et s’arma de courage, muleta en main. Un tel toro d’antan, imposait un « toreo d’antan »… Zotoluco s’en rendit compte, après deux essais de muletazos classiques, où le toro lui sauta au visage. Du coup, macheteo par le bas, sans se désunir et… a matar ! Et là, ce fut Beyrouth ! Le petit mexicain, grand par le cœur, entra comme il put, aux pas des banderilles, laissant les bouts d’épée qu’il pouvait (Allez voir la photo de Berho, vous comprendrez !). Enfin, tout le monde respira un grand coup, au troisième descabello, chanceux. Face au quatrième, qui fut trop longuement piqué par Efren Acosta, Zotoluco essaya trop longuement de donner une série complète et propre. Il n’y parvint jamais, et le public le lui fit sentir, sans trop de méchanceté. Un grand respect pour le Zotoluco, hier, à Séville.
     Oscar Higares (Silence – Division) a changé d’apoderado, mais pas de manières. Il donne une impression de facilité et de peur, comme dans un perpétuel « pourrait faire mieux ! ». Son premier venait bien au capote. Il le toréa longuement, mais sans réel engagement. A la muleta… le toro était compliqué, mais possible. Higares le fit passer, certes, mais ne voulut pas vraiment, lui « rentrer dedans », et montrer qui était le patron… Epée habile, un peu tombée, portée avec plus de facultés physique que de bonne foi. Face au cinquième… « tres cuartos de lo mismso ! » Sans être de grande qualité, le toro était « jouable ». Higares se montra long, réitératif, et sans personnalité. Le public n’apprécia que moyennement.
     Juan Jose Padilla (Ovation forte – Silence) a lidié le troisième, dès les premiers capotazos, un genoux en terre. Il s’agissait de faire « humiliar » cet espèce d’autobus de 609 kilos. Bien au capote. Aux banderilles, ce fut inégal, mais le Jerezano mit tout le monde d’accord avec une paire « al violin », limpisima… Faena amicalement brindée au Jesulin de Ubrique, présent dans les gradins. Bien Padilla, qui débute par le bas et va imposer des séries courtes mais puissantes, close de double pechos. A gauche, cela se complique, mais Padilla finira par sortir quelques bonnes droitières à un toro de plus en plus « arrêté ». Valeur et technique, fortement applaudies par les sévillans. Hélas, l’épée sera du genre « bajonazo » ! Patatras ! Adieu, le succès ! Face au sixième, il se montra décidé, avec cape et banderilles. Mais à la muleta, le Felix Hernandez dit « non ! », et le torero chassa les mouches, en vain.

     Le matin, la corrida de Rejoneo avait été un total triomphe, les toros de Benitez Cubero permettant aux cavaliers de donner leur mesure. 

     21 Avril – SEVILLA – Corrida de Rejoneo – Lleno – Grand beau temps :
     Joao Moura a été sensationnel de classe et de précision (Oreille) – Luis Valdenebro fut le seul à connaître des difficultés (Sifflets) – Javier Buendia faisait ses adieux. Son travail, très campero, manquera à beaucoup (Vuelta) – Luis Domecq a été superbe, mais… 9 descabellos ! (Silence) – Gros triomphe de Pablo Hermoso de Mendoza, qui fait briller « les copains » de Cagancho, qui ne sont pas manchots, eux non plus (Deux oreilles) – Andy Cartagena, bondissant, tournoyant mais sans excès, triomphe également (Deux oreilles).

 

MADRID OUVRE SA PORTE. BARCELONE... NON !

     22 Avril : Outre Séville, l’actualité se centrait hier sur Barcelona, où Jose Tomas devait, en son fief catalan, rectifier les mauvaises impressions laisser à Séville. Ce n’est que partiellement réussi. Les Toros du Capea ont été faibles et noblones… Résultat : Mi infirmiers, mi gladiateurs, les toreros n’ont pu s’exprimer « a lo grande ». Le président a fait la sourde oreille à une pétition majoritaire et Barcelone a gardé sa grande porte, fermée à double tour.
     C’est du côté de Madrid que vint la « double » grosse surprise : Les Conde de la Maza se sont bougés… et on a ouvert la grande porte à un « modeste », qui a tout mis dans la balance : Fernando Robleño.
     Pour le reste, Zaragoza est une Aficion de « burros », qui ne viennent pas à la plaza, même lorsque toréent les siens. Affligeant ! Antonio Ferrera a triomphé en plaza de Caceres, où il remplaçait Rivera Ordoñez.
     Le « cachondeo » de la journée… Près d’Almeria, un torero a pris l’alternative… à 60 ans. Bon ! On veut bien… mais, quand même ! Il s’est coupé un monton d’oreilles, autant qu’il s’est donné de pinchazos. Eso… Un cachondeo !

     21 Avril – MADRID (Las Ventas) – Demie entrée – Beau temps : La corrida du Conde de la Maza est sortie avec de la mobilité, de la race et parfois du sentido. Cependant, elle a permis aux toreros de s’exprimer, soit par la technique, soit par le courage… soit par les deux. Curieusement, les « Condes », bien présentés, n’étaient pas des mastodontes : 545, 558, 515, 517, 556, et 530 kgs). Madrid « redeviendrait elle » raisonnable ?
     Niño de la Taurina (Silence – Sifflets) tentait un trop rapide « come back » à une plaza qui le vit triompher, jadis. Il fut mal servi, mais se montra « un peu juste », face à un premier « topon », et un second adversaire, très violent.
     Fernando Robleño (Oreille – Oreille, un peu protestée), mit toute la pression, et triompha au point de sortir a hombros par la grande porte. Un quite extrêmement risqué, au deuxième de la tarde, puis une larga pour recevoir le troisième. Le ton était donné. Il reçut son toro, directement par derechazos, al tercio, aguanta les fortes charges décousues du bicho, et fit grosse impression sur les gradins. En passant « main gauche », le vaillant se fait attraper, sans mal. Sans se regarder, Robleño se relève et met une épée entière qui lui vaut une « grosse oreille ». Au cinquième, on alterne le spectaculaire, le vibrant, mais aussi la fermeté et la technique. Une épée un peu basse, fera râler quelques uns contre l’octroi d’une nouvelle oreille, et donc, de cette première « Puerta Grande 2002 ».
     Ivan Vicente (Ovation, après un avis – Ovation) confirmait son alternative, devant le toro « Limpiadentero » (oh !) – N°4 – 545Kgs. On a vu en lui un torero sérieux et fin. Très bon début de faena au toro de la cérémonie auquel il aurait pu couper quelque bout d’oreille si son épée n’avait pas tant tardé dans ses effets. Très bien au capote, face au sixième, compliqué.

     21 Avril – BARCELONE – ¾ de Plaza – Beau temps :  La corrida du Capea, sous les deux fers habituels (cinq de Carmen Lorenzo, et le sobrero de Pedro et Veronica), est sortie noblona mais « faiblona »… Surcroît de poids : 550, 543, 560, 569, 562, 575 kgs). Le troisième fit une mauvaise vuelta de campana, terminant invalide. Le plus compliqué : le quatrième. Les autres, mélange de « je voudrais mieux charger… si j’en avais la force ! »
     Joselito (Ovation, après un avis – Ovation) fut bien avec capote et muleta, devant le premier. Curieusement, c’est à l’épée qu’il perdit un possible trophée. Au quatrième, « retour aux affaires courantes », et peu de fioritures devant un toro plus puissant. Joselito ne décolle pas.
     Jose Tomas (Oreille – Vuelta, après forte pétition d’oreille – Un avis à chaque toro) a été bien, mais sans surprendre. Gestes amples, toreo templé devant un faible, manoletinas et estocade. Oreille. Face au cinquième, une faena de courage et d’aguante, mais sans lié. Pinchazo, media et descabello. Le public réclame l’oreille. Le président fait le sourd. Bronca « de ordago ».
    
Morante de la Puebla (Silence – Ovation – Un avis à chaque toro) A été un peu trop long, face au troisième, invalide. Le sévillan a été « énorme » à la cape, face au dernier, dont il aurait pu obtenir quelque trophée, s’il avait mieux tué : trois pinchazos et estocade.

     21 Avril – ZARAGOZA – 2ème de la San Jorge – 1/3 de Plaza : Corrida de Fuente Ymbro. Le deuxième est remplacé par un Jose Vazquez. "Du côté de Terraillon" : 564, 551, 585, 615, 735 et 650 kgs.
     Le cinquième s’appelait « Helado » : 735 kgs. Solide et brave, s’il vous plaît ! Très bien piqué par Francisco Plaza, et bien lidié par toute la cuadrilla de Millan, qui est à féliciter, comme à Séville.
     Alfonso Romero (Silence – Silence) , toucha le mauvais lot et flotta.
     Jesus Millan (Ovation – Oreille) se montra torero, en début de faena au fameux cinquième. Cela se brouilla un peu, par la suite. Mais…735 kgs !
     Gaspar « Paulita » (Palmas – Ovation) eut aussi quelques bons moments, mais ne put rien « redondear ».

     21 Avril – CACERES – ¼ de Plaza : La corrida des « sustitutos » : Rivera Ordoñez et Ortega Cano sont remplacés par Antonio Ferrera et Davila Miura. Corrida de Sancho Davila, sans fond – Uceda Leal donne une vuelta, au quatrième – Davila Miura est bien discret – Antonio Ferrera sort en triomphe, après avoir coupé une oreille de chaque toro.

