L'ACTUALITÉ TAURINE
(Avril 2001)

LE MIRACLE DE SAINT SEBASTIEN

    1er Avril : Soyons clairs. Aujourd’hui, nous pourrions parler de la mort d’un torero. Heureusement, le sort n’en a pas voulu ainsi et tous les saints aficionados du paradis « echaron un capote », faisant le quite à Juan José Padilla, pendu par le cou aux cornes d’un Victorino Martin, un 31 mars 2001, sur le coup de 18h40, en plaza d’Illumbe, à SanSebastian.

      Les clarines venaient de retentir, annonçant la sortie du troisième Victorino, du nom de « Buscador » - 523 kgs – Au milieu d’une rumeur d’anxiété, d’admiration et de joie mêlées, Juan Jose Padilla, comme tant de fois, traversa le ruedo en direction de la porte du toril. Un sourire, à trente secondes de la plus folle des bravades,  déclencha une telle ovation que le diestro dut saluer, montera en main, avant de s’agenouiller. Un fait unique.
La camera nous montre, à l’intérieur du couloir, le premier élan du toro, en vrai bolide. Madre mia ! Padilla voit arriver le toro, comme un obus. Il lance sa cape, peut-être un poil trop tôt, mais déjà le toro est sur lui, ne lui laissant que le temps de se pencher légèrement sur la gauche. L’impact est affreux. La corne prend le torero à la base du cou, le lève comme fétu de paille, le porte un long moment, tirant d’affreux hachazos, pour ce débarrasser de ce poids encombrant. Padilla est ainsi brinquebalé sur vingt mètres, comme un pantin désarticulé. La corne déchire tout, frôle le visage. La cravate noire semble tenir encore, étranglant le torero. L’impression est terrible. Chacun, en un éclair, a la même impression : « il l’a tué ». Aussitôt revient à l’esprit la terrible « mort en direct » de Manolo Montoliu, le 1er mai  1992, en plaza de Sevilla.
    
Le toro vient de rejeter le corps, dans un dernier derrote. Padilla est étendu, puis de relève. Ils se relèvent tous. Portant ses mains à son cou, manquant d’air, le torero confirme par son expression, perdue, la terrible crainte. Du sang macule ses mains. Tout le monde pense : « la jugulaire ». Les cuadrillas se sont précipitées, un jeune homme aussi, en civil, « el Juli ». A l’arrivée au callejon, c’est l’affolement habituel. Padilla s’abandonne. On craint vraiment le pire, tandis que la télévision répète, sous plusieurs angles, le terrible accident. On a tous peur. Le toro a fondu sur le torero agenouillé. La cape, à ce moment, finit son envol, et le toro l’aperçoit, venant directement sur le côté gauche du diestro, quand, de fait, la grande voile jaune aurait du le jeter sur sa droite. Padilla s’incline légèrement sur la gauche, et cet ultime réflexe lui a probablement sauvé la vie. Sinon, il prend la corne en plein visage, ou se fait égorger sur place. En fait, la corne pénètre sous l’épaulière droite, au niveau de la clavicule, et remonte vers le cou. Il y a deux trajectoires d’une dizaine de centimètres, vers le haut et le bas, laissant plusieurs vaisseaux à nu, sans les trancher. Effarant, incroyable, totalement miraculeux.
    
Les images suivantes montrent des homme qui pleurent, à la porte de l’infirmerie. Terribles souvenirs... Paquirri, Yiyo, Montoliu... Des hommes durs, inconsolables ! Et puis les nouvelles arrivent vite : « Il est conscient, il parle. C’est moins grave qu’on ne pensait. On va l’opérer. C’est un véritable miracle ! » Effectivement, quelques instants plus tard, l’opération est en cours et, dans la plaza, tout le monde est rassuré, quoique croyant à peine en de si bonnes nouvelles. Une heure plus tard, des images furtives nous montrent le torero, la tête immobilisée, mais le geste expressif, gigotant sur sa civière, direction l’Hôpital d’Aranzazu. Pour un peu, il réclamerait un wisky et quelques tapas. Incroyable ! « Le miracle de San Sebastian »! A quand, la prochaine portagayola ?
    
Du coup, la corrida de Victorino fera date. Et c’est un autre miracle, car, encore une fois, malgré sa satisfaction, Victorino a déçu. Seul le dernier toro, en véritable Victorino Martin, lui a fait le quite. Toro remarquablement présenté et armé ; très encasté et solide sur ses pattes ; vendant chèrement sa peau, mais chargeant fort sur la muleta de Stéphane Fernandez Meca, qui lui coupa une oreille. Et ça, c’est pas un miracle !
Ruiz Miguel est revenu. On a retrouvé sa facilité d’ «andarles  a los toros », ce don qu’il a de marcher avec eux, de les tromper et les amener où il veut. Après, cela change un peu, et au moment de l’épée, c’est la catastrophe. A la fin de la course, Ruiz Miguel a décidé de continuer. Certes, il peut ainsi donner quelques cours de lidia, et distribuer quelques bajonazos. Enfin ! La nuit porte conseil, dit on...

     31 Mars  - San Sebastian (plaza d’Illumbe) – 2/3 de plaza – corrida télévisée sur Via Digital : Six toros de Victorino Martin, très inégalement présentés  - (510, 502, 523, 517, 575 et 570 kgs) : Le premier « faisait peine à voir », le deuxième se cachait derrière deux pitones engatillados. Par contre, les autres furent corrects, avec deux tios :quatrième et sixième. Pour quatre d’entre eux, la faiblesse fut patente, provoquant des charges courtes, des arrêts au milieu de la suerte, des retours dangereux. Sans cette lacune, la corrida sortait noble, avec le caractère bien particulier du Victorino. Le cinquième, un affreux soso gazapon, se mit à suivre chaque pas de Ruiz Miguel, qui, après deux pinchazos,  s’en débarassa d’un golletazo, que l’on qualifiera d’infâme, même si l’on comprend qu’il fallait en finir au plus tôt.
Ruiz Miguel se retrouva donc en mano a mano. Trois toros : deux ovations au tiers et une grosse division d’opinions. A part à l’épée, le bilan peut se révéler positif. On le vit à l’aise au capote, marchant bien avec le toro, tirant quelques bonnes droitières, donnant trois jolies naturelles au troisième. Mais attention, la faiblesse des deux toros l’a amplement servi, l’a laissé souffler, se replacer à son aise. Qu’aurait il fait devant le sixième ? Que se passera t’il lorsqu’il trouvera un toro qui « le presse » vraiment ? On peut admirer Ruiz Miguel, et lui tirer son chapeau pour sa prestation d’hier. Mais on peut également, avec beaucoup de respect, lui demander de réfléchir...
Stéphane Fernandez Meca a été impeccable. Il n’est pas « torero de dentelles », on le sait. Il est devenu un torero puissant, très technique, super connaisseur du Victorino, sachant imposer sa loi, sachant « laisser cette muleta  toujours devant » (quand on sait combien ça coûte). Mais il a démontré hier qu’il savait aussi donner de la profondeur au muletazo, en plusieurs séries de derechazos au sixième, closes de grands pases de pecho. Superbe et surprenant les spectateurs, face à son premier qu’il devait « obliger » tout en ménageant sa faiblesse. Bien aussi face au quatrième, qu’avait remarquablement banderillé El Chano. Le français se montra vibrant, puissant face à « Pescadero », le fameux sixième. Un grand toro, très encasté, qu’il ne fallait douter à aucun moment. Trois séries de droitières liées, tirées à fond, firent rugir les gradins. La gauche fut malheureusement impossible, mais un retour sur la droite et une très bonne demie épée firent tomber une oreille, que le public aurait demandée dans n’importe quelle plaza. Grande actuacion, limpia, courageuse et technique de Meca, qui est passé, hier, « au ton au-dessus ». Seul petit problème : l’épée qui se refusa, face à ses deux premiers, lui coûtant deux avis. Et puis un petit reproche : Quoiqu’il en coûte, il devait laisser la cuadrilla de Padilla banderiller le sixième. Pero, bueno ! Ovation, ovation et une oreille... Stéphane Fernandez Meca a été remarquable, lors de cette corrida « du miracle ». Mais ce succès, il ne le doit qu’à lui-même. Enhorabuena !

 

« LE » MARIE ETAIT TROP BELLE...

      2 Avril : « Dans le port d’Amsterdam, y’a des marins qui boivent.... », qui braillent des vivas et quelques coquineries au passage d’un couple de jeunes mariés. Lui est fier, elle, rosissante dans sa robe blanche. Histoire d’amour, histoire de toujours...
     Depuis hier, les marins d’Amsterdam vont s’en jeter « un coup de plus » en voyant les nouveaux mariés, machos tous les deux, qui s’embrassent à bouche que veux tu, le tout très légalement, sous le regard attendri des politiciens démago... On marie, aujourd’hui des gens du même sexe. Bueno ! La loi, « l’Egalité », le politiqueo, tout ce que vous voudrez... mais on ne nous empêchera pas de « sursauter »...et de nous éloigner, la tête basse.
     Du coup, l’expression « la Mariée était trop belle » n’a plus raison d’être, et nous voilà bien ennuyés... Plus de titre ! Pourtant, cette expression traduisait à merveille l’espoir  que constitue cette cérémonie magnifique qu’est une alternative. On baptise un nouveau matador de toros. Cela peut choquer, sembler à la limite du « païen », mais ce moment traduit tous les efforts, les espoirs d’un jeune qui part au canon, gaillardement, vêtu d’or, en pleine lumière. « Matador de Toros », un mot qui exprime grandeur, courage, noblesse.
     L’alternative se doit d’être un succès, le nouveau promu faisant étalage de son savoir, de son calme, de son expérience, de sa valeur. En un mot, de son métier, bien appris, auquel il ajoute sa touche personnelle...
     « La mariée était trop belle ! ».... Hier, Javier Castaño a pris l’alternative, et les plus noires craintes se sont, hélas, vérifiées. En deux coups de tête, le toro d’alternative a recalé le jeune prétendant, le blessant légèrement, heureusement, mais lui donnant une « énième rouste », qui confirme, hélas, que toutes les précédentes n’ont servi à rien, et que le torero est toujours aussi courageux, mais toujours aussi « torpe ». Cela dit, Damaso Gonzalez s’est fait prendre huit fois par son toro d’alternative, en plaza d’Alicante, vers 1969. Alors, Castaño, qui suit ses traces, a vraiment de l’espoir.
     « La mariée était trop belle ! »... Jesulin de Ubrique a toréé cinq fois, depuis Olivenza, et n’a plus rien coupé, à part « una orejita, en un pueblo ». Surprenant ! Le retour, avec une nouvelle identité, semble plus ardu que prévu. Séville approche à grands pas, et c’est là que le destin dira si « oui, non , ou peut-être, mais ! »

