L'ACTUALITÉ TAURINE
(janvier 2001)

2001 : PREDICTIONS, PROPHETIES, PREVISIONS…

     1ER Janvier 2001 : Bonne année à tous ! Des petits morceaux de joie, d’émotion et de paix, mis bout à bout, par çi par là, ce que l’on appelle pompeusement : le Bonheur. Une santé correcte, les yeux bien ouverts, le verbe clair, et le cœur plein d’amour. Voilà, en quelques mots ce que l’on peut souhaiter à chacun des habitants de notre pauvre planète. 2000 ans de progrès n’ont jamais empêché la barbarie des hommes. C’est ainsi, acceptons le. Mais  au fond, on ne sait s’ils sont mieux lotis…sur les autre planètes. Alors, « aguantons » ce qui nous vient et « lidions le », avant tout, « con sinceridad », avec sincérité. Pour le reste, laissons faire le destin.

     Le destin se lit dans les étoiles, ou dans les chiffres, paraît il … Bon ! « Cette année, vous aurez une bonne santé… si vous n’êtes pas malade, et en France, il fera très beau… s’il ne pleut pas. Votre réussite financière sera pleine, mais faites quand même des réserves à l’approche des tiers provisionnels et des assurances à payer ». Dame, après la Tempête, ces grandes firmes qui nous protègent si bien doivent reconstituer leur patrimoine. Rassurant, non ? En politique, rien de nouveau à l’horizon : Petites chamailleries, petites phrases assassines, grosses affaires, à droite, à gauche, au centre, chez les verts, les bleus, les rouges. Un vrai feu d’artifice. Super ! « Le Canard » va se déchaîner…

     Et, au milieu…nous ! simples mortels, citoyens laborieux, « serfs vidés »… Bon ! n’exagérons pas non plus ! Chacun a son petit royaume, bien à lui. Personne n’en peut avoir la clef, et c’est bien ainsi. Alors, pour 2001, cultivez le bien, ce royaume. Faites qu’il soit, pour vous, plus beau, plus doux et plus riche que jamais. C’est là notre vœu, pour chacun.

     Côté « Toros »… l’Histoire continue, faite de tradition et de progrès, de classique et de baroque, mais toujours écrite par l’homme.  Nos « prédictions » se sont avérées exactes, hier. « Si un toro chargeait, Cali allait découvrir le toreo du Califa. C’est chose faite. Trois oreilles pour son entrée dans le feria colombienne. De même, Juan Bautista ne laisserait pas passer une occasion de briller : Cqfd ! Deux oreilles pour le champagne de nouvelle année. Bien. La feria décolle enfin, et augure d’une deuxième partie très intéressante.

     31 décembre - Cali (Colombie) – 5ème corrida de Feria – 14000 spectateurs environ : La plaza ne s’est encore jamais remplie. Cela viendra, notamment avec l’arrivée du Juli. Mais, d’ores et déjà, on note ce changement : Adieu les ferias où tout était résevé, presque depuis février, pour décembre suivant.

     De souche Parladé, les toros d’Ambalo se sont montrés bien inégaux de volume et de comportement. Deux bons, deux et sixième; troisième et cinquième commencent bien, et vont a menos, finissant aux tablas; premier et quatrième ne commencent rien du tout – Devant ce lot maudit, Cesar Camacho ne put que montrer vaine vaillance. On le respecta, en silence – El Califa se présentait. Il a surpris le public, par ce toreo sec, net, vrai. Bien à la lidia, il coupa une oreille de « Jugador », reçu au centre par pedresinas et séries liées, templées, bien rematées par dessous. Mieux encore, face au cinquième « Cacique ». Droitières et naturelles se succédèrent, alors que le public voyait le toro se réserver tant et plus. Mais la muleta poderosa, se fait aussi douce et convaincante, pour de dernières charges. Califa, torero, alterna les deux mains, se planta en desplantes, vrais, et tua d’une bonne estocade. Deux oreilles et apothéose. Il ne pouvait rêver meilleure présentation – Jean Luc Jalabert a connu, lui aussi une grande après midi. Le président refusa une oreille demandée à son premier, où il alla à mas. Par contre, deux oreilles incontestables tombèrent après une grande faena au bon sixième « Cantaor ». Débuté à l’estribo, le trasteo alterna classique et vibrant, se terminant par un coup d’épée qui, au passage, sabra toutes les bouteilles de champagne de France. Il était minuit juste. Triomphe total pour Jean Luc, qui confirme les espoirs mis en lui, et conforte l’énorme cartel dont il jouit en Colombie.

    Califa et Bautista, bien sûr, sortirent a hombros, et la fête dût être du genre « épique », après un tel passage à l’an nouveau. Enhorabuena !
 

2001… ON OUVRE !

     1er Janvier..On ne perd pas de temps, bien sûr. Des deux côtés de l’océan, des plazas vont ouvrir leurs portes, des toros vont sortir, et des toreros vont sentir les premiers frissons du nouveau millénaire taurin.

     A Mexico, la Monumental va « s’entre ouvrir » pour la onzième course de sa saison. Saison catastrophique au plan économique, et ce n’est pas le cartel de ce jour qui va remplir les caisses.

     Corrida de huit toros, corrida bricolée au dernier moment, mais, corrida, tout de même. Six toros de « La Mision » et deux de Caranco, pour « El Pana » qui vient, en dernière minute, mettre un peu d’ambiance ; « El Chaval », qui n’en n’est plus un, et deux autres matadors sur lesquels on peut s’attarder : Guillermo Gonzalez « Chilolo » semblait promis à un bel avenir. Sa carrière a été freinée net par une confirmation d’alternative calamiteuse dans cette même plaza, en avril dernier. Nouvelle opportunité pour ce torero qui a encore quelque chose à dire. Le quatrième torero sera … una torera : Mari Paz Vega. Elle s’est déjà présentée, ici, l’an passé, et y a suscité un grand respect. A n’en pas douter, même si l’entrée est maigre, c’est elle qui amènera le public à la plaza. Il faut espérer que ce soit pour elle jour de triomphe. Se lo merece.

     En Espagne, c’est Malaga qui ouvrira le bal. Toros de Diego Garrido pour trois diestros qui ont « un coup » à jouer. Juan Jose Trujillo joue « chez lui ». Il a été bien à la feria passée, mais, en août, la plupart des cartels sont bouclés. Donc, ce jour, il faudra confirmer, et ouvrir le carnet de quelques empresas.

     Le Malagueño sera encadré de Fernando Camara et Antonio Ferrera. Deux toreros distincts, deux destins différents. Il fut une promesse de la Génération 90. Plusieurs sorties a hombros de Madrid, de novillero,  n’ont pas empêché Fernando Camara de mal vivre le passage au toro, au point de disparaître, de s’expatrier et de faire quelque grosse bêtise. Il sort de geôles du Portugal pour revêtir un costume qu’il n’aurait jamais dû quitter, « por que, torero es ». Suerte !

     Antonio Ferrera va « mettre le paquet ». On ne croit toujours pas au renouveau de ce diestro « tous terrains ». On a du mal à le voir, calme, lent, majestueux. Et pourtant, repéré par des taurins, et non des moindres, bien drivé par Luis Alvarez, Antonio Ferrera pourrait bien être celui qui surprend, cette année. Pas de problèmes, côté « valor », une bonne intelligence de la lidia, une cape ralentie a gusto, une muleta qui confirme son temple…restent quelques nerfs à calmer, quelques courses à ralentir. A suivre de très près ses premiers capotazos. Ils peuvent, aujourd’hui, lui ouvrir les portes d’un grand 2001. Ojala !

 

« SANGRE Y ARENA »,  POUR LE 1er  JANVIER TAURIN…

     1er janvier 2001 : La tauromachie est inépuisable, et les ans, les siècles, n’y changeront rien. Ils passent, on change de millénaire, mais au même moment, dans une chambre d’hôtel de Cali, de Mexico ou de Malaga, des hommes s’habillent de lumières, gravement. Tout à l’heure, au soleil ou sous la pluie, devant des milliers d’aficionados, ou « du ciment vide », ils feront le paseo. 2001 n’y fera rien : La peur et la responsabilité seront aussi poignantes que « las ganas ». Toreros de l’an 2001, comme on les admire, à l’heure où le grand sport est de hurler comme des fous, de « se mettre comme un monstre », ou pis encore, de brûler des voitures, comme cela par tradition, par bravade, « pour souligner un mal-être », disent certains… par bêtise, lâcheté, encouragé par l’impunité, pensent beaucoup.

     Que l’on vous admire, toreros, « de oro  o de plata »… En ce premier jour d’une nouvelle temporada, il y a eu de tout : Triomphes, échecs, sourires et larmes. Mais on retiendra surtout, et malheureusement, les blessures de Mari Paz Vega et du « Chaval », en plaza de Mexico. A Malaga, le torero prisonnier est sorti de l’ombre, très dignement. En Colombie, Victor Puerto « a inventé un toro », et Padilla n’a pas percé.

     1er Janvier 2001 – Mexico (plaza monumental)  - 11ème corrida de la temporada – 10000 personnes : Corrida d’émotion , avec deux toreros au tapis. Corrida de lutte, devant des toros bien présentés, intéressants, mais difficiles, de par la faiblesse qui envahit peu à peu la camada mexicaine. Huit toros dont six de « La Mision », sortis inégaux, souvent mansos avec quelque sentido. Le septième fut correct. Deux toros de Caranco  - 3 et 4ème- complétaient le tableau. La corrida se transforma, hélas en une sorte de mano a mano improvisé et sans changer l’ordre de lidia, entre « El Pana » et Chilolo. Le premier lidia 1,2,4 et 5ème, quant à Chilolo, il prit 3, 6, 7 et 8ème.

     Alors qu’il toréait « Marquito », 2ème toro , manso, de La Mision,,  Angel Garcia, « El Chaval » prend une double cornada de 17 et 20 cms, face interne de la cuisse  droite. On craint un moment que la fémorale ne soit atteinte. Il n’en n’est rien,semble t’il.

     Une demi-heure plus tard, Mari Paz Vega s’en va s’agenouiller au centre pour accueillir en portagayola lointaine, le quatrième toro de « Caranco ». Celui-ci a t’il le temps de la voir, et d’ajuster son tir. Impressionnant bouchon, le toro rentrant les pattes en avant. La torera est retirée, sans avoir donné une passe : Fracture du fémur gauche, cinq mois d’inactivité. Adieu la temporada. 2001 débute dans les larmes pour la vaillante malagueña…

     « El Pana » est un torero d’inspiration, de grands détails et de grandes paniques. C’est plutôt la seconde version qu’il récita ce jour. Deux grands trincherazos ne feront pas oublier ses constantes « danses avec les toros »…Sifflé au premier, il prit les trois avis au toro qui avait blessé El Pana, et essaya de se calmer avec les deux autres – Comme on l’espérait, c’est le « Chilolo » qui a sorti son épingle du jeu, coupant une bonne oreille à  « Hortelano », troisième toro de Caranco. On le vit bien aux banderilles, très calme à la muleta, et gros estoqueador en une occasion. Bonne sortie de ce torero, qui craignait Mexico et s’y était préparé, reclus comme un moine, depuis des semaines, dans une finca lointaine .

     1er Janvier 2001 - Cali (Colombie) – 6ème corrida  de feria – 12000 personnes : Toros de Fuentelapeña, de présence et de jeu bien divers. Seul , le premier permettait vraiment. Le magnifique sixième fut trop piqué. Dans l’ensemble, mansedumbre et charge courte, avec tendance à rajarse et, en plus, une pointe de genio.

     Triomphe technique, lidiador, en un mot torerisimo de Victor Puerto qui, à force d’intelligence du combat et de courage, a inventé une charge au cinquième toro, et lui a coupé l’oreille de la journée. Muy bien ! – Padilla, le typhon, n’a rien dévasté en Colombie. On pourrait risquer un vilain calembour : L’Aficion colombienne, qui s’y connaît, n’aime pas « la poudre aux yeux » … Palmas après deux avis, et Ovation, après une sonnerie. Echec au « Patillas » ! – Paquito Perlaza a fait face, mais sans mettre le turbo: Avis et silence. Applaudi au beau sixième qu’il laissa trop piquer. Dommage.

     1er Janvier 2001 – Colombie : On note une kyrielle de corridas de toros en province, dans des petites plazas, mais qui se remplissent presque. Les toros de Cesar Rincon « Ventas del Espiritu Santo », sont sortis, inégaux, à Silvania, à 100 Kms de Bogota. Les diestros ont donné une bonne tarde, Nelson Segura, Pepe Manrique et Angel Gomez Escorial coupant chacun deux oreilles – Triomphe de Cesar Camacho, à Bochalema, dans le département du Santander, à 800 kms au nord de la capitale. Trois oreilles à des toros de Santa Barbara. El Gino le suivit avec deux trophées au quatrième – Toros de « Maruecos », à Purificacion, dans le Tolima, 300 kms au sud de Bogota (faut suivre !) : Succès de guillermo Perlaruiz qui coupe une oreille à chacun – On peut en déduire une chose : « hay aficion en Colombia ». 

     1er Janvier 2001 - Malaga – 1/5ème de plaza (misère !): Quatre toros de Diego Garrido et deux de Guillermo Acosta (nouveau nom) , bien présentés, bons les 1,2, 5ème, les autres décevant.

     Fernando Camara est sorti , en torero, vêtu de « crème et or ». Oubliées la prison et les mauvaises heures. Il a été très bien, écoutant une pétition et donnant la vuelta, à son premier. A suivre, ce torero, dont la mésaventure, terriblement humaine, et le talent, peuvent lui valoir l’attention des empresas – Juan José Trujillo a fait ce que l’on attendait de lui : se battre et confirmer les succès de l’an 2000. Oreille au cinquième. A ver lo que pasa, ahora ! – Mal servi, Antonio Ferrera a loupé son pari. Rien à tirer du troisième et aucune opportunité de se relâcher face au sixième. Toreo en force et en vitesse. Aviso y palmas. Una lastima !
   
 

« TOREROS »,  QUELLES QUE SOIENT LES CIRCONSTANCES…

     3 Janvier 2001 : Des sacrés bonshommes ! Ils ont la peau tannée de coups, de soleil ou de froid. Vêtus parfois de lumières, ils aussi souvent connu la faim, la solitude, le désespoir. Ils sont « toreros ». Des êtres totalement « à part ».

     Ici, les bons avocats ne comptent pas; ici, on ne se rachète pas une honorabilité… Ici, on meurt vraiment, par la corne ou par la honte de l’oubli. Ici, le destin des hommes ne se joue pas sous les lambris de quelque ministère, dans quelque bureau capitonné où une ombre souveraine dit « je le veux »…Ils sont « toreros ». Tout ce qu’ils ont, ils le doivent au toro. Tous ce qu’ils n’ont pas, ils le doivent aux hommes. La plupart du temps, ils sont les premiers responsables de leurs débâcles soudaines, ou de leur lente descente aux enfers. Encore faut il qu’ils puissent le rencontrer souvent, ce toro. C’est lui qui les sauvera… lui qui, pourtant, dans ces moments là, se fait le plus rare.

     Ce début janvier vient de voir deux toreros triompher, l’un à Malaga, Fernando Camara; l’autre, hier à Cali, Diego Gonzalez. Leur histoire est différente. Leur trajet est fait d’ombre, pour l’un, de « soleil vide », pour l’autre. Mais tous deux, dans l’obscur de leurs pensées, ont dû tourner et retourner mille fois leur peine, leurs peurs et leurs espoirs. Prisonnier au fond du calabozo, ou faussement libre dans les rues de Manizales, ils ont tout deux rêvé « pegar dos series y matarlo bien ! ». C’est fait.

     Fernando Camara, exilé en Colombie, a lentement glissé vers l’inexorable : pour payer ses dettes, on devient « passeur de poudre »… et on se retrouve au fond du trou, au Portugal. On vit la peur, la solitude, la promiscuité avec ceux qui ont vraiment choisi le vice et le crime. On s’en sort comme on peut…. Il lisait et jouait aux échecs, gardant une soif de culture, de savoir et de réflexion, au milieu d’un monde de brutes, plus dangereux que celui du toro. Puis, un jour, on le changea de prison, et avec le soleil, apparut enfin « l’envie de toréer.. ». Sa mère lui apporta une muleta, et il recommença à « soñar en torero ». Ce rêve s’est concrétisé lundi, dans « sa » Malagueta. Oh ! bien sûr, une vuelta, devant une plaza quasiment vide… pas de quoi pavoiser. En fait, probablement la plus belle de sa vie, et, souhaitons-le, la première de nombreuses autres, à venir.   

      Diego Gonzalez était un gamin adorable. Des rues de Manizales, ce jeune caleño arriva un jour, à Madrid, dans les bagages de Cesar Rincon. Torerito fino, il connut l’immense chance de se mouvoir à l’ombre d’une figura del toreo. Bien sûr, il fallait travailler dur, à côté. Mais les résultats étaient là : Eauze, Mont de Marsan et Dax, avaient constaté la qualité du novillerito, dans leurs non piquées 1993. L’année suivante, le résultat de tant d’efforts: Présentation à Madrid, oreille et triomphe du « nuevo Rincon »… Alternative… et puis… les hommes sont ce qu’ils sont. Diego rêva trop vite… Chaque année, on parlait du  bon toreo de Diego Gonzalez, mais aussi de sa fragilité, et de sa désastreuse carence à l’épée. Il a fallu tout reprendre, très sérieusement, attaquer mille fois « ce maudit carrreton », comme s’il était un Miura, en plaza de Bilbao. Sueur, doute… Et, hier, enfin, la libération : Un toro « met la tête », et lui, « met l’épée »… Une oreille en or, qui aurait dû « être deux ». Peu importe ! Un torero vient de renaître. Diego a une deuxième corrida à Cali, aux côtés du Juli, deux autres contrats en Colombie, puis fera campagne en Espagne, en 2001.

     2 Janvier 2001 : Cali (Colombie) – 7ème corrida de feria – Corrida « del Toro »  - 12000 spectateurs, environ. Chaque année, depuis 42 ans, six toreros sont inscrits dans cette corrida  «gala », affrontant un toro chacun. On dit qu’ils s’y battent peu, parce que pas ou peu payés. Faux. Il y a souvenir de certaines de ces tardes où des figures se battirent comme des chiens pour montrer que « c’est moi, et personne d’autres ! »

     La corrida d’hier ne marquera l’histoire que par la résurrection d’un torero colombien : Diego Gonzalez. Le reste de la course fut une succession de toros mansos, ternes, tristes et impossibles. Bien présentés, quatre toros de Paisbamba et deux de Guachicono, ont tous eu un comportement de manso, à divers degrés : du toréable, comme celui de Diego, au très dangereux comme le cinquième, du Califa.

     Le cavalier Fernando Lopez a beaucoup souffert, laissant toucher ses chevaux, peinant au rejon de muerte – Padilla s’est battu avec un gros lourdaud, manso. Palmas – Victor Puerto a été « énorme » devant « Penitente » - 598 Kgs et des cornes « comme ça ! ». Toro manso, auquel il construisit une charge, avec savoir, toréant lentement, tête claire, totale toreria, en professeur. Grosse épée, mais les élèves n’ont pas tout compris : ovation seulement – Califa est tombé sur un assassin dont il fallu esquiver les coups tordus. Tout le monde l’a constaté : « hubo quinto malo, y muy malo », et il s’appelait « Clérigo ». No comment ! - Davila Miura s’accrocha au bronco sixième, mit toute la vapeur, mais tua mal.

    En troisième, sortit un de Paisbamba, du nom de « Boxeador ». Diego Gonzalez, torero fino, artiste, fut « énorme au capote » en véroniques et une demie, royale. Quite par chicuelinas, après un gros batacazo au picador Rafael Torres, et faena courte, précise, lidiadora, toute emprunte de fine toreria. Savoir, à côté du fondamental, « andar con el toro », marcher, sourire, respirer en torero… Diego Gonzalez a été très bien avec ce toro. Une des meilleures faenas de la feria,  « y de muchas ». Arriva le moment de l’épée. Santa Virgen ! Mais, là aussi, là surtout, les efforts payent, et l’estocade, portée avec foi, entra, un poil desprendida. Grosse oreille qui aurait dû être double. Peut-être que le public, avide de quantité, n’a pas tout à fait reconnu l’énorme qualité de la faena. Mais, la deuxième oreille n’est elle pas du fait du seul président ? Peu importe, le triomphe a été clair. Reste à le confirmer, et peut-être, recevoir Diego Gonzalez, le petit colombien, dans nos plazas, en 2001, comme un jour, en 91, nous avons reçu un autre colombiano, pour dix ans d’amitié et d’admiration.
 

LES BLESSES VONT BIEN ! «  SONT FOUS, CES TOREROS… »

     3 Janvier : Que voulez vous qu’on vous disent, ils sont « faits d’un autre bois »! Nous mettons, nous, six mois à récupérer d’une appendicectomie « aux petits oignons ». Eux se font hacher menus par des monstres cornus, et les voilà, au bout de quelques jours, prêts à galoper, presque. Incroyable ! Et ils sont tous comme cela. Admirable !

     Lundi 1er Janvier, un toro fait exploser la cuisse du matador mexicain « El Chaval ». Deux trajectoires de 18 et 20 cms, qui laissent la fémorale à nu, mais ne la perce pas. Hospitalisé, opéré, recousu, le torero s’est levé, hier et a fait ses premiers pas. Tout va bien. « Il sort demain »…    

     Mari Paz Vega, dans cette même corrida en la Mejico, s’en va gaillardement à portagayola. Gros tampon. La jeune malagueña, fémur brisé, est couchée au centre, montrant désespérément, de la main, sa jambe inutilisable. Opération immédiate, avec installation de plusieurs clous, pour maintenir, renforcer. Elle pourra se lever demain et sortir, le 5. Petit problème en prévision : Mari Paz, avec tout le métal qu’elle a dans la jambe, va faire sonner tous les portiques de sécurité des aéroports. Pas encore rentrée, la Mari… Suerte, torera et patience ! Cinq mois, théoriquement, mais…vous savez bien que… « sont fous, ces Toreros » ! »
 

COUPER…SANS CONVAINCRE !

     4 Janvier : La feria de Cali entre dans sa dernière ligne droite. Jusqu’à présent, les triomphateurs en sont le Califa, Juan Bautista, les colombiens Ramiro Cadena et Diego Gonzalez dont on chante la première actuacion, dans l’attente de sa prochaine sortie, le 5, aux côtés du Juli.

     Julian Lopez est entré hier dans la feria, « como debe ser »… en Figura. Il arrive en fin de feria, remplit la plaza, sait tout ce qui s’est passé auparavant, et « vamos a ver lo que pasa ! ». Bien sûr, son arrivée a créé l’ambiance, jusqu’au moment du sorteo où il y eut moultes palabres entre toreros et autorités, au sujet d’un N°58,  « Serranito », de Achurry Viejo, que les responsables voulaient écarter pour manque de trapio et un piton astillado, les toreros menaçant de ne pas toréer si le toro n’entrait pas dans le loto. Il y eut beaucoup de débats, mais force resta à l’Autorité, et le sorteo se termina avec deux heures de retard. Après, les choses se sont déroulées de façon peu souhaitée, et Julian ne put triompher, ce qui n’est que partie remise.

     Plus inquiétant, le résultat du « Cordobes ». Il a coupé une oreille, la seule de la tarde. Il en est donc le triomphateur. Mais les commentateurs et revisteros qui narrent en direct la corrida à la radio (super !),ont souligné le changement qui s’opère chez Manuel Diaz… De fait, ils confirment ce que nous ressentons tous. Le Cordobes est il en train de brûler ses dernières cartouches ? Il n’y a plus cette spontanéité, ce sourire complice, ce regard malin qui faisaient que, automatiquement, l’intérêt montait d’un cran, quoiqu’il fasse, avec parfois de superbes choses. Manuel Diaz, le sourire forcé, automate, est entré à Cali, sympathique et volontaire à un toro, puis s’est éteint, laissant tomber par la suite, et sombrant dans la grisaille, ce qui est le pire qui puisse lui arriver. A suivre, donc les premiers pas de Manuel Diaz, « version 2001 ». Très châtié lors de la précédente temporada, roué de coups, condamné à la douceur du foyer, le guerrier aspire t’il à quelque repos ? Ce serait tout à la fois humain et très respectable. Mais il faut vite décider, car un danger guette: l’indifférence…

     3 Janvier – Cali (Colombie) – 8ème de Feria – Plein (sans pour autant afficher le « No hay boletas » : Corrida très bien présentée de Achurry Viejo, d’encaste Mondoñedo. Corrida en deux parties, la première marquée par la volonté des toreros face au jeu divers des toros. La second moitié sombra dans quelques difficultés que les diestros ne purent ou ne voulurent pas affronter « à fond ». A priori, un encierro « qui méritait plus ». 

     Nelson Segura toucha le mauvais lot, et le public qui n’aime pas les « jeunes vétérans » nationaux, n’a pas été tendre à son égard, fort injustement. Mais on le sait, nul n’est prophète en son pays. Il y eut de tout pendant qu’il se débattait avec deux carnes, et un silence « pas poli » salua ses vains efforts – Manuel Diaz a coupé une oreille de son premier, avec une prestation à « deux facettes » : sérieuse le première, toréant templado, électrique et bondissante, la seconde, avec saut de grenouille et toute la panoplie. Estocade qui tue, et la porte ouverte au futur triomphe. Le cinquième était plus réservé, sans pour autant être un barabas, et le Cordobes laissa vite tomber, dans un murmure surpris et réprobateur – Julian Lopez « El Juli » a mis le feu avec cape et banderilles, débutant bien sa faena, jusqu’à une très forte voltereta qui l’a laissé moulu et les idées en vrac. Deux pinchazos avant d’en finir, et une forte ovation, en attendant le sixième. Malheureusement, ce toro ne permit pas au Juli de se remettre en selle, et la critique censura une forte propension « de mettre le pico », ce qui divisa le public. On sait qu’en Colombie, beaucoup vont aux arènes avec le transistor à l’oreille, et qu’il est arrivé que des commentateurs provoquent triomphe ou désastre, à partir de quelques mots avisés, lâchés en direct sur les ondes.

     Le Cordobes qui vire au gris, le Juli qui débute en cabriole. Ce fut une mauvaise journée pour les toreros. Aujourd’hui, 4 Janvier, double session : Corrida de Guachicono pour « El Califa », que l’on attend ici avec un immense intérêt, et pour le trophée de la feria ; Miguel Abellan et Paquito Perlaza, les deux, pour diverses raisons, devant « se sortir les tripes »

    Le soir, festival « de gala » pour Cordobes, Abellan, Juli, Juan Bautista, Paquito Perlaza et Ramiro Cadena. La feria de Cali va vivre une intense avant dernière journée de feria.
 

LA GUERRE DES BOUTONS…

     4 Janvier : La guerre des boutons des téléviseurs, et des chaînes privées, bien entendu ! L’empresa Toresma, de Madrid, vient de confirmer avoir renouvelé le contrat d’exclusivité pour la retransmission en direct de toute la San Isidro (avec, en plus, probablement, les ferias de La Comunidad et d’Automne) avec VIA DIGITAL.

     Donc, première manche à l’excellente chaîne satellite, et attente des ripostes qui ne manqueront pas de tourner autour des autres grandes ferias, en particulier Sévilla et Pamplona. Cependant, on peut penser que…celui qui enlevait Madrid !

     Maintenant, si vous voulez vous abonner…gymnastique en perspective ! A suivre.

 

« BARRERA SOL » : SUPERBE HOMMAGE A CURRO ROMERO

     5 Janvier :  Le Pharaon s’est retiré, et le petit duende a encore du mal à sécher ses larmes. Dans le parque Maria Luisa, des vieux sévillans cheminent en ressassant les grande moments du « Curro », dans sa Maestranza. Bien sûr, depuis « ce maudit 22 octobre », ou « ce 22 octobre béni », selon que l’on voit les choses, chaque quotidien, chaque revue taurine, tous les hebdos sont partis dépoussiérer leurs archives, pour sortir un hommage à Curro de Camas, « conocido hasta en el Japon ! »                . Il y eut de tout.

