L'ACTUALITÉ TAURINE
(Mars 2001)

LE « PROJET » DES TOREROS...

     1er Mars : On a, de tous côtés, parlé « projet », hier, 28 Février 2001. Certains ont fait leurs déclarations, tranquillement, comme Joselito, à la veille de son grand défi, ou comme Jesulin , à la veille de son grand retour. A Malaga, trois toreros ont fait part de leur projet : Martin Antequera, premier matador promu en 2001 a exposé en direct à la télé, sa grande bonne volonté, mais aussi ses limites. Espartaco a promis qu’il allait faire tout ce qu’il pouvait pour que cette saison d’adieux soit digne. Quant à Rivera Ordoñez, il a présenté, un projet « plus  conservateur », débutant sa saison comme il a terminé les précédentes... sans se casser la tête.

     Il y avait hier, plus près de nous, un autre mano a mano, télévisé, que certains auront suivi avec passion et admiration, selon « la carte », d’autres avec dégoût. Vaya mansada ! Quel concours de platitudes, de vulgarités échangées, de faux rires, de venimeuses amabilités, de coups bas et d’acides apostrophes. Au milieu, un pauvre  arbitre qui n’avait d’autre préoccupation que « ce pauvre chronomètre ». Tout ça... pour ça ! Pobre Paris ! En parlant de pendule, la conclusion taurine de cette rencontre pourrait bien être : « Tres avisos, y el toro al corral ! »

     Pendant ce temps, on regardait avec effarement, une fois de plus, les effets de notre remarquable organisation et sens de la prévision. Tandis que la terre tremble dans le monde entier et que nous y envoyons des équipes admirables, équipées, entraînées, pleines d’humanité et de pundonor, on s’aperçoit que chez nous, par un soir de neige, on peut crever sur le bord d'une autoroute. On voit que l’on peut laisser des femmes, des bébés, des vieillards, sans assistance, sans chaleur, dans l’obscurité et l’effroi... Pendant ce temps, on assiste au procès d’une mère qui n’en pouvait plus de souffrir et de voir la souffrance de son enfant. Sa décision a été terrible, à la hauteur de ses souffrances... Alors, devant tant de gâchis, on ne peut s’empêcher de reprendre une des interjections, aimablement lancées hier... « Ils sont gonflés, tout de même ! ». Pas à dire, les « faut qu’on » ne volent pas bien haut, et celui qui « émettra le projet » d’une glissière centrale amovible, tous les trois kilomètres, sur nos autoroutes, n’est pas encore né...

     Dans le monde taurin espagnol, Juan Posada lorgne vers les résultats des tests ESB, effectués sur les novillos de la récente Feria des Mimosas, à Nîmes. Tous se sont révélés négatifs, et la viande à donc été normalement commercialisée. Alors il pose la question à ses responsables : « Si les Franchutes peuvent mettre cela en place, et que cela marche... pourquoi pas nous, en Espagne ? » Peut être que le nombre d’animaux à analyser n’est pas le même... Hors fêtes populaires et corridas de villages, on a estoqué officiellement 12186 toros de tous âges, l’an passé, en Espagne. En France, 834... L’Espagne peut elle, aujourd’hui procéder à autant d’examens post mortem ? Ce sera l’un des premiers dossiers du nouveau Ministre de l’Intérieur, aussi chargé des affaires Taurines.

     La France, de son côté, prépare tranquillement sa temporada : Dax vient de révéler le nom des ganaderias en compétition pour sa corrida concours du 8 septembre : Palha, Victorino, Conde de la Corte, Celestino Cuadri, Baltasar Iban et Albaserrada. Sacré cartel ganadero où l’on note l’absence de Cebada Gago, vainqueur l’an passé. A suivre, car beaucoup d’eau de l’Adour va passer sous le pont, d’ici là...

     A Malaga, première alternative de l’année. Espoir de grimper dans l’escalafon ou gloire d’un jour, histoire d’avoir sur sa carte de visite : matador de toros ?

     28 Février : Malaga – Corrida Goyesca – Télévisée – 2/3 de plaza (sur 12000) – Froid et vent : Brrr ! Goya lui-même aurait grelotté ! La corrida, surtout goyesca, est plus que tout « de Sol y Moscas ». Ajoutons à cela un lot de la famille Pereda, compliqué, sans caste, et l’on aura un panorama qui risque de se répéter un peu, au cours de cette saison . Correctement présentés, les toros, à part le premier, n’ont pas permis d’être « a gusto ». Tête haute ou s’appuyant beaucoup sur le torero, ils ont été lidiés sans grand effort par des vedettes qui attendront une meilleure occasion, et un nouveau promu qui a mis toute sa bonne volonté.

     Alternative d’Alberto Martin Antequera, qui surprit beaucoup de monde, l’an passé, aux novilladas de la San Isidro (voir temporada 2000 -mai et juin). Le toro de la cérémonie s’appelait « Churrero » - N°130 – 562 Kgs, toro noir de Jose Luis Pereda. Il fut le meilleur du lot. Sérieux et volontaire, Antequera  tua d’une tendida et descabello, donnant la vuelta, après pétition d’oreille de la part de ses supporters descendus de la Sierra.  Même scénario, même résultat au sixième qu’il voulut recevoir a portagayola. Le toro refusa, et c’est aux barrières que le matador donna deux largas d’émotion. Après, cela se complique un peu. Alternative digne et, espérons le, la confirmation à la San Isidro. Madrid lui doit bien cela.

     Espartaco a eu un lot infâme, en particulier le deuxième, manso. Juan Antonio reprenait l’épée, après sa lésion à la main. Volontaire et professionnel, il inquiète un peu, tout de même, à la veille de cette longue tournée d’adieux. Il fut par deux fois ovationné – Rivera Ordoñez n’a pas de soucis. A ce rythme, il peut prendre 200 corridas dans l’année. Bien au capote, on essaie un peu, mais si cela ne veut pas sourire, on arrête en faisant la moue. Ovation et applaudissements « gentils ».

 

PRIERE DE S’ESSUYER LES PIEDS...

     2 Mars : Des hommes et des femmes qui, un peu gauches, traînent leurs semelles dans un bac purificateur, a la sortie d’un ferry, ou à la descente d’un avion ; des camions dont on arrose copieusement les roues...Toutes les formules sont bonnes pour faire barrage à la fièvre aphteuse. Cela pourrait presque paraître plaisant, mais aussitôt  les images de ces pauvres bêtes que l’on abat par milliers, et que l’on brûle à même la grise campagne anglaise, nous ramènent à de tristes réalités.

     Au nom de la sacrosainte réglementation édictée, depuis les chauds couloirs de Bruxelles, par des spécialistes de l’agriculture, qui n’ont peut-être jamais vu un mouton de leur vie, on ne vaccine pas, on éradique. Ca coûte moins cher. Pour le moment, oui ! Mais, à force d’obliger les humains et les véhicules à faire trempette dans ces « litières pour chats », on va voir la note, dans cinq minutes, sans compter qu’à moins d’installer une batterie de DCA qui abat sans rémission toute mouette ou cormoran piaillant avec l’accent anglais, on n’est absolument pas sûr de l’efficacité du procédé. En effet, des oiseaux, le vent lui-même, peuvent transporter le sinistre présage.

     Derrière tout cela, outre le triste regard de ces bêtes que l’on sacrifie à l’autel de l’économie communautaire, alors que des milliers de vaccins dorment dans les frigos, attendant la date de péremption, on pense à tous ces hommes et à leurs familles. Eleveurs, commerçants, ouvriers de cette industrie de la viande, ils regardent avec effarement le pain que l’on enlève de leur bouche, et ont peur de demain. Qu’on nous dise la différence entre notre siècle et celui des grands fléaux et de la disette ? Nos livres d’histoire nous parlent des campagnes qui brûlaient, des serfs qui crevaient, des enfants que l’on abandonnait au porche des églises. Ils nous parlent des grands seigneurs qui méprisaient, depuis leur donjon; du droit de cuissage, de la gabelle... Aujourd’hui, « même le petit village, au fond de son Armorique, ne résiste plus »... Les Romains sont partis, vaincus... Ils ont été remplacés par de nouvelles hordes...les énarques ! Redoutables !

     En Espagne, il y a «division des opinions »... Certains disent, comme pour Tchernobyl, « pas de problème, à priori ! ». D’autres préviennent : « Si la fièvre aphteuse arrive par chez nous, l’ESB, à côté, ce sera de la rigolade ! » Voilà qui promet, à l’aube de la temporada. Imaginez un toro qui sort, la bave aux naseaux, s’emmêlant les pattes dans le premier capote, on va aussitôt créer une cellule de crise, établir un périmètre de sécurité, détacher des équipes de psy pour s’occuper de toreros et des aficionados traumatisés. Un cauchemar !

    Non, on essaie de sourire un peu, mais vraiment, la corrida n’aura jamais connu autant de menaces, en si peu de temps. Certains s’en réjouiront, mais attention... Les toros de combats sont probablement « les plus sains de tous », parce que soigneusement nourris, et si un jour, la corrida meurt, parce que l’on a du abattre des camadas entières, c’est qu’il ne restera déjà  plus, dans nos campagnes, un seul animal comestible. Et là... on sera revenu à « l’ère du rutabaga ». Heureusement, notre président sera, alors, un « vert moustachu »... On est sauvé !
 

« CAGANCHO » EST PASSE TOUT PRES...

     2 Mars: Pablo Hermoso de Mendoza, on le sait, fait une saison triomphale au Mexique. Il y a élu domicile, avec toute sa famille, et s'est un moment demandé s’il n’y allait pas rester toute le saison prochaine. Mais non ! Le navarrais sera bien en Espagne, et viendra à Séville, bien décidé à ouvrir le Porte du Prince. C’est pour cela qu’il a imposé une corrida « à trois », de façon à toréer deux toros, et couper les trois oreilles indispensables pour tirer le fameux loquet... (Le jour où on pourra couper trois oreilles à un seul toro... mal asunto !).

     Pablo Hermosos de Mendoza, on le sait, c’est « Cagancho ». C’est un « génie fait cheval », c’est un « torero à quatre fers », c’est un phénomène. Ne lui manque plus que la parole, et à tous les coups, il serait invité chez Drucker ! « Cagancho » est le cheval de Rejoneo qui a probablement dépassé dans l’Histoire, la fameuse « Esplendida », d’Alvaro Domecq.

     Mais il se fait vieux, le Cagancho... Comme tout torero, son cuir est lacéré de coups de cornes... Il va bien nous falloir un jour nous résigner à ne plus le voir. Ce serait charité aficionada que de lui dire « on t’adore, mais maintenant, on voudrait te voir au pré, avec deux ou trois copines, et un apéro, le soir au couchant ». Il le mérite amplement.

     Cette année, il y a eu beaucoup de cornadas et des chevaux sont morts. Le rejoneo est « plus serré » que jamais. Mais il y a pire: la maladie, ou, comme ces jours ci pour le fameux destrier, une simple colique. Pour les chevaux, ce peut être compliqué, voire fatal, et le « Cagancho » est passé tout près. Heureusement, tout s’est arrangé grâce aux soins prodigués en urgence, et « Cagancho » sera, aujourd’hui, au paseo en plaza de Caldeyta. « Enhorabuena y suerte, caballito torero ! »

 

LAS VENTAS : « ON OUVRE ! »

     Tandis que la plaza voisine de Vista Alegre fait feux de tous bois, avec en particulier, le gros week end qui nous arrive, la vieille Monumental de Madrid reste sur ses bases, se refait tranquillement son maquillage, et se prépare à une nouvelle saison. Ouverture des portes, le 11 mars. Et on n’arrête plus jusqu’à fin octobre. Du temps pour écrire une nouvelle page de Toreo, faite d’apothéoses, de larmes, parfois de sang ; faite de soleil, de pluie, de beaucoup de vent ; faite de cris, d’interjections et de rudes broncas. Cela s’appelle : La Fiesta Nacional.

     Deux novilladas pour ouvrir :

     11 Mars : Novillos de Nazario Ibanez, pour Luis Vilches, Gregorio Alcañiz et Paulita. Curieux pari que celui de Viches, à la veille de son alternative.

     18 Mars : Novillos de Diego Garrido, pour Luis Alfonso Oliveira, Cesar Giron et Luis Vital Procuna.

     Il y aura entre autres, pour les Rameaux et Pâques, deux corridas importantes, avec en particulier la confirmation d’alternative de Jesus Millan, qui vient d’être désigné triomphateur de la feria d’Ambato, en Equateur. Bon début de saison pour le petit aragonais à qui une chance est donnée, dès l’ouverture, avec Castellon, Madrid et Zaragoza, en mars et  vril. Un nom à  suivre de près, et à écrire sur quelques tablettes françaises... d’ores et déjà !

 

3 ET 4 MARS 2001....C’EST PARTI !

     Les temporadas qui débutent ont toujours ce goût de matinée de printemps, quand on ouvre les volets sur l’image paradisiaque d’une verte prairie perlée de rosée, aux premiers rayons d’un soleil bienfaiteur, tandis que les oiseaux virevoltent en chantant la douceur et la paix... Ouahhh !

     En fait, chaque début de saison taurine nous surprend comme des enfants, la veille de Noël. L’espoir, la « ilusion », comme on dit... « Cette année sera autre ! » « On va voir ce que l’on va voir ! » Cela se pourrait bien, en 2001, si les fléaux nous laissent tranquilles, si les toros tiennent sur leurs pattes, si la caste revient, si les toreros sont inspirés, si, et si, et si...

     Cependant, rarement une saison taurine aura commencé si fort ! En deux jours, 3 et 4 mars, deux matadors font leur retour au ruedo (Jesulin de Ubrique et Ortega Cano), deux artistes d’inspiration parfois géniale se rencontrent (Curro Vazquez et Julito Aparicio)... Et puis, Joselito qui attaque fort, d’entrée de jeu : six toros, seul, demain à Vista Alegre, la deuxième plaza de Madrid... Superbe !

     Cela bouge de tous les côtés : Plus une place pour Joselito ; on cherche en vain des billets pour les deux corridas d’Olivenza ; on aura peut-être quelques problèmes pour remplir Carabanchel, aujourd’hui, car il y a un autre mano a mano, ce soir à Santiago Bernabeu : Real Madrid – Barcelona. Ouf ! On sait, par ailleurs, qu’il n’y a plus de places pour les corridas du Juli, aux Fallas. Valencia va battre un record d’assistance, cette année, au point qu’elle vient de rajouter à ses cartels, le 17 mars au matin, une corrida portugaise, avec les forcados de Moita. Voilà des affaires qui démarrent bien !

     Ne nous leurrons pas... Les  toros seront, ce qu’ils seront. Les corridas auront été choisies avec grand soin, et sans diffamation aucune, on peut penser que quelque barbier aura eu du pain sur la planche... Mais le toro reste le toro et ces événements, effectivement, méritent une attention, une préparation spéciale. Les cinq toreros dont on a cité les noms, n’ont pas le droit de se planter. Un peu moins risqué pour Curro Vazquez, qui a sa carrière de gloire, derrière lui ; pour Julio Aparicio qui « est d’ailleurs », et risque d’y retourner... Par contre, les paris sont importants pour Ortega Cano, Jesulin et Joselito.

     Jose Ortega Cano revient... Pourquoi ? Parce qu’il est torero; parce qu’il « s’em...nuie » un peu, probablement, entre longues journées d’inactivité dorée et les sempiternels épisodes du feuilleton télévisé « Rociito, Antonio David, Fidel, Rocio, Fidel, Antonio David, Raquel, Rocio.... » où il apparaît souvent, l’air effaré. Vaya bichos !  Ayyyy ! Señores ... « Les Feux de l’Amour » sont une vaste rigolade à côté de cette haletante saga sentimentale...et économique. Cela risque de lui jouer un tour, au Cano ! A n’en pas douter, il n’est pas raisonnable de vouloir revenir se colleter aux « jeunes loups », avec le toro d’aujourd’hui. D’ailleurs, les contrats ne se bousculent pas, pour le moment. Imaginons qu’il doive « courir un peu », comme l’autre jour, dans un festival... Les quolibets risquent d’être cinglants... Certains doivent déjà revoir tout l’arbre généalogique, afin de n’oublier aucune cible ! Jose Ortega Cano aura un lourd poids à porter : celui de son traje torero, avec toutes les responsabilités, toutes les peurs... et « le climat » qui l’entoure. Mucho toro !

     Pour Jesulin, c’est une autre affaire. Quand il est parti, on a été surpris. Le « chien fou » qui était capable des pires excentricités, mais aussi d’aligner des naturelles magnifiquement templées, liées, rematées , nous apparut un jour de 98, comme vidé de tout, perdu, sans réaction. « Je n’en peux plus, je m’en vais ! ». Balbutiant, cherchant ses mots, le showman avait perdu son masque. Alors, il est parti faire une vie normale...de millionnaire. Cependant, au lieu de faire la java, comme on aurait pu le supposer, il s’est enfermé dans son village blanc, dans sa famille, dans son entreprise de fraises... Certes, il y a eu cette tumultueuse histoire d’amour avec peut-être, un des « bichos » les plus difficiles qu’il ait eu à lidier... Mais tout finit bien, puisque la paix est revenue et que reste le sourire d’un enfant... sans compter quelques millions de plus à la banque !
    
Jesulin de Ubrique revient. Il est torero ! Si les aficionados, et surtout le grand public, veulent bien oublier  ses frasques d’antan, ils pourraient bien être surpris par un toreo nouveau, classique, reposé, qui pourrait en gêner plus d’un...dans le callejon. A suivre de très près, le Jesulin nouveau ! Premier élément de réponse, aujourd’hui, à Olivenza. Il n’a pas voulu de juteuse exclusivité, préférant se gagner les cartels, un à un. Objectif : Quarante à cinquante corridas, mais dans toutes les plazas d’importance ! Bilan...en octobre !

     Joselito est « una figura del toreo ». Punto ! Personnage parfois déroutant, il porte en lui la rage des moments tristes, injustes, qu’il a vécus quand il était enfant. Du coup, le torero est arrivé, plein de superbe et de morgue, dans et hors la plaza. Accompagné d’un apoderado, lui aussi singulier, Joselito a grimpé les échelons, écrasant tout sur son passage, laissant parfois les collègues et les aficionados, admiratifs et pleins de rancoeur. N’a pas que des copains, le Jose ! Aussi, beaucoup ont dû sourire quand il s’est planté dans les grandes largeurs, à Séville, un vilain 26 septembre de 1998... Beaucoup ont dû sourire, en le voyant « effacé » par Tomas, l’an passé. Il nous a fait enrager, parce que nous savons à quel point il est torero, et à quel point il a dû souffrir en 2000. Aujourd’hui, les choses sont différentes : Joselito veut marquer d’entrée « sa différence » : Six toros, tout seul, à Madrid, à vingt pas de Las Ventas... Il ne vient pas « de turista », il ne peut pas. Il n’y a plus un billet depuis une semaine, et il sait bien que dans les 14000 personnes, il y aura beaucoup d’aficionados venteños, et beaucoup du tendido siete... Il y a aura la presse, la radio... la Télé. Son entêtement vis à vis de cette dernière est à la fois magnifique, juste, et dénué de fondement. Joselito a tué 10 corridas en « unico espada », dont deux en France, on le verra demain. En se laissant téléviser en direct, à Madrid, en 93 ; Zaragoza, en 94 ; à Madrid, le fameux 2 mai 96... il nous a fait « monter au plafond ». Joselito doit beaucoup à la Télévision et, à n’en pas douter, cela aurait été un joli coup que de faire téléviser sa corrida de demain ! D’un seul coup, il faisait taire toutes les critiques, et renforçait ses positions pour les prochains « bras de fer ». A Séville, Canorea déclare que les deux corridas de Joselito seront télévisées... de son côté, josé dit « une seule ! ». En que quedamos ?
    
Joselito face à six toros, c’est un dur pari ! Pas gagné d’avance, si l’on se réfère à l’an passé. Torero de tête, brillant à la cape, classique, sans excentricités, à la muleta, José Miguel Arroyo coupait beaucoup d’oreilles avec l’épée. L’an dernier, elle ne fonctionna pas aussi bien. Alors, six toros, six estocades ? Réponse, demain soir !

     Demandez le programme :

Samedi  3 Mars :

Olivenza : Six toros de Jandilla et Fuente Ymbro, pour Ortega Cano, Espartaco et Jesulin de Ubrique.
Madrid – Vista Alegre
 : toros de Zalduendo, Aldeanueva, Castillejo de Huebra, pour Curro Vazquez et Julito Aparicio, en mano a mano

Dimanche 4 mars :

Olivenza : Six toros de Juan Pedro Domecq, pour Enrique Ponce, Morante de la Puebla et « El Juli »
Madrid  - Vista Alegre
 : Joselito, unico espada, avec six toros de ganaderias différentes.

Que les Muses chantent... que la chance sourie à tous...
Ah... une question, en passant : « Vous n’auriez pas vu José Tomas ? »

 

« TENDIDO CERO » REVIENT MERCREDI

     3 Mars : Avouons que cela nous manquait ! Chaque mercredi, nous râlions, bien sûr, à cause de cette maudite course de vélos qui avait pris du retard, ou des ces invertébrés qui n’arrêtaient pas leur coït pour autant. C’en était gênant ! Puis, arrivait le générique attendu : « Tendido Cero ». Alors, les doigts de pied en éventail, on repassait l'actualité en images, vérifiant ainsi la véracité des propos tenus sur le Web...

     « Tendido Cero » a pris trois longs mois de vacances. Il devait revenir en Février. On a « presque » eu peur. Mais non, le magazine taurin revient mercredi prochain, 7 mars, toujours sur la 2ème chaîne Espagnole, toujours « vers » 17 heures. C’est à dire que vous programmez votre magneto à 16 h, et vous laissez courir votre « 180 »... Sur trois heures, en principe, vous êtes bon !

     La formule ne change pas, mais vient s’enrichir d’un concours qui vous permettra de mesurer votre Aficion, mais également de gagner des places de corridas, ou d’autres prix, encore, je ne sais, moi... Un week end « en famille » avec Ortega Cano, par exemple...

 

ATTENTION AU « JESULIN NOUVEAU »...

     4 Mars : On s’en doutait un peu : Jesulin de Ubrique n’avait pas tout dit, entre 90 et 98. Le jeune fou qui s’habillait de jaune pour faire râler les copains, qui « tortillait » à droite et à gauche, qui « les » rendait toutes folles au point qu’elles lui lançaient leurs intimes dentelles, ne pouvait ainsi se retirer, laissant dans l’histoire l’image de ce qu’il « aurait pu être », mais...

     Jesulin de Ubrique s’est retiré en 98, au moment où il toréait le mieux, mais ce faisant, il déroutait et ennuyait ceux qui attendaient ses frasques passées. Alors, la coupure ne pouvait qu’être bénéfique. Jesulin est revenu hier, 3 mars. Il est revenu en torero de grande classe, et d’ores et déjà, il est un des centres d’intérêt de la saison 2001. Outre les trois oreilles coupées, c’est la manière qu’il faut retenir. Toréant majestueusement, Jesulin de Ubrique a convaincu les plus sceptiques, hier, à Olivenza. Il faudra certes attendre Séville pour s’en convaincre tout à fait, mais, il n’y a pas de doute : Le Jesulin Nouveau est arrivé. 

     Si ! Non ! Si ! Non !... Y a t’il eu « hors jeu » ? – C’est la « grande tertulia » qui anime presse et aficionados, en ce dimanche matin. Real Madrid et Barcelone font match nul 2-2, avec un troisième but refusé au Barca, à une minute de la fin, pour prétendu hors jeu. L’arbitre va avoir « les oreilles qui sifflent » pendant quelques jours. Terrible décision, en un quart de seconde... Certains « hors jeu » sont beaucoup plus clairs..., comme ceux d’Ortega Cano, à Olivenza, et de Julito Aparicio, à Vista Alegre. Pendant ce temps, un torero sculpte la véronique, la trinchera, et laisse l’empreinte du toreo de toujours... Curro Vazquez

     Il a beaucoup plu, ce samedi, et quelques spectacles importants, comme le festival « contre le cancer », à Cordoue, ont du être suspendus. Cependant, ce 3 mars entre dans les éphémérides de la temporada, comme date du retour d’un torero, et veille d’un grand événement : Cet après midi, Joselito prend six toros à Madrid, et ni la pluie, ni le vent ne pourront l’en empêcher. Que haya suerte, torero !

     3 Mars : Olivenza (Badajoz) – Plus un billet – Vent et temps gris : (De notre correspondant) La fête faillit ne pas avoir lieu. Jusqu’à 14 heures, il pleuvait fort. A l’heure du paseo, grisaille et beaucoup de vent. Serré sur les gradins, le public essaya de deviner les toreros au paseo, perdus dans une nuée de photographes. Mais, sortit le premier toro, et, comme par hasard, on sut immédiatement qui étaient les vedettes...
    
Les toros de Jandilla et Fuente Ymbro sortirent correctement présentés et, pour la plupart, encastés. Le lot incommode pour Espartaco. Ortega Cano touche un grand quatrième, et Jesulin saura vite corriger les quelques défauts de son lot. Résultat sec : Trois oreilles pour le Jesulin de Ubrique, qui réapparaissait, de blanc et or vêtu ; une oreille, chacun, pour Espartaco et Ortega Cano. En un mot, une tarde triomphale.
    
De fait, Espartaco a montré sa grande volonté, sa grande dignité, mais est assez loin du Spartacus d’antan. Tout le monde note ses efforts, alors que justement, la facilité « avec tous les toros », était la grande qualité d’Espartaco. Oreille du premier, qu’il a brindé au retour de ses deux collègues, et ovation au quatrième.
    
Ortega Cano a essayé de se convaincre. Fier comme il est, il y sera sûrement parvenu. C’est une autre histoire, en ce qui concerne le mundillo. Il ne fut pas « à l’aise », face au premier, écoutant le silence, et voulut faire l’effort avec le grand cinquième toro, qu’il brinda au Juli. Avec force gestes, cris d’auto motivation, regards dans le public en quête de quelque « mais oui, tu es beau ! », José Ortega Cano essaya de construire une faena et y parvint presque. Hélas, les quelques bons derechazos se perdirent vite au milieu des hésitations et des soubresauts d’insécurité. Oreille tout de même pour ce diestro qui revient, et que l’on respecte pour ce qu’il a été, et ce qu’il est ,dans le toreo, et seulement dans le toreo... Il faut attendre, laisser au diestro le temps de reprendre ses marques, sentir le toreo, loin des presses du coeur et de la mala « gente »...
    
Jesulin de Ubrique a surpris les plus confiants. On a certes retrouvé le sourire, la silhouette, mais le torero, lui, a complètement changé. Planté sur un mètre carré de sable, toréant lié, templé, profond, le Jesulin a sidéré tout le monde. Il coupa une oreille du troisième (« Torbellino », toro de sa réapparition) qu’il tua mal, en deux voyages, mais déjà, l’aficion était conquise par ce Jesulin nouveau. La faena au sixième fut encore plus profonde, plus complète, et le public ne cessa d’ovationner le torero, ravie de cette transformation. « Hechizo » s’écroula sur une épée en arrière, laissant deux oreilles au Jesulin qui, en pleurs, sortit à hombros... et revient au plus haut dans l’escalafon 2001.Bienvenido sea !

     3 Mars : Madrid - Vista Alegre : Media plaza, pour le mano a mano Curro Vazquez – Julio Aparicio (le foot !) : Deux bons toros de Castillejo de Huebra (1et 2) ; trois de Zalduendo (3,4,5, pas commodes) et le sixième de Aldeanueva (bueno). Présentation moyenne, quelques pitones douteux – Curro Vazquez  (Vuelta, oreille , ovation) a été « énorme » au capote, en particulier dans un quite fabuleux, par véroniques au troisième. On a retrouvé le maestro faisant le toreo de verdad, parsement ses faenas de précieux adornos, comme les trincheras et les ayudados. Muy torero, Curro ! Après son quite de rêve, il reprit le capote pour une deuxième séquence, moins bien ciselée, et invita Julio Aparicio... Celui ci déclina l’offre. Là s’arrête toute l’histoire. Perdu dans ses doutes, ne pouvant rester tranquille, Julio Aparicio laissa passer sa chance. Il voulut rectifier le tir, brindant le sixième à Curro Vazquez, se plantant à genoux pour débuter sa faena, rendant tout à coup l’espoir à ses supporters, qui durent cependant, déchanter. Silence, palmas et ovation pour le génial Aparicio, qui sait aussi être bien décevant, et cela, depuis des années...

     3 Mars : Sans Sebastian (Illumbe) – 3ème novillada éliminatoire du IVème « Tournoi mondial des novilleros » – Grosse demie plaza : Six novillos de Sans Martin, pas très beaux, mais de bon jeu, en particulier le sixième. Le président a été sans pitié pour le jeune mexicain Fabian Barba, faisant sonner le troisième avis, au moment où le quatrième toro s’écroulait. Certes, « le règlement est le règlement », mais aurait il fait de même à une figura, lors de la feria d’août ? Fabian Barba fut ovationné, sanction justifiée devant la volonté et le talent de ce novillero, malchanceux au sorteo – Salvador Vega donna de grands derechazos bien tirés, au cinquième, lui coupant une oreille. Il avait reçu un avis, en silence, devant son premier – Le triomphateur, important, du jour et du tournoi, pour le moment, fut Cesar Jimenez. Encore un peu vert, un peu emprunté, le madrilène a cependant démontré une grande toreria. Oreille à son premeir, et vuelta au bon sixième, qu’il cafouilla un peu avec l’épée, au point d’écouter un avis.

 

JOSELITO :  LA RAISON OU LE COEUR ?

     4 Mars : José Miguel Arroyo « Joselito », va toréer aujourd’hui la onzième corrida en « unico espada » de sa carrière. Si l’on met entre parenthèses les deux corridas qu’il dut prendre seul à cause de la blessure subite des ses collègues (comme ce fut le cas pour le mano a mano annoncé avec Cesar Rincon, à Dax, le 12 septembre 93), Joselito a connu « des fortunes diverses » au long de ces corridas soigneusement montées, en principe, où la stratégie est importante, pendant la course, certes, mais aussi en ce qui concerne « le moment » et les raisons qui imposent cet effort, ce défi à soi-même.

     Premier solo à Alicante, le 22 juin 90, en raison de la blessure du Litri – Puis, le grand rendez vous de la Bienfaisance de Madrid, le 17 Juin 93 : Télévisée en direct, la corrida fut un triomphe, Joselito toréant « avec la tête », et donnant un récital au capote – 12 Septembre 93 à Dax, Rincon reste à l’hôtel, ne pouvant se relever des lésions de la veille, en Arles. Dans la grisaille et le vent, Joselito prend les six, avec un raisonnable succès – En  1994, il tuera six toros à San Sebastian de los Reyes. Ce sera un échec – Heureusement, la télévision retransmettra en direct son odyssée du 14 octobre 94, à Zaragoza, le madrilène se faisant salement accrocher par le premier toro – Puis Nîmes, au matin du 4 Juin 95 : une vraie leçon – Au soir du 24 septembre 1995, Joselito signera ce qu’il considère lui-même comme sa meilleure prestation en solo : Valladolid, où il coupe sept oreilles en une actuacion complète avec cape, muleta et épée - Cependant, tout aficionado a sur ses tablettes la Goyesca de Madrid, le 2 mai 96, où Joselito entre définitivement dans le cercle fermé des « tout grands », toréant avec courage et science, dans des conditions difficiles. Un sortie a hombros pour l’Histoire !