     21 Avril – ADRA (Almeria) – Arènes pleines : Corrida mixte. Le bétail est de Gavira. Il s’agit de faire la fête à Emilio Lopez « Playerito », un novillero de… 60 ans, qui prend une alternative « mûrement réfléchie ». Malgré, entre autres, une poignée de pinchazos, le « nouveau matador » coupe quatre oreilles et deux queues. Y viva la fiesta !
     Le parrain de la cérémonie, El Fandi, coupe trois oreilles, et le témoin, le novillero Jose Olivencia, en fait de même.
     60 ans… Un respeto !  même si… 

 

QUELLE DEBACLE…

   23 Avril : Non, Non… ne comptez pas sur moi pour faire un constat « d’après séisme » ! Ou du moins, pas de « celui-là »…
     Ici, c’est de « toros » que l’on parle. Et ici, contrairement à d’autres, on reste calme et on propose, respectueusement…
     Ici, on ne descend pas dans la rue, pour laver quelque mauvaise conscience de ne pas avoir fait son devoir citoyen. Ici, on n’assassine pas, dans le dos, son leader, pour pleurer et vociférer, ensuite. Ici, on ne joue pas les démocrates à coups d’injures et de spectaculaires « retournements de jaquettes ».
     Ici, pas d’instituts de sondage qui vous démontreront toujours par pourcentages, courbes trop peu voluptueuses, et beaux discours… qu’ils ne se sont pas plantés, et dans les grandes largeurs ! Pas fous ! Y a encore du blé à moudre, du fric à ramasser… Ici, pas d’analystes qui vous expliquent sérieusement le pourquoi du comment, alors qu’ils pouffaient de rire, deux secondes avant la prise d’antenne…
     Ici, on dit « bonjour et bienvenue » aux juifs, et on ne leur dit pas « Venez en Israël, vous y serez plus en sécurité »… A oui ? A coups de Jénine, peut-être ?   
     Que cachondeo ! Le monde est devenu fou !
     Ici, on est libre, et on dit : « Vous êtes libres ! » A vous donc, d’être responsables de votre décision !
     Ici, on est simples hommes et femmes de ce pays, et on est « Aficionados »… On regarde, on s’intéresse, on apprend…  Nos coups de cœur sont, souvent, raisonnés. Tout simplement, parce que l’on suit l’actualité, au jour le jour, et que notre culture nous aide à être patients et respectueux.
     Cependant, quand « trop, c’est trop ! »… alors nous avons des arguments et, pour folles qu’elles soient, nous faisons des propositions. Nous en discutons « à deux », au coin de notre passion, ou en groupe réduit, dans d’interminables et amicales tertulias, au fond des peñas. Nous en parlons « à ceux qui… », nous proposons, et… si  malgré tout rien ne change, nous allons « voir ailleurs », mais en connaissance de cause… C'est cela, la Démocratie!

     La feria de Séville, comme tout le début de la temporada, est un véritable désastre. Celui là aussi, on le sentait venir….
     Pris sous la coupe d’un « Establishment taurin », où tout le monde est complice, le aficionados commencent vraiment « à la trouver sévère », et risquent de remuer un brin, sous peu. Lors de la feria, on a plusieurs fois frôlé le trouble à l’ordre public, et les belles Sévillanes ont commencé à craindre pour leurs falbalas bien garnis (Surtout, ne changez rien, mesdames ! Vous étiez bien les seules à  avoir un réel « trapio », au cours de cette feria). Comme vous l’avez vu, plusieurs corridas se sont terminées dans la confusion, la timbale revenant à Don Jose Luis Marca, qui a fait, lui, la totale unanimité.
Complices l’Empresa, les ganaderos, les vétérinaires, les présidents. Complices de qui ? Des toreros vedettes et, surtout, de leur « staff » politique…
     Responsables, les figuras, qui amènent à Séville « l’imprésentable », comme Jose Tomas amena le Garcigrande. Responsables, les figuras, qui parlent de duel de « Numeros unos », mais sont incapables de faire le paseo, ensemble, le même jour… Complice, l’empresa, incapable de dire : « Tel jour, vous deux ! ». Incroyable jeu de Monopoly, où l’important est de ramasser le plus possible, si possible, en ne passant "que" par la case « départ », celle où l’on touche 20000 francs, sans risquer un poil.
     Les toreros ne se regardent pas dans les yeux… Les empresas remplissent la plaza, en mettant Juli un jour, et Tomas, le lendemain… Les ganaderos, plus « gana-duros » que jamais, laissent leur pundonor au vestiaire… Un désastre !
     Cela fait un petit moment que cela dure… mais la sonnette d’alarme va retentir, fort ! L’association des « Abonnés de la Maestranza » vient de lancer un avertissement sévère, à l’Empresa. Les différents jurys ont fait de même, à leur façon… Prix à la meilleure ganaderia : Desierto !

     Une proposition… complètement folle ! Mais, bon ! Cela ne manquerait pas de sel…
     Constitution, publique, d’une feria : Mettons… 6 corridas. On fait une grande soirée, publique et gratuite. On invite tout le monde, les apoderados, les toreros, leurs femmes, leurs maîtresses, la presse… tout le monde.
     L’empresa annonce les six corridas qu’elle a décidé de présenter, et, comme pour la Coupe de France, d’Europe, ou du Monde de foot, on tire au sort, les noms des toreros qui vont les affronter…
     Ridicule ? Certes… Mais, moins triste que ce que l’on voit, actuellement… et moins ridicule que certains spectacles de la semaine dernière, à Séville.
     C’est une proposition… Elle vaut ce qu’elle vaut. Mais il est bien certain que le torero de renom qui se prêterait à ce jeu là, serait vraiment… « una figura del Toreo » !

     Les principaux trophées de la Feria de Séville ont été attribués, hier… Pas de surprise ! Eduardo Davila Miura en sort logique vainqueur… même si c’est un peu « par défaut ».
     Sept oreilles coupées, en 114 toros lidiés, « à pied ». Sept oreilles, sur 228 « coupables »… Trois pour Davila Miura, une pour Juli, Caballero, Liria et Eugenio de Mora.
     Jose Tomas s’est perdu dans ses noires pensées…mais personne ne l'a suivi. Juli s’est justifié, sur un seul toro. Joselito est passé. Finito a sculpté quelques attitudes… Seul Enrique Ponce, se sort avec honneur, de la Feria, pour être resté là, sans artifices, alors qu’il se savait blessé. On dira ce qu’on voudra… mais il faudra bien, un jour, lui faire « totale » justice.
     Côté ganaderias… 114 toros, et quatre qui ont « marqué » la feria :
     « Ojito », de Torrestrella, dont la noble charge a « réouvert » quelque crédit à Davila Miura.
     « Feten », de Gerardo Ortega, insuffisamment exploité par Punta.
     « Nadador », de Cuadri, très bien lidié par une grande cuadrilla, celle de Jesus Millan.
     « Vicioso », de Jandilla, bien toréé par un Eugenio de Mora, qui, avec Abellan, est un de ceux qui « se sauvent », de la feria.
     Pour le reste… Les toros ont démontré une désarmante perte de race, de caste, de forces… De plus, il faut probablement incriminer « le piso », le sol de la plaza, terriblement dur et glissant. Même certains toreros en ont fait les frais…

     Empresa, ganaderos, présidents, vétérinaires, tous responsables et tous complices, à divers degrés… parce qu’aux ordres « d’un quarteron de généraux en activité »… (Nous aussi, on peut faire dans la référence historique. Non, mais !) – et, surtout, de leurs état majors.
     Cela s’arrangera t’il, un jour ? Oui, peut-être… Et l’exemple, pour une fois, viendra de la France… Peut-être ! Mais... depuis dimanche, on n'est plus sûr de rien!

 

LES TROPHEES DE « SEVILLE 2002 »

     23 Avril : Hier, ont été attribués les trophées des deux principaux jurys de la Feria d’Avril, de Séville : ceux de « La Real Maestranza de Caballeria » et de « Puerta del Principe ». Tous deux s’accordent sur les mêmes décisions :

     Torero triomphateur de la Feria : Eduardo Davila Miura.
     Meilleure Faena : Eduardo Davila Miura
     Meilleure estocade : El Juli
     Meilleur à la cape : Trophée non attribué.
     Meilleur subalterne, à la brega et aux banderilles : Curro Molina
     Meilleur Picador : Manuel Montiel
     Meilleure ganaderia : Trophée non attribué.
     Meilleur Toro : « Ojito », 6ème bis de Torrestrella.
     Meilleur Rejoneador : Unanimité sur Pablo Hermoso de Mendoza.

     Par ailleurs, l’équipe médicale du Docteur Vila a désigné le banderillero sévillan « El Pere », comme auteur du meilleur quite « de secours », à son matador « El Cordobes », menacé par un Guardiola, le 19 avril. On se réjouit  pour le sympathique et fidèle banderillero de Manuel Diaz ». A n’en pas douter, il fera honneur à ce trophée et sera bien présent, lui, le soir de la remise des prix...
     Par contre, le jury s’est refusé à attribuer le prix au meilleur quite « artistique ». Signe des temps…

 

PADILLA…AU BLOC.

     23 Avril : Pas de scandale, rassurez-vous, mais une nouvelle intervention chirurgicale pour Juan Jose Padilla : Nouvelle lésion, à la main droite, en descabellena un Miura, dimanche.
     Le Jerezano a été opéré, hier, à la clinique « Señora de la Salud » de Cadix, d’une rupture du ligament latéral du doigt annulaire de la main droite. Tout s’est bien passé et il ne devrait pas y avoir de problème pour toréer dimanche…
     Nous… il nous faudrait, allez… une semaine de repos ! Et « de 39 heures », au moins… Non ? 