     Mais voilà que c’est de France que sort le plus bel hommage, le plus précieux, le plus richement illustré en images et en signatures… et l’on doit ce remarquable souvenir, à garder dans toutes les bibliothèques aficionadas, à la revue « Barrera Sol », que l’on se résiste toujours à appeler « Toros, Sol y Moscas ».

     Evoquer cette revue est forcément parler de son responsable. Régis Merchan est  un personnage « qui ne laisse pas indifférent ». Haï par la moitié de la planète, encensé par l’autre, il va, il imagine, cherche, bataille, et aficion  en bannière, gueule grande ouverte, il tient depuis plusieurs années  la plus belle revue taurine française. Tout simplement !

     « C’est un bandit » hurlent certains. C’est un malin, diront les autres… et probablement plus sain que certains qui occupent les premières pages de nos journaux, et se retrouvent au violon, malgré cravates et limousines. Certes, on le voit aux portes des plazas, avec bien d’autres, qui risquent beaucoup moins. Certes, il est « en marge », et  il a réussi à se mettre à dos pas mal de monde. Bien ! Cada uno sus cosas ! Mais toujours est il qu’il y a, ici, des tonnes d’aficion, des trésors de mémoire taurine, d’archives, de réelle toreria… et c’est tout cela qui transpire à chaque page de cette revue que beaucoup condamnent…et achètent en cachette.

     « Barrera  Sol » vient de sortir, en son N°132, un magnifique « Spécial Curro Romero » : Présentation luxueuse, photographie magnifique où l’on retrouve « la patte » de Guy Dubasque; des éditos « de lujo ! » avec la signature de Jean Marie Magnan, Jacques Durand, de l’ami Escobar; les témoignages empruntés aux grands chroniqueurs espagnols et aux toreros, le tout illustré de photos d’archives venant de Séville ou de Nîmes, de Maurice Berho, entre autres. « Récompilation » ? Certes, mais, avouez que l’article de Jacques Durand a ici, au soleil de la barrera, « une autre gueule » que dans la grisaille parisienne « de Libé ».

     « Asi que…Las cosas como son ! »  Si vous avez envie de croiser, encore dans quelques années, le regard de ce Curro qui vous a tant scandalisé, ou vous a tellement « envoyé haut » que vous n’en êtes pas encore redescendu, n’hésitez pas… pour 35 Frs, « Toros, Sol y moscas », cette revue de Toros… qui chante si bien les Hommes.

     (Publicité totalement gratuite… C’est peut-être aussi cela, être aficionado !)
 

LE CALIFE D’AMERIQUE…

     5 Janvier : La feria de Cali se termine. Ce soir, le Juli doit tout faire pour triompher. A ses côtés, Diego Gonzalez va vouloir confirmer l’excellente première sortie, à la corrida du toro.

     Bilan déjà fort mitigé de cette feria de Cali, avec une constatation : le descastamiento total de la ganaderia colombiana. Les déceptions se suivent, au fur et à mesure de la sortie des meilleurs produits de la terre, qui  portent souvent beau, et se dégonflent au premier picotazo. On connaît cela. L’aficion Caleña découvre aussi le toro qui s’étend de tout son long, et la mauvaise humeur gagne… Les mauvaises entrées ne sont pas uniquement dues à la situation économique.

     Côté toreros, Jean Luc Jalabert, le français, Ramiro Cadena, le colombien et le Califa, brun d’Espagne, qui risque bien de s’ériger en triomphateur de la feria, après trois sorties où le public n’a pu que constater et saluer « la vérité » de ce torero, sérieux, sobre, sec, sans esbroufe aucune. Trois oreilles le premier jour ; respecté face à un barabas, le second, José Pacheco a marqué hier, à Cañaveralejo, un point définitif, coupant une oreille en or massif, et portant, à l’autre toro, l’estocade de la feria. Un triomphe retransmis en direct par la radio Colombienne, chanté par les revisteros,  hurlé par le public. Il va falloir suivre le parcours américain du Califa, qui risque de rentrer, gonflé à bloc, et de faire très mal, lors des premières ferias, dans la mère patrie.

     4 Janvier – Cali (Colombie) – 9 ème de Feria – media plaza (9000 personne): Ce fut « la corrida des estocades »… Six toros, cinq grands coups d’épée, en particulier celui du Califa au premier toro, qui sortit mort de l’estocade, roulant au sol en six secondes. Monumental volapié. Côté ganado, déception totale. Les toros de Guachicono,( total encaste Domecq), bien présentés, se sont révélés faibles et bajos de casta. Le cinquième, qui semblait le meilleur a été remplacé pour sortir astillado du peto…La plupart ont été sifflés à l’arrastre, par un public fortement remonté contre la Junta organisatrice.

     Au cartel : Jose Pacheco  « El Califa », Miguel Abellan et Paquito Perlaza. Triomphe du Califa qui torée proprement le fade premier, gêné par le vent et les conditions du toro, mais en termine par l’estocade de la feria. Par contre, le diestro va monter « un tabac » face au quatrième, dans une faena « à mas », faite de totale sincérité, liant les passes, toréant hyper serré au fil des cornes. Public hurlant et commentaires enfiévrés : « este torero no tiene respeto por su propia vida ! ». Et pourtant, on est loin du trémendisme à tout prix et de la fausse vaillance gesticulante. En restant dans le terrain où il se met, le Califa va faire du bruit. Final d’apothéose, gâché par un pinchazo. Un oreille forte, pétition de la seconde. La Colombie attend ses prochaines sorties, Manizales, Bogota… L’Europe taurine aussi – Miguel Abellan a débuté fort avec cape et muleta, mais, comme ses toros, « se fue  pabajo ». Malchance, petit manque de personnalité. Il tua vite et presque bien, heureusement – Paquito Perlaza jouait gros. Il s’est fait respecter et applaudir. Toros difficiles et, en face, la volonté, le pundonor, et de bons détails. Ses toros le menaçèrent, le firent voler, mais le garçon revint à la charge et donna également un gros coup d’épée au troisième. Ce n’est pas l’apothéose rêvée, mais, son cartel reste intact. Il fera campagne en Espagne et va toréer deux fois à la San Isidro. A ver lo que pasa.

     4 Janvier, en nocturne – Cali – Festival au profit de l’école taurine – 12000 personnes environ : A part un Puerta de Hierro à qui l’on donna vuelta posthume, les novillos ont encore déçu. Les résultats « secs » de ce festival débuté à « 20H colombiana » (c’est à dire, ce 5 janvier « à 4 H françaises ») sont les suivants : El Cordobes : deux oreilles – Oreille pour Abellan, Juli et Ramiro Cadena – Ovation pour Jalabert, Paquito Perlaza et le novillero Cristian Restrepo sortant applaudis.

 

QUI, POUR ARRETER EL JULI ?

     6 janvier : C’était couru ! Pendant que les copains s’étaient appuyé toute la feria, pestant contre le mauvais sort, rageant contre ces « toros de Cali » qui ne chargent plus, le Juli, tranquillement, attendait son heure, et débarquait en fin de feria. Neuf corridas s’étaient déroulées, dont les résultats pouvaient se voir qualifiés de disparates, et dont le dénominateur commun était : le peu de jeu de toros colombiens, y compris des plus huppés. Côté toreros, il suffit de regarder, jour après jour, les diverses actuaciones , et quelques noms surnageaient fort bien: Califa, Bautista, et, chez les colombiens, Ramiro Cadena et Diego Gonzalez.

     El Juli est arrivé, le climat a monté d’un ton: Plaza pleine pour sa première sortie, voltereta et vains efforts, demi échec. « N’aime pas cela, le Julian ! ».

     On attendait donc cette dernière course, avec anxiété et espoir. Anxiété parce qu’après neuf dures journées, qu’allait donc réserver la ganaderia del Paraiso, toute nouvelle promue, puisque sa sortie officielle datait de janvier 2000 ? Anxiété parce que le public est remonté, et menace de déserter la plaza. Faut pas les chatouiller, les colombiens. Fiers comme ils sont, dans les circonstances économiques actuellement vécues, ils exigent la qualité du spectacle, sinon, « Va y a voir du sport »… Les diverses interventions des aficionados, en direct au micro, pendant les corridas, traduisent ce sentiment. A se demander même s’il n’y a pas une certaine cabale montée, tant les témoignages et revendications semblent similaires, sur le fond et dans la forme. Qu’allait il se passer ? anxiété et espoir.  Espoir, parce qu’El Juli était au cartel, espoir parce que c’est la dernière chose que l’on perd, en tauromachie aussi. Mais bon !

     Et voilà que le miracle arrive, voici que les toros deviennent passionnants, que les toreros font assaut de courage, de toreria, et qu’à la dernière seconde de cette feria, le dernier toro rencontre un énorme torero. Alors, l’ivresse gagna, le toro fut grâcié et le torero hissé a hombros de ses copains matadors, pour une sortie qui marquera une nouvelle page de Cañaveralejo. El Juli a gracié, hier, un toro en plaza de Cali, a remporté le trophée à la meilleure faena, et a sauvé la feria. L’apanage des grandes figures : «La chance est au rendez-vous, parce qu’elle « se » la fabrique, à coup de caste et de talent ».

     5 Janvier – Cali (Colombie) – 10ème et dernière corrida de feria – 12000 personnes: Ce fut le gros point noir, et le seul échec du Juli , la plaza fut loin de se remplir. Un élément que certains empresas  n’auront pas manqué de noter au coin de leur mémoire, pour les transactions futures. Raisons ? Ras le bol de l’Aficion après une feria « de vaches maigres » ; cabale contre la Junta ?; causes économiques ?, cartel faible ? A voir. Julian Lopez faisait le paseo aux côtés de Diego Gonzalez  qui, certes avait triomphé, mais ne portait pas les espoirs de la grande foule. Quant à Davila Miura, personne n’attendait rien de lui, après ses précédentes sorties bien grises . Par ailleurs, peu de repères au sujet des toros « del Paraiso », de Jeronimo Pimentel. On savait que c’était du Domecq, « y poco mas »…

     Corrida d’émotion, de caste, de bravoure et de mobilité. Corrida triomphale pour le ganadero qui voit un toro gracié, un autre honoré d’un tour de piste et les quatre restants, ovationnés ou applaudis al arrastre. Présentation fort honorable, avec l’originalité de robes multicolores, et surtout, un jeu passionnant, avec en point d’orgue, l’indulto du toro « Buboso », toro presque blanc, N°8, de 452 Kgs.

     Diego Gonzalez ne s’accorda pas totalement au premier, melocoton, et le pincha trois fois. Avis. On l’applaudit néanmoins. Il voulut recevoir à genoux le beau colorado quatrième. Mal lui en prit. Cogida, sortant vivant, mais moulu. Le toro est brave, soulève le piquero. Diego Gonzalez va bien se reprendre, toréant artiste et profond, notamment sur main gauche. Hélas, descabello après pinchazo et entière caida. Aviso. Adieu l’oreille, mais jolie vuelta, avec rendez vous immédiat à l’infirmerie.

     Eduardo Davila Miura a enchanté le public dans sa première faena  devant le noble « Consentido ». Faena templada, liée, (un peu distante dira la critique de Bogota), qui met le feu, tandis que l’on murmure une demande d’indulto. Grosse estocade et deux oreilles pour Davila, enfin ravi. Il mit tout ce qu’il avait, devant le cinquième qui lui mit le costume en charpie, mais traîna en longueur, écoutant sonner deux avis.

     Et puis, le Juli ! Oreille face au troisième qui lui infligea une solide raclée, pendant la faena. Julian Lopez sortit la caste et la rage, donnant un premier coup de cymbale « Aqui estoy yo ! ». Sortit alors « Buboso », le dernier toro de la feria. Toro ensabanao, disent certains, jabonero, précisent d’autres. (Bon ! il était beige clair, très clair). Une bombe ! Un toro qui vient et qui répète sa charge, un toro qui permet de rêver le toreo.Ceux qui contestent l’indulto disent qu’il ne fut pratiquement pas piqué. Bien ! mais, après ce qu’avaient vécu les aficionados caleños depuis dix jours, comment leur reprocher ce moment d’euphorie ? Surtout qu’il y avait là un torero qui se chargea de faire briller le toro, exploitant avec grande toreria, son moindre élan. Juli fut « énorme », avec ce toro. Après le quite par lopecinas, après les banderilles, la faena monta en émotion, le torero se laissant aller au « toreo caresse », cadencé, lié, fait à la fois de force et délicatesse, de technique et d’art, de puissance et d’abandon. Faena magique, et l’explosion: la grâce du toro. Deux oreilles symboliques, les copains qui sautent dans le ruedo pour le hisser sur leurs épaules (il y a là le Califa, jean luc Jalabert, plusieurs membres des autres cuadrillas). Final en apothéose, le Juli entraînant dans une folle sortie a hombros, Davila Miura, le collègue, et le Ganadero salvateur, Jeronimo Pimentel. Pas  à dire, tout le monde « au Paraiso » ! Mais… qui donc arrêtera « El Juli » ?
 

LES TROPHEES DE LA FERIA DE CALI

     6 janvier : Au soir de cette dernière course, magique, le jury et la Junta directrice de la feria de Cali 2000/2001 se sont réunis pour décerner les prix de cette 43ème édition  du cycle caleño, en plaza de Cañaveralejo. Le palmarès en est le suivant :

     Trophée « Cristo de los Cristales », à l’auteur de la meilleure faena: « EL JULI », devant le toro « Buboso », sixième du Paraiso

     Trophée au triomphateur global de la feria : « EL CALIFA »

     Trophée au meilleur lot : « EL PARAISO », lidié le 5 janvier, avec un toro gracié)

     Trophée au meilleur toro : « BUBOSO », del Paraiso, (sorti sixième, le 5 Janvier, et  indultado par El Juli) – Toro beige – N°8 – 452 Kgs, provenant de la ganaderia fondée le 7 juin 95 par Jeronimo Pimentel. De devise rouge, verte et blanche, la ganaderia est « puro Domecq », à base de Juan Pedro, Jandilla, Torreon, Martin Arranz  et Joselito.

     Trophée au meilleur piquero : FELIX LOPEZ

     Trophée au meilleur subalterne, à la brega et banderilles : GUSTAVO GARCIA « JERINGA »

     Trophée au meilleur novillero : GUERRITA CHICO

     Il y a « mentions honorables » pour le nouveau matador colombien Ramiro Cadena, et pour le toro « Jugador », de Ambalo, lidié le 31 décembre, par El Califa.

     Le bilan « qualité » suscitera probablement d’autres commentaires, au sujet de la ganaderia brava colombiana, au sujet de la désaffection du public… De toutes façons, la saison  ne fait que commencer, avec, immédiatement, deux corridas à Cartagena, dans une plaza portative (ce qui semble un gag, quand on connaît les deux plazas qui ont trôné dans ce lieu magique), et la Feria de Manizales, qui débute dimanche 7 janvier, pour une novillada et six corridas consécutives. Puis, viendront en alternance, Bogota et Medellin...

 

ON ACHEVE BIEN « LES CYBER-CHEVAUX »…

     7 Janvier 2001 : Qui pensait y arriver, en 2001 ? Alors qu’un grand titre annonçait pour cette date, l’Odyssée de l’espace, c’est sur la terre qu’il nous faut plus modestement redescendre, et « aguanter » toutes les odyssées que nous réserve le quotidien. Certes, le Monde roule son habituel cortège de drames, de guerres, de pleurs. Mais, bien plus près de nous, à notre petite échelle, avouez qu’on ne fait pas grand chose pour l’humaniser, ce monde.

     Pour combattre le misère, la crise de 29 avait suscité, aux Etats Unis, les « marathons de danse », si terriblement relatés dans le film « On achève bien les chevaux ». Des couples, officiels ou de circonstance, se débattaient contre la fatigue et le désespoir, en piétinant, enlacés, des heures et des jours durant, au fond d’un bouge, style foirail de nos campagnes, au son d’une mauvaise rengaine. Interdit de s’arrêter de danser. Alors ils marchaient ensemble, tentant de penser à tout sauf à leur douleur. De temps en temps, il y avait une épreuve spéciale, éliminatoire. Beaucoup en sortaient moralement détruits, d’autres gagnaient le droit de continuer leur martyre. A la fin, le couple gagnant empochait de quoi survivre, jusqu’au prochain massacre. A la fois horrible, et admirable. Affreusement humain…

     2001 : Les temps ont changé ! C’est une immense salle, aussi humaine et accueillante  que celle d’un concours administratif recrutant pour La Poste… Il sont là 2000, 3000 ? Peu leur importe l’accueil, le décor, le confort. Ils ont en face d’eux leur outil de travail, leur trésor, leur passion… un écran et un clavier. Ils participent au championnat des jeux  sur ordinateurs…  Pendant des heures et des heures, les yeux rivés sur leur écran, le doigt titillant le joystick, le cerveau à mille à l’heure, ils vont abattre des milliers d’ennemis, parcourir des milliards de kilomètres, au point de rendre le Paris Dakar, aussi futile que le trajet entre votre porte et votre boîte aux lettres. Ils vont découvrir des mondes, vaincre des gnomes baveux, les réduire en poussière à coups de laser. Ils sont des héros… Ils sont des champions. Ils ont de 13 à 40 ans…  Ils sont… totalement déconnectés !

     Dans ce triste monde où l’on tire avant de discuter, où l’on efface un destin d’un clic de souris, est il vraiment souhaitable de vanter de telles entreprises ? Chacun son opinion , bien sûr ! Chacun ses valeurs ! Mais, qu’on n’empêche personne de penser que… dédramatiser ainsi le fait d’appuyer sur une gâchette, surtout quand l’écran, mieux que nature, reproduit le dernier rictus de l’éxécuté, n’apporte guère à l’humanité. Si en plus, on gagne de l’argent, en participant à ces joutes, alors c’est que l’on n’est « pas loin » de 1929  : « 10000 Francs, Cool ! Je gagne plus en quelques heures que celui qui travaille ! » (Sic) … Rien à dire... Oui vraiment, on achève bien les « cyber chevaux ! »

     Et nous, Aficionados, nous sommes tout heureux de voir que, dans un monde particulier, qui nous est tant reproché pour sa cruauté, son goût pour le sanguinolent, des jeunes hommes combattent le destin avec, encore en 2001, la muleta dans la main gauche, l’épée dans la main droite… et le cœur au milieu.

     Nous sommes ravis, qu’en 2001, des toreros, fières vedettes, compétiteurs acharnés, aient soudain le cœur, le pundonor et la superbe, de sauter la barrière et aller porter en triomphe celui qui, justement, leur a soufflé le leur… Magnifique geste du Califa, de Jean Luc Jalabert, de Gomez Escorial et des autres toreros qui, à Cali, ont levé au ciel ce Juli, intraitable gladiateur, après son immense actuacion. Ce geste, parmi d’autres,  nous laisse encore un peu d’espoir en l’Homme… On en a bien besoin !

     Actualité colombienne et mexicaine, ce dimanche 7 janvier.

     A Cartagena de Indias, les hôtels regorgent de touristes, les plages sont envahies de créatures de rêve. Pourtant, la Colombie misère est là, de l’autre côté  de la Popa. Il y avait une magnifique plaza, à Cartagena. Plaza en bois dont le squelette persiste. Elle fut remplacée, dans les années 70, par une autre dont la façade en épis, pointait à l’entrée de la ville, presque au milieu des « tugurios ». Tout cela est tombé, oublié, envahi de tristesse et de mauvaises herbes. Alors, là, sur la plage, on a monté une plaza portative et hier soir, 3000 personnes se sont ennuyées devant cette piètre décadence. Les toros du Socorro (les bien nommés), n’ont pas donné l’espoir du renouveau, et les toreros ont fait leur possible. Cesar Camacho, El Gino et Sebastian Castella… « cumplieron ». Ce soir, deuxième et dernière avec Nelson Segura, Diego Gonzalez et Angel Gomez Escorial, face à du ganado de « Santa Barbara »…Un nouveau feuilleton qui n’ajoutera rien à la gloire passée de Cartagène. Heureusement, demain, on part vers Manizales…

     A Mejico capital, on prépare « la reconquête »… Avec l’arrivée du Juli, bientôt, et la célébration du 55ème anniversaire de la plaza monumental, « on va voir ce qu’on va voir ! »… Le 5 février, corrida annniversaire et un cartelazo : Cavazos, Zotoluco, Ponce, El Juli, avec des toros de Xajay. A ver si se llena la plaza ! Hombre !

      En attendant, aujourd’hui, les aficionados mariachis ne se bousculeront probablement pas pour accueillir Manuel Diaz qui, pour Cordobes qu’il soit, n’a pas le tiron de son « officiel supposé progéniteur ». Manuel Benitez a mis le feu à la Mejico, au prix d’incroyables exploits et d’anecdotes pour le moins croustillantes. Manuel Diaz, pour le moment, n’a perdu que l’avion qui devait l’amener de Cali. Espérons que cette actuacion  à la Monumental ne le poussera pas un peu plus…hors du train. Il sera encadré de Rafael Ortega et de Jeronimo, face à des toros de Vistahermosa.

     Gros double challenge pour le Cordobes : Attirer du monde à la plaza, et marquer les mémoires, « toreando bien, o a lo loco », mais… interdit de laisser le public indifférent ! Et ça, c’est plus fort que « titiller le joystick »… Que haya suerte !

 

LA FIN DU REVE AMERICAIN

     8 janvier : « Ah, dans le temps, c’était autre chose ! ». Nous voilà « chocheando »… En fait, et pour rester uniquement dans le monde taurin, il semble bien que « l’Amérique n’est plus ce qu’elle était ».. Par le passé, les toreros y partaient à pieds joints. Après une longue et dure temporada Espagnole, on s’en allait au soleil, ramasser les dollars, toréer des toros et des publics faciles. En un mot, tuer agréablement le temps. Mais peu à peu, les billets verts se sont flétris, les toros se sont mis à réfléchir, et les publics  aussi. Faire aujourd’hui les Amériques ne rapporte guère, sinon quelques lauriers dont on ne tient pas compte ici, et quelques mésaventures incontournables du style de celle arrivée hier au matador Angel Gomez Escorial. Faire un si long voyage pour  voir annuler la course parce qu’il n’y a personne dans la plaza… Dur, dur.  Le Cordobes n’a pas été mieux loti : obligé de faire le zouave devant du ciment vide, il oubliera vite son passage à Mexico et  reviendra préparer  une temporada qui sera pour lui, cruciale. Non vraiment, l’Amérique n’est plus ce qu’elle était.

     7 Janvier 2001 – Mexico (plaza Monumental) – 12ème de la temporada – moins de 10000 spectateurs : Il n’y a pas eu de miracle. Le nom du Cordobes a bien attiré quelques curieux, mais les autres sont restés à la maison. Total, une entrée, encore une fois désastreuse, et un public qui a hué le nom de l'empressa, Rafael Herrerias.

     Corrida « faiblissime » de Vistahermosa. Désespérant. Le sixième portant une blessure à une patte, fut remplacé par un de ses frères. Pas mieux. Le Cordobes essaya de tirer le maximum de ses deux adversaires, ne récoltant que de pâlas applaudissements. Devant ce bilan désolant, il régala le sobrero, de Julio Delgado, et lui monta un cirque impressionnant, avec saut de grenouille inclus au menu. A un moment, le toro s’affale de tout son long, et Manuel Diaz se couche sur le dos, les bras en croix… Et pourquoi pas ? Malheureusement, le descabello lui joua un mauvais tour et il perdit l’oreille. Vuelta  applaudie par les quelques présents – Par contre, gros succès de Rafael Ortega qui coupe une oreille à chaque toro, à force d’alegria et de poder. Bien aux banderilles, il toréa technique, intelligent et vaillant, tuant son premier d’un grand recibir. Bonne saison pour Prtega qui avait déjà coupé une oreille  a « la Mejico », le 19 Novembre dernier  - Jeronimo fut applaudi au deux et se fit secouer par le troisième. Torero d’esthétique mais fade, il ne « monta pas sur les toros » et aujourd’hui, plus personne ne se souvient qu’il était au paseo. Triste.

     Pendant ce temps, un jeune blondinet souriant est arrivé au Mexique. On lui donnerait le bon dieu sans confession… « Ne vous y fiez pas, c’est un gladiateur, c’est un tueur… Il s’appelle El Juli… »

     7 Janvier – Manizales (Colombie) – Novillada de Feria – 8000 spectateurs :  La novillada de Salento  est sortie très correctement présentée, débutant bien, pour terminer ses peleas en s’arrêtant vers les barrières. Le meilleur fut le troisième, mais en général, tous « se laissèrent ». Succès de Cristian Restrepo, qui coupe une oreille à chacun, tandis que Cristobal Prado Hoyos  obtient le trophée du premier et Rodriguez Silva « Procuna » donne une vuelta.

     Ouverture satisfaisante d’une feria qui va célébrer cinq corridas dans une ambiance des plus folkloriques, mais aficionada al toreo bueno.  Les espagnols engagés ont pour nom : Juan Mora, Manolo Caballero, Finito de Cordoba, Vicente Barrera, Victor Puerto et El Califa, que l’on attend ici avec grand intérêt, après son triomphe de Cali. A suivre aussi, la corrida du Paraiso, le 13, qui devra ratifier son apothéose caleña.

     7 Janvier – Colombie : En « province », on note la suspension de la deuxième corrida de Cartagène. Au cartel, Nelson Segura, Diego Gonzalez et l’espagnos Angel Gomez Escorial. A la taquilla… 500 places vendues. Terrible ! Les Toros à Catragena… c’est fini !

     A Choachi, dans le Cundinamarca, la ganaderia du Paraiso a connu l’état de grâce, après son triomphe de Cali. Deux toros ont été grâciés, dont un frère du Buboso, indultado par le Juli. Un affaire de famille. Bien présentee, brave et noble, la corrida a laissé sept oreilles, dont quatre symboliques. El Gino  a gracié le quatrième et Curro Valencia, le sixième - Sans connaître ce suprême honneur,  Alejandro Gaviria a également brillé, au cinquième. Décidément, en quelques jours, la ganaderia du Paraiso va devenir le porte-drapeau d’une cabaña colombienne qui a beaucoup baissé, et préoccupe tout le monde, là-bas.

     A Duitama, département de Boyacà, dans le plaza « Cesar Rincon », 4500 spectateurs environ, et un gros triomphe de Dinastia, absenrt à Cali. Trois oreilles à un lot de Mondoñedo, bien présenté et  intéressant. Vuelta au cinquième - Juan Mora ouvrait cartel, coupant oreille à l’un, donnant vuelta à l’autre – Quand à Joselito Borda, il fut bien au cinquième, obtenant lui aussi, un trophée.
 

STRATEGIES…STRATEGIES !

     9 Janvier : Il est de la tauromachie comme de tout. Dans ce mundillo si vaste, mais pourtant si réduit, si fermé, les luttes d’influence, les coups de bluff, les arnaques et manipulations diverses, les regards en dessous se trouvent presque aussi nombreux que dans la préparation de quelque élection municipale… Quoiqu’on fasse, on va gagner, on est le meilleur, et même si on prend une rouste mémorable, on reste « le vainqueur moral ». Stratégie ! Bien entendu, tout se déroule à coups de millions que l’on a… ou que l’on n’a pas. Ici s’arrête le parallèle, car  dans cette arène, on porte aussi cravate et « costume trois pièces », mais on y meurt « de verdad », quel que soit le statut, quel que soit le parti, « la casa », dont on est membre…

     Stratégie. « On Joue, on perd », comme à Cartagena de Indias. La suspension de la deuxième corrida a fait du bruit. Paraîtrait que l’un des membres de l’organisation se serait envolé avec la taquilla du samedi. Mais, de toutes façons, on ne s’explique pas comment il pouvait y avoir 3000 personnes dans les gradins, quand on avait vendu 800 places… Stratégies. Dimanche soir, cela a fait du vilain ! A l’annonce de la suspension, on parle « d’énergiques protestations »… en Colombie !