     1er Avril – San Sebastian (Plaza d’Illumbe) – ¾ de plaza (9000 personnes) : Cartel de luxe pour une alternative événement. Enrique Ponce et El Juli, les deux N°1, viennent conférer l’alternative à Javier Castaño, salmantino d’adoption, dont certains disent monts et merveilles tandis que d’autres se grattent discrètement la tête, dubitatifs. Corrida de Santiago Domecq, magnifiquement présentée, sortant brave au cheval, mais faible, faible, à en pleurer... Le premier sera rentré, le sixième puntillé en piste. Les autres passèrent leur temps à « faire de la patinette », fléchissant les antérieurs, tandis que les pattes arrière continuent leur fonction, donnant ainsi le triste spectacle d’un toro « de combat » rabotant le sable du menton, sur dix mètres... A plusieurs reprises, ils firent des efforts pour tenir sur trois derechazos, et s’affalèrent sur le pase de pecho. Una tristeza ! Et pourtant, ils étaient beaux... Le sixième fut remplacé  par un Ana Bohorquez, qui se mit au diapason.
     Javier Castaño a reçu l’alternative devant « Entrador » - N°53 – 562 kgs – de Santiago Domecq. Le seul souvenir positif de la corrida. Inexistant au capote, le jeune matador commença sa faena, stoïque, mais totalement destemplado. Bien entendu, à la première occasion, le toro le fit voltiger et le piétina consciencieusement. Un peu dans le cirage, le garçon revint, donna trois derechazos, la muleta en arrière, et se fit prendre à nouveau, dramatiquement. Fin de faena en toute maladresse, en perpétuel danger, le torero dans un état second. Estocade contraire, en entrant bien, mais qui ne tue pas. Catastrophe au descabello et départ pour l’infirmerie, sous l’ovation. (Traumatisme crânien, petite cornada au niveau du pectoral droit, forte contusion à la jambe et au genou gauche. Des coups partout...). Un mauvais souvenir.
     Enrique Ponce dut prendre trois toros. On le retrouva, technique, esthétique, volontaire et bon tueur. Son premier provoqua un joli batacazo et poussa encore sur la deuxième pique. Le toro débuta sur les genoux, mais se remit d’aplomb en suivant la muleta suave du valenciano. Faena sobre et élegante, clôturée de l’habituel abanico. Bonne estocade un peu contraire, et le toro qui se résiste à la mort... Avis, mais une oreille largement fêtée. Devant les deux autres, Enrique Ponce se montra torero, un peu  froid, très technique devant des toros qui partirent à menos . Il tua vite, écoutant deux ovations.
     Le Juli paraît en forme. Variété, vista, élégance et courage avec la cape : un quite magnifique, au premier de Ponce, beaucoup plus torero que les lopecinas, certes pleines de vibrato, mais très bougées. Aux banderilles, malgré une paire posée sur le côté gauche, Julian fut « très très moyen », palliant des poses à piton pasado, par un jugueteo qui fit passer le tout. De la vista, de la tête et...les jambes ! La muleta fut torera, variée, parfois un peu rapide, sauf en trois naturelles magnifiques au cinquième. Faena très volontaire, intercalant des passes dans le dos et terminant par manoletinas à genoux, dont il sortit le visage couvert du sang du toro, « por arrimarse ». Arrimon « de première », clos par une demie épée, poussée à fond, et un descabello. Un avis et deux oreilles hors de propos dans une telle plaza. Son premier toro avait perdu un sabot à mi faena et, la mort dans l’âme, le Juli avait du en finir là, écoutant une ovation.

     1er Avril, dans les autres plazas : La novillada de Madrid n’a rien donné. Barragan a un peu ennuyé – Sergio Aguilar a donné quelques bonnes passes, au milieu de deux trasteos sans fin et c’est Leandro Marcos qui fit la meilleure impression, avec un toreo d’esthétique et de chispa, faisant penser à celui de David Luguillano. Les novillos de Sorando sont sortis moyennement présentés, un peu faibles et « mansotes con casta »
     A Vista Alegre, le jeune Enrique Peña s’est fait blesser par le sixième Puerto San Lorenzo. La novillera Raquel Sanchez a pris la suite, mais n’a pu estoquer le garbanzo, écoutant les trois avis.
     En plaza de La Roda (Albacete), les toros d’Alcurrucen sont sortis toréables. Manolo Caballero « s’est frisé », coupant trois oreilles – Jesulin de Ubrique semble diviser le public, qui ne le « retrouve pas ». De plus, l’épée ne fonctionne pas bien – Mal servi, Eugenio de Mora ecouta quelques bravos. Il remplaçait Rivera Ordoñez, secoué dans un récent festival.

 

A PORTAGAYOLA...  LES YAMAKASI ARRIVENT !

     3 avril : « Planquez vous, ils arrivent ! Préparez des tonnes de plâtre, de kilomètres de bande velpeau, des milliers de minerves et d’attelles.. ». Aujourd’hui, sur nos écrans, sort le dernier Luc Besson, « les Yamakasi ». Il conte l’histoire d’une bande de copains « multicouleurs » de nos banlieues qui passent leur temps à bondir d’immeuble en immeuble, de sauter depuis les balcons,  de descendre de plusieurs étages sans utiliser l’ascenseur ni les escaliers. Bref, le nouveau sport qui « fait grimper aux rideaux ! ». A n’en pas douter, la mode arrivera sous peu, et les gamins de tous âges vont s’amuser à plagier ces nouveaux « héros de gouttières », avec, sûrement, beaucoup moins de talent. On n’a pas fini de lire certains exploits avortés, dans les pages « faits divers » de nos quotidiens. C’est ainsi !
     Recevoir un toro, agenouillé à la porte du toril, ce n’est pas mal non plus, dans le genre « kamikaze » ou  « conquérant de l’inutile ». Cet exploit, réel coup de poker, s’est dernièrement transformé en un banal sursaut d’adrénaline, en voyant un torero partir bravement se jouer la peau à la sortie du toro. Pour un peu, on pourrait entendre « Quoi ! encore « a portagayola » ? Certes, c’est exagéré, mais dites moi que cela ne vous a jamais effleuré l’esprit, quand, au cours de la même corrida ou novillada, les trois toreros, l’un après l’autre, sont partis au toril.
     Du coup, on a presque banalisé cette suerte devenue une mode et il faut, malheureusement, des accidents comme celui de Padilla, samedi, en plaza d’Illumbe, pour revenir à « la vérité vraie » : Recevoir un toro « a portagayola », à genoux devant le toril, est un véritable exploit, au niveau technique et humain. Se placer à la bonne distance, calculer l’envol du capote après avoir choisi le bon côté, l’instant précis, en fonction de l’arrivée d’un toro « que vous ne connaissez pas » et « qui ne vous a jamais vu »... le tout en quatre secondes, avouez qu’il y a là de quoi « distribuer les légions d’honneur », avec plus de mérite que ce que l’on voit aujourd’hui... 
     Espartaco, Paquirri, entre autres, avaient lancé cette suerte, dans les grandes occasions des années 80. D’autres l’avaient fait auparavant.  Les revues et journaux traduisaient alors le moment terrible, le silence effaré qui le précédait, le « huyyyy ! » et l’immense ovation qui traduisaient la rencontre. Pire qu’un but du Real au Bernabeu ! C’était un moment dans la feria, dans la temporada. Aujourd’hui, « tout le monde y va », presque, et si l’on regarde la feria de Séville 2000, il n’est pas une corrida qui n’ait vu  un torero partir  là bas... Certes Padilla, certes le Tato , Liria et Rivera Ordoñez, mais aussi Abellan, le Juli, et même Pedrito de Portugal... Pour un peu, la musique se mettrait à jouer « Je t’attendrai à la porte du garage », juste hommage taurin à Monsieur Trenet....
     Pourtant non, la larga à genoux « a portagayola » n’a rien de banal. C’est une suerte risquée, au plus haut degré, qu’il faut respecter et saluer comme il se doit. Juan Jose Padilla en a fait « son fond de commerce ». Il a bien failli y perdre la vie, samedi, sur le sable de San Sebastian. Mais le Jerezano est un têtu, à la limite « un peu bourrin »- comme disent, avec quand même beaucoup de respect, nos amis du Sud Ouest – et, du fond de son lit d’hôpital, il ne pense déjà qu’à la prochaine... Elle aura lieu, soit le 14, en plaza d’Alicante, soit le 15 sur le sable d’Arles, avec le Pablo Romero rebaptisés. Ce diable d’homme a du caractère, un orgueil bien placé, « juste un poil » au dessous de la ceinture, des facultés physiques enviables, et une vista qui ne l’est pas moins, à en faire déposer le bilan à Afflelou (bien que celui ci ait repris quelqu’espoir, samedi dernier !).
     Avec ses qualités et ses défauts, avec son toreo de bûcheron, Padilla est un torero qu’il faut saluer, ne serait ce que pour ce moment de roulette russe, jour après jour, plaza après plaza ! Padilla va toréer quelques 60/80 corridas cette année... Combien de « portagayolas » ? Sur 120 /180 toros, plus de la moitié seront probablement accueillis de cette manière, et ça.... cela mérite de s’y arrêter un instant, le temps d’un coup de chapeau.
     « Il » y repartira... à moins que le terrible souvenir d’Illumbe ne reste, à jamais, ancré dans sa mémoire, ce qui serait logique ! Alors, le rictus devenu moins serein, le pas moins assuré, le poignet moins solide, le torero se trouvera de bonnes raisons  et le public, implacable, commencera à murmurer. C’est ainsi, depuis des siècles !
     Après ce week end terrible, les blessés vont mieux : Padilla est encore à San Sebastian, en attente de nouveaux examens, car on craint quelques dégâts vers de côtes qui « flottent un peu trop ». De son côté, moulu, roué de coups, Javier Castaño est reparti vers ses terres, prêt à reprendre la muleta et rester là, sans bouger, en attente de la prochaine... corrida.
     Par contre, c’est un novillero, Juan Mari Lopez, qui donne le plus d’inquiétudes. Dimanche, en plaza madrilène de Vista Alegre, le sixième du Puerto San Lorenzo lui a donné la première « grosse cornada » de l’année : 12 cm en haut de la face interne de la cuisse droite, avec deux trajectoires de 10 et 6 cms, qui dissèquent en la contournant l’artère fémorale, sectionnent le muscle vasto interne et contusionnent le nerf saphène. Cornada, qui arrive jusqu’à l’os, de pronostic grave, provoquant d’intenses douleurs. Cependant, le processus de guérison est déjà bien engagé. Courage !