 

« ILS » NE VONT PAS SE RENCONTRER…

     24 Avril : Quelle situation bizarre, et comme les temps ont changé… Il y a peu, les figures du toreo, du moins celles qui prouvaient chaque jour dans le ruedo qu’il en était ainsi, se rencontraient, se mesuraient, « débattaient », dans les mêmes cartels. Chacun selon son style, classique ou baroque, exposait ses arguments et, en torero, essayait de démontrer sa suprématie sur l’autre. Cela donnait lieu à de formidables empoignades, chaque diestro ayant, bien sûr, ses partisans. La passion régnait, pour le bien de la Fiesta… pour le bien de la vérité.
     On parlera bien sûr des deux monstres que furent « Jose y Juan », Gallito et Belmonte. Tous deux si différents, tous deux « extrêmement opposés »… Leurs partisans défilaient dans les rues… mais savaient pourquoi. Parfois, on en arrivait aux mains, mais quelque bonne bourrade policière et parfois aficionada, remettait les choses en place.
     Plus près de nous, Dominguin et Antonio Ordoñez… Ils étaient « de la même famille », mais se battirent au sang, pour décrocher le sceptre du toreo. Tout le monde a entendu parler de « l’été sanglant ». Là aussi, on bagarra sec, et la presse joua un rôle non négligeable, encensant l’un, dénigrant l’autre, versant des litres d’huile sur le feu…
     Auparavant, le grand Manolete n’avait pas reculé devant le jeune chien qu’était Luis Miguel Dominguin. Celui ci arriva un jour et se mit à grimper dans les sondages. Comme il est de bon ton de brûler ce que l’on a adoré, le peuple se mit à le pousser, face au Cordouan. Dieu sait s’ils étaient différents, si leur conception du toreo était opposée. Cependant, aucun ne refusa de rencontrer l’autre, et de « débattre », en public…
     Encore plus avant, le Cordobes « prit, de face » tous les maestros qui pouvaient à juste titre prétendre au N°1 : Camino, notamment. Manuel Benitez, un vrai fou furieux, mais torero parfois génial, le rencontra des dizaines de fois, chaque temporada. Ils se haïssaient, mais lorsque Paco Camino se retrouva en prison, à Lima en 67, pour avoir refusé de tuer un toro… qui donc débarqua, avec sa guitare et quelques bonnes bouteilles ?
     Bien entendu, cela ne s’est jamais fait sans quelques coups bas, quelques coups « en vache ». C’est logique, dans un monde de « toros » ! Mais rarement on en arriva aux mains. Une fois, à Aranjuez, en 65, il y eut un petit match de boxe, entre Paco Camino  et le Cordobes, qui n’avait pas apprécié un « argument » de son adversaire, un quite du camero à son toro. Mais rapidement, les choses rentrèrent dans l’ordre, et les deux en tirèrent parti.

     Aujourd’hui… que voit on ? Face au grand public, on ose déclarer « Courage, fuyons ! ». Où est donc la grandeur ? Que fait on du pundonor ? Comment peut on se prétendre le champion , le héros, celui que l’on voudrait suivre, les yeux presque fermés ?
     Les ferias se montent et se succèdent. L’Histoire déroule son feuilleton, fait de joies et de peines, de moments de grande admiration, ou de d’horreurs insoutenables… Le monde avance, irrémédiablement… la tauromachie, de même ! Mais, alors que l’on souhaiterait voir les deux ou trois ténors « s’expliquer », en mano a mano, devant tous… ils se contentent de se mesurer, de loin, après avoir longuement discuté avec leur état major…
     Regardez El Juli et Jose Tomas ! Tous deux sont « en haut »… avec leurs qualités et leurs défauts ; avec des mérites différents. Chacun a ses chauds partisans !  L’époque est faite pour qu’ils se mesurent, en tête à tête, et avec la télévision pour témoin… L’un, probablement, le souhaite. L’autre s’y oppose. Du coup, chacun essaie, à distance, avec des arguments divers et en « pipant » plus ou moins les dés, de surpasser l’autre… Pendant que l’un s’échine, l’autre le regarde à la télé… Ils ne se sont pas rencontrés à Castellon, à Valencia, ni à Séville… Ils ne se rencontreront pas à Madrid… Pourtant, le Juli le réclama, ce face à face…
     La fiesta aurait à y gagner ! Ainsi, les choses seraient claires, et le « peuple aficionado » pourrait assouvir pleinement sa passion et son émotion…
     L’an passé, Tomas et Juli se rencontrèrent « une poignée » de fois… La confrontation fut épique, pour le bien de tous : Souvenez vous de Barcelone. Souvenez vous de Valladolid : avec un grand Ponce pour témoin, les deux ténors se battirent à fond, et la Fiesta en sortit victorieuse… Bien sûr, il arriva que l’un prit clairement le dessus, comme le Juli, en septembre, à Bayonne. Cela a t’il modifié l’admiration exacerbée des uns, pour Jose Tomas, et le respect des autres ? Probablement non !
     Par contre, « refuser le combat », « courir se cacher sous de vains prétextes », profiter d’un élan populaire qu’on appelle ici « Tomasitis » (comme en d’autres lieux et pour d’autres raisons on pourrait parler de soudaine « Chiraquitis » !), afficher un courage de pseudo samouraï en fuyant le contact direct, face à face, yeux dans les yeux… c’est indigne d’une figure du toreo.
     Les grandes occasions, les grandes ferias, doivent être le théâtre des grands duels… Le « Système » actuel  permet qu’il n’en soit pas ainsi, au grand dam du public. C’est bien dommage et « dame Vérité », une fois encore, en prendra un coup dans l’aile…
     Oui, décidément… bien dommage !

 

ZARAGOZA : « Y OLE, TORERA ! »

     24 Avril : La journée taurine d’hier a été marquée par une grave blessure, en plaza de Teruel, et la très honorable prestation de la torera Mari Paz Vega, dans une plaza de primera, Zaragoza. Certes, la corrida était « mixte », à double titre… Le fait de mettre, dans un même cartel, un rejoneador, un matador de toros et un novillero, permet de « jouer » avec les repères aficionados, et de « tirer vers le bas » la présentation du ganado. Et l’on ne s’en est pas privé. Cependant, il convient de saluer la prestation de la Malagueña, excellente avec le capote, courageuse avec la muleta, et très digne devant les difficultés. Seule, l’épée se refusa, ce qui lui fit perdre un succès plus probant. Mais, de toutes façons…  Un Olé, pour Mari Paz !

     23 Avril – ZARAGOZA  – Troisième de la Feria de San Jorge – Media plaza : Corrida mixte, avec deux toros de Murube, don un « très petit », pour le cavalier en plaz, Pablo Hermoso de Mendoza ; Un toro de Gabriel Rojas, faible, et un sobrero du Romeral , manso dangereux, pour Mari Paz Vega ; Deux novillos de Nuñez del Cuvillo, insignifiants, pour le fils de Manzanares.  
     Pablo Hermoso de Mendoza eut du mal a transmettre avec le public, tant l’opposition était réduite : Ovation, face au premier, grâce à ses efforts sur « Albaicin » et « Danubio ». Le navarrais coupa l’oreille du petit quatrième, montant un grand spectacle avec « Chicuelo », bien secondé par « Campogrande » et « Mariachi ».
     Mari Paz Vega toréa superbement au capote, par véroniques et grand quite par chicuelinas. Faena très propre, hélas gâchée par trois pinchazos et un descabello. Forte ovation. Le cinquième, faible, fut remplacé par un du Romeral, impossible. La torera fit ce qu’elle pouvait, très dignement. Silence respectueux.
    Jose Maria Manzanares : Ovation, après un avis – Ovation. (« Souviens toi de Mugron » – Voir édito du 2 avril)

     Pendant ce temps, en plaza de Teruel, se déroulait une novillada, devant un quart de plaza. Le ganado, de Montealto » ne permit rien de bien fameux. Seul et triste souvenir : la grave blessure du novillero « El Cesar », en estoquant le quatrième : 30 cms dans la cuisse droite. Pronostic : grave.
     Les trois novilleros, El Cesar, Santiago Manciño et Juan de la Reina, ont coupé une oreille chacun.

 

L’ENTRE « DEUX TOURS »…

     25 Avril : Cela vous dit quelque chose ? Il est vrai que rarement, période entre deux « gros événements » aura fait couler autant d’encre, de salive… et de bave.
     Nous sommes bien « entre les deux tours » : Séville et Madrid.
     Séville a été un véritable désastre, au point qu’on arrive à dire que les triomphateurs en ont été ceux qui n’ont pu ou voulu venir. Peu être un peu rapide comme conclusion, les « ceux » en question ayant quelque chance de tomber dans le même piège, et de couler de concert avec les autres vedettes. On pense, en particulier, au Morante de la Puebla.

     Séville est un désastre parce qu’une empresa n’a pu, ou su, imposer sa loi à un cartel de figures qui arrivait avec ses armes, ses bagages et ses toros… Du coup, tout le monde a fracassé, mais il n’y a qu’un seul perdant : le public. Des vedettes, seuls Ponce et Juli s’en sortent un peu. L’un parce qu’il a eu « un coup d’honneur », qui lui est plus familier qu’on ne croit. L’autre parce qu’il a démontré, une fois de plus, sa caste face à un toro difficile et violent. Pour le reste : Jose Tomas est le gros perdant, à la fois dans l’arène, et sur le tapis vert. Joselito s’en fout. Caballero s’en sort, tout juste, et Victor Puerto devra tout reconstruire.

     Que va t’il donc se passer à Madrid ?
     La première feria du monde, avec ses 30 jours de toros, consécutifs, dont plus de la moitié sont d’insupportables « tostones », va débuter le 11 mai. Toutes les figures seront là et rejoueront, face à un public probablement plus hargneux que jamais, une « deuxième manche » qui sera, pour certains, capitale. Jose Tomas, notamment, est obligé de « se sortir les tripes » dans une plaza qui n’a pas oublié ses écarts de comportement de l’an passé. Loin d’arriver en force et en forme, le diestro de Galapagar se présentera fragilisé par les échecs répétés du début de saison, et pas mal de « casseroles » attachées à son nom… Madrid sera terrible, mais on sait que la personnalité de Jose Tomas est telle, qu’il peut « la retourner » en trois véroniques et cinq naturelles. La question : Est il encore capable de les donner ?