     Depuis, le torero s’est engagé deux fois sur une corrida en unique espada : Le 18 Août 96, à Malaga, où il ne laissa qu’un pâle souvenir, et le fameux 26 septembre 1998, dans la désastreuse tarde de Séville, qui décida de sa retraite immédiate. Depuis, il s’était juré de ne jamais s’engager sur une telle entreprise.

     Après un an de repos, la temporada 2000, celle du retour, n’a pas été brillante, pour le madrilène, tant s’en faut. Renfrogné, triste, embourbé dans son conflit avec les empresas au sujet de la Télé, Joselito est obligé de constater que le public est tombé amoureux de José Tomas, et que, là où il coupe une oreille, Tomas coupe trois et une queue. De quoi gamberger.

      La saison est triste, mais un torero, una Figura comme Joselito, sait avoir de ces « coups de superbe », de ces gestes de panache, qui font qu’on ne peut que les dire « différents » des autres artistes : Faire de l’Art avec la mort... ce n’est pas la même chose que faire l’Olympia en play back...

     4 Mars 2001 : Joselito veut frapper fort, en tout début de saison. Pour montrer qui il est, pour reprendre la main, il s’engage sur ce qu’il craint aujourd’hui le plus : six toros, tout seul. Certes, tout le monde sait qu’il peut en prendre six, sans se décoiffer ! Mais, là n’est pas le problème. Il va lui falloir séduire, aller crescendo et convaincre définitivement. Cela dépend des toros, bien sûr, cela dépend de l’ambiance aussi, mais cela dépendra avant tout de Joselito, l’homme.

     Le coeur ou la raison ? Les tripes ou la froide technique ?  Tout le challenge est là : Joselito a déclaré qu’il cherchera le triomphe dès le premier capotazo, passionnément. C’est clair, il donnera tout. L’autre question en suspend : Comment va fonctionner l’épée ? La grande régularité des années passées semblait s’être émoussée, en 2000. Tueur plus efficace qu’académique, entrant fort, mais un peu rapidement, Joselito a connu de mauvais moments, l’an passé. Voir comment, avec la motivation, sera revenue « la grande épée », celle qui coupe les oreilles. Il en aura absolument besoin.

     Joselito attaque aujourd’hui, une nouvelle page de son histoire torera. Certes, tout vise au triomphe. Certes, les toros ont été choisis « dans le type » et ouvrant option au triomphe. Ils sont de six élevages différents : Jandilla, Pereda, Cuvillo, Victoriano, Capea et Garcigrande... Tous de grande lignée. En Face, un homme, avec sa raison, avec ses tripes. Un torero !

     Le trac, le doute, les faenas que l’on a faites cent fois dans sa tête, depuis des semaines... Et puis, sort le toro ! Il suffit alors d’un regard, d’un cri dans la foule... et l’Histoire s’écrit.

     4 Mars 2001 : Madrid – Vista Alegre – 17h 30 : La plaza sera pleine comme un oeuf. Un premier triomphe !  Le Destin dictera la suite... Deux heures après, la temporada aura peut-être une autre couleur.

      Suerte, Jose Miguel Arroyo  « Joselito », Torero !

 

JOSELITO : LE REVE...ENVOLE EN FUMEE !

     5 Février : Voilà, tout est fini ! Bien plus encore, peut-être, que la corrida d’hier. Un ressort, déjà détendu, s’est peut-être définitivement rompu, hier, en plaza de Vista Alegre. Les six toros sont sortis tristes et mansos. Joselito s’est ennuyé, et a ennuyé jusqu’à ses plus fidèles partisans.

     Son échec va bien plus loin qu’une sortie tête basse, sous la division des opinions. Certes, il a tué la corrida en six estocades, un pinchazo et un descabello... Algo es algo ! Mais l’Aficion et la Presse qui l’ont suivi, porté, prédisposées à lui tresser louanges, sont sorties ecoeurées du palais enfumé de Vista Alegre, tout heureuses de retrouver la pluie, le froid et les embouteillages de la nuit madrilène. Respirer enfin !

     Joselito a frôlé la catastrophe, perdu dans ses idées, enfumé dans son ennui. Il essayait de faire bonne figure, hier soir au micro des radios taurines, mais aujourd’hui, le réveil va être dur, et on le lui souhaite, car, autrement... 

     Autre examen de conscience pour son apoderado et pour tout le staff. Quant aux « veedores », qui n’ont « rien vu », il y a du souci à se faire, avec quelque rendez vous probable à l’ANPE locale. Non, décidément, la journée fut de froid et de pluie, mais hier, 4 mars 200, Joselito aura connu l’enfer.

     4 Mars : Madrid – Vista Alegre : Plus un billet – Ambiance de plus en plus lourde, à cause de la fumée des cigares ... et de la tristesse du spectacle – Six toros, six mansos, ou cinq, pour le moins. Mansos les Domingo Hernandez, Capea, Jandilla, Joselito (qui remplaçait un Nuñez del Cuvillo, refusé le matin)  et Victoriano del Rio. Seul le cinquième de Jose Luis Pereda... mais soso, soso. Ayyy ! – Le torero a essayé des choses avec cape et muleta. La variété embrouillée de ses quites a levé quelques bravos. Le public était totalement « a favor », et l’a fortement soutenu dans des faenas interminables, sans passer la surmultipliée. La seule satisfaction : l’épée. Joselito a despaché la corrida de six épées, un pinchazo et un descabello. A souligner les estocades aux 4 et 6ème.

     Joselito a quitté la plaza sur un bilan des plus ternes : Palmas, Ovation après avis, Silence, Division, Sifflets après un avis, et Applaudissements à la sortie...  En un mot : Un petardo !

 

PLUIE, FROID, SUSPENSIONS...

     Il a fait un temps de chien presque partout. Tandis que l’Espagne regarde du coin de l’oeil, arriver la fièvre aphteuse, c’est la météo qui a joué les vedettes, causant l’annulation ou le report de plusieurs spectacles, en particulier la corrida de Olivenza, où Ponce, Morante et Juli devaient faire leur rentrée. Le toreros voulaient y aller, mais, craignant une suspension au milieu du spectacle, le public a « refusé » le paseo, et la corrida est reportée au 8 avril – Du côté d’Estepona, la corrida au bénéfice de  des victimes du Salvador a aussi été renvoyée.

     Cependant, on a toréé, en Espagne et en France, avec des fortunes diverses :

     4 Mars : Corrida triomphale du côté de Murcia, à Totana. Toros de Nuñez del Cuvillo, petits, faibles et « commodes ». On parle d’une grande faena de Pëpin Jimenez à son premier. Quatre oreilles pour le Murciano et de même pour le Cordobes...dans un autre registre. Les grenouilles étaient de sortie ! (par ce temps, normal !). Le troisième fêtait ses 25 ans d’alternative : Luis Sanchez « Guerrita » a coupé une oreille – A Calahorra, tout le monde s’est gelé. Mansada du Puerto San Lorenzo. Rien de positif pour Pedro Carra, Juan Jose Padilla et Victor Puerto qui prit 2 avis ... et un rhume – En Alicante, le festival au profit des petits vieux de La Virgen del Remedio n’a attiré qu’une demi plaza. Muy mal ! Les toreros ont triomphé et Luis Francisco Espla a pris un mauvais coup à la cuisse gauche. On attend le résultat des examens mais...ce serait trop bête ! Oreille pour Espla, Caballero, Califa, le novillero Antonio de Mata ; Barrera est ovationnné, seulement. Le triomphateur est Miguel Abellan avec deux oreilles. Les novillos de Domingo Hernandez sont sortis sosos, en général. – En France, du côté de Saint Laurent d’Aigouze, on ne rasait pas mais on toréait gratis. Bon ! Quatre oreilles pour Manrubia. Bon !

 

AMERICA : BLESSURE D’ARMILLITA CHICO...

     5 Mars : Alors qu’il toréait, hier, en tienta dans la ganaderia de Begoña, Miguel Espinosa « Armillita Chico » a reçu une grave cornada à double trajectoire, de 10 et 15 cms, à la cuisse droite. Le diestro a été transporté à Queretaro où il a été opéré. C’est mal parti pour la fameuse saison d’Espagne... où personne ne l’attend.

     4 Mars : Mexico – Plaza Monumental : Entrée rachitique – Toros de Malpaso, sortis inégaux en tout. – Alfredo Lomeli coupe l’oreille du quatrième et va renforcer le triste cartel de l’Oreille d’Or, dimanche prochain – Humberto Flores s’est battu, et le Cuate a donné beaucoup de passes

     4 Mars : Maracay (Venezuela) : Lleno dans la plaza – Le lot des toros colombiens del Encinillo a tout fichu par terre. Braves au cheval, ils ont par la suite, refusé tout combat. De vraies mules. Morenito de Maracay, Leonardo Benitez et Antonio Ferrera n’ont pu que constater les dégâts. A la fin de la course, le public s’est fâché tout rouge, balançant dans le ruedo tout ce qui lui tombait sous la main.

 

LES TOROS DE FRANCE...

     5 Février : La presse taurine et quelques coups de fil permettent d’établir les grandes lignes de la liste des ganaderias qui vont lidier, cette année, dans les grandes plazas françaises.

Ainsi, pour le Sud Ouest :

     Mont de Marsan verrait défiler, du 22 au 26 Juillet : Une corrida de Monteviejo, le dimanche (planquez vous !), une corrida de Victorino, le jeudi, en clôture, et entre ces deux dates, des lots de Domingo Hernandez, Capea et JoseLuis Marca.

     A Dax, la feria, du 11 au 15 Août, présenterait: Nunez del Cuvillo, Samuel Flores, Zalduendo Cebada Gago, Dolores Aguirre. Pour la Salsa, corrida concours, le samedi 8 Septembre. Le lendemain, mano a mano Ponce-Juli, avec des Torrealta.

     A Bayonne, on a du mal à cerner la programmation : Si tout est clair pour le week end du 14 Juillet, avec une novillada et une corrida, de même pour les Fêtes (4 et 5 Août) et la feria de l’Atlantique (1 et 2 septembre), on hésite à suivre les organisateurs qui renoncent à la feria de l’Assomption, donnant seulement deux corridas, le 12 ...et 15 Août. Curieux ?. Que se passera t’il les 13 et 14 Août: un nouvel opéra ? un Intervilles ?  un concours de pêche ?  Certes, le calendrier n’est pas favorable, certes il y a Dax et San Sebastian. Mais ainsi, Bayonne continue à faire le yoyo entre « la plaza de feria », et « la plaza de temporada ». Avec  le retour à la corrida du 14/15 juillet, on revient aux années 1960. (Alors qu’on y revienne complètement ! Corrida tous les dimanches... et on ne bouge plus ! ). On parle des fers suivants : Victorino, Cebada Gago, Atanasio, Luis Algarra, Torreon, Domingo Hernandez. On annonce par ailleurs, une corrida de San Martin et une autre du Palmeral. Il faudra donc attendre un peu, avant d’avoir le définitif sextet...

Pour ce qui est du Sud Est :

     Arles présenterait : Victoriano del Rio, Alcurrucen, Partido de Resina, Baltasar Iban, El Pilar, Samuel Flores
    
Nîmes
 annoncerait : Victorino Martin, Adolfo Martin, Cebada Gago, Palha, Torrealta, Zalduendo, Victoriano del Rio, et ....
    
Béziers
, pour la feria, du 11 au 15 Août, se baserait sur : Miura, Nuñez del Cuvillo, Juan Pedro Domecq, Santiago Domecq.

     A suivre tout cela, bien sûr, avec circonspection, car dans ce monde des toros, « on sait tout...et on ne sait rien ! »  Voyez Joselito, hier !

 

LES CONSEQUENCES D’UN ECHEC...

    6 Mars :  Selon qu’ils apprécient ou non Joselito et son entourage, les critiques taurins  ont tous répercuté l’échec subi par Joselito, dimanche, devant ses six toros de Vista Alegre. Certes, le ganado est sorti manso, ne permettant guère de briller. Cependant, de telles circonstances imposaient la lucidité, la technique, le courage et la briéveté. « A lidiar y matar ». Le public, totalement « a favor », aurait suivi et aurait même fait couper quelqu’oreille. Au lieu de cela, Joselito est venu, a essayé de réciter un  grand nombre de quites dont plus de la moitié « sortirent à l’envers », et donné des dizaines de muletazos dont certains bien vulgaires, et les autres aussi...  

  Désarmé, se prenant les pieds dans la cape, sans idées, sans rage, Joselito essaya, mais ne put jamais dire à ceux qui n’attendaient que ça : « Voilà pourquoi je suis figura ! ». Certes, il est arrivé à tout torero de postin de « se planter » sur une tarde primordiale, mais il faut chercher loin dans l’histoire pour retrouver un tel échec, dans un tel contexte.
    
Echec stratégique. L’intention était claire : En une corrida, en début de temporada, donner un grand coup de cymbale qui effacerait d’un coup la trouble saison 2000, repositionnerait Joselito au plus haut de l’escalafon et lui permettrait d’imposer sa loi aux empresas, sur tous les plans, en particulier celui de la Télévision. A ce niveau, l’échec est complet. L’ambition est devenue prétention, et les empresas ne vont pas se gêner pour dire au torero et à son mentor : « S’il vous plaît, messieurs, un ton en dessous... » Joselito devra rectifier très vite par une apothéose d’importance, sinon, cela va devenir difficile. Seul Séville peut faire le quite au madrilène. Un comble ! Bien entendu, une partie de la saison est déjà probablement « faite ». Cependant, monsieur Martin Arranz va devoir sagement ranger quelque arrogance, et, au lieu de « convoquer » les empresas dans sa chambre d’un palace madrilène, il va devoir prendre sa petite auto, son petit téléphone, et aller au rendez vous, comme les copains...

     Au lendemain de cette mésaventure, c’est l’échec de toute une organisation. Joselito a de quoi se poser des questions : Certes, il faut « ouvrir les melons pour savoir s’ils sont bons », mais un agriculteur qui  les cultive depuis des décades vous dira « prends celui là, tu peux y aller ! ». Les toros, dit-on, sont comme les melons... Alors, les veedores, l’apoderado, tout orgueil et tous caprices, ont planté le torero... et ce n’est pas la première fois. Certes, trouver six toros qui embistent est aujourd’hui « totale utopie », mais six qui sortent bien présentés et  aptes à donner de l’importance à un geste de ce type, c’est probablement jouable. On  a cru que c’était gagné d’avance, et c’est une grave erreur.

     Plus que l’échec d’un torero, c’est l’échec d’un homme. Après Séville, le 26 septembre 98, Joselito s’était juré de ne jamais plus prendre six toros, tout seul. La triste après midi de Séville arrivait après une temporada bien grise où le torero avait traîné sa mélancolie sur toutes les plazas de la planète « toros ». Au lieu de se fouler un pouce ou d’avoir une soudaine attaque de coliques néphrétiques à la veille de la corrida, il s’était aligné au paseo... et avait coulé, corps et biens. Si l’on reprend les chroniques, Malaga, deux ans plus tôt, avait aussi été un désastre, mais, perdu dans l’immensité taurine du mois d’août, où il se torée presque dix corridas tous les jours (et cinquante, le jour de l’Assomption), on l’avait vite oublié. Echec noyé dans le masse, Malaga avait été un coup de semonce. Séville avait précipité les décisions. Quelles seront les conséquences de Vista Alegre ?  Le torero a beau claironner qu’il a la conscience tranquille et qu’il est presque satisfait, il ne peut en être ainsi, dans le contexte actuel : Il a été mal, et il le sait. Il y a de quoi gamberger...

     Six toros seul et un triomphe, en tout début de temporada, c’est se remplir les poumons d’une logique fierté, au point d’avoir le moral pour cinquante corridas. C’est dire aux copains : « Bueno Julito, bueno Enrique, bueno « don » Tomas... aqui estoy yo ! » - « Je suis là, plus que jamais, et il va falloir compter avec moi ». Après trois échecs de la sorte (Malaga, Séville et Madrid, dimanche), Joselito aura du mal à dicter sa loi, et aujourd’hui, les copains doivent sourire d’un air faussement navré. Un moment redressé sur sa chaise longue, José Tomas s’est rendormi, tranquillement, perdu dans sa barbe et dans le rêve de sa double sortie par la Porte du Prince, à la prochaine Feria de Séville.

     Plus que jamais,  « Sevilla ! »sera d’une importance capitale: Après ce premier week end de mars, Jesulin part favori, avec José Tomas. Juli jouera toutes ses cartes ; Ponce viendra pour triompher « en avril » (il connaît la Porte du Prince... mais en septembre) ; Morante devra, à tout prix, marquer la feria de son empreinte. Le public sera « cariñoso » avec Espartaco. Comment sera t’il avec Joselito ? Pour le moment, dans les tertulias, on doit sourire doucement...

     No lo va a tener facil ! A moins de prendre six Victorinos, tout seul et avec la Télévision, à Las Ventas, le 2 Mai.... Mais ça...

 

ZOTOLUCO, SANS SON BRAS DROIT...

     6 Mars : Le matador mexicain Eulalio Lopez « Zotoluco » est arrivé en Espagne, prêt à attaquer sa seconde temporada, le 13 mars, aux Fallas de Valencia. Numéro un de l’escalafon mexicain, le Zotoluco a fait une très honorable saison 2000 dans les ruedos espagnols, avec en particulier, le grand triomphe devant l’historique Victorinada  de la feria de juillet, à Valencia.

     Mais le Zotoluco, c’est aussi un des membres de sa cuadrilla, le grand picador mexicain Efren Acosta. En quelques sorties magistrales, à Madrid, à Valencia, le varilarguero a démontré une totale personnalité et un grand académisme dans « l’art de bien piquer un toro ». Et donc, en allant voir le Zotoluco, les aficionados allaient aussi voir Efren Acosta...

     Hélas, le Zotoluco a voyagé seul, et débutera sa saison sans son bras droit. Blessé à un bras, le picador est resté au Mexique pour une convalescence de deux mois, rejoignant son torero pour Madrid, à la San Isidro. Dommage ! On n’aura probablement jamais l’image d’un énorme puyazo d’Efren  Acosta, debout sur les étriers, à un grand toro de Miura, au soleil de la Maestranza de Séville... La vie est mal faite !

 

LES DIX « GRANDS » DU SIECLE

     6 Mars : Vous avez « le hit parade », vous avez « los 40 principales »... Et bien, nous avons aujourd’hui les dix plus grands matadors du siècle.

     Le restaurant Lhardy, de Madrid, vient de réunir un jury prestigieux, composé de critiques taurins et de grands aficionados, pour élire les dix meilleurs toreros du siècle écoulé. Présidé par José Luis Suarez Guanes, le jury, où l’on retrouve, entre autres, Juan Posada, Joaquin Vidal,  Manolo Moles, Carlos Ilian, Javier Villan, « le petit Zabala »,  Carlos Abella... vient de débattre et de désigner les dix qui ont marqué le siècle. Ils ont pour noms : Gallito et Juan Belmonte, Domingo Ortega, Manolete, Pepe Luis Vazquez, Antonio Bienvenida, Antonio Ordoñez, Paco Camino, «El Viti » et ... Curro Romero. Sacré cartel ! 

     Qui donc marquera le siècle prochain ?

 

FALLAS DE VALENCIA : CHAUD DEVANT !

     7 Mars : A l’heure où toute la campagne anglaise n’est que flammes et fumée; à l’heure où, en France, on prépare les allumettes, on n’ose à peine parler des Fallas de Valencia, fêtes du feu, du bruit, fête de la mascletà et du toro. Un espèce de pudeur  nous empêche de chanter la fureur païenne qui porte la flamme au pied des statues de carton pâte, installées dans chaque quartier, qui se consumeront en quelques instants, au soir de la San José. Vue du Monte Picayo, où de Playa de Farnals, Valencia toute entière semble en feu. La joie déborde la ville à l’heure où la feria s’éteint.

     Cependant, 2001 aura un autre goût. Un goût de cendres. Cendres des toros qu’on incinère, cendres des milliers d’ovins et de bovins, sacrifiés dans nos campagnes, parce que les grands « faut qu’on » de l’Europe ont loupé quelque chose sur leur règle à calculer. Cendres et ruines dans les exploitations agricoles soudain désertées des mille bruits de la vie. L’Europe et la France vont indemniser d’une misère, des hommes et des femmes qui ont tout fait pour « être en règle », avec l’article 48 rectifié 63, alinéa 6 du code européen du bon éleveur, édicté depuis le couloir des « bureaucrates auto satisfaits ». Bruxelles est vraiment dans les choux !

     Qui consolera l’épouse de cet homme entrevu à la télé dimanche soir ? Le coeur n’est pas à sourire, gaulois ! On a créé la désespérance, on a légiféré la nature, et elle ce venge sur ceux qui la connaissaient, qui la défendaient, qui l’aimaient le mieux. Et en compensation, on dresse des grands bûchers et on les assassine dans le dos. Non vraiment, on ne veut pas de cette Europe là... L’Histoire parle quelquefois de « la révolte des paysans ». Un nouveau chapitre pourrait bien venir s’y ajouter, et quelques citadins pourraient bien y venir prêter main forte....

     En attendant, la Valencia taurina se prépare. Ces Fallas 2001 vont être un immense succès public. D’ores et déjà, il y a eu augmentation de 100% du nombre des abonnés, et sur 12884 places que compte la plaza, 5000 sont déjà prises pour tous les spectacles. No hay billetes, les 16 et 17, pour les corridas du Juli. Les 18 et 19 mars afficheront de même le cartelito favori des empresas. Les 14 et 15 feront le lleno, de même que la matinale du Rejoneo. La corrida portugaise, qui vient d’être ajoutée est également très demandée. Bien sûr, les novilladas du départ risquent de faire tâche dans ce tableau idyllique, mais on ne sait jamais. La feria va « embalada », et personne ne semble déplorer l’absence de José Tomas. Et c’est bien ainsi.

     Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes si...  Si  la fièvre ne passe pas les frontières, et si les mesures drastiques prévues « au cas où », ne tombent pas, (c’est le cas de le dire, « comme la misère sur le pauvre monde »), au moment de la première mascletà.

     Et on ne peut même pas dire « Prion(s) ! »...

 

VICENTE BARRERA : PERILLEUX « COME BACK »

     7 Mars : Quand on est torero de postin, il ne faut à aucun moment « perdre le train »... En un mot, bien ou mal, il faut « occuper le terrain », garder son rang, faire parler de soi.

     Absent des ruedos, pour cause de lésion, toute la saison dernière, Vicente Barrera reprend l’épée dimanche, près de Murcia. Le sympathique valenciano a ses partisans et sait intéresser l’aficion, par son toreo vertical, par un classicisme stoïque qui n’est pas sans rappeler ce que l’on nous raconte de Manolete. Sans être figura del toreo, Barrera a marqué de nombreuses ferias, y compris fondamentalement toristas, comme Bilbao, et a su imposer sa façon de faire à toute sorte de toro, Victorino inclu.

     Cependant, un an d’absence pèse probablement beaucoup, et Vicente Barrera n’a que quelques contrats pour signer son retour. Valencia, Castellon, une corrida, chaque fois. Certes, mené par la « Lozano Company », il va toréer, et peut-être se refaire une santé sur une saison planifiée en plazas de seconde et troisième catégories. Espérons que non. On suivra du coin de l’oeil le retour de cet avocat qui a su, en peut de temps, monter « de belles plaidoiries », et conquérir les publics par son apparente sérénité.

 

JESULIN VA CONTINUER...

     7 Mars : « Je suis heureux et j’ai montré, à Olivenza, le toreo qui sera le mien en 2001 ». Oublié le loufoque et le coquin. Au placard les clins d’yeux et les grosses rigolades. Au frigo, « la tortilla »... Jesulin de Ubrique revient en totale confiance, en pleine maturité d’homme et de torero. Les plus exigeants des chroniqueurs taurins ont souligné la qualité de la prestation de samedi. On le voyait venir, pourtant, et on le répète : Jesulin de Ubrique s’est retiré au moment où il toréait le mieux... Donc, une fois vaincus les « démons intérieurs », une fois la tempête passée, le torero revient... en torero !

     Dommage que Valencia n’y ait pas cru. Castellon, par contre, pourrait bien être la plaza du décollage définitif. Le 18 mars au soir, l’Aficion  saura si un torero peut faire assaut de popularité avec le Juli. Si en plus, la qualité se confirme dans la plaza... todos contentos !

     En attendant, Jesulin de Ubrique va toréer et effectuer « les derniers règlages », le 10 mars, à la Roda, et le 11 à Caravaca de la Cruz, près de Murcia. A suivre, de très, très près.

 

CITOYENS AFICIONADOS... A VOTAR !

     7 Mars : A trois jours de nos « Municipales », la revue taurine « Mundotoro.com » (voir liens) vient de révéler les résultats de « son » référendum. Il ne s’agissait pas d’élire le meilleur gestionnaire, ni de bouter hors de ces lieux « le plus tordu »... (on nous laisse cela, à nous, pour dimanche !). Non, il s’agissait simplement de prendre position sur des thèmes de l’actualité taurine qui créent quelque polémique, et de demander aux aficionados internautes « Qu’en pensez vous ? D’accord ou pas ?

     A la question : « Pensez vous que Victorino a manipulé les pitones de sa corrida d’octobre 95, à Valencia, fraude pour laquelle il vient d’être condamné à payer 2 millions de pesetas de multa ? » - 63% pensent que non, et 37% l’inverse. Un score qui doit rasséréner le ganadero, et faire soupirer d’envie quelque « tête de liste » parisienne.

     A la question : « Pensez vous que Joselito et José Tomas ont raison dans leur position vis à vis de la télévision ? » - 63% répondent par la négative, et 37 leur donnent raison.

     A la question : « La deuxième oreille devrait elle aussi être accordée par le public, et non par le seul président? " –  Les réponses sont plus partagées : 56% disent oui, 44%, non.  (A notre avis, à moins de mettre une « zapinette électronique » à disposition de chaque spectateur, ce serait un véritable bor... casse-tête ! En référence, le cirque déjà, autour de la concession de la première oreille)

     A la question : « Pensez vous que la maladie de la vache folle va réellement affecter le toro bravo ? » - 61% répondent par la négative, contre 39% qui craignent que...

     Sympa, le référendum ! Sauf que... on ne connaît pas le nombre de votants ! S’il sont des milliers, superbe ! S’ils sont vingt...  Donc, ballotage !

 

L’OREILLE DE CIMENT...

     8 Mars : Tandis que l’Europe balbutie des satisfecit auxquels personne ne croit, 50000 moutons ont été sacrifiés en France, sans qu’aucun cas de fièvre aphteuse n’ait été heureusement officialisé. 50000... La prévention coûte cher... et les vaccins dorment tranquilles dans leurs frigos.
    
De leur côté, les manadiers et ganaderos camarguais demandent l’autorisation de vacciner, ce qu’un enfant de sept ans comprendrait, vu  le travail très spécial et de longue haleine que constitue l’élevage du toro de combat, qu’il soit camague ou espagnol.  Imaginez cinq minutes que « la maudite » entre dans un mouton ou un cheval qui passaient par là... Tout le bétail est abattu, et cela sent la corne brûlée jusqu’à Bruxelles... Outre la disparition du noble animal de combat, c’est un travail de dizaine d’années qui serait en deux secondes réduit en cendres. Le temps d’une signature et d’un coup de tampon...
    
Alors, les autorités européennes disent : « Nous comprenons cela, mais, pour que telle autorisation soit donnée, il faudrait d’abord que la France en fasse demande (ah, ah !), que la commission se réunisse et statue. Alors, on peut penser que dans la seconde qui suit la réunion, pour la huitième fois rassemblée, après la cinquième présentation du dossier auquel il manquait « le formulaire N°692847B», on peut penser que la décision sera exécutoire. Comme vous le voyez, cela peut aller très vite, peuchère ! ».
    
Pendant ce temps, l’Espagne vit une monumentale cacophonie, les autorités disant une chose, Bruxelles autorisant une autre, et les professionnels faisant comme ils peuvent, mais à leurs frais. Tout cela, à deux jours de la première grande feria de la temporada, les Fallas de Valencia... Il se peut tout à fait que, si un cas de fièvre aphteuse était soudain repéré dans le cantal, la plus chatoyante des ferias, promise cette année à un énorme succès de participation, soit rayée d’un trait de plume, ou interrompue en son milieu...
    
Au Mexique, ils n’ont pas ce problème... ils en ont des autres. Dimanche, la plaza monumental de Mexico va clore sa temporada grande par la corrida dite de « l’Oreille d’Or », sorte de corrida concours, destinée à attribuer « le sceptre » au meilleur torero national, à la fin d’une course de gala où l’on a réuni les plus grands, les plus prestigieux... Alors, devant 40000 personnes, les figuras en décousent et ... l’Oreille d’Or !
    
Oui mais voilà. Comme vous l’avez constaté tout au long de l’hiver, la saison à la Mejico a été un véritable désastre, au point qu’un président s’est vu obligé de vider quelques bouteilles avant de monter au palco, histoire de voir plus de monde dans les gradins. Les entrées, lors des 21 corridas de la saison ont été dignes du « Radeau de la Méduse », et, à part le Juli et le Zotoluco, peu de toreros en sortent avec la cote en hausse.
    
Du coup, « l’Association Nationale des matadores, novilleros, rejoneadores » et autres professionnels, qui organise la grande corrida, a eu toutes les peines du monde à monter son cartel, les figuras ayant justement à faire quelque chose ce jour là (du style : « Non, désolé, je dois accompagner ma femme à Carrefour. Je le lui ai promis depuis novembre... je n’ai pas envie de me faire étriper !). Les organisateurs ont donc bricolé un cartel, en toute hâte, utilisant moultes circonvolutions oratoires pour l’annoncer, sous forme de la rencontre des promesses du Toreo Mexicain : Dimanche 11 mars, six tors de Celia Barbabosa pour Oscar San Roman, Alfredo Lomeli, Alfredo Rios « El Conde », Alfredo Gutierrez, Jeronimo et le cavalier Rodrigo Santos...  Trois Alfred, un Rodrigue et un indien...pour un Oscar. Vaya ! Certes des toreros, certes des promesses, mais aussi une garantie : à moins d’inviter 35000 personnes, la monumental va encore ressembler au Kalahari et la corrida de l’oreille d’or pourra changer de nom ... Corrida de « l’Oreille de Ciment » !

 

« JE T’AIME, MOI NON PLUS... »

     8 Mars : Il est parti il y a dix ans, l’oeil glauque, la cigarette et la provocation aux lèvres. Celui qui cachait derrière l’invective et le mépris une timidité maladive, était peut-être un génie, mais sûrement un vrai tendre. On aimait Gainsbourg, on détestait Gainsbar, (ou le contraire) mais personne ne pouvait nier qu’une musique comme celle de « Almeria » soit un chef d’oeuvre... Entre autres.
     
Quant à « Je t’aime, moi non plus ! », c’est la vie.... Dans le monde des toros, il en va de même. C’est souvent le cas des toreros et des apoderados. Ils s’unissent à grand fracas, et rompent soudain, au détour d’un communiqué de presse ou d’un email... Mais bien entendu, le communiqué est commun et la rupture se fait de forme bilatérale et en toute amitié...
    
C’est ainsi que, pour quelque « disparité de critères », (traduisez « on n’est pas d’accord, mais alors là, pas d’accord du tout !), le matador salmantino Juan Diego et son apoderado Carlos Zuñiga viennent de rompre leurs relations après un an de fonctionnement, ou plutôt, de non fonctionnement. Juan Diego va rouler seul, en attendant un prochain mentor, et Carlos Zuñiga va continuer son travail auprès du valenciano Manolo Carrion et de Miguel Rodriguez, deux toreros qui furent des promesses.
    