     Stratégie à Mexico, où les entrées catastrophiques, quel que soit le cartel, font gamberger tous les ténors de l’organistion. Un bon placement pour Upsa… Que faire pour ramener l’Aficion dans la plaza ? Une seule solution : appeler Superman, ou plutôt « Wonderchico ! ». Mèche au vent, sourire radieux, il est arrivé. El Juli va toréer le 14 à la Monumental, accompagné de’Oscar San Roman et Ignacio Garibay, face à des Bernaldino de Quiros. Cartel bueno ! Mais, le nom du Juli suffira t’il à « Llenar la plaza » ? Si oui, l’empresa gagnera t’elle, quand même, de l’argent ? Juli a t’il calculé les conséquences s’il ne remplit pas ? Stratégies…

     Grande Stratégie à Séville. Don Eduardito  s’est gratté la tête tout l’hiver, et prépare sa rentrée, le dimanche de Pâques. Hombre, Domingo de Resureccion signifie « Curro ». Oui, mais, « il » n’y est plus. Ah ! Alors, la corrida Sévillane par excellence, suppose la présence du Morante… « Oui, mais, il m’a fait une vacherie en septembre et … » Re « Ah » ! Alors, fin stratège, don Eduardito, va chercher, de derrière quelque fagot rociero, « la » figura qui va lui faire le quite, Ortega Cano. Puis, lui qui aime la jeunesse et travaille pour l’avenir de la fiesta, prend sous son aile Fernandez Pineda, novillero qui fit quelque bruit en 2000, dans la Maestranza. Liez le tout avec la présence du Juli, et vous avez un cartel de luxe pour une alternative « itou » qui, hors feria… ne va pas remplir la plaza.

     A suivre, tout cela, car tout est affaire de temps, en tauromachie... comme en politique, sauf qu’ici… « Se muere de verdad ! »

     8 Janvier - Manizales (Colombie) – Première corrida de Feria – 11000 spectateurs : Huit toros de Dosgutierrez, pour trois matadors et un rejoneador. Corrida intéressante avec un bonne deuxième partie. Cesar Camacho a été très torero au premier, mais catastrophique à l’épée. Avis et ovation. Cela se passa moins bien au quatrième, mieux tué. Silence – Guillermo Perlaruiz se montra brillant au capote, toréant avec sincérité et coupant l’oreille du sixième – Vuelta et oreille du sept pour Dinastia qui mit toute la vapeur et tua recibiendo. On lui reprochera d’être trop « dessus » les toros, les étouffant un peu – Le cavalier Fernando Lopez Diaz fit blesser son cheval « Llameado » (déchirure de 60 cms, peu grave heureusement) – Il fut, par contre, excellent avec le meilleur toro, le huitième, et, grâce notamment à sa yegua « Serranita », mit le feu aux gradins.

     Bonne entrée en matière pour cette feria qui se poursuit ce jour avec au cartel : Dinastia, Victor Puerto et Califa, face çà des Juan Bernardo Caicedo.
 

DANS TOUS LES SENS…

     10 janvier : Comme un feu d’artifice disperse mille flammèches incandescentes sous des « hooooo ! » d’admiration, l’actualité taurine, à la veille de la temporada 2001, fait feu de tous bois. On dirait presque un premier Avril ou un Dia de los Inocentes. Qu’y a t’il de sérieux, qu’y a t’il de vrai ? Où est « le bulo » ?  Ce qu’avance tel ou tel média est il fait pour donner l’avant première, en exclusive, ou pour  fourvoyer les copains ? C’est le jeu de la presse, et dans tous les domaines. Ainsi, un grand quotidien présente t’il aujourd’hui les fondations du futur parti unique de l’Opposition française, qui va réunir tout le monde, dans l’unique objectif de sortir a hombros…de « los capitalistas », aux prochaines rencontres… Que bueno ! « Ensemble, pour le bien des Français ! » Oui, oui, oui… Et on croit que cela marche encore, cette profession de foi ? Faudrait d’abord que « la Ilusion ! » revienne dans les maisons, même si on la fabrique…dans les salons ! Faudrait que l’on puisse croire en quelque chose ou en quelqu’un, sans avoir à se demander toujours « qu’y a t’il la dessous ? »… Faudrait pouvoir penser sereinement sans avoir à soupirer, impuissants, devant les enfants qu’on assassine, les policiers qu’on tire comme des lapins, les voitures que l’on brûle, tandis que quelque grand « Il n’y a qu’à… », bien rempli d’autosuffisance  nous serine à la Télé : « Dormez en paix, brave gens, je veille… » 

     Pour en revenir aux « Toros », donc, l’actualité part dans tous les sens…Voyez plutôt :

     Manolo Camara, nouvel apoderado du Morante de la Puebla : Cela se sentait venir depuis la mi-temporada 2000. Quand un torero est « embalado », il est presque aisé d’être son apoderado : On reste près du téléphone, on attend les appels, on dicte ses volontés, ou exigences, et on veille à ne pas signer deux contrats le même jour. Quand les affaires se corsent un peu, il faut avoir du poids et marcher au canon, avec de sérieuses munitions en poche. L’an dernier, le bel élan du Morante fut tranché net à la Feria de Sevilla. Ensuite, il fallut ramer à contre courant. Pas évident, malgré de grandes choses, à Vitoria, au Puerto, à Palencia. Séville, en septembre, s’est fachée toute rouge, manipulée par son empresario, si peu « fils de son père… ». Aussi, 2001 va t’il être dur à négocier, surtout dans la Maestranza. C’est Manolo Camara qui vient de prendre en charge les affaires du Morante. Apoderado de verdad, à l’ancienne, homme d’affaires, mais homme avant tout, il est probablement celui qui fait le moins de bruit, mais qui joue le mieux, pour l’intérêt de ses toreros. Apoderado de Rivera Ordoñez, Manolo Camara saura peser sur les négociations de l’Avril sévillan, et, d’ores et déjà, Don Eduardito doit faire réserve d’aspirine. Rivera Ordoñez, incontournable dans le ruedo Maestrante, sous peine de fâcher quelque princesse, sera d’un grand secours si l’on veut créer quelque souci au Morante. De son côté, le torero de la Puebla peut apporter avec lui  le fils de Paquirri, dans quelque feria où l’on ne comptait pas sur lui. Pourquoi pas ? L’avenir dira, et le toro, surtout, dira…

     Ruiz Miguel réapparait en mars, à San Sebastian, avec des Victorinos… Ouf ! Cela surprend. Il semble que le cycle des novilladas concours d’Illumbe, qui se déroulera en février, se terminera par une mini feria de trois corridas de toros, dont une de Victorino Martin, devant la quelle Ruiz Miguel et Juan Jose Padilla sertaient déjà « fijos ». Les caméras de Via Digital seraient présentes. Francisco Ruiz Miguel prendrait toutes les victorinadas, télévisées en direct, soit par Via Digital, soit par Canal plus. On parle déjà de Badajoz, Mont de Marsan … Pas mal, sur le plan financier. Mais va falloir assumer. Les bouteilles de champagne, c’est bien… à condition de savoir les ouvrir, sans se prendre le bouchon en pleine figure.

     Manuel Benitez « El Cordobes », pour de pauvres adieux… « No se merecia esto ! ». Manuel ! Vous devez vous couper la coleta « a lo grande », une glorieuse fois pour toutes. « El Cordobes » veut terminer sa carrière au cours d’une corrida  en plaza de Cordoba. Bien ! Corrida dont les bénéfices iront à la Croix Rouge. Muy bien. Mais pour arriver là, il est prévu de toréer en quelques plazas de troisième catégorie, histoire de bien s’ajuster le costume, et cela, ça coince un peu. El Cordobes mérite mieux que de remplir à demi, Moron de la Frontera ou Algimia de Almonacid, avec en plus le risque de « péter une durite ». Pourquoi  pas une tournée de « vrais gros festivals bénéfiques de gala », dans les principales plazas d’Espagne, au profit de nobles causes, entouré de grandes figures qui lui rendraient hommage en toréant à ses côtés des gros novillos ou des petits toros.(De toutes façons, c’est ce qu’il va voir, en catimini). Cela aurait de la gueule, cela attirerait du monde, cela aiderait des malades ou des malheureux, et l’image du Benitez en sortirait grandie. Alors, le corte de coleta, par ses enfants, en plaza de Cordoba, vêtu de lumières pour l’unique et dernière fois, serait grandiose et permettrait à tous de dire : « Manolo ! Ud es Historia del Toreo, y lo quedara pa siempre ! ».

     Luis Vilches prendrait l’alternative à la Feria de Séville : Ben tiens ! Stratégie, stratégie ! L’apoderado du novillero intéressant du moment vient de déclarer que les négociations allaient bon train et que Don Eduardo Canorea en acceptait le projet, avec l’idée de deux contrats. A ver ! Qui fait le quite à qui ? Vilches mérite une alternative « de lujo ». Bien ! Mais, rien ne nous empêchera de penser que Don Eduardito, roi de la bourse plate, est en train de faire réserve de « bas salaires », à la veille de sa feria d’Avril, parce qu’il sait qu’il va devoir faire face à certaines éxigences qui engendront, peut-être, des défections. Alors, on commence à meubler : Trois contrats à Ortega Cano, dont la corrida de Pâques, deux aux jeunes Vilches et Pineda, dans le cadre de leur alternative. Ajoutons y deux à Vicente Bejarano, pour faire la nique au Morante (logique, et bon marché !) . Mine de rien, cela fait déjà neuf postes. Ajoutez des poids moyens, intéressants ou incontournables, comme Eugenio de Mora, Padilla, Davila Miura,… Et on peut continuer ainsi à trouver des contrepoids aux gros salaires qui vont lever le doigt… notamment El Juli, qui devrait être la base de la feria, avec Victor Puerto. C’est alors qu’arrive le duo Morante/Rivera Ordonez… Et pendant ce temps, Curro joue aux dominos, tranquille !

     Feria de Pâques, en Arles : D’ores et déjà, absence de Joselito et José Tomas. Par ailleurs, doblete de Juan Bautista. Les cartels  qui vont sortir sous peu seraient les suivants, en ce qui concerne les corridas :

     13 avril : Ponce, Juli, Bautista avec des Victoriano del Rio

     14 Avril : Puerto, Califa, Castella avec des Alcurrucen.

     15 Avril : deux corridas, du Partido de Resina et Baltasar Iban, pour Meca, Padilla, Ferrera et trois autres à accommoder en ces deux cartels.

     16 Avril au matin : Mano a mano Moura/Cartagena, à caballo.

     16 Avril : Toros du Pilar pour Finito, Jean Baptiste et …. Un troisième
 

MANIZALES :  BIEN, LES TOREROS…

      Mieux, en fait que le résultat ne le laisse supposer. Deux oreilles coupées, quand on peut penser que cinq à six eût été « plus logique bilan » . Les toros ont permis, quoiqu’un peu faibles Les toreros ont été brillants, mais les matadors ont cafouillé. Maldita Espada !

     9 janvier  - Manizales (Colombie) – 2ème corrida de feria – 8000 personnes : Surprise ! Entrée plus réduite que le jour précédent, pour la corrida de nationaux. (Voir ce qui va se passer aujourd’hui). Six toros de Juan Bernardo Caicedo, bien présentés, un peu faibles, avec tendance « à rajarse » et partir aux barrières. Fond de noblesse, mais manque de moteur. Le deuxième remate fort dans un burladero et se casse un piton. Fuera reglamento, on le change par un Dosgutierrez qui débuta fort, puis serra les freins.

     Dinastia a encore été très bien. Il noya un peu le premier qu’il tua mal, perdant un trophée, mais toréa « a su distancia » le quatrième, coupant une oreille avec pétition de la seconde. Bien pour le Dinastia, absent de Cali, mais dont les qualités restent intactes - Victor Puerto s’arrima, avec sérieux, technique, et sens du spectacle. Quite de la puertolina au deuxième, puis faena a menos, à cause du bicho. Bonne faena, tirant du cinquième une faena templada, malgré le hésitations du toro. Final aux planches et arrimon de circonstance. Epée contraire, après pinchazo : une oreille sur deux – Le Califa n’a pas coupé, mais a fait un gros effet, en particulier au troisième, toréé longuement, avec cites de loin, droitières liées, templées, puis les mêmes à bout portant. Pero…no lo mato : deux pinchazos, trois descabellos. Ayyy ! Le sixième se montra bien faible et Jose Pacheco essaya d’en tirer le possible, sortant avec ses collègues, sous une grande ovation.

     Ce 10 janvier : Troisième corrida, de Ernesto Gutierrez Arango , pour Juan Mora, Manolo Caballero et Paquito Perlaza.

 

REGLEMENT…REGLEMENT…

     11 Janvier :  Depuis deux jours, Manizales vit de grands moments. Tarde torera et, hier, apothéose avec l’indulto d’un toro. Mais aussi, deux tardes d’incidents avec deux toros qui se cassent un piton dans le premier burladero où ils ont rematé, et sont changés par le président, par crainte du « follon ». Pendant ce temps, la belle aventure du Paris Dakar tourne à l’empoignade autour du tapis vert, avec dénonciations, délation et règlements de comptes. Bien entendu, tout le monde, bénit le règlement lorsqu’il lui est favorable… Adieu romantisme, adieu  noblesse, adieu panache… Adieu Paris Dakar. Sabine est bien mort !

     Va bien falloir un jour, éclaircir cette histoire de « changement de toro ». Le règlement dit : « Si un toro sort « intact », il ne sera pas remplacé, quoiqu’il arrive ». Cependant, dans 80% des cas, il se monte une telle émeute que, par peur de l’incident  plus que par la juste défense de l’intérêt du spectacle et du spectateur qui paie son entrée, le président sort le mouchoir vert, sautant le règlement « a la torera »…

     Alors, « règlement en main », les purs et durs râlent, quelquefois après avoir rempoché le mouchoir vert qu’ils avaient apporté, au cas où… « El presidente no tiene huev… ! » Et cela continue, après, dans les tertulias.  Total : le toro est souvent changé, et le règlement… mis au placard. Alors, puisque cet article est inapplicable, changeons-le. « Un toro qui, pour diverses raisons, durant le seul premier tiers, se montrera dans l’incapacité de combattre en toute capacité de ses moyens, pourra être changé, à l’évaluation du Président ». Le résultat sera le même, le président pourra juger de la situation, et le spectateur, à condition de raison garder, ne s’énervera pas sur ce problème. Ce qui n’empêchera pas, bien entendu, de voir défiler 13 toros, à Madrid, dans une seule corrida. Mais, Madrid « es mucho Madrid » ! En attendant, hier, à Manizales, on a encore « tutoyé » le règlement, et le résultat en a été… l’indulto du sobrero.

     10 Janvier – Manizales (Colombie) – 3ème corrida de feria – 12000 spectateurs :  Trois quarts de plaza et une grande corrida ayant pour ciment le lot de Don Ernesto Gutierrez Arango . Six toros bien présentés, braves et mobiles. Toros avec beaucoup de fijeza dans les leurres, répétant la charge mais terminant aux barrières, pour trois d’entre eux. Troisième et sixième furent très bons, le dernier frôlant aussi la grâce. Le cinquième se cassa la corne en rematant dans un burladero. Le président le changea. Sortit alors le sobrero « Aguafiestas » - N°218 – 464 Kgs, que l’on avait écarté, le matin, parce que très agressif. Toro avec un moteur de formule 1, qui entra fort au cheval, et répéta sans cesse dans la muleta de Manolo Caballero, qui fut superbe. Longue faena, longues séries, mains basses, à gusto. A mi-faena, le public se leva et réclama l’indulto. Apothéose finale, estocade simulée, et celui qui devait « gâcher la fête », comme le disait son nom, est rentré glorieux au toril. Manolo Caballero, qui avait déjà coupé une oreille à son premier, en promena deux autres, « simbolicas », au cours d’une vuelta « super chaude », malgré le mauvais temps (Manizales connaît aussi le sirimiri bilbaino !) – Bonne prestation, toute de langueur et d’élégance, de Juan Mora, un des toreros préférés de l’aficion païsa. Grande ovation et une oreille (l’épée  n’a pas trop bien fonctionné) – Bonnes, très bonnes choses de Paquito Perlaza, qui se montra poderoso face à son premier, coupant une oreille (avec pétition « pour plus »), et toréa magnifiquement le noble sixième, au point que le public pensa un moment à l’indulto, là aussi. Hélas, cela se termina très mal, le matador n’étant pas à la hauteur du torero… « Pincho, atraveso y, con el descabello, la armo… Sept ! » Ayyy ! Grosse déception pour Perlaza, mais peu à peu, une personnalité torera qui se dégage. A suivre, en Espagne. – Final en triomphe pour Manolo Caballero qui sort à hombros de la Monumental, en compagnie du fils du ganadero.

     Ce 11 janvier : Grand festival, en nocturne. On retrouve les toros de Gutierrez Arango pour : Juan Mora, Manolo Caballero, Vicente Barrera, Victor Puerto, El Califa et Guillermo Perlaruiz, qu’accompagnera à cheval, Fernando Lopez .

 

LE BON DIEU SANS CONFESSION…

     12 Janvier :  Les pôôôvres ! Se voir ainsi accusés, malmenés, vilipendés, diffamés, eux qui sont la fine fleur de… De quoi, au juste ? Pour un peu, ils nous feraient peine. Mais pour autant, ce sont eux qui occupent toujours l’écran, les unes de journaux et de l’actualité. Curieux, non ? Jamais on ne verra en première page, l’histoire du gars, amoureux de sa femme, qui bosse comme un âne, pour trois sous, s’occupe de ses enfants, dit bonjour au voisin et s’arrête au feu rouge… Le monde serait il si mal fait ? Certes non, puisqu’à celui là, on va lui faire « l’obole » de l’argent qu’on lui a piqué auparavant, tandis que par ailleurs, on paie, à grand émoi, « la rançon » à la Justice… Non, non… le monde est bien fait, et l’on devra le crier très haut, un bulletin de vote à la main.

     A Mexico aussi, le monde est bien fait. Sur huit des douze corridas sorties à la Monumental Mejico, les examens post mortem on révélé que plus de la moitié des toros n’avaient pas l’âge d’être lidiés en corrida formelle. Cela va loin puisque, par exemple, un toro de Rancho Seco, du nom de « Jabato », toréé le 29 octobre, et annoncé « 4 ans et 4 mois »,  faisait, de fait,  2 ans et 10 mois. Que fait la Police ? Les autorités et les vétérinaires peuvent ils, à ce point, se laisser berner ?  « Il fait un peu jeune, ce toro ! –  Oui, mais vous savez, les dents, les cornes, ça veut rien dire ! Et puis, allez-y voir, avant !  – D’accord, mais, avant qu’il ne sorte, vous lui enlèverez quand même sa couche culotte, « avec le petit élastique là ! »… Bueno !

     Du coup, l’Empresa , qui n’en n’est pas à une débandade près, va « jeter la maison par la fenêtre », et mettre tout ce qu’il reste de petits plats et de tuperware, dans la balance. Peut-être, cette dernière manœuvre bénéficiera t’elle enfin aux aficionados mariachis, qui, jusqu’à présent, font la sieste, au lieu d’aller à la plaza.

     Huit corridas supplémentaires, avec de gros cartels sont en train de voir le jour. Ainsi, par exemple, Ramos, Manolo Caballero et Rafael Ortega, le 21 janvier ;  Cavazos, Juli et Bricio, le 28 ; Ainsi le double événement, 4 et 5 février, pour le 55ème anniversaire de la plaza : Deux corridas de huit toros., avec des cartelazos ; Le Cordobes reviendra, le 11 février (bof !) ; Finito et Morante seront ensemble à l’affiche, avec deux mexicains, le 18 février… Pas à dire, le Doctor Herrerias tente une grande campagne de reconquête…  Au fond, il pourrait bien venir se présenter aux municipales ! Il a l’âge, lui…

     11 Janvier – Manizales (Colombie) : Festival, en nocturne – près de 15000 spectateurs : Ambiance morose, au départ. A Medellin, à sept heures du soir, c’est dire l’affluence, un « coche bomba » a fait explosion, près d’un centre commercial. Un mort, cinquante blessés, 260 voitures détruites ou abîmées. On pourrait presque parler de chance. Ayyy, Colombia !

     Les toros de Gutierrez Arango ont encore fait tabac. On a donné vuelta posthume aux 4 et 5ème. Fijeza, mobilité, grande noblesse. Les autres ont eu tendance à baisser le pied et filer aux barrières, en particulier les deux premiers. Juan Mora a lidié, Perlaruiz, de même. Applaudissements à la maîtrise. Caballero, sur la lancée d’hier, coupe une oreille – Vicente Barrera, qui entre aujourd’hui, dans la feria, fit de même – Grosse sortie de Victor Puerto qui enchante le public et reçoit deux oreilles – Le Califa met le vibrato face au sixième, noblote. Une oreille avec forte pétition - Sous les étoiles enfin revenues, le cavalier Fernando Lopez coupe deux oreilles, et Manizales s’endort en paix. La vie continue.

     La vie continue, la feria aussi : Ce 12 Janvier, toros de Cerrobermejo, pour Juan Mora, Cesar Camacho et Vicente Barrera.    

 

L’AVENIR DE LA FIESTA BRAVA : LE LABOUREUR ET LE MINET…

     13 janvier :  Peut-être parce que  l’on pense que l’embellie que vit la corrida, depuis quelques années, ne va pas durer… Peut-être que, malgré la présence dans l’escalafon, de grands toreros, certes, les empresas et aficionados n’ont pas « la » grande figure qui domine tout, remplit la plaza, à tous coups, marque la temporada…. El Juli, bien sûr est de ce tonneau. Pour  le moment, il est « au dessus », mais n’est pas « le » grand patron, comme le fut Manuel Benitez, à une époque où abondaient les figurones del Toreo. Peut être que parce que le toro et le toreo sont de plus en plus « descafeinados »… on cherche !

     Ce qui est préoccupant, c’est l’absence de novillero vedette. Celui qui fait courir l’aficionado. Rarement une époque a montré autant de bons novilleros, toréant mieux que jamais. Rarement, le futur de la toreria a montré si peu de personnalité. Toreros ils sont, mais leur qualité est enveloppée d’une espèce de vernis qu’ils ont du mal à faire craquer. Ils ne sont pas eux-mêmes. Peut être leur a t’on appris le moindre geste, la moindre attitude, jusque dans la façon de faire la paseo, de brinder, de poser pour la photo. Et quand ils coupent une oreille… la vuelta semble un enterrement.

     Les écoles ont elles fait tant de bien ? On peut se le demander. On peut tout enseigner, placer, répéter mille fois. Jamais on apprendra la spontanéité, la personnalité… Mettez un smoking à dix laboureurs…neuf d’entre eux paraîtront « un peu gauches », ce qui est normal. Mais, allez savoir pourquoi, l’un d’entre eux, par son regard, par un quelque chose d’imperceptible, attirera l’attention, charmera, fera la conquête de tous et toutes. Mettez dix minets des salons et cocktails parisiens, devant une charrue… vous aurez, probablement, et c’est normal, neuf occasions de bien vous marrer. Mais, tout à coup, allez savoir pourquoi, l’un d’entre eux fera avancer l’équipage et tracera le sillon. Bon, les bœufs se dandineront un peu plus, d’accord, mais quand même….  

     On ne préfabrique pas la personnalité. Crevant de faim, comme le Benitez ; mal foutu, comme Belmonte , ils ont fait feu de toute leur caste, de tout leur pundonor. Ils ont appris le toreo à force de se faire tanner le cuir par les toros et par les vaqueros de la nuit campera. Ils ont couru la chance. Ils se sont faits, à la dure, mais ils étaient nés toreros. La personnalité étaient leur bannière, et  « quand ils marchaient au canon », tous les yeux questionnaient le destin. Aujourd’hui, « laboureurs et minets » portent beau, toréent parfait, en mettant la hanche, brillent de tous les miroirs et rétroviseurs dans lesquels ils se regardent. Et dans le gradins… « on applaudit, mais on s’em… ! »

     Aussi les empresas s’inquiètent elles et, sous prétexte de promouvoir la Fiesta, elles organisent de grands concours, cherchant « la perle ». C’est tout à leur honneur, et c’est doublement bien pensé. Objectif : Satisfaire l’aficionado, en lui donnant l’occasion de suivre une compétition, en le fidélisant. Et puis, chercher désespérément « l’oiseau rare », celui qui remplira, plus tard, les plazas. Où se cache t’il donc ? Où est donc ce Palomo Linares que révéla Carabanchel, dans les années 60 ? Existe t’il , seulement ?

     Madrid Vista Alegre a terminé son premier concours. Il en prépare un autre. Super ! A San Sebastian, Illumbe va préparer ses lumières pour  le quatrième concours mondial des Novilleros. La répercution médiatique et le succès du précédent amènent à penser que l’édition 2001 connaîtra un grand succès.

     Cinq novilladas, en phases éliminatoires, se succéderont  les 17, 24 février, puis 3, 10, 17 mars. Les deux « demi finales » se dérouleront les 24 et 25 mars, avec la grande finale, le 30. Les ganaderias ont été annoncées : Montalvo, La Quinta, San Martin, Mari Carmen Camacho et Cebada pour la première phase. Qualité et caste. Petite inquiétude quand même : Montalvo et San Martin, Mari Carmen et Cebada… pas la même chose ! Chances « égales » ? Pour les demi finales : Martinez Elizondo et Capea. Hombre ! Enfin pour  la grande apothéose, le 30 mars : novillada de Fuente Ymbro/ Jandilla.

     15 novilleros s’aligneront au départ. Parmi eux Sergio Aguilar, Luis Vital Procuna, Reyes Mendoza, Matias Tejela, El Jalisco, Fabian Barba, deux colombiens  et notre français Julien Lescarret,, vite précipité dans le grand bain.

     De son Côté, Nîmes vient d’annoncer sa Feria de Printemps 2001. Certes, on est loin de la magnifique et historique feria sous la bulle qui fêta si joliment « la Génération 90 », mais la tradition reste et doit porter ses fruits. Les cartels sont les suivants :

     23 Février : Novillos de « Maria Luisa »,  pour Fernandez Pineda, Ricardo Torres et Matias Tejela. (Joli cartel avec deux valeurs confirmées et ce Tejela qui va en surprendre plus d’un, en 2001)

     24 Février : Novillada de Yonnet, pour Julio Pedro Saavedra, Luis Vital Procuna et Julien Lescarret. (Les Yonnet  « son mucho Yonnet » pour certain landais « que yo me sé » !)

     25 février au matin : Novillada sin picar

     25 février : Novillos de Fuente Ymbro, pour Julien Miletto, Ivan Garcia Langa et Cesar Jimenez. (Entrée avec chevaux de quelque ténor de la novilleria sin picar 2000 : César Jimenez confirmera t’il ? Est il « celui qui ? ». Laboureur ou minet ?
 

AMERICA… Y A DE L’AMBIANCE !

     La révélation des examens post mortem ayant confirmé que 35 toros sortis dans huit des douze corridas lidiées a la Monumental de Mexico, n’avaient pas l’âge requis, a fait l’effet d’une bombe. Oubliés Pancho Villa et « viva Zapata ». C’est la guerre, en 2001… Les véterinaires sont pris à parti, les ganaderos montent des barricades, la presse s’en mêle, avec un Pepe Mata qui fait feu de toutes ses pièces. Et « ce Navalon des Miarachis » est plus armé que le cuirassé Yamato… Cela part dans tous les sens, avec un mot clef…. Corruption. Eh oui… là-bas aussi !

     Les prochaines 48 heures vont être passionnantes, et probablement très dures ! Dures pour l’Empresa de la Mejico, dure pour un jeune torero Espagnol qui va jouer son nom, sa force d’attraction, et va décider du sort de l’Empresa actuelle, tout simplement. El Juli doit remplir la plaza et doit triompher… Rien que cela. Un challenge terrible, à un moment où l’Aficion boude, maugrée, râle, a trois doigts de la révolte !