 

A PART CA, LES TOROS VONT BIEN !

     3 Avril : Une récente étude du « Collège des Vétérinaires de la plaza de Las Ventas »  vient de paraître, sous la forme d’un « Mémoire de la Temporada 2000 à Madrid ». Il y est révélé plusieurs éléments très intéressants, concernant la santé des toros combattus l’an passé, à Las Ventas. En voici quelques uns :
     On souligne « le bon moment », physique et moral, des encastes  Albaserrada, Villamarta et Santa Coloma.
     Côté présentation, 77.86% des 750 toros présentés au « reconocimiento » vétérinaire, ont été approuvés. 22,14% ont été refusés. De ceux qui sont passés à la plaza, 9,76% ont été devueltos , rentrés au corral, pour diverses raisons.
     Une étude sur l’ostéocondrose métacarpienne (lésion liée à la dégénérescence des os des pattes) souligne que 70,82% des 90 cas étudiés, pris au hasard, présentent un haut degré de lésions. C’est énorme. Cependant, ce problème n’est pas statistiquement lié aux nombre des toros  invalides, s’écroulant dans le ruedo pendant la lidia.
     Il se confirme que les toros exposés pendant plusieurs jours à la Venta del Batan, tombent beaucoup moins pendant la course (8%), que ceux directement débarqués dans les corrales de la plaza (22%). L’accoutumance à l’air de Madrid, sans doute...
     Par ailleurs, il est constaté que les cornes « poussent moins » qu’auparavant, après l’âge de trois ans. Longueur moyenne d’un piton, aujourd’hui : entre 44 et 51 centimètres... au repos !
     Enfin, l’étude signale que l’on a pratiqué sur 91 toros, pris au hasard, des examens liés a plusieurs maladies comme brucellose, tuberculose, clamidiase et autres « joyeusetés »... A priori, ils se portent « comme vous et moi »...
     De quoi nous plaignons nous donc ?

 

LES PAQUES DE JEAN BAPTISTE... 

     4 avril : Pâques arrive à grands pas... Avec cette fête chrétienne qui, parfois, dans certaine ville d’Espagne, frôle le païen, on aborde la première grosse difficulté  de la temporada. « Domingo de Resureccion » signifie, bien sûr, l’ouverture de Séville et, de notre côté, la feria d’Arles.
     Cette année, la corrida de la Maestranza retiendra toute l’attention du mundillo : José Tomas y fera sa rentrée. Troquant ses cannes à pêche pour cape et muleta, s’étant rasé de près, le mystérieux torero se doit de marquer un gros point, d’entrée. Pour le moment, il a de la chance, puisque la temporada a débuté « en douceur », personne n’ayant fait exploser l’applaudimètre, au point de le condamner à « dix minutes de placard ». Ni Joselito, ni Jesulin, ni Ponce, ni même le Juli ne peuvent faire d’ombre au madrilène. Califa a bien failli , mais on lui a rabaissé son caquet, au point qu’il n’est ni à Séville ni à Madrid, ce qui est, d’ailleurs, une totale injustice, quelles que soient les circonstances qui entourent ces absences .
     José Tomas torée trois fois à Séville. A n’en pas douter, il visera la Porte du Principe. Imaginez un peu ... ouvrir deux fois « La Porte », au cours d’une même feria. Voilà qui aurait de la gueule, qui ne se serait jamais vu, au moins dans les trente cinq dernières années. Voilà qui, d’un coup, remettrait Jose Tomas  au plus haut de l’échelle, lui permettant d’aborder avec sérénité une feria de Madrid aux résultats aléatoires.
     Mais on s’arrêtera aujourd’hui aux « Pâques de Jean Baptiste ». En effet, Juan Bautista aura un week end « apretado », avec quatre corridas en quatre jours, et une pression digne des grandes figuras. Que l’on en juge : du Vendredi Saint au Lundi de Pâques, Jalabert va toréer quatre fois : Arles, Hellin, Las Ventas et Arles.
     Juan Bautista porte le poids de la Feria d’Arles, toréant les Victoriano del Rio, en ouverture, le 13 avril, et clôturant le cycle, la lundi de Pâques, 16  avril, devant les toros del Pilar. Chaque fois entouré de figuras, il devra marquer la feria 2001 de sa présence. Samedi 14 Avril, les toros d’Ana Romero, à Hellin, près d’Albacete, avec Jesulin et le Cordobes. Quand « un de Ana Romero » met le tête, cela finit parfois en indulto... Et pourquoi pas ? Le  deuxième gros challenge de ce week end « de figura » : Madrid – Las Ventas, le 15 Avril, dimanche de Pâques. Jean Baptiste y sera le témoin de l’alternative de Rafael de Julia, présidée par Uceda Leal, devant des Peñajara. Il y aura du monde dans la plaza, pour un cartel digne de San Isidro.
     Quatre corridas en quatre jours. Quatre challenges, quatre opportunités de confirmer talent, ambition et « rang »... Juan Bautista est le meilleur des français, et de très loin. 2000 l’a vu « énorme » en plusieurs occasions. Il lui faut confirmer. En ce début de temporada, Valencia l’a trouvé trop académique, presque sans flamme, mais Castellon lui a fait triomphe. A n’en pas douter, Juan Bautista ne peut passer au travers de ce nouveau pari, dont on sait qu’il sera très difficile à emporter. Qu’il soit de France, de Navarre ou d’ailleurs, le public est versatile. Il aime la nouveauté, et oublie vite les mérites passés. Seules quelques têtes privilégiées résistent... Un poker d’as, dans lequel il faut entrer... Pas facile !
     Pour Jalabert, Pâques 2001 sera primordial. Ou il monopolise la parole des chroniqueurs, et l’on ne parle que de lui, après Arles et Madrid, ou il passe « de puntillas » et les problèmes commenceront. Bien sûr, les sorteos influeront, mais  de toutes façons, « habra que pisar a fondo »... Pas d’inquiétude, de ce côté là. Suerte, matador !

 

MADRID : SAN ISIDRO AVANT LA LETTRE

      Il y a petite division d’opinions autour des cartels de la San Isidro. Bien entendu, certains regrettent très fortement l’absence du Califa, pour des raisons que monsieur Lozano, malgré tous ces accents de sincérité, n’arrivera pas à nous convaincre. Il est triomphateur de l’an passé (et de quelle manière !) et donc, il devait être tête de liste de la feria 2001. Punto !
     De fait, la feria s’est basée sur les paris de deux figures, qui ont obligé les autres à « se bouger un peu ». Joselito et Tomas « prenant du gros », le Juli et Ponce ont du chercher l’événement. A partir de là, l’empresa a eu beau jeu de confectionner des cartels qui, certes, présentent quelque intérêt, mais ne surprennent pas. Par ailleurs, certains toreros ont été oubliés, quand d’autres se voient favorisés. Que Fernandez Meca, qu’Antonio Ferrera, que Viches, entre autres, soient absents de la feria, n’est pas acceptable. Que Jesus Millan n’ait qu’un contrat  ne l’est pas plus... Bien entendu, tout cela est « gazpacho de despacho » et l’aficionado ne peut qu’accepter...
     Tout bien considéré, on peut dire que les deux cartels de Rameaux et de Pâques ont plus d’intérêt, et sont des vrais cartels de feria...
     Dimanche des Rameaux, 8 Avril : Confirmation d’alternative de Jesus Millan, devant des Juan Jose Gonzalez, en présence de Jose Luis Bote et David Luguillano.
     Dimanche de Pâques, 15 avril : Alternative de Rafael de Julia, des mains de Jose Ignacio Uceda Leal, en présence de Juan Bautista, devant des Peñajara.
     Deux cartels qui avaient place dans le grand cycle, parce que présentant, chaque fois, « un aliciente », une possibilité de surprise, un caractère événementiel que ne produisent pas les trois quarts des affiches de la grande Feria. C’est ainsi !

 

JUAN JOSE PADILLA SERA T’IL EN ARLES ?

     4 avril : On revoit avec horreur les images de la cogida de Padilla, samedi dernier en plaza de San Sebastian. Vaya susto ! Vaya milagro ! La cornada évolue bien et le Jerezano est revenu sur ses terres, hier. Aussitôt, il a été pris en charge par le docteur Julio Mendoza, spécialiste en taurotraumatologie, qui a confirmé la très bonne évolution de la cornada. Par contre, il s’est montré très dubitatif quant à l’état des vertèbres cervicales, et a prescrit à Padilla 21 jours de repos absolu. Arles et la corrida de Partido de Resina... c’est le 15 avril au matin.
     On connaît les toreros. Couturés de partout, cassés en deux, ils arrivent au paseo, grimacent un sourire, et s’en vont au charbon, clopin-clopant. « Des vrais fous ! », dira t’on avec respect et admiration. Des êtres « faits d’un autre bois » ! Parmi eux, Padilla est encore plus fou, et il est clair que le « repos absolu »... se transformera vite en séances d’entraînement. Cependant, cela risque quand même d’être « juste », d’autant qu’il y a Séville, derrière. A suivre donc ..

 

ABELLAN PRENDRA LES VICTORINO DE BILBAO.

     4 Avril : Miguel Abellan fera le paseo, aux côtés du Juli, le 22 Août, face a la corrida de Victorino Martin, à Bilbao. On avait aussi murmuré le nom de Ponce, ce même jour. A suivre donc, ce cartel « qui sent la poudre »... Todo un gesto !
     Par ailleurs, les Victorinos seront combattus, lors de la Feria de Santander, en juillet, par Ruiz Miguel, Fernandez Meca et Juan Jose Padilla.