De leur côté, Antonio Picamills et le matador « hendayo bayonnais » Rafael Cañada, viennent d’annoncer, fort discrètement leur rupture. No Comment !

 

LA « BOITE » EN OR MASSIF...

     8 Mars : A priori, les boites de nuit et discothèques marchent bien. A preuve les trophées et médailles d’or que vient d’attribuer la discothèque sévillane « Antique », suite à la temporada 2000 dans la Maestranza. Il y en a pour tout le monde. Jugez en plutôt :

     A Manolo Caballero : Médaille d’or du « Temple »
    
A Finito de Cordoba : l’or de « l’Empaque »
    
Au Morante de la Puebla : l’or de « la Volonté de triompher » !
    
A Davila Miura : l’or  pour « Cuajar un toro » (un seul !)
    
A Pablo Hermoso de Mendoza : l’or de « la Maestria »
    
A Fernandez Pineda : l’or de la régularité novillera
    
A Javier Solis : l’or de la « Jeune Promesse »
    
A Juan Montiel : l’or pour « trois capotazos » (Eso si que merece premio !)
    
A Nuñez del Cuvillo : l’or pour « Cubierto », le toro du 1er Mai.
    
A Diodoro Canorea : l’or massif pour ses 40 ans de tendresse pour la Maestranza
    
Et ... à Curro Romero : l’or pour ... « être Curro Romero » ! !
    
La discothèque aficionada a également honoré le plus ancien des abonnés de la Maestranza, mais aussi, et cela mérite respect, José Manuel Montoliu, pour avoir bien voulu toréer dans la plaza où son père est mort, tué par un Atanasio, le 1er Mai 92.

     Des  prix qui peuvent, pour certains, prêter à sourire, mais qui ont été attribués par un jury des plus sérieux et des plus taurins, dont faisaient partie, notamment : Carlos Crivell, Juan Belmonte, Manolo Vazquez, le Docteur Ramon Vila...
    
Au fond, une heureuse initiative et un palmarès de haut vol... avec quand même un absent : José Ortega Cano. Je ne sais pas moi, on aurait pu trouver : de l’or pour « l’Aguante et la patience... » Mais ça, c’est une tout autre lidia.... pour de tout autres « bichos » !

 

AYYY....ON LE VOYAIT VENIR !

     9 mars : Les différents scandales liés à la maladie de la vache folle ne pouvaient qu’aboutir à quelque suspicion concernant l’élevage du toro de combat. Certes, quelques spectaculaires embardées, à la sortie du toril, avaient déjà mis la puce à l’oreille de plus d’un aficionado ; certes, des doutes planaient sur l’alimentation, lorsqu’il fallait essayer d’expliquer la déplorable faiblesse de certains toros ; certes... Pourtant, à part quelque revistero acide, comme Joaquin Vidal, par exemple, personne n’avait voulu faire la relation directe avec l’ESB.

     Cependant, un rapport vient d’être émis du Ministère espagnol de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation (le Mapa), dans lequel il est fait état d’utilisation de farines animales...dans le pienso donné aux vaches laitières ; dans la premières alimentation solide des veaux et génisses, et ... durant la dernière année de vie du toro de combat, afin de lui faire atteindre « la morphologie en accord avec les goûts du public ». En un mot, « vous prenez Sim, et vous en faites un Ben Johnson... »  Spasshhh !

     Bien entendu, ce rapport, sans signature, a fait l’effet d’une bombe à neutrons, et provoque la levée de boucliers que l’on devine. L’Union des Ganaderos, plusieurs éminents spécialistes sont montés à la barricade, et il va falloir que l’on s’explique. Cependant, personne ne peut rien garantir, ni dans un sens ni dans un autre, et il peut y avoir eu des « mélanges malencontreux »... Mais les ganaderos stipulent que la plupart font eux mêmes leur pienso, comme l’a démontré il y a peu, Victorino Junior, et que tout est super contrôlé par les services sanitaires au long de « la cria del Toro », et en particulier, dans les deux dernières années. Les ganaderos soulignent que les aliments à base de farines animales sont interdits depuis 1994, et que tout le monde suit cette règle, religieusement.

     Encore une fois, personne ne peut rien garantir à 100% (voir Ben Johnson !), mais s’il advenait qu’un toro se révèle positif aux tests, les conséquences pourraient être terribles pour l’élevage du toros bravo, avec la disparition totale et immédiate d’encastes uniques. Irrémédiable disparition de la tauromachie...

     Voilà, le doute est installé ! Il planait depuis un moment. Cela va faire du bruit. Communiqués et contre communiqués, expertises et contre expertises, tables rondes, ovales, carrées...  Et chaque fois qu’un toro sort avec la tremblote, se « décoordine », ou se roule par terre... que dira t’on ?

     De quoi devenir fou ! Ah... la vache !
 

LES TOREROS ENTRENT EN « REBETELIVISION »...

     9 Mars : José Tomas a fait école... Le Juli ne se laissera téléviser qu’une fois sur trois, lors de la prochaine feria de Séville. Du coup, Enrique Ponce aussi... Allons bon !

     Epousent ils la « philosophie de Tomas », quant à la Télé, ou se rebellent ils en voyant que, malgré ses caprices, le torero se voit considéré comme le plus grand, se permettant de triompher ou d’être mauvais, « qu’en petit comité »  (15000 personnes, pas plus !), tandis qu’eux sont obligés de toujours  supporter « l’oeil noir », coupant quelque oreille ou « se ramassant », devant des millions de spectateurs, sans pour autant en avoir plus de considération ? Pourquoi prendraient ils un tel risque, effectivement ?

     A la veille des grandes ferias, il va y avoir du sport. Ceux qui perdront ? Les cuadrillas qui perdront les émoluments liés aux retransmissions, et ... vous et moi, qui ne pouvons nous abonner à Via Digital ou Canal Plus. A n’en pas douter, les corridas retransmises sur la chaîne publique TVE1 vont payer les pots cassés.

     Exemple : Il y a, dans une grande feria, contrat avec Via Digital, pour cinq de six corridas, la sixième étant réservée à la Première Chaîne Espagnole. Vus les sommes engagées dans le contrat multiple de Via Digital, les corridas isolées de « la Première » feront forcément les frais du conflit. Super !

     Séville sera le champ de cette nouvelle bataille télévisuelle, avec déjà deux corridas en moins, le 28 Avril et le 3 Mai....justement celles que voulaient retransmettre la Première, peut-être !Avouez que... pas de chance !

     Heureusement que le printemps arrive, on va pouvoir aller jouer aux boules !

 

UN ARRIERE GOUT D’HUILE FRELATEE

     10 mars : Tout le monde garde en mémoire le sinistre scandale de l’huile frelatée qui souleva l’horreur que l’on sait dans l’Espagne des années 70, avec des conséquences terribles, des familles décimées, des morts et des handicapés à vie. Sans en arriver à ces extrêmes, au niveau humain, ce qui se prépare au sujet de la vache folle et des farines animales risque de faire un certain bruit, et surtout d’avoir de grosses conséquences sur l’existence même de la corrida.
    
Au su ou à l’insu des ganaderos, un certain pourcentage des toros  (on parle de 2.7%) aurait reçu une alimentation à base de farines animales. A partir de cela, tout explose : les ganaderos s’insurgent totalement, le ministère proteste contre les divers gouvernements et ministères précédents « qui savaient, mais n’ont pas bougé ».... « S’il y a eu fraude, c’est du côté des certains fabriquants, et s’il y a eu laxisme, c’est du côté de l’Administration qui a laissé circuler le produit »...  Cela peut sembler un peu facile. Cela est probablement vrai pour la majorité des cas. Mais... le doute est désormais bien installé. Il va s’étendre et, dès qu’un toro  fera des siennes, on repartira pour un tour...
    
Les ganaderos sont épouvantés et on les comprend. Si l’on s’en tient à ce qui se passe partout : un cas révélé positif et tout le troupeau est abattu. Cela veut dire que si un toro estoqué, en France par exemple, où l’on va systématiquement pratiquer le test prionique, se révèle touché par la maladie, la camada, les vaches, les sementales et toute la ganaderia devrait y passer. On n’ose y songer... et pourtant !
    
Pendant ce temps, et pour calmer les esprits, décision a été prise hier, par le Ministère, que l’administration espagnole prendrait à sa charge le coût du transport au centre d’incinération et de la destruction des toros. De plus, elle remboursera aux empresas le prix de la viande invendue. Ne restera aux organisateurs qu’à payer le transport des toros morts jusqu’au matadero le plus proche.

     Ouf ! Cela va mieux, et pour tout le monde. Par exemple, l’Empresa de Valencia calculait à 25 millions de pesetas, la perte sèche provoquée par les frais liés au « traitement » des toros morts à estoque dans sa plaza, sur toute la durée de la saison 2001. Il était temps que l’on réagisse et que l’on se mette d’accord. En effet, si l’on compare les deux premier mois de 2000 et 2001, il s’est donné 30% de spectacles en moins (38, cette année, contre 54, l’an passé). Comme prévu, les petits organisateurs, n’ayant pas les reins assez solides pour, d’entrée, prévoir ces frais, ont renoncé à monter leur spectacles. C’est criant, en particulier pour ce qui concerne le Rejoneo : En 2000, il s’était donné six corridas de cavaliers en Janvier et Février... En 2001, une seule.
    
Mais tout cela ne répond pas à la question : Que va t’il se passer si un toro « donne positif » à quelque test, en France ou ailleurs. On a beau tout brûler en Espagne, mettre de l’huile dans les rouages... il plane quand même un arrière goût d’huile frelatée...

 
FALLAS DE VALENCIA : CONQUETE ET RECONQUETE...

     10 Mars : Les Fallas débutent aujourd’hui, à Valencia. Dans chaque quartier, d’immenses statues de carton pâte se moquent allègrement de tous nos travers, brocardent les gouvernants, les vedettes, sourient de nos faiblesses et de nos petits défauts. On les appelle « les Fallas ». A côté, « les guignols de l’info » sont des rigolos pas très fins, faisant dans le facile. Ici, on a pensé et traduit avec un immense talent, l’attitude, l’expression, le regard, le rictus qui traduiront le mieux  l’événement ou le moment évoqués.  Quand brille le soleil, les fallas ne sont que couleurs et sourires.

     Dans toutes les rues, d’interminables défilés montrent des milliers de jolies filles un peu enlaidies par l’austère costume typique des Falleras. On a élu la reine des fêtes, la « Fallera Mayor ». Très maquillée, les cheveux tirés sous la lourde plaque cuivrée qui la coiffe, raide dans sa lourde robe de soie, il n’y a aucun doute : elle est sûrement plus jolie quand elle sort de sa douche... mais chttt ! Tradition oblige. Par contre, il y a les enfants, et là, le photographe peut se régaler.
    
Et puis ... le bruit. On appelle cela, la « Mascletà ». Nous qui râlons lorsqu’un gamin fait claquer un pétard dans la rue, ou qu’un pot d’échappement prend soudain quelque liberté, on va applaudir, à midi et en pleine grande place, le plus grand concours de pétarades que l’on puisse imaginer. Chaque jour, une nouvelle entreprise de feux d’artifices vient concourir. Il s’agit, en un temps donné de faire exploser à jet continu, sans qu’il y ait le moindre temps mort, des dizaines d’énormes pétards, à vous faire trembler des pieds à la tonsure. Tout compte fait, on préfère le défilé des falleras emplâtrées. Question de goût !
    
Mais, pour les aficionados, les Fallas sont traditionnellement « la première grosse feria de l’année ». Dans la grande et belle plaza de la calle Jativa, tout le monde se retrouve après le long hiver. On va faire le point de la situation, à l’aube du « grand circuit ». Empresas, apoderados, journalistes taurins, anciennes gloires du toreo, futures promesses, politiques, pique-assiete de tous genres... tout le monde se retrouve et s’époussette les épaules à grands coups d’abrazos, et en toussant un peu, à cause de la fumée des cigares...pouah ! Grosse ambiance. Dans les gradins, un public jovial qui veut voir toréer, et couper des oreilles. Mais... attention !
    
A deux pas, les toreros sont nerveux. Premier paseo d’une longue série, costume « d’estreno » qui gêne aux entournures, responsabilité, peur, doute... Il faut être bien, marquer d’entrer !
    
Cette année, il y a sept corridas, 21 postes et deux toreros « qui doublent » : El Juli et Enrique Ponce. On sait que la plaza sera pleine à chacune de leurs sorties. Mais le schéma sera différent : Le Juli, trop absent de Valencia, l’an passé, partira à la conquête de l’Aficion qui a pour lui les yeux doux. Pour Enrique, on parlera de « reconquête », et ce ne sera pas facile. 2000 fut l’année où Ponce, pour la première fois, ne connut aucun succès dans « sa » plaza : mala suerte, usure, caprice de l’aficion...  A tous coups, le torero de Chiva va vouloir reprendre le sceptre et être le seul à embrasser la Fallera Mayor.
    
Vicente Barrera va également tenter le come back. Il n’a qu’une cartouche, pour tirer la grande mascletà ! Situation difficile pour lui, d’autant qu’il torée le dernier jour, quand certains auront déjà coupé une charretée de trophées. Pas facile !
    
Le Califa devra confirmer son excellente sortie de mars 2000, et faire regretter à Séville de l’avoir à ce point oublié. Il va y aller à fond ! Que dire d’Ortega Cano ? Il doit reconquérir, non pas la seule Valencia, mais aussi les sceptiques et dubitatifs... dont nous sommes. On lui souhaite grande chance, mais....
    
Abellan doit frapper fort d’entrée. Nouvel apoderado, nouveau destin. Victor Puerto revêt le costume de figura, et non plus de celui qui veut remonter la pente et que l’on regarde avec sympathie, comme l’an passé. Attention ! Caballero, à la loupe. Voyons si la qualité supplée la quantité. Espartaco, pour oublier la sale voltereta de l’an dernier. Finito, Rivera Ordoñez, El Cordobes... des points d’interrogation de diverses dimensions ! Et puis, Jean Baptiste, au milieu des grands. Il faut confirmer, conquérir, encore et encore !
        
La feria commence aujourd’hui, par un novillada non piquée. Vous en serez informés au jour le jour... par le texte et en images ! Suerte pa todos !

 

DE CI... PAR LA...

     10 Mars : Enhorabuena à « Papa » Simon Casas qui vient de voir arriver au mundillo, la petite Dora, hier soir, dans une clinique de Montpellier. Félicitations à la maman, Amandine. Pas à dire, si elle a le caractère de son père, et est aussi mignonne que sa mère, voilà une petite fille qui promet beaucoup. Grand bonheur à tous trois !

     10 Mars : Moron de la Frontera, près de Séville, va inaugurer sa plaza. Construite par l’enfant du pays, Manuel Morilla (ex apoderado de Jesulin), la plaza, de 5000 places, va accueillir l’événement du jour : Le retour de Manuel Benitez « El Cordobes », pour la première de sa tournée d’adieux. Enième retour de l’ex chevelu, qui a été le phénomène et la super star des années 60/70. Cependant, plusieurs tentatives ont donné lieu à quelques tristes épisodes. Dommage ! Manuel, qui fait 65 ans en mai, mérite de grands adieux, et, comme nous l’avions suggéré en fin d’année, on pouvait imaginer un autre événenmentiel, mot à la mode, pour préparer sa sortie, que ces paseos de troisième catégorie, même entouré de figuras qui vont le câliner.
    
Le Cordobes à toréé de multiples becerras au campo, tué deux novillos et fait ses sempiternels exercices de souplesse. Il se sent au top! Superbe! Mais aujourd’hui : six toros de Nuñez del Cuvillo, avec Ponce et Juli... et un public qui vient voir « El Cordobes » tel qu’il fut, et non tel qu’il est. A ver lo que Pasa ! 

     10 Mars : San Sebastian (Plaza d’Illumbe)  - Novillada du grand concours de novilleros. Il y aura beaucoup de monde, aujourd’hui, parce que torée Julien Lescarret. Sa prestation a séduit les aficionados, « aux mimosas de Nîmes ». A n’en pas douter, une grande actuacion ouvrant les portes de la  phase finale, donnerait une nouvelle projection à la jeune carrière du landais. Suerte ! A ses côtés, face aux Mari Carmen Camacho, deux clients sérieux : Fernandez Pineda, à la veille de soin alternative sévillane et Sergio Aguilar, qui connaît bien le concours, ayant triomphé par deux fois, les 18 et 25 février dernier.

 

« IL A QUELQUE CHOSE !»....

    11 Mars : Quand un torero provoque en vous un petit sursaut d’émotion, une chaleur spéciale au coeur  ou au ventre; quand tout à coup, vous sous rendez compte que vous le regardez d’une autre façon, une phrase vous arrive aussitôt à l’esprit : « Il a quelque chose ! ». Bien souvent, ces quelques mots sont suivis d’un « mais... » qui traduit : « Je ne sais pas comment le définir... », et  « y a encore du boulot !... »

       C’est un peu l’impression qu’a donné hier Julien Lescarret,, lors de sa présentation à Illumbe, au cours de la quatrième novillada de la grande rencontre mondiale des novilleros. Il avait attiré beaucoup de français qui avaient pour lui, et on le conçoit, les yeux de Chimène.
    
Julien coupe l’oreille du sixième, en toute justice. Laissons la pétition de la deuxième oreille, hors de propos, et les superlatifs qui vont accompagner cette première sortie. N’allons pas répéter avec Lescarret, les bêtises qui ont laissé d’autres toreros français, et du Sud Ouest, sur le bord du fossé. Julien « tiene algo ! », il a quelque chose, c’est vrai. Du courage ?- Ils en ont tous. Une apparente décontraction ?- Peut-être un peu trop... Il a une facilité devant le novillo, une aisance qui peut le desservir, dans la mesure où il ne pèse peut-être pas assez sur l’animal, et se retrouve parfois en situation difficile. Par contre, lorsqu’il s’y met, comme au début de la faena au sixième, on a deux grosses séries à lever les gradins, partout. Un novillero à suivre.
    
Lescarret a marqué la novillada d’hier en trois moments : Un gros quite «à la Juli », enchaînant des suertes diverses et aériennes. Le salio muy bien, et l’ovation fut « de gala » - Le début de faena au sixième, par doblones, genoux plié, à la fois doux et efficaces, clos d’un joli pecho - Et puis cette première série, main droite, de trois derechazos, changement dans le dos et grande passe de poitrine. Enorme ! Et le public en entier, ne s’y est pas trompé. Bien à plat, tirant le toro avec autorité, imprimant esthétique et profondeur au muletazo, Lescarret a ouvert  là les portes de l’avenir. Après, cela fut un peu plus bousculé, toujours très engagé, mais la faena s’en alla a menos, avant un bon ¾ de lame. Il a été « en novillero », et sa joie faisait plaisir à voir, lors de la vuelta. Muy bien, Julien Lescarret. Les portes des demi-finales sont ouvertes. Attention, la prochaine fois, à Illumbe, un seul novillo et la Télé ! Un gros challenge ! 
    
Le succès de Lescarret fut d’autant plus méritoire qu’il toréait avec deux collègues beaucoup plus puestos, mais qui se sont les deux, « ramassés », l’un pour se regarder toréer, l’autre pour vouloir jouer les José Tomas sans en avoir, ni la personnalité, ni la technique. Bien entendu, on ne parle pas ici de courage... Ils en ont tous. Julien Lescarret a tout essayé, a réussi de bonnes choses. Il est venu en vrai novillero, et cela est un énorme bon point. A noter que les aficionados espagnols qui souriaient doucement en écoutant ce qui se voulait des palmas gitanas, avant que sorte le français... souriaient franchement, en applaudissant sa vuelta, en fin de course. Pas à dire : « Tiene algo, el franchute ! »
    
10 Mars : San Sebastian (Illumbe) – 4ème Novillada du grand concours – Bonne entrée – Pluie dehors, et une bénédiction d’avoir cette plaza : Six Novillos de Mari Carmen Camacho. Présentation inégale, avec un premier vraiment « ninot », et beaucoup plus sérieuse, par la suite. Les armures correctes, quoique souvent gachas. Noblissime, mais faible, le premier ; rendu dangereux le deuxième ; tardant à déclencher sa première charge, avant d’enchaîner avec violence, le troisième ; noble et soson le quatrième. Enorme de mobilité et de noblesse, le cinquième, le lot se clôturant par un joli burraco qui, quoique bon, ne donna pas les facilités du précédent. A la pique, des entrées symboliques pour trois novillos et le massacre à la monopique carioquée pour deux autres.  
    
Fernandez Pineda prend l’alternative à Séville, en Avril. Malgré la portagayola et quelques détails allurés, on a du mal à voir ce torero projeté vers les cimes. Il donne beaucoup de passes, souvent sur le voyage, « se regarde toréer » sans réelle personnalité. Il a ennuyé le monde, hier (ovation et silence)
    
Sergio Aguilar revient, après cette lésion qui l’a laissé hors de ruedos, toute la saison 2000. Le torero promettait beaucoup avec cape et banderilles, face à son premier. Vaillant, froid, il ne commanda jamais au tout début de sa faena, voulant jouer le toreo d’aguante, à bout portant, sans assez de toque, à  un toro qui ne s’en laissa pas compter et lui explosa à la figure, devenant impossible. N’est pas José Tomas qui veut. Sergio Aguilar « no manda ». A noter que ce toro vint de loin, très proprement, par trois fois. Ce fut un désastre, et le public se montra gentil avec lui, l’applaudissant au tiers. Le cinquième, après deux premier tiers anodins, se sentit tout à coup une envie de charger, répétant au galop des allées et venues très nobles, que le torero ne sut mettre à profit, encore une fois par manque de mando, ne commandant pas, ne pesant pas sur la charge du toro. Faena a menos, que cinq manoletinas à « la Bernardo » et une entière rapide sauvèrent, au point de faire couper une oreille que l’on applaudit du bout des doigts, tandis que le novillo était ovationé. (A noter un petit « vilain geste », quoique permis par le règlement : Le premier était très faible au sortir de la première pique, au point que Fernandez Pineda ne put donner son quite. Le novillo repartit au fer, sortant titubant. Sergio Aguilar aurait peut-être pu renoncer à son quite, laissant ainsi à son collègue trois ou quatre muletazos de plus à donner. Certes, il était dans son droit, mais, bon ! Il y a la lettre, et l’esprit !) 
    
Julien Lescarret ne put endiguer, à la cape, les charges irrégulières du troisième, signant cependant un joli double remate. Deux entrées au cheval pour un court châtiment, avec un grand quite du français, enchaînant six suertes différentes et rematant guapo. Bien. La faena fut compliquée, le toro tardant terriblement à déclencher sa première arrancada, puis, chargeant violemment, par la suite. Laisser cette muleta en fin de passe, aussitôt toquer et citer de la voix, avant qu’il ne s’arrête... Facile à dire. Julien y parvint parfois, mais le toro se retint chaque fois plus et la faena baissa. Deux pinchazos et une tendida de travers précèdent un avis et un descabello. Ovation d’encouragement. Le burraco sixième ne se laissa pas toréer de cape. Gros désarmé dans la première chicuelina, pour la vouloir donner trop serrée. Le quite sera un peu bousculé, mais applaudi. Deuxième tiers « rapide », comme il se doit et super début de faena, comme raconté plus haut : les doblones et cette première série...  Après, Julien a peut-être cru qu’il y était et que tout serait facile. Il pesa moins sur la brave arrancada du bicho, et ce fut beaucoup plus forcé, accroché, bousculé. La faena partit à menos, peut-être par excès de facilité. Mais, dans chaque série, un bon geste, une attitude et une envie comme autant de promesses. « Entro fuerte, y mato ! ». Oreille forte, joie de vrai novillero qui part à la conquête du monde. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, mais la vraie joie de ce garçon fait plaisir à voir. Notez son nom : Julien Lescarret... « Tiene algo ! »

 

MORON DE LA FRONTERA FETE LE CORDOBES

            Le 10 mars 2001 sera une date écrite en lettres d’or dans le grand livre de Moron de la Frontera, près de Séville. En effet, ce jour-là, on inaugura la plaza de toros, et la corrida fut triomphale. Rêvée par Manolo Morilla, la plaza a été construite en quelques mois (travaux débutés le 19 octobre 2000) . Elle est moderne, fonctionnelle et reçoit 5000 spectateurs. Au fronton, on peut lire : Plaza Manolo Morilla ! Et alors !
Plaza pleine, hier, pour l’événement. La messe, l’inauguration et ... le retour de Manuel Benitez « El Cordobes ». Bon, il est revenu, a coupé une oreille à son premier, mais a mieux toréé le quatrième, dit on, qu’il tua mal. Ponce a été très bien avec son premier (deux oreilles), et se défendit devant le méchant cinquième. Juli, avec un lot ardu, a fait de tout et coupé une et une. Le lot de Nuñez del Cuvillo, « a modo », s’est révélé inégal : trois très nobles et les autres, plus pénibles.
Le toro de l’inauguration (et du retour du Cordobes) s’appelait : « Lugareño », N°173, de Nuñez del Cuvillo. Les trois diestros et « l’empresa,-constructeur-propriétaire-enfant du pays », Manolo Morilla, sortirent a hombros.

 

DE LA... PAR CI....

     11 Mars : Il semble que Joselito et José Tomas vont toréer à la San Isidro. En effet, on parle d’un début d’accord pour deux corridas pour chaque diestro, l’une étant télévisée, l’autre, fuera de abono, non retransmise. Se dirigerait-on vers une corrida de la Presse, hors abonnement, en mano a mano ? Ce serait logique, mais aussi plutôt comique... Une corrida « de la Presse » sans télé....
Il se murmure que José Tomas prendrait les Puerto San Lorenzo et les Adolfo Martin. A suivre !
     11 Mars : On apprend l’indulto d’un  novillo de Penãjarra, hier, au cours du festival de El Real de la Jara (Sevilla). Plaza pleine et une grande tarde : Sept novillos de ganaderias différentes, et triomphe des diestros. Espartaco, Padilla coupent deux oreilles, Litri, une. Apothéose pour Julito Aparicio, Pepin Liria qui coupent tous les trophées, accompagnés d’un Chiquilin en verve, qui a la chance de toucher le grand exemplaire de Peñajarra, et de le faire gracier. Deux oreilles et la queue, symboliques, et pour le brave toro... la belle vie commence.
     11 Mars : La plaza de Las Ventas, monumental de Madrid, ouvre aujourd’hui ses portes, avec une novillada de Nazario Ibañez. A noter que trois des six novillos ont été refusés « pour excès de présence ». Ca change un peu !  Au cartel : Luis Viches, que l’on va suivre avec attention, et qui fait quand même un gros pari, avant son alternative sévillane. On peut se demander, en effet, si cela vaut le risque d’aller à Madrid, sans trop savoir ce que l’on va toucher, et hypothéquer ainsi une grande confirmation d’alternative à la San Isidro. (Cependant, le contraire est aussi valable, et, si ça se trouve, le contrat de Vilches, pour « la grande feria », est déjà signé !). Le torero d’Utrera sera accompagné de Grégorio Alcañiz et du Paulita.
     11 Mars : Les Fallas ont débuté hier, avec une bonne novvillada non piquée de « La Quinta ». Les Santacoloma ont donné grand jeu et un élève de l’Ecole de Castellon, Alejandro Rodriguez est sorti a hombros, coupant une oreille chaque fois. De son côté, le Javi, de l’Ecole de Valence, porta plus sur le public que sur les novillos, et Francisco Romera se montra encore vert.
La feria débute vraiment ce jour avec la première piquée : Encore de Buendia de « la Quinta », pour Fernandez Pineda, qui devra montrer autre chose qu’à Illumbe (surtout avec des Santacoloma), Oscar Sanz et Rafael Sanchez Pulido.

 

VOX POPULI ...

     12 Mars : Les lendemains d’élection doivent être terribles. Dans bien des cas, la gueule de bois doit être sévère... Les raisons en sont diverses : Une vraie, une bonne parce que l’on a gagné, et qu’il fallait bien « arroser cela »... Une triste, froide ou haineuse (selon les caractères), parce que, malgré son mandat de ministre ou de « grand » de la politique, on a pris une de ces roustes qui font date...
    
Bien entendu, le sourire reste le même, (modèle 53 rectifié 54), mais dans la tête, les idées doivent se bousculer un peu, du style « Mais qu’est ce que je suis venu(e) faire ici ? J’étais pourtant bien, là haut, dans mon bureau « vert et or ». Ayyy ! C’est ainsi ! Les élections municipales sont probablement les plus intéressantes, parce que l’on y parle des hommes avant tout, et qu’au fond, on préfère renvoyer « en haut » un homme que l’on connaît, plutôt qu’un ministre moralisateur parachuté, qui brûle les étapes... et les feux rouges. Le philosophe avait raison : « Méfiez vous des transports... ils transportent mal ! »
 
    Côté villes taurines, Mont de Marsan, Bayonne coupent les deux oreilles. Il y a « division d’opinions » favorable à Dax. Habra que rematar ! A Vic, par contre... el toro al corral !
    
En Espagne, la vox populi essaie de faire du bruit dans les plazas, comme si elles étaient remplies, comme si les toros chargeaient fort, solides sur leurs pattes, comme si les toreros ouvraient tous le « frasco de esencias ». Les plazas sont loin de se remplir, pour le moment, et les organisateurs, inquiets, doivent aussi se préparer  à  « s’en prendre une bonne », soit pour fêter le triomphe, comme Morilla à Moron, soit pour noyer leur chagrin, comme Herrerias à Mexico, qui a réussi a mettre 5000 personnes dans sa Monumental (qui peut en recevoir 45000), pour sa corrida de « l’Oreille d’Or », ultime d’une temporada désastreuse, tandis que le sous commandant Marcos réunissait le peuple « sur la grand place du marché »... de la capitale mexicaine. Triste corrida, clôturant une triste temporada... L’oreille d’or n’a pas été coupée, et l’empresa reste désormais seul avec ses souvenirs. Triste !
    
Hier, 11 mars 2001, les vedettes furent les novilladas : Valencia, bien sûr, Madrid, qui ouvrait et Vista Alegre... qui fermait son cycle des novilladas d’hiver. Côté corridas, les Lozano se sont frisés, avec leurs toros, à côté de Murcia. Comme leurs toreros ont aussi triomphé et qu’ils sont en train de nous mijoter une grande feria de San Isidro... la vie est belle !

     11 Mars : Madrid (Las Ventas) – 1/3 de plaza : La novillada d’ouverture de Nazario Ibañez n’a pas donné grand chose. Novillos faibles, le premier frôlant l’invalide (poids des « novillos » : 499, 521, 460, 532, 516, 532 kgs !) – Luis Vilches avait quelque chance de se planter... c’est fait (Silence et silence) - Gros succès du frère de Miguel Rodriguez, Gregorio Alcañiz. Il coupe la première oreille de la saison et confirme les bonnes qualités entrevues dans ce ruedo, l’an passé. Torero solide dans les trois tiers, « con muchas ganas » (Oreille et ovation) – Paulita, l’Aragonais fut un peu vert (silence partout). Au début de la corrida, on respecta une émouvante minute de silence, en hommage a Bojilla.