      On verra tout cela, l’important étant actuellement, ce qui se passera « entre les deux tours »…
     Outre le galop d’échauffement que constituera la Feria de Jerez, qui débute le 7 mai ; Outre les mini ferias de la Comunidad, à Madrid, et de l’Ascension, à Nîmes… cet « entre deux tours » sera marqué par ce qui doit être un gros moment : Un jeune torero prend seul, dimanche, six toros, en plaza de Madrid. Il s’agit de Cesar Jimenez.
     Quel que soit le sentiment que l’on éprouve à l’égard de l’artiste ; quelles que soient les conditions optima et les garanties recherchées pour un succès, on doit considérer avec un énorme respect ce véritable « challenge contre soi-même » qui consiste à lidier en unico espada, six toros ou novillos en plaza de Las Ventas.
     Cesar Jimenez est il « torero de six toros » ? Malgré le soin extrême qu’on aura mis à sélectionner les six Fuente Ymbro de Madrid, Cesar Jimenez a t’il le recours suffisant pour lidier, réellement, six toros, devant la plus exigeante Aficion du monde ? D’autres, plus musclés que lui, s’y sont cassés les dents, et ce que nous lui avons vu, notamment lors du concours de San Sebastian,  ne peut qu’inquiéter.
     Les points forts : La cape, la « facilité muletera », l’élégance, l’ambition, le courage. Les points faibles : la « facilité muletera », l’élégance à tous prix, l’ambition… l’uniformité et l’épée ! Lidier six novillos, implique un perpétuel crescendo et une variété torera en totale adéquation avec les qualités et défauts du ganado proposé.

     Que Jimenez puisse prendre six novillos d’affilée, nul ne le doute. Qu’il puisse y être « vraiment bien », c’est une autre question…
     On l’a trop vu « débuter en trombe » avec la cape, puis « flotter un peu » dans la lidia. On l’a trop vu commencer formidablement ses trasteos, à genoux ou debout, pour ensuite « aller a menos », sombrant souvent dans la facilité, voir la marginalité. On l’a trop vu se faire bousculer, accrocher, par manque de dominio, faisant longuement dans « le joliet » plutôt que l’efficace et le poderoso. Et, on l’a trop vu « pincher beaucoup », et de vilaine manière, terminant dans un état physique et moral inquiétants, pour ne pas se poser quelques questions devant un tel combat. Le novillos de Fuente Ymbro sortent magnifiquement, cette année. Mais ils « exigent » beaucoup, et six de cet acabit, c’est un sacré morceau à avaler, surtout devant une Madrid qui va déjà préparer ses griffes, face aux présupposés « montages » des vedettes, qui ont fait si mal à Valencia et Sevilla.
     En tous cas, il ne suffira pas d’être le plus élégant, voire théâtral, au moment du brindis. Il faudra laisser à la maison, le miroir dans lequel on aime à se regarder. Il faudra « faire court », et chaque fois, montrer quelque chose de nouveau, en accord avec les conditions de la lidia… En référence parfaite : Paco Camino, à la Bienfaisance de 1970. On n’a jamais fait mieux, à Madrid. Le nouveau « Niño Sabio », en est il capable ? On le lui souhaite, mais on en doute.
     A 18 ans, Cesar Jimenez va jouer « à la roulette russe », dimanche. Six coups dont il aurait pu se passer. Que haya mucha, pero que mucha suerte !

     28 Avril : Madrid (Las Ventas) – Six novillos de Fuente Ymbro, pour Cesar Jimenez, en unico espada.

 

VALENCIA ET SA VIERGE… DESEMPARES !

     25 Avril : La polémique est servie ! On nous refait le coup de la corrida mixte : Un cavalier, un matador, un novillero. Cela nous fait penser à ce qui remplit plusieurs escarcelles en 1980/81 : Joao Moura, Curro Romero et Pepe Luis Vazquez…
     Aujourd’hui, on nous refait le coup, pour « surprotéger » le fils de Manzanares… Montage de « spectacle » mixte, avec Pablo Hermoso de Mendoza, indéniable figuron du Rejoneo ; Un matador vedette « du coin », et Jose Mari Manzanares, en vedette.
     Comment gagner sur toute la ligne : Financière, médiatique et technique ? Trois tauromachies, trois lidias, trois ganados… Les aficionados auront déjà du mal à s’y retrouver, alors imaginez « le grand public »… Ce montage permet toutes les outrances (on vient de le voir à Zaragoza), tout en apportant au jeune prodige d’incalculables facilités : Toréer à plein tarif, avec un statut de vedette ; Compléter son entraînement, sa préparation, en prenant du « très sélectionné et très réduit », sans qu’aucun autre novillero ne puisse lui faire de l’ombre…

     Le prochain épisode de ce charmant feuilleton se déroulera à Valencia, à l’occasion de la Fête de la « Virgen de los Desemparados », patronne de la ville (C’est pour cette raison que nombre de Valencianas s’appellent Amparo. « Elémentaire, mon cher Watson ! »)
     Cela a quand même failli coincer un peu, la Comunidad ne marchant pas, au prétexte que « le pliego de condiciones » (le cahier des charges) sur lequel la nouvelle Empresa avait été élue, spécifiait que, pour le jour de la Sainte Patronne, il y aurait corrida, avec six toros. Là, on en proposait quatre (Deux pour Hermoso, deux pour Vicente Barrera, triomphateur des Fallas), et deux novillos, pour Manzanaresito !  
    
Pour cette simple raison juridico administrative, les politiques firent le gros dos, au point que l’empresa, pour rester dans les clous, envisagea même, de mettre trois toros au cavalier et  trois au matador, la vedette revenant bien sûr, au novillero et ses... deux novillos.
     Il semble que cela se soit arrangé, et le cartel définitif sera donc le suivant :
     11 Mai - Valencia -  Fête de la Vierge des Désemparés (la bien nommée) : Deux toros de Fermin Bohorquez, pour Pablo Hermoso de Mendoza – Deux toros de Manolo Gonzalez (de ceux qui furent refusés à Séville), pour Vicente Barrera – Deux novillos de Torrerstrella, pour Jose Mari Manzanares Junior.
     12 Mai : Novillos de Bernardino Piriz, pour Matias Tejela, David Galan et le valenciano Miguel Fuentes.(Une novillada "normale", elle!)

 

AH! LEON, LEON, LEON…

     25 Avril: « Voyez-moi ça ! » Ce que les grandes empresas n’arrivent pas à monter, et n’arriveront pas à même imaginer… une petite plaza l’organise. Certes, les conditions seront autres. Certes, le danger est moindre, et les répercussions plus « feutrées »… Mais, ce que Séville, Madrid ou tout autre empresa « de poids », n’a pu réussir… Leon l’a fait : Réunir en un même cartel, le même jour, dans le même ruedo Joselito, Enrique Ponce, Jose Tomas et El Juli ! 
     Même « Simon » n’a pas osé le tenter…
     Bien sûr, on imagine que les toros de Domingo Hernandez et Zalduendo, seront « à la mesure » de l’événement… mais, à ce niveau, tout le monde sera au diapason (et l’on a peut-être vu « pire », à Séville), et tout le monde devra se sortir les tripes, pour supplanter les trois autres… Alors, Leon sera peut-être un précurseur !  « Sacré Leon ! »

Feria de Leon 2002 :
     22 Juin : Toros de Garcia Gimenez Hermanos, pour Finito de Cordoba, Eugenio de Mora, Javier Castaño
    23 Juin :  8 Toros de Domingo Hernandez et Zalduendo, pour Joselito, Enrique Ponce, Jose Tomas et El Juli.
     24 Juin : Toros de Luis Algarra, pour Manolo Caballero, Rivera Ordoñez et El Cordobes.

 

MORANTE : CINQ PASEOS, DE TOUTES LES COULEURS…

     25 Avril : Le Morante de la Puebla vient de s’envoler pour le Mexique, où il va toréer cinq fois en douze jours. Retour prévu, le 5 mai à 18 h, à l’Aéroport de Séville (Qu’on se le dise !)
     Cinq paseos : les 25 et 28 Avril, à la Feria d’Aguascalientes ; le 30, en plaza de Torreon ; le 2 Mai, au festival de Leon (ah ! Leon, Leon, Léon…), et le 4 Mai, en corrida, à Pachuca.
     Pour ces dames et les amateurs « de couleur taurine », on précisera que le Morante à emporté dans ses bagages quatre costumes de lumières et deux trajes cortos. Les ors s’accompagneront de rouge sang, de bleu roi et de blanc « écume de mer ». Le quatrième traje sera « de lie de vin et noir ». Pour ce qui est du festival, on choisira entre « marron » et « vert olive ».
     Certains trouveront ces détails vestimentaires totalement superflus… Ils ont, à la fois, raison et tort, car « être torero », c’est aussi se bien vêtir. Donc, ils n’ont qu’à aller… se rhabiller !
   Allez, ne râlez pas, ce n'était que l'occasion de faire un jeu de mots... Ooooh! Que vous êtes susceptibles, en ce moment!           

 

FLOIRAC: LES TROIS POINTS !

     26 Avril : Si l’on met à part la corrida matinale de Rejoneo, et l’occasion de revoir avec plaisir le jeune Alvaro Montes, la journée de Floirac est importante, car elle permettra à chacun de faire le point sur trois noms, sur trois toreros à l’aube de la « temporada grande » sur notre territoire.
     Trois noms, trois toreros, trois situations totalement différentes et… trois points d’interrogation : Zotoluco, El Juli et Juan Bautista.
     Dimanche, en bords de Garonne, il ne faut guère s’attendre à des foudres de guerre, du côté Montalvo. Ils ne l’ont jamais été. On peut imaginer des toros lourds, (peut-être « balourds »), armés « comme ça », nobles et un peu sosos. Une prière… pourvu qu’ils tiennent debout.