 

SEVILLA  2001... TRIOMPHER A TOUT PRIX ... (Première partie)

     5 Avril : Rarement une feria de Séville aura comporté autant d’enjeux que celle qui va s’ouvrir dans une petite quinzaine. Pour diverses raisons, les figuras sont obligées de « mettre le turbo » dans la Maestranza, donnant ainsi à l’aficion l’espoir d’une grande compétition. Certes, les challenges personnels ne seront pas les mêmes, et certains toreros joueront  « plus décontractés », quoique... D’autres, par contre, devront marquer un maximum de points à la veille d’une San Isidro où ils ont fait de gros paris, sans aucune garantie. Aussi, Séville doit leur faire un « tapis de lauriers et de louanges » sur lequel ils pourront marcher gaillardement au combat madrilène.
     Séville et ses toros ; Séville et son public ; Séville et cette approche très spéciale du Toreo. Curro Romero parti, le public et le presse seront peut-être plus ouverts, voire plus justes. Fini le temps où la valeureuse actuacion d’un Cesar Rincon, par exemple, était totalement gommée par une demie véronique et deux naturelles du pharaon (Feria 1992).  Plus que jamais, Séville est ouverte, en quête d’une nouvelle idole, qui n’atteindra jamais le niveau d’adoration, ni de mauvaise foi, dédiées au « Curro de mi arma ! »... A un moment, on a pensé au fils de Pepe Luis (dans les années 80), puis, dernièrement, on a rêvé avec le Morante, et l’on y pense encore... Cependant, Séville ne se contente plus des éclairs furtifs. Il faut donc lui prouver, cape en mains, que l’on mérite  une place dans son coeur.  Séville et Curro, c’était un mariage d’amour. Avec le prochain, ce sera, avant tout, un mariage de raison.... le « cariño » viendra après.
     En gros, trois groupes de toreros avec des situations et des challenges différents :  Les Figures « en danger » - Les vedettes qui « ne se jouent rien », mais qui doivent être bien – Le jeunes qui doivent confirmer ou entrer définitivement...
     Au premier rang du premier groupe : José Tomas. Il regarde de loin les autres se débattre ; il ne fait pas l’Amérique ; il s’arrange pour ne pas toréer le premières ferias, restant perdu dans ses pensées, et cache ses ambitions derrière une épaisse barbe noire. On sait qu’il torée avec cette personnalité, ce « sello propio » que tout le monde lui envie, et l’on sait aussi que Séville est le première à pouvoir l’apprécier. Tomas fera sa rentrée 2001 à la Maestranza, le dimanche de Pâques. Trois corridas dans la feria, trois chances de faire taire les dubitatifs, à la veille d’une feria de Madrid où il joue gros : les Puerto San Lorenzo  ne sont pas au maximum, et Adolfo Martin ne sortira pas tous les jours un « Malaguéõ II »(le toro qui a fait sa gloire en 2000 – gloire qu’il a, par la suite en partie gâchée par des présentations et des comportements « divers ». Ref :Pamplona.). Tomas doit triompher à Séville quite à y laisser quelques alamares... Alors, on revoie ses débuts 2000 : Castellon, Zaragoza... Les « réglages » de début de saison lui avaient coûté nombre de volteretas et de blessures... Espérons que 2001 partira sur un autre scénario, sur d’autres bases... Réponse, le 15 Avril (avec les Torrealta) ; le 28 (avec les Nuñez del Cuvillo) et le 30 avril (avec les Juan Pedro).
     Joselito connaît l’ivresse de la sortie par la Porte du Prince. Cependant, il n’est pas, et ne sera jamais torero de Séville. 2001 le voit arriver « en point d’interrogation... » après un début de saison où il voulait effacer d’un coup (le « unico espada » de Madrid – Vista Alegre) les doutes et les suspicions. C’est loupé. Il fera le paseo dans une plaza qui a été le témoin de sa plus vilaine débâcle, en 1998, et qui a suivi de loin, sa capricieuse année 2000. On ne lui pardonnera rien. De son côté, le torero est il capable de secouer son auto suffisance, sa hautaine torpeur ? L’homme, qui va être papa, a t’il l’esprit « à 100% » tourné vers le toro ? On va vite le savoir. C’est de son intérêt, parce que Madrid ne lui fera pas de cadeau, et les corridas auxquelles il s’est inscrit (Adolfo Martin et Pablo Romero ) n’offrent que d’aléatoires possibilités. Joselito se doit de remettre, à Séville, les pendules à l’heure.  Réponse, les 28 Avril et 2 Mai, respectivement avec les toros de Nuñez del Cuvillo et Victoriano del Rio.
     Le Juli  n’est pas forcément à l’abri... On sait qu’il « veut la photo » de la sortie par la « Puerta del Principe ». Elle lui a échappé, par deux fois. On le comprend donc, au plus haut point, et sa vibrante jeunesse est un immense atout. Il fera trois paseos et le public le connaît bien, maintenant. Il n’y a donc plus cette fraîcheur, cette spontanéité qui surprennent. Certes, le public chantera son audace, mais beaucoup, également, apporteront « la loupe ». Alors, certains applaudiront les paires de banderilles « musclées », ou les lopecinas « très bougées »... pendant que d’autres, réprobateurs, murmureront : « Eso no es ! ». Trois contrats, plus de surprise. Donc, « El Juli » triomphera à Séville « en torero », et non « en phénomène »...Réponse à Pâques, (devant les Torrealta) : puis les 27 Avril et 3 Mai, avec les Jose Luis Marca, et les Domecq de Parladé.
     Morante de la Puebla n’a pas le droit à l’échec... Séville « veut » avoir pour lui, les yeux de Chimène. L’année 2000 était celle de « la passation d’amour »... Curro sur le départ, on pensait au prince consort, et Morante était celui là. C’était bien parti, jusqu’à la moitié de sa première corrida, en avril : deux oreilles d’admiration et de chauvine tendresse. Puis, on sait la suite : la cornada, terrible, les contrats perdus, le laborieux retour, et la petite escapade lors de la San Miguel, montée en épingle par une empresa avec laquelle il a toujours eu des problèmes, et une certaine presse qui avait quelque compte à régler avec son ex apoderado ami. Total : Tout est à refaire, et Séville l’attend avec espoir, mais « un sourcil froncé ». De son côté, le torero de la Puebla sait que, mieux que quiconque, Séville peut valoriser un détail, un soupir d’inspiration, un éclair artistique... Madrid, non , ou beaucoup moins facilement. Donc, il doit triompher « en restant dans sa ligne », mais en prouvant également qu’il est solide. C’est un dur pari, car il doit beaucoup « reconstruire »...
     Jesulin de Ubrique joue gros. Il revient, fait un boucan terrible, le premier jour, en montrant sa nouvelle image, sa nouvelle conception du toreo. De ce fait, on l’installe en haut de l’affiche. Cependant, depuis, il n’a pas triomphé et le public semble bouder ce nouveau Jesulin, classique, toréant mieux que jamais, mais sans éclair de génie, et tuant mal... Séville ne sera pas facile, mais il doit y marquer son passage à tout prix, d’autant qu’il y aura « la Télé » pour témoin... Rendez vous : le 29 Avril, avec les Pereda ; et le 1er Mai, où il devra beaucoup travailler, avec les Manolo Gonzalez.
     La suite, « mañana »..., avec le deuxième groupe : « Ceux qui se doivent d’être bien, mais qui n’ont pas la même pression ! : Enrique Ponce, Finito de Cordoba, Victor Puerto, Manolo Caballero »

 

SEVILLA 2001...TRIOMPHER  A TOUT PRIX... (2ème PARTIE)

     6 Avril : Malgré tous le maux dont on l’accable, tous le mots dont on l’affuble, le monde du toro est presque plus sain que tout ce que constatons par ailleurs. Ici, on a du mal à pré fabriquer une star, comme par exemple, la nouvelle « Miss Brésil » qui arrive à la couronne, après 22 opérations de chirurgie esthétique... Gonflée, la poupée ! Ici, on ne réussit pas en faisant grève et en empêchant tout le monde de vivre, de travailler... (Le droit, la liberté... comment donc ? Ne dit on pas qu’ils commencent ou s’arrêtent ceux des autres ?) Ici, on n’est pas en haut, grâce à des super magouilles « politico economico etc », qui finissent toujours par vous envoyer « au Tapie »...
     Ici, celui qui arrive en haut, même s’il a bénéficié d’appui, de parrains puissants, de « ponedores », même s’il a eu ses entrées partout et qu’il est le « niño  mimado » d’un grande école taurine... celui qui arrive en haut, et qui s’y maintient, c’est parce qu’il a « quelque chose » qu’il ne doit à personne, et qu’il l’a démontré, « tarde après tarde » face au grand juge de paix, au plus terrible jury qui soit : le Toro !
     Difficile de le tromper longtemps, celui là. La sanction, lorsqu’on lui ment, n’est pas une mise en examen dorée, qui ressemble presque à un titre d’honneur (« Quoi, vous n’avez pas été mis en examen ?- Un fallo ! »). La sanction, c’est trente centimètres dans la cuisse, ou ailleurs. C’est en tous cas, une de ces roustes dont on se rappelle... voyez Padilla !. Donc, ici, l’homme n’a qu’une possibilité : « La muleta dans une main, l’épée dans l’autre... et le coeur au milieu ! »
     C’est pour cette raison qu’on les admire tous, même quand on râle après eux.
     La Feria de Séville, on l’a vu hier, sera cruciale pour certains toreros. Cruciale ! Elle sera très importante pour d’autres, mais présentant moins de risques, parce que les circonstances qui les entourent font  qu’ils pourront faire face, très dignement, et pourront se rétablir ailleurs, si cela « coince un peu », dans la Maestranza. Pour diverses raisons, Enrique Ponce, Finito de Cordoba, Victor Puerto et Manolo Caballero se doivent d’être bien.
     Enrique Ponce est « un monstre du toreo »... On lui reproche parfois sa difficile facilité, la légèreté de son toreo... Oui, oui ! Chante, chante ! Il est un torerazo qui a su résoudre la grande équation « technique – esthétique – courage – communication ». Rien que cela. Enrique Ponce est en fin de carrière. Ce n’est pas injure que de dire cela. Séville a toujours été exigeante avec lui, parce qu’elle sait ce qu’elle peut exiger de lui. Certes ses ferias ont toujours été parsemées de grands moments, de gros détails, de gestes de pundonor et de grande honnêteté, face au toro et au public. Mais, il n’y a jamais totalement triomphé . Certes, il a ouvert la Porte du Prince, une fois... mais c’était un soir de septembre, le jour baissait et on supportait presque un petite laine. Rien à voir avec un crépuscule de printemps, quand la giralda carillonne...et que les robes gitanes laissent deviner des formes qui à vous damner un saint.. Ayyy, Sevilla ! Enrique Ponce ne sera pas mal, parce qu’il n’est jamais mal. Mais, Dieu que l’on voudrait le voir avec un grand toro, donner toute sa mesure, toute l’immense dimension du torerazo qu’il est, comme ce soir de Madrid 96, avec le « Lironcito » de Valdefresno... On le lui souhaite. Enrique Ponce sera à l’affiche le 27 Avril (avec les Jose Luis Marca), et le 3 Mai (avec les Parlade).
     Finito de Cordoba est un « pourri de classe » qui s’est un moment laissé allé aux  douces torpeurs de la gloire torera. Le costo volver ! Il en a bavé, mais est revenu au tout premier plan. Séville devrait être « sa » plaza, à lui, le cordouan. Son toreo, tant de capote que de muleta, cadre totalement avec les colonnes de cette plaza inimitable. Grandiose ! L’an passé, il a « frôlé la Porte ». Le loquet était déjà tiré. Le portier préparait son effort pour ouvrir les deux lourds battants. Mais, quelque chose coinça, et le portier, désolé mais content de ne pas avoir cet effort à faire, remit sa casquette et alla « se jeter un fino pour noyer son chagrin ». Finito de Cordoba ouvrira, un jour, la Porte du Prince. Et ce jour là, ce ne sera pas à coup de portagayola, mais parce qu’il aura sculpté sur l’albero magique du Guadalquivir, toute la grandeur du toreo de toujours. Sa saison a bien commencé, à Valencia et Castellon. Mais, s’il a bien fonctionné, on attend de lui, autre chose, une autre profondeur, un autre sentiment... le temps qui s’arrête ! Il se doit d’être bien à Séville, car Madrid, après les déclarations qu’il a faites à son sujet, va l’attendre avec tous les fusils chargés...  Finito de Cordoba sera au cartel, le 29 Avril, (avec les Jose Luis Pereda, qu’il connaît bien), et le 2 Mai, (avec les Victoriano del Rio).
     Victor Puerto est une énigme. Il n’a ni la tête, ni la stature d’un torero artiste. Il éclata un jour, à Madrid, mais deux ans plus tard, le même public lui « mit deux heures de colle », pour mauvais esprit. Il lui en coûta deux ans, pour revenir au tableau d’honneur. On le savait poderoso, technique et courageux. Il coupait des oreilles, mais on avait du mal à se souvenir de ses faenas, en fin de feria. Mais voilà que le torero s’est transformé, l’an dernier, donnant plus de profondeur à son toreo, plus de ralenti à sa verve, plus de fleurs à son inspiration. Les Guardiola et les Dolores Aguirre de Madrid, ont été, en 2000, les premiers témoins de sa toreria retrouvée. Triomphateur de la San Isidro...sans couper une seule oreille. Chapeau ! Grande saison du retour, terminée par « la faena » de l’année, en septembre, à Séville. Victor Puerto arrivera à la feria, avec un crédit ouvert de part en part, quoique... le public de la feria n’est pas celui de septembre, et que, justement parce qu’il a été si bien en septembre, on va « exiger beaucoup de lui, en Avril ». Triomphateur de Valencia, Puerto arrive en force, et peut triompher en finesse (Mais c’est à Madrid qu’il se « consacrera »). Il est magnifiquement placé, sans jouer la facilité,(parce qu’il n’en a pas encore la force) : 25 Avril (avec les Torrestrella) et 4 Mai (devant les Guardiola).
     Manolo Caballero est le triomphateur de la feria de Séville 2000. On le vit pléthorique avec un Torretrella, et deux Torrealta. Il manqua de peu la Grande Porte, le deuxième jour (voir chroniques d’Avril – Temporada 2000). Pourtant, quelque chose manque. Il y a, dans le toreo de l’Albaceteño, une espèce de mécanique bien huilée qui gêne un peu. Caballero ne surprend pas. Poderoso, il assène son toreo, propre, vibrant, mais sans génie, sans « angel »... Le duende est, avec lui, beaucoup plus souvent en grève que la SNCF ! Si, si ! Caballero sera regardé « à la loupe », cette année. Il ne lui sera pas si facile de lever le public. D’ailleurs, les deux premières ferias ont un peu traduit cela. Ayant eu « grande mauvaise chance » passant « en blanc » à Valencia et Castellon, Manolo Caballero doit être bien à Séville et convaincre totalement Madrid, qui ne lui a que moyennement pardonné d’avoir laissé passer deux grands toros, l’an dernier, un d’Adolfo Martin, et un d’Alcurrucen . Gros challenge pour Caballero, même s’il n’est pas vital... Il torée les Alcurrucen, le 26 Avril ; et les Victoriano del Rio, le 2 Mai.
     Demain...les énigmes : Rivera Ordoñez, Ortega Cano, Eugenio de Mora, Pepin Liria ... Ils sont toreros, et, pour diverses raisons, la Feria de Séville sera, pour eux, vitale.