     11 Mars : Madrid (Vista Alegre) – Novillada en mi-journée – bonne entrée : Novillada du Pilar, avec un bon dernier de Moises Fraile – Triomphe et sortie a hombros de Matias Tejela qui coupe une oreille chaque fois et, surtout, rallie tous les suffrages (c’était le jour !), toréant plus reposé, pensant bien devant le novillo – Abraham Barragan fut technique et un peu froid ( ovation et palmas) – Leandro Marcos, solide (ovation et une oreille du cinquième)

     11 Mars : Orusco de Tajuña (Madrid) : On y retrouve, l’après midi, deux des novilleros de la matinée madrilène. Face à une excellente novillada de Domingo Hernandez, ils se sont « frisés ». Que l’on en juge : Abraham Barragan et Leandro Marcos coupent chacun trois oreilles et un rabo. Mais ils sont coiffés sur le fil par Jose Luis Triviño qui fait quatre et une queue. Un sacré ragoût !

     11 Mars : Caravaca de  la Cruz (Murcia) – ¾ de plaza : Grande corrida des Lozano : Les toris premiers toros sont « des frères », les trois derniers, d’Alcurrucen. Super le cinquième à qui l’on donna vuelta posthume – Jesulin coupa l’oreille du premier, écoutant une ovation au quatrième – Manolo Caballero a été « énorme », toréant a placer, longuement, et tombant sur le magnifique cinquième : deux oreilles et deux oreilles et rabo – Vicente Barrera, dont c’était le retour officiel, peut se montrer satisfait : les automatismes sont revenus : oreille au sixième. . Maintenant, il va falloir confirmer à Valencia et Castellon.

 

« FALLAS DE VALENCIA » CELUI QUE L’ON ATTENDAIT PAS

    La première novillada de la feria, hier, 11 mars, a été marquée par le triomphe d’Oscar Sanz, appelé en dernière instance, pour remplacer le jeune Mompo, blessé. Trois novilladas en trois ans...c’est pas beaucoup, et pourtant il est arrivé, a sorti deux portagayolas  au cordeau, et montré technique, fermeté, courage, tirant des naturelles inattendues. Oreille et vuelta, respectivement, pour ce novillero que Valencia va devoir considérer avec plus de respect.

      Le lot de « La Quinta », inégal en présentation, fut noble dans l’ensemble, avec pour dénominateur commun, la soseria, à divers degrés. Le sixième fut le meilleur – Beau temps et media plaza pour cette novillada qui ne laissera pas grand souvenir de Fernandez Pineda, il est vrai mal servi. Un avis au premier, deux au quatrième...Bof ! Cependant, l’ovation l’accompagna par deux fois, en particulier pour trois séries de bons derechazos, devant le premier – Sanchez Pulido accompagna plus qu’il ne toréa le troisième, et on lui en fit reproche. Il fut bien plus décidé devant le dernier, mais ne put se hisser à la hauteur du bon novillo. Silence. 
    
Ce 12 Mars, deuxième novillada piquée : Six « Coquilla » de Sanchez Arjona, pour Juan Alberto, Cesar Jimenez et Ivan Garcia.
(Photos Alberto de Jesus – Valencia – Avec notre gratitude)

 

DU GRAND TOREO  EN HOMMAGE AU « TURRONERO »

     L’entendre chanter Curro Romero, était entrer un peu dans le mystère du torero de Camas. Grand aficionado, torero practico, cantaor de première, le Turronerro avait eu un accident cérébral, et on lui rendait hier hommage, dans un festival qui ne pouvait, bien sûr, se dérouler autre part que dans la plaza de la Algaba, celle où, justement, se retira le Faraon !
    
Novillos offerts par les ganaderos « del Sur », et des toreros qui mirent tout leur talent pour fêter leur amitié et leur respect pour le chanteur. Ortega Cano coupa deux oreilles, se sentant presque a gusto. Mêmes trophées pour Espartaco, qui se montra en grande forme, donnant en particulier, des largas à genoux. La faena du jour pour Ponce, superbe. Les muletazos les plus profonds furent ceux du Morante. Les deux diestros coupèrent également deux oreilles. Rivera fut sérieux et très volontaire devant un « pas facile », coupant une oreille. Javier Conde, de même, et le jeune novillero Fernando Pereira se gonfla de joie, en pareille compagnie, coupant lui aussi une oreille. Le festival avait débuté par une bonne actuacion à cheval de Jose Luis Canãveral.
    
Grand moment de joie et d’émotion pour le Turronero. Grand moment de Duende Torero. 

 

TRIOMPHER SANS COUPER...

     13 Mars : Dans les états majors, on discute et on discute... Regards en dessous et sourires en coin sont de mise. A la télévision, les ténors donnent le change... « Nous sommes potentiellement vainqueurs ! » ou « Moralement, nous sommes devant ! », ou encore « Si nous perdons, ce sera la faute au copain ». Qui donc croit vraiment à ces billevesées ? Tous les artifices sont bons et la démagogie coule à flots. On donne le change en ratissant large, en braillant des chansons, en récupérant les votes des marginaux... Pas à dire, y’en a qui sont « motivés » !. Puis, le moment venu, « on va la ramener, c’est promis, mais on ne veut surtout pas de responsabilités... ». Tiens donc ! Pendant ce temps, les musiciens, ravis, compteront les ventes... « en douste » !
    
Dans ce ruedo de la Politique, où deux et deux ne font pas forcément quatre, il est de bon ton, non de gagner, mais surtout de faire perdre « ceux d’en face ». Si, de plus, ils sont « du même côté », alors là, on frôle l’extase ! Tout le monde alors se transforme en cuisinier en quête d’une fugitive étoile de plus au  Michelin  de la perversité, et certains font exploser les compteurs... Pendant ce temps, nous, « on va bosser » !
    
Dans l’arène, il arrive à un torero de « triompher sans couper ». Le diestro en est souvent triste à pleurer, l’apoderado est admiratif, mais fait un peu la gueule, parce que « Bon Dieu, s’il avait mis l’épée, il coupait deux oreilles et je lui faisais trente corridas, (ou novilladas) d’un coup ! Mais il faut qu’il attaque droit, hein, Y a pas moyen ! Un petit bajonazo, ça n’a pourtant fait de mal à personne, non ? Maldito !». Le public applaudit à tout rompre, les cuadrillas balancent force abrazos au triomphateur déçu ; la presse chantera ses faenas. Un vrai triomphe, moral... Oui mais voilà... il n’a pas coupé d’oreilles et au bilan, la statistique sera sans pitié.
    
Pourtant, on ne peut que rester admiratif devant ces hommes, parfois tout jeunes, qui se jouent la peau, quelle que soit leur statut, leur fortune, leurs talent et rêves de glorieux futur. Rincon et le Baltasar Iban, Ponce et le Valdefresno, Califa et le Dolores Aguirre... Certes, ils coupèrent, ce jour là, mais la récompense n’était pas à la hauteur de l’odyssée vécue. Ils méritaient le toro tout entier !
    
Hier à Valencia, un jeune novillero a triomphé, sans couper d’oreille. La novillada était très dure, et il a tout donné, se comportant en torero, en homme d’honneur. Et même s’il n’a pas fait « le plein de voix », il peut être fier de sa journée, qui le conforte comme novillero de projection nationale. Il s’appelle Cesar Jimenez .

     12 Mars : Valencia – 2ème Novillada des Fallas – 1/3 de plaza : Novillada d’émotion. Novillada que l’on suit en sursautant. Les Coquilla de Sanchez Arjona sont, à l’habitude, sortis solides et très durs. Mansos con mucha casta, ils sont aux aguets de tout, et fondent sur le maladroit, à la moindre erreur, à la moindre hésitation. Les cuadrillas et les toreros n’ont qu’une solution : faire les choses très bien, en moins de temps possible. Pas un capotazo ou un muletazo de trop. Avant tout, lucidité et courage. Il faut montrer qui est le patron, sinon on est enfermé dans un tourbillon. Novillada très dure qui a provoqué plus d’un susto. De vrais toros de combat, tels que n’en verront peut-être pas les matadors, tout au long de la feria.

     Triomphateur, quoique sans couper de trophée, Cesar Jimenez. Le jeune de Fuenlabrada a entendu deux pétitions d’oreilles, mais le président refusa. Au Bilan : deux vueltas à son premier, une autre au cinquième. Pas de trophée. Zéro au planchot! Pourtant, le novillero a connu une journée très importante, se montrant d’une remarquable fermeté devant des toros qui en auraient fait courir plus d’un. Le début de faena, les deux genoux en terre, toréant vraiment, les cornes passant et repassant en éclairs au ras du visage, ont sidéré le public. Vaya ! Olé el valiente ! Puis, les pieds plantés au sol, le jeune diestro toréa l’ouragan, faisant fi des avertissements, des regards lourds de menace. Aguanto, trago paquete ! Enorme de valeur et d’ambition torera, le garçon se tira à matar, mais il pincha, sortant bousculé. L’estocade qui suivit mit du temps à faire son effet, et le président, pour cela, fit sonner un avis et  refusa le trophée. Devant le cinquième, même schéma. Le toro chargeait par à coups très violents et le novillero se joua encore le physique. Pas de succès possible, mais... la vérité et l’honneur. Cesar Jimenez, hier, a convaincu beaucoup de monde qui le prenait pour un « niño mimado ». Il a été en novillero, en torero, et même s’il n’y a pas de trophée au compteur, il est déjà un des triomphateurs de la feria.
    
On ne pourra dire de même d’Ivan Garcia qui essaya de faire passer son toreo d’esthétique et  de finesse devant les tourbillons de Sanchez Arjona. Certes de bonne véroniques à son premier, certes de bons détails, çà et là au cours des faenas, mais une impression de fragilité « quand on ne peut faire le toreo rêvé ». Il entendit le silence par deux fois, avec un avis au troisième – Le valenciano Juan Alberto fit face, vaillamment. Grosse bagarre avec le premier, franc « comme un âne qui recule », et se la jouant devant les coups de hachoir du quatrième. Il réussit à imposer des naturelles, malgré les tornillazos, finissant par se faire vilainement accrocher. Heureusement, la Virgen passait par là, y no paso nada ! Silence, un peu dur, au premier et ovation au quatrième.
    
Le novilleros ont eu un vrai mérite, tout comme ce monosabio qui se lança au secours de ses collègues occupés à relever un cheval. Quite à cuerpo limpio et déjà, un des « gestes » de la feria.

( A voir dans l’actualité de « Mars »: Photos d’Alberto de Jesus – Valencia -  Avec toute notre gratitude).

     Valencia, ce mardi 13 (martes y trece !), première corrida des Fallas : Six Guardiola (de Villamarta) pour le Zotoluco, très apprécié ici, depuis son apothéose de juillet dernier ; Manolo Carrion, torero Valenciano qui « aurait du être», mais qui n’a pas été ! Son retour est programmé, suite à une bonne réapparition, en octobre dernier ; Jose Luis Moreno qui a donné son sang, ici, en juillet passé, contre un moment de gloire face aux Victorinos.

 

APRES LES MAIRES... LE PRESIDENT !

     14 Mars : N’allez voir ici aucune allusion politico judiciaire à ce titre facile. Les aspirants aux plus hautes charges dans les principales villes de France ont suffisamment de talent pour le ridicule, sans qu’on aille en rajouter. Quand au Président, il est au-dessus de la mélée...  pour le moment.
    
Les élections municipales vont se clore dimanche, dans le champagne et les embrassades. A Paris ou a Lyon... ah, ce qu’on s’aime soudain ! Un vrai coup de foudre ! Enfin, laissons les à leurs jeux, et saluons plutôt le vieux maire du petit village qui, d’une main rugueuse et solide, accompagne tous ces administrés, les appelant par leur nom, connaissant leur histoire et leurs qualités... et de l’autre, hésitante, feuillette les divers règlements qui président à la bonne gestion d’une commune, en accord avec les directives de Bruxelles revues par Paris, qui les a d’abord fait tamponner par le Préfet... Manquent plus que le Pape et l’Archevêque... ! A vous, bon courage, Monsieur le Maire, et ne changez rien ! Quant aux autres... une bonne équipe, quelques poignées de mains, deux ou trois Alka Seltzer et beaucoup de vaseline... cela devrait aller !
    
Non, quand on dit « Président ! », on parle bien entendu de « Président de corrida », bien sûr ! Voilà un homme que l’on envie pas. Il a une lourde charge. Aujourd’hui plus que jamais. Dans le temps, il devait veiller au bon déroulement du combat, maintenir l’ordre dans la lidia, arbitrer les désirs du public. Ce n’était déjà pas facile et bien entendu, au moindre incident, il faisait fonction de « fusible »... Aujourd’hui, le président à une autre charge: Infirmier chef...
    
« Que faire ? Faut il le rentrer ? Faut il changer ce tiers ? Que faire de celui ci, qui vient soudain de se coucher au milieu de la faena : manso, ou invalide ? » Que disent les assesseurs devant la pétition du public après une faena de ramping , la muleta justifiant sa vraie traduction : une béquille ? A ce moment là, ils se font discrets, tout petits, les assesseurs...  Les toros de l’An 2000 sortent plus faibles que jamais, enveloppés, cette année, d’une couche de suspicion supplémentaire... l’ESB rôde, s’est déjà peut-être faufilée. Du coup, déjà plus de « faux filets » aux étals... on brûle tout, les toros et les preuves. Que se passera t’il, demain ?
    
En tous cas, si dans nos contrées quelques grands noms font la une, à la conquête d’un bout d’écharpe à partager avec quelque copain de circonstances, à Valencia, par contre, la vedette fut le président du jour, qui se planta dans les grandes largeurs, et vida la plaza avant la fin de la corrida. Refusant de changer l’invalide sixième, Juan Moreno a levé contre lui tous les boucliers. La bronca fut impressionnante et malheureusement, le torero ne put jouer sa carte, le public refusant ses moindres efforts, et quittant la plaza en début de sa faena. Triste et malpoli.
    
Malheureusement, les présidents de corrida sont souvent des anonymes dont on retient le nom, uniquement, quand cela se passe mal. Et sur ce coup, l’Alka Selzer, ni la vaseline n’y peuvent rien !

     13 Mars: Valencia – 1ère corrida des Fallas – Un peu plus de media plaza – Temps gris et froid : Corrida désastreuse de Guardiola. Annoncés comme « corrida torista », dure, les Villamarta ont déçu en tout : présentation, comportement, forces. Les plus durs des revisteros parlent d’un lot terciado, anovillado. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il était « inégal » : 520, 491, 508, 551, 613, 602 kgs... Cependant,  on le sait, poids et trapio  n’ont que peu de lien. Mais quand viennent se joindre à ce panorama, manque de forces et de caste... Seuls les 1 et 4ème ne tombèrent pas. Faibles les 2 et 3ème ; le 5ème devant être relevé par le « péon-grua », au cours de la faena ; le sixième sortant totalement invalide, que le président refusa de changer, avec les conséquences que l’on sait.

     Le triomphateur fut Jose Luis Moreno, qui coupa, au troisième, la seule oreille de la journée. De fait, il ne tua qu’un seul toro, le public ne voulant pas le voir au sixième. Blessé l’an passé, au cours de l’héroïque Victorinada, Jose Luis Moreno montra un grande volonté de triompher dans une faena irrégulière, bien débutée en long muletazos cadencées. Puis cela se gâta un peu, le torero forçant l’attitude, se faisant accrocher la muleta. Final très vaillant, avec en particulier, une bonne estocade, bien engagée, oubliant totalement la grosse cornada de l’an passé, au moment suprême. Oreille justifiée et première manche pour Jose Luis Moreno qui doit jouer toutes ses cartes, cette année. Sinon...
    
Manolo Carrion revenait, après son triomphe d’octobre passé. Une grosse occasion pour le Valenciano de « remonter dans le train du succès ». Ne pas oublier que Carrion avait soudain coulé, après une brillante carrière de novillero : trois oreilles à Las Ventas et quatre sorties a hombros consécutives de Valencia, ce n’est pas donné à tout le monde. Il a été bien, mais aurait du être mieux ! A la cape, les meilleures véroniques de la tarde, cadencées, profondes. A la muleta, face au deuxième, de très bons moments, mais froid, sans réel éclat, comme s’il avait déjà quarante contrats signés. Quelques bons détails, une bonne estocade, et le public qui réclama l’oreille en vain. Monsieur le Président fit ses comptes, et comme il manquait quelques voix...il refusa le trophée. Bronca au palco, vuelta pour le torero. Bien, mais insuffisant, d’autant qu’il ne put presque rien faire au cinquième, un manso décasté qui s’assit par deux fois pendant le trasteo. Malheureusement, Carrion va retourner vers son exil.
    
Mauvaise journée du Zotoluco, qui arrivait pourtant « gonflé à bloc », de son Mexique natal. On l’attendait, car il bâtit à Valencia l’essentiel d’une bonne saison 2000. Que s’est il donc passé ? N’a t’il pas eu le temps de se réadapter au toro espagnol ? Toujours est il qu’on le vit sans confiance, sans idée, sans envie, toréant « en ligne », citant « fuera de cacho ». Bien sûr, cela ne s’arrangea pas à l’épée. Il toucha pourtant le meilleur lot, du moins... le plus solide. Gros échec pour le mexicain qui perd ici une grande occasion de marquer d’entrée son retour dans les ferias espagnoles. Cela va être dur !
    
(Photos Alberto de Jesus – Valencia )
    
Ce mercredi 14 mars, deuxième corrida de feria: Le Pablo Romero du Partido de Resina, pour Oscar Higares, un des héros de la Victorinade de juillet 2000 ; Juan Jose Padilla, qui va mettre le feu (à Valencia, c’est de mise) et Raul Blazquez, torero valenciano qui, à un moment... mais bon ! Il est un des seuls rescapés des quelques promesses du toreo Valenciano... Dommage ! La ville du Turia mériterait un vrai grand torero...

 

LE MONDE EST FOU...ET C'EST AFFICHE !

     15 Mars : Décidément , il n’y a pas que les vaches ! Cela fait un moment que cela ne tourne pas trop rond dans nos petites têtes, et que l’histoire du monde et des hommes est chaque jour constellée d’incroyables événements, de décisions et de déclarations plus trompeuses les unes que les autres, d’amères constatations. Vraiment, celui que l’on appelle, nous, « sauvage » ou « primitif », au fin fond de son Amazonie, n’a peut-être pas de portable, ou de lave vaisselle, mais il a peut-être la sagesse, le courage et la patience. Il a peut-être en lui ce que nous avons perdu depuis belle lurette: l’honneur. Et peut-être, au fond de sa brousse, il est plus heureux.

     Quand nous regardons autour de nous, et dans tous les domaines, la politique, la culture, le sport, on se dit que vraiment ces pauvres vaches au regard si doux ne méritent pas cela. Quand on voit les manœuvres et les turpitudes qui président à ce que l’on appellent des « élections démocratiques », on se dit que ces pauvres brebis et leurs agneaux que l’on massacre à tour de bras, ne sont pas « les vrais moutons »...
    Le monde est fou, et nous en sommes tous responsables, nous qui préférons ne rien risquer, ne prendre aucune responsabilité ; nous qui, par fatigue, par paresse ou par désespoir, avons baissé les bras, laissant les autres penser à notre place; nous qui, par inculture, par facilité, par manque d’honneur, préférons la mode du sale, du mal rasé, du  vulgaire et du fat. C’est tellement plus facile ! Alors s’engouffrent dans ce créneau quelques petits malins qui ont tout compris et qui s’en mettent plein les poches, au point d’envoyer au placard les simples et les justes, ceux qui essaient de construire un monde meilleur, pour tous...

      A l’heure où le désespoir tenaille nos campagnes, à l’heure où la politique et le fric assassinent des hommes et des bêtes, on ose parler, à ciel ouvert, de ces basses manœuvres destinées à « planter ceux d’en face », ou encore mieux, « ceux d’à côté ». Et l’on aura tellement d’admiration pour ces « fines stratégies » que l’on ira apporter son suffrage à quelques uns de ces hommes-là. Ne nous y trompons pas : s’il sont capables des pires bassesses envers ceux qui ont un tant soit peu d’importance, que nous feront ils, à nous qui ne sommes rien ? Non vraiment, les moutons ne sont pas ceux que l’on croit.
    
La Justice relâchent ceux qui violent, ceux qui volent. Le sport honore ceux qui mentent, ceux qui trichent. La Mode fait l’apologie du triste, du moche, au point que la femme, dont on devrait valoriser certes l’esprit et le courage, mais aussi, quand même, les formes et les beaux yeux, devient une espèce de zombie qui déambule, l’air effaré, vêtue de lambeaux et de peaux de dahu, rafistolés à la hâte. Mettez trois gays, vingt snobs et deux caméras, et vous avez un chef d’œuvre ! La Culture, avec un grand « cul », nous fait comprendre que « nous n’y comprenons rien », et  donc, comme nous n’y comprenons rien dans ce domaine, nous pensons que nous ne comprenons rien, non plus, dans d’autres...
    
Alors, nous nous taisons... et restons ébahis devant notre chère Télé, à regarder le 3825ème épisode des « Feux de l’Amour », en attendant l’autre, avec ses « c’est votre dernier mot ? ».
    
Et bien non, nous ne nous taisons pas. Oh bien sûr, cela donne une impression de hurler dans le désert, mais cela fait plaisir, un seconde. Ca soulage. Nous ne nous taisons pas, dans notre domaine... en disant que vraiment, les affiches de Valencia et de Castellon nous paraissent moches, horribles, sans aucun lien avec ce qui devrait vanter le spectacle qu’elles annoncent... Navalon en a fait un édito, l’autre jour, et, outrances à part, force est de constater qu’il a raison.
    
Non vraiment, nos illusions parfois s’envolent avec l’âcre fumée des tristes bûchers sur lesquels s’ouvre ce siècle nouveau...

 

LES PRESIDENTS, DACCORD... MAIS QUE DIRE DE « LA » PRESIDENTE ?

     15 Mars : On parlait hier de la dure fonction des présidents de corridas. Pas facile ! Mais Valencia semble avoir le chic pour accumuler les mésaventures au palco. Déjà l’an passé, une présidente avait frôlé le triste sort réservé à Jeanne d’Arc, et voilà qu’elle a récidivé hier... Devrait faire attention, la gente dame, les allumettes volent bas, en ce moment, et ses exploits n’ont rien à voir avec ceux de l’historique pucelle.
    
Hier la présidente Amparo Renau a refusé de renvoyer des toros invalides et « a volé » un trophée à un torero, récompense méritée que le public réclamait à grands cris, lui dérobant ainsi une chance de relancer sa carrière. Sa décision à fait grand bruit dans le callejon, comme dans les tendidos, et la dame a entendu quelques sobriquets peu flatteurs...
    
C’est curieux quand même ! Quand on voit certaines de nos ministres, certaines de nos chefs de service, on se dit qu’elles cherchent à tout prix à démontrer qu’elles « en ont » plus que les hommes... du courage, de la décision, de la compétence. Du coup, elles en deviennent « plus machos que les machos » ! Une vraie caricature !

     14 Mars : Valencia – 2ème corrida des Fallas – Un peu plus de media plaza – Temps froid : Deuxième corrida à caractère torista, et deuxième catastrophe. Les Partido de Resina, ex Pablo Romero se sont répandus au sol, des les premiers capotazos. Dramatique faiblesse que l’on doit à l’hiver inondé en Andalousie ? Est ce la véritable raison ? Les toros étaient correctement présentés et armés, quoique non surchargés ( 520, 548, 480, 505, 490 et 570 kgs). 

     Malheureusement, ils ont passé leur temps par terre, et quatre d’entre eux pour le moins auraient du être renvoyés au corral. La présidente s’y refusa, provoquant l’ire du public. Cependant, elle dut s’éxécuter, devant l’invalidité totale du cinquième, qui laissa place à un « tonton » de Bohorquez, noble et sosote. Allez donc savoir pourquoi, le sixième pablo Romero se révéla solide, brave et noble, offrant de grandes possibilités à son matador, et sauvant, presque, la corrida. Oui mais voilà, la présidente mit son grain de sel, et la course finit en émeute.
    
Oscar Higares ouvrait le cartel. Comme ses deux collègues, il alla s’agenouiller au toril, ouvrant ses illusions à portagayola. Hélas, il dut vite déchanter, touchant le lot le plus faible. Ses espoirs s’envolèrent et, au lieu d’abréger, il allongea ses deux trasteos, provoquant l’ennui, alourdissant l’atmosphère. Silence total et un avis au premier – Juan Jose Padilla, affublé de rouflaquettes d’un autre siècle, mit de l’ambiance. A la cape cela débute au toril, et s’enchaîne sur trois largas, le tout, à genoux. Puis on virevolte aux banderilles et on se plante un peu à la muleta. Le second avait un bon côté gauche. Au moment où il le découvrit, le jerezano changea de main . Il perdit ainsi une grosse possibilité de sortir par la grande porte, d’autant que le cinquième lui permit de sortir le grand jeu. Aux banderilles, tout y passa : le molinillo, le remolino, la moviola et on en passe. Brindis au Soro qui fêtait le 19ème anniversaire de son alternative. Faena d’arrimon, face à un toro soso et grosse estocade. Une oreille.
    
Raul Blazquez, torero de la terre, torée très peu. Il avait hier une grande opportunité. Le sixième la lui offrit, et sans réussir complètement, le garçon se montra très volontaire et parfois plein de talent. Hélas, le manque de corridas se fit sentir, et la faena connut des hauts et des bas.  Enorme mérite de Blazquez qui tua vite et qui méritait une oreille, réclamée par le public. Refus de la présidente, le torero donnant tristement deux vueltas, tandis que la dame sortait sous les huées. Triste et injuste sort de celui qui, avec ses quelques moyens, a tout donné. L’Aficion l’a reconnu, mais « une présidente » passait par là... Muy mal, Señora !
    
(Photos Alberto de Jesus – Valencia)

     Ce jeudi 15 mars : Toros de Torrestrella pour Cordobes, Victor Puerto et Miguel Abellan. A partir d’aujourd’hui, on entre dans le cycle plus « torerista », et la plaza devrait se remplir. Quant aux toros, vu le jeu donné par les « durs », on ne peut que voir mieux. Sinon ! ! !

 

STRATEGIE... UN MOT A LA MODE !

     16 Mars : Tandis que, pour une écharpe tricolore, nos chers politiques essaient de nous faire passer pour de riches lanternes les vessies les plus congestionnées ; tandis que les autorités sanitaires se grattent la tête en constatant que « eh ben non, on n’avait pas éradiqué le fièvre aphteuse » ; tandis que la Bourse plonge et que les fins stratèges de la finance n’avaient pas prévu le coup, entraînant derrière eux les petits épargnants qui, eux, n’ont pas les reins solides; tandis que l’entraîneur national de l’équipe de rugby obtient des résultats proportionnellement inverses à ses gueulantes et autres insultes ... les grandes figures du Toreo essaient, à leur tour de monter leur plan de bataille, afin de marquer la saison, au prix d’une ou « deux grosses chaleurs ». Choisir le lieu, le jour, les toros et les collègues...
    
C’est ainsi que la « Martin Arranz Company » vient de mettre au point sa stratégie pour la prochaine San Isidro de Madrid. Après l’excellent galop d’essai du « one man show » de Joselito à Vista Alegre, destiné à noyer d’entrée, le temporada, voilà que la fine équipe nous revient avec ce qu’elle veut nous faire passer pour un exploit :  Joselito et Jose Tomas prendront, ensemble la corrida d’Adolfo Martin, à la San Isidro. Jose Miguel Arroyo s’inscrira, en outre, devant les Partido de Resina, et José Tomas, plus sagement, avec les Puerto San Lorenzo. Bien ! Un geste à saluer. Mais en y regardant bien, pas de quoi se relever la nuit ! A l’heure où l’on recherche désespérément la mobilité et, oh mirage ! un peu de caste, les trois compères ont revisé leurs archives de l’an passé et sont tombés sur le meilleur toro de la San Isidro, toréé par Oscar Higares, et auquel on donna vuelta al ruedo posthume. Le sixième de Don Adolfo. Par ailleurs, les Pablo Romero ont une telle aura que, bien tapadito derrière une toujours probable déception due aux toros, on peut tenter le diable, au cas où il sortirait un miraculé, superbement présenté, armé « comme ça », qui prend quatre piques et charge comme un TGV, même après quatre séries, la main très basse. 
    
Alors, à l’énoncée de cette croisade, on dicte sa loi : D’accord pour la Télé sur une des deux corridas. Mais pas l’autre... Pratique !
    
Pendant ce temps, le Juli a déjà mis « cartes sur tables » en annonçant, très tôt, sa participation à la Victorinada de Bilbao, et même, peut-être bien à celle de la corrida de la Bienfaisance, à Madrid. Certes, il a bien ru é dans les brancards, au sujet de la Télévision, mais en fait, c’est pour une simple raison de standing : « Si on permet aux deux autres de fixer leur choix, pourquoi pas moi ? » Il a raison, même si on le regrette.
    
Et puis, le saison commence... les Guardiolas  et le Pablo Romero roulent par terre, à Valencia... Sûr, la pluie a noyé l’Andalousie, voilà « le pourquoi du comment de la chose » ! Mais hier, toutes les explications, bonnes raisons et fines stratégies  sont parties dans les fumées de mascletas valenciennes : La corrida de Torrestrella est sortie forte, brave, encastée... Superbe !
    
Torrestrella... Alvaro Domecq... Jerez... Andalousie... Ayyy ! Décidément, il ne pleut jamais au goût de tout le monde !

 

VICTOR PUERTO ET « MALASUERTE »...

     16 mars : Faut quand même être gonflé, comme dirait monsieur Delanoe, pour aller appeler un toro « Malasuerte ». Cette guigne a de quoi faire pâlir le torero qui va le tirer au sort. On sourit un peu en songeant au ganadero qui dans le patio de caballos, avant le paseo, s’approche et lui souhaite « Buena Suerte ! »

     Alors, quand le « Malasuerte » en question se révèle être un grand toro, dont la bravoure et le galop offrent le triomphe à celui qui ose les affronter, on se dit que l’élevage des toros est une incroyable alchimie, une équation à deux mille inconnues, et que c’est là tout le charme de la tauromachie.
     Bien entendu, le fameux toro aurait pu être « l’exception qui confirme la règle »... Mais de fait, la corrida est sortie bonne, dans sa totalité : brave, encastée, mobile et noble. Le plus commercial du commercial, le plus critiqué du critiqué, font la nique au pur et dur. Encore une fois, le mystère du toro de lidia a joué son rôle ; encore une fois, comme dans la chanson, « on sait, on sait... que l’on ne sait rien »...
     Voilà pourquoi nous sommes aficionados !

     15 Mars – Valencia : 3ème corrida des Fallas – Presque plein – Vent : Corrida triomphale, complète, grâce à des toros et des hommes ! La corrida de Torrestrella est sortie finement présentée (502, 486, 523, 596, 498, 545 kgs), brave, pleine de caste, de bravoure et de noblesse. Nobles mais sans innocence, les toros ont chargé au cheval, permis des quites, et offert le triomphe aux diestros. Ceux ci, selon leur humeur, leur technique et leur courage, ont eu la possibilité de s’exprimer. Deux l’ont fait, le troisième hésite encore. Quatre toros ovationnés à l’arrastre ; on a réclamé la vuelta posthume pour le fameux « Malasuerte ». Un gros triomphe ganadero qui va bousculer quelques certitudes, et provoquer quelques cauchemars à certains.