     Julian Lopez débute aujourd’hui à Queretaro, accompagné de Jorge Gutierrez et Jeronimo. Mais, demain sera terrible… Mejico-Plaza Monumental ! On sait que la réservation marche bien, mais que l’Aficion viendra « avec la loupe »… Le Juli est attendu. Certes, son triomphe au festival du « Teleton » lui a ouvert  un bon crédit. Cependant, qu’un toro sorte « flojito » ou « astigordo »… qu’un autre semble un peu juste de présentation… et il y a droit ! Le sorteo va être terrible. La tension au moment de s’habiller, sera, probablement, l’une des plus fortes de sa jeune carrière. Mais, ce diable de « gamin fait torero » est de taille, et nul doute qu’il mettra tout ce qu’il a, et même…ce que les autres n’ont pas. Pendant ce temps, en Espagne, une main sur le téléphone, l’autre sur la poignée du coffre fort, les empresas attendront… Mañana va a ser terrible !

     Pendant ce temps, Manizales poursuit sa feria. Encore toute émue du festival nocturne qui a vu la plaza parsemée de milliers de chandelles, allumées en l’honneur «de la Virgen », l’Aficion a vécu une corrida en deux parties totalement distinctes: Soporifique la première, euphorique, la seconde. Corrida a mas, avec la finesse de Juan Mora, la puissance de Camacho, et le retour au premier plan de Vicente Barrera.

     12 Janvier- Manizales (Colombie) – 4ème corrida de feria – 12000 spectateurs, environ : Corrida de Cerro Bermejo, (présentée en 1997, formée de Santa Coloma, Conde de la Corte et Jandilla). La corrida a présenté deux facettes bien distinctes. Fade, sosa, totalement éteinte la première moitié ; beaucoup plus mobile, la seconde, avec fond de bravoure et race, en particulier chez cinq et sixième. En Général, la corrida a été très bien présentée, mais trop lourde (528, 570 , 494, 526, 474 et 514 Kgs, respectivement. Beaucoup, pour ici !)

     Juan Mora ne put rien avec le premier, triste sire bloqué, la tête en l’air. Mato mal ! Silence. Il se montra très torero face au quatrième qui se révéla dur à cuire. Faena de poder et d’esthétique, terminée par de longues naturelles et un éventail d’adornos « de luxe ». Estocade tendida après pinchazo, et une oreille – Cesar Camacho ne put que s’accrocher vainement devant le burraco deuxième qui sortit, secoué, d’une vuelta de campana. Silence. Il voulut recevoir le cinquième a portagayola, mais le toro l’ignora. Le colombien se reprit bien au capote, puis, après un fort châtiment, débuta à l’estribo, mit tout sa puissance et finit à genoux. Gros coup d’épée, et oreille forte, avec pétition de la deuxième – Vicente Barrera fit ce qu’il put avec le troisième, manso fuyard, auquel il ne put donner un capotazo. Le toro fut magnifiquement lidié par le Jeringa, au capote, et Felix Lopez, à la pique. Vicente Barrera put enfin, totalement s’exprimer, face au sixième, dans une faena très liée, en peu de terrain, toréant « muy templado », sur les deux mains. Estocade tendue et une oreille.

     Chez les subalternes, Gustavo Garcia « Jeringa » fut très bien à la brega, et salua aux banderilles, comme le firent Carlos Mora et Ricardo Santana. Chez les piqueros, Felix Lopez, déjà primé à Cali, risque bien d’enlever le trophée de Manizales.

     Ce Samedi 13 Janvier : Les fameux toros du Paraiso (vainqueurs à Cali) seront lidiés par Finito de Cordoba, Manolo Caballero et Paquito Perlaza. A ver si se llena la plaza !

 

UN DIMANCHE « PAS COMME LES AUTRES »…

     14 janvier : Cela aurait du être « un dimanche comme les autres », où chacun aspire à la paix et au repos. Certes, le canon tonne toujours quelque part dans le monde, même le dimanche, mais, on espère toujours  pouvoir y respirer un peu mieux . Cela aurait du être un dimanche comme les autres…

     Pourtant, hier, vers « nos 18 Heures », un tremblement a déchiré la terre, là-bas, au Salvador. Le grondement soudain, sous les pieds, la  colline qui bascule, les murs qui s’effondrent, la poussière et le tumulte. Il était presque midi, pour eux. 7,6 degrés sur l’échelle du malheur ; l’épicentre à 100 kms de la capitale, San Salvador. 192 répliques, depuis. La peur, l’impuissance, le destin.  A 1000 Kms de là, des immeubles de Mexico ont bougé. Dans la poussière et les grabats, des hommes et de femmes essaient d’arracher ce qui reste de vie. Pour eux, dimanche n’existe plus…

     Alors, peu importe les balivernes qu’échangent nos dirigeants. Futilité, médiocrité. Alors, peu importe que dans « la course des géants », le grand voilier laisse tomber, justement parce que dans son gigantisme, il a tout prévu, à coup de milliards, sauf la voile. Alors, peu importe les accusées qu’on « désaccusent » aussi facilement  qu’on les avait chargés. La terre a encore tremblé, là-bas, et nous allons encore nous en sortir avec un « pauvres gens… » ! Mais, si cela arrivait chez nous, un dimanche…Que ferions-nous ? Comment nous en sortirions-nous ?

     Dans le monde taurin, ce ne sera pas, non plus, un dimanche comme les autres. L’actualité se centrera sur Mexico. Cette 13ème corrida de la temporada  peut changer la face du monde taurin, là-bas. Dans un climat passionnel, fait de suspicion générale, on manie à tours de bras les mots scandale et corruption. Cela traîne depuis des mois, avec des proportions, aujourd’hui, dignes d’un scandale national. Tout le monde attaque tout le monde, ganaderos, empresas, président de corrida, vétérinaires, fonctionnaires, journalistes. Vaya lio ! Cela sent le roussi ! Peut on risquer un mot : Complices ?

     Aujourd’hui, on sait qu’il n’y a plus de places numérotées pour la corrida du Juli. Seuls, les « reventas » font leur beurre, et pour le reste, entrées générales, tout en haut, en apportant vos jumelles. Y aura t’il « no hay boletas » ?  L’attente, l’inquiétude sont palpables. La corrida de Bernaldo de Quiros, est passée, toute entière (Les précédentes aussi !). Chez les hommes, Oscar San Roman et Ignacio Garibay encadreront ce phénomène  de « Juli », attendu ici comme le divin Messie. Ils auront leur mot à dire. Ils ont déjà triomphé ici, cette saison, et ne s’en laisseront pas conter. Julian Lopez arrive, auréolé de son triomphe au festival, et d’une bonne sortie, hier, à Querétaro. Il vient pour triompher. Remplir la plaza sera déjà un triomphe. Pour le reste, le toro dira. A n’en pas douter, le jeune est, pour beaucoup, espéré comme le salvateur. Mais ses détracteurs viendront aussi, comme l’an passé, lui faire grief du moindre pasito atras. Non vraiment, pour le Juli et pour Mexico, ce ne sera pas « un dimanche comme les autres ».

     13 janvier – Querétaro (Mexique) – Lleno total : Deux toros de San Martin pour Andy Cartagena qui n’a pas connu le succès souhaité. Six toros de Javier Garfias, de comportement divers, le mauvais lot étant pour Jeronimo – Le vétéran Jorge Gutierrez perd les trophées avec l’épée, après une bonne faena à son second. - Jeronimo entend deux avis et une bronca après son premier combat – C’est le Juli qui coupe la seule oreille du jour, au troisième, perdant d’autres trophées avec l’acier, face au septième. Grande forme et bon, début mexicain pour le blond madrilène. Et maintenant…la Mejico ! Suerte !

 

MANOLO CABALLERO, TRIOMPHATEUR A MANIZALES

     En Colombie, la feria de Manizales s’est clôturée, hier, par une corrida du « Paraiso », que l’on attendait avec grand intérêt, après son apothéose à Cali. Les toros de Pimentel n’ont pas déçu dans leur présentation impeccable. Si le comportement de trois d’entre eux fut passable, il y eut un premier toro , honoré d’une vuelta, et un sixième extraordinaire qui eut la vie sauve, malgré la mauvaise lidia reçue, et une faena, très en-dessous de ses qualités. Nouveau triomphe donc, des toros « paradisiaques », mais c’est Don Ernesto Gutierrez, qui remporte le trophée de la Feria.

     13 Janvier – Manizales ( Colombie) – 5ème et dernière corrida de Feria – Casi lleno ( 13000 personnes) : Grande attente, et grande satisfaction des aficionados en découvrant le torero classique du Finito de Cordoba, qui se présentait. Jolie faena essentiellement gauchère face au bon premier, estoqué en deux temps. Oreille pour le Finito, Vuelta pour « Olivarero ». Il sera bien, également devant le quatrième qui s’éteindra peu à peu. Ovacion – Manolo Caballero, sur la lancée de son triomphe du 10 janvier, à coupé deux oreilles, généreuses, dit on, à son premier adversaire.  La faena importante se fit au cinquième, toro compliqué, auquel l’albaceteño apprit à charger comme un bon garçon, malgré son mauvais caractère initial. Hélas, le toro tarda à mourir, et l’oreille s’envola – Paquito Perlaza a fait de tout, en abondance et très vite. Son nom est associé au sixième toro, indultado, mais sa prestation laisse un grand doute dans les esprits. Deux oreilles symboliques au toro « Troton », (N°22 – 498 Kgs – jabonero sucio), grâcié à la demande générale, faisant preuve d’une bravoure et d’une noblesse infatigables. Il fut pourtant très mal lidié par la cuadrilla toute entière. Quand à la faena, elle visa le spectaculaire et le « populeux », quand elle aurait pu ouvrir les portes de la renommée. Dommage pour Perlaza, durement traité par la critique. Il est jeune et s’en remettra, mais…

 

LES TROPHEES DE MANIZALES

     14 Janvier :  La 43ème Feria de Manizales a donné grande satisfaction. Cinq corridas, dont deux, illustrées par un gros triomphe ganadero. Les toreros se sont accrochés, avec un clair triomphateur : Manolo Caballero  (Cinq oreilles en deux corridas).

Le Jury n’a pas eu de mal à décerner ses trophées :

     Trophée de « la Cathédrale d’or de Manizales », à l’auteur de la meilleure faena : Manolo Caballero, le 10 janvier, face au toro « Aguafiestas » de « Don Ernesto ». Le toro eut la vie sauve.

     Trophée au meilleur lot de Toros : Don Ernesto Gutierrez Arango – Corrida du 10 Janvier, avec l’indulto du fameux « Aguafiestas » .

     Trophée au meilleur novillero : Cristian Restrepo

Manolo Caballlero et Paquito Perlaza se partagent la multitude de trophées parallèles, parmi lesquels celui au meilleur ba,nderillero, attribué à José Antonio Carretero, de la cuadrilla de Caballero. Décidément, carton plein ! Enhorabuena .   

 

14 JANVIER 2001, « SE NOS FUE JULIO ROBLES »…

     Non vraiment, ce ne fut pas un dimanche comme les autres. Alors que nous attendions l’heure du paseo, là-bas, dans la Monumental de Mejico, une nouvelle est tombée, glaçant le cœur de ceux « de la génération 70 » : « Ce 14 janvier 2001, Julio Robles vient de mourir ».  Il était juste cinq heures à Salamanque.

 

     Julio était entré en clinique hier, Samedi 13, vers 19heures, à la Residencia Sanitaria de la Trinindad. Son état était grave. Péritonite aigüe, avec perforation du colon. L’opération avait été retardée, à cause de son état de faiblesse. Intervention rapide, efficace, et transfert à l’unité de soins intensifs. Le diestro réagit avec des hauts et des bas, au niveau tension et respiratoire, mais, ce 14 janvier, vers 17 heures, un arrêt cardio respiratoire emportait à jamais celui qui fut un des plus grands diestros salmantinos, torero de tête et d’esthétique, le meilleur capeador de sa génération. Une carrière marquée par le destin, une carrière torera qui s’était déjà arrêtée une fois, le 13 Août 1990, en plaza de Béziers, quand le toro « Timador », de Cayetano Muñoz, lui avait interdit à jamais de marcher, de toréer, de vivre.

     « Se nos fue Julio Robles, torero de los toreros… ». Il avait tout gagné, tout conquis, y compris Séville, en 1988. Il était torero de Madrid, de Bilbao, torero de mille et mille Aficionados de verdad. Il était, avant tout « le » torero de Salamanca

     Avelino Julio Robles Hernandez est né le 4 décembre 1951, à Fontiveros (Avila).  Très tôt, sa famille dût venir s’installer près de Salamanque. Très vite, « le entro el gusanillo ».

     Il revêtit son premier costume, le 28 Août 1968, à Villavieja de Yeltes, et toréa sa première novillada piquée, le 10 Mai 1970, à Lerida. En 1971, il se présenta, le 17 Juin, à une « nocturne » de Dax. Un novillo du conde de la Ruiseñada lui infligea une des premières cornadas de sa carrière. (Il y en eut beaucoup, cornadas par les toros, cornadas par les hommes…et une femme). Bayonne le reçut, sans succès, le 14 juillet suivant. Il fallut attendre le 3 octobre, à Mont de Marsan , pour mesurer l’immense torero qu’allait être Julio Robles, dans un faenon, face à un novillo de Paco Camino.

     En 1972, il est l’un des ténors de la novilleria. Madrid le découvrit le 11 Juin 1972, avec le Capea. Angelete se fait prendre par le premier J.P Domecq qui, c’est un comble, s’appelait « Voltereta ». Le mano a mano forcé sera triomphal. Julio Robles sera obligé de donner trois vueltas, à la mort du cinquième. Le novillo de la présentation à Las Ventas s’appelait « Vicioso ».

     Le toro de l’alternative, de Juan Mari, s’appelait « Clarinero ». C’était à Barcelone, le 9 juillet 1972. Paco Camino « témoignait ». Diego Puerta était le parrain, comme le fut Antonio Bienvenida, à Madrid, le 22 mai suivant, pour la confirmation, devant le toro « Pernote », en présence de Palomo.

     Depuis, Julio courut tous les ruedos, monta tous les échelons de la gloire torera. Il monta si haut qu’on le dit « torero de los toreros ». Il monta  jusqu’au terrible choc du 13 Août maudit. La France avait déjà connut Arles, la terrible malchance, la silhouette torera recroquevillée que l’on emporte, dans l’anxiété générale. Adieu, costume, adieu lumières. Julio Robles ne remarcherait plus jamais.

     Une dernière date vient s’inscrire à cette incomplète biographie : 14 janvier 2001… Un dimanche comme les autres…

     A Salamanque, et sur toute la planète taurine, les yeux sont noyés de larmes. Un des premiers présents, Santiago Martin, le « Viti » aux cheveux tout blancs, est là, qui accompagne son ami, son fils. Le Capea est perdu de douleur, Ponce ne peut que murmurer les mots de l’ami, du torero, du « compagnon du dernier muletazo ». Un soir de 98, en fin de saison, dans la finca d’Enrique, près de Jaen, on fêtait la fin de saison. Julio était là. On toréa quelques vaches, et Julio Robles, depuis son fauteuil roulant, une muleta attachée à sa main gauche, donna trois muletazos, les plus beaux de sa vie. Ils s’en vont tous vers Salamanque, ces toreros tellement fiers mais tellement hommes, eux qui lui avaient offert, qui un semental, qui plusieurs vaches braves, pour que, dans sa finca « la Yeguicera », Julio vive la vie et l’espoir du futur ganadero.

     Alfonso Navalon, le terrible revistero, écrit aujourd’hui son âme en peine. Ami de longue date, il était compagnon de tertulias, de dominos et de bamboches, de grandes ballades et de parties de chasse… « Julio Robles, enamorado de la vida »…

     A Salamanque, on prépare un dernier adieu. Le fidèle Limo, est arrivé à la clinique, avec le costume blanc et or, soutaché de noir. Mais le Viti lui a doucement dit « non ». Julio Robles, matador, est mort le 13 Août 1990. Aujourd’hui disparaît un ami, et « una buena persona »…

     Dans le grand salon d’honneur de la Mairie de Salamanca, veillé par des gardes en uniforme d’apparat, Julio est là, et des milliers d’hommes et de femmes de ce pays si torero, viennent lui dire adieu. Le cercueil est ouvert. Le visage est enfin serein, les mains sont jointes. Julio porte chemise blanche et cravate noire, comme « juste avant de passer la chaquetilla », quand les copains venaient le saluer, à l’hôtel, avant la corrida. Au pied du linceul, un capote de paseo, rouge et or.  Adios, Torero...

     Ce lundi, vers 13 heures, la Plaza de la Glorieta recevra Julio Robles, « Torero de Salamanca », pour un dernier paseo. A quelques kilomètres, à la finca « La Yeguicera », une vache brave cherchera, perdue, celui dont elle venait, tous les jours, lécher la main…
 

MEXICO : JULI TRIOMPHE, MAIS GARIBAY SORT A HOMBROS

     Julia Lopez a réussi en grande partie son pari, hier, à Mexico. La plaza Monumental s’est rempli , à 90%, et il a coupé une oreille. Contrat rempli. Pourtant, le connaissant, il a dut rager, fulminer. Son orgueil d’enfant et de torerazo a du boullir… Il restait des places, on  lui a protesté l’oreille coupée, et c’est le collègue qui est sorti a hombros… Cela ne va pas se passer comme cela. Rendez-vous à la prochaine.

     14 janvier – Mexico – Plaza Monumental – 13ème corrida de la Temporada - Casi lleno (plus de 36000 spectateurs) :  La corrida de Bernaldo de Quiros, juste de présence, quoique lourde, un peu faible, mais noble. Le lot de San Roman ne permit rien, et le diestro « régala » le sobrero. En général, la corrida  « a servi », les 3, 5 et 7ème méritant « l’arrastre lento », qui ne fut concédé qu’à ce dernier.  

     Tous attendaient « El Juli ». Il fut torerisimo toute la tarde, se multipliant avec cape, banderilles et muleta. Hélas, l’épée n’a pas voulu « voyager à la première »… Le jeune madrilène rendit hommage, par deux fois, à Julio Robles. En brindant au ciel sa première faena terminée par de manoletinas à genoux ; en donnant trois roblesinas, au cours de son trasteo triomphal, face au cinquième, tandis que les olés sonnaient, unanimes. Un vrai triomphe, chaque fois… jusqu’au moment de l’épée: trois pinchazos au premier, et ovation, seulement ; deux autres avant de basculer le cinquième, et le public protesta l’oreille accordée, au point qu’il dut la cacher, pour faire la vuelta. Une actuacion torera, très satisfaisante, mais pas le grand triomphe. Cela dit, en Espagne, les empresas ont dû serrer les dents, et la main sur la poignée du coffre fort. « Maudit garnement… il a rempli la Mejico ! »

     Oscar San Roman a fait ce qu’il a pu avec ses deux toros. Volonté sans résultats : Ovation et sifflets, après un avis. Il offrit le septième et le toréa bien, mais, ce n’était pas son jour – Et c’est Ignacio Garibay qui fit au troisième, la faena du jour. Séries excellentes, sur les deux mains, et un gros coup d’épée. Le président accorda deux oreilles excessives, que le public protesta. Vuelta triomphale, un seul trophée à la main. Le torero essaya vainement de réveiller le sixième, et le public lui en sut gré.

     Tandis que Juli maugréait son succès, dans sa barbe naissante, Ignacio Garibay sortait a hombros de la monumental de Mejico, en compagnie du ganadero. « Ca ne va pas se passer comme cela… Rendez-vous à la prochaine ! »

     Pendant ce temps, avec beaucoup moins de pression, on le devine, Eloy Cavazos coupait quatre oreilles et un rabo, en plaza de San Luis de Potosi. Andy Cartagena l’accompagnait dans le succès, avec trois oreilles et une queue.

 

« FIJATE, BIEN TORERO ! »

     16 janvier : C’est fini ! Là-bas, dans le cimetière de Ahigal de los Aceiteros, petite bourgade de Salamanque, repose le corps torero de Julio Robles.

     Hier, des milliers de personnes, le cœur en larmes, ont accompagné le plus grand cartel qu’aucune empresa ne pourra jamais composer. Ils étaient tous là, les compagnons toreros, les yeux gonflés de larmes, de douleur contenue, eux qui la connaissent si bien. Ils étaient là, les gladiateurs, les combattants, et ils pleuraient comme des enfants. Quelle plus belle reconnaissance pour le matador disparu, que ces mains, ces regards, cette dernière vuelta sur les épaules de ses collègues, auparavant adversaires respectés, dans le ruedo, puis amis « de verdad », après Béziers.

     Ils étaient tous là, et le cercueil, couvert du capote à l’image de la Virgen del Mar, d’Almeria, eut, tout au long de son dernier paseo, de dignes et respectueux porteurs. Des noms prestigieux, des hommes, tout simplement, qui portent celui qu’ils aimaient. Ils étaient tous là, mais bien sûr,  le Viti, le Capea, Enrique Ponce, Espartaco, Ortega Cano, Victoriano Valencia, plus près que jamais.

     Toute la nuit, des centaines de personnes étaient venues lui dire adieu. Dans la matinée, la police avait estimé à 2500, ceux qui étaient passés devant la dépouille du maestro, le temps d’un dernier regard d’amour et de respect. « Julio Robles dans le cœur de tous », parce qu’il était un grand torero, mais surtout, parce qu’il était un brave homme, avec ses qualités et ses défauts, parce qu’il était « un grand » qui n’avait pas eu de chance.

     La plaza Mayor était noire de monde quand, à mi journée, le cercueil fut conduit au couvent de Dominicains. Partout le silence, les yeux rougis, la dignité, simple, sincère.

     Une liste sans fin de toreros, figurones del toreo, d’autres qui restèrent à mi-chemin, d’autres encore, qui le rêvèrent. Tous étaient là, et leurs noms réchauffaient le cœur glacé du compagnon défunt : Aux côtés des matadors déjà cités, des anciens, comme Gregorio Sanchez, Andres Vasquez,, puis ceux de la génération 60/70  Palomo, Curro Vazquez, Jose Mari Manzanares, les Frères Campuzano, Roberto Dominguez, El Puno, Raul Aranda , Paco Alcalde, Espla, Damaso Gonzalez , El Fundi, Miguel Rodriguez; Ceux d’aujourd’hui, Joselito, Jose Tomas, Pepin Liria, David Lugillano, Oscar Higares, Manolito Sanchez, Pedrito de Portugal ; d’autres encore, plus jeunes, Eugenio de Mora, Miguel Abellan, Uceda Leal… Et puis, ceux de Salamanca : Julio Norte, presque son fils, Jose Luis Ramos, Rui Bento Vasques, Javier Castaño et ce torero tellement imprégné de la personnalité torera de Julio Robles, qu’il en est arrivé à lui ressembler physiquement, Juan Diego.

     Ils étaient tous là. Bien sûr, on oublie ici des noms. Que ceux là ne s’en offusquent pas. Ils étaient « tous » là… Du Mexique, un « enfant torerazo », avait envoyé une des soixante couronnes qui accompagnaient le diestro.  Bien sûr, il y avait là  tous les ganaderos du Campo Charro, les grands noms du Mundillo, apoderados, empresas et ceux de la Presse Taurine. Alfonso Navalon, le diable, le méchant pourtant si passionnément humain, était là aussi, compagnon de promenade, de chasse et de discussion sans fin .

     Au moment où ceux qui étaient chargés de mettre le cercueil en terre, précipitaient leurs manœuvres, Ortega Cano murmura, autoritaire : « Doucement, faites doucement, aussi doucement que toréait le maestro ! »

     Aux côté de ces grands noms, les trois sœurs de Julio, Candela, Maribel, Isidora, et son frère Florindo. Tout près, celui qui ne l’a pas quitté d’un pouce, depuis Béziers, le fidèle Limo. Il était son homme de toute confiance, son infirmier, son confident, le témoin de ses moindres sanglots, de ses nouveaux sourires… Et puis, peut-être un peu plus loin, plus seule, plus triste encore, une jolie jeune femme… Veronica.

     « Veronica ! Fijate bien, Torero… »  Elle porte le nom d’un femme. Elle en a la douceur, la sensualité, mais aussi l’autorité, la fierté, la force. Cette passe de cape est le premier legs du maestro Julio.

     « Fijate bien, torero ! », prête attention, toi qui es , ou veux devenir torero ». Mieux que personne, Julio Robles savait « fixer » un toro, à la première passe de cape. Que le toro sorte abanto, distrait, fuyard,  manso huidiso, Robles avait une façon de capter son attention, de le retenir, de donner ce premier lance, déjà une véronique, en perdant un pas, qui faisait que le toro, automatiquement, mathématiquement, obliquait sa charge vers la barrière. Alors, un nouveau cri, un nouveau cite répétait la manœuvre, et au bout de deux ou trois fois, le toro était « fijado en el capote ». Alors commençait la symphonie. Alors surgissait le toreo, doux et fort à la fois, la cape plane, la jambe avancée, le menton dans le jabot de la chemise… Julio Robles toréant à la véronique. Et dans les gradins, on faisait silence, avant d’éclater de plaisir. « Tecnica y arte ! Arte y tecnica ! Valor y saber andar con el toro… Julio Robles ! »

     « Fijate bien, torero ! ». A l’heure où « les nouveaux » reçoivent un toro par un delantal, impeccable mais vain, et ont le temps d’une partie de dominos, avant que le bicho ait fait un tour entier du ruedo…qu’ils se souviennent du Maestro Julio, de sa véronique, de son toreo, de sa vie.

     Il était « toreros de los toreros » et il était « homme de bien ».

     Toda  una figura et, aujourd’hui , un enfant qui dort auprès de sa mère, là-bas, à Ahigal de los Aceiteros. Reposez bien, Maestro ! Dors bien, Julio…
 

UN PRESIDENT… « AUX PETITS OIGNONS »…

     17 janvier :  C’est bien connu… « Quand on ne sait pas quoi faire, on crée une commission ! »

     Si les affaires marchent bien, on la félicite autour du « pot de l’amitié », en soulignant bien que, si elle a si bien fonctionné, c’est grâce au « nerf de la guerre » et aux moyens qu’on lui a donnés. Donc « Bravo, mais…Vive moi ! ».

     Quand arrive un problème, elle a vocation de paravent, de rempart et bien souvent… de fusible ! Vous savez, la rengaine du « C’est pas moi, c’est l’autre ! »… Alors, si la fièvre est trop haute, et « qu’il faut faire quelque chose », on dissout la commission, on vire son président, et on met à sa place une nouvelle structure, menée par un président « plus plat », aux angles « plus arrondis », plus proche, souvent, de celui qui possède « le nerf de la guerre »… Ca commence toujours par un communiqué et un  « un pot d’amitié », au cours duquel le nouveau promu débute son discours d’intronisation par : « Je voudrais, avant tout, rendre hommage à mon prédécesseur, et au remarquable travail qu’il a mené »…. Tu parles !

     Depuis plusieurs mois, Mexico City  vit une monumentale crise taurine, avec pour conséquence la totale désaffection du public de la Monumental. Seuls, des événements majeurs, comme la présence du Juli, ont réussi à remplir la plaza. Mais la temporada, tant dans les gradins, dans les couloirs que dans les toriles, est désastreuse. La presse spécialisée se déchaîne, en particulier contre l’empresario, Rafael Herrerias qui, dit elle, a réussi à faire de la monumental, la première du monde, une plaza de pueblo où règnent la fraude, la corruption, le mépris et le vol. Toutes des joyeusetés auxquelles s’ajoutent la violence et l’insécurité, suite à l’agression physique, dimanche au cours du sorteo, du fameux sieur Herrerias sur la personne du vétérinaire Benjamin Calva, auteur des examens post mortem qui avaient révélé que 50 % des toros lidiés à Mexico entre le 29 octobre et le 10 décembre, étaient des novillos … et presque moins que cela.