 

SEVILLA 2001...TRIOMPHER A TOUT PRIX  (3ème PARTIE)

     7 Avril : dans une « grosse semaine », la plaza de la Maestranza aura revêtu ses plus beaux atours. Dans la Ville, processions et cérémonies religieuses se seront succédées au son des trompettes, et les pasos, lourdement chargés d’or et de lumières, s’arrêteront dans les ruelles tandis que des saetas tomberont du haut de quelque balcon. Cris et lamentations... Pâques sévillanes. Ferveur et frénésie. Mystère et fanatique beauté. On  regarde, on adore, on vit... la Semana Santa...
    
Puis, au soir de la résurrection, on se presse aux arènes. Pour la première fois depuis tant d’années, Curro n’est pas là. Certes le cartel est magnifique... « pero farta argo ! ». Quatre jours de repos et au soir du 20 avril, la feria s’en ira pour 17 jours d’une autre ferveur, à la fois plus raisonnée, mais tout aussi romantique. Les toreros y auront leurs favoris, les ganaderos viendront, du coin de l’oeil, voir comment sortent les corridas des copains. Dans la plaza, on porte costume et cravate. Au revers du veston, le clavel n’est pas sponsorisé par une grande marque de cigarettes. L’odeur des cigares a du mal à gâcher le parfum sucré de quelque belle andalouse, qui, d’un regard, vous met à dix mètres. Pero, que guapa ! Feria de Sevilla, feria inimitable, feria « de lujo »...
La feria 2001, on l’a vu, sera primordiale, pour de nombreuses vedettes. Certains s’y disputeront le sceptre, et voudront l’avoir bien en main avant la San Isidro de Madrid, toujours incertaine... Et puis il y a d’autres toreros qui ne cherchent pas le N°1, mais dont la race et l’amour propre les poussent à se surpasser, ici, sur l’albero  de la Maestranza...
    
Francisco Rivera Ordoñez
est ici dans la plaza qui a vu son père sourire aux ovations, tandis qu’il sortait par la Porte du Prince; hurler de douleur, tandis que, les deux cuisses affreusement ouvertes (1998), on le portait vers la table d’opération. Paquirri, dans toutes les mémoires. Ce jour là, un de ses secouristes était « todo un maestro »...Il était de Ronda. Il s’appelait Antonio Ordoñez. Il était le grand père de Fran. Alors, depuis 1995, Rivera Ordoñez « se grandit » sur le sable de la Maestranza. Il essaie de clamer son toreo athlétique, de poser ses faenas, de templer sa muleta. C’est à Séville qu’il faut le voir, car après, il parsème sa temporada de coups de rage et de torchon, multipliant les moues dubitatives et les pinchazos. Rivera Ordoñez occuperait il la place qu’il a, s’il n’avait la grâce d’être de haute lignée torera, et en plus, d’être« guapissimo », comme elles disent ? Probablement pas. Cette année, il devra appuyer fort sur l’accélérateur, car cela fait maintenant plusieurs années qu’il fait plus parler de lui par les mondanités qui l’entourent, que par la puissance des ses estocades. Certes, sa vie est, depuis longtemps, résolue, et on ne peut que saluer le geste de ce garçon, lorsqu’il s’en va  s’agenouiller au toril, attendant le destin « a portagayola ». Certains y vont chercher les millions, lui a quelque chances de les y perdre...  Mais cela ne suffit plus. Alors, attendons. « La race » est là, le pundonor aussi. Bon sang ne saurait mentir, et « s’il faut voir » Rivera Ordoñez, c’est à Séville qu’il faut aller. 2001 pour redorer le blason, le 26 Avril, devant les Alcurrucen ; le 1er Mai, face aux Manolo Gonzalez.
    
Pepin Liria
est sur le sable qui a vu ses plus grands exploits. Il aurait pu être, seulement, un torero légionnaire... En fait, Liria a démontré, en cette arène, pouvoir calmer son jeu et relâcher son toreo. Séville a vécu ses plus beaux exploits, a salué ses largas, ses estocades. Elle a vécu ses odyssées, avec les Victorino ou « seul contre six », comme en 97. Elle a également apprécié des faenas plus reposées, sans toutefois se départir d’un total engagement. Séville a adopté le Murciano, dans la rue comme dans la plaza. Torero d’une farouche honnêteté, Liria a connu quelques difficultés en 2000. Les ans et « les rendez vous de guerre » ne passent pas en vain. 2001 est une énigme. Valencia et Castellon ne l’ont pas jugé digne d’elles... Madrid l’attend... sans l’attendre. On sait qu’il mettra tout ce qu’il a... mais on le connaît par coeur. A Séville, ce n’est pas la même chose. On y ajoute le sentiment, et le respect. Liria sait qu’il y joue une carte importante, il va donc y jouer à fond sa première carte. Réponse, les 23 avril (avec les Puerto San Lorenzo), et 5 Mai (devant les Cebada).
    
Eugenio de Mora
va t’il confirmer l’excellente impression causée l’an passé. S’il avait conclu plus vite ses deux mises à mort, et si la corrida s’était déroulée en pleine semaine des Farolillos, il ouvrait la Puerta del Principe. Du coup, voilà le grand tolédan installé sur deux contrats. Il n’est pas encore au cartel de la « grande semaine », mais, toréer aux côté de Caballero et Rivera Ordoñez, avec toutes les chances de leur mettre un bain, c’est quand même appréciable. Alors, « les farolillos » pour l’an prochain ? Eugenio de Mora semble se bonifier avec le temps. Il a encore gagné en profondeur, comme il l’a démontré à Mexico. Le longiligne novillero a fait place à un matador solide, vaillant, mais qui sait également conjuguer les mots « empaque » et « toreria ». Eugenio de Mora  défilera le 24 Avril (face aux toros del Pilar) et le 26 (avec les Alcurrucen). Vu sa prestation de l’an passé, il méritait, au moins, « une » meilleure date.
    