     Insolent de facilité, de sitio, de technique et d’inspiration, Victor Puerto a donné le premier gros « coup de cymbale » de la saison. Trois oreilles dans une plaza de première, cela ne se fait pas comme ça. On pouvait craindre les conséquences de son relatif échec d’automne à Madrid, et d’une difficile saison américaine. Il n’en n’est rien, et le torero a sidéré tout le monde, hier, alliant le toreo fondamental au baroque, la profondeur à l’allégresse, le classique au pinturero. Il coupa une première oreille, toréant avec hauteur, presque un excès de facilité. Quand sortit le cinquième, « Malasuerte », un castaño bragado de 498 kgs, Puerto alluma tous les feux : quatre largas à genoux, lances pieds joints, remate vibrant. Après trois piques de brave, un quite par tijerillas, répliquant aux chicuelinas d’Abellan. Casta ! Faena d’apothéose, débutée par statuaires et  grandes séries de droitières citées à quinze mètres, le toro accourant chaque fois, au galop. Changement dans le dos et deux séries de naturelles qui baissent un peu d'intensité torera. Retour à droite pour des adornos : firma, la passe du mépris et une série de trincheras qui lèvent le public. Bien préparée, un grosse estocade, et l’apothéose : deux oreilles, à l’unanimité, le torero faisant saluer le mayoral, à la fin de sa vuelta. Bien !Trois oreilles. Grand triomphe de Victor Puerto, qui sort à hombros de Valencia, et condamne les autres à serrer d’un cran les machos !
     Miguel Abellan a mis toute sa volonté pour ne pas se laisser distancer. On le vit totalement engagé, un peu précipité parfois. Son premier avait de la caste à revendre et le madrilène ne put le réduire totalement, se faisant enfermer par deux fois, à la troisième passe. Il se fit prendre vilainement, mais revint à la charge, saluant l’ovation finale. Le sixième était presque aussi bon que le précédent, et Abellan, également, le cita de loin. Toreo vaillant, un peu accéléré, sans la chispa qu’imprime Victor Puerto. Abellan est toujours en quête de personnalité. Heureusement, le coeur est là, et une excellente estocade lui valut une oreille bien gagnée.
    Manuel Diaz « El Cordobes » ouvrait cartel. La critique est très dure à son encontre. Certes il toucha les moins faciles, mais on le vit sans sitio ni envie, mal placé, toréant au large, destemplado. Un ressort s’est cassé. Le  Cordobes réussira t’il à le remonter ? Rien n’est moins sûr.

(Photos Alberto de Jesus – Valencia)

     Vendredi 16 Mars – « No hay billetes » - Toros de Juan Pedro Domecq, pour Ortega Cano, Enrique Ponce et le Juli, qui font tous deux, leur premier paseo. Grosse ambiance en perspective.

 

LA PEUR ET LA GLOIRE...

     17 Mars :  Un revistero écrit aujourd’hui : «No olvidar que el Toreo es miedo y valor para superarlo » (Il ne faut pas oublier que le toreo, c’est à la fois la peur... et le courage de la surmonter !). A l’heure où l’on torée mieux que jamais, plus long, plus lent, plus templé, on ne peut que tirer son chapeau à tous les toreros, quel que soit leur âge, quelle que soit leur condition.
     Certes, on dit que le toro d’aujourd’hui n’a rien à voir, avec « celui d’avant »... Peut-être, mais pas sûr ! Toréer longuement, comme l’exige le public, lier les passes, « templar » le toro actuel, plus lourd, moins mobile, moins encasté, implique un immense mérite. Vista, intelligence, technique et courage. Des tonnes de courage. Le toro des années « d’après Manolete », plus jeune, plus léger, plus mobile, permettait peut-être de « taparse », de mieux donner le change...peut-être !
     Hier, à Valencia, Ortega Cano a donné les meilleurs muletazos de la tarde, perdus au milieu de quelques sursauts dus à sa crainte, à son insécurité devant le toro. Les quolibets de la foule n’ont rien arrangé. Bien sûr, Ortega Cano va payer toute l’année les échos du rocambolesque feuilleton de la « Jurado family », dans lequel il se complaît, peut-être malgré lui.
     Assailli par ses démons internes, la peur, un orgueil fou, Ortega Cano va récolter, cette année, plus de quolibets que d’oreilles, mais les trophées conquis traduiront sûrement « le vrai toreo », le « Toreo de sentimiento », le toreo de toujours... Qui sait, Ortega Cano, avec ses soubresauts, se rodomontades, ses desplantes et ses « auto piropos », peut quelque part remplacer Curro Romero. Ne pas oublier qu’on allait voir parfois le Curro, avec des rouleaux de papier hygiénique, et même quelque pot de chambre, et que soudain, oh miraculeuse surprise, on se retrouvait debout à lui lancer tout le romarin de la terre, parce qu’il avait « pégué » une demie, ou trois naturelles et un trincherazo. Certes, « c’était Curro ! », mais toujours est il que dans un océan de muletazos, un impressionnants kilométrage de passes de toutes sortes, on parle beaucoup dans les couloirs aficionados des deux séries d’Ortega Cano . Et quand on sait qu’à ses côtés défilaient rien moins que Ponce et Juli... c’est quand même significatif.

     16 Mars – Valencia : 4ème corrida de Feria – No hay Billetes et grosse ambiance, malgré le froid : La corrida de Juan Pedro Domecq, sans atteindre la qualité de celle de Torrestrella, la veille, a fait preuve de grande qualité, en particulier de noblesse.  Bien présentés (553, 551, 555, 511, 521, 533 kgs), aux capes très variées (deux colorados, un castño, un burraco, un melocoton et un noir), les Juan Pedro ont peut-être manqué de moteur, n’allant jamais à mas, comme ceux d’Alvaro. Les deux toros de Cano furent des monuments de noblesse, en particulier le quatrième. Ponce toucha les moins bons, faits de soseria et de discrète faiblesse. Le Juli, quant à lui, toucha un sixième encasté, devant lequel il se montra vibrant, voire un peu accéléré.

     Le Juli a remporté un triomphe populaire ; Ponce, mal servi s’est perdu dans les brumes de sa facilité ; et Ortega Cano, assailli par ses doutes, s’est parfois senti torero, donnant les vrais moments de qualité de la corrida.
     Le public qui, on le sait, ne pardonne rien, a guetté les moindres hésitations d’Ortega Cano, face au premier. Il y en a eu, au capote et tout au long d’une faena sans fond, mal terminée à l’épée. Avis et sifflets. Il ne put se calmer à l’entrée du quatrième, mais soudain, donna un bon quite par chicuelinas. La faena débuta, assis à l’estribo, se libérant par un grand pecho. Vint alors une grande série de droitières, le corps redressé, le geste lent, seigneurial. Il se fit un peu peur dans la seconde, mais aussitôt redressa la situation sur quatre derechazos et un remate de grande classe. Hélas, l’effort avait été surhumain et tout à coup, renonçant même à toréer de la gauche, ce grand toro, du nom de « Fandango », Ortega Cano entra a matar, sans grande conviction. Ovation.
     Enrique Ponce a subi un échec. Le public semble ne pas lui pardonner d’être, en quelque sorte « empresa de Valencia », par apoderado et famille interposés. Touchant, certes, le mauvais lot, Ponce a fait hier dans la froide technique, dans l’anonyme quantité, et il a ennuyé tout le monde. Devant le faible deuxième, trois séries de droitières à mi hauteur ; des naturelles toréant en ligne, pour ne pas « gêner » le toro, et une laborieuse conclusion avec la rapière. Un avis et le Silence. Le cinquième était fade, terne, soso. Ponce mit plus d’énergie, mais dut toréer « de bas en haut », ce qui enleva toute émotion à l’ouvrage naissant. Il y eut quelque bonne naturelle, mais le public « n’était déjà plus là ». Ponce insista beaucoup, en vain. Il pincha mal et mit une demi estocade, écoutant encore une fois, un avis... et le silence. Va falloir rectifier cela, le 19.
     « El Juli » aurait pu, au désir du public, couper trois oreilles. Le président en jugea autrement, écoutant une grande variété de noms d’oiseaux. Cependant, ce succès populaire ne doit pas cacher une prestation moyenne, faite d’entrega, de variété, de sourires et d’un énorme engagement à l’épée. Il donna à son premier un angoissant quite par gaoneras, banderilla varié, débuta sa faena par quatre ayudados serrés, avant d’aligner ses passes, meilleures à gauche, le public ne réagissant que sur le pecho final de chaque série. Estocade en arrière et grosse pétition que le président refusa, peut-être parce qu’il lui avait « pardonné » un avis. Vuelta pour le Juli.  Le madrilène débuta fort, devant le sixième : trois largas à genoux, véroniques vers le centre, dans un feu d’artifice d’ovations. Le toro est encasté, répète ses charges. Avide de triomphe, le Juli va précipiter les choses, toréant accéléré, parfois destemplado, jetant souvent le toro vers l’extérieur. Voyant que le succès lui échappait, le garçon sortit la caste, engagea le toreo de dos et termina par des manoletinas à genoux, provoquant le ras de marée sur les gradins. Un malin, mais un fou de vaillance. Pour couronner le tout, une phénoménale estocade qui libère une grandiose pétition des deux oreilles. Le président n’en donnera qu’une, écoutant une grosse bronca. Cependant, on peut penser que l’homme a jugé « en aficionado », et qu’effectivement, le torero avait fait plus dans la quantité, que la qualité. On attend, aujourd’hui, sa seconde prestation.
     (photos Alberto de Jesus – Valencia)

     Ce 17 Mars, Finito de Cordoba, qui vient de faire de très dures déclarations sur le public de Madrid ; El Califa, qui va tout mettre pour se faire regretter de Séville ; et le Juli, qui doit convaincre « et le peuple, et les aficionados »... auront en face six Santiago Domecq, dont trois ont été refusés pour manque de trapio. Le ganadero, qui avait amené huit toros, a été en chercher deux autres, en urgence. La corrida devrait sortir complète. Le « No hay billetes » est assuré.

 

DON VICTORINO A PRIS LA MOUCHE...

     17 Mars : « Tsé, tsé ! Qu’est ce que c’est ? Me faire ça à moi ? Vont voir ! ». Pas content le Victorino ! Et s’il a raison, on peut le comprendre.  La multa des deux millions de pesetas, infligée « pour afeitado » par les valencianos, lui est restée dans le gosier. Du coup, il jure (mais peut-être un peu tôt), qu’on ne l’y reprendra plus.
     Premièrement, si Valencia veut voir ses toros en Juillet, qu’elle, elle même, paie son amende ! Non mais... C’est « pas commun », mais ça peut marcher.
     Deuxièmement : Refus absolu de voir un de ses toros passer à « l’analyse des cornes ». S’il apprend qu’il y a contrôle des pitones, après la corrida, il retirera systématiquement ses toros.
     On peut comprendre Victorino Martin. Il a toujours protesté contre la méthode utilisée pour contrôler l’afeitado. Méthode peu sûre, dont les résultats aléatoires peuvent salir « à vie », la réputation d’un ganadero. Et là, il ne passe pas.
     L’Aficion le suivra t’elle ? Victorino ne prend t’il pas la mouche, justement au moment où il rencontre, lui aussi, des baisses de régime ? (Références : les corridas de Madrid et de Zaragoza, en automne dernier). Comment peut il justifier de se soustraire à un contrôle qui, pour discutable, semble quand même relativement sûr ? Victorino a t’il, encore une fois, trouvé le joint pour faire monter la vapeur, à la veille de sa première sortie, à Castellon ? Réponse... le 25 Mars.

 

LE PRINTEMPS A ZARAGOZA !    

     17 Mars : L’empresa a pratiquement bouclé ses cartels pour « la Feria de la Primavera » en plaza de Zaragoza. Courant sur deux gros week ends, elle alternera avec bonheur le torista et le torerista, donnant bonne place aux triomphateurs de la feria du Pilar, réussissant quelque coup de force. Les cartels, presque clos, sont les suivants :
     21 Avril : Toros de Jandilla pour Espartaco, El Juli et Ricardo Torres, qui prendra l’alternative.
     22 Avril : Toros de Salvador Domecq pour Joselito, Enrique Ponce et Jesulin de Ubrique.
     23 Avril : Mano a mano El Tato – Jesus Millan.
     28 Avril : Corrida concours avec des toros de Partido de Resina, Juan Luis Fraile, Victorino Martin, Celestino Cuadri, Adolfo Martin et Monteviejo.  Pour les lidier : Espla et Padilla sont déjà engagés.
     29 Avril : Toros de Palha pour Fernandez Meca, El Molinero et Antonio Ferrera.
     Joselito et Jesulin au même cartel, voilà qui aurait paru impensable, il y a quelques année. Mais, le temps passe, les hommes changent. Joselito a changé, dans un sens... et Jesulin aussi, semble t’il, dans un autre...
     Encore une fois, on de demande... « au fait, vous n’avez pas vu José Tomas ? »
     La corrida concours risque de faire du bruit. On attend le troisième torero, mais on se demande : Que Padilla vient il faire là ? A t’il  réputation de grand lidiador ? Avec son toreo « cyclonique », ses bandreilles à l’endroit et à l’envers, est il en mesure de faire briller un toro ? Ne peut on pas penser que Stéphane.... ?
     A suivre, en souhaitant « bon vent » à cette « Primavera 2001 en Zaragoza » ?

 

AVEC « EL CALIFA »... DU BOULOT POUR LES PSY !

     18 Mars : N’allez surtout pas croire à une quelconque allusion à l’état mental de Jose Pacheco. Non, c’est aux spectateurs qui vont voir « El Califa », que l’on pense.
    
Avez vous remarqué qu’aujourd’hui, il n’est pas une catastrophe ou un petit bobo, qui ne justifient l’immédiate mise en place « d’une cellule d’appui psychologique ». Comme, la plupart du temps, cette décision fait suite à quelque malheur, nous n’en sourirons pas trop. Mais on peut quand même se poser la question ? Comment cela se passait il avant ?

     A ce train là, va falloir en monter deux, immédiatement. Les psy ne sont pas prêts de chômer... La première, pour notre cher rugby et tous ceux qui y croient encore. Les Gallois ont gagné ! Pourquoi ? Parce qu’ils ne se posent pas de questions...
    
Ce dimanche 18 Mars, plusieurs cellules de soutien psychologique à mettre en place, en toute hâte, sur le coup de 20 heures. Paris, Lyon, Toulouse vont elles « basculer » ? A Blois, à Strasbourg, à Lille, le boulet du canon, en passant si près, ne va t’il pas laisser quelque séquelle ?  En tous cas... l’essence augmente demain, pardon, « les taxes sur l’essence » augmentent demain, et ça, vraiment, c’est à en devenir fou...
    
A voir comment les spectateurs sont sortis de la plaza de Valencia, hier soir, on peut se demander si « un soutien psychologique » ne leur était pas nécessaire. La Valencia  Taurine ne parlait que de lui, au point que le Juli lui-même, qui avait aussi triomphé, se voyait ramené au rang de comparse, et se répandait lui-même en louanges pour l’authentique triomphateur de la corrida et de la feria, jusqu’à ce jour.
    
Hier, 17 Mars, José Pacheco, a donné un tel « coup de gong » que la tauromachie est peut-être entrée dans une nouvelle étape... Rappellez vous ce qui a été écrit ici, le 23 janvier (« El Califa sera t’il le nouveau Calife ? »). Il y eut « El Cordobes », Paco Ojeda, El Juli... Voilà qu’arrive « El Califa ». Le triomphe devant les Dolores Aguirre, l’an passé ; la fantastique saison colombienne, cet hiver, n’étaient pas des coïncidences. On ne sait jusqu’où il arrivera, jusqu’où les toros « le respecteront », mais, par son courage « hors limites » et par son talent torero, Jose Pacheco  est en passe de devenir « le » torero à suivre, pas à pas, cette saison.

     17 Mars – Valencia : 5ème corrida des Fallas – No hay billetes – Temps gris et rafales de vent : Corrida d’émotions, corrida de passion... corrida, tout court. Bien présentés (535, 502, 520, 585, 465, 500 kgs), et astifinos, les toros de Santiago Domecq ont eu un comportement distinct, allant du toro de classe, comme le deuxième, au très violent cinquième, qui voulait manger tout le monde. L’invalide premier a été remplacé par l’invalide premier bis.

     Manole Caballero n’a pas eu de chance au sorteo. Premier, invalide, remplacé par un autre qui ne valait pas mieux. Rien à faire. Le quatrième avait un « hachazo à répétition »  et se retournait sec, à mi-passe. Caballero ne put ou ne sut lui imposer sa faena habituelle, laissant tomber et finissant mal, de deux pinchazos et huit descabellos. Silence et silence.
    
El Califa a fait hurler les valenciens ! Deux faenas, deux émotions distinctes. Son premier était un toro de classe, un peu faible, mais qui « remonta » par la suite, et qui permettait le toreo « de classe ».  Le Califa débuta au centre et le toréa classiquement, les pieds cloués au sol, dans un mètre carré, baissant beaucoup la main, tirant la muleta loin derrière, enchaînant les passes, templando au maximum. La muleta toujours en avant, le torero lia de grandes naturelles, la muleta « traînant » lentement sous le mufle du bicho. Entrant « a morir », il laissa une entière tendida qui lui coûta la deuxième oreille. Un seul trophée et grosse vuelta. Le cinquième portait bien son nom « Jabato ». 465 kilos seulement, mais 465 kilos d’agressivité, de violence, de casta dont on se demande si elle était « « de la bonne ou de la  mala leche ». Le toro fit tanguer le picador, bousculant tout sur son passage, et termina avec une charge furieuse. El Califa « se planta là » et, dans l’angoisse générale, le fit passer au ras des fémorales, se jouant la vie à chaque passe. Incroyable quiétude de ce torero qui fit hurler les aficionados et les  professionnels. Une faena de pur aguante qui aurait levé n’importe quel public. Jose Luis Benlloch écrit « Si lo mata arriba, se arma la mundial », et Juan Posada, matador de toros, déclare dans « la Razon »,  « Il perdit la deuxième oreille de son  premier et méritait la deuxième du cinquième... ». Une oreille, chaque fois donc, pour le Califa, mais une impression « de bombe atomique », et son nom sur toutes les lèvres, à la sortie. On va reparler de cette première sortie, et d’ores et déjà  Séville peut se mordre les doigts.
    
« El Juli » a aussi coupé une oreille à chaque toro. El Juli est aussi sorti a hombrois... mais « El Juli », ne semble plus le même. Moins spontané, moins coulé ; toujours aussi virevoltant, mais plus forcé, il a toréé varié au capote, banderillé avec force, multiplié les suertes à la muleta, mais... On aura noté de bonnes naturelles au troisième et une multitude de passes devant le soso sixième. Piqué au vif par le triomphe du Califa, le Juli mit l’accélérateur à fond, imposa son quite par lopecinas, un peu gigoté, et mit toute la vapeur, dans un climat de passion. Heureusement, il tua chaque fois comme Espartero lui-même, laissant deux énormes estocades qui firent la décision. Oreille de chaque toro, sortie a hombros, en compagnie du Califa. Mais c’est du nouveau calife dont tout le monde parle aujourd’hui.
    
(Photos Alberto de Jesus – Valencia)

     Ce dimanche 18 Mars, toros d’Alcurrucen  pour Finito de Cordoba, Rivara Ordoñez et Juan Bautista qui, d’entrée, doit frapper un grand coup.
 

DE CI... PAR LA....    

Hier  matin, 17 Mars, la corrida portugaise de Valencia n’a réuni qu’un quart de plaza. Le toros de Mariano Sanz n’ont pas dit grand chose et seules, les frères Domecq ont tiré leur épingle du jeu. Par contre, les spectateurs ont admiré le courage des forcados de Aposento de Moita.

     17 Mars - Almendralejo (Badajoz) : Mansada d’Atanasio Fernandez. Finito de Cordoba coupe une oreille au premier, le seul possible. Morante a d’excellents moments avec cape et muleta, mais ne peut rien enchaîner. Jesulin toucha un lot impossible, et passa calvaire pour estoquer l’impossible cinquième, écoutant deux avis. Bayonne a annoncé des Atanasio, cet été. On peut se demander pourquoi.
     17 Mars – Il est sorti deux bonnes corridas de « La Laguna », hier. La première à Fitero, en Navarre, où Victor Puerto a donné grande faena au quatrième, coupant deux oreilles, tandis que Francisco Marco faisait « une à chacun ». Miguel Abellan patine devant le deuxième et coupe un cartilage au cinquième – Deuxième succès en plaza de Burriana, où les toreros firent moisson d’oreilles : quatre pour Alberto Ramirez, trois pour El Cordobes fils, et deux pour Soler Lazaro. 

     17 Mars - Arnedo : Après le succès, le veille de Cesar Jimenez, c’est le Paulita qui a séduit l’Aficion, toréant avec classe et inspiration. Novillos de Maria Luisa et de Guardiola. Luis Vilches se montra très décidé. Salvador Vega fut bien, mais tua « fatal ».

     17 Mars - San Sebastian (Illumbe) : Dernière novillada de sélection – Media plaza : Le lot de Cebada Gago se révéla sérieux et encasté. Un seule oreille pour Reyes Mendoza, sincère. Vital Procuna banderilla comme un dieu, et Sanchez Pulido le passa mal avec un terrible sixième.
     On connaît maintenant le nom des six novilleros qui se disputeront les demi finales, toréant chacun, le 24 Mars, un novillo du Capea, et le 25 mars, un novillo de Martinez Elizondo. Intéressante formule qui permet à chacun de toréer deux jours de suite, et d’éviter ainsi « le jour sans »...
      Les demi finalistes seront donc : Abrham Barragan – Sergio Aguilar – Javier Valverde – Julien Lescarret – Salvador Vega – Cesar Jimenez.( Reyes Mendoza, triomphateur de la dernière ne peut s’aligner, étant déjà engagé ailleurs. Les deux novilladas seront télévisées sur Via Digital.
     Ce dimanche 18 Mars, tandis que Valencia s’achemine doucement vers « la cremà », cette nuit du 19 mars où l’on va brûler toutes les Fallas, où l’on va faire exploser des tonnes de pétards et de feux d’artifice, Castellon de la Plana prend le relais, 100 kilomètres plus au nord, débutant aujourd’hui sa Feria de la Magdalena par une corrida de Fuente Ymbro (Jandilla), devant laquelle on attend le retour du Jesulin dans une grande plaza, et où Manolo Caballero et Vicente Barrera devront à tout prix « marquer des points ».

 

LE FEU ET LA CENDRE...

     19 Mars : San José ! Ce soir, Valencia va jeter dans un grand bûcher les oripeaux de la grande feria. Des tonnes de carton pâte vont se consumer sous les hourras, tandis que main dans la main, les couples amoureux de tous âges s’en iront vers une autre année de labeur. Il y aura quelques larmes dans ce bruyant « pobre de mi », mais le soleil du Levant et la méditer année atténueront le vague à l’âme. Les Fallas 2001 auront vécu, et dans chaque quartier, on commencera à construire dans sa tête  la prochaine « Falla », plus grande, plus haute, plus belle...
     
Le feu et la cendre... En France, on a « brûlé les stratégies »... A Paris, à Lyon, mais aussi à Toulouse , les élections municipales ont sanctionné les fausses amitiés, les soudaines unions, mais aussi les magouilles « showbusinesstiques ».  On a pu penser un moment, récupérer la jeunesse non votante par des soirées de Zénith, où règnent la musique et la démagogie. Mais cela à fait long feu, et, c’est le cas de le dire... « Ouste ! »
    
Ce qui est frappant, dans tout cela, c’est la rancoeur, presque la haine des vaincu(e)s. Impressionnantes déclarations  de celles et ceux qui débutent avec des trémolos dans la voix et soudain, montent le ton, terminant dans l’invective et la calomnie. Triste réaction, au pavé du Capitole, de ceux qui ont perdu des voix, en voulant « mettre les leurs en musique ». Vous avez dit « Démocratie » ? Vous avez dit « liberté du vote » ?
    
Le feu et la cendre... A Bruxelles, cela va sentir le roussi ! Voilà que les éleveurs anglais vont sortir le fusil pour défendre leurs bêtes. On veut, par prévention contre le mal, en assassiner des milliers. Par souci d’économie, on refuse de vacciner... Pour ne pas perdre la face, on préfère plonger dans la désespérance des centaines de familles. Bien sûr que tous ces animaux étaient destinés à l’abattoir... mais « pas comme ça » ! La verte campagne anglaise, bientôt parsemée d’ossements... Shocking !
     En France, on pousse le vice jusqu’à repousser la demande des ganaderos de Camargue et des Landes. Que l’on sache, les Toros de combat et les vaches landaises ne sont pas destinés à l’exportation. Qu’attend t’on ? Que l’un d’entre eux se mette soudain à baver ? Que... parce que la chèvre du voisin, (non, pas monsieur Seguin, il n’est pas là !) est soudain touchée, il faille par prévention, abattre tout une manade, des années et des années de labeur ? Bruxelles a dit... Bruxelles interdit... Bruxelles  scelle !
    
Demain peut être, on va vacciner... Il sera trop tard, et l’Europe se sera envolée en fumée...  Alors, on mettra en place de nouvelles commissions, de nouvelles « cellules d’appui psychologique », comme hier, à Paris... Non, pas à l’Hôtel de Ville (quoique !), mais dans une boulangerie de quartier qu’un bus est soudain venu défoncer. Il y a eu des blessés... Alors, périmètre de sécurité et cellule d’appui psychologique, pour les malheureux passagers... Mais personne ne parle du boulanger !
    
En tauromachie, les choses sont bien plus claires. Le vote populaire est sans appel. Il est libre. Le public a toujours raison et sanctionne, par l’ovation ou l’invective, la trajectoire du torero. Parfois, il met du temps. Parfois, il se laisse berner, l’espace d’une corrida, d’une feria, d’une temporada. Mais au bout, et malgré les stratégies mises en place, le verdict populaire est sans appel. De tout temps, il en fut ainsi, et, malgré tous les moyens de « nouvelle communication », toutes les hautes techniques... on n’y changera rien : « El que vale... vale ! y El que no... »

   18 Mars – Valencia : 6ème corrida des Fallas. Lleno – Tarde ensoleillée, mais venteuse : La corrida du dimanche a souffert de la folie du samedi soir. Le Califa a tué la feria. L’émotion a été telle que tout est soudain paru mièvre. (C’est du moins ce que disait un aficionado de nos amis). La corrida d’Alcurrucen, bien balancée (540, 502, 494, 506, 562, 505 kgs) a manifesté quelque noblesse, pour trois toros, mais aussi de la soseria. Second et cinquième n’ont donné aucune facilité. Le troisième, protesté pour chico et flojo, a été remplacé par un Martelilla, encore plus boiteux. A la fin, sortit un Bohorquez  qui aurait mieux fait de rester chez lui.

     Finito de Cordoba est en forme. Sans couper d’oreilles, il a marqué la corrida, par son toreo technique et son expression artistique. On ne l’a pas vu au capote, mais ses deux faenas, un peu longues, ont fait l’unanimité. La première, à un toro faible, ne put provoquer l’émotion, mais pas une fois la muleta ne fut accrochée. Du toreo classique, à la fois technique et esthétique. Grand début de faena au quatrième, avançant vers le centre en cinq muletazos de grande classe. Au final, des adornos toreros, en trincheras et firmas cadencées. Au milieu, des séries sur les deux mains, peut-être trop belles, peut-être trop faciles. La difficile facilité ! Il n’a pas bien tué, écoutant à chaque fois un avis et une ovation. Il y eut forte pétition d’oreille au quatrième, mais le président la repoussa, écoutant chanter Manon. Finito salua, cérémonieusement, respectueusement, mais ne donna pas la vuelta. Aucun doute, le Finito est à maturité et Séville va le prouver.
    
Rivera Ordoñez débute en trombe, par larga a portagayola, suivie de deux autres, au tiers. Il met de la volonté, mais peu à peu, tout se dilue en séries hachées, sans ligne directrice, sans imagination, presque sans illusion. Comme l’épée n’est pas « celle de Papa » , le résultat est maigre. Silence partout, percé de quelque sifflet.
    
Juan Bautista n’a pu réveiller le public, son toréo semblant un peu fade à beaucoup. Ce n’est pas ce que le public attend d’un jeune torero qui débute et veut gagner « des postes ». On sera « en maestro », plus tard. Maintenant, il faut « monter sur les toros ».On lui reprochera en silence une certaine froide langueur devant son premier. Il essaya de mettre le turbo, face au sixième et donna de bonnes séries. Hélas, il tua mal et tout se termina en une courte ovation. Dommage.

     Aujourd’hui, 19 mars, double session avec les cavaliers en matinée et un gros cartel qui clôturera, ce soir, la feria : Six toros du Capea pour Espartaco, Ponce qui doit absolument triompher et Vicente Barrera qui joue la deuxième carte de sa réapparition. Vital !

 

CASTELLON DEBUTE EN GRIS

La feria  de la Magdalena  a débuté hier 18 mars, par une corrida qui ne laissera qu’un pâle souvenir. Une heure cinquante de spectacle, devant ¾ de plaza. Cela a été vite réglé ! Trois toros de Fuente Ymbro, trois de Jandilla (4,5et 6ème). Dans l’ensemble, le corrida a servi, mais n’a pas montré la flamme des autres jours. De ce fait, les toreros ont fait leur devoir, mais sans imagination, sans coup de rogne. Et la corrida s’en est allée, au soleil du Levante.
     Jesulin de Ubrique va peut-être avoir du mal  à faire passer sa nouvelle image auprès du public. Classique, sérieux, presque austère, le torero ne putfaire grand chose face à son premier, mais toréa très bien le quatrième, en longues séries templées. Cependant, il « n’entra pas » dans le public et de plus, tua mal. Silence à l’un ; ovation, après un avis, à l’autre.
     Manolo Caballero débute sa saison « en blanc ». Certes, malchance au sorteo à Valencia et Castellon, mais aussi  un manque de variété dans son toréo, qui fait que si le bicho ne prend pas une kyrielle de passes tout devient mièvre et sans solution. De plus, il tua très mal. Il faut attendre, mais Manolo Caballero doit vite rectifier, car « le train part vite », cette année. Silence partout.
     Vicente Barrera réapparaissait dans une grande feria. C’était « sa première carte », et il ne put la jouer qu’à demi, le sixième se cassant la corne au début du tiers de banderilles. Le torero préféra l’estoquer, immédiatement. Par contre, il fut « lui-même », face au troisième, et donna la seule vuelta de la journée. Bien à la cape en série de lances terminés en demie à genoux, le valenciano débuta « en statue », une faena sérieuse où l’on retrouva la verticalité qui fit sa réputation. On lui reprochera de n’avoir presque pas utilisé la gauche. Un faena propre, mais « qui manquait de quelque chose », comme souvent chez ce diestro. Barrera joue beaucoup, aujourd’hui à Valencia. Un demi échec le placerait en mauvaise posture, même dans une cage dorée.

  Ce 19 Mars, deuxième corrida, avec la « passion Juli ». La corrida est de Luis Algarra, et les collègues : Finito de Cordoba et Alberto Ramirez. 

 

DANS LES AUTRES PLAZAS : TRIOMPHE  « DES » CORDOBES...

     19 Mars : Cela ne suffisait pas d’un, voilà que le papa s’y met aussi. Du coup, l’aficionado et le chroniqueur ne savent presque plus où donner du « olé », avec quelques réserves, tout de même...
    
A 65 ans, le Cordobes « père » torée comme avant, se fait bousculer, coupe trois oreilles, mais ne met qu’une demi entrée en plaza de Lorca. De son côté, le fils, dont on sait le moment délicat, triomphe également, mais en troisième catégorie. Donc attendons.
    