     Certes, le corrida de dimanche qui a vu se remplir la plaza, grâce au Juli, a permis de calmer les esprits. Les toreros ont eu du succès, les toros sont sortis corrects et donnant bon jeu, au point que le ganadero est sorti a hombros. Cependant, la vague n’est pas retombée, ou plutôt, elle est retombée hier, et bien sûr…c’est la commission taurine qui a « a tout bu »…

     Elu maire de Mexico en Décembre, Andres Manuel Lopez, vient de destituer le président Julio Tellez et de dissoudre sa commission taurine, le remplaçant par Carlos Mendoza Aupetit, ce qui donne aux français la possibilité d’un mauvais calembour, interdit aux hispanisants, mais qui, vu les circonstances, ne peut décemment être évité :  Don Carlos Mendoza, un président… « aux petits oignons » ?

     Aux dires de la première autorité de la capitale, cette décision avait été prise en novembre dernier, et n’a rien à voir avec les problèmes actuels, en particulier la levée de boucliers provoquée, notamment chez les ganaderos, par la révélation des fameux résultats… Ben voyons ! le hasard fait si bien les choses…

     Comment cette nouvelle commission va t’elle poursuivre les investigations menées par la précédente structure ?  Elle ne pourra pas les enterrer. Elle ne pourra passer outre la pression de la presse, actuellement sur les dents. Elle ne pourra  éviter la pression populaire, qui se manifestera à la prochaine incartade. Le Señor Herrerias aura beau faire assaut d’imagination et  de diplomatie (c’est mal parti !), il semble que ses jours soient comptés, à la tête de « la Mejico ».

     De toutes façons, on va être rapidement fixé. Le cartel de dimanche vient d’être confirmé : Huit toros de Teofilo Gomez, pour Mariano Ramos, Rafael Ortega, Manolo Caballero et Eugenio de Mora. A n’en pas douter, cette affiche, il y a quelque temps, aurait rempli la plaza : Un ancien glorieux, Mariano Ramos; la relève nationale, Rafael Ortega ; le triomphateur de la saison passée, Manolo Caballero, et De Mora, le diestro espagnol qui a créé sensation lors de sa présentation, cette année. Tout à fait intéressant. Résultat dimanche.

    Mais, vu le climat … Media plaza ?
 

LE REVEIL DE SAN SEBASTIAN

     18 Janvier : La temporada taurine, on le sait, débute chaque année plus tôt et se termine plus tard. Auparavant, on « ouvrait » aux Fallas et on se disait « au revoir », à Zaragoza… Puis, au fil des ans, de nouvelles ferias, de nouvelles empresas ont vu le jour, qui, par nécessité d’occuper le terrain, ont travaillé leur imagination, leur sens de la communication et se sont installées « là où il y avait de la place »…qui, en tout début de saison, qui aux dernières lueurs de son crépuscule. Alors, par vents et marées, ces arènes ont réussi à faire que leurs trouvailles deviennent tradition, et leur challenge, rendez vous incontournable. Bien entendu, il vaut mieux travailler en début de temporada, quand l’aficionado « a soif de toro » et que, lassé par les longues journées vides d’émotion, il est prêt à bondir sur le moindre cartel. En fin de saison, on risque de donner rendez-vous à la lassitude, la désillusion et la mauvaise humeur. Tandis que là, les yeux pétillent, la voix est claire, l’illusion intacte. « Donde vas ? - A los toros, por fin ! »

     On parlait de Valdemorrilllo qui, depuis les années 70, ouvrait le bal. Feria de neige et de feu, où des « second couteaux »essayaient de forcer le destin en s’envoyant des mastodontes bien cornus, dans des conditions, climatiques et techniques, parfois douteuses ou déraisonnables quant à la sécurité. On se souvient de Pedro Somolinos, en 78, toréant un mastodonte, sous une neige tombant dru. Valdemorrillo qui chaque année, faisait  lever le sourcil, mais qui, pour des raisons de basse politique, taurine et autre, a perdu un peu de son âme, et beaucoup de son impact.

     Les années 80/90 ont vu d’autres entreprises prendre leur essort, d’autres plazas marquer l’événement, en tout début de saison. Ainsi Olivenza qui s’est installée dans le créneau « cartel de luxe » et « événementiel », et jusqu’à présent, on peut dire que le pari est gagné : Du retour d’Espartaco, à l’alternative de Ferrera, en passant par la présence triomphale des Victorinos, torées par des figuras, Ponce, Juli, Morante, Ortega Cano … avec indulto inclus, Olivenza fait parler d’elle jusqu’à…. ce qu’une autre trouvaille, plus forte, plus médiatisée, ne la relègue en quelque placard.

     San Sebastian était tombée bien bas… si bas que l’on ne parlait « toros » qu’en presque cachette, loin des lumières, au fond d’une vieille tasca, à l’abri de la pluie et des « follones ». San Sebastian avait perdu ses toros. Le vieux Chofre avait vu basculer ses tours en 1973, et depuis, tristesse infinie, le gris et le rouge sang avaient pris la suite. Il était plus facile de trouver dans les kiosques à journaux, tous les détails du dernier attentat de la ETA, que le « Ruedo », « Aplausos » ou « 6Toros6 ». Une ruine complète. Et puis, grâce à deux ou trois têtus et à une famille puissante, faite de tradition, de savoir et de formidable aficion (absolument !), San Sebastian vient de connaître « une nouvelle naissance ».

     On peut tout dire sur la Casa Chopera. Tout et son contraire. On a eu mille fois l’occasion de rouspéter, voire de haïr, surtout de notre côté de la planète, dans le sud ouest français. Régnant sur deux des trois plazas de la zone, pesant sur d’autres arènes moins importantes mais tout aussi stratégiques, les Chopera sont maîtres des lieux depuis que Marcel Dangou, lassé des « vacheries » que lui faisaient les taurins, vers 1960, avait dit : « Bon, l’indépendance, c’est bien joli, mais j’aimerais aussi pouvoir dormir un peu plus tranquille ! »

     On pourra s’en plaindre, mais aussi s’en féliciter. Cependant, la grande Famille, menée par ce diable de Manolo, a reconstruit San Sebastian, lui a donné une plaza, lui a redonné la fierté aficionada et va faire de Donostia, la ville taurine dont on parle, chaque début de temporada. Monterazo !

     Sens de la stratégie, imagination, puissance et le tour est joué. L’inauguration de la plaza d’Illumbe avait été un événement, la deuxième année avait été illuminée par le concours des novilladas. C’était une surprise que beaucoup avaient appréciée, malgré scepticisme et quelque sourire en coin. Il faudra, cette année, ranger les hésitations et les doutes : le début de saison  sera occupé par « la deuxième Rencontre Internationale des Novilleros » dont les cartels viennent d’être révélés hier.

     Cinq novilladas de qualification, deux demie finales, une finale, le tout, chaque samedi, à partir du 17 Février. Puis, cerise sur le gâteau, accompagnant la finale du 30 Mars, deux corridas de luxe, deux événements, les 31 mars et 1er avril. Pas à dire, chez les Chopera, on sait se creuser la tête, on sait imaginer, remettre cent fois l’ouvrage, faire jouer le métier, se positionnner en Aficionado… « Si j’étais aficionado, qu’est ce qui me plairait ? ». Concours de novilleros ? Voici ! Corridas-événements ? Voilà !…

     31 Mars : Corrida de Victorino Martin pour Ruiz Miguel, Fernandez Meca et Juan Jose Padilla. Toros y toreros, de quoi faire venir des centaines de français sur les gradins d’Illumbe.

     1er Avril : Alternative de Javier Castaño, avec des parrains de luxe : Ponce et Juli ! Les toros seront de  Santiago Domecq… Bonne entrée garantie.

     Sept novilladas avec du ganado « de lujo », puis deux corridas fortes, le tout agrémenté de prix populaires, de fortes réductions pour ceux qui prennent l’abonnement total ; la télévision en direct pour la finale et les deux corridas…Que demander de plus ?

     On aurait mauvaise grâce, mauvaise foi, à faire la moue, la fine bouche, ou carrément la gueule, devant une telle proposition, en tout début du « banquet 2001 ». A n’en pas douter, cela débutera par un festin. Hombre !  du côté de Donosti, on sait ce que manger veut dire ! 

Les Affiches "d'Illumbe" sont les suivantes:

Samedi 17 février. Novillos de Montalvo pour Leandro Marcos, Jalisco et Matías Tejela

Samedi 24 février. Novillos de “La Quinta” pour Abrahám Barragán, Guerrita Chico et Javier Valverde.

Samedi 3 mars. Novillos de San Martín pour Fabián Barba, Salvador Vega et César Jimenez.

Samedi 10 mars. Novillos de Marí Carmen Camacho pour Fernández Pineda, Sergio Aguilar et Julien Lescarret.

Samedi 17 mars. Novillos de Cebada Gago pour Luis Vital “Procuna”, Sánchez Pulido et Reyes Mendoza.

Samedi 24 mars, première demi-finale. Novillos de Pedro et Verónica Gutierrez Lorenzo.

Dimanche 25 mars, deuxième demi-finale. Novillos de Martínez Elizondo.

Vendredi 30 mars. Finale. Novillos de Fuente Ymbro.

Samedi 31 mars. Toros de Victorino Martin pour Francisco Ruiz Miguel, Stephane Fernández Meca et Juan José Padilla.

Dimanche 1er avril. Toros de Santiago Domecq pour Enrique Ponce, El Juli et Javier Castaño qui prendra l'alternative.

 

Y QUE PASA CON JOSE TOMAS ?

     19 Janvier :  Soyons clairs, il n’est pas question de dénigrer ici la personnalité torera, le talent, le courage spécial de José Tomas. Bien au contraire, c’est parce qu’on veut le voir au plus haut, parce qu’on veut applaudir ses salidas a hombros des plus grandes plazas, après s’être loyalement battu avec les autres toreros figuras, que l’on peut honnêtement se poser la question : « Il ne va pas nous refaire le coup de l’année dernière ? ».

     Les caprices de mazette sont à laisser aux stars du celluloïd et aux politiciens, de tous bords. Un torero est un héros qui affronte la mort. Il est, avec le pilote de formule 1, le seul homme de spectacle qui sort de son hôtel sans être sûr d’y revenir entier, trois heures plus tard. Cela implique un respect, une admiration totale, de la part du public. Cela implique aussi une attitude de pundonor et de superbe, en un mot, de toreria, de la part du torero. « Là où Ponce coupe une oreille, je coupe deux ! Là où le Juli coupe deux, à moi le rabo ! », et cela, à Séville, Pamplona, Bilbao et… « si Madrid, mejor ! ».

     La télévision est un faux prétexte. Elle est « un œil de plus » qui reflète la vérité vraie, surtout avec les moyens dont elle dispose. Donc, elle répercute à foison l’émotion du grand Toreo, et la magnifie. Elle est la meilleure alliée de celui qui se dit figura. En montrant ses triomphes en direct, elle crée l’Aficion, amène du monde à la plaza, augmente la popularité du torero et lui permet des prétentions financières incalculables… Par contre, si le torero « coince », elle le dit, tout simplement. Bien sûr, c’est risqué. Mais alors : Figura ou pas ? Que dire, alors, des autres qui « se la jouent » en direct, sans se poser la questions ? Asi que, no vale, lo de la Tele !

     « Il ne va pas nous refaire le coup de l’année dernière ? » Poser aujourd’hui, cette question est la meilleure façon de dire à José Tomas : « Maestro, nous vous mettons « au plus haut », et voulons vous voir « au plus haut » ! Alors, atarse los machos, se faire annoncer dans toutes les ferias, au tarif que vous désirez, et placer ça et là, quelques « événements » qui traduisent la véritable force d’un vrai candidat à N°1. C’est ce que nous attendons de vous. Pour le moment, vous êtes un grand torero «entièrement à part ». Nous voulons vous voir Figura « à part entière ». En attendant, nous regardons, le sourcil à peine levé, vos actuaciones en plazas de seconde et troisième catégories, avec du ganado en adéquation, mais applaudissons très fort le Juli et le Maestro Ponce qui font tout le parcours et « s’envoient tout ce qui passe ». Esos son figuras del Toreo ! Barcelona est votre plaza, vous en avez réveillé l’Aficion. Enhorabuena ! Voyons si vous êtes capables de vous annoncer à Las Ventas, avec Ponce et Juli, un soir de San Isidro, con el toro de Madrid ?

     « Il ne va pas nous faire le coup de l’année dernière ? ». Pour le moment, les minauderies continuent. Il faut attendre jusqu’à lundi, pour savoir si Jose Tomas daigne ou non toréer aux Fallas ! Bien ! Arles vient de sortir ses affiches. Pas de Tomas, pas de Joselito à l’horizon ! Pas de Mendoza non plus, d’ailleurs. Par contre, Ponce et Juli s’y rencontrent, sans faire de chichis, et le premier jour, encore ! Eso es de Figuras !

     Jose Tomas pense toréer vite, à Vista Alegre. Oui, oui ! Elle a beau être super confortable, super couverte, super tout ! elle demeurera « la seconde » de Madrid, et personne n’empêchera personne de la considérer plus comme un gadget, qu’une vraie plaza de toros, « con sol y moscas incluidos ! » …

     « Il ne va pas nous faire le coup de l’année dernière ? ». Probablement pas, du moins, espérons le. Pour le moment, on parle de parution à Séville, avec une télévisée, enfin, des rumeurs qui traduisent l’attitude des empresas et des critiques taurins. Les deux se grattent la tête d’une main. De l’autre, l’empresa tient son carnet de chèque, ses brouillons de cartels… et le journaliste, sa feuille blanche ou son portable éteint.

     Et l’on attend la fumée… De quelle couleur sera t’elle ? Elle ne pourra qu’être blanche ou carrément noire. Mais en aucune façon, comme l’année dernière, « entre gris clair et gris foncé »….
 

FERIA DE PAQUES EN ARLES

     19 janvier : Arles vient de sortir, hier, ses cartels. Pas de grandes surprises à la lecture des combinaisons, sinon une volonté de panacher le torista et le torerista, de jouer un peu sur le « morboso », en particulier devant les Pablo Romero.

     Cinq corridas, une de Rejoneo, une novillada formelle et une non piquée. Double spectacle au fil des quatre jours, du vendredi au lundi. Vaya ! Pourvu que le temps accompagne.

     On appréciera la force du premier cartel : Ponce et Juli se rencontrent, avec Jean luc de témoin, devant des Victoriano del Rio ! Muy rematado - Victor Puerto et Califa ensemble, gallos de pelea, face aux Alcurrucen, Sebastian Castella jouant en finesse. Il faudra s’accrocher - Dimanche matin, cardiaques s’abstenir. Face au Partido de Resina, Fernandez Meca devra ouvrir l’œil… sur ses deux compères. On sait « le vilain moment nîmois » entre Padilla et  Ferrera . Veut on jouer la deuxième manche ? Cela finira t’il en bataille rangée…ou en un abrazo du style « je n’ai jamais aimé que toi » ? - La corrida de Baltasar Iban doit être « una tia », parce que le cartel est « un peu beaucoup flojo » : Mora, Davila et Losada ! Bof ! - Dernier jour : Caballero, pour le tableau de marquage, Finito pour le toreo et Juan Bautista, maître des lieux, face  aux toros du Pilar. Muy bien ! - Sans oublier la rencontre matinale à cheval entre Moura et Cartagena. Le classique et le baroque. Ambiance garantie -  Si l’on ajoute une jolie novillada piquée avec les récents promus Cesar Jimenez et Julien Miletto, plus la non piquée en apéritif, on a une feria qui se tient bien, où l’on notera l’absence, quand même, de Pepin Liria, triomphateur 2000,oublié.

     « Pâques 2001 en Arles », les cartels sont les suivants :

FERIA DE PAQUES

Cinq corridas au lieu de quatre précédemment, une corrida de rejones, une novillada piquée et une novillada sans chevaux composent le programme, du 13 au 16 avril. 

Vendredi 13 à 11 heures. Novillos de Christophe Fano pour Jérémy Banti,  Piccini (d’Arles), le nîmois Veyrunes, et les espagnols Curro Reyes, Francisco Javier et Garcia Landa.

Vendredi 13 à 17 heures. Toros de Victoriano del Rio pour Enrique Ponce, El Juli et Juan Bautista.

Samedi 14 à 11 heures. Novillos de San Martin pour Yvan Garcia, César Jimenez et Julien Miletto.

Samedi 14 à 17 heures. Toros d'Alcurrucén pour Victor Puerto, El Califa et Sébastien Castella.

Dimanche 15 à 11 heures. Toros de Partido de Resina pour Stéphane Fernandez Meca, Juan José Padilla et Antonio Ferrera.

Dimanche 15 à 17 heures. Toros de Baltasar Iban pour Juan Mora, Eduardo Davila Miura et Antonio Losada.

Lundi 16 à 11 heures. Corrida de rejoneo. Toros de Los Espartales pour Joao Moura et Andy Cartagena mano a mano.

Lundi 16 à 17 heures. Toros d'El Pilar pour Manuel Caballero, Finito de Cordoba et Juan Bautista.

 

RANCHERA MEJICANA…

     20 Janvier : Tout content, l’empresa de la Monumental de Mexico, Rafael Herrerias. Dans ses dernières déclarations, il qualifie de « mucho muy bueno » le remplacement de Julio Tellez par Carlos Mendoza, à la tête de la nouvelle Commission Taurine. On s’en serait douté. Alléguant que le président Tellez profitait de sa fonction pour mener une guerre personnelle à son encontre, l’Empresa se félicite des premiers contacts pris avec le nouveau « boss », et le caresse dans le sens du poil en vantant ses qualités d’aficionado et de défenseur de la fiesta. 

     Pendant ce temps, dans « Novedades », Jose Mata fait feu de tous bois contre le nouveau promu, le traitant de « novillero malogrado », aussitôt disparu après sa triste présentation à la monumental, le 10 octobre 1971, révélant un parcours, plus ou moins trouble, de cinéaste, pour la chaîne à scandale « Canal 6 ». Au total, un portrait peu flatteur, et une nomination due au conflit opposant l’ex Maire de Mejico à son successeur  Andres Manuel Lopez Obrador.  Pour le revistero, il est clair que les résultats révélés des analyses portant sur l’âge, ou le « bas-âge », des toros de la Mejico, ont été le détonateur qui a tout déclenché. Julio tellez était devenu un ennemi de la Fiesta et il fallait donc l’éliminer à tout prix. L’affaire n’est pas finie, car la Presse le soutient et a lancé tous ses fins limiers dans le sac politico-taurin mexicain. Il semble bien que la corrida, à Mexico, se déroule…hors de l’arène. Mais, au fait… A Mexico seulement ?

 

ESPARTACO, « A LO GRANDE… » 

     20 Janvier :  En 1978, il était un torero fou-fou, trémendiste populaire, qui, avec El Mangui, effectuait une honorable campagne de novillero puntero. 1979 le vit prendre l’alternative un soir de 1er Août, à Huelva. Il est une des rares toreros qui ait eu « El Cordobes », le vrai, comme parrain d’alternative. Il enchaîna alors des temporadas de torero vaillant, parfois brillant, toujours sincère et sympathique au public. Toreo électrique, quelquefois un peu vulgaire, basé sur le lié des passes, au prix de solides raclées. Puis, un jour de 1985, s’opéra le miracle. Un toro, un seul, révela au public et peut-être à Juan Antonio Ruiz, lui-même, quel énorme torero était Espartaco… Le toro s’appelait « Facultades », un colorado de piton acaramelado de Manolo Gonzalez. On était  le 25 Avril : Sur une seule faena, de grande classe, Espartaco entrait dans l’histoire des Figuras del toreo, et la Télévision répercuta l’événement, en direct, aux quatre points de la planète. (eh oui, messieurs Joselito et Tomas !). Depuis, huit temporadas au plus haut de l’escalafon, cinq sorties par la Porte du Prince, à Séville…Sacré parcours !

     Espartaco laissera l’empreinte d’un torero poderoso, lidiador intelligent, espèce d’ordinateur qui fait que « casi todos los toros le sirven ». Parfois il est horripilant, parfois il laisse pantois d’admiration devant la douceur, le temple de sa muleta. Mais il est surtout un homme de bien, simple, généreux, grand compagnon dans le ruedo, reconnu de tous.

     Marié à une femme adorable, entouré de rires d’enfants, Espartaco va se retirer cette année, après une carrière mémorable, et un terrible chemin de croix de plus de quatre ans. Pour un genou qui plie lors, d’un malheureux match de foot, l’homme de lumières va errer des mois et des mois, entre les couloirs de cliniques et l’armoire de la chambre où scintillent tristement les costumes de lumières. De multiples opérations, une convalescence si longue, et le retour, enfin, en 1999.

     Juan Antonio Ruiz « Espartaco » est… Séville. Pas comme Curro, mais d’une autre manière. L’an passé, aux Fallas de Valencia, un toro l’envoya très haut, et tous eûmes très peur, vraiment très peur. Sa Séville ne le vit pas.

     Cette année, le matador d’Espartinas va toréer sa dernière Feria de Abril de Sevilla, puis, le 29 septembre, jour de Saint Michel, il y fera ses adieux, et, quel que soit son résultat, on espère bien que la Puerta del Principe s’ouvrira une dernière fois, toute grande, pour ce prince des toreros.

     Les cartels de Séville se mettent en place, peu à peu, comme gigantesque puzzle. Pas facile, et Eduardo Canorea a suivi notre conseil…cargaison d’Upsa ! (Du coup, l’usine d’Agen est en grève. Peuvent plus fournir…). Une grande offensive publicitaire est lancée, autour du « Joker Ortega Cano ». Canorea sait qu’il aura des problèmes pour construire sa feria. Alors, on murmure « alternatives  de Luis Vilches, Fernandez Pineda ». On joue la montre… Mais, peu à peu, il semble bien que la tradition sera respectée et que le fils suivra les traces de son père.

     Pour la Corrida du Dimanche de Pâques, Espartaco et Juli sont fijos. On parle de José Tomas pour le troisième poste. Ce qui serait logique, la corrida n’étant pas télévisée. Dommage ! Espartaco prendrait ensuite les Juan Pedro, en compagnie de Ponce, pendant les Farolillos, et, le 29 septembre, les adieux, devant des toros de Nuñez del Cuvillo. Un autre torerazo, une autre « buena persona », seront au cartel : Enrique Ponce.

     A n’en pas douter, la dernière ligne droite d’Espartaco, et son dernier brindis à la Maestranza, feront partie des évènements de la saison 2001. Enhorabuena, Maestro, y mucha suerte.

 

LE CŒUR DES TOREROS

     20 Janvier : Il est d’airain, le cœur des toreros. Les nerfs sont d’acier, et le caractère...de cochon ! Bon, c’est moins poétique, moins cultivé, mais c’est plus clair. Pas à dire, c’est tous de fous furieux. De fait, il ne peut en être autrement. Mais quand le malheur est là, la catastrophe, la maladie, les toreros répondent présents.

     Un bel exemple de cette solidarité, le 4 Février, en plaza de Lorca. Ce soir-là, des maestros feront le paseo et donneront le meilleur de leur talent, de leur pundonor…pour un enfant de 10 ans, gravement malade, et qu’il faut opérer, aux USA. Participeront à ce festival : Ruiz Miguel, Pepin Jimenez, Victor Puerto, Juan Jose Padilla, Rafael Osorio et le novillero « El Rubio ». Todo un gesto !

     Le 18, c’est Murcia et sa plaza de la Condomina qui vibreront pour le septième Festival au profit de la lutte contre le cancer, cette vacherie dont on ne parle pas assez, mais qui tue plus que jamais…Au cartel, des toros de diverses ganaderias pour Pepin Jimenez, Enrique Ponce, Pepin Liria (qui a participé à tous) Victor Puerto, le Morante de la Puebla et le novillero Jorge Ibañez, accompagnés, à caballo, par le rejoneador Martin Gonzalez Porras. Monterazo, Señores !

     Elle est là, la solution à une grande despedida de Manuel Benitez « El Cordobes » : Des festivals d’adieux, en de grandes plazas (Valencia, Sevilla, Madrid) au profit de grandes causes, et malheureusement, elles ne manquent pas. Il n’est que de voir ces gens du Salvador qui voient comment on raye de la carte le nom de leur village, toute une vie, toute une misère, mais aussi toute une fierté. « C’était mon village… ». Manuel ! Tout le monde vous suivrait sur une telle initiative. Alors, vos adieux seraient dignes de la Figura que vous avez été. Puis, à Cordoue, au soleil d’une plaza pleine et émue, un dernier costume de lumières, une dernière coleta. Ici vibreraient à l’unisson les cœurs aficionados et …un grand cœur torero ! Ojala !

 

WEEK END TAURIN… DE L’AUTRE COTE…

     21 janvier : « Habia que cruzar el charco ! » Il fallait traverser l’océan ! Vous auriez pu prendre le bateau, courir les vents, surfer la vague, avec ceux du « Vendée Globe », ou de « The Race ». En vous y prenant à temps, vous arriviez à l’heure, à Cartagena de Indias, par exemple. De là, bus, certes confortable, mais long, avec des surprises possibles au long du trajet. De toutes façons, c’est trop tard, et même avec le buggy de Schlesser, même en tutoyant le règlement, vous n’arriveriez pas à temps.

     Le mieux… vous prenez l’avion et, au bout de onze heures de vol, vous êtes en plein week-end taurin. Il fait un peu froid à Bogota, et il pleut, comme souvent. Cela ne fait rien. Vous avez toutes les lignes à votre disposition : Vers le Venezuela, vers le Mexique, ou sur la Colombie, direction Medellin. Mais de toutes façons, il valait mieux y penser  vendredi. Alors, installez vous tranquille, et on vous raconte…

     Au Venezuela, on va suivre aujourd’hui la grande corrida de la Presse, en plaza de Valencia. Un gros cartel, pour cette traditionnelle corrida de gala, avec Finito de Cordoba, Morante de la Puebla et le venezolano Otto Rodriguez. Il y a eu de l’ambiance, hier, lors de l’examen préalable des toros par le corps vétérinaire. Enfin, empresa et Académie se sont mises d’accord sur cinq toros del Prado et un Rancho Grande. Vont alors arriver les cuadrillas pour le sorteo et alors… Après maints palabres (et palabrotas), la corrida se donnera. A suivre, en particulier le duo Finito/Morante, que l’on verrait bien en « pareja de arte », cette année.

     Au Mexique, on donne, dans l’ambiance que l’on sait, la 14ème corrida de la temporada, à la Monumental de Mexico. Les huit toros de Teofilo Gomez ont été approuvés. Corrida digne et charpentée (544 kgs de moyenne). Pour les affronter, un cartel du premier intérêt. Mariano Ramos est, certes un vétéran, mais tout de gloire vêtu et plein d’illusion torera. Rafael Ortega, torero « todo terreno » va vouloir triompher ici, pour la troisième fois. De plus, son succès d’hier, à Pachuca, va lui donner un moral d’enfer. Puis, deux Espagnols : Manolo Caballero et Eugenio de Mora. Caballero est en forme, il vient de triompher à Manizales. Son toreo de puissance et de quantité plaît au public capitalino, qui en a fait le triomphateur de la saison dernière, et au toro mexicain qui, théoriquement, « va a mas ». Eugenio de Mora a donné, le jour de sa présentation , une des meilleures, sinon « la meilleure » faena de la temporada, en la Mejico. L’aficionado et la critique ont chanté le temple et la profondeur de sa muleta (Souvenez vous de Séville, avec les Manolo Gonzalez). Deuxième sortie et grosse attente pour Eugenio, qui arrive « en plan de figura ». La seule question : Quelle entrée y aurat’il ?