Ortega Cano
est il une énigme ? Oui et non ! Oui, parce que l’on attend les réactions du public qui le recevra, respectueux, mais ne manquera pas sa moindre « cagade ». Non, parce que l’orgueil et le fierté torera de ce maestro « sur le retour » sont tellement immenses, qu’il peut tout à coup « planter les pieds », et mettre tout le monde à genoux. En a t’il encore la force, physique et morale ? De toutes façons, il y aura toujours quelqu’un pour chanter ses louanges. Et s’il n’y a personne, Rocio « en poussera une », et nous resterons tous au garde à vous ! Ortega Cano ne se joue pas grand chose, dans cette feria... « Il a été bon, on le savait. Il a été mauvais... on sourit, mais on peut le comprendre ». Ortega Cano, via son apoderado, empresa de la plaza (ça sert !), se retrouve magnifiquement placé : le 27 Avril, (avec les Marca, Ponce et le Juli) ; le 30 (avec Tomas et Morante, face aux Juan Pedro Domecq)
    
Juan Antonio « Espartaco »
torée sa dernière Feria de Abril. Espérons que ne sera pas « la feria de trop ». Séville respecte trop le torero d’Espartinas pour lui faire mal, et, à n’en pas douter, le « cariño » accompagnera tous ses pas. Mais Espartaco nous fait peur, depuis son retour ; depuis sa lésion ; depuis ces trois ans d’invalidité ; depuis cet effort surhumain, admirable, pour revenir en haut ; depuis Valencia, aux Fallas, l’an passé... La Maestranza a vécu  avec lui d’immenses clameurs, d’incroyables moments. Il serait dommage que tout s’arrête en silence. Torerazo et « exelente persona », Espartaco mérite tout ! Alors, espérons que les toros le respecteront et qu’il lui permettront d’ouvrir, une dernière fois, la Porte d’Avril. Espartaco fera deux paseos : le dimanche de Pâques (avec les Torrealta) et le 3 Mai (avec les Parladé). Puis, le 29 septembre, Séville lui dira « le grand au revoir » et le blond torero savourera, en famille, ce repos si bien gagné. Suerte, Maestro !
    
Manuel Diaz « El Cordobes »
torée le 25 Avril, la corrida de Torrestrella. Une seule corrida, une seule énigme... qui n’en n’est plus une ! Un soubresaut, peut-être ?
    
Demain, la dernière partie : Ils sont jeunes ou plus expérimentés. Venant d’horizons divers, il sont entrés dans la feria et entendent bien y marquer leur passage. De Bautista à Padilla ; de Cepeda à Davila Miura ; d’Abellan à Castaño...  Demain.

 

DE CI ... PAR LA...

     7 Avril : Le Pedrito de Portugal prend six toros de Los Guateles, ce soir, en plaza d’Olivenza. On ne sait pas. Ce torero a tellement soulevé d’espoirs, à un moment... et il en a tellement déçus. Torero cérémonieux, mystique, on a du mal à le voir avec six toros. Mais ce sera intéressant. « Au cas où », il est quand même conseillé aux hommes d’apporter un bon bouquin, et aux femmes, leur tricot. « Non ! Ca c’est trop vache ! ». On ne rigole pas avec une corrida en « unico espada »...on la salue et on souhaite grande bonne chance...à tous.
    
7 Avril : Brihuega nous fait le coup des « trois J » Aaah ! Absolument , les trois J : Joselito, Jesulin, Juli... Ca n’a l’air de rien, mais une course qu’il faudra surveiller. Les deux anciens ont des comptes à régler, maintenant qu’ils toréent dans le même registre. Quant au « petit jeune », il ne va pas se gêner. Les toros seront de Domingo Hernandez.
    
7 Avril : On connaît le « sorteo » de la Corrida de la Prensa, au cours de la Feria San Isidro: Armillita prendra un Peñajara et un Arauz de Robles... Juli : un Victorino et un Alcurrucen ; et Javier Castaño : un Zalduendo et un toro du Pilar.... Tout cela paraît bien réglé... en principe !
    
7 Avril : Nîmes nous prépare une feria « à la Casas »... Elle aura lieu du 31 mai au 4 Juin, et l’on redonnera à la plaza, la grandeur qu’elle mérite. Pour débuter, un gros évènement : Mano a mano Jesulin – El Juli, le 24 Mai, jeudi de l’Ascension, face à des Torrealta. Vaya !
    
7 avril : Les copains de corridas.net relatent le mauvais coup que prétend faire « Monsieur Palha », empresa de Tyrosse, à la Peña « el Ruedo », qui monte, comme chaque année, son spectacle en début mai, avec la bénédiction de la Mairie. La Peña a toujours fait de réels efforts pour faire les choses correctement, et l’Aficion lui doit quelques bons moments. Elle veut monter sa corrida, à sa mesure, et avec toute sa conviction. On ne voit pas en quoi, « Monsieur Palha » (qui n’y était justement pas, à l’époque des vaches maigres) s’opposerait, de vilaine façon, à cette entreprise qui ne peut en rien faire de l’ombre à son auguste personne... Il devrait en outre méditer ce qui suit : La Peña « El Ruedo » de Tyrosse sera encore là, quand lui n’y sera plus...depuis longtemps ! Alors, Señor... un peu de grandeur, de señorio... Aidez-les plutôt !   

 

SEVILLA 2001... TRIOMPHER A TOUT PRIX.... (4ème« surprise »partie !)

     8 Avril : C’est un peu comme le match Angleterre/France... On espérait que... mais au fin fond, on pensait bien que... ! Qu’attendre d’une poignée de « gros biscottos » à qui on a vidé l’imaginative et la superbe ? Que fait on lorsque ce qui arrive n’était pas écrit dans le livre du prof ? Peut on gagner qu’à partir du tableau noir et des gueulantes de "celui qui sait tout"?  Où est donc l’esprit guerrier de Rives, le « fighting spirit », où sont donc passés les « Bravehearts » ? « Trouver des joueurs », disent les uns... « Trouver un patron », disent les autres... Le  rugby à XV est devenu du rugby à XIII, au point que les anglais ont importé les meilleurs spécialistes de ce sport de tranchée... Et curieusement, ne voilà t’il pas que ce sont ceux là qui percent, magnifiques et s’envolent, au milieu des stars, médusées. Aux écrans des télés, l’ovalie pue la pub, le sponsoring, le fric et le business... Mais si l’on regarde « la temporada »... il serait peut-être temps de... changer d’apoderado !
    
Séville sera terrain de guerre pour certains toreros qui devront à tout prix  « marquer leur passage ». Pour les uns, déjà bien en place, ce sera  « confirmer » ou se maintenir.. Pour d’autres, essayer d’ouvrir des portes, entrer dans le carnet d’adresse des empresas... Pour les derniers, enfin, entrer du bon pied « dans le grand bal »
    
Juan Jose Padilla , Davila Miura, Miguel Abellan, Juan Bautista ont déjà un grand standing. Séville les attend... ou ne les attend pas. Mais leur actuacion attire l’intérêt, ou la curiosité 
    
Juan Jose Padilla
tirera derrière lui tout Jerez, et Séville retiendra son souffle : Après San Sebastian, ira t’il à la sortie du toril ? On dit que ce grand canonnier a mis quelque finesse à son paquetage de baroudeur. Pour lui, les Cebada du 5 Mai, et les  Miura du 6... Tout bien considéré, c’est bien au bazooka qu’il faudra y aller !
    
Davila Miura
  a donné grande faena, l’an passé. Vous en souvenez vous ? En a t’il tiré quelque gros avantage ? Sa cote, à la Bourse,  a t’elle monté ? En fait, l’homme n’a guère confirmé, et sa saison c’est soldée par... un changement d’entraîneur. (Tiens !).  Tout à refaire. Il sera bien... on le savait ! Il sera terne ... on le savait ! Deux contrats, résultat du « grand éclair 2000 » : 25 Avril avec les Torrestrella, 4 Mai, avec les Guardiola. Pas à dire, cela sert d’avoir un nom !
    
Miguel Abellan
méritait probablement mieux, après sa bagarre de l’an passé, face au Juli et aux Torrealta. Mais voilà, les Choperas ne sont plus là et il n’y a pas grand chose à échanger avec le nouveau driver. Alors, on le tolère, le dimanche 29, avec les Pereda. On sait que la saison sera dure pour lui, mais attention... il va attaquer fort et ne reculera pas.
    
Juan Bautista
torée le 24, la corrida du Pilar. A ver si le sale un toro ! On sait la qualité qui est en lui. Ne manquent plus que la possibilité de l’exprimer et la passion à y ajouter. Jusqu’à présent, le sorteo ne l’a pas beaucoup favorisé. A suivre avec intérêt, espoir, la main sur le coeur. A ses côtés, « El Cid » a aussi la grande opportunité de montrer la qualité de son toreo, en espérant que l’épée...
    
Pepe Luis Vazquez, Pedrito de Portugal
et Fernando Cepeda auront une énième opportunité. On attend d’eux quelques capotazos de rêve, quelques naturelles qui arrêtent le temps, mais on sait aussi que « le train est passé », depuis longtemps, et que même les grèves ne les laisseront pas y remonter. On peut en dire autant, mais un ton en dessous, de Vicente Bejarano.
    
Javier Castaño
torée le 4 Mai, les Guardiola, en pleins farolillos. Pas à dire, cela sert d’avoir un apoderado puissant. Certes, il a étonné lors de la novillada toréée l’an passé. Mais, cette « deuxième alternative », après l’échec de San Sebastian (car c’en est un, par delà les voltiges), sera pour lui, déjà, une dernière opportunité : Ou il explose et sort a hombros, de quelque manière que se soit... ou il explose, tout court ! Dur-dur, pour le tout nouveau matador. 
    
Tato, Fundi et Zotoluco
  partiront au canon comme de braves guerriers. Les Cebada Gago permettront peut-être au premier de redorer son blason, le 5 mai. Mais le Tato, qui sait ce qu’est la Puerta du Principe, n’a peut-être plus la tête à ça. A voir !
    
Les Miura du 6 mai n’ont que faire des rancheras, et les « mariachis » ont intérêt à se planquer. Zotoluco, qui a coincé à Valencia, aura du mal, cette année, à maintenir la bougie allumée, surtout si, à côté, souffle le typhon Padilla. Fundi, lui, se battra, en vieux baroudeur, mi superbe, mi truqueur. Pero bueno ! Les trois ont le pundonor bien ancré sous la montera... La Miurada sent la poudre !
    
Novilleros un soir, Matadors le lendemain, Luis Vilches et Fernandez Pineda ont une occasion en or. Grands adieux à l’escalafon novilleril, le 20 Avril, en mano a mano, et avec du Torrealta. Superbe, mais risqué. Puis l’alternative « de luxe », en particulier pour Pineda. Interdit de se planter...
    
Ainsi se présente le panel 2001 de la grande Feria de Abril, en plaza de Séville. Appréciations toutes personnelles qui n’ont pour but que de « vous » poser certains points de réflexion, ou d’intérêt. Mais, bien entendu, chacun  apprécie, évalue, prédit, selon son ressenti et son expérience. C’est pour cela aussi que l’on est Aficionados.
    
Et puis, hors tableau noir, hors stratégies mille fois répétées, hors directives hurlées aux « oreilles assourdies »... le sifflet retentit, et « les british vous partent dans le dos »...

     Et puis sort le toro, permanent mystère caché derrière deux yeux très noirs. Alors...