18 Mars - Lorca
(Murcia) :  Toros de Gabriel Rojas, terciaditos, bonitos, flojitos, sositos. Bref, une corrida « a modo » pour le mano a mano  Manuel Benitez « El Cordobes »/ Pepin Jimenez. Soyons clair : Il ne pouvait en être autrement, et le public ne s’y trompe pas, qui ne vient pas. (C’est pour cette raison, prévisible, que l’on avait suggéré ici, des adieux « de lujo », par une série de festivals en grandes plazas, pour des causes bénéfiques, se clôturant comme prévu par une corrida d’adieux, en plaza de Cordoba, « con corte de coleta », en pleine gloire). C’est bien dommage, car le Manolo ne va pas avoir la sortie qu’il mérite, d’autant qu’il torée comme avant, en longues séries de sept, huit muletazos, quand les jeunes jouent le « trois et pecho ».
    
La ceinture est un peu plus épaisse et le dos grince un peu, mais le poignet est toujours là, sana parler de la tête. Chapeau, Manolo ! Hier, le cinquième le percuta, au capote, lui donnant un coup à la poitrine. Ayant déjà coupé trois oreilles, le Cordobes pouvait « se mettre à l’infirmerie ». Il resta là et donna sa meilleure faena de la tarde, hélas gâchée à l’épée. Une oreille, deux oreilles et vuelta, avec sortie à hombros, pour celui qui reste, malgré les cheveux blancs...un phénomène – Pepin Jimenez eut plus de mal à chauffer les moteurs, mais dessina une grande faena au dernier de la soirée, sortant lui aussi en triomphe (Silence – une, puis deux oreilles)
    
18 Mars Fitero
(Navarre) : Quatre toros de Sépulveda que vinrent compléter un de La Laguna (2ème) et un de Arauz de Robles, sorti 6ème. L’ensemble ne créa pas de problèmes majeurs et les toreros se sont libérés. Trois oreilles pour le  Cordobes « fils ». C’est bon pour le moral – Eugenio de Mora coupe une oreille à son premier, écoutant ovation au cinquième – Alberto Ramirez a préparé Castellon en triomphant deux jours de suite. Un trophée chaque fois.
    
18 Mars – Madrid
(Las Ventas) : Un quart de plaza pour une triple présentation. Les cinq  novillos de Garrido ont tout mis par terre, et le dernier de Sotillo Gutierrez, manso très encasté, a condamné le jeune César Giron aux trois avis. Il en avait déjà reçu un face à son premier adversaire, ce qui n’empêcha pas le public d’apprécier certaines séquences de ses faenas. Cependant, le jeune est « bien vert », et n’aurait peut-être pas du se précipiter ainsi vers Madrid, (surtout quand on porte ce nom là) – Luis Alfonso Oliveira se révéla un peu longuet (silence partout) et Luis Vital Procuna, comme d’habitude : Bien aux banderilles, puis, a menos ! (Silence et division). Il va falloir penser à une réorientation, un de ces jours.
    
18 Mars, dans les autres plazas
 : Fernandez Pineda sort a hombros du Puerto Santa Maria. Une oreille à chaque novillo du  Marquis de Domecq. Luis Vilches coupe un trophée. 2000 personne dans l’immense plaza du Puerto – En plaza d’Arnedo triomphe, enfin, d’Ivan Garcia qui coupe deux oreilles à un novillo de Martelilla, tandis que Tejela fait un trophée.

 

QUAND ARRIVERA T’ELLE DONC, CETTE « TRENTIEME » ?

     20 Mars : Enrique Ponce naviguait hier soir entre colère et amertume, et les 750000 personnes rassemblées près de la grande place Valenciana, pour la célèbre « Nit de Foc » (la nuit du feu), ne purent apaiser sa tristesse.  Vingt neuf sorties a hombros de la Plaza de Valence, sa plaza de Valence, depuis qu’un jour pluvieux de juillet 90, il se retrouva seul devant une señora corrida, et la toréa « pavillon haut ». Depuis, il est devenu le N°1, reconnu de tous, aimé de beaucoup. Chaque année, il bâtissait sa saison sur un gros triomphe aux Fallas.  Oui mais voilà, « nul n’est prophète en son pays », dit le proverbe et le public aime bien brûler ce qu’il a adoré, alors, imaginez un peu... à Valence.
    
Hier, Enrique Ponce voulait, devait, à tout prix interrompre cette mauvaise chute... Deux ans sans la Porte grande, débouchant sur la Calle de Jativa, interrompant le trafic sur le coup de sept heures du soir. La gloria ! Hier, 19 mars 2001, il fallait « donner la trentième ! ». Hélas, les toros n’ont pas voulu. Cela arrive. Mais trois fois hélas, le public ne le suit plus, et hier soir, à l’heure où on prépare la sortie a hombros, lui demanda d’abréger, de ne plus l’ennuyer...
Viendra t’elle un jour, cette trentième salida a hombros d’Enrique Ponce, dans sa plaza de Valencia ? Nul ne le sait. Enrique lui même, maugréait tout bas : « Ici, on m’a peut être trop vu. Je ne serai pas au cartel de la corrida de la Virgen, en mai, et en juillet, peut être que je ne viendrai qu’une fois... ». Peut être fait il bien de ne pas venir en mai... La vierge en question est « la Virgen de los Desemparados » !

     19 Mars – Valencia : Dernière corrida des Fallas – No hay  Billetes – Tarde de soleil avec du vent : Tout le monde attendait la corrida du Capea. Les Murube avaient ici une place de choix, mais hélas, les toros magnifiquement présentés, peut être trop lourds (552, 543, 586, 619,551, 522 kgs) sont sortis faibles, mous, sans race, décastés. Aucune chute scandaleuse, certes, mais des ballons qui se sont dégonflés, tristement , au cours de la lidia. Heureusement, le troisième, sorti manso, a terminé excellent à la muleta. Le sixième a duré « trois séries »... Capea aurait tout misé sur le cinquième. Il a bien fait de ne pas jouer !
    
Espartaco fait peur. Il n’y est pas, ni physiquement, ni mentalement. Bien entendu, on applaudit ses efforts louables, parce que l’on sait qu’il va partir. Mais vraiment, après les questions posées à Olivenza, Valencia vient de confirmer les craintes, et attiser les inquiétudes. Ses deux toros étaient mous. Que se passera t’il s’il  lui sort un carcan, ou simplement, un vrai toro de combat ? Avis et silence au premier, ovation au quatrième.
    
Enrique Ponce a maudit le ciel, maudit les toros, maudit le public, maudit... Malchance totale au sorteo. Son premier est un invalide qui ne prend pas trois passes, quelle que soit « la haute technique infirmière » employée. Le cinquième paraissait meilleur. Après la première pique, Ponce donna un quite par chicuelinas, clos d’une demie « de cartel ». Au tour suivant, Barrera donne deux passes et met le toro par terre, sur le remate. Vont pas être copains, ces deux là ! Ponce va bien débuter, malgré deux coups de banderille en pleine poitrine. Puis, à mi faena, les essais de naturelles vont commencer à lasser le public qui va siffler les efforts du torero de Chiva. Le regard perdu, Ponce va en terminer, écoutant par deux fois un silence sépulcral...
    
Vicente Barrera a coupé une oreille, quand il aurait du en couper trois. Maudite épée. On sait qu’il devait marquer la journée. Il l’a fait « en étant lui-même », vertical, seigneurial, amanoletado ! Son premier s’appelait « Mariposa ». C’est peut être pour cela qu’il s’acharna à « voleter » par dessus les planches, y parvenant une fois. Manso de salida, peu piqué, ce papillon là arriva noble et répétiteur, à la muleta. Barrera débuta comme une statue, par quatre fois, et continua « droit comme un I », faisant passer et repasser le toro autour de lui, terminant par des pechos enchaînés, et des changements dans le dos. Faena magique qui leva les ovations d’un public valencien qui avait retrouvé « son Vicent ».. Rythme, temple, empaque...tout y était, sauf l’épée. Pinchazo, une demie et deux descabellos. Voilà comment on perd deux oreilles.  Avis et vuelta d’enfer. Le sixième débuta bien et Barrera dessina deux jolies séries. Mais à la troisième, le toro décida que « c’était assez ! ».Allez donc savoir pourquoi, l’épée, cette fois ci, fonctionna à merveille, l’estocade entière roulant le bicho en deux secondes. Oreille et énorme ovation. Barrera est radieux, râlant un peu d’avoir loupé « d’un cheveu de Fallera », la sortie a hombros. Mais, là aussi... ça reviendra !
    
Le matin, la corrida de rejoneo n’avait rien cassé, à cause des toros de Bohorquez, sans grand jus. Ovation pour Moura, Gonzalez Porras et Andy Cartagena ; Vuelta pour Fermin Bohorquez junior ; et une oreille pour « les deux petits jeunes » qui fermaient cartel : Alvaro Montes et Sergio Galan. La relève ?

 

A CASTELLON... LE DESERT !

     Pour le moment, Madeleine attend et il lui en faut peu pour se mettre à pleurer. Le début de cette feria de la Magdalena est assez triste, voir désastreux. Attendons la suite.

     19 Mars – Castellon de la Plana – 2ème de Feria – Plus de billets – Grand beau temps : 10500 spectateurs qui sont sortis bien tristes, incapables de réagir. La corrida de Luis Algarra est sortie incomplète. L’ont « renforcée », deux de Gabriel Rojas (sortis 4 et 6ème) . De fait, tout est sorti, très inégalement présenté (475, 517, 505, 469, 485, 470kgs), mais avec le dénominateur bien commun de la grande faiblesse et absence totale de caste. Un désastre de corrida.

     Finito de Cordoba est en grande forme. Il trouve vite le sitio et le rythme. Faenas un peu longues, certes, mais à chaque fois, la toreria. Ovation à son premier, après une légère pétition. Oreille au quatrième.
    
« El Juli » a essayé devant un lot impossible. Le cinquième est sorti faible. Le public le protesta. Ebauche de lidia et le toro arrive « sans rien » à la muleta, au point que le Juli l’exécute, presque sans donner une passe. Bronca terrible... au président !
    
Alberto Ramirez est un torerito fino de la terre, et Castellon doit être « sa page de gloire », chaque année. Le troisième, invalide, ne lui permit rien. Le sixième bis sortit manso, fuyard, tirant des ruades. Le jeune le reçut par larga à genoux et se battit avec lui, aguantant ses charges désordonnées avec beaucoup de vaillance. Toro à contre style, mais torero de tête et de tripes. Bien, avec une bonne oreille à la clef. Pero... Que toston !  

 

EL CALIFA, AU PLUS HAUT

     21 mars : Le « grand livre » de la tauromachie est empli d’histoires de ces jeunes hommes qui, du jour au lendemain, à force de courage et de génie, sont passés de l’ombre à la lumière. Certains ont marqué à jamais l’Histoire, avec un grand H. D’autres n’ont fait que passer, tels météores. Cependant, le public, à chaque fois, a tressailli, les a portés haut et quelquefois, les a plongés dans le désarroi et la misère.
    
Brinquebalés, condamnés à courir les routes, à dormir peu, les nouveaux géants ont découvert ce qu’était ranger sa peur et sa fatigue, pour, presque tous les soirs, enfiler le costume du génie, et se justifier, encore une fois, dans la plaza. Certains y ont survécu, d’autre y ont laissé toutes leurs illusions.
    
Tous les jours, deux toros attendent. Jusque là, ils n’ont pas trop fait d’efforts. « Deux, à Barcelone, deux aujourd’hui , au Puerto, et demain... Bayonne. Quelle vie ! » Dans ces plazas, le public attend. Peu lui importe la paliza du voyage, les séquelles de la dernières voltereta, ou le gros rhume attrapé il y a deux nuits. Il attend le triomphateur, celui qu’il a vu a la télé. Alors, tous les jours, le torero redevient prestidigitateur « sans filet ». C’est ainsi.
    
Avant Madrid, l’an dernier, le Califa n’était rien, ou si peu de chose. Après l’historique sortie devant les Dolores Aguirre, il était une révélation pour beaucoup. La saison américaine lui a donné des ailes et dés son retour, à la première occasion, il a fait exploser la marmite. Triomphateur des Fallas 2001 à Valencia, Jose Pacheco voit déjà  tomber les propositions de contrats. Son apoderado va devoir s’acheter un nouveau carnet, et augmenter son forfait de téléphone portable.
    
Le Califa pourra t’il donner partout, chaque jour, ce qu’il a donné en plaza de Valence ? Tout le problème est là. « Allez le voir vite... » disait on jadis d’un torero tellement valeureux que ... !
    
En attendant, le Califa dort sur ses deux oreilles et sourit au destin. Déjà, il dérange et la confection de la San Isidro patine un peu parce que certains ne veulent pas toréer avec lui. C’est bon signe.
    
Tout le mundillo attend sa prochaine sortie, samedi à Castellon.

 

LES TROPHEES DES FALLAS DE VALENCIA

     21 Mars : A peine éteint le fracas de la dernière « traca », le grand Jury de Valencia vient d’attribuer les prix récompensant les triomphateurs de « Fallas 2000 ».

Les résultats sont les suivants :

Triomphateur de la Feria : Jose Pacheco « El Califa »
            Matador le plus en vue : Victor Puerto
            Auteur de la meilleure estocade : Julian Lopez « El Juli »
            Trophée au meilleur lot : « Torrestrella », le 15 mars
            Trophée au meilleur toro : « Malasuerte », 5ème de Torrestrella, lidié le 15 mars, par Victor Puerto
            Meilleur novillero : Oscar Sanz
            Meilleur novillo : « Barbastristes », 5ème  de la Quinta, lidié le 11 mars, par Oscar Sanz
            Meilleur rejoneador : Sergio Galan
            Meilleur peon de brega : Alberto Martinez
            Meilleur banderillero : Curro Cruz
            Le trophée au meilleur picador n’a pas été décerné.

     A cette liste de vainqueurs, « Toros2000 » désire associer l’Empresa de Valencia, et le service de communication qu’elle a su mettre en place, notamment via Internet. Formidables disponibilité et ouverture d’esprit dont nombre d’organisations devraient prendre quelque graine, en particulier, en France !
    
Merci donc à l’Empresa de Valencia et à son agence de communication, où l’on trouve l’ami Alberto de Jesus, dont les photos ont pu nous apporter quelques effluves des bords de « sa Méditerranée taurine ». Enhorabuena y gracias mil !

 

CASTELLON : NOVILLADA « CHAMPAGNE ». ENFIN !

     La novillada de la feria de Castellon a enfin levé le voile de torpeur qui s’était abattu sur la plaza depuis dimanche. Devant une bonne novillada de Jandilla, deux jeunes ont confirmé partie leurs promesses, et vont devenir « pareja » à la mode. A tous les coups, on va se les arracher, et un jour, Madrid les présentera ensemble. Alors... l’Histoire dira. 

     Peut être retrouvera t’on un de ces célèbres « duos » qui fit courir jadis l’aficion. Aparicio et Litri... Curro Vazquez et Antonio Porras, la « pareja novilleril » de 1969... Litri et Camino, plus près de nous. Ces toreros étaient différents dans leur concept de la tauromachie. Cesar Jimenez et Ivan Garcia sont ils si distincts. On va vite le voir. Car, après le bon triomphe d’hier, on va commencer à analyser, jauger, comparer. Chacun aura ses partisans, et l’on sera reparti pour un tour...

     20 Mars: Castellon – Novillada – presque media plaza : Excellente novillada de Jandilla qui donné grand jeu. A part le premier qui s’est donné une vilaine vuelta de campana, tous les novillos ont été applaudis a l’arrastre. Le lot, bien présenté (les premiers et sixième pesant respectivement : 495 et 498 kgs) a démontré mobilité et caste, en particulier le lot de Ivan Garcia.

     Javier Castaño est aux portes de l’alternative. Toréo serré, à bout portant, dans un terrain extrêmement réduit. Une vilaine voltereta, montant haut et tombant mal. Castaño n’a pas changé, et cela ne rassure pas, (sauf peut-être son sastre, qui va avoir du boulot). Javier Castaño pourra t’il servir ce toreo aux « quatre ans » ? On ne sait. Par contre, il ne peut continuer à tuer aussi mal. Vuelta au premier. Ovation au quatrième.
    
Cesar Jimenez a conquis l’Aficion et la presse. Tout le monde a été sidéré par ce jeune madrilène de 17 ans qui, après Valencia, a enchanté Castellon. Savoir, courage... la classe ! Une oreille chaque fois, après avoir pinché une fois. C’est dire à quel poit, Jimenez aurait pu « couper plus », en récompense à un toreo «main basse »,  de temple et de dominio. Grand quite par chicuelinas à son premier. Précieuse faena ; grande série de droitières « desmayadas » au ciquième, malgré un varetazo en plein visage. Grande sortie de Jimenez à Castellon. A suivre.
    
Ivan Garcia a également coupé une oreille à chaque novillo. Brillant dans les trois tiers, quelquefois un peu accéléré, il a confirmé les espoirs que l’on met en lui. Banderillant très réuni, citant de loin, tirant la muleta loin derrière, il a bien tué, en particulier le gros sixième. 
    
Cesar Jimenez et Ivan Garcia sont sortis a hombros, et le public de Castellon, enfin, s’est diverti. Champagne !
    
(Photos Alberto de Jesus – Castellon)

 

CASTELLON : LA GRANDE « DERNIERE LIGNE DROITE »...

     22 Mars : La Magdalena de Castellon est toujours bâtie en deux parties. La novillada et la corrida de Rejones marquent la frontière entre deux séries de corridas à l’intérêt croissant. Il y a peu, cette frontière était encore plus forte, puisqu’il y avait un à deux jours sans toros.
    
Après les événements de l’hiver, après le début de saison et quelques sérieuses gamelles, et surtout, après les Fallas de Valencia récemment terminées, Castellon entame aujourd’hui la dernière ligne droite de sa Magdalena 2001. Une passionnante série de quatre corridas débute ce 22 mars, avec chaque jour son poids de questions à élucider, de problèmes à résoudre, de doutes à effacer, de situations à rétablir. Jugez en plutôt :

     Ce Jeudi 22 mars : La corrida de Palha, avec Stéphane Fernandez Meca, El Tato, Jesus Millan. Corrida torista, les toros portugais devant confirmer l’excellente année 2000. Casta, mobilidad, fiereza ! En face, Stéphane peut jouer un gros coup. Entre Castellon et Illumbe,  un triomphe lui ouvrirait définitivement les portes de l’Espagne, avec, en particulier, la San Isidro qui se monte doucement. Le français « a la carrure », connaît à fond ces toros, et peut les faire briller. Sa volonté de mettre le toro en suerte « de loin » plaide en sa faveur et gagnera le public. Pour peu qu’un recibir arrive après une faena correcte, mise en valeur par un toro encasté, et...  on verra bien ! – Pas grand chose à attendre del Tato, sinon l’espoir d’un retour peu probable, aux premiers rangs – Reste le « petit lion », Jesus Millan, qui se voit offrir là l’occasion de se montrer, en tout début de saison. L’aragonais va aussi confirmer l’alternative, prochainement, et on le retrouvera également à Zaragoza, en mano a mano avec le Tato, pour la feria de la Primavera. A n’en pas douter, le garçon ne laissera pas passer ces occasions. Son courage et son talent, face à du « dur », en font un torero de projection pour 2001.

     Vendredi  23 Mars : Les Salvador Domecq du « Torero » pour Joselito, Ponce et Julio Aparicio. Le paseo sera « tendu ». Joselito doit effacer son fracaso de Vista Alegre, à tout prix. Non seulement pour sa carrière, mais également pour l’image du combat commun mené avec Arranz et Jose Tomas, aux abonnés absents. Une « demie teinte » ou un nouvel échec entameraient définitivement le crédit. Castellon l’aime beaucoup, il doit donc s’en sortir – Enrique Ponce a eu un gros problème à Valencia : ses compatriotes semblent ne plus l’aimer, être lassés de lui, au point qu’ils en sont injustes. On connaît le refrain. Pourra t’il rectifier ? Des Valencianos vont ils monter le siffler à Castellon ? Lo tiene muy dificil ! On murmure que Ponce veut ne toréer qu’une corrida à la San Isidro, celle de Dolores, à condition que le Califa ne soit pas du cartel... De tous temps, les toreros ont eu ces caprices ! A suivre. Ponce se doit de triompher avant Madrid., car on sait que Séville n’est pas « tout sucre » pour lui. Donc, c’est à Castellon qu’il doit « redevenir » le N°1, d’autant que le petit, le Juli, s’est planté – Julito Aparicio va essayer de confirmer ses prétentions, et pour lui, le paseo sera tendu. Mais pour lui, le paseo est...toujours tendu !

     Samedi 24 Mars : Corrida de Celestino Cuadri, toujours passionnante. Vont la toréer Espla, El Califa et Juan Bautista. Espla sera « tel quel » ! C’est à dire mi sérieux, mi roublard, très technique et mauvais tueur. Un malin ! – Le poids de la corrida reposera sur le Califa. Il a été « monumental de vaillance » à Valencia, au point que certains ont crié au kamikaze, oubliant ou niant qu’il sait toréer, et qu’il va en envoyer quelques uns au placard. La où les autres donnent trois muletazos, lui en donne six, liant, baissant la main, obligeant le toro à passer. Des fois, « il y a du tangage », mais nul ne peut nier ce fait. A Valencia, « tout à gauche » et séries de cinq, six muletazos. A partir de là, allez donc dire qu’il « ne sait pas »... Castellon doit être une marche de plus de son ascension. Beaucoup l’attendent et il le sait. De plus, il doit encore faire regretter un peui plus son absence à Séville, et peser sur San Isidro. Il va sortir  « a hombros », ou sur une civière – Jean Baptiste va devoir affûter sa décision et toréer pour le public (attention : pas toréer « le » public). Les chroniques n’ont pas été tendres, après Valencia. Pour lui, tout reste à prouver. Les Cuadri peuvent donner de l’importance à une bonne sortie, sinon...

     Dimanche 25 mars : Victorino ! Victorino ! Victorino ! Côté toreros : Padilla, José Luis Moreno et Uceda Leal. Victorino a « plusieurs tirs à rectifier » : Ne pas oublier que ses deux dernières corridas 2000, à Las Ventas, et surtout au Pilar, à Zaragoza, ont frisé le désastre. Faiblesse tout à fait incroyable, manque de caste tout à fait surprenant. Par ailleurs, la région de Valencia a osé mettre en doute son intégrité (condamnation pour afeitado d’une corrida en 1995). N’aime pas ça, le Victorino ! On sait bien qu’avec tout ça, il y aura toujours une bonne âme pour siffler plus fort la moindre hésitation d’un bicho, la moindre corne asttillée. Victorino rejoue donc « un examen de passage », à Castellon, et dans leur fincas, les « copains » ganaderos vont être « tout ouïe », les doigts croisés dans le dos, du style « S’il pouvait se planter... ». Les toreros  joueront aussi leur carte : Padilla, attifé comme un bandit de grands chemins (ne manque plus que le tromblon), n’a pas été justement récompensé à Valencia. A côté de ses facéties musclées, il a toréé juste et même très bien. Pero, no mato ! Castellon et les Victorinos doivent donner du poids à ses justes prétentions. Mais il faut arriver à se faire prendre au sérieux !  - Jose Luis Moreno doit confirmer Valencia. Bon torero, mauvais tueur, il a déjà donné de grandes faenas aux toros de Galapagar. Si un jour, aux même endroit et même moment, il conjugue grande faena et grande estocade à un grand Victorino, « se arma la San Quintin ! » - Uceda Leal est un torero protégé de l’Empresa. Torero fin, précieux, il cherche l’ouverture, et a eu beaucoup d’opportunités. Trouvera t’il enfin ce qu’il lui manque...une espèce de « do de pecho » ? On voudrait y croire, mais...
    
Voilà donc un « sacré programme », passionnant. Le public de Castellon le mérite t’il ? On le sait « bariolé », festif, braillard et peu entendu. Bon. Les grands événements font parfois les grands publics. Donc, attendons nous à de sérieux coups de gueule, dans un sens ou dans un autre. Cette fin de semaine à Castellon est primordiale.

     21 Mars – Castellon de la Plana : Corrida de Rejoneo – 4ème de Feria – ¾ d’entrée : Deux oreilles et une sortie a hombros d’Andy Cartagena, qui ont semblé un peu exagérées à beaucoup. Les toros de Los Espartales ont donné un jeu inégal : mansos les deux premiers, 3 et 6ème potables, 4 et 5ème encastés. Le deuxième a sauté deux fois au callejon, (la première, vraiment, « sans prévenir »). 

     Deux oreilles et moultes virevoltes pour un Cartagena qui a bien vendu sa marchandise face à un quatrième, sorti au galop. A signaler qu’il fut le seul à passer aux banderilles après seulement deux rejones. Grande paire al violin, à deux mains (!) et bonne sortie pour le jeune rejoneador, avant l’arrivée de Mendoza – Très intéressante prestation de Sergio Galan, préparant bien ses suertes, clouant toujours en haut. A noter deux chevaux de sa cuadra dont on risque de parler, très vite : « Cisneros » et « Montoliu ». Galan coupa une seule oreille (à cause de deux descabellos), et devient une grande promesse de « la relève du Rejoneo » - Autre trophée, au sixième, pour Diego Ventura, dont on retiendra les quiebros – Leonardo Hernandez a changé son écurie. La nouvelle est loin d’être au point. De plus, le premier, manso, ne donnait guère d’options. Ce fut un peu pesant. Silence – Fermin Bohorquez coupa une petite oreille, mais il reste le classique de l’Ancienne génération – Quant à Martin Gonzalez Porras, il est au rejoneo ce que le laboureur est au  « lac des cygnes ». Mais cela peut plaire. On applaudit sa bonne volonté musclée.
    
Il y a « les Anciens » avec Bohorquez, les frères Domecq, Buendia, Leonardo Hernandez.... Il y a « la nouvelle vague », avec les Cartagena, Sergio Galan, Diego Ventura... Et, au milieu, sous son chapeau mexicain, arrive Pablo Hermoso de Mendoza. Entre Séville, Jerez et Madrid... on va voir ce qu’on va voir !

 

LA JUSTICE DES HOMMES...

     23 Mars : Dieu est juste, dit on ! De même, ses illustres homonymes. Ils ont du travail, tous, en une seule personne. Nous, ici en bas, nous voguons dans l’incertitude. Pauvres humains à la vision et la mémoire courtes, nous hésitons et nous donnons bonne conscience en trouvant toujours des explications à l’inexplicable, presque des excuses à l’inexcusable. Pour éviter de nous salir les mains, nous tergiversons et donnons presque plus de droits à l’assassin qu’à la victime.
    
Que dans un prétoire, un « présumé assassin » sur lequel on a assemblé tant de preuves, étayées par ses propres aveux, se permette, avec l’appui de ses défenseurs, de sourire, de défier du regard, d’écraser le monde de son mépris...  Que la Justice pardonne presque ceux qui, le vendredi soir, au  cours de leurs folles équipées sauvages  sur une autoroute de France, assassinent une mère et ses trois enfants... Cela dépasse l’entendement. Ici, on viole et on assassine. Cela fait toujours cinq minutes à la télé, cinq colonnes dans les journaux. On amasse tant d’éléments que le lecteur ou l’auditeur, à la fin, se demande « mais vraiment, où en sommes nous ? ».
    
Alors, loin des effets de manches des défenseurs patentés, des « presque complices », alors des parents, des maris, des enfants et des amis pleurent et caressent doucement l’image de leurs disparus. Allez donc leur expliquer que si l’on tue, c’est pour crier sa révolte à la Société. Allez donc leur dire que si l’on permet les rodeos assassins, le vendredi soir à Paris, alors qu’on vous aligne si vous dépassez le 90 sur une nationale, c’est pour éviter le feu dans nos rues. Où est la justice des hommes ? Où est le bon, le vrai, le juste ? Ou en est on ?
    
Où en est on ? Dans notre domaine à nous, c’est bien moins grave, heureusement. Mais l’idée de justice, de vérité, devrait prévaloir. Quand on lit les compte rendus d’hier, sur la corrida de Castellon, on a trois certitudes : La corrida de Palha est sortie telle qu’on l’attendait ; le petit aragonais Jesus Millan  a fait exploser l’applaudimètre ; et le Tato confirme son déclin. Bon ! Où cela se complique bigrement, c’est au moment de faire la synthèse de l’actuacion de Stéphane Fernandez Meca. Là vraiment, si vous n’étiez pas présent à la corrida, vous avez un gros problème. Selon que vous lisez les principaux critiques et chroniqueurs taurins, dont certains, comme Juan Posada, sont matadors de toros, vous passez du bleu ciel au gris foncé, du très bon au carrément mauvais. Des deux côtés, bien entendu, des arguments techniques viennent étayer les différentes versions. Et à la fin, comme au point final d’une grande plaidoirie... vous ne savez plus où vous en êtes. Essayez donc ! Allez lire « Le Pais », « La Razon », « ABC ». C’est vendredi, vous aurez le temps... Vraiment, on a du mal à se faire une idée, surtout que le mot héroïsme vient tout à coup semer le doute, « dans l’autre sens » !
    
Que faire ? Que dire ? Impossible synthèse. C’est aussi là tout le mystère de la tauromachie ! C’est pour cela que nous sommes aficionados, et c’est parce que, bons ou mauvais, les hommes se jouent ici la peau, plus que dans un prétoire, que nous ne pouvons nous permettre l’injustice. Donc, on se contentera, de dire, « il semble que... », en attendant de « vraies certitudes » !

     22 Mars – Castellon : 5ème de feria – ¾ de plaza – Beau temps : La corrida de Palha a donné ce que l’on attendait. Pas très haute, pas très lourde (582, 494, 495, 502, 497, 556 kgs), pas incroyablement armée, elle a développé toutes les qualité qu’on lui connaît : Caste, agressivité, mobilité, solidité (seul, le sixième a glissé deux fois). Ils ont combattu fort au cheval, parfois en manso con casta, et les piqueros ne se sont pas privés de leur barrer la sortie. Sérieux et compliqués, ils demandaient de l’autorité, dans chaque instant de la lidia. Tous ont été applaudis à la sortie, excepté le deuxième.

     « Il semble que »... Fernandez Meca n’a pas eu toute la réussite souhaitée. Il semble qu’il a touché les plus compliqués, disent certains. Il semble qu’il n’ait pas su quoi en faire, disent d’autres. Allez donc savoir. « Silence partout, avec un avis au quatrième » ; « Applaudissements aux deux » ; « Ovation à chaque toro ! » ... on ne sait pas. On parle d’un premier manso, qui lui pega deux sérieux arreones, en particulier au moment de l’épée, et d’un quatrième qui eut 20 charges très fortes et finit aux planches. On parle d’un Stéphane volontaire et  un peu « torpe » qui aguanta les premières charges et s’en alla « a menos ». Beaucoup ne s’expliquent pas sa volonté de tuer recibiendo, au centre, un toro qui était parti coller les tables. Du coup, bien sûr, le toro l’attendit et cela s’est mal passé. Dommage ! Stéphane doit « entrer » en Espagne. Il en a la carrure, le courage et les capacités. Lui reste à « convaincre les hommes », et ça.... L’important est que lui soit fier de sa prestation, et qu’il soit sincère.
    
El Tato n’a pas été bien et, de plus, le public de Castellon ne lui a pas pardonné de « piquer » un poste à un torero « de la Tierra » pour faire « ça ! ». Le deuxième était le plus difficile, et l’aragonais passa au large. Bronca. Il fit un effort au cinquième, mais arrêta les frais après quelques bonnes droitières. Silence. L’avenir se noirçit pour le maño de Sanlucar.
     Jesus Millan a explosé. On le prévoyait, mais pas à ce point là. Pour peu qu’il coupe, à Madrid, lors de sa confirmation d’alternative, le dimanche des Rameaux , il va signer d’un coup 60 contrats, et peut être même qu’on le verra à Bayonne... Oreille à son premier, du nom de « Diano », dont il corrigea la tendance à serrer à droite. Naturelles en deux séries, avant de tirer deux tandas méritoires à droite, et d’estoquer clairement. 