     Zotoluco… vit un début de saison « calvaire ». Numéro Un au Mexique, il s’est fait une place en Europe, en deux saisons constellées de dignes prestations, face à des corridas très dures. Pour exemples : Les Victorinos 2000 à Valencia ; les deux dernières Miuradas de Pamplona ; la Miurada 2001, à Séville.  Les seuls à lui savoir gré de cet engagement, de ce pundonor… sont les français. Et il est tout à fait normal que l’on reconduise celui qui s’est montré « torero », chaque fois que son nom était au cartel. C’est ainsi que Arles, Nîmes, Vic ont naturellement fait confiance au Mexicain.
     Il n’en n’est pas de même de l’autre côté des Pyrénées, surtout après la Miurada de Séville, où tout succès était interdit. Ajoutons à cela la « très » mauvaise volonté de l’empresa madrilène, à l’heure de l’inclure à la San Isidro, et l’on a un Zotoluco, sur le banc de touche, avec en tout et pour tout les cinq contrats français (Floirac, Vic, les deux de Nîmes, et Arles en septembre) et « la » corrida de Madrid, le 7 Juin. Rien d’autre à l’horizon, signale la presse mexicaine, qui commence à la trouver « mauvaise ». Il y avait bien quelques bruits intéressants, en particulier du côté de Pamplona… mais rien n’est confirmé, à ce jour.
     La corrida de Floirac ne changera guère le panorama, mais elle permettra néanmoins de voir le torero aztèque, face à du « plus doux »… ce qui sera, pratiquement, la première fois. N’allons pas à rêver « jusqu’à » l’Oreille d’Or, mais Zotoluco, à n’en pas douter, la visera.

     La problématique d’El Juli est différente : Il « est » tout ! Il « a » tout ! Et pourtant… il n’est pas aimé ! La cosas como son ! Juli est admiré, on lui reconnaît son statut de figura, de phénomène, mais il n’a pas l’affection du public, comme pouvaient l’avoir, dans nos régions, un Paquirri, un Cesar Rincon… Il n’est pas entré dans le cœur des gens. En Espagne, il remue les foules, et pourtant… chacun de ses triomphes paraît « normal », et n’ouvre aucun crédit. La fois suivante, il doit, à nouveau, « re »conquérir le public. Cela fut flagrant, à Séville, qui se comporte très durement avec lui. Dans le Sud Est, Arles notamment lui a ouvert une partie de son cœur… Dans notre Sud Ouest, le Juli n’est pas encore « totalement rentré ».
     Floirac sera l’occasion de vérifier l’éventuelle complicité du Juli et du public aquitain. A n’en pas douter, il lui sera beaucoup exigé, car son début de saison est « normal », voire laborieux.

     Juan Bautista, lui, joue « beaucoup ». Soit parce que le garçon « n’y est pas », soit parce que les toros ne lui permettent pas autre chose, son début de saison est des plus discrets. Une oreille en quatre corridas, c’est peu, mais ce n’est pas le plus important. Le plus ennuyeux, c’est la manière avec laquelle il n’a pas coupé les autres… et les critiques de Castellon, Arles et Barcelone  n’étaient pas forcément tendres…
     Il faut attendre. Bautista est un torero styliste, qui doit marcher « au cœur », plutôt qu’au canon… A tout instant il peut se retrouver, et convaincre. Sa saison sera dure, avec quelques défis gratinés, comme les Palha de Madrid, les Victorinos de Bayonne, en mano à mano avec Fernandez Meca. Des défis personnels, que l’on souhaitent « gages de confiance », et non « planches de secours »… L’Oreille d’Or est là, dimanche, à Floirac. Il faut la conquérir ! Jalabert sera bon, ou carrément mauvais. Bon !  Mais on ne lui pardonnera pas d’être « en demi teinte ».

     Trois toreros, trois hommes qui, à Floirac, « se jouent » plus que l’on ne croit. A suivre donc, avec grand intérêt, en espérant que le public aura encore « un peu progressé ». Mais ça….

     28 Avril – Floirac : Corrida de Rejoneo, le matin, avec  Alvaro Montes, Rafi Durand et Joao Moura Caetano, face à du Laget.
     28 Avril – Floirac : Toros de Montalvo, pour Zotoluco, El Juli et Juan Bautista.

 

AGUASCALIENTES : DEPART... TIEDE!

     26 Avril : La Feria de San Marcos a débuté hier, en plaza monumental d’Aguascalientes, au Mexique. Huit corridas importantes qui réuniront les principales vedettes aztèques, que viendront rejoindre Juli, Morante de la Puebla, Antonio Barrera. (A noter que le Zotoluco et le Juli prendront l’avion quelques heures après Floirac).
     Journée souvenir, hier : Le 25 avril 1982, Curro Rivera fêtait, en plaza d’Aguascalientes, sa 1000ème corrida. Pour ce faire, il toréa six toros de sa ganaderia, l’après-midi, et six autres, de différents fers, en nocturne. Vaya cumpleaños mas torero, no ?

     La feria 2002 a mal commencé. La corrida prévue, de Begoña, a été remplacée par une de Mimiahuapan, qui, malgré quelques ébauches de bravoure, a mal conclu, au troisième tiers. Seul, le vétéran Jorge Gutierrez a pu arracher une oreille.

     25 Avril – Aguascalientes (Mexique) – Première de la San Marcos – Plus de media plaza : Six toros de Mimiahuapan, correctement présentés, braves, pour certains d’entre eux, mais finissant « asperos », courts, se retournant dans les mollets, parfois faibles, tardos ou carrément arrêtés.
     Jorge Gutierrez a coupé la seule oreille de la journée, après une faena de bagarre et de bonnes passes isolées, au toro « Recuerdo »…qui n’en laissera guère. Trois quarts de lame, et un gros « ouf ! ». Face au premier, parado… stop !
     Rafael Ortega réapparaissait après sa cornada de Texcoco, en mars. Il s’est battu comme un chien, dans les trois tiers, mais pour peu de résultats. Il dut abréger, face au deuxième, très désordonné de charge. Par contre, le cinquième manifesta un curieux changement de comportement : Très brave au cheval, avec un batacazo à la clef, le toro se mit soudain à trottiner de tous côtés, au moment de la faena. Ortega essaya en vain de le bloquer dans « un coin du ruedo »…
     Morante de la Puebla faisait le premier de ses cinq paseos. On ne vous dira pas de quelle couleur il était vêtu… mais, par contre, les commentaires sur son actuacion, seront rapides : Premier toro faible, protesté. Deuxième, aspero… Total : No paso « vraiment » nada !

     Les prochains cartels d’Aguascalientes :
     26 Avril (en nocturne) : Toros de La Venta del Refugio, pour Fermin « Armillita », Miguel « Armillita Chico » et Luis Fernando Sanchez.
     27 avril : Toros de De Santiago, pour Fernando Ochoa, Antonio Barrera, Ignacio Garibay.
     28 Avril : Toros de Gonzalo Vega, pour Miguel « Armillita Chico », Jeronimo et Morante de la Puebla.
     1er Mai : Toros de Real de Saltillo, pour El Juli, Fernando Ochoa et Jose Maria Luévano.
     3 Mai : Toros de Losq Encinos, pour Fermin « Armillita », Zotoluco et El Juli.
     4 Mai : Toros de Mimiahuapan, pour Zotoluco, Rafael Ortega et Antonio Barrera.
     5 Mai : Toros de Tequisquiapan, pour Eloy Cavazos, Jorge Gutierrez, Oscar San Roman, et la rejoneadora Monica Serrano.       

 

LA TRISTE TRANSITION…

     27 Avril : Tandis que les rues de nos villes vont se peupler de « démocrates », repentis ou soudain enragés, la planète taurine, elle, va vivre un week end « de transition ». Et beaucoup plus sagement.
     Certes, il sera peut-être « capital » pour Cesar Jimenez, qui joue gros, demain, à Madrid, face à six novillos de Fuente Ymbro. A priori, il ne peut pas fracasser, et on ne le souhaite pas, bien sûr. Deux sorties possibles : Le Triomphe total, ou le « estuvo bien ! ». On souhaite le premier ; on craint le second.
     Cesar Jimenez a suffisamment de tête et de recours, pour passer l’épreuve. Deux risques, toutefois : La froideur, due à une actuacion « calculée », ou, au contraire, la cogida, le mauvais coup, à cause d’un soudain emportement. Pas la cornada, mais la voltige et la paliza qui en découle. C’est le risque, en début de corrida. Tout serait alors faussé. Reste le point d’interrogation de l’épée. A suivre donc.

     En attendant, un samedi de transition, avec deux points « d’attraction » qui traduisent bien l’état dans lequel se trouve la Tauromachie actuelle.

     A Brihuega, cet après midi, Joselito, Jose Tomas et Abellan vont prendre la énième corrida de Garcigrande de la saison… Combien donc le ganadero a t’il de lots pour 2002. 50 ? Que va t’il donc sortir à Brihuega ? Ratones con platanos ? Quand on voit le scandale de Séville, feria de première importance, on peut tout craindre à Brihuega…
     Enfin ! Joselito se réveillera t’il, peut-être ! Jose Tomas arrivera t’il, peut-être, à mener une faena complète ! A moins, qu’encore une fois, Miguel Abellan n’arrive, et leur « mette un bain ». Attention à celui-là ! il pourrait bien faire du bruit, en sa plaza de Madrid. « Casta tiene ! », et Séville a révélé qu’il a encore « épuré » son toreo. Avec Eugenio de Mora, il est le seul à sortir « en hausse » de Séville. Cela ne plaît peut-être pas forcément, mais c’est ainsi.