 

HIER, DANS LES RUEDOS...

     7 Avril - Olivenza (Badajoz) : Une demie arène pour le « unico espada » du Pedrito de Portugal, qui a tourné court. Pris par le premier toro des Guateles, le petit Pierre a péniblement fini sa faena et disparu à l’infirmerie, avec un gros choc dans l’épaule droite. Les cinq autres toros ont été lidiés par le sobresaliente « Saleri », qui coupa une oreille au cinquième. Effectivement... un bon bouquin, ou du tricot !
    
7 Avril - Brihuega
 (Guadalajara): Plaza pleine pour « les trois J ». Corrida tristement présentée et encore moins armée de Domingo Hernandez (carton jaune !). De la caste pourtant, et trois oreilles pour le Juli, qui torée « tout ce qui passe » - Jesulin a toréé avec temple, mais mal tué. Oreille à son premier – Joselito a erré comme une âme en peine... Oreille au quatrième qui fut protestée et le fit rentrer en soupirant. Hombre !
    
7 Avril – Calasparra
(Murcia) : ½ plaza, avec une corrida de Sancho Davila, sortie petite et faiblote, mais pointue. Ponce a tiré des lignes – Rivera Ordoñez a coupé une oreille, mais s’est fait prendre en estoquant, sans mal, heureusement – Et Alfonso Romero, qui s’était fait remarquer à Valdemorillo, a très bien toréé, malgré le vent, coupant trois oreilles. Certes, il était chez lui... mais quand même.
    
7 Avril – Huercal Overa
(Almeria) : ¼ de plaza : La corrida d’Arcadio Albarran est sortie inégale. Triomphe de Davila Miura, avec trois oreilles – Victor Puerto et Antonio Barroso coupent un trophée chacun.
    
7 Avril – Coria
 (Caceres): ½ Plaza : Toros Mercedes Perez Tabernero, muy buenos – Deux oreilles pour Alberto Manuel – Trois pour Manolo Sanchez – Carton plein pour Diego Urdiales : quatre oreilles. Bon pour le moral !

 

DE CI... DE LA... ; PAR CI ...PAR LA !

     8 avril : On dit que Paco Ojeda revient, qu’il a fait un tour chez le sastre, hier, et pas pour prendre le t hé. On dit qu’il reprendrait à Badajoz, pour une trentaine de courses en plazas de seconde, importantes (Malaga, Le Puerto... et la France ! Badajoz... peut-être ! Moi, je verrais bien Nîmes... pas vous ?
    
8 Avril : Abellan est absout et c’est son bon père qui prend tout. Oh, peu de choses : 40 Jours d’arrêt « à domicile »(et sans bracelet !), ou, en remplacement, 80000 pesetas de multa. Tout cela pour avoir secoué Javier Villan, le revistero du « Mundo », l’an passé, dans le hall de l’hôtel, à Logroño. Pas à dire... va falloir faire attention à ce qu’on écrit !
    
8 avril : Encore Miguel Abellan, dont on sait la volonté « de faire des gestes », cette année. Il a demandé les Victorinos de Bilbao, et prendra ceux ...de Bayonne, le 2 septembre.
    
8 Avril : Les Rameaux ! Corrida importante, en plaza de Madrid-Las Ventas : Jesus Millan confirme son alternative. Si les toros de Juan Jose Gonzalez le permettent, cette journée devrait être « un pas de plus » pour le jeune frisé d’Aragon. A ses côtés, Jose Luis Bote et David Luguillano.
    
8 Avril : Corrida de luxe, à Olivenza : Ponce, Morante de la Puebla et le Juli, avec des Juan Pedro. C’est la course qui avait été « refusée » par le public, le 4 mars. Il faisait si mauvais temps que, craignant la suspension « au deuxième », les aficionados avaient empêché le toreros de faire le paseo.

 

UN MAYORAL EST MORT. ENCORE UN !

     On vient d’apprendre la mort de Miguel Montenegro, 47 ans, mayoral de Julio de la Puerta. Cela s’est passé en début de semaine dernière. A son habitude, il était parti faire son travail, au campo. Ne le voyant pas revenir, tous se son mis à chercher. Ce n’est qu’après plusieurs heures que l’on a retrouvé son corps. Il avait reçu plusieurs cornadas au ventre et aux jambes.
    
Terrible fin, solitaire, d’un de ces hommes, qui saluent parfois quelqu’ovation, et qui ont voué toute leur vie, leur amour, au toro bravo. Ils en parlent avec passion, avec respect. Ils savent que cela peut arriver. Miguel Montenegro rejoint les nombreux compagnons qu’un toro a surpris, un jour, au bord d’un arroyo, ou caché dans les hautes herbes. Le destin, noir comme le toro !
    
Que descanse en paz, el buen Mayoral !

 

A ENRIQUE PONCE, « LE RAMEAU D’HONNEUR »...  MAIS LA PALME, A PACO OJEDA !

     9 avril : Nous sommes à quelques jours de Séville et, peu à peu, le grand puzzle se met en place. Ce dimanche des Rameaux avait plusieurs centres d’intérêt : Madrid, bien sûr, avec la confirmation d’alternative de Jesus Millan ; Olivenza, où Ponce, Morante et le Juli allaient se rencontrer ; Mais aussi une placita du côté de Cadiz, Los Barrios, histoire de voir où en étaient Ortega Cano et Espartaco, et si Jesulin était bien « le Jesulin nouveau », attendu comme le Messie.
    
Mais un événement allait venir troubler ce bel agencement : Un festival.
    
Vous direz, « Pfffttt ! un festival. Esta loco ? »  A voir ! Tous les ans, depuis Paquirri, la famille  Rivera monte un joli festival à Zahara de los Atunes, où naquit celui que l’on baptisa « le torero de Barbate ». Cette année, au moment où l’on parle de plus en plus fort de son retour au ruedo, habillé de lumières, Paco Ojeda était au cartel. Une occasion de voir où il en était. On a vu ! Face à un excellent novillo de Jose Luis Marca, Ojeda a été monumental, tant avec le capote que la muleta. Toreo cité de loin, ligado, templadissimo, dans un terrain incroyable. Faenon du torero de Sanlucar qui, de plus, tua bien. Deux oreilles et la queue, ce qui est le moins important. Mais, « en ce jour des Rameaux, mes frères, il semble que Paco Ojeda soit ressuscité ! »
Pour le reste, Ponce a fait la faena du jour, Morante a mis la chair de poule, Juli a hérissé quelques poils. A Madrid, de très beaux toros ont fait du ramping et Millan ne put s’exprimer. Ortega Cano a toréé magnifiquement à la cape et, à Jaen, un  « docteur » a reçu l’alternative. Barcelone a ouvert sa saison avec une non piquée  où les élèves de l’école taurine catalane se sont illustrés devant un bon bétail de Caridad Cobaleda. Du côté de « par chez nous », par contre, cela sentait le roussi, et les avis sont tombés plus fort que les oreilles. A cheval, Andy Cartagena a fait beaucoup de bruit, du côté de Murcia. Cette fois ci, on y est... la temporada est lancée.
    
« Ah, au fait... Vous n’auriez pas vu José Tomas ? »
    
8 Avril – Madrid
(Las Ventas) : 2/3 de plaza pour assister à la confirmation d’alternative de Jesus Millan. Les toros de Juan Jose Gonzalez sont sortis impressionnants, grands et très armés, mais hélas faibles, presque invalides. Seuls les 3 et 4ème ont permis à leurs maestros de d’exprimer. Particulièrement mal servi au sorteo - le premier était un des invalides, et le sixième ne se remit pas d’une voltige dans un burladero – Jesus Millan est passé « en blanc », comme son costume. Certes la volonté, certes de bonnes manières, mais que faire ? Ovation par deux fois. Le toro de la confirmation d’alternative s’appelait : « Extraviado » - N°68 – 511 kgs. Un élément historique de la biographie torera de l’aragonais, mais un toro à oublier très vite. – Jose Luis Bote, à son habitude, a donné quelques bons muletazos au noble quatrième, mais « sin rematar ». De plus, il se fâcha avec un spectateur qui lui reprochait son peu d’engagement. Silence au faible deuxième, et silence au quatrième, qui méritait mieux – David Luguillano eut quelques bons détails devant le troisième, mais il mit beaucoup de pico, et certains le signalèrent. Pour arranger le tout, « mato mal »... Silence partout.
    
8 Avril – Olivenza (Badajoz)
 : Plaza llena et beau temps. Bonne corrida de Juan Pedro Domecq. Caste et beaucoup de mobilité. Ponce touche les deux meilleurs. Grande ambiance et attente jusqu’au troisième. Ponce s’est fait deux fois désarmer par « Ovacion », le grand premier. Echec du valenciano et petite ovation, mais il râle. Morante de la Puebla  ne va pas se casser la tête avec le deuxième, bronco,  trop brutal à son goût. Silence. Arrive le Juli qui va mettre le feu aux poudres, avec le troisième. Engagement total , mais tue mal. Ovation, seulement, mais la corrida est lancée.
    
Le quatrième s’appelle « Talador », et face à ce toro de grande classe,  Ponce va bâtir une symphonie. Rythme, empaque, majestueuse lenteur, tout y était. Une faena qu’il faut, dès à présent ranger dans les grands moments de la saison. Deux oreilles et un triomphe d’importance, à la veille de Sévilla – Morante de la Puebla va, à son tour, parsemer sa deuxième prestation de formidables moments. Inspiration dans un quite clos d’une media « de cartel », puis relâchement au cours d’une bonne faena, avec des hauts et des bas, mais dont les naturelles levèrent les ovations. Oreille pour le Morante qui retrouve ses sensations, à l’approche de la Giralda – Le Juli a lancé la course. Il fit tout pour couper, au sixième: deux largas à genoux, la lopecina au quite, tout . Mais il était dit qu’aujourd’hui, c’était pour les copains. Il tua mal, et entendit une grande ovation après un avis. Grande corrida d’émotion artistique
    
8 Avril – Los Barrios
(Cadiz) : ¾ de plaza. Bons toros de Buenavista, en particulier les 4 et 5ème. Ortega Cano s’est fait mettre en boîte par le public. Gros sifflets à la mort du premier, et Cano « tout rouge ». Par contre, il fut monumental au capote, à la réception du quatrième. Un bouquet de véroniques qui aurait levé tous les publics. On le fit saluer après ce grand moment. Faena parsemée de bons détails et deux oreilles pour un Ortega Cano « rouge de plaisir » - Espartaco ne fit rien de notable à son premier, mais retrouva son toreo, coupant deux oreilles au cinquième. On est, en partie, rassurés – Jesulin de Ubrique a confirmé, comme hier à Brihuega, le total renouveau de son toreo. Temple, lenteur, intelligence lidiadora dans la mesure, les terrains choisis. Pas de doute, ce Jesulin nouveau va faire du bruit... et dans pas longtemps. Ne manque plus que la régularité à l’épée. Palmas après un avis, au premier ; deux oreilles au dernier. Les trois diestros sont sortis a hombros.
    