     Le sixième s’appelait « Ruiseñor », et le jeune aragonais « le comprit d’entrée ». Courage, tête claire, Millan lia les séries, la muleta toujours devant, empêchant toute initiative au bicho. « Tu fais ce que je dis, c’est moi qui commande ». Cinq séries, dont trois à gauche, la muleta « siempre en la cara, tirando del toro ». La faena se termina aux barrières où le jeune finit, spectaculaire. Grosse estocade, deux oreilles et sortie « en volandas »... La justice des hommes !

 

DE CI ... PAR LA...

     23 Mars : JoseTomas, Joselito et Enrique Ponce sont « casés » pour la San Isidro !  Ponce vient d’officialiser hier son contrat : Une seule corrida, celle de Dolores Aguirre, le 8 Juin, avec Juan Mora et Eugenio de Mora. On dit qu’il a « barré » le Califa qui désirait, en toute justice, cette corrida. Si c’est vrai, c’est mal, et la stratégie est risquée : Une seule course, en piquant le poste à celui qui y a été extraordinaire l’an passé, Madrid ne lui pardonnera pas.
    
A suivre les montage des ferias, au jour le jour, dans le « Prévisionnel » de la rubrique « Carteles ».
    
23 Mars : Le Cordobes « padre » est sur la touche pour un mois. L’histoire se répète. Le cinquième toro de la corrida du 18 mars , à Lorca, l’a percuté de plein fouet, au premier capotazo. Le vieux Benitez s’est relevé, « comme avant », et l’a toréé, « comme avant »... Cependant, il y avait dégâts : deux côtes flottantes, du côté gauche, qui se sont mises à flotter... dans tous les sens... Repos forcé d’un mois, à peu près, le Manol désirant revenir à Palavas, le5 Avril.
    
23 Mars : Pour le moment, pas de mano a mano Bautista/Castella à la Feria de Béziers. Jean Luc Jalabert sera, par contre, à Eauze avec des Torreon, en compagnie de Victor Puerto et Castaño. On le verra, selon « corrida.net »,  en compagnie de Ponce,  à Mont de Marsan avec les Capea, à Bayonne avec les Atanasio. Fera aussi le paseo a Vic, avec les Fernando Peña. On y verra plus clair ce vendredi soir, Vic Fezensac annonçant ses cartels de Pentecôte.
    
23 Mars : Depuis quelques jours, Don Victorino s’est mis à la page.... Page web, bien entendu ! Joli site de la Casa Victorino Martin, très agréable à parcourir et, bien entendu, plein d’enseignements. A voir absolument. En « tête de mât », cette devise : « Si se cae el toro, se cae la Fiesta »... si le toro tombe, la corrida est « par terre »...  Réponse, dimanche, à Castellon !
    
Le site est simple à trouver :  http://www.victorinomartin.com  

 

PAR PREVENTION... !

     24 Mars : La campagne Anglaise, si pacifique, si verte, résonne de mille coups de feu. D’immenses bûchers consument des milliers de carcasses, répandant l’âcre fumée de la désespérance. Par prévention, «pour sauver la vie », on assassine des milliers d’animaux, dont la plupart sont sains. Adieu veaux, vaches, moutons !
    
D’ici, on ne pouvait assister que de loin à cette affreuse mascarade qui traduit trop la vanité et l’imbécilité des hommes. Vanité pour se croire « plus fort que la Nature », et imbécilité pour ne pas le reconnaître. On ne pouvait que plaindre silencieusement l’éleveur anglais, flegmatique. Aujourd’hui, on ne peut plus. Un nouveau cas de fièvre aphteuse, en France, tandis que l’épidémie s’étend en Grande Bretagne, incontrôlable, murmure t’on. Là-bas, un premier Ministre va y perdre ses prochaines élections... et ici ? Ici, on prépare les fusils et les briquets. Comme disait l’éleveur de Seine et Marne qui vient d’être frappé : « Je croyais que les vétérinaires étaient là pour soigner, et non pour assassiner, légalement ».
    
Nous, de l’extérieur, nous ne savons pas. Nous ne connaissons, techniquement, que les éléments et les directives que ces messieurs « les ronds de cuir » veulent bien condescendre à nous donner, du haut de leurs tours de verre. Les ministres répercutent. Demain, ils auront autant de talent pour parler de Justice, d’Education, ou de Sécurité routière.  Par prévention, on élimine... Par économie, par souci de suivre les lois du marché, du Système, on a rayé du dictionnaire le seul mot qui, mieux que tous, traduit « la prévention » (l’acte de prévoir, de prévenir, de combattre le mal avant qu’il n’arrive). Ce mot... « Vaccin » ! Mais, existe t’il un vaccin contre la vanité, l’imbécilité ?
    
Quelle mouche les a donc piqués, là aussi ? On apprend hier, que José Pacheco « El Califa » risque de ne pas être aux cartels de la San Isidro, dont il est le triomphateur, notamment grâce à son historique actuacion devant les Dolores Aguirre.
    
Califa absent de Madrid ? Pourquoi ? Parce que dans leur « combat des chefs », les figuras, cette année, font assaut de bravoure, et s’inscrivent aux corridas dures, ou présumées telles. Joselito et Tomas prennent les Adolfo Martin, le Juli cogite un coup du chef, et Ponce, pour ne pas être de reste décide de s’aligner sur une seule corrida, en fin de feria... celle de Dolores Aguirre, qu’a, bien sûr, demandée le Califa .
    
Par « prévention »... il semble, il se murmure... que Ponce n’a pas voulu voir ce nouveau venu dans le prestigieux carré d’as, défiler à ses côtés. Fier de son nouveau statut, gagné au canon, blessé dans son amour propre, conscient de son bon droit, mais hélas défendu par un apoderado intègre et indépendant qui n’a rien pour « faire contre poids », le Califa rompt la discussion et se retire sous sa tente, comme Achille. Logique !
    
Prévention de quoi ? Si le Califa continue sur sa lancée, et on le verra aujourd’hui, à Castellon, rien n’empêchera le public de le porter haut, comme il l’a fait pour le Cordobes ou pour Ojeda... Dieu sait que les chroniques et certains professionnels les disaient « torpes », à leurs débuts. Dieu sait combien de croche pattes et de vexations ils ont subis...par prévention. Et pourtant...
    
Le Califa risque de ne pas être à Madrid, alors qu’il demandait, logiquement trois corridas, dont celle des Dolores. Par prévention, on le plante là, sur le bord du chemin, et son apoderado n’a pas la force de hausser le ton. Du coup, toutes les autres empresas qui voient arriver le typhon, auront beau jeu de désestimer ses prétentions financières, d’un simple « Mais, mon garçon... tu n’as pas toréé à Madrid, donc, un ton en dessous ! ». Le Califa absent de Séville, absent de Madrid, un coup de maître pour l’ensemble des grandes maisons qui tiennent les trois quarts des grandes plazas, des grandes ferias. D’autant que, pour vaincre et escalader des échelons, José Pacheco sera obligé de se donner au maximum, et « à leurs conditions ».
    
Cela dit, malgré l’admiration et la sympathie que l’on ressent pour Enrique Ponce, on peut se demander quelle mouche l’a piqué, et si son caprice ne risque pas de lui revenir en pleine figure, tel boomerang mal lancé.
On s’explique : Ponce es un Figuron del Toreo, et le restera. C’est clair. Mais il est également clair que Ponce est en fin de carrière, ce n’est pas injure que de souligner un fait qu’il avoue lui même. D’autre part, Madrid se montre de plus en plus exigeante, voire injuste avec lui. Donc, venir à Madrid, en fin de Feria, avec une seule corrida, en ayant viré celui qui avait quelque chance de soulever la Plaza... ça m’étonnerait qu’ils apprécient beaucoup, les « Madrilins »... Par ailleurs, si les Aguirre sortent mal, « aura bonne mine, Henri ! ». Mais s’ils sortent bien et que Ponce les toréent, il le fera à sa façon et donc, là où il donnera quatre naturelles, le public et le « siete » chanteront sur l’air des lampions « le Califa en aurait liées sept ! ». Pas à dire, il se prépare une sale après midi, Ponce, et son coup d’autorité pourrait bien tourner à une sorte de « suicide professionnel »... Ponce est jalousé, critiqué, mais en général, on l’aime bien. Mais si ce qui se trame s’avère exact, il risque d’être haï et brocardé, jusque dans la plus éloignée des plazas de troisième catégorie.
    
Certes, il reste un mois, et les choses vont vite. Fera t’on revenir le Califa sur sa décision, pleine de rage et de superbe ? Castellon, aujourd’hui, sera « une des clefs »... Le Califa va y sortir « à muerte ». Joselito et Ponce ont coupé une oreille, hier, avec du Domecq.Bon ! Lui va se défoncer, et avec des Cuadri ... Il sait qu’il n’a pas beaucoup d’options, avant Madrid : quelque festival, quelque corrida isolée, et puis Arles. C’est donc aujourd’hui que le Califa, à Castellon, doit se rendre « incontournable ». Triomphateur de Valencia et de Castellon, avec l’assentiment des aficionados, il pourrait « laisser venir », et tout comme les « cravatés de Bruxelles », les empresas viendraient lui faire la cour...comme des moutons !
    
Maintenant, quelque chose peut aussi se passer... Le Juli est en train de négocier trois corridas pour la San Isidro. Par ailleurs, on sait que le Califa et lui sont copains. Le Juli, imposant le Califa à ses côtés pour deux courses au moins, ce serait un coup de maître, même si cela lui vaut quelques soucis dans la plaza. Mais, d’un coup, humainement et professionnellement, il raflerait la mise, et se gagnerait le public de Madrid. Imposer son meilleur adversaire, pour l’affronter bravement, à visage découvert, alors que les autres, « par prévention », ont tout fait pour l’évincer, voilà qui serait un coup géant, et le public ne s’y tromperait pas.... Qui vivra verra !

     23 Mars – Castellon : 6ème de Feria – lleno – Chaleur intense : La première partie de la corrida s’est déroulée dans la torpeur. Les premiers Salvador Domecq sont sortis, tristement, faiblement et ont permis, cahin caha, quelque détail d’Aparicio. Heureusement, la deuxième moitié de la course fut plus vivante, marquée par une bonne actuacion de Joselito et surtout, une faena de Ponce, en partie gâchée à l’épée. Les toros du « Torero » ont fait leur devoir au cheval, mais ont manqué de force et de race. Seul, le cinquième fut applaudi à l’arrastre.
    
Bien à la cape, Joselito qui se sent bien à Castellon, a toréé relâché, muleta basse, le bon quatrième. Son bilan de « division et une oreille », peut le laisser en partie satisfait et optimiste, même si une puerta grande aurait effacé d’un coup la triste impression de Vista Alegre – Enrique Ponce n’a rien pu faire avec son premier, somnolent. Par contre, il se livra et se libéra complètement devant le cinquième, (un tonton de presque 600 kgs, qu’il fallait soutenir) montant une faena précieuse, triomphant devant le public « ché » qui lui fait tant de misères, depuis quelque temps. Faena de deux oreilles, hélas mal clôturée avec l’épée. Un seul trophée, et le sourire en partie revenu – Julio Aparicio (palmas et division) n’a pas coupé de trophée, mais il a voulu, un moment. Trépident ou soudain calmé, il a donné les meilleurs capotazos de la tarde et certains muletazos firent poindre un gros espoir, face au troisième de la tarde. Au dernier, cela se passa moins bien.
    
Aujourd’hui, 24 Mars, la corrida des fils de Celestino Cuadri, avec Luis Francisco Espla, « El Califa » et  Juan Bautista. Une corrida, à plus d’un titre, primordiale.

 

SAN SEBASTIAN : LE CHEMIN DE LA FINALE 

    24 Mars : Ce soir, en plaza d’Illumbe débute la première « grande bataille », qui connaîtra demain, sa deuxième manche. Depuis le 17 Février, 15 novilleros ont disputé les éliminatoires de la fameuse « 4ème Rencontre internationale des novilleros ». 15 novilleros qui, avec talent, avec hargne, avec tout l’espoir du monde, ont concouru pour « être de la finale ». Mais voilà, dans chaque compétition, il y a vainqueurs et perdants. On salue les perdants, on les oublie parfois. 

     Du coup, tous les projecteurs se portent sur les vainqueurs, et aujourd’hui, plus précisément, sur le futur vainqueur qui se trouve parmi les six qualifiés qui vont disputer, ce soir et demain dimanche, les demie finales. Objectif : une des trois places pour la grande finale du 30 Mars.
    
Six novilleros, un novillo chacun, deux jours de suite. Ce soir, du ganado del Capea ; demain, des Martinez Elizondo. Malins, les Chopera... et justes, également. La rencontre des six jeunes, deux jours d’affilée, garantit une bonne entrée à Illumbe, et, d’autre part, les concurrents s’y retrouvent, pouvant sur deux jours, effacer un mauvais moment, ou l’éventuel avatar d’un ganado, désastreux un jour, magnifique le lendemain. Tous combattront les deux ganaderias, avec, bien évidemment, la loterie du tirage au sort.
    
A signaler que, quand on parle de « projecteurs », on ne peut mieux dire, puisque « Via Digital » attaque aujourd’hui ses retransmissions en direct, qui permettront d’apporter les effluves du « buen toreo de demain » jusqu’aux Aficionados les plus éloignés, comme ceux, par exemple du « Cercle Taurin Claude Pelletier » de Lons le Saunier, que l’on salue.
    
Les jeunes qui vont en découdre sont : Abraham Barragan, d’Albacete. Il est déjà novillero d’expérience et prendra bientôt l’alternative. Torero fino, à qui il manque un brin de génie – Sergio Aguilar, qui doit sa présence à une oreille coupée, sans convaincre. Cependant, crédit ouvert, du fait de son retour, après un an sur la touche – Javier Valverde, de Salamanca. Attention à celui là. Un jour...cela va forcément « sourire » ! C’est peut-être pour cette fois - Julien Lescarret aura beaucoup de supporters. Il se doit de convaincre, surtout, ceux qui n’en sont pas. Il en a les capacités. Que haya suerte ! – Salvador Vega, un jeune de Malaga, qui a fait du bruit cet hiver, à Vista alegre, et qui a donné ici quelques bons muletazos à un bicho de San Martin  - Enfin, un des grands favoris sera Cesar Jimenez, qui arrive à ces phases finales avec d’importantes sorties et triomphes, à Valencia, Castellon et Arnedo, notamment. Plus cuajado, plus « toréé » que les autres, il a de grandes chances de monopoliser, d’entrée, un des postes de la finale. Mais, on n’est jamais à l’abri d’un mauvais tirage au sort, même deux jours de suite, d’une voltereta, que l’on ne souhaite pas, bien évidemment, ou de quelque pinchazo à répétition ...
    
Demie Finale... Finale... et demain, peut-être, l’or et la lumière. Le long tunnel de l’espoir torero passe par San Sebastian, pour ces six jeunes, pleins de talent et d’illusion. Pour eux, ce « Week end à Illumbe » est capital. « Suerte, de verdad, para todos ! »

 

ZARAGOZA : FERIA DU PRINTEMPS !

      Le 17 Mars, au matin, nous parlions de « la Feria de la Primavera » en plaza de Zaragoza, sans savoir qu’ils étaient présentés officiellement... le 17 au soir. Des choses qui arrivent ! Le curieux de l’histoire, c’est que   dans les commentaires (voir au 17 mars) nous pensions que Fernandez Meca avait une place toute désignée, à la concours. Et, le soir... c’était fait. Mais nous n’y sommes vraiment pour rien... et nous n’en savions rien. Donc, bravo à tout le monde, et en premier lieu au matador qui s’est gagné le puesto. Maintenant, faudra le justifier, face à un Fraile et un Adolfo Martin. Bueno !
Les cartels sont donc les suivants :

21 Avril : Toros de Jandilla pour Espartaco, El Juli et Ricardo Torres, qui  prendra l’alternative.
            22 Avril : Toros de Salvador Domecq pour Joselito, Enrique Ponce et Jesulin de Ubrique.
            23 Avril : Toros de Castillejo de Huebra pour le mano a mano El Tato – Jesus Millan.
            28 Avril : Corrida concours avec des toros de Partido de Resina, Juans Fraile, Victorino Martin,   Celestino Cuadri, Adolfo Martin et Monteviejo.  Pour les lidier : Espla , Fernandez Meca et Juan Jose Padilla.
            29 Avril : Toros de Palha  pour El Molinero, Jose Luis Moreno et Antonio Ferrera.
            1er Mai : Corrida de Rejoneo – Toros de Los Espartales pour Leonardo             Hernandez, Fermin Bohorquez et Pablo Hermoso de Mendoza.

 

VIC FEZENSAC – « PENTECOTE 2001 »

     Les cartels de Feria de Vic, une des plus attendues, chaque année, ont été révélés hier soir. Comme d’habitude, « des toros et des hommes », et toujours l’espoir de maintenir haut l’image de « l’Aficion Torista ». Pas facile, par les temps qui courent, de conjuguer les certitudes. Quelle ganaderia donne quelque garantie, tout en sortant « super présentée, super armée » ? Quel torero pour l’affronter ? Le « challenge » de chaque année. Bonjour Upsa !

« Feria de Vic 2001 » - Les cartels sont les suivants :

Samedi 2 Juin : Toros de Fernando Peña, pour Victor Puerto, Juan José             Padilla et Juan Bautista
            Dimanche 3 Juin au matin : Toros de San Martin, pour El Zotoluco, Jose Luis Moreno et El Renco
            Dimanche 3 Juin au soir : Toros d’Albaserrada, pour Richard Milian, Jose  Ignacio Ramos et Antonio Ferrera
            Lundi 4 Juin : Toros de Cebada Gago, pour Fernandez Meca, Pepin Liria et Jesus Millan.

 

EN UNE SAINE COMPETITION...

    25 Mars : Ca y est, on est en été ! L’horloge est là qui nous le rappelle. Tandis qu’une partie de la France a les pieds dans l’eau, le sud ouest, pour une fois ruisselle de chaleur en se rendant aux arènes. C’est le printemps, mais restons « les pieds sur terre », nous avons le temps d’en prendre « des bonnes » et de subir des jours et des jours de « sirimiri ». Mais pour le moment, savourons ce plaisir simple de monter vers Illumbe, au bord de la Concha de San Sebastian, par une chaude après midi , et avec la garantie que, si le temps tourne, on a cette magnifique installation vouée au confort de notre aficion. Que bueno !

      Première demie finale, hier, de la IVème rencontre internationale des novilleros. Superbe ! Il y a quelque chose d’émouvant, de voir six jeunes toreros  s’aligner ainsi au paseo, à la tête de leurs cuadrillas. Une partie de « la tauromachie de demain » est là, une partie de notre aficion, une partie de nos discussions sans fin, de nos futures émotions. Plus tôt qu’on ne le pense, nous nous retrouverons, évoquant le passé : « Je me souviens de ses débuts, quand il a disputé le concours de San Sebastian... C’était déjà un sacré torero ! »
    
Un grand plaisir que de voir ces jeunes en découdre dans une saine compétition, chacun essayant de placer un maximum de choses, dans un minimum de temps. Un peu comme au patinage artistique, sauf que là, les heures et les heures d’entraînement, de répétition devant la glace, ne servent que moyennement. Le toro est là, permanent mystère, qui décide : « Toi, oui ; toi, aussi ; toi par contre, tu repasseras... ». Presque une tombola, avec deux « arbitres » : le toro et le public.
    
Les jeunes se sont livrés complètement, tous avec courage, et talent. Le public les a appuyés tout en étant exigeant. Bien entendu, il y avait quelque favori et la dernière oreille accordée sonne un peu faux. Mais d’ores et déjà, à quelques heures de la revanche, et quelle que soit la décision finale, des toreros ont marqué des gros points, car la novillada était télévisée et probablement que quelque grand apoderado, assis dans son salon, aura noté le placement de celui ci, les gestes de celui là, le courage de cet autre.
    
Hier, des novillos du Capea, et trois noms qui émergent : Trois noms, trois régions taurines, trois villes : Salamanca, Malaga, Albacete. Aujourd’hui, les novillos de la deuxième manche seront de Martinez Elizondo. Il faudra confirmer, ou il faudra, d’un coup, « remporter la timbale »... Ce soir, trois jeunes seront aux anges. Qualifiés pour la finale, ils s’endormiront pleins de rêves, les épaules endolories par les abrazos. Les autres auront le vague à l’âme, rageant contre le sorteo, maudissant l’épée. On aura beau les accompagner, les soutenir, ils seront inconsolables, le temps d’une bataille perdue. Mais déjà, le lendemain, il repartiront pour gagner « leur guerre ». Ils sont toreros, et ils méritent tous un coup de sombrero... 

     24 Mars – San Sebastian (Plaza d’Illumbe) – 1ère demie finale du « IVème tournoi des Novilleros » - Grosse demie arène – la novillada est télévisée en direct sur Via Digital : Six novillos de la Famille Capea. Présentation correcte, quatrième et sixième plus charpentés. L’ensemble sort un peu distrait, deux voulant sauter au callejon. A la pique, les trois premiers seront très peu châtiés, les trois autres entrant plus fort. Le quatrième est un mastard qu’il fallait réduire, sans éxagérer. Difficile équation que ne put résoudre Julien Lescarret. A part quatrième et sixième, la novillada est sortie noble, voire noblissime, en particulier pour les trois premiers. A signaler qu’en cette période de « fièvre », le premier novillo perdit un sabot, au cours du premier tiers, et un second, pendant la faena. Glosopeda ? Conséquences de l’hiver boueux ? A suivre.
    
Abraham Barragan toréa suavement ce pauvre premier qui, « les ongles en sang », voulait charger et charger encore. Faena limpia, toute en douceur et sans génie, mais qui traduit l’allure et le métier de l’Albaceteño. Jolie série de naturelles avec un pecho magnifiquement tourné vers l’épaule contraire. Faena de gusto, mais sans le poil d’émotion qui fait « la grande faena ». Malheureusement, l’épée très en arrière imposa le descabello, et là... six coups, le toro se couvrant, le torero se précipitant. Ayant perdu une oreille, Barragan salua une affectueuse ovation.
    
Sergio Aguilar ne put toréer de cape, le deuxième, qui fit mine de sauter. Novillo peu piqué en deux rencontres. Déjà un joli quite de Valverde, clos d’un superbe pecho de capote, en plein rai de soleil. Sergio Aguilar, face à un toro en or, idéal de noblesse, aligna des passes, parfois très belles, mais laissa une  impression de gris, de fade, de froid et de suffisant. Ca ne suffit pas ! Toreo vertical, stoïque, ouvert par deux cambios dans le dos. Des passes égrenées au fil des magnifiques allées et venues du novillo, mais voilà... seulement des passes. Le meilleur, une entrée a matar, forte, violente, et une « presque entière » qui avait beaucoup de défauts. Un avis sonne avant le descabello libérateur, et le torero s’octroie une vuelta que personne ne demandait. Ce sera dur.
    
Javier Valverde est salmantino. Râblé, solide, un brin « rustique » dans le bon sens du terme... Salmantino ! Il est l’incontestable vainqueur du jour. Bien au capote, il tombe sur un novillo noble qui débute un peu soso, un poil faible. Il va le toréer ! Pas lui donner des passes... le toréer. Magnifique faena sur les deux mains, la deuxième série très templée se clôturant par un immense pase de pecho, complétement tourné vers l’intérieur. Arriva alors une séquence de naturelles remarquable, l’une d’entre elle paraissant ne jamais vouloir se terminer. Toreo  templadisimo, seigneurial. La muleta est tirée, surtout sur main gauche, lente, verticale. Le corps ne force pas la posture. Quand le toro ralentit ou fait mine d’arrêter, le jeune aguante, muy torero. Sur une série de molinetes, il se fait soulever, mais se libère d’un pecho à genoux, terminant ainsi en un desplante qui change le cri d’effroi en ovation. S’il tue... deux oreilles ! Mais il ne tue pas. Trois pinchazos, la main trop haute, peut-être, et une casi entera. Le novillo sera ovationné, et Javier Valverde donnera une vraie bonne vuelta.
    
Julien Lescarret n’a pas eu de chance au sorteo. Le novillo est fort, costaud ne permet pas grand chose au capote, excepté un quite alternant chicuelinas et tafalleras. A la muleta,  difficile équation. Le toro est tardo, puis violent quand il déclenche, terminant chaque charge par un furieux hachazo, et prenant du sentido, au fil du temps. Il a pourtant été piqué, fort. Pas assez, disent certains. N’y avait il pas, alors, le risque de se retrouver avec un bloc de marbre, très méchant ? Lescarret essaya bien d’aguanter l’autobus. Trois naturelles firent naître quelqu’espoir. Mais non ! « Trop toro » pour ce novillero...  un bicho qui en aurait mis plus d’un en échec. Très vilain metisaca et une bonne entière. Ovation de compréhension, et salut au tiers. 
    
Salvador Vega  laisse une impression mitigée. A l’applaudimètre, il est le vainqueur, coupant une juste oreille, à un poil de la seconde, furieusement reclammée. Le malagueño a déjà un métier certain, et sa cape est efficace, rematée avec une certaine affectation. A la muleta, un torero qui a la facilité et la technique de l’Espartaco des grandes années, quand il pouvait arracher faena à tous les toros. La même volonté de tirer à l’extrême, d’allonger la charge du bicho, les passes répétées, despatarradas ; le cite forcé, le corps courbé, parfois fuera de cacho, en mettant le pico... mais les passes s’enchaînent et le bicho répète. Alors, tout à coup, la main tombe, le corps se réunit, l’attitude se relâche totalement et on a un, deux muletazos de rêve. Il y eut ainsi deux dérechazos, en accompagnant de tout le corps, se grandissant sur la pointe des pieds. Il y eut ainsi des remates et adornos en mettant la hanche. Et là, il est très beau. Faena qui va crescendo, terminée par doblones allurés et une énorme estocade. Oreille très forte, et déjà un pied en finale.
    
Cesar Jimenez était le favori de beaucoup, et c’est logique. Cependant, et malgré une oreille coupée, il n’est pas dans le tiercé, pour le moment. Tête froide, vaillant, il « se regarde trop toréer » et aligne des suertes  mille fois répétées « de salon » qui, lorsqu’elles sortent bien... sortent super ! Mais voilà, faudrait, de temps en temps penser à conduire le toro. Le sixième rechargea fort au premier puyazo et termina en « réfléchissant » beaucoup. Le jeune débuta vaillant par du toréo main droite, tiré les deux genoux en terre. Relevé, il se fit prendre dans le pecho, parce que ne commandant pas sur la charge du bicho. Ce problème se répétera à plusieurs reprises, et la faena sera une suite de « oui, mais ! ». Final spectaculaire, « girant » à genoux devant le toro, terminant par abanico et desplante théâtral. Estocade facile, un descabello tandis que sonne l’avis. Un oreille pour Cesar Jimenez, et pourtant, tout reste à faire.
    
On suivra aujourd’hui la deuxième manche. Cesar Jimenez peut se qualifier d’un coup (et puis, on peut aussi l’aider !) – Javier Valverde et Salvador Vega ont un pied en finale. Il leur faut confirmer la splendide impression – Barragan sera propre mais aura t’il un moment de génie ? – Sergio Aguilar part de très loin, mais on ne sait. Il suffit d’un toro et d’une soudaine communion – Quant à Julien Lescarret, tout est à faire. Le public a bien vu les difficultés de son toro, et son crédit est totalement ouvert, en particulier chez ses nombreux supporters français.
   
Ah, et puis signaler, confirmer l’excellent accueil d’Illumbe, de ses installations, de son personnel et de son public... Tout le Pays Basque, en une plaza !

 

CASTELLON : DECEPTION SIGNEE CUADRI...

     La corrida de Celestino Cuadri a déçu tout le monde. Très gros, très lourds, il ont traîné leur soseria   tout au long de la tarde. Arrêtés à la muleta, regardant beaucoup par dessus les muletas, il n’ont donné que peu de possibilités. Seul, le sixième a permis le toreo tel qu’on l’entend aujourd’hui, et Juan Bautista en a profité, coupant la seule oreille de la tarde.
    24 Mars – Castellon : 6ème de feria – Plus de ¾ d’entrée – Chaleur et vent : Les toros de Cuadri déçoivent beaucoup –  Presque comme d’habitude, Luis Francisco Espla  virevolte, prend le public à témoin et tue mal (ovation et silence)  - Dans le contexte actuel, le Califa devait faire quelque chose. Il n’eut pas d’option et subit un échec. Toros compliqués, beaucoup de situations limites et le découragement final ( Ovation et silence) .
    Juan Bautista ne put rien face au dur premier (silence). Il fut, par contre, très torero avec le seul potable de la tarde, coupant une juste oreille qu’il aurait pu doubler, avec un peu plus de vibrato. Bonne sortie et rétablissement du français, après la grisaille Valencienne.

     Ce dimanche... On Ferme ! Les Victorinos seront le dernier point d’interrogation de la feria. Ils ont fini 2000, « en catastrophe »... Comment débuteront ils 2001 ? Tout le monde attend, et « certains fusils » sont chargés. Pour les lidier : Padilla, Moreno et Uceda Leal. La corrida sera télévisée sur le canal Andalou... mais San Sebastian sera en direct sur Via Digital. Cruel dilemme ! Bonjour le zapping !
    
Résultat, demain, « si Internet veut bien arrêter ses caprices, et que le « serveur » veut bien faire son boulot ! ! ! Mille excuses. »

 

SAN SEBASTIAN : APRES LA DENTELLE... LE CANON !

     26 Mars : La télévision est sans pitié. A San Sebastian comme à Castellon, elle vous montre et remontre les erreurs ou  les coups du sort, les petites « truqueries », voire les bassesses, qui vous échappent depuis le tendido. Du coup, on souffre beaucoup plus, en voyant les novilleros  se la jouer devant des « mal embouchés », et l’on s’énerve plus encore, quand on voit une prétendue vedette monter un show indigne, pour un quart d’oreille de plus.
    San Sebastian était télévisé, hier et le miracle de la technique aidant, on était à bord de Méditerranée , une minute après le « verdict basque », pour suivre la lidia des trois derniers Victorinos. A la fin, une véritable indigestion de toro, beaucoup d’admiration et de respect pour tous les jeunes, et un peu moins pour un ganadero qui se permet  trop de facilité et un torero qui ferait mieux d’aller chez le coiffeur. Padilla a l’air d’un bandolero, il en a aussi le comportement .
     Cela dit, San Sebastian, après une tarde de dentelle, samedi, a vécu une tarde de guerre, hier dimanche, à l’occasion de la seconde demie finale des novilleros. Les novillos de Chopera ont montré du nerf, de la caste parfois mal intentionnée, du sentido. Malheur au novillero qui restait « muleta derrière » et voulait faire le beau. A ce jeu là, certain ont vite compris leur douleur, d’autres n’ont toujours pas compris, malgré trois voltiges sévères. Par contre, le salmantino, Javier Valverde, a confirmé que... « c’est du solide », contrairement au Malagueño, qui continua en plan « pega « muy buenos » pases ». De son côté, Julien Lescarret ne doit pas jouer au loto, cette semaine. Ce n’est pas sa période de chance. En deux jours, il touche deux carnes et, sans pouvoir triompher, il n’a pas démérité, surtout hier.
     Après le toreo de soie, « tout le monde en treillis et casque lourd » ! La novillada de Chopera n’était pas un cadeau et, si elle a permis à certain de s’exprimer, espérons qu’elle ne fera pas douter les autres. Parce que pour certains, elle fut ... une vraie vacherie !