     A Pozoblanco, plaza tristement entrée dans l’Histoire, un triste soir de septembre 84, il y aura corrida mixte : Un cavalier, Pablo Hermoso de Mendoza, et deux matadors, Jose Pacheco, El Califa, et… devant lui, Manuel Benitez Perez « El Cordobes ». Les toros seront de Joaquin Barral. Là aussi, on imagine le trapio.
     A la limite, peu importe ! Même une becerra peut faire très mal. Cependant, c’est le triste panorama du énième retour du Cordobes, qui fait peine.
     Bien sûr, il est torero. Bien sûr, il a été un phénomène,et, à 65 ans (officiels), il reste un phénomène. Cependant, quand on l’a suivi avec passion, dans les années 65/70, on ne peut que regarder tristement les efforts d’un homme qui n’est pas arrivé à se retirer en pleine apogée, et qui se voit obligé d’exécuter « des tours de souplesse dorsale », pour encore attirer les regards, au risque de « péter une durite », ce qui ne manque pas d’arriver, régulièrement, depuis plusieurs années…
     El Cordobes va se retirer, le premier juin, à Cordoue. Donc, pour préparer cette soirée d’adieu, il va toréer plusieurs courses, dont Palavas, le 1er Mai, et le mano a mano, avec Ojeda, à Nîmes, le 17… Et tout au long de ce mois de mai, une question : « Manuel Benitez arrivera t’il à Codoue, le 1er Juin ? On le lui souhaite, bien sûr ! Mais l’histoire des précédentes réapparitions peut faire craindre le contraire. Veremos, pues…

     En tous cas, curieuse symbolique de la Tauromachie d’aujourd’hui ! A 65/67 ans, un torero, dont le moins que l’on puisse dire est qu’il brûla maintes chandelles par tous les bouts, peut faire le paseo, ainsi, et se montrer « presque » à son avantage, avec la toro d’aujourd’hui… Vraiment un autre signe que cela « va pabajo ! »
     El Cordobes est né, officiellement, le 10 Décembre 1937. Il arriva très tard, à la tauromachie : Premier costume de lumières, à Talavera, en Août 1959 ; Présentation en piquée, le 7 Août 1960, à Cordoue ; Alternative, le 25 Mai 1963, à Cordoue, des mains d’Antonio Bienvrenida, et de Jose Maria Montilla. Le toro, de Samuel Flores, s’appelait « Palancar ». Il a 26 ans.
     La confirmation d’alternative, le 20 Mai 64, et sa grave blessure, par le toro « Impulsivo », en direct à la Télé, devant des millions de spectateurs, vont également confirmer l’énorme impact médiatique de ce « yéyé » de la Tauromachie. De 65 à 1970, il va règner sur la planète « Toros », multipliant les outrances, les caprices, les nuits de javas, les petits matins embrumés… mais également d’énormes faenas, de fantastiques coups de génie, le tout enveloppé d’un immense sourire, d’un sens inné de la communication avec les masses. Un géant ! On pouvait l’adorer, ou le détester au plus haut point… mais il ne laissait personne indifférent. Par ailleurs, nier ses qualités de torero est d’une absolue mauvaise foi. Il était « différent », certes, et ceux qui ont essayé de le singer, y compris son fils naturel, s’y sont cassé les dents…
     Voilà pourquoi, c’est avec un peu de tristesse que l’on voit le « vieux Manuel » avoir tant de peine à « passer la main » trouvant toujours quelque « homme d’affaires » capable de le montrer encore, comme un vieil ours décharné qui fait de pauvres tours, sur une place déserte.
     L’ours est un magnifique animal, noble et puissant… Le voir ainsi muselé, se dandiner au son d’un pâle violon, fait peine à voir.
     Manuel Benitez a été un géant, un génie. Ceux qui vont le voir, aujourd’hui ne sauront jamais ce qu’était « El Cordobes ». Quant à ceux qui ont vécu « Nîmes, en 64 », ou Bayonne, le 21 Août 1966 (avec Viti et Hernando), ou encore les gros triomphes de Madrid, sans parler de Bilbao. (Parce que, contrairement à « uno que yo me sé »… il était présent, à Bilbao, lui !)… Quant à ceux-là, donc, il est probable qu’un pauvre sourire illuminera leur regard sur toutes ces années qui ont passé, et soudain… pèsent beaucoup.
     Oui, décidément… Il est bien dur de "franchir le pas"…

 

TELS QUE PREVUS…

     28 Avril : Le samedi taurin s’est déroulé tel que prévu. A Brihuega, la plaza de La Muralla s’est emplie jusqu’au toit (7000 spectateurs) et les toros ont fait leur devoir : Faire triompher Jose Tomas. A Pozoblanco, Manuel Benitez a coupé trois oreilles, mais la plaza était a moitié enmplie.
     Par ailleurs, on note l’indulto d’un toro de Nazario Ibañez, par Pepin Liria, en plaza de Yecla ; la vuelta posthume à un toro de Los Millares, en plaza d’Alcantara, et les gros triomphe de Victor Puerto. Deux rabos d’un coup, cela fait du bien dans le ragoût.
     Pas de blessé grave durant cette journée, sinon le violente cogida, avec projection contre les planches, de Fernando Galindo, en plaza de Bargas, près de Tolède, tandis qu’il actuait aux ordres de Arturo Macias. On a craint, un moment, un grave problème du côté des cervicales. Mais tout semble se réduire à un gros choc et des ligaments distendus.
     Malheureusement, on soulignera la petite entrée, à Zaragoza, pour le traditionnel festival bénéfique de ATADES. Zaragoza a perdu Aficion et générosité, et c’est grand dommage.

     27 Avril – BRIHUEGA (Guadalajara) – No Hay Billetes : Quatre toros de Garcigrande (1,3,5,6ème) et deux de Domingo Hernandez (2 et 4ème). La corrida entière est sortie, très moyennement présentée, et «très discutable » au plan armures. Noble, mais faible. Au moral, Jose Tomas toucha le bon lot, les 4 et 6ème se montrant mansos avisées qui ne permirent rien à leur matador respectif.
     Joselito (Grande ovation avec pétition – Silence après un avis) a été remarquable avec le capote : Longue séquences de bonnes véroniques ; quite par chicuelinas. Faena classique, avec de bonnes choses à gauche. Le toro mettra du temps à tomber, après l’estocade, et le président refusera l’oreilles demandée. Par conte, le quatrième est un manso que Joselito ne pourra mettre dans sa muleta.
     Jose Tomas (Palmas – 2 oreilles) aurait du triompher également à son premier : De grandes naturelles du temple, de la quiétude. Hélas, le toro changea, sur la fin : impossible à cadrer – La faena au cinquième fut triomphale, du début à la fin : Essentiellement gauchère, avec des cites de loin, chaque série se concluant par de grands pases de pecho. Tuant vite, Jose Tomas coupe deux oreilles qui maintiennent le suspense, avant Madrid.
     Miguel Abellan (Deux oreilles – Applaudissements) se montrant très volontaire face à un mauvais lot. Il réussit à « accrocher » son premier, faible, mais ne put « qu’essayer », vaillamment, devant le manso dernier.
     Une corrida « de gala », aux portes de la capitale, dont les aficionados liront le résultat, l’esprit en point d’interrogation.

     27 Avril – POZOBLANCO -  Media Plaza : Deux toros de Guardiola, pour le cavalier en plaza, Pablo Hermoso de Mendoza, qui connut quelque danger : Ovation et deux oreilles – Quatre toros de Barral, normalement présentés, mais armés « pour la circonstance ».
     Manuel Benitez  « El Cordobes » a fait son show, mettant grande ambiance dans la plaza, arrachant quelque série magique, à chaque toro, au milieu d’un fatras de trapazos et enganchones. Le quatrième l’enferma, au capote, et le prit vilainement, le recherchant longuement au sol. La taleguilla en charpie, le Cordobes revint au combat, et mit le feu : Oreille et deux oreilles.
     El Califa fut dépassé par l’ambiance « cordobesista ». Eteint, face au troisième, incommode, il obtint l’oreille du dernier pour quelque série bien tirée, les pieds rivés au sol.

     27 Avril – Alcantara (Caceres) : Corrida inégale de Los Millares, dont on honora le cinquième de la vuelta posthume. Gros succès de Victor Puerto, qui coupe quatre oreilles et deux rabos (Bon pour le goal average) – Rafi Camino obtient trois oreilles et Luis Viches, les deux trophées du dernier toro.

     27 Avril – Yecla (Murcia) : Pepin Liria a obtenu l’indulto, la grâce du toro de Nazario Ibañez  - « Leñenero », N°67 – excellent en tous points. Deux oreilles et la queue, symboliques, pour le diestro de Cehegin, tandis que Javier Conde était applaudi, et que le jeune Jorge Ibañez obtenait les deux oreilles du dernier.