     En attendant, hier, samedi 20 janvier, grande corrida en plaza de Pachuca. La corrida de Bernaldo de Quiros a donné grand jeu, et le quatrième, « Rondeño » a été gracié. La présidence a été large, mais il y eut de grandes choses - Rafael Ortega coupe deux au premier et « indulte » le fameux quatrième, brave en une grande pique et noblissime - Zotoluco torée bien son premier et se fait prendre à l’estocade. Coup très douloureux à la jambe droite, mais deux oreilles. Le cinquième était le garbanzo…hubo silencio - Et puis, « El Juli », qui coupe une première oreille, sans trop convaincre, et met toute la sauce, face au dernier : Cape, banderilles, muleta, épée, tout… Deux oreilles et le rabo ! Un vrai coq de combat - Accompagnait le trio, Pablo Hermoso de Mendoza, qui, face à une opposition, réduite, de San Martin, a fait un tabac à son deuxième, coupant tous les trophées, et sortant à hombros avec tous les collègues et le ganadero. Vaya !

     En Colombie, ce week-end taurin voit le grand début du mano a mano Medellin/Bogota. Au pied du Monserrate, la capitale colombienne va fêter le 70ème anniversaire de la Plaza Santamaria. Il ne s’agit pas d’une feria, mais de spectacles hebdomadaires, les dimanches de Janvier et Février, où se succéderont une novillada et six corridas de toros, à gros cartel. Cette temporada alternera avec la suite de la saison, à la Macarena de Medellin, qui elle donnera quatre corridas, un festival et une novillada, les samedis de ce début d’année 2001.       Cette alternance donne lieu à de très bons moments, dans les deux plazas, bien sûr, mais aussi dans l’avion qui relie, le dimanche matin, Medellin à Bogota. Les diestros qui ont toréé dans l’une, le samedi, sont souvent à l’affiche de l’autre, le dimanche, et toutes les cuadrillas, la presse, les accompagnateurs et amis se retrouvent  dans le même avion, dans l’ambiance que l’on imagine. Les hôtesses ont intérêt à être Aficionadas. Puis, arrivés à Eldorado, ou au Puente, les visages se ferment, les yeux se perdent. On est à Bogota, on torée cet après midi…

     20 Janvier : Bogota (Colombie) : Novillada d’ouverture - 4000 personnes - Du froid et, comme souvent, la pluie -  Huit novillos de Juan Bernardo Caïcedo, de peu de jeu, et des novilleros un peu frileux. Les colombiens « Procuna », Cristobal Pardo et un certain « Ramses », ont entendu plus de silence que de bravos. Seul trophée pour le novillero espagnol Rafael de Julia, mais vraiment rien de transcendant.

     Ce dimanche, première corrida du cycle avec la présentation et confirmation d’alternative, à Bogota, de José Pacheco « El Califa », auréolé de son apothéose d’hier, à Medellin. L’accompagneront, face à un lot de Mondoñedo, Manuel Diaz « El Cordobes » et le colombien « El Gino ».

     20 Janvier : Medellin (Colombie) : La première corrida, hier, dans la Macarena aux trois quarts emplie, a vu le formidable triomphe du Califa, coupant quatre oreilles, et causant une grande émotion, par la sincérité de son toreo, le serré de ses passes, le lié et la longueur des séries, le tout couronné de grosses estocades. Un gros triomphe du Califa. A suivre, ce dimanche, à Bogota – La corrida était composée de trois « Agualuna » et de trois « Zalduendo ». Les Domecq sont sortis « chicos », mais bien armés. Monopiqués, ils ont démontré noblesse et… plus de race que de force. On donna la vuelta au deuxième – « Dinastia » s’est montré poderoso. Un torero qui n’a rien d’artiste ni de génie, mais dont le métier et la volonté solides, en font une valeur sûre du toreo colombiano. Il coupe trois oreilles – Victor Puerto n’a vraiment pas de chance. Il touche les deux moins bons, et s’accroche comme un perdu, en vain. Pour arranger le tout, « il pinche à tout va ». Mala suerte, mais reconnaissance du public de Medellin, qui n’a pas pu voir le vrai Victor Puerto 2000/2001, mais l’ovationna très fort.

     La temporada se poursuivra vendredi par le grand festival, en nocturne, et samedi 27, par une corrida de Cerrobermejo, pour ManoloCaballero, Ignacio Uceda Leal et Paquito Perlaza.

     Bon week end, reposez vous bien, et… à  demain, pour les résultats, comme si vous y étiez !

 

WEEK END GLORIEUX POUR « EL CALIFA »…

     22 Janvier : Voilà un Calife qui n’aura pas fait les Amériques pour rien. Déjà repéré à Cali, à Manizales, Carlos Pacheco « El Califa », vient d’écrire deux lignes d’or à son curriculum : Apothéose, le samedi, à Medellin ; re-apothéose, le dimanche, à Bogota. 7 oreilles en deux corridas, deux sorties a hombros, et son nom sur toutes les lèvres. Pas à dire, la sincérité fait encore recette, et c’est heureux.

     Loin des machinations politico judiciaires qui font que personne ne croit plus  personne, ni en rien ; loin du sport dopage, des courses à millions, des rallyes gagnés sur le tapis vert ; loin des grandes parades que l’on suit à Washington, les lèvres pincées, tandis qu’à deux rues de là, on matraque allègrement, les toreros cachent derrière un peu de tissu et quelques dorures, leur peur, leurs doutes, leur fragilité. Héros nus, ils affrontent le destin, chaque soir, et ils y mettent leur cœur, leur savoir, leur honneur. Quand on pense que certains de nos soi disant leaders s’esclaffent « les corridas, quelle horreur ! »… Feraient bien d’en prendre quelques graines… de cœur, de savoir, d’honneur !

     Le grand week end a connu diverses fortunes toreras et ganaderas. Tant au Venezuela, au Mexique qu’en Colombie, l’aficionado a eu l’occasion de se passionner, mais aussi de soupirer, comme toujours. Mais au bilan, un nom restera gravé à l’histoire de ces 20/21 janvier 2001 : « El Califa . Au tableau d’honneur, également : Manolo Caballero , à Mexico, et le Morante, au Venezuela.

     21 janvier : Bogota (Colombie) – 1ère Corrida – ¾ de plaza en la Santamaria (10000 personnes) – Temps gris : D’encaste Santacoloma, la corrida de Mondoñedo  est sortie bien présentée et compliquée – Peu d’options pour le Cordobes qui touche un lot aspero, mais qui ne met pas la surmultipliée. Silence et bronca – Le colombien « El Gino » fut un peu limite au plan technique, face à deux décastés. On le respecta, en silence – Vêtu de blanc et or, Carlos Pacheco « El Califa », confirma son alternative devant le toro « Gamonal » - N°132 – 481 Kgs. Toute son actuacion fut de sincérité, de solidité et de technique appuyée sur un courage sans faille. Malgré une douloureuse cogida dont il fut soigné à l’infirmerie, le Califa coupa une oreille de Gamonal, et les deux du cinquième « Disiplente », abandonnant a hombros la Santamaria, qui ne pouvait mieux commencer les festivités célébrant ses 70 ans. Elle en a vu, des vaillants, mais celui-là promet de sacrées soirées.

     21 janvier : Mejico – Plaza monumental – 14ème corrida de la temporada – Moins de ½ plaza : Catastrophe pressentie ! Dans l’ambiance actuelle, l’Aficion capitalina ne se bouge que pour le Juli. "Cqfd"  Hier, le cartel était intéressant, et pourtant, plus de ciment que de sombreros. La corrida fut à l’unisson ! Toros de Teofilo Gomez, lourds, armés, âgés (mais oui !), mais sosos, faiblotes, décastés. Du coup, ne pouvant charger fort, ils eurent recours aux regards de côté, aux demi charges, à contre cœur, au sentido  et à « la mala leche ». Seuls  les deux premiers ont permis de se livrer. Le quatrième fut impossible – Mariano Ramos, le vétéran mexicain, se fit ovationner au départ. On respecta son métier et sa bonne volonté permanente. Il y eut de bonnes choses face à ses deux toros, mais il tua mal, écoutant avis et palmas, à chacun – Rafael Ortega mit la pression, dans les trois tiers, se faisant méchamment secouer, à  la troisième paire de banderilles, par son premier. Retour vaillant, faena de verve torera et estocade aguantando. Pétitions et vuelta. Le sixième avait du sentido, il fallut lidier. Palmas –Manolo  Caballero  coupe la seule oreille de la journée, face au toro « Huichol », auquel il va donner un grand quite par chicuelinas, terminé de quatre remates à une main. Avec le public « à faveur », l’albaceteño se montra poderoso, très technique, améliorant la charge du toro, qui le prit, heureusement sans mal. Longue faena, avec divers adornos qui, après estocade en deux temps, lui valent une oreille populaire, tandis que la presse se divise un peu. Le septième n’était que demi charges. On applaudit de bonnes naturelles, mais le résultat final fut Palmas et un avis – Eugenio de Mora toucha « la carne » et ne put rien faire. Toro manso, rajado en tablas. A matarlo y en paz ! Silence. Il fut par contre, à son avantages, dans de bons passages au dernier de la corrida. Hélas, le toro "se amorcillo" après l’estocade, et cette mort lente réduit le tout à un avis et forte ovation. Un bonne suée, presque pour rien. Cependant, la presse souligne la toreria de Eugenio de Mora qui sera revu, ici, avec plaisir, et, espérons le, plus de monde sur les gradins.

     21 janvier : Guadalajara (Mexique) – lleno total (15000 personnes) : Tonitruant triomphe du Juli. Pourtant, c’était mal parti : 2 avis et bronca, face à son premier, manso dangereux. Mais on sait la caste de ce « sacré bonhomme »… Il monta un tabac au cinquième, levant les gens avec cape , banderilles et un coup d’épée « de revolucion ». Deux oreilles ! -  Bonne sortie du Zotoluco qui coupe une oreille chaque fois, à force d’entrega et de classicisme – Antonio Bricio n’eut pas de chance. Il eut beau s’accrocher, offrir le sobrero, son bilan ne dépassa pas les ovations – La corrida de Celia Barbabosa, correctement présentée n’offrit guère de difficulté, à part la mansedumbre  violente du deuxième, et la soseria du lot de Bricio .

    21 Janvier : Valencia (Venezuela) – 21ème corrida de la Prensa – ¾ de plaza : L’ambiance était bonne…au départ. Puis, cela tourna au vinaigre, à cause de la très mauvaise présentation des toros de Hugo Domingo Molina, présentés sous deux fers : 5 del Prado et un Rancho Grande. Toros sans présence, sans poids ni trapio (426,480,426,456,436 et 442 Kgs), totalement décastés – Finito de Cordoba a fait la moue. Palmas et pitos, après un avis – Le local Otto Rodriguez se fit ovationner au troisième – Quant au Morante, il remporte le trophée de « la pluma de Oro », en coupant au cinquième, la seule oreille de la journée, au toro « Consentido », del Prado. On a noté la profondeur de sa muleta, mais vraiment, pour la Presse, il n’y aura pas de quoi remplir des pages.. 
 

ORTEGA CANO ET JESULIN : RETOUR EN SECURITE ET « EN ROSE »…

     22 Janvier : A n’en pas douter, toute la presse du cœur, tous les médias, seront présents à Olivenza, le 3 mars, pour le retour de José Ortega Cano et de Jesulin de Ubrique, qu’accompagnera Espartaco, face à une corrida de Fuente Ymbro. Si l’on peut comprendre cette décision de la part du vétéran, on aurait aimé une autre rentrée pour le torero d’Ubrique qui préféré les lampions et les pages roses aux pages taurines de la presse madrilène , puisqu’on lui offrait un grand retour, en plaza de Vista Alegre.

     Stratégie, stratégie ! On peut comprendre. Cependant…
 

EL RINCON DEL JULI…

     23 Janvier : Evidemment, vous allez dire : « Mauvaise langue comme il est, il va dénoncer une nouvelle astuce qui permet à un torero de « tuer à la première », presque sans risquer un poil… » Bien entendu, le fameux rincon d’Ordoñez est encore dans toutes les mémoires, comme ses triomphes  obtenus malgré cette tricherie avec l’épée. Il convient d’ailleurs de relativiser, Ordoñez ayant, dans sa carrière, porté de grosses estocades.

     Le Juli aurait il donc trouvé un système pour rouler ses toros d’un coup de rapière, en contournant le danger ? Pour le coup, c’est vous qui êtes des « mal pensados »… Il arrive au Juli de mettre des basses, des caidas, des delanteras, des tendidas, et quelque bajonazo, comme à tous. Mais en général, on lui reconnaîtra la volonté d’attaquer « droit et fort » à l’épée, avec pour résultat, bien souvent, de sacrées estocades qui « rematent » la prestation et délivrent le gradins. El Juli est un « gros estoqueador ». Punto !

     Alors, ce « Rincon del Juli » ? La grande vertu de ce torero et de son staff tout entier est, outre sa valeur et son talent dans le ruedo, sa capacité à communiquer, à mêler son image à des opérations, certes spectaculaires et  souvent commerciales, mais dont l’objectif est toujours lié à la promotion de la tauromachie, à l’entraide, à la solidarité. En un mot : Aficion et imagination.

     El Juli sait ce qu’il doit à Mexico. Il s’y est construit, y est né, taurinement. Il y est adoré, mais l’aficion, comme l’an passé, ne lui passe rien. Normal. Cette année, Julian Lopez a entamé une tournée de reconquista qui le voit triompher partout. Et l’on n’a probablement pas tout vu, le gamin rageant encore de n’être pas sorti a hombros de la Mejico, l’autre dimanche, alors qu’il avait trois oreilles en poche…avant l’épée, justement.

     Alors, ce « Rincon del Juli » ? Il nous énerve !

     Cela se passe à Querétaro, l’autre jour, dans la ganaderia de Chafik. On y a monté une tienta  et les San Martin y manifestent bravoure et caste. Tout le monde prend un plaisir immense. Juli torée et pique lui-même une vache brave. Son père, gentiment surnommé ici « Papajuli », prend une muleta et y va de sa série de naturelles. Il y a là du monde, en particulier Julien Lescarret, qui vient au Mexique, continuer son apprentissage.

     C’est au cours de ce tentadero qu’est annoncée la création du « Rincon del Juli ». Il s’agit d’un restaurant, à l’effigie du torero, qui va s’ouvrir à Queretaro, dans l’ambiance taurine que l’on devine. On y viendra parler toros, on y verra les faenas du jeune diestro sur écran géant, etc…

     « C’est tout ? ah mais non, c’est un peu court, jeune homme ! » dirait Cyrano… Non ! A côté de cette idée toute commerciale et probablement juteuse, une initiative simple, destinée à pousser la découverte et la promotion de nouvelles valeurs de la tauromachie mexicaine. Un Trophée « El Juli » vient d’être institué, qui récompensera, chaque année, le meilleur novillero Mejicano. On peut penser que ce trophée sera accompagné de quelques possibilités de toréer, « de l’autre côté de la grande mare ».

     Voilà comment, avec des choses simples, on conforte son image et l’on fait du bien à la Fiesta. Le Juli s’était déjà montré doué en communication et généreux avec beaucoup, notamment avec la presse, en particulier par les images de chaque corrida, diffusées gratuitement à plus de 150 adresses internet, par son responsable de communication Alberto de Jesus (vous en avez eu l’illustration l’an passé). Voilà une nouvelle trouvaille qui ne peut que « grandir le petit ! ». Chapeau ! Eso es de Figura !
 

LE CALIFA SERAIT IL… « LE NOUVEAU CALIFE » ?

     23 janvier : La Colombie chante le courage serein, la caste sèche, le toreo sincère du Califa, dimanche,  à la Santamaria de Bogota. Le diestro y a écrit une véritable «chanson de geste », se faisant prendre par ses deux toros, se relevant chaque fois, revenant au combat, toréant toujours aussi lié, aussi serré. Un vrai grand triomphe qui donne encore plus de poids à la valeur « Califa », en bourse du Toreo. A n’en pas douter, il va falloir, cette année, compter avec le Califa. On peut même penser voir se renouveler  l’histoire d’Ojeda.

     On sait que le public a besoin d’idoles. Il les monte haut, puis les descend. C’est cyclique. Alors, quelques mois se passent, et apparaît un nouveau monstre…

     Ojeda toréait à bout portant. Il écrasait le toro, hérissait les foules. Un nouveau toreo était né. Tout le monde s’y essaya, et Jesulin en fut presque la copie conforme.  Arriva Rincon qui donna de la distance au toro, le laissa venir de loin, lia les séries, en torero classique, tout de technique, de courage, de sincérité. Fuera Ojedismo !

     Juli est arrivé : Toreo champagne ! Multiquites ! Virevoltantes  trouvailles ! Un ouragan, à 17 ans. Il est idole des masses, tandis que les aficionados restent sur la défensive… « Moi, j’aime pas ! » disent certains, têtus comme des mules. « Il faut bien reconnaître que c’est un sacré numéro », disent les autres, « Et il sait toréer, il  a un courage monstre, de la verguenza torera, et il tue comme un chef » Bueno ! Ca, c’est déjà mieux.

     Arrive aujourd’hui  le Califa. On avait sursauté, en le voyant avec les Cuadri de Valencia, l’an dernier. « Mira ese ! ». On a tous explosé, en direct, lors de sa corrida de San Isidro, devant les Dolores Aguirre. Séries liées, temple total, courage et calme à la tonne. Hélas, cornada qui aura les conséquences que l’on sait.

     Cependant, ce qui se passe actuellement, aux Amériques, aura des répercutions, ici, pour peu que le Calife place une faena en tout début de saison. « El Califa » peut être une synthèse entre Ojeda et Rincon. Il connaît le toreo à distance, lié, mais il sait aussi le combat de près, à la pointe du danger. Califa se met dans le terrain « où sont les millions » ! Il crée l’émotion, et le public, même néophyte, peut apprécier. Certes, il manque un peu de charisme. Attendre ! Rien n’est moins sûr ! Il a une autre personnalité, et elle est en train d’éclater. 2001 risque d’être passionnant, grâce à lui.

     « Nuevo Califa habemus ? »…et pourquoi pas ?

 

TERRIBLE DOULEUR AU MEXIQUE : CURRO RIVERA EST MORT

     24 Janvier : Les larmes des Aficionados sont à peine séchées de la perte de Julio Robles qu’à nouveau, la douleur les surprend et les tenaille : Curro Rivera, le matador mexicain qu’ils connaissent probablement le mieux, vient de mourir, hier, 23 janvier 2001, à la mi-journée, alors qu’il s’entraînait en tentadero, dans sa ganaderia de La Alianza de San Fermin, en vue de sa corrida de Morelia, samedi prochain, en compagnie d’Enrique Ponce et Carlos Rondero. Infarctus du myocarde, qui eut des conséquences fatales puisque, rapidement transporté à l’hôpital de Ojuelos (Jalisco), le matador ne put être ramené à la vie.

     Il était le fils du fameux Fermin Rivera, avait 49 ans, laisse une épouse et quatre enfants dont le dernier, Rafael, veut être torero.

     Les jeunes aficionados des années 70 se souviennent de ce grand jeune torero à l’abondante tignasse, toujours joyeux, qui fit de très bonnes sorties dans les plazas françaises, en particulier dans le sud ouest.Les landais, en particulier, se souviendront de ce  matador barbu et moustachu, qui fit le paseo, au Plumaçon de Mont de Marsan, un 17 juillet 1972, aux côtés de Luis Miguel et de Cavazos. C’était Curro Rivera. On l’appelait, à Mexico, « le torero psychédélique », parce que son allure de jeune étudiant dégingandé et sa tignasse, cadraient avec une époque où, non loin de là, au nord, on chantait l’amour et les fleurs, et l’on se préparait à aller brouter tout ce qui restait de prairie, du côté de Woodstock.

     Curro Rivera est né le 17 décembre 1951.Enfance dorée, bien sûr, au milieu des toros et de la gloire paternelle. Adolescent, il hésita longtemps entre le football et les toros. Il avait d’énormes facilités au poste de gardien de but. Mais, « les chiens ne faisant pas des chats », un jour, il prit à part son « Figuron de père », et lui dit « Je veux être torero ». Le maesto Firmin Rivera sursauta, mais au fond de son cœur, l’orgueil, probablement, balaya la douleur. Il le confia à un oncle et à un picador de confiance, et le jeune débuta sa préparation. Quand les rapports de ces professeurs lui confirmèrent qu’effectivement, « iba en serio », le matador prit en main l’apprentissage de son fils, le mena durement, le prépara en conscience. Il ne pouvait y avoir meilleur maître.

     Arriva le jour du premier costume de lumières, à San Luis Potosi. C’était le 13 Août 1967. Il y fut superbe, au point qu’on le porta a hombros jusqu’à l’hôtel. Mais, raconte t’il, comme il s’était habillé chez lui, il s’enfuit par derrière, sauta dans un taxi et regagna la rue Cuauhtemoc…

     Peu à peu, le jeune prit du métier, et tout naturellement se présenta avec picadors, le 14 juillet 1968, à la Mejico, devant des novillos de Garfias. L’alternative arriva rapidement, le 14 septembre 1968, en plaza de Torreon  (Coahuila). C’est Joselito Huerta, en présence de Jaime Rangel, qui lui céda le premier toro,  « Presidente », de San Martin..

     La confirmation d’alternative eut lieu le 16 février 1969. Il n’y eut pas de succès. C’était la première corrida d’un longue liste de 70 paseos à la Monumental de Mejico, où il coupa 6 rabos, au cours de sa carrière. Il fallut attendre la corrida de « l’Estoc d’or », pour voir le premier grand triomphe de Rivera, à la Monumental. Il y coupa les deux oreilles et la queue du toro « Soy de seda », de Piedras Negras. Il y eut, plus tard, les apothéoses, coupant tous les trophées des toros « Emperador », de Reyes huertas, « Horchatito », « Caporal », « Payaso », « Saltillero » (ces deux derniers graciés)… Autant de faits d’armes, autant de pages de gloire, écrites dans la plus grande arène du monde.

     Il toréa 1645 corridas en 24 ans de carrière. L’histoire raconte ses exploits, parmi lesquels celui du 31 janvier 1982 : 15 toros, dans la même journée, à Aguascalientes : 8, l’après midi, en plaza de San Marcos, 7 le soir, à la Monumental. Les Aficionados et la presse content les exploits qui immortalisèrent les toros historiques, comme « Gavilan », « Don Difi », « Riojano », « Rondeño », « Regalito »…Autant d’heures de gloire.

     Puis, déjà, une alerte « du côté cœur ». Le torero décide de se retirer. Le 15 Novembre 1992, Curro Rivera fait son dernier paseo, a la monumental de Mexico, coupant trois oreilles à des toros de Julio Delgado. Il se retire définitivement le 20 Novembre 92, en sa plaza de San Luis Potosi.

     Mais…le Gusanillo ! Curro Rivera ne s’est jamais éloigné du toro. Ganaderia, école Taurine… Le gusanillo ! Il réapparaît pour quatre corridas, furtives, en 1995. Mais c’est en 2000 qu’il décide vraiment son grand retour, et , le 27 août 2000, toujours à San Luis Potosi, il sort à hombros. La campagne 2001 est lancée. Il va toréer cinq corridas et trois festivals, dont celui du Teleton, à Mexico, coupant deux oreilles et triomphant aux côtés du Juli. Il se préparait ardemment, allait toréer, samedi avec Ponce, puis on avait fixé au 11 février, son grand retour à la Mejico. A n’en pas douter, il y allait causer un grand impact, ayant gardé des milliers de fidèles à son toreo.

     Le destin en a voulu autrement. Après Manolo Martinez, disparaît la deuxième grande figure du Toreo Aztèque des années 70/80. Reste Cavazos, anéanti de douleur, comme l’est Jaime Rangel, fameux matador, parrain de son alternative, devenu son fidèle apoderado. Toute la toreria mexicaine, celle des jeunes figures, comme le Zotoluco, confesse sa grande peine devant la disparition de celui qui était un exemple, parce que torerazo et parce qu’il avait triomphé en Espagne.

     Toute la Mejico Taurina est aujourd’hui en deuil, et nous, aficionados « de l’autre côté du charco », l’accompagnons de nos pensées.

     Curro Rivera est mort hier, en torero. Il avait 49 ans, souffrait de problèmes cardiaques, dont souffre aussi, malheureusement, son fils. Un destin vient de s’arrêter, un autre va peut être changer. C’est la vie !
 

CURRO RIVERA, TRIOMPHATEUR EN EUROPE

     24 Janvier : La disparition soudaine de Curro Rivera plonge les aficionados du vieux continent dans la tristesse et les souvenirs. Ils le connaissaient bien, et avaient eu, maintes fois, l’occasion de l’ovationner, dans les plus grandes plazas, dans les plus grandes ferias, aux côtés des plus grandes figures du Toreo.

     Curro Rivera arriva en Espagne en 1971. Il s’y présenta, de matador de toros, le 18 mars, au cours des Fallas de Valencia, sortant a hombros  après avoir coupé deux oreilles à un toro de Tassara. On parle de lui comme « torero garboso y de arte », qui n’a pas déçu. Trois jours plus tard, il triomphe à Castellon, avec trois oreilles, devant des toros de AP. Et c’est ainsi qu’il arriva, en  jeune vedette que l’on attend avec curiosité, à la Feria de Séville. Il y fait une présentation d’apothéose, le 18 avril, coupant trois oreilles, surprenant tout le monde par sa facilité, son toreo largo, classique, parsemé de trouvailles comme son « circurrete ». Trois oreilles, mais pas de Porte du Prince (ah ! ces Sévillans.) Il faut dire que ce dimanche, Curro Romero, maître des lieux, qui avait été génial, la veille, fut encore incroyablement volontaire, au point de se faire vilainement prendre, avant de couper une oreille. Tout cela estompa un peu le triomphe de Rivera. A Séville, on parla de la « Tarde des deux Curros… », mais à Mexico, la tequila fit des ravages.

     A partir de ce jour, Curro Rivera était la trouvaille de la Temporada, et tout naturellement, il confirma son alternative au plus haut de la San Isidro 71. Le 18 Mai, Antonio Bienvenida, en présence d’Andres Vazquez, lui cède le toro « Veluco », de Samuel Flores, dont il coupera l’oreille. Il répétera triomphe, le 25 mai, devant des Pinohermoso. Ce jour là, Camino est désastreux et Ordoñez prend une voltereta qui décidera de sa proche retirada. Deux contrats à Madrid, deux succès, la Bienfaisance en plus, Curro Rivera est définitivement lancé en Espagne. Il va y triompher partout, ou presque.

     La présentation à Pamplona est difficile, mais il coupe une oreille à sa deuxième sortie, surtout pour un énorme volapie. Valencia lui fera deux triomphes, à la San Jaime, de même, en août, San Sebastian et Bilbao où il convainc définitivement, coupant quatre oreilles en deux corridas. De son côté, la France l’a accueilli avec sympathie. Il s’envolera rapidement pour une grande temporada dans ses terres mexicaines, ayant toréé en Europe, 58 corridas, coupant 92 oreilles et 10 rabos. Un véritable exploit .

     Et puis, ce fut 1972. Curro Rivera arrive en Europe, « en plan de Figura ». Il n’est plus une nouveauté. On l’attend…presque au tournant. On va exiger beaucoup de lui. Une petite oreille aux Fallas ; à Séville, cela se passe mal, et il faut attendre le dernier toro, pour sauver les meubles. Reste Madrid. Trois contrats, en vedette. Une oreille le jour de la confirmation de Galloso ; rien à faire avec les AP du 19 mai, et arrive la 12ème de Feria… 22 Mai 1972 : Curro Rivera a « la chance, et la malchance », de faire partie du cartel historique de cette 12ème de San Isidro, où Palomo Linares va couper deux oreilles et la queue du fameux toro « Cigarron » d’Atanasio. Trophée qui créa la polémique, événement qui estompa un peu le triomphe.