     25 Mars – San Sebastian (Illumbe) – 2ème demie finale – Media plaza – Beau temps ! : Novillada diversement présentée de Martinez Elizondo. Plus que la présentation, c’est la présence qui imposa. Sortant souvent abantos, il firent parfois semblant de faiblir au premier tiers, obligeant les toreros à écourter les piques. Sortant parfois à genoux, on le aurait presque plaints. Puis, après les banderilles, ils montraient leur vraie nature et vous remontaient dans la figure, pattes d’airain, jarrets d’acier, têtes en forme d’exocet, retours terrible à mi passe, sous la muleta, « con muy mala leche ». En aucune façon, le torero ne pouvait rester quieto, se relâcher. D’où le mérite des novilleros, quel que fut leurs résultats. Laisser la muleta toujours devant, toquer fort, de la voix et du pied, étaient peut-être « la » solution. Certains y ont partiellement réussi, d’autres n’y ont même pas songé. Heureusement, le sixième a sauvé le torero...et le ganadero. Sans être une soeur de charité, ce toro à la charge longue et noble a permis à Cesar Jimenez de se qualifier « haut la main », pour la grande finale de vendredi prochain. L’accompagneront pour le grand duel, face à des Jandilla : Javier Valverde, novillero superbe, à suivre absolument, et Salvador Vega, très joli torero « avec du dulce »...
     Abraham Barragan a donné deux largas à genoux, ouvert sa faena avec quatre doblones , puis, muleta trop en arrière, a subi quatre terribles coladas. Voulant toréer ce qu’il fallait réduire, tordre, châtier, l’albaceteño s’est retrouvé en perpétuel danger, dont il se libéra en un affreux metisaca qui fit son oeuvre avant l’entrée à matar suivante. Accident dont on ne lui tint pas rigueur, en le faisant saluer au tiers. A dieu la finale ! – Sergio Aguilar doit repenser son toreo, sinon il va connaître de gros problèmes. Ne pas avancer la main avec son toro était hier un suicide et il ne semble jamais l’avoir compris, ou n’avoir jamais pu le faire. Trois terribles volteretas le virent chaque fois revenir à l’assaut, le visage inexpressif, répétant la même tactique, « rendez vous pour le prochain vol plané ». Le public, qui n’aime pas la chair à canon, lui demanda d’arrêter les frais, mais il continua et ne dut son salut qu’à une bonne estocade, portée avec valeur. Un vaillant, c’est sûr, mais qui, pour le moment, en trois fois aperçu, « ne commande » en rien sur les toros. A noter que ce deuxième novillo perdit aussi un sabot, pendant la faena – Le troisième de la tarde se fit mal en cherchant très haut un capotazo de Valverde. Probable lésion à la colonne vertébrale et toro changé. Le troisième bis ne répondit pas mieux à la cape, prit un bon puyazo et répondit correctement à un joli quite par navarras. On avait quelqu’espoir d’une charge plus longue que les précédentes. Il fallut déchanter. Calamocheo et retour au milieu de la passe. Valverde alla chercher la charge, bien devant, et essaya de la tirer, bien derrière. Il faillit bien y réussir, liant plusieurs séries, avec courage et force, aguantant les « regards en dessous », finissant la passe en « voltigeur de pointe », sous le coups de boutoir et les uppercuts du bicho. Faena moins limpia que la veille, mais un immense mérite, celui de vouloir faire les choses « bien », et d’y presque parvenir. Tête claire, courage serein, « aqui hay un torero ! »  Après un pinchazo, une entière sur une dernière arrancada du toro, et un descabello tandis que sonne un avis. Ovation au tiers, qui aurait mérité un peu plus de chaleur.
     Le quatrième pour Julien Lescarret. Il s’appelle « Delicado ». 472 Kgs (plus lourd que l’un des Victorinos de Castellon). Lescarret va montrer un calme et un joli bagage en recevant de cape ce coureur un peu loufoque. Le toro répond à peu près à un quite de Salvador Vega, mais va se décomposer durant un tiers de banderilles anarchique. Lescarret se retrouve avec un toro qui part dans tous les sens, en braillant, violent dans la passe, calamocheando. Une vraie carne qui ne permettait rien. Lescarret  essaya bien de le dompter par de bons doblones , puis tira quelques passes isolées avant de devoir abandonner, non sans avoir subi deux vilaines coladas, dont il sortit, la taleguilla percée. Pinchazo et estocade basse que méritait le manso. Dans ces cas là « todo es toro ». Salut au tiers et déception, non d’avoir fracassé, mais surtout, en deux jours, de n’avoir pu réellement s’exprimer. On le comprend, mais on lui dit « A très vite, et continue. Mañana es otro dia ».
     Salvador Vega a été superbe en véroniques et remate sur le côté gauche du cinquième Chopera. Espoir. Le novillo va finir gazapon et le novillero va beaucoup danser, perdant beaucoup de pas entre chaque passe. Certes, il y a cette élégance dans le détail, le remate tout a coup sculpté, après avoir tiré à fond une série, parfois un peu forcée. Allonger la passe, lier la série.. une obsession ! Il entra fort a matar, mais « très à plat », par trois fois, et subit un petite bérésina au descabello, écoutant un gros avis. Silence respectueux et quand même, une place indiscutable en finale.
     Le sixième voulut rattraper les mauvais tours des copains, et faire le quite au ganadero. Ce « Falucho » se mit à charger droit et long, permettant à Cesar Jimenez de réciter tant au capote qu’à la muleta, un toreo d’esthétique qui a du faire la joie de certains photographes. Toreo de tête, jouant la technique et la beauté, Jimenez met aussi le courage qui permet de palier une certaine froideur. Début de faena au centre, les deux genoux en terre, toréant longuement et vraiment par droitières en rond et pecho. Valiente ! Le reste de la faena est un peu plus froid, mais les séries se succèdent, limpias, chaque fois terminées de longs pechos galbés ou de quelqu’adorno bien tourné. Manoletinas pour finir, abanico et un desplante, « en se trouvant très beau ». Tout le monde est d’accord, à priori ! Malheureusement...Deux pinchazos, une entière devant et un descabello, tandis que tombe l’avis. Vuelta, le visage totalement fermé. « Señor, no es para tanto ! ». Cesar Jimenez , sans couper, a triomphé et s’est qualifié pour la finale. Cela valait bien un petit sourire...
     Vendredi soir, 30 Avril, à 19h30, la finale du « IVème tournoi des Novilleros » : Javier Valverde, Salvador Vega et Cesar Jimenez, devant six novillos de Jandilla-Fuente Ymbro. Que haya suerte, toreros !

 

CASTELLON : FINAL EN « VICTORINO MINEUR »...

     La feria de la Magdalena 2001 s’est terminée par une « euphorique déception ». Un torero a fait le quite au ganadero vedette, lui laissant crédit ouvert pour les prochains rendez vous. Cependant, la critique ne rentre pas dans ce jeu, fustigeant la présentation et la faiblesse des Victorino de Castellon. Après le vilain final de la saison 2000, Victorino Martin débute 2001 en pointillés. Espérons que San Sebastian, samedi, se terminera en une nouvelle exclamation, d’admiration. Sinon... viendront les points... d’interrogation !
     25 Mars – Castellon : Dernière de Feria – Lleno total – Grand beau temps : Corrida de Victorino Martin, la plus mal présentée, (à l’unanimité des revisteros), de la feria, et de toutes les victorinades lidiées ici. Terciaditos, excepté le sixième (462, 482, 497, 475, 502, 561 kgs), les Victorinos n’ont pas fait preuve de beaucoup de force. 3 et 5ème furent sifflés pour leur faiblesse. Le 6ème ne paraissait pas trop solide, non plus. Par contre, les 1, 2 et 4ème montrèrent de la caste, de la mobilité. La corrida a été, en général, noble, permettant le toreo. Pas d’alimañas  au rendez vous de Castellon.
     Juan Jose Padilla a coupé une oreille à chacun de ses toros. Il aurait pu en couper quatre, au vu des féroces pétitions qui lui ont permis, au quatrième, un show totalement déplacé, avec la complicité du Mangui, qui mériterait un jour une bonne multa pour systématiquement monter le public contre la présidence. « A ver quien tiene c... pa mandarle la policia, a este ! ». Sous la pétition, Padilla prétendit faire couper en deux, l’oreille accordée, mais, après discussion avec l’alguazil, se contenta du trophée accordé et deux vueltas.
     Cela dit, la fiesta a besoin de toreros comme Padilla, d’autant qu’au milieu de ses feux de Bengale, il a amélioré son toreo, passant du « gros musclé » au « presque fin », comme il le démontra, devant le premier. Par contre, il se lâcha, face au quatrième : Portagayola à genoux ; banderilles « al violin » ; début de faena assis à l’estribo, puis à genoux ; toreo d’abondance, avec tout à coup un muletazo très templé, presque ralenti ; gros vibrato avec desplante à genoux, dos au bicho « qui regarde en dessous ». Pas à dire, il a un certain mérite. Et comme il tue « comme un canon », il coupe et sort a hombros.
     Jose Luis Moreno, encore une fois, a donné « la » faena du jour, et a tout perdu avec l’épée. Derechazos très longs, main très basse, face au deuxième, avec deux pases de pechos pour un grand sculpteur. Final par trincheras et passes du mépris... mais il ne tua pas. Avis et ovation. On le vit plus forcé, face au cinquième, essayant de mettre la vibration et le force que le toro n’avait pas. Ovation de même – Uceda Leal entendit le silence, avec, en plus, un avis au sixième. A son habitude, il toréa longuement, parfois bien, mais sans flamme, sans réelle personnalité, celle qui accroche les gradins. Un revistero parle de faenas si sobres qu’elles en étaient « presque vides ». Quel dommage.

 

MADRID : TOUS LES PICADORS A L’AMENDE...

     Las Ventas – Novillada du 25 Mars – ¼ de plaza : Ne rigole pas le président de la Monumental : « Les chevaux de tous les picadors étant sortis « les deux yeux cachés »... multa pour tout le monde ! ».  Bon ! Une leçon qui peut porter.
     Trois novillos de « El Serrano », sortis en premiers lieux, et trois de Felix Hernandez Barrera. Présentation discrète et mansedumbre pour tout le monde. Par contre, la novillada a été très piquée, chacun prenant trois puyazos. A la muleta, mansada maniable – Jose Luis Triviño a mis beaucoup de volonté. Portagayola au premier et faenas très longues (Silence avec avis et silence) – Angel Romero, de Sanlucar, qui se présentait,  eut de superbes véroniques au deuxième et de grandes naturelles devant le faible cinquième, qu’il tua mal. (Silence et silence) – Le cordouan Reyes Mendoza se montra téméraire, faisant passer le frisson dans les gradins. Faenas de « huy ! » avec nombre de passes changées dans le dos et autres inversées. Trémendisme et une froide détermination. A revoir (Vuelta et Palmas). 

 

DANS LES AUTRES PLAZAS...

     25 Mars : De nombreux festivals ont eu lieu, qui permettent aux toreros d’affûter leurs armes avant les prochains gros rendez vous, en particulier Arles et Sevilla – Triomphe d’Espartaco et du Fandi, à Granada, où il a plu. On a donné vuelta à un bon novillo deTornay – A Sanlucar, c’est Victor Puerto qui triomphe, mais le festival fait un flop : demie entrée – A Valdepeñas , gros succès de Pepin Liria et Javier Conde – Et à Lunel, les triomphateurs eurent pour noms : El Fundi et Marc Serrano.
     Par ailleurs, on note le gros triomphe (quatre oreilles)  du Pedrito de Portugal, en plaza de Valencia, au Venezuela. Par contre, il semble que le bétail « avait la boule à zéro ! ». Ortega Cano était au cartel. N’y voyez là qu’un lointain rapport ! A suivre, ce soudain réveil du Pedrito, qui prend, seul, six toros en plaza d’Olivenza, le 7 Avril. Un gros triomphe... ou une « énorme » sieste, en perspective !

 

UNE PAGE DE REPOS...

     27 Mars : Ouf ! Après la traditionnelle course de la mi-mars, entre Valencia et Castellon, entre San Sebastian et Vista Alegre, on peut enfin se mettre en roue libre, l’espace d’une petite semaine. Certes, le monde taurin continue de tourner et chaque jour apporte son lot de nouvelles, grandioses, tristes ou farfelues.
     Ainsi, le Mexique taurin attend avec anxiété de meilleures nouvelles du matador Paco Doddoli, dans le coma après un gros accident de voiture, au sortir de sa finca, samedi dernier. Grave fracture du crâne et inquiétude générale.
     Ainsi, du côté de Huelva, le Chamaco « père » vient de prendre deux ans de prison pour avoir agressé au couteau un ancien « collaborateur ». Tentative d’assassinat préméditée, puisqu’il l’avait suivi jusqu’à chez lui, un couteau caché dans un journal, et lui avait crié qu’il allait le tuer. « Cuadro, se perfilo, entro a matar, pero pincho !»... heureusement ! Blessure au cou, qui aurait pu être fatale, si le délinquant avait eu « plus d’expérience ».... Il est vrai que le Chamaco n’a jamais brillé comme grand estoqueador... et tout le monde s’en félicite. Quelle mouche l’a donc piqué ? Deux ans de prison, après tout ce qu’il a vécu....
     Ainsi, on apprend qu’il va y avoir un festival, le 31 mars, en plaza de Zamora, au profit des Alcooliques Anonymes. L’histoire ne dit pas si l’on a invité au palco, le président de la Monumental de Mejico, destitué cet hiver pour avoir « un peu trop taquiné la dive bouteille ».
     Et puis, c’est aussi l’heure des bilans. Valencia a signé la faillite des corridas toristas, tandis que la saga Domecq en sortait pavillon haut. Castellon a connu un relatif échec ganadero dont se sauve Palha et Victorino, ce dernier recevant les trophées pour une corrida homogène mais un poil « descafeinada ». Cuadri a fracassé, et les autres ganaderias « se sont traînées ».
     Côté toreros : Califa, Puerto et Juli à Valencia. On espérait le succès du premier, on s’attendait à celui du deuxième. On va s’arrêter un instant au Juli : Il a triomphé...mais il y a « un mais ».  Valencia ne l’avait pas vu l’an passé, aussi, le garçon est arrivé avec un crédit de sympathie, ouvert de part en part. Son énorme bonne volonté et une faramineuse série d’estocades l’ont fait triompher. Mais... toute la critique s’arrête à dire qu’il y a moins de facilité, de juvénile spontanéité, moins d’insolente réussite, moins d’audace... comme moins d’ambition. Le Juli n’a t’il pas encore « chauffé les moteurs », ou, au contraire, n’a t’il pas assez fait la révision des 50 000kms ? – Séville arrive qui va, très vite, aider à faire le point.
     Enrique Ponce débute laborieusement. Gros échec populaire dans « sa » Valencia, et partiel rétablissement à Castellon. Voilà maintenant qu’il est montré du doigt, au sujet le la corrida de Dolores Aguirre à Madrid, sa présence au cartel évinçant le Califa. Vrai, faux ? Algo habra... – Joselito débute mal 2001, même s’il coupe à Castellon -  Finito de Cordoba a confirmé sa forme et son envie. Espérons « le contre ut », à Séville. Pour le reste...
     Restent trois noms : Jesus Millan, Juan José Padilla et Juan Bautista. Superbe, explosif et préoccupant, seraient les qualificatifs appropriés ... Le triomphe total de Jesus Millan fait un énorme plaisir. Encore un fois le dicton serait donc vrai : « Los toros ponen las cosas en su sitio.. ». Nul douter que l’aragonais est maintenant lancé, et que 2001 sera « son année » - Juan Jose Padilla est ce qu’il est : tourbillonnant, explosif, irritant parfois. Cependant, nul ne peut nier sa volonté de triompher et son alegria. Mal considéré à Valencia, il a fait bouillonner Castellon. A signaler, parmi les virevoltes et autres « astuces à tiroirs », de très bonnes choses à la muleta, parfois templée, main basse. Mais ce n’est pas cela qu’on va voir. Attention cependant à certaines réactions, comme celle racontée hier, à Castellon, ou l’an passé, dans une rue de Salamanque, ou encore dans le callejon de Nîmes. Il serait dommage que Padilla, roi du « violon » (pour ses paires de banderilles « al violin »), aille « y » passer quelques jours, pour indiscipline caractérisée.
     Juan Bautista est actuellement ne N°1 du toreo français. Il en est sûrement le plus doué, le plus entraîné, le plus favorisé. Les aînés ont forcé les portes. Le jeunes peuvent, maintenant, s’exprimer. Cependant, on ne peut s’endormir sur de jeune lauriers, et Valencia aurait aimé  plus de feu, plus de flamme. Castellon a apprécié son toreo, mais il coupe une, quand il devait couper deux. Arles arrive qui devra confirmer ou infirmer. Il est la base de la feria. Il est « chez lui »... Jean luc Jalabert se doit d’y emporter toutes les mises, de façon à taire les sceptiques.  A suivre avec confiance, mais lucidité. A encourager avec ardeur, mais sans « cocarderie »...  Bautista n’a pas besoin de cela. Il es torero, et on espère qu’il le demeurera longtemps.

 

MADRID : LE POINT SUR LA SAN ISIDRO

     27 Mars : Ca bataille ! Si vous allez dans la rubrique « Cartels »  (Prévisionnel Espagne – Madrid San Isidro), vous trouverez, actualisées au jour le jour, les affiches définitivement scellées au fronton de Las Ventas, pour la prochaine San Isidro. Accouchement dans la douleur , à cause d’un certain chamboulement dans les prétentions des vedettes. Pas folles, elles ont vu quels toros ont chargé, l’an passé. Du coup, même si ces ganaderias ont des « identités guerrières », les figures les demandent , espérant que le geste leur sera reconnu et, on ne sait jamais, si un de ces monstres se met à charger droit... Sinon, « no pasa nada ».
     On connaît les cartels des 18 Mai (Puerto San Lorenzo, avec Jose Tomas) -  23 Mai (Partido de Resina, avec Joselito) – 24 Mai (Javier Perez Tabernero) – 1er Juin (Adolfo Martin, avec Joselito et Tomas) – 8 Juin (Dolores Aguirre, avec Ponce) -  9 Juin (Victorino Martin, avec Caballero, et peut être Ruiz Miguel, s’il est bien à San Sebastian...
     Le 15 Mai, Cordobes et Barrera prendront les . Pepin Liria prendrait Samuel Flores et Celestino Cuadri ; Zotoluco, les Conde de la Corte.
     Bien entendu, tout le monde attend les combinaisons liées aux contrats du Juli. Il semble vouloir toréer trois fois (avec, en plus, la Bienfaisance). A priori, le Juli serait à la corrida de la Presse, encadré d’Armillita et Javier Castãño (pas sûr). Il prendrait aussi les Guardiolas, accompagné de Victor Puerto et, peut-être, de Rivera Ordoñez. De même, on le verrait avec les Domingo Hernandez, avec Abellan et, peut-être, Jesulin. Pour le moment, on est en négociation.
     Par contre, les trois corridas de Rejoneo sont bien avancées. Elles auront lieu les 19, 26 Mai et 2 Juin. Les toros seront de Flores Tassara, Fermin Bohorquez et Jose Murube. Côté cavaliers, on pressent la « grosse bagarre » :
     19 Mai : Joao Moura – Leonardo Hernandez – Pablo Hermoso de Mendoza.
     26 Mai : Fermin Bohorquez – Pablo Hermoso de Mendoza et Andy Cartagena (ayyy ! competencia et tension en perspective)
     2 Juin : Les frères Domecq – Martin Gonzalez Porras et Diego Ventura.

     La feria de Madrid, tout comme celle de Séville, sera primordiale, cette année. Certains y confirmeront, certains « reviendront », d’autres « exploseront », le tout faisant couler beaucoup d’encre et, espérons le, seulement que de l’encre. « Asi va la Fiesta ! »

 

AVEC LES PREMIERES TELES, LES PREMIERS CHALLENGES...

     28 mars : « Ils disent que nous sommes de la m... Nous allons leur démontrer que ce n’est pas vrai. A vous ! » Cela se passait au cours de « la corrida de l’Oreille d’Or » qui clôturait la désastreuse temporada dans la Monumental de Mexico. Oscar San Roman  venait, avec ces mots bien sentis, de brinder son toro à ses compagnons de fortune. Bien sûr, peu de monde dans les gradins, mais à ses côtés, micros et caméras ont tout répercuté sur le Mexique aficionado. Oscar San Roman s’en fut « au toro », démontrant avec grande bonne volonté, qu’il n’était pas tout à fait ce que prétendaient certains, mais que le toro lui, l’était totalement.
    
La temporada commence à prendre son vol. Valencia et Castellon viennent d’ouvrir le bal et déjà, quelques grandes lignes s’ébauchent, sur fond de crise de la vache folle et de fièvre aphteuse. Les toros tombent encore, bien sûr, mais peut-être pas de façon aussi scandaleuse. Par contre, beaucoup démontrent par leur charge « bobalicona », un dramatique manque de race qui nous amène droit dans le mur.
    
Avril arrive et avec lui les premières grandes séries télévisées. Via Digital va retransmettre, en direct, environ cent corridas, cette année. Il y en aura de toutes les couleurs et, devant nos téléviseurs, on risque souvent de passer  des « Feux de l’Amour » à « X File », en passant par « Dallas » et « Bonne nuit, les petits ». Ce qui est certain, une question -  « Qui veut gagner des millions ? » - ne se posera pas.
    
Avec les premières télés... les premiers challenges. Outre la finale des novilleros, vendredi soir, Via Digital va téléviser les deux corridas de San Sebastian, samedi et dimanche après midi. Ces deux corridas, à la veille du mois « de Sevilla », donnent le départ à « la Grande Temporada ».
    
Jusque là, Olivenza, Vista Alegre ont vécu les premiers événements... presque en catimini. Puis Valencia a télévisé pour un nombre restreint d’abonnés à « Yo quiero TV », et Castellon a élargi, à l’occasion de la corrida des Victorino, par le canal andalou. Samedi prochain, on pourra, dans les grandes lignes, constater l’état d’esprit et de forme des grands protagonistes de l’année, et, à n’en pas douter, toreros et ganaderos doivent prendre ces deux « grandes premières », très au sérieux.
    
Victorino Martin a, en « petite » partie, rassuré le monde à Castellon. Les chroniques le soulignent. Sans Sebastian sera un point important où l’on réhabilitera totalement l’image des toros de Galapagar, où l’on revendiquera à nouveau le sceptre ganadero. De leur côté, les toreros jouent fort, également : Ruiz Miguel revient, semble t’il, qu’avec des Victorinos, et la télévision. Bien ! Cela veut dire : Aficion, confiance en soi et... quelques millions de plus ! Maintenant, il va falloir justifier cela. Attention, les ans ne passent pas en vain, même pour les grands lions, et tous les Victorinos ne seront pas comme « le toro du retour », l’an passé, dans cette même plaza – Fernandez Meca vivra sa première grande télévisée : une grosse chance pour lui. On sait sa vaillance, son expérience, sa façon de faire briller le toro. Donc, si un bicho se laisse un peu, Stéphane peut engranger quelques bons contrats – A côté, Padilla va jouer sa partition, coupera les oreilles des uns, et cassera peut-être, celles des autres...
    
Le lendemain, on verra où en sont Ponce et le « Juli 2001 ». Le valencien entame une de ses dernières temporadas. La difficile facilité est elle émoussée ? Le public, qui l’a fortement contesté ici, l’an passé, le laissera t’il s’exprimer, ou sanctionnera t’il le moindre faux pas ?  - Il se posera la même équation au Juli. Il a triomphé, de manière musclée, lors de la dernière Semana Grande Donostiarra, mais, en ce début d’année, on murmure que...  on prétend que... Le Juli prendra San Sebastian très au sérieux, histoire de museler tout le monde à la veille de Séville, où il paraît trois fois – Puis, l’alternative de Javier Castaño. Une grande chance, un risque mesuré, un gros point d’interrogation. Si cela se passe bien, super ! Si cela se passe mal, la Casa Chopera est derrière, du moins pour une année. La question est : Que donnera Castaño devant les toros de quatre ans ? Il a sidéré Madrid de sa vaillance, étonné Séville de son temple, n’a jamais convaincu la France, et là-dessus, reste six mois sur le flanc, à cause de la lésion de Valencia, en juillet. Marchant « au canon », se faisant hacher menu mais ne rompant pas d’un poil, Castaño pourra t’il convaincre à la fois le toro et l’Aficion... Réponse, dimanche ! Quelques éléments font un peu douter... Il n’a pas la personnalité de Damaso ; il ne laisse pas assez de place au toro, et donc, avec le « quatre ans », a plus de chance encore de l’étouffer ; et puis, il tue mal. Cela fait un peu beaucoup. Réponse, dimanche !
    
« Et pendant ce temps là, la Méditerranée joue avec les galets... » dit la chanson ! Sur une plage, un pliant, une canne à pêche... et au bout de la canne à pêche, José Tomas ! Silence radio, mystère total ! Quand fera t’il son retour ? Directement à Séville pour Pâques ? Possible. On ne l’a pas vu en festival, on a beau regarder les cartels qui précèdent le 15 avril. Rien !
    
A n’en pas douter, José Tomas va vivre une saison capitale: Ou il en sort N°1 et tout le monde danse avec lui, ou on commence à le regarder à la loupe, et à la fin de saison, il se retrouve au « placard des prétentieux ». Revenant dans le cycle des grandes ferias, étant obliger d’avaler quelques télévisées, Jose Tomas n’a aucune option, cette année : Il doit triompher partout, et « a lo grande ». En a t’il la véritable carrure ? Pour le moment, c’est plutôt « caprices et compagnie » ! Là aussi, la réponse arrivera vite, et la petite lucarne en sera le témoin.
    
« L’été sera chaud, l’été sera chaud ! » Et il commence samedi, avec la télé, à Illumbe ! Sacrée soirée !

 

SAN ISIDRO 2001 : LES CHOSES VONT VITE...

     28 Mars : Les figures désormais bien calées dans leur cartel, la Feria de Madrid prend rapidement forme : Du 12 Mai au 9 Juin se dérouleront 23 corridas, 3 novilladas et 3 corridas de Rejoneo. Nous vous invitons, d’ores et déjà à prendre connaissance des grandes lignes de la feria, et à en suivre les derniers ajustements, au fur et à mesure.

Pour la SAN ISIDRO 2001 : cliquez sur la rubrique « Cartels » et allez  à « Prévisionnel »
 

PUNDONOR !

     29 Mars : « Point d’Honneur ! », « Amour propre », « Coup de fierté », on a du mal à réellement traduire ce mot qui illustre, sur un éclair ou sur toute une carrière, cette attitude d’honnêteté et de bravoure extrême, spontanée ou raisonnée, qui fait que, en passant dans la rue, tout le monde salue avec respect et admiration : Voilà quelqu’un qui a de l’honneur ! C’est valable pour un policier, un juge, un journaliste, un plombier ou... un Président de la République. C’est valable pour celui qui croit défendre sa patrie, le guerillero, même le terroriste, et qui le fait, sans assassiner les enfants, sans tirer dans le dos. Pundonor ! C’est valable, même pour le bandit, le voleur qui met « un point d’honneur » à ne pas faire feu...
    
C’est valable pour tous, et, à plus forte raison, un torero. Défiant les règles, la logique établie, le torero va mettre un point d’honneur à « être bien ». Le costume de lumières implique, comme dirait Cyrano « d’être admirable, en tout, pour tout .... ». Ce n’est pas toujours le cas, mais c’est probablement là qu’on trouve la plus grande « densité de pundonor », au mètre carré. Loin des grandes maisons, les toreros qui débutent n’ont que leur courage à vendre, leur pundonor. En quête d’une vraie opportunité, ils marchent « au canon », jusqu’au jour où il ont la possibilité de montrer qu’ils ont du talent. Certains ne l’auront jamais, certains la gâcheront, d’autres encore resteront « chair à canon », se faisant massacrer sur place, mais restant toreros.
    
Jesus Millan, aragonais petit de taille, mais avec un coeur « gros comme çà », a fait un tabac en ce début de temporada. De longues séries de passes et tout à coup, les deux genoux à terre, défiant les règles du toreo, les lois des terrains, la simple logique de vie, il fait passer le toro dans un couloir de 80 cms, entre la barrière et son propre corps, et cela se termine par un vrai desplante, tirant épée et muleta, le coeur offert au toro ... Il accapare tous les trophées de la Feria de Castellon 2001 et entame ce qui ne peut être, pour lui, qu’une grande saison .
    
Le Califa est critiqué pour une technique dit on, primitive et limitée... Ya, ya ! Avec sa technique de bûcheron et ses tripes, il fait passer le toro et donne six naturelles, là où les autres donnent trois. Cela implique un courage formidable, au service d’un raisonnement qui commande une technique bien apprise. Parce que, si l’on n’a pas la tête, on ne se met pas à la distance, dans le sitio et avec la hauteur de muleta exacte, pour enchaîner comme ça, six naturelles. « Corazon, corazon ! » dirait la belle... oui, mais fierté torera et « lucidité passionnée ». Un peu comme cette équipe de foot d’Espagne qui, un soir de revanche, met « deux pions » aux mondiaux. Et il y en aurait eu trois, c’était pareil. Pundonor !
    
San Isidro se profile à l’horizon... loin de « jouer la sécurité » (curieuse expression quand on risque sa peau devant un toro), les figuras se présentent devant « du dur ». Que les pasa ? Ce soudain coup d’amour propre surprend tellement, que les autres doivent faire de même, et que du coup, la feria ébauchée paraît presque terne, pour 20 des 29 carteles... Mais bon ! On sait que Madrid réserve chaque année, de grandes surprises, souvent basées, justement, sur le pundonor torero. C’est ainsi que s’écrit l’Histoire...
(Suivre au jour le jour, dans « carteles », le montage de la San Isidro, à Madrid)

 

JESUS MILLAN ET PALHA, SUR LA PLUS HAUTE MARCHE DE CASTELLON

     29 Mars : Castellon de la Plana regorge de Peñas taurinas, clubs (y compris féminins), sociétés qui attribuent, après chaque « Magdalena » leurs trophées. Bien entendu, cela donne lieu à de magnifiques tertulias, à des remises de prix, avec toute la grandeur et l’alegria des méditerranéens du Levant, le tout, bien entendu, autour d’une gigantesque paella . On exagère, mais à peine.

     Bien entendu, difficile de nommer tous les trophées, tous les jurys. Aussi, on dira simplement que Jesus Millan a remporté la grande majorité des trophées au triomphateur de la feria 2001, avec en particulier , le Trophée Magdalena », à l’auteur de la meilleur faena de la feria, attribué par le Club Taurino de Castellon.
    
Ce même club taurin a entraîné, derrière le diestro aragonais, le toro qui, justement, lui a permis cet exploit. Il s’appelait « Ruiseñor », sixième de Palha. Il en fut le plus brave, et son ganadero en est sorti couronné.
    
On été aussi distingués Ivan Garcia, comme meilleur novillero, et Roberto Bermejo chez les subalternes. Mais Cesar Jimenez et Jose Antonio Carretero ont également connu la gloire.
    
El Califa, à Valencia ! Jesus Millan, à Castellon... Pundonor !