 

« UN PEU COURT, JEUNE HOMME… »

     29 Avril : Depuis le début de saison, on vous rapportait, à l’inverse de la majorité des chroniques, une certaine crainte, concernant Cesar Jimenez. Partout, et surtout à San Sebastian, les lauriers l’inondaient, mais nous vous disions notre déception, et notre scepticisme, lorsque l’on annonça : six toros, en unico espada, à Las Ventas (voir chronique du 25 avril).
     Malheureusement, toutes les craintes se sont confirmées, hier, à Madrid, et la sortie à hombros, en partie protestée, ne peut en rien tromper le torero, ceux qui le guident, ceux qui lui font ovation parce qu’il est élégant… au moment du brindis.
     Il est arrivé à Cesar Jimenez, le pire qui pouvait lui arriver : être moyennement bien, presque mal, avec un lot extraordinaire de novillos. La presse, aujourd’hui, est unanime, et le commentaire général est : « Trop court, jeune homme ! »
     Cesar Jimenez « avait rêvé » une autre histoire… Il s’était vu mesurer chacun de ses gestes, étudier chacune de ses attitudes, déambuler dans le ruedo de Las Ventas, la main sur la hanche fleurie, toisant les toros et le public, d’un air supérieur. Hélas, les toros, un à un, lui ont fait sentir que l’important, dans de telles circonstances, est « d’avoir les pieds sur la terre », et de bien s’y arrimer. Le public et la presse ont vu un torero facile, froid, un poil hautain, qui, à chaque fois, alla « de mas a menos », tandis que ses adversaires, eux, se grandissaient en caste et en noblesse. L’arrogance, ici, n’était pas de mise, et Cesar Jimenez l’a appris hier, à ses dépens.
     Ce gros revers, même si les photos "a hombros" au porche de Las Ventas fleurissent, à grand coût, sur les pages de publicité des revues taurines, est il un coup d’arrêt à la carrière de Cesar Jimenez ? Bien évidemment non ! En d’autre époque, cela lui aurait fait beaucoup de mal. Cependant, notre mundillo actuel, fait d’échanges et de montages divers, permettra au jeune torero de poursuivre sa marche en avant… presque comme si rien n’était arrivé. Cependant, beaucoup vont changer leur regard… et c’est maintenant que « le jeune ex-futur prodige » aura besoin d’appui, d’encouragements. Car, ceux qui l’encensaient aveuglément, hier, ne manqueront pas de devenir ses pires détracteurs, demain…
     L’alternative est là, toute proche. Une chance, peut-être : Le toro mettra plus en évidence ses qualités. Mais attention, le toro ayant plus de sentido, réfléchissant plus, se déplaçant plus lentement, l’un des défauts essentiels de Jimenez risque de lui jouer de très mauvais tours, et  lui valoir pas mal de courbatures. Ce défaut ne date pas d’hier. Il a pour nom : manque de dominio, et Cesar Jimenez l’a appris hier, bien amèrement.

     28 Avril – MADRID (Las Ventas) – Une demi arène – Grand beau temps chaud, avec un peu de vent : Six novillos inégalement présentés et armés de Fuente Ymbro (514, 514, 451, 483, 498, 492 kgs). A part le premier, violent et incommode, les Jandilla firent peruve d’une qualité croissante en caste, bravoure et noblesse, les trois derniers sortant « supérieurs » pour le torero. Gros triomphe ganadero, avec une vuelta posthume au 5ème, « Inventor »- N°27, et salut au mayoral, en fin de lidia, tandis que le torero sortait à hombros, sous quelques fortes protestations.
     Cesar Jimenez (Rose pâle et or) s’est montré très froid, face aux trois premiers. Il fit étalage de son répertoire habituel, mais rien ne fonctionna réellement. « Peciosista » ou « Sin angel », sont des qualificatifs qui traduisent cet espèce de flottement constaté. Le coup de rein, face au cinquième, n’aura pas suffi à relancer la machine, et l’ensemble de sa prestation est unanimement commenté : « de mas a menos » !
     Le premier, qu’il avait bien reçu à la cape, l’accrocha dans un quite par chicuelinas. Le capote ne lui sourit plus, de toute la tarde, et il faillit se faire écharper, dans sa deuxième larga, au cinquième novillo. Des débuts de faena prometteurs, quoique sans grande variété, (par trois fois, il commença les deux genoux en terre), puis un toreo répétitif, souvent accroché, « sans peser » sur le toro. La faena au cinquième débuta par trois passes changées, dans le dos, et fut la plus engagée. Cependant, il n’y eut pas le faenon que méritait le grand novillo. A l’épée, il n’y eut pas de grosses difficultés. A noter la dernière estocade, le novillero sortant accroché, désespéré de voir lui échapper le succès rêvé.
     Au bilan, le public s’est montré exigeant, dur, mais également généreux, respectant le grand exploit qui consiste à s’enfermer, seul contre six, dans la «Cathédrale » de Las Ventas. Le résultat « sec » de Cesar Jimenez est le suivant : Division – Division en saluant – Légère pétition et ovation – Avis et ovation – Une oreille – Une oreille légèrement protestée, comme le fut la sortie a hombros, par la grande porte.
     Il faut, maintenant, tirer les conséquences de ce « triomphe malheureux », et repartir de l’avant… Peut-être « un mal, pour un bien » !

 

JUAN BAUTISTA REMPORTE L’OREILLE D’OR, A FLOIRAC.

     29 Avril : Voilà un succès qui arrive au bon moment, pour un Juan Bautista qui inquiétait un peu ses plus fidèles fervents. L’aube de cette temporada, décisive, s’était levée, bien grise et le toro « Saqueador », sorti, hier à Floirac, aura permis à tous de se rassurer. Tout d’abord, fort probablement, le torero lui même, qui put enfin « s’abandonner » dans un torero limpide, lié, parfois profond. Le public, ensuite, qui put l’ovationner, sans détour. Actuacion complète du français,  et un gros coup d’air pur… celui du triomphe torero.

     « Oreille d’or » pour juan Bautista, à Floirac, tandis que le reste de l’actualité parlait de nombreux trophées en des plazas de moindre calibre, et de la bonne présentation à Séville de Luis Vital Procuna. Au Puerto Santa Maria, un torero local prenait l’alternative. Qu’il garde bien la photo de sa sortie a hombros, car il sera dur d’en fixer d’autres sur le papier du souvenir.

     28 avril – FLOIRAC – Corrida de l’Oreille d’Or – Gros ¾ de plaza – Temps gris pluvieux : (de notre correspondant). Corrida de Montalvo, de présence fort irrégulière, en majeur partie faible et sans caste, sauvée par un grand toro, le troisième, « Saqueador », dont la dépouille fut honorée d’une vuelta posthume.
     Zotoluco, gris comme le temps, écouta le silence à son premier et fit un réel effort au quatrième, recevant une ovation, après un avis – Le Juli fit preuve d’abattage, face au deuxième, dont il coupa l’oreille, mais ne put rien face au cinquième, arrêté. Silence – Très bonne faena de Juan Bautista au noble troisième : Lié, templé, le sourire dans les yeux, enfin. Pour conclure, un bon recibir, et deux oreilles logiquement accordées. Le français se montra également à son avantage face au sixième, mais une demi douzaine de descabellos lui firent perdre tout trophée, mais pas une bonne sortie a hombros..

     28 Avril – Floirac -  Corrida de rejoneo, en matinée – Petit entrée : Quatre novillos du Laget et deux de Blohorn. On donna Vuelta au bon troisième.
     Alvaro Montes ne devrait pas toréer. Sa lésion est loin d’être guérie, et sortit dans ses conditions ne peuvent le conduire qu’à l’échec. Silence, par deux fois – Rafi Durand, plein de verve, coupa une oreille à chaque toro – Joao Moura Caetano fit une grande présentation, coupant trois oreiles.

     28 avril – Saint Martin de Crau : Corrida très âpre, de Marget/Yonnet. Denis Loré se montre à la hauteur, coupant au quatrième, la seule oreilles du jour. Miguel Rodriguez et Jose Ignacio Ramos sont ovationnés à leur second adversaire.

     28 avril – Puerto Santa Maria : Corrida de Martelilla, de peu de présence. Alternative du local Jose Manuel Berciano, face au toro « Currito », de 495 kgs. Oreille à chaque fois pour le nouveau matador, qui fut porté par le public, mais se révéla bien vert et « court en tout » - Le parrain, Vicente Barrera, toréa longuement ses deux toros, liant un bon trasteo au deuxième, et se mettant sur le quatrième, en insistant un peu lourdement. Oreille chaque fois – Javier Conde toucha le mauvais lot. Il ne voulu pas voir son premier, mais s’accrocha enfin, et donna, au cinquième, les beaux gestes toreros de la journée.

     28 avril – Mora de Toledo – Plein : bonne corrida de Carlos Nuñez, avec vuelta posthume au cinquième - Finito de Cordoba : Trois oreilles – Manolo Caballero : Deux et deux y rabo – Eugenio de mora : Deux oreilles et rabo, puis ovation au dernier.

     28 avril – Talayuela (Caceres) – Plein : Corrida très dure, mansa, de Castilblanco – El Cordobes coupe l’oreille du quatrième, et Padilla, celle du cinquième – Auparavant, Antonio Ferrera obtient le trophée du troisième, et l’on frise l’émeute, le public réclamant « beaucoup plus ».

     28 avril – Sevilla – Novillada - Bonne media plaza : Présentation du portugais Luis Vital Procuna qui a surpris les Sévillans par sa… vitalité : Deux portagayolas, des banderilles vibrantes, un gros engagement à la muleta. Il coupe une bonne oreille au dernier de la soirée, après avoir entendu une ovation au toro de la présentation. A revoir, ici – Enrique Peña et Antonio Fernandez, se sont montrés sans grandes qualités, devant une novillada d’El Serrano, très inégale. 