     Quatre oreilles et un rabo, à Madrid, pour Palomo Linares…mais aussi quatre oreilles à Curro Rivera, qui torée « a placer », sort a hombros, mais dont on ne parle presque pas… La chance, et la malchance. Le destin ! Au 18 juin, Curro Rivera a toréé 17 corridas, pour 14 oreilles coupées, dont 5 à Madrid. Il continuera avec moins de réussite. On le félicite du bout des doigts, à Valencia, San Sebastian, Bilbao, où il avait tout balayé, un an plus tôt. Adieu nouveauté . On parle de « quantité, au lieu de qualité », de  répétititf » de « toreo retorcido »… Adieu surprise. Curro Rivera est un torero sympathique, mais qui ne surprend plus. Et puis… « Maldito Madrid, ese 22 de mayo ! ». Un triomphe « qui lui a fait du mal ». Un comble !

     Cette année 72, Curro Rivera terminera sa saison avec 41 corridas, 42 oreilles et 2 rabos. Honorable, mais en baisse.

     1973 confirmera la perte de vitesse, au ranking espagnol. Absent de Séville, malchanceux à Madrid où  la pluie lui joue deux tours consécutifs, il arrêtera là les frais, ayant toréé 4 corridas, au 14 juillet, et laissant l’image d’un torero poderoso, mais sans grande originalité.

     Heureusement, le toro mexicain lui permit de continuer, en apothéose, une carrière de matador brillant, qui fut, des mexicains, le seul a vraiment  tenir le haut du pavé, dans l’escalafon Espagnol des années 70/72. Exploit qui n’a jamais été répété depuis.

    Adieu Curro Rivera, qui restera, quand même dans les souvenirs aficionados…de ce côté « del charco ! ». Que descanse en paz, Matador !
 

AU BON DESIR DE CES PETITS MESSIEURS…

      25 Janvier : Ya esta bien , hombre ! Ils sont des figures, ils sont des toreros ? ou ils sont des stars de cinéma, des tops modèles ? S’ils sont toreros, c’est dans le ruedo qu’ils doivent revendiquer leur statut de figura, en toréant plus et mieux que les copains. S’ils sont « Top Models », ce n’est pas encore trop tard, les défilés de Printemps ne sont pas encore terminés, à Paris. La Jet Society fera probablement une standing ovation à un « vrai torero » portant quelque petit tailleur à réminiscence taurine, signé Lacroix, ou quelque autre outrancière parure sortie tout droit de la fêlure de Galliano.

     Les top models soignent avant tout leur image… Les sieurs Joselito et Jose Tomas se seraient ils donc trompés de profession, de vocation ?

     Ya esta bien, hombre !  Les voilà qui nous refont « le coup de la Télé ». Certes, et depuis toujours, les grands toreros ont eu maille à partir avec les grandes empresas, au moment de confectionner  les cartels des grandes ferias, de négocier les cachets, de signer les contrats. C’est de bonne guerre, et ils étaient des figures.

     Aujourd’hui, les sieurs Joselito et José Tomas viennent et passent un communiqué disant qu’à leur grand regret, ils ne viendront pas aux Fallas de Valencia, pour trois raisons : Un : Quand on les a appelés, les cartels étaient déjà faits. Deux : On n’offrait à José Tomas que ce qu’il touchait, l’an passé, en plaza de deuxième catégorie. Trois : On ne leur a pas laisser négocier personnellement leur « droit d’image », l'empresa  ayant tout fait en solo. Bon !

     L’empresa, Roberto Espinosa, qui attend depuis une semaine la décision de Monsieur Martin Arranz , a répliqué par un communiqué témoignant de sa surprise et de sa colère contenue devant les raisons exposées par les « figuras ». Un : les cartels demeuraient ouverts et il y avait une proposition de luxe pour José Tomas  (Joselito était peut-être moins bien servi, mais…voir résultats 2000 !). Deux : Pour ce qui est du « salaire », on n’était pas trop loin des prétentions des toreros. Trois : Les diestros savaient très bien qu’engagement avait été passé depuis un an avec la Télé privée « Quiero TV ». Il n’y avait donc là, aucune surprise.

     Echange donc, de communiqués, par presse, par internet. De toutes parts, des messagers enfourchent leur trottinette et courent porter la nouvelle. Le grandes Empresas n’ont qu’à bien se tenir : « Il nous refont le coup de l’an dernier ».

     Que dire ? Les aficionados, s’ils ont un peu de jugeote et de pundonor, décideront. Mais il faut bien constater une chose : Dans leur communiqué, les sieurs Tomas et Joselito avouent eux mêmes qu’ils ne sont pas des Figuras, tout simplement. « Les cartels étaient fermés », « On ne nous donnait pas ce qu’on voulait », « La télé, un point c’est tout »… Cuando los toreros eran figuras de verdad, on commençait par eux. « Ils » faisaient , presque, les cartels, et, après palabres et quelques ristournes, on leur donnait ce qu’ils voulaient. Si la corrida était télévisée, bonjour prime supplémentaire et, comme c’était des figuras de verdad, la télé ne leur faisait pas peur. Un triomphe conforterait leur image, un échec ne les empêcherait pas de dormir. Ils étaient « figuras ». Ici, aujourd’hui, le tapis vert et les despachos ont plus d’importance que le ruedo, au soleil. Voilà maintenant qu’entrent en jeu la coiffure et la marque du rouge à lèvres….

     Un confrère révélait il y a quelques jours déjà, que José Tomas demandait  40 millions de pesetas pour Valencia, soient 1.600.000 frs, soient 160 bâtons, pour parler « vulgaris »…(Pour les euros, on verra l’an prochain). Pas à dire… il y a là de quoi s’acheter une seconde canne à pêche et un pliant tout neuf, pour les longues soirées, en solitaire, face à la mer !

     160 bâtons... ça fait 80 par toro… Entre cape et muleta, ça vous fait 10.000 frs la naturelle et l’estocade à 12.000. « Je vous l’enveloppe, ou vous l’emportez sur vous ? ». On s’explique, aujourd’hui les longs cites de José Tomas, entre passe et passe… « Bon, je me mets comme ça, bonito, muy erguido…un petit coup de poignet… le toque…hey !, et cling, voilà: 12000 francs ! Puis quatre manoletinas à 6000…huy ! 8000 pour celle-là, qui était vraiment très serrée »…

     On plaisante, et cela peut paraître d’un goût douteux. Les Aficionados jugeront, décideront. L’année dernière, presque tout le monde a marché. Conflit passager. Mais aujourd’hui que l’on veut refaire le coup, il est difficile d’accepter une tauromachie à deux vitesses. On ne peut laisser le Juli, Ponce et les autres, « s’appuyer » en direct toutes les grosses ferias, et mettre à leur niveau des petits messieurs qui se moquent bien, justement, des aficionados…Peu leur chaut !

     Asi que… il faut attendre la suite. Mais cela ne pourra continuer ainsi. Séville et Madrid, dans les conditions actuelles, seront décisives. L’aficionado a l’espoir de vivre de grandes choses, une saine compétition, même si parfois, quelques dés sont truqués, et qu’il le sait. Mais il a envie d’applaudir, d’ouvrir les portes grandes, de porter à hombros…des Figuras de verdad, pas des petits messieurs, qui fonctionnent plus avec leur fax, qu’avec leur épée…
 

CURRO RIVERA VERS SA DERNIERE DEMEURE

     25 Janvier : La mort soudaine de Curro Rivera a profondément touché le mundillo mexicain. La dépouille du torero, a été incinérée, hier, après la messe en  la cathédrale de San Luis Potosi. Ses cendres seront déposées dans les deux ganaderias, la Alianza, créée par son père, et la sienne au nom de Curro Rivera. Un hommage leur sera rendu en une dernière vuelta, dimanche prochain, dans le ruedo de la monumental de Mexico.

     A n’en pas douter, de vrais brindis partiront vers le ciel, ce 28 janvier. Ce sera la 15ème de la temporada et, face à des toros de Fernando de la Mora, feront le paseo Eloy Cavazos, El Juli et Antonio Bricio, qui confirmera alternative. La plaza sera probablement bien remplie pour cette corrida, qui devient tout à coup, très spéciale.  

 

SEVILLE : LES GRANDES MANŒUVRES ONT COMMENCE

     26 janvier : Comme on pouvait s’en douter, la prochaine Feria de Séville va susciter beaucoup de remous dans tous les cercles où l’on cause. La mort de Don Diodoro Canorea, son héritage, géré par son fils Eduardo, ont marqué l’année 2000. Déjà, on vit un nouveau style, une nouvelle façon de voir les choses. Adieu le romantisme de l'empresa défunt, certes dur en affaires, mais aficionado avant tout, amoureux fou de toreo, inconditionnel du Curro et des toreros artistes.

     La temporada 2000 s’est déroulée tant bien que vaille, avec certains bouleversements qui en prédisent d’autres. Don Eduardo, en quelques mois a « marqué » son territoire, de façon souvent abrupte, avec tous. Du coup, il s’est retrouvé avec un « problème » à la San Miguel, cinq des six vedettes engagées ayant, pour diverses raisons, « décliné » l’invitation…en particulier Curro Romero et Morante de la Puebla, à la veille de la corrida.     C’est alors que Don Eduardo, dans un courroux logique, fit feu de tous bois, jurant vengeance. Aussitôt dit, aussitôt fait, il refusa de prêter la plaza pour le festival de Andex. Du coup, le dit festival se déroula sans lui, gagna de l’argent, mais pas autant que souhaité pour les enfants malades, et du coup, le despedida de Curro s’accélera peut-être, et eut lieu, hors de « sa » Maestranza. De ce fait, Don Eduardo devint Don Eduardito… un tout petit  don Eduardito…

     Depuis, peu de déclarations, mais, la vengeance étant un plat qui s’avale comme gazpacho, Don Eduardito a commencé les grandes manœuvres. Objectif : monter une feria qui se tient, en prévoyant conflits et absences de certaines « grosses pointures », indispensables à Séville. Curro, absent, une partie de la ferveur sévillane va se tourner vers Morante. Or, celui ci est devenu l’ennemi, celui qu’il faut rabaisser. « Souviens toi du vase de Soissons… on se retrouvera à l’heure de faire les cartels de la Feria 2001 ». Il faut dire que l’empresa  a certaines cartes en mains, en particulier, la temporada décousue du Morante, qui doit absolument relancer la machine et ne peut se permettre de « manquer » Séville.

     Alors, depuis longtemps, les grandes manœuvres ont commencé. On va voir Ortega Cano, « emberlificoté entre ses deux femmes », qui se ronge les sangs en se disant « me faire ça à moi, un torero comme moi ! ». Du coup, on lui propose de reprendre du gallon, et José se disant que décidément, les toros sont moins dangereux, accepte. Bon ! Voilà déjà trois cartels avec un chef de lidia assuré. Puis deux petits jeunes qui pourraient bien prendre l’alternative : Fernandez Pineda et Luis Vilches. Quatre postes de plus. Ponce et Juli sont les priorités, de même Espartaco. Normal ! Puis des contacts avec ceux de toujours qui seront là et ne feront pas d’histoires. Par ailleurs, et c’est plus sérieux, on va batailler sec avec José Tomas, en lui offrant la seule corrida qui n’est pas télévisée. Tout cela prend forme et , doucement, on va arriver à ce qu’on veut… « Mon pauvre Morante, je suis désolé, mais vraiment désolé, il n’y a plus de place pour vous… Croyez bien que je le regrette… Veuillez agréer, etc…»

     Pendant ce temps, pas fou, Morante sait bien qu’il va y avoir bataille et que son ami et apoderado Manolo Macia, dans ces circonstances, n’a pas assez de poids. Donc, on s’en sépare élégamment, et on signe pour un an avec un vrai apoderado, droit comme une épée, Manolo Camara. Il est connu, il est irréprochable, il est « un monsieur », et il apodère Rivera Ordoñez, lui-même, incontournable à Séville… Cela devrait aller mieux.

     La bataille a commencé, gigantesque partie d’échecs. Pour le moment, c’est don Eduardo qui dit « je veux ». La première grande escarmouche se déroule autour de la corrida de Pâques… Morante la demande, avec en plus, deux autres corridas « en farolillos ». Don Eduardo dit « désolé… le cartel est fait : Espartaco, José Tomas, El Juli ». Il est même probable que s’il n’arrive pas à « contrater » José Tomas, l’empresa Sévillan sortira une autre carte de son jeu, et tiendra ainsi sa vengeance : Morante, fuera de la corrida de Resurrecion…

     Le torero, alors fera t’il profil bas, acceptant les deux autres courses, point final ? Ou, peux t’il se permettre d’aller, lui aussi, à la pêche ? Alors, pendant quelques jours, la situation va être chaude ! Tous les poids seront jetés dans la balance ! Il va falloir suivre, mais ne jamais oublier une chose : Les intérêts sont confondus !

    Pour arranger le tout, voilà Jesulin qui revient et voudrait trois corridas… Si cela continue, Ortega Cano va devoir regagner sa cage aux lionnes, sin pegar un muletazo siquiera !
 

CELA DEBUTE MOLLEMENT A SAN CRISTOBAL…

     Le Mexique pleure son torero, Curro Rivera, mort dans un ruedo, « toreando », à 49 ans. La Colombie va célébrer ses corridas de Medellin et Bogota, chaque week end. La temporada d’Amérique va doucement vers sa conclusion. C’est au Venezuela que rendez vous  est donné, cette semaine, pour la feria de San Cristobal. Elle a débuté mercredi  par une novillada où a coupé un trophée Martin Antequera. Hier a eu lieu la première corrida qui, certes, a vu tomber des oreilles, mais a fortement déçu, par la présentation du ganado.

     25 janvier : San Cristobal (Venezuela) – 1ère de Feria – Plus de ¾ de plaza (15000) : Dimanche, la Corrida de la presse avait beaucoup déçu à cause de la présentation des toros de Rancho Grande et del Prado. Même scénario hier, avec cinq du premier fer et un du second, justes de présentation, commodes de tête et de peu de forces. Seuls 2 et 4ème ont donné du jeu - Finito de Cordoba a coupé un premier trophée, puis a réglé les affaires courantes - Morante de la Puebla a « écouté » le silence au troisième, mais bien toréé le dernier, tout d’abord à la véronique, puis par longues naturelles. Oreille - Un torero a ouvert la grande porte, Leonardo Benitez, ayant coupé deux oreilles au toro « Ranchero », deuxième d’une tarde qui ne marquera pas l’histoire.

      La feria se poursuit aujourd’hui avec el Cordobes, Juan Bautista et Otto Rodriguez, face à six toros del Prado.

 

VISTA ALEGRE ET « LE COUP DE CYMBALE » DE JOSELITO

     27 janvier :  Le mot « stratégie », auparavant réservé aux chefs de guerre, est aujourd’hui passé dans le langage commun : En politique, en économie, en sport… Il implique, comme sur le champ de bataille les mots intelligence, courage, force, qui traduisent que l’on va prendre un risque, que l’on va penser quelque projet surprenant pour la masse et les adversaires, et qu’on va aller jusqu’au bout, en le préparant bien, de façon à en assurer le succès.

     Le mot stratégie est, depuis quelque temps « entré en tauromachie », et s’applique de plus en plus aux carrières des toreros. La dernière annonce de José Miguel Arroyo « Joselito » en est un bel exemple. Il aura beau dire et beau faire, Joselito a manqué son retour, l’an passé. Certes, ses qualités toreras sont demeurées intactes, mais bien cachées derrière une mine souvent triste, des gestes alanguis, un regard parfois perdu, une espèce d’impression de « Ah, ce que je m’em…ici ! ». Si l’on y ajoute l’espèce de cul de sac médiatique dans lequel il s’est enfermé, avec pour seul avocat le dérangeant  Martin Arranz, on a le résultat d’une temporada pauvre, a peine éclairée à Castellon, Granada et Malaga. De plus, José Tomas, que l’on a embrigué dans cette odyssée, histoire, peut-être, de le museler, s’en sort plutôt bien et se fait souvent porter en triomphe, pendant qu’on rentre à pied, à l’hôtel . « Ca suffit ! marre de crapahuter ! »

     Du coup…Stratégie ! Il faut, d’entrer, marquer un gros bon point, auprès du public, auprès de la presse, des Empresas et des collègues toreros, Jose Tomas inclus. La meilleure façon : Prendre seul six toros, le 4 mars, en plaza de Vista Alegre/Carabanchel, la seconde de Madrid.

     Pas à dire, c’est bien vu : Madrid, mais pas tout à fait Madrid. Lleno assuré ; pas de pluie, pas de vent ; toute la presse et le mundillo présents, six ganaderias différentes, et l’expérience de 10 corridas déjà toréées en unico espada, au cours de sa carrière, dont les deux, excellentes, de 93 et 96, à Las Ventas. C’est un challenge, un pari où l’on pense qu’il y a de grandes chances de gagner. Mais c’est aussi un risque que l’on prend : Se ramasser, en début de saison, comme jadis, à San Sebastian de los Reyes, Malaga ou Séville, devant un parterre de revisteros et de professionnels, aurait quelque chose de désastreux, pour tout autre que Joselito.

     Le mot « stratégie » implique forcément une manœuvre précise et réfléchie, face à un risque : celui de perdre. A priori, Joselito va toréer un Victoriano del Rio, un Jandilla, un Pereda, un Capea, un Domingo Hernandez, terminant par un Torrealta. Ne pas oublier que Pereda et Torrealta ont eu deux toros indultés, l’an passé, en début de temporada. Présentation en équation avec le catégorie de la plaza, et un objectif : Couper le plus d’oreilles possibles; marquer des points. A partir de là, 2001 pourra prendre un autre visage… A ver lo que pasa ! C’est un pari, mais qui a quand même quelque chose de « désespéré » : Ou il est sûr de lui, ou il tente un coup… Joselito, sur le papier, ne peut pas perdre. Mais son seul adversaire, réellement, ce jour là, s’appelera José Miguel Arroyo…. A suivre de très près…le 4 Mars.

     L’autre stratégie vient de l'empresa Palumi qui gère Vista Alegre. Joli coup que cette mini feria d’hiver, les 3 et 4 Mars, juste au moment où Jesulin et Cano réapparaissent à Olivenza. Jesulin a écarté l’offre de réapparaître à Vista Alegre. Bien ! on le contre en montant, le même jour, 3 mars, un première corrida avec un mano a mano entre Curro Vazquez et Julito Aparicio, probablement avec des Zalduendo. Du coup, le Jesulin ne va se retrouver à Olivenza, qu’avec les grands revisteros de la presse « del corazon ». Avec son faenon de l’an passé, Curro sera attendu, comme on attendra toujours quelqu’éclair de génie du Julito… Bien joué, « Palumi Society » ! Puis, le 4 mars, Joselito, seul en tête du paseo. C’est l’événement du début de saison. A la même heure, Juli et Morante seront à Olivenza…loin des feux de l’actualité, puisque l’on ne peut parler de caméras.

    Cela dit, si Joselito est sûr de son coup, il aurait là, une bonne occasion de négocier et gérer, seul, son image… Puisque c’est sa grande revendication. D’ici que la corrida soit télévisée ! Ca, ce serait un joli coup, un grand pied de nez à beaucoup, en un mot… une sacrée stratégie !
 

BAYONNE : LE RETOUR DU ROI CESAR

     27 Janvier : Rarement torero aura concentré autour de sa personne, autant d’admiration, d’intérêt, de cariño, que Cesar Rincon, à Bayonne. Cette grande histoire d’amour, entre le matador colombien et la plaza historique, débuta un 17 Août 91, devant un toro malin de Felipe Bartolomé. A partir de ce jour-là, Cesar Rincon rejoint les Carlos Arruza et Conchita Cintron, dans le cœur des Bayonnais.  Il leur rendit bien cette affection, à de multiples reprises, dans le ruedo, et sous aspects, où l’homme laissa de côté, l’espace d’un joli moment, son costume torero (voir rubrique « Toros et Solidarités »).

     Sa retirada  a créé un vide, et sa maladie a provoqué tristesse. On sait que Cesar se bat depuis six mois avec un traitement lourd, extrêmement fatiguant. Si les bilans, scientifiquement, attestent d’une amélioration, il n’en reste pas moins vrai que le torero, humainement, livre son plus dur combat, sa plus terrible faena. Lui qui avait tutoyé les toros de Madrid, en 91, du Baltasar Iban au Moura, lui qui avait regardé, et à quel point, le « Bastonito », au fond des yeux ; lui, Cesar Rincon, combat l’invisible ennemi à coup d’injection quotidienne, au prix de terribles maux de tête, entre autres… Sa plus terrible faena, et peut-être sa plus admirable, car il n’y a, ici, que peu de monde pour l’ovationner. Un autre combat, qu’il gagnera aussi !

     Mais on oublie pas ainsi le Cesar Rincon, auteur du plus bel exploit écrit au fronton de Las Ventas de Madrid : Quatre salidas à hombros en une même saison, 1991.  Une autre vint, plus tard, et la Grande Porte faillit bien s’ouvrir encore avec le Marquis de Domecq, en mai 92, à la Feria d’automne 93, ou encore après le formidable duel avec « Bastonito ». Un torerazo !

     « On n’oublie pas Cesar Rincon », c’est ce qu’ont voulu souligner les membres du Cercle Universitaire Luis Mazzantini, de Madrid, à l’occasion de leur 10ème anniversaire. Hier, au cours d’une émouvante soirée de souvenirs et de toreria, a été remis à Cesar Rincon le 7èmeTrophée Luis Mazzantini, en hommage à toute sa carrière.

     A Bayonne, on n’oublie pas, non plus, le maestro et ami colombien, et, l’espace de quelques jours, le Roi Léon restera dans son placard doré, pour laisser la place à Cesar, Emperador du toreo, et aujourd’hui « ganadero de los buenos ». En effet, on vient d’apprendre que le maestro va lidier un lot du Torreon, en plaza de Lachepaillet, au cours de la prochaine saison. Une belle occasion pour les aficionados de l’Adour, de retrouver, entre abrazos et recuerdos, celui qui leur a donné tant d’émotions, pures et simples. Ainsi donc continuera l’histoire d’amitié et d’aficion entre Bayonne et Bogota, entre France et Colombie.  

 

COLOMBIE QUI APPLAUDIT…VENEZUELA QUI RALE…

     27 janvier : La saison se poursuit en Colombie, et l’on arrive au deuxième week end « en mano a mano » entre Medellin et Bogota. Pendant ce temps, au Venezuela, cela ne se passe pas très bien. Hier, il y eut triomphe torero, lors du festival de Medellin, mais à San Cristobal, les broncas se sont succédées, dues en grande partie à la pauvre présentation, accompagnée d’un total manque de caste, des toros du sieur  Hugo Domingo Molina, qui truste tous les cartels vénézuéliens et povoque la révolte, au point qu’il vient de se voir signifier une « inhabilitation » de deux ans, en plaza de Valencia, suite au piteux spectacle offert, dimanche dernier, lors de la Corrida de la Presse 

     26 Janvier : Medellin (Colombie) – Festival – 8000 personnes : Les novillos de « La Carolina » ont donné un jeu irrégulier, 3, 4 et 5ème étant les meilleurs, à des degrés divers. On donna la vuelta posthume au quatrième – Cesar Camacho donna une vuelta – Manolo Caballero coupa une oreille – Dinastia se fit ovationner - On arriva aux deux grands moments de la soirée : Victor Puerto avec le quatrième, toro complet, auquel il coupa deux oreilles ; et le Califa, qui est en train de devenir le torero des colombiens, énorme devant le cinquième, obtenant aussi deux trophées – José Ignacio Uceda Leal eut moins de réussite, fermant le festival sous les applaudissements.

     La temporada continue aujourd’hui, à Medellin, avec une corrida de Cerrobermejo, pour Manolo Caballero, Uceda Leal et Paquito Perlaza. Demain, dimanche 28, Morante et Juan Bautista confirment leur alternative, à la Santamaria de Bogota.

     26 janvier : San Cristobal (Venezuela) – 2ème de Feria – ¾ de Plaza : Corrida désastreuse et mauvaise humeur, en grande partie dûe, encore une fois, au ganado d’Hugo Molina. Cette fois, cinq du Prado et un Rancho Grande (même propriétaire). Petite présentation, petites têtes, petite caste.. Seul se sauve le cinquième « Tomatero », à qui l’on donna vuelta al ruedo – Manuel Diaz « El Cordobes » a connu un noir destin. Mal servi, mais hors du coup : 14 descabellos au premier (deux avis et broncas), et « pas bien » au second (un avis et sifflets). Attention, la saison s’annonce difficile – Le vénézuélien Otto Rodriguez laissa aller, face au deuxième, mais toréa bien le toro de la vuelta, hélas mal tué (silence partout) – Juan Bautista ne put rien avec le troisième bis ( le titulaire fut changé, s’étant abîmé dans une vuelta de campana). Par contre, on le vit à son avantage, avec le dernier… jusqu’au moment de l’épée. Avis et bronca. Vaya !

     La feria continue, ce jour, avec des toros de La Bolsa, pour David Luguillano, Javier Conde, El Cid et Juan José Giron.

 

LES EXCES DE LA PASSION…

     28 janvier : « La passion est… la Vie » ! Cependant, on pourra regarder de tous côtés, la tauromachie, qui concentre à tous les niveaux des tonnes et des tonnes de passion, n’a jamais donné lieu à des débordements semblables à ce que nous voyons dans la rue, dans les couloirs de nos lycées ou sur un terrain de foot.

     Les Aficionados, que l’ont traite de monstres assoiffés de sang, avides de violence gratuite, chargés de toutes les turpitudes, n’ont qu’un droit : celui de se taire, de faire profil bas, devant les propos vengeurs de certaines furies, qui feraient mieux d’aller cultiver leur jardin secret, sans que personne n’aille voir quel secret fantasme peut y être enterré…

     Désolé, dans le milieu taurin, les bagarres ne vont jamais loin. Certes, il arrive à deux képis d’aller calmer quelque énergumène un peu trop braillard. Certes, les boucliers des CRS, viennent protéger parfois quelque sortie honteuse d’un torero vaincu. Certes les cris, parfois les bouteilles, certes les boucliers…

     Mais lorsque l’on voit, comme ces jours ci, les rues de Lille où des pompiers, tout courage et tout dévouement, se font agresser et mutiler par ceux qui, normalement, auraient charge de les protéger, quand ils vont faire leur devoir, dans les quartiers chauds de Lille, Strasbourg, Toulouse ou ailleurs… Lorsqu’on voit qu’un centre commercial parisien est soudain envahi, un simple samedi après midi, par des hordes de voyous, armés jusqu’au dents, chargés de haine, de mépris de la vie, de violence pure… quand on voit , sur les terrain de sport, les objets qui volent, à tir tendu,  les invectives de haine, de destruction… on se dit qu’au fond, le monde taurin est encore un de ceux où, au milieu d’une vraie passion, règnent la tolérance, la bonne éducation et le pundonor. Tout simplement parce que l’on y meurt vraiment, tout simplement parce que l’on y respecte ceux qui vont combattre, l’homme et le toro, face à face, sans couteau caché, sans grenade assassine…sans petites phrases, lamentables pirouettes, devant les seul mot qui fait peur : laxisme.

     Alors bien sûr, « la corrida, on aime ou on aime pas », et les aficionados sont les premiers à respecter cela. Mais ici, passion veut dire, avant tout, respect et dignité, en un mot… beaucoup plus d’humanité que dans d’autres lieux, dans d’autres mondes, où les mains sont peut être plus blanches, les ongles sont peut-être mieux soignés, mais…bon !

     La passion a dominé le samedi taurin, en particulier au Venezuela, où les spectateurs et toreros ne sont pas prêts d’oublier le corrida de San Cristobal. La passion règne aujourd’hui au Mexique, où l’aficionado, après l’hommage dernier à Curro Rivera, attend la troisième sortie du Juli à Mexico. Enfin, elle règne aussi en Colombie, même si la corrida d’hier, à Medellin, a tenté de l’éteindre. Pendant ce temps, chez nous, la « passion raisonnable » préside aux débats de l’UVTF, avec un mot d’ordre : « il est urgent d’attendre ». Certes, il y aura quelque mouvement, mais le bilan, à deux mois des municipales, ne peut qu’être que l’augmentation… du taux de cholestérol de tous les participants. Donc, il vaut mieux retourner en Amérique du Sud…

     27 Janvier : San Cristobal (Venezuela) – 3ème corrida de la feria de San Sebastian – ¾ de plaza : Enfin le public a pu donner libre cours à sa passion. Il était temps. Comme d’habitude, on le doit à un lot de Toros, enfin intéressant, et à des diestros qui portent en eux, le feu torero… Huit toros de « La Bolsa », ganaderia colombienne, de Jeronimo Pimentel, dont c’était les débuts. Pour un coup de départ, ce fut un coup de maître. Que l’on en  juge : Un toro gracié, un autre plébiscité, des oreilles coupées, un public enchanté. La corrida passion ! – Corrida bien présentée, variopinta, qui a donné du jeu, même s’il y avait quelque problème à résoudre. Les meilleurs, 3 et 6eme – David Luguillano ne put rien faire avec le premier, de marbre. Par contre, on le vit à son avantage, au cinquième, dans une faena où le classique se mêla au baroque, avec pour bilan : une oreille – Javier Conde et El Cid étaient au cartel, accompagnant un quatrième torero, Juan José Giron, qui se montra bien vert, ne pouvant aller au bout des possibilités offertes par ses toros. On le « silencia  » - « El Cid »toucha un excellent troisième toro « Galopo », N°23 – colorado de 460 Kgs, et lui monta une grande faena qui en révéla les grandes qualités, au point qu’il y eut indulto. Triomphe du ganadero et du torero, avec deux oreilles symboliques. Le septième fut d’un autre tonneau, et le Cid ne put que se faire ovationner – Et puis, Javier Conde… Le Malagueño, on le sait, est un volcan de passion, d’inspiration torera, de furie flamenca. Rien de bien spécial, face au deuxième de la tarde, mais quand sortit le sixième, le torero, dès le capote, rencontra la noblesse de l’animal. Alors, Conde donna libre court à son inspiration, et le public ébloui  par la faena, demanda la grâce du toro. La présidence la refusa, et le ton monta. Totalement enivré de toréo, porté par le public, Javier Conde continua de toréer, jusqu’à entendre les trois avis. Ce fut une belle apothéose et…devinez comment s’appelait le toro ?  « Apasionado », justement !

     Enfin une course qui a rallié tous les suffrages, après les scandaleux spectacles signés Hugo Domingo Molina, qui va encore sévir, ce dimanche, avec six toros de Rancho Grande, que vont lidier Leonardo Benitez,  Victor Puerto, Miguel Abellan, accompagnés, à cheval, de José Luis Rodriguez.

     27 janvier : Morelia (Mexique) : Media plaza pour la corrida au bénéfice de la lutte contre le cancer. Curro Rivera devait mener le paseo. Le destin en a décidé autrement. Paco Doddoli le remplace dignement, donnant vuelta à son premier – Le triomphateur de la corrida est Enrique Ponce, avec deux oreilles du deuxième et probablement le même bilan au cinquième, si l’épée ne lui avait joué un mauvais tour – Carlos Rondero mit aussi toute sa hargne à couper une oreille au sixième. La corrida de San Martin a servi, bien présentée et mobile. Le cinquième se cassa un piton, et fut remplacé par un Real de Valladolid.

     27 Janvier : Juriquilla (Mexique) « No hay billetes » : Corrida passion. La plaza est pleine, le Juli est à l’affiche – Hélas, la corrida de San Martin, ici, n’a pas brillé. Les toreros ont du sortir « le sac à malice », pour couper chacun un trophée. Zotoluco est actuellement l’incontesté N°1 Mexicain. Oscar San Roman tire son épingle du jeu, mais pinche son deuxième – Juli, quant à lui, mit toute son ardeur guerrière, face à deux toros qui en avaient beaucoup moins – A caballo, Pablo Hermoso de Mendoza coupe également un trophée, mais tua mal son second.

     La temporada mexicaine aura pour centre d’attraction, ce dimanche 28, la plaza Monumental Mejico, pour la quinzième corrida de la temporada. Au cartel : Cavazos, qui arrive, un peu courbatu de ses cogidas de Leon;  Juli, pour sa deuxième corrida, espérant répéter les triomphes du festival Teleton, et de sa première sortie « formelle » où il remplit la plaza, et perdit au moins trois oreilles à l’épée; Antonio Bricio confirmera son alternative. Cartel de luxe, avec des toros de Fernando de la Mora, choisis, on se doute, pour le succès. Il y aura, avant la corrida, une messe hommage à Curro Rivera, dite au milieu du ruedo, et ces cendres feront une dernière vuelta, dans cette monumental qui vit, tant de fois, triompher sa passion torera.

     27 Janvier : Medellin (Colombie) – 4ème corrida de temporada – presque ¾ de plaza.(7500) : La corrida de Cerro Bermejo a totalement déçu, et le public de la Macarena, et les toreros qui n’ont pu faire grand chose. Corrects de présentation, mais sans race, les toros d’encaste Jandilla, ont fait bailler tout le monde. Seul le sixième, d’encaste Conde de la Corte, a permis une bonne faena de Paquito Perlaza, qui malheureusement, a tout gâché à l’épée – Manolo Caballero et Uceda Leal ont été applaudis pour leurs vains efforts.

     La temporada Colombiana continue aujourd’hui, à Bogota, avec la double confirmation d’alternative du Morante de la Puebla et de Juan Bautista. Le parrain commun sera Nelson Segura, et les toros de Garzon Hemanos. Cartel intéressant et passion dans les gradins.
 

JEAN QUI RIT, JOSEPH QUI PLEURE…

     29 janvier : Décidément, les cornadas tombent toujours très mal. Hier, au cours de la Corrida de Bogota, le quatrième toro a blessé deux matadors, le colombien Nelson Segura et Jose Antonio Morante de la Puebla. Blessure plus douloureuse que grave, mais qui tombe on ne peut plus mal, puisque le diestro sévillan  se trouve dans une délicate situation, à deux pas de l’ouverture de la saison, en Espagne. Absent probable à Valencia, le Morante se doit de faire le plus de bruit possible, pour « peser » sur Séville, où pour le moment, rien n’est fait. « Trois corridas, ou je n’irai pas » déclarait hier le torero de La Puebla. Il est clair que l’accident de Bogota, constitue, en plus de la douleur physique, un gros point noir dans la préparation morale du diestro, à la veille de « reconquérir l’Espagne »…

     Malheureusement, car personne ne peut s’en réjouir, les cornadas donnent au torero resté dans le ruedo, une occasion de briller. De plus, le public est de son côté, l’encourage et le porte. Si la chance aide un peu, le torero peut arriver à se transcender. C’est ce qui est arrivé, hier, à Jean Luc Jalabert qui, demeuré seul maestro dans le ruedo de la Santamaria, a pris quatre toros et connu un grand triomphe dont l’importance n’est pas marquée au tableau, à cause « du pincho »… Mais le français, qui confirmait son alternative, est « tombé du bon pied, à Bogota ».

     28 Janvier : Bogota (Colombie) – 2/3 de plaza (8000) : Corrida dramatique, le quatrième toro  « Rompecuñas », de Garzon Hermanos, ayant blessé coup sur coup, Nelson Segura et Monte de la Puebla. La corrida n’a donné aucune facilité, bien présentée mais sans race aucune - Deux matadors confirmaient leur alternative des mains du « jeune vétéran » colombien Nelson Segura. Pour lui éviter de tuer deux toros d’affilée, on changea l’ordre des interventions : Nelson Segura toréa deuxième et quatrième toro. Il ne put grand chose face à son premier, et se fit prendre gravement en entrant a matar le fameux quatrième : cornada de 20 cms, à double trajectoire, derrière le genoux – Morante de la Puebla prit la suite, et se fit prendre, lui aussi. Cornada dans le bas ventre, au niveau des testicules. Auparavant, le diestro de la Puebla del Rio avait confirmé son alternative face au toro « Hortelano » - 490 Kgs, sans grand succès. En fait, ce sera le seul souvenir de cette triste tarde de présentation à Bogota – Juan Bautista emporte d’autres souvenirs qui vont « le gonfler à bloc », à la veille de la temporada. Confirmation d’alternative, devant le troisième Garzon, du nom de « Tejero » - 518 Kgs. Le français donna une première vuelta al ruedo. L’accident arrivé à ses collègues le laissa seul en piste avec le quatrième qu’il eut du mal à trucider. Jalabert prit ensuite les deux restants, faisant preuve d’un courage serein et de grande toreria. L’épée lui refusa l’oreille du cinquième, mais pas celle du dernier que le français, adopté par l’aficion Bogotana, promena en triomphe. A n’en pas douter, Juan Bautista reviendra à la Santamaria.

     28 Janvier : Mexico – plaza Monumental – 15ème de la temporada – casi lleno : Le Juli a encore attiré 40000 personnes dans la Mejico. Hélas, cette fois, il eut beau mettre toute le caste dont on le sait capable, cela n’a pas voulu sourire. Les toros de Fernando de la Mora ont montré très peu de forces, ce qui leur a donné « du temps pour réfléchir », et donc, beaucoup de sentido – Eloy Cavazos, mal remis de ses lésions, n’a pas forcé la machine, se faisant houspiller pendant les faenas, mais étant silencieusement respecté à la mort de ses adversaires – « El Juli » a fait feu de tous bois. « Se la jugo », devant le troisième et mit beaucoup d’émotion, face au cinquième. Ovation aux deux – Antonio Bricio confirma son alternative face au toro « Paso Fino », un berrendo de 480 Kgs. Beaucoup de volonté de la part du jeune diestro , mais peu de réussite, malgré le sobrero offert. Ovation, silence et silence.

     La corrida a débuté dans l’émotion. Portée par ses deux fils, l’urne contenant les restes du matador défunt Curro Rivera, donna une dernière vuelta al ruedo de la Monumental, tandis que montait au ciel, le chant des adieux « las golondrinas ». A l’heure du paseo, chaque torero alla toucher l’urne de la main , comme pour un dernier adieu, comme pour un dernier « Suerte ! »

     28 Janvier : Leon (Mexique) – No hay billetes : Triomphe d’Enrique Ponce, coupant deux oreilles  à son second. Mariano Ramos obtient un tropphée, et Garibay, plein d’ardeur et de talent fait respectivement, une et deux oreilles. Les toros de Mimihuapan se sont montrés excellents.

     28 Janvier : San Cristobal (Venezuela) – Dernière de Feria – Media plaza et quatre heures de spectacle. Ouf ! Le rejoneador écouta trois avis; les toros n’ont rien donné et du coup, deux maestros offrirent le sobrero. Donc, neuf toros lidiés. Corrida du sieur Domingo, aussi mal présentée, aussi mauvaise que les fois précédentes – A cheval, Jose Luis Rodriguez ne put tuer, et son sobresaliente, Carlos Criollo, non plus. Sonnèrent les trois avis, et c’est Victor Puerto qui acheva l’animal moribond – Leonardo Benitez n’eut pas de grande réussite – Victor Puerto triomphe, avec caste et technique, coupant l’oreille du troisième et offrant le sobrero, auquel il coupa un second trophée – Moins de chance pour un Abellan à la chevelure ultra courte (que feo !) : Palmas, silence et silence au deuxième sobrero offert. Tout ça, pour ça !

     Triomphateur de la Feria de San Cristobal : Leonardo Benitez

     Meilleur Toro : « Galopo », de Jeronimo Pimentel, qui obtient le prix du meilleur lot.

     Torero révélation et meilleure faena : « El Cid »

     Ayant officiellement désobéi à l’Autorité, Javier Conde n’est pas entré dans le concours. Pourtant, l’aficion ne parle que de sa faena et de son superbe coup de tête…
 

PRECISIONS SUR LA CORRIDA DRAMATIQUE DE BOGOTA

     30 janvier : A l’heure où l’on parcourait les nouvelles, contradictoires, concernant la double cornada de Nelson segura et Morante de la Puebla, dimanche, à la Santamaria de Bogota, on avait du mal à croire qu’un même toro puisse blesser deux professionnels au moment de l’estocade. Même si c’est possible, et cela a bien du arriver au cours de l’histoire, on pense bien que les toreros regardent toujours avec attention les réactions du bicho quand le collègue entre a matar, « au cas où »… Premièrement pour aller sauver le copain s’il se fait prendre, ensuite, parce qu’il faudra aller, soi-même, estoquer l’assassin.

     On comprend mieux, maintenant, ce qui s’est passé. Le quatrième de Garzon Hermanos, « Rompecuñas » - 468 kgs -  sort vif dans le capote de Nelson Sgura qui aligne trois jolies véroniques, remate en une demie et veut s’éloigner. C’est à ce moment qu’il glisse sur une plaque de sable humide et tombe. Le toro fonce sur lui, et malgré la cape lancée de côté, lui inflige, au sol, une grosse cornada au milieu de la face arrière de la jambe gauche.

     Morante prend le toro, donne un joli quite par véroniques et media. Sa faena va comporter les meilleurs moments de la journée. Deux séries de redondos, toréant alangui, et un « trincherazo maison » sont au rang du souvenir. Le toro, qu’il fallait commander, fit mine de rompre le combat, partant aux barrières. Morante, dans sa volonté de triompher, voulut à tout prix l’estoquer à recibir. Entrant trop lentement à un toro qui retenait sa charge, le torero se fait voir. La corne le prend de plein fouet au niveau du bas ventre, l’envoie percuter la barrière, le cherche au sol. Morante est emporté à l’infirmerie, dans la stupeur générale. Ce 28 janvier, un même toro a blessé deux matadors. D’ailleurs, il fera de vilaines choses à Juan Bautista qui prendra la suite, suant la gota gorda pour l’estoquer, le toro coupant le voyage, faisant fi de la muleta. Un marajo !.

     Le restant de la corrida fut diversement apprécié de la presse bogotana, qui certes, souligne la volonté de Juan Bautista, mais ne chante aucun triomphe. Ce qui semble être ratifié par l’empresa au moment de remplacer Morante, les 3 et 4 Février. C’est Finito de Cordoba qui a été choisi, pour les deux corridas. Stratégie ? Affaires de despachos ?

     Pour ce qui est des blessés, Nelson Segura souffre d’une cornada de 15 cms d’extension et 20 de profondeur, à l’arrière du genoux gauche, avec trois trajectoires qui sectionnent les deux muscles izquiotibiaux. Malgré tout, les chirurgiens ne considèrent pas la blessure comme grave. Par contre, entre la guérison et la réhabilitation musculaire…3 mois !

     Le Morante de la Puebla souffre de la classique cornada au scrotum, la corne l’ayant « rayé » sur 8 cms, et  éviscéré les testicules. On a du mal à considérer cela comme peu grave. Et vous, mesdames ? De plus, le torero est roué de coups, à l’abdomen, dans le dos. Une terrible raclée. Le Morante, qui sera indisponible pour deux à trois semaines, a annulé tous ses contrats, et rentre en Espagne. On pouvait rêver mieux à la veille d’une temporada, primordiale pour lui.
 

AJALVIR, LA FERIA DU « TROP FROID »…

     30 Janvier : On veut toujours faire mieux, plus, et plus tôt. « Cosas de Stratégie ! », vous savez ? Auparavant, lorsqu’on disait, « la feria du froid », « la première de la temporada », on pensait aussitôt Valdemorrillo. Une longue tradition de corridas frigorifiantes, tant par ce qui sortait dans le ruedo, du genre méchant, vilain, lourd et très pointu, que par des conditions climatiques qui présidaient au combat, du style « corrida polaire ». Chaque année, début février, on attendait Valdemorrillo, et à chaque fois, en lisant les cartels, le même commentaire : « brrrrrr ! »

     Alors arriva Ajalvir. Pas très loin, non plus, de Madrid. « On va faire mieux, et avant Valdemorrillo ». Bon ! Ca  ne marche pas forcément ! Outre les pâles résultats des précédentes éditions, Ajalvir a connu la poisse, prévisible, pour sa feria 2001. Trois spectacles programmés, les 26, 27 et 28 Janvier, deux annulés par le mauvais temps et ses conséquences. Ruedo impraticable, froid partout, surtout aux taquillas. La copie à revoir!

     Dimanche, cependant, la corrida a eu lieu, avec des toros de La Laguna, très encastés, quatre d’entre eux supérieurs pour le toreo. Malgré qu’ils aient coupé deux oreilles, chacun, à un toro, Miguel Martin, Alberto Ramirez  et Angel Gomez Escorial auraient du mieux faire…

    Nada !  Ajalvir n’est pas encore Valdemorrillo… Et Valdemorrillo commence le premier dimanche de février…como de costumbre !
 

HOU… LES CORNES !

     30 Janvier : Qui a dit que l’UVTF ne faisait rien , ne décidait rien ? Nous ? Non ! – Si ? Ah, peut-être ! – Cette fois-ci, au cours du rendez vous de Lunel, on a décidé. Clair, net et précis ! Devant la mal endémique qui règne depuis des années sur la corrida française (sur bien d’autres aussi, plus huppées), et qui a pour nom « Afeitado », il a été décidé que, dans chaque corrida formelle, lidiée dans les sept grandes plazas françaises (Arles, Beziers, Nîmes, pour l’Est – Bayonne, Dax, Mont de Marsan, pour l’Ouest – Vic Fezensac, pour le milieu), on prélèverait systématiquement deux paires de cornes, pour « mise en examen » scientifique post mortem ! Hombre !

     Trois personnes pourront, devront, après le sorteo, désigner deux toros dont les cornes seront envoyées au labo : Le représentant de l’UVTF, le représentant de l’Association des Vétérinaires Taurins de France, et le vétérinaire local… En fait, deux, parce qu’on voit mal comment le vétérinaire local « se saborderait », aux yeux de ceux qui l’ont désigné… Par contre, le représentant de l’UVTF devra vraiment être impartial, parce qu’il risque d’y avoir des « apéros musclés », après le sorteo ! Bonjour les règlements de comptes, « en toute amitié »…

     Bon ! « Wait and see… » comme on dit dans la marisma !

 

FALLAS DE VALENCIA : LES ABSENTS AURONT TORT…

     31 janvier : C’est aujourd’hui, à la mi journée, que seront présentés dans les salons de l’Hôtel Astoria, les Cartels des « Fallas de Valencia 2001 ». On sait l’importance de cette feria qui, traditionnellement, ouvre le grand bal de chaque temporada. Qui dit « Mars » dit Ferias du « Pais Valencia », taurinement partagé entre Castellon et le cité du Turia. Outre les formidables animations colorées et pétaradandes  qui illuminent chaque quartier, Valencia concentre dans sa magnifique plaza de la Calle de Jativa, tous les acteurs du mundillo professionnel, venus prendre la température au lever de rideau de la future saison. Qu’ils soient empresas, apoderados, ganaderos, journalistes, ils sont tous là et observent, surveillent,  se rencontrent ou s’évitent, à grands coups d’abrazos, s’épient et prennent des notes. Dans les tendidos, parfois transi de froid, un public bon enfant, composé d’aficionados et de néophytes, joyeusement mêlés. Ils viennent de Valencia capital, mais aussi des multiples villages alentour, qui ont chacun une peña, culturelle ou taurine. Tout ce petit monde se regroupe et cela fait du bruit, à l’heure du paseo, en particulier quand un torero valenciano foule le ruedo. Certes, on est loin de l’ambiance créée par la présence du Soro, quand tout Foyos débarquait, mais il y a toujours un climat spécial quand Enrique Ponce, maître des lieux, foule son sable. A deux pas, Barrera a aussi ses partisans. Un plaza chaleureuse, et, pour les protagonistes, le premier « gros challenge de la temporada »

     Cette année, les absents auront tort. La feria se déroulera du 10 au 19 Mars, traditionnel « Dia de San José ». Ce soir là, tout Valencia s’enflammera, pour un « pobre de mi » en multiples feux d’artifice.

     La feria se composera de sept corridas, une de Rejoneo, deux novilladas piquées et une sin picar. Si l’on se cantonne aux corridas, cela fait 21 postes. Les négociations ont été musclées, on le sait, avec certaines vedettes, mais il y avait des priorités, en particulier, la présence du Juli, totalement absent l’an dernier. Seuls Enrique Ponce et Julian Lopez « feront doblete », les autres diestros étant tous invités une fois, ce qui étonne, en particulier dans le cas de Caballero, triomphateur l’an passé, et Vicente Barrera qui, il est vrai, reprend l’épée après un an d’absence. L’organisateur, par contre, récompense les vainqueurs de l’an passé, en particulier la terna de l’historique Victorinada de Juillet, ainsi que Manolo Carrion, fêté en octobre. Muy bien !

     L’empresa a dit ce qu’elle pensait de Joselito et José Tomas, secondée en cela par la majorité de la presse spécialisée, dont le leitmotiv est : « Un torero est fait pour toréer, point final… » ou encore « Ils ne vont pas nous refaire le coup de l’an passé ». Mais on note aussi l’absence de Morante de la Puebla et de Jesulin de Ubrique. Le premier n’a toujours pas convaincu les valencianos et Jesulin, pourtant triomphateur, ici, du temps de « la tortilla », ne semble pas avoir la force souhaitée. A noter qu’il a aussi quelque problème du côté de Séville. Pour ces deux toreros, le début de saison va être primordial : Faire du bruit en province, pour récupérer des places dans les grandes ferias. Il y a du pain sur la planche !

     Coté toros, on note les lots de Pablo Romero, Guardiola, et les Murube du Capea, qui clôtureront en vedette, le tout accompagné des Nuñez d’Alcurrucen, le reste étant du « multi Domecq ». A suivre, du côté Novilladas, les Coquilla de Sanchez Arjona, et les Santacoloma de « la Quinta », triomphateurs de la San Isidro 2000.

     Normalement, la feria va être annoncée comme suit :

10 Mars : Novillada sin picar
11 Mars : Novillos de « La Quinta » pour Fernandez Pineda, Joaquin Mompo et Sanchez Pullido
12 Mars : Novillos de Sanchez Arjona , pour Juan Alberto, Cesar Jimenez et Ivan Garcia
13 Mars : Toros de Guardiola, pour le Zotoluco, Manolo Carrion et José Luis Moreno.
14 mars : Toros du Partido de Resina, pour Oscar Higares, Juan José Padilla et Raul Blazquez.
15 Mars : Toros de Torrestrella, pour El Cordobes, Victor Puerto et Miguel Abellan
16 Mars : Toros de J.P Domecq, pour Ortega Cano, Enrique Ponce et « El Juli »
17 Mars : Toros de Santiago Domecq, pour  Caballero, El Califa et « El Juli »
18 Mars : Toros de Alcurrucen, pour Finito de Cordoba, Rivera Ordonez et Juan Bautista
19 Mars : Toros du Capea, pour Espartaco, Enrique Ponce et Vicente Barrera.
Le 19 Mars au matin, corrida de Rejoneo avec 6 cavaliers : Moura, Bohorquez, Gonzalez Porras, Cartagena, Sergio Galan et Alvaro Montes, devant un lot de Bohorquez.

 

« PRION » POUR NOUS…

     1er Février : On a beau regarder cela d’un air distrait, se voiler la face en pensant que « cela ne peut arriver qu’aux autres », on ne peut s’empêcher de penser, à la lecture de toutes les mesures mises en place pour détecter  « le » mal qui ronge ces pauvres bovidés, que nous allons avoir un problème…

     De l’encéphalopathie spongiforme bovine, on sait tout…et on ne sait rien. A voir les hésitations, les mesures radicales,  les retournements d’opinions économico politiques, on peut ne pas se sentir rassuré. « Pas de vaches folles en Allemagne ! C’est impossible… Achhh ! Ben oui ! sauf que, trois semaines après, on s’aperçoit que les belles bavaroises dansent aussi la gigue et marchent presque au pas de l’oie, ce qui fait désordre. 25 cas repérés. En Espagne, casi lo mismo ! Aujourd’hui, on en est à 12…  Partout le mal apparaît, même aux Acores… Alors, pendant qu’on accuse et que l’on  réglemente en hâte, ce qui fait tout sauf rassurer les masses, les taurins s’affairent, les aficionados se posent questions, et aujourd’hui, sans le dire tout un pan de l’économie espagnole s’inquiète, parce qu’avec le prion, un autre venin va venir s’incruster dans nos cervelles… la politique.

     Les mesures sont draconiennes : Une vache malade repérée, et tout le troupeau est abattu. Cela brise le cœur ! Tout d’abord, celui des agriculteurs éleveurs, pour de multiples raisons, mais aussi le nôtre, parce qu’il n’y a pas plus doux que le regard d’un veau ou d’une génisse, de tout poil. Alors, la bête est exécutée, on retire toutes les parties susceptibles d’abriter le monstre, et arrive le spécialiste, vêtu comme un cosmonaute, avec visière spéciale, doubles gants, combinaison jetable, qui va faire un prélèvement… justement à « l’endroit du descabello », à quelques centimètres près. Test,  analyse ! « La bête » est-elle à l’intérieur de la bête ?

     Dans les ruedos de toute la planète taurine, grand et petits, ronds et ovales, quand ils ne sont pas rectangulaires, comme dans la proche Magescq,  vont débouler des centaines et des centaines de toros, qui vont être lidiés et « matados a estoque ». Sur des centaines de places de village, « on va courir el bou », plus ou moins proprement. Ca fait beaucoup de têtes, beaucoup de doutes aussi…

     Certes, des mesures sont prises, des réglementations s’échafaudent, les unes après les autres : Tous les toros seront incinérés. Un test existe, post mortem. Un autre est en essai qui pourrait repérer la maladie chez la bête, vivante. Pour le moment, tous les toros seront incinérés. Cependant, on laisse au ganadero le choix de décider : Analyse et,en fonction de la réponse, le feu ou la possible consommation. Brr !

     Il est hors de question de lancer les oreilles et à plus forte raison, les queues, dans le public. Ces trophées seront récupérés à la fin de la vuelta et incinérés, de même. Les piques, épées, descabellos, puntillas seront désinfectés après chaque corrida. Beaucoup de mesures, beaucoup de doutes aussi…

     Les matadors vont trimbaler leurs trophée, un rictus aux lèvres, tel Curro Romero, qui, on le sait détestait prendre en main les oreilles ou les queues obtenues. Si cela continue, la solution est simple : oreilles et queue postiches, à la charge de l’alguazil, qui les récupère, après chaque vuelta.

     Les puntilleros vont se transformer en chimistes. Ils seront les plus proches de l’éventuel démon. On va assister à de drôles de scènes si un toro  mal descabellé s’en va remater fort dans le barrière. Eh oui, cela peut arriver…

     Que va t’il se passer ? La panique qui a envahit, peut être logiquement, nos cantines, va t’elle se reproduire dans nos plazas ? Ce serait alors un désastre. Nous ne parlons pas ici de notre dépit aficionado, sinon de l’immense tristesse de voir le plus beau des combattants, mourir sans combattre, et surtout de tous ces familles qui vivent de l’élevage et de la lidia du toro bravo. On parle ici des plus modestes, bien sûr.

     Malheureusement, on va vite être fixés. Imaginez que l’ESB prenne de l’ampleur, que dans quelque ruedo fameux ou quelque place de village lointain retentisse la fatale alerte… Les conséquences seront incalculables.

     Voilà, il faut attendre. Mais, déjà, on questionne, on interpelle. Les Antis vont bouger. Les partis politiques vont trouver là matière à s’opposer. On va comparer bilans, héritages, statistiques… Les statistiques ! Elles mènent le monde, et arrivent même à prouver que tout va bien, y compris à ceux qui crèvent la misère.

     Les statistiques ! Elles font aussi le bonheur, ou le malheur, de ceux qui travaillent et qui peinent… C’est un peu ce que l’on pensait hier, en voyant le show monté à la sortie de la première « Toyota France ». Superbe ! Grosse réussite ! Belle ambiance ! Chronomètre en main, ça avance « mieux qu’au Japon ». Oui  mais, la fête passée, il faudra continuer, sous peine d’être… « saké » !

    Que haya suerte pa todos !