 

« J’AI FAIT UN REVE…. »

     30 Avril : « I had a dream… » Cette phrase du grand Pasteur Martin a marqué l’Histoire des USA, au moment où la Honte… était au Zénith. La singer, la paraphraser serait sacrilège. Cependant, l’emprunter respectueusement pour l’adapter à un 1er mai tricolore, ne saurait aucunement lui faire injure… Aussi, « j’ai fait un rêve » !
     J’ai rêvé que le muguet fleurissait vraiment, pour tous ! J’ai rêvé que les rues du 1er Mai regorgeaient de sourires et d’espoir. J’ai rêvé que la vie était le fruit de l’Amour, de l’honneur et du travail…
     J’ai rêvé que la politique était vraiment « la bonne marche de la Cité ». J’ai rêvé que « les politiques » faisaient, selon le côté où ils penchent, de vraies politiques de gauche ou de droite…
     J’ai rêvé que les élèves, à l’école, étaient avides d’apprendre, curieux d’une autre culture que celle des moutons. J’ai rêvé que ceux qui n’ont pas voté se cachaient au fond d’eux-mêmes et n’essayaient de se déculpabiliser en culpabilisant les autres… ou en psalmodiant des « Si j’avais su ! »…
     J’ai rêvé d’un monde où les journalistes avaient moins «d’importance » que ceux qu’ils interrogent… (ou « passent à la question »…) et les laissaient s’exprimer, sans leur couper la parole, de la façon la plus insolente et basse qui soit...
     J’ai rêvé d’un monde où les médecins ne tenaient pas leur porte close, cinq jours durant, et protestaient « autrement »… soutenus par leurs patients.
     J’ai vraiment rêvé d’un monde « vraiment égal », où chacun pouvait s’exprimer, en bonne éducation, une fois sagement rangés au placard, la haine et le mépris…
     J’ai rêvé de véritables arguments, de grands débats « tolérants », tout en restant « fermes sur les idées ». J’ai rêvé d’un pays où l’on ne se prononce pas « en fonction des sondages »… Bref, j’ai rêvé « de responsabilité, d’humilité et de vraie démocratie… »
     Bref, j’ai rêvé d’un pays où l’on ne passe pas son temps à faire le contraire de ce que l’on dit…
     1er Mai 2002… Ne risque pas de se battre, ne serait-ce que par les mots, autour de «Liberté, Egalité, Fraternité » ? Un comble… n’est il pas ?

     Si l’on regarde bien…on peut, de même, transposer ces rêves à notre petit planète taurine, où il semble qu’il y ait, malgré tout, un peu plus de « pundonor » qu’en d’autres lieux, pourtant plus importants…
     Tous( « nous avons fait le rêve… » de vrais toros, face à de vrais toreros. Tous, nous voulons applaudir à tout rompre la mort d’un toro brave, en plein soleil, le fleur rouge de l’épée au garrot. Non pour sa mort, mais pour le logique destin d’un noble animal, né pour le combat, d’un fauve plein de puissance et de rage. Certes, nous allons tuer ce que nous aimons. Certes, cela peut choquer. Nous l’entendons, et cependant, n’arrivons pas à en culpabiliser, sauf lorsque les peones « se mettent à trois, et en quatre », pour relever un pauvre bicho, répandu sur le sable, l’air complètement perdu.
     Ce toro, nous avons rêvé de le voir sortir, au galop, de le voir « remater » aux tablas et répondre au moindre appel d’une cape. Nous avons tous rêvé de voir cette flèche noire percer l’or et rose d’une lente véronique, tandis que la frêle silhouette immaculée danse pour « une éternité de trente secondes »…
     Nous avons rêvé de le voir « partir de loin » sur un fier piquero qui ne vise pas « trasero », et ne nous joue pas la sempiternelle « carioca »… Nous avons rêvé de puyazos, courts mais intenses, chaque fois salués d’ovations partagées entre l’homme juste, et le toro brave et magnifique. Nous avons rêvé de banderilles aux envolées magiques et d’ovations saluées…
     A chacun le rêve d’une faena parfaite, six fois répétée… du lent va et vient de la flamme rouge, que le toro poursuit comme pour ouvrir la porte vers la liberté, vers l’honneur éternel…
     Qui n’a pas rêvé cela ? Aujourd’hui encore, nos mémoires nous ramènent « le sourire dans les yeux » de ceux qui, l’espace de dix minutes, ont parfois tutoyé le parfait… que ce soit un soir de San Isidro, à Madrid, ou sur la place d’un village de Castille, écrasée de soleil…
     Mais… Boum ! attention à l’atterrissage !
     Le toro sort astillado, au pas, humant le sable. Là-bas, une cape flamboie et le fait sursauter ! Après trois courses, son pas se fait hésitant, son regard douloureux. Il charge, comme il peut, et on le reçoit « en déchargeant la suerte »… Un piètre cavalier lui déchire le dos ou le flanc, en dansant une valse sinistre… On crie, on s’agite ! Alors, dans un dernier sursaut, le toro « sort », plante ses cornes dans le sable dur, et « se saborde », dans une dernière cabriole…  Un voile noir tombe sur son rêve… et sur le nôtre…

 

CE SOIR…DAX « REVE » SA TEMPORADA.

     30 Avril : Que ce soit à l’ombre des grandes plazas, ou dans la poussière d’une « portative », le rêve taurin perdure. « Etre aficionado - écrivait Jean Cau – c’est croire au Père Noël, tous les soirs, à cinq heures… ».

     L’annonce des cartels d’une grande feria, ou de la plus petite fête de village, a quelque chose de magique... 
     A chaque fois, on se fait avoir… « Tu sais quelque chose ? » Et chacun d’y aller se son regard entendu, de son sourire en coin. « Ouais, tu verras ! Ils auraient pu faire mieux, mais c’est pas mal ! »…
     Alors, sagement, on fait silence, et l’on écoute l’organisateur expliquer les choix, justifier les décisions, sans ne jamais oser dire que toutes ces réflexions aboutissent… à un immense pari.
     Il faut, aujourd’hui, avoir un immense respect pour ceux qui ont charge de monter des corridas, en France… Quand on voit les résultats des grandes ferias espagnoles, on ne peut que leur souhaiter « Bonne chance ! »
     Après les « fours » de Castellon, Valencia et surtout Séville (et ce n’est pas fini !), oser s’aventurer sur un raisonnable pronostic est pure gageure, et bien malin est celui qui, aujourd’hui, est capable de dire : « Six magnifiques et braves toros, soigneusement choisis dans la prestigieuse ganaderia de… »
     Monter des combinaisons « d’hommes » est relativement facile. Certes, il faudra batailler, tenir compte du marché, des stratégies, des exigences économiques et … des petits caprices ». Déjà une partie d’échecs ! Mais, pouvoir s’engager sur cinq corridas, en pariant sur trente toros… voilà assurément un casting beaucoup plus ardu que ce lui du « Loft ! »…(Quoique ! « Z’ont quand même trouvé, « vraiment » les plus tordus, vulgaires et… vides ! »)
     Dax ouvre le feu, ce mardi soir, annonçant ses cartels 2002. Fidèle à sa tradition, elle essaiera, encore une fois, de conjuguer la difficile équation « Toros / Toreros », qui fait son identité. Dans quelques semaines, Mont de Marsan, puis Bayonne, la suivront, vivant également « la fièvre d’un soir ».
     Au coin des gazettes ou des chroniques internet, on critiquera, forcément ! En quelques minutes, on fera et refera le monde taurin… Des heures de discussion seront, d’un coup, réduites en un verdict sans appel, ou en une division sans fin… Franchement, on ne les envie pas !
     Dax présente, ce soir, son « challenge 2002 ». La cité thermale est « en basses eaux », depuis deux ans… Et elle le sait. Cela est arrivé à chacun, tour à tour, et nul ne peut se prévaloir d’une régularité sans faille. Bayonne, Mont de Marsan, Vic… en savent quelque chose. Aussi, on attendra avec patience et sagesse, « le pari» dacquois, en espérant surtout une présentation correcte, et de la force dans les pattes. Pour le reste… Dieu seul le sait, et encore !
    Alors, Suerte à Dax… et aux autres ! Faites nous rêver !  

 

DAX 2002… « PA SOÑAR EL TOREO » ! *

     30 Avril : Les cartels de la temporada dacquoise viennent d’être annoncés, ce soir, par Jean Pierre Junqua Lamarque, président de la Commission Taurine, en présence du Maire et des responsables de la ville. Grande ambiance, bel accueil, et franche convivialité, pour des affiches joliment agencées.
     A l’habitude, Dax « Feria », et Dax « Salsa »… Deux façons de voir la Fête, avec « le toro et le toreo » pour communs dénominateurs. Et cette fois ci…
     Les cartels sont donc les suivants :

Feria de Dax 2002:

     Mercredi 14 Août : Toros de  Samuel Flores, pour Joselito – El Juli – Julien Lescarret
     Jeudi 15 Août (matin) : Rejoneo - Toros de Sanchez Cobaleda, pour Fermin Bohorquez – Pablo Hermoso de Mendoza – Andy Cartagena
     Jeudi 15 Août (au soir) : Toros de Dolores Aguirre, pour Pepin Liria – Davila Miura – Rafael de Julia
     Vendredi 16 Août : Toros de Manolo Gonzalez, pour Enrique Ponce – Javier Conde – Sebastien Castella
     Samedi 17 Août : Toros de Victorino Martin, pour Fernandez Meca – Manolo Caballero – Juan Bautista
     Dimanche 18 Août : Toros de  Juan Pedro Domecq, pour Finito de Cordoba – Jose Tomas – Morante de la Puebla

     Les 16 et 17 Août au matin, auront lieu les éliminatoires du concours des « Novilladas non piquées », dont la finale se disputera le 18.

Feria de « la Salsa » 2002: 

     Samedi 7 Septembre (midi) : Spectacle « hispano landais »
     Samedi 7 Septembre (soir) : Corrida Concours – Six toros (à désigner) pour Luis Francisco Espla – Zotoluco – Denis Loré 
     Dimanche 8 Septembre (matin) : Novillada piquée
     Dimanche 8 Septembre (soir) : Toros de Zalduendo, pour Enrique Ponce et Jose Tomas, en mano a mano.

     Les analyses viendront, les critiques aussi, peut-être. Mais, regardez bien… Si les toros veulent bien se donner la peine de charger… il y a vraiment de quoi rêver de belles choses. Que haya suerte, Dax !