8Avril – Jaen
 : ¼ de plaza. C’est bien peu de monde pour assister à une alternative, celle de Jose Garcia « El Doctor », grand jeune homme qui fit parler de lui par quelques bons muletazos, et surtout une terrible cornada, en plaza de Séville, il y a deux ans. Le toro de la céremonie s’appelait « Dislocao » - N°54 – 590Kgs. Benitez Cubero de Pallares, comme les cinq autres, il  permit quelques détails au nouveau promu. Par contre, on fêta de grands moments à la cape et à la muleta, face au dernier qui  avait été changé. Palmas et vuelta, après un avis, pour le nouveau Docteur « es tauromachie » – Juan Carlos Garcia a touché « le » toro de la corrida. Oreille forte, au quatrième – Davila Miura a entendu deux avis. On l’applaudit un peu au troisième.
    
8 Avril – Saint Martin de Crau
(France) : Corrida très dure, dans un ruedo balayé par le vent. Trois toros de Clairac (1,2,3ème), deux du Palmeral (4 et 5ème) et un sobrero de Sanchez y Sanchez, sorti 6ème, remplaçant un Palmeral, boiteux. Corrida forte, voire très forte. Corrida dure qui a fait suer la gota gorda aux maestros. Le quatrième, du Palmeral, un burraco superbe avec lequel Olivier Martin faisait sa présentation en corrida, était « une estampe ».  Miguel Rodriguez fit preuve de métier. Il s’en sort bien : Vuelta et vuelta, après deux avis.  Angel Gomez Escorial se la joua, parfois inconsidérément. Avis et vuelta, puis silence au 5ème, faible – Marc Serrano fut renvoyé à ses études, par deux toros « à contre style » : deux avis, puis trois avis au dernier, sous la bronca. Huit avis et aucune oreille... Dur-dur !
    
8 Avril  - Dans les autres plazas
 : Anibal Ruiz  a coupé la seule oreille de la journée à La Solana (Ciudad Real), tandis que Antonio Losada et Reina Rincon donnaient une vuelta. Les toros étaient de Castilblanco – A Castro Urdiales, la novillada de Javier Perez Tabernero est sortie « commode en tout », et les jeunes se sont régalés : Trois oreilles pour Ivan Garcia, et deux pour Leandro Marcos et Alberto Guzman. Tout le monde a hombros. Pas de jaloux ! – A Torre Pacheco, près de Murcia, Andy Cartagena à mis le bain à ses collègues rejoneadores : quatre oreilles à des toros de Paco Galache. Saluez !
    
Au festival de Zahara de los Atunes, outre le faenon de Paco Ojeda, on a vu triompher Riverita et Canales Rivera, coupant chacun un rabo, tandis que Fran Rivera Ordoñez obtenait deux trophées. De leur côté, Curro Vazquez et Emilio Muñoz coupaient une oreille. Souvenirs ! Les novillos étaient de Guadalest, Zalduendo, Luis Algarra, Jose Luis Marca, Angel Millares et Juan Pedro Domecq. A la fin... tout les commentaires partaient vers Sanlucar.

 

LES PAQUES DU SUD OUEST

     10 Avril : Pâques ! Ferveur et tradition ! En Espagne, le sacré frôle l’idolâtrie. Les ors, les argents, les cuivres brillent mystérieusement aux éclats de mille flambeaux. Les « encapuchonnés » roulent des yeux terribles, qui font peur aux enfants. Les ruelles sentent l’encens et la sueur. Traditionnel spectacle de la Semana Santa. Espagne de toujours ...
    
Chez nous, les choses se font plus simplement. Certes, la ferveur est la même, tant dans l’affliction que dans la joie, mais on reste plus discrets, et c’est en famille que l’on fête la résurrection, ou le printemps, selon que l’on est pratiquant ou pas.
    
A table, l’agneau pascal. Dans les jardins, au milieu des cris, les enfants cherchent les oeufs de couleur que les parents ont amoureusement cachés. Ca crie, ça piaille... ça vit. Cette année, malheureusement les enfants de la Somme ne pourront chercher, dans les jardins inondés, les rubans multicolores. De l’eau partout, incompréhensiblement ... et une effroyable rumeur. Vaudrait mieux qu’elle ne se vérifie pas, celle-là !  Toujours est il qu’au flot envahissant, viennent s’ajouter des torrents de désespoir, que l’on comprend et que l’on respecte, en voulant pouvoir  « faire quelque chose ! ». Il n’y aura pas de fêtes de Pâques, cette année, dans la Somme.
    
Pâques, c’est aussi, dans « la moitié Sud », la Tauromachie. Traditionnellement, en bord de Rhône, Arles ouvre le feu. Cette année encore  « hay toros y toreros ! ». Ponce, Juli et Juan Bautista lancent la feria, vendredi. Jean Baptiste la fermera, lundi prochain, accompagné de Finito et Caballero. L’espace d’un gros week end, les toros de Victoriano del Rio, Alcurrucen, Partido de Resina, Baltasar Iban et El Pilar auront passé en revue grande partie de l’escalafon. De leur côté, novilleros et cavaliers auront tout loisir de s’affronter. Arles a reconquis son image de grande feria. 
    
Dans le Sud Ouest aussi, on court les toros. Dans le Gers, au pied de son clocher, Aignan est entrée dans la tradition : Novillada non piquée le matin... un bon repas, arrosé comme il se doit, mais pas trop, et tous à la corrida, le soir. La plaza n’est pas des plus commodes, pour les spectateurs, ni pour les lidiadores... mais l’aficion commande, et ça passe. Cette année encore, on pariera sur le toro. Quand on dit « Prieto de la Cal », on dit aussitôt « savon »... Surtout pour la traditionnelle couleur savonneuse de leur pelage (jabonero), mais aussi  pour évoquer la pente sur laquelle ils peuvent vous entraîner. Prieto de la Cal : Cuidado ! En face, Richard Milian viendra, en voisin, taquiner le toro - Pauloba mettra quelques grandes véroniques et naturelles (il est probablement le meilleur, à la cape), mais « coincera » peut-être à l’épée, comme d’habitude, malheureusement - Angel Gomez Escorial donnera tout, y compris le « pas raisonnable » !
     15 avril – Aignan : Toros de Prieto de la Cal pour Richard Milian – Luis de Pauloba – Angel Gomez Escorial. ( Réservation : 05 62 09 20 96 )

     A Mugron, c’est autre chose ! Là, depuis des années, la novillada est montée avec aficion, sentiment, avec le coeur autant que la raison. La jolie plazita en a déjà vécus, d’immenses souvenirs, et bien des figures d’aujourd’hui y ont fait paseo. Certains se souviennent « de Mougronnn ! » Parfois, il pleut un peu, un peu beaucoup. Bon ! Poco importa. Mugron, c’est la première grande retrouvaille de l’Aficion, c’est la convivialité, le sourire dans les coeurs... et dans les gosiers. Jean Mouneu, Olivier Martin et leurs collaborateurs s’activent, une année de plus, pour de grandes joies, ou quelques déceptions. C’est le jeu. Ca arrive. Mais reste la conscience du travail bien fait. Alors, tout est pour le mieux, et on y va en confiance.
    
Cette année, le lundi de Pâques verra la traditionnelle non piquée du matin, sur les coups de 11 heures. Elle sera l’apéritif à la novillada de Pâques 2001, « en Mougronnn! ». Novillada de Jarama, pour Sergio Aguilar qui continuera dans sa ligne de toreo vertical et d’aguante (presque!) – Julien Lescarret, espérons le, touchera enfin un bon novillo qui lui permettra de développer les grands progrès constatés – Cesar Jimenez sera le plus toréé des trois, le plus beau, diront les dames; le plus malin, diront nous ; le plus tout... A suivre !  Joli cartel, avec trois styles, trois personnalités mais un seul but : « Quieren ser (y son !) toreros ! »...
    
16 Avril – Mugron (16h30) : Novillos de Jarama pour Sergio Aguilar – Julien Lescarret et Cesar Jimenez. (Réservation : 05 58 97 99 40).

 

JEREZ DE LA FRONTERA  - LA FERIA DEL CABALLO 2001

     10 Avril : Depuis quelque temps déjà, vous aviez lu dans la rubrique « cartels – prévisionnel Espagne », l’ossature de la feria du cheval, en plaza de Jerez. La casa Balaña et consort a sortis ses cartels, hier soir. Feria de tradition avec quatre corridas, et la sacro sainte course de Rejoneo, qu’il ne faut pas louper. On est en terre de toros. On est en terre de Chevaux. Quand aux femmes, je ne vous dis pas...si belles qu’elles imposent le respect. Jerez, le soleil, le sable jaune, les cheveux des filles, si noirs qu’ils en ont des reflets bleu nuit.
     Jerez, un caballo, una guitarra y una copa ! Rafael de Paula restera sagement à l’abri, Curro est retiré... le petit duende de l’année dernière cherche un parrain... « A ver si le contrata el Morante ! »

     Jerez et sa Feria 2001 se présentent ainsi :

     15 Mai : Toros de Jose Ortega pour Rafael Osorio - El Tato - Davila Miura
    
16 Mai : Rejoneo – Toros de Caridad Cobaleda pour Fermin Bohorquez – les Frères Domecq et Pablo  Hermoso de Mendoza
    
17 Mai : Toros de Juan Pedro Domecq pour Espartaco - Joselito - Jesulin de Ubrique
    
18 Mai : Toros de Torrealta pour Enrique Ponce – Juan Jose Padilla – El Juli
    
19 Mai : Toros de Nuñez del Cuvillo pour Finito de Cordoba – Jose Tomas et Morante de la Puebla.

 

LA FERIA DE SEVILLE...COMME SI VOUS N’Y ETIEZ PAS !

     11 Avril : Elle approche,  elle enfle... non pas la rumeur sur le détournement des eaux de la Seine, mais tout simplement et beaucoup moins dramatiquement, « La Feria de Sevilla ».
    
2001 sera pour Eduardo Canorea, fils de Don Diodoro, l’année du gros challenge ! C’est la première feria qu’il monte de A à Y, (les poussières du Z étant laissées à ses associés.).
    
Lorsqu’il arriva aux affaires, l’an passé, la feria était déjà pratiquement montée, et il ne pouvait qu’appliquer. On a eu l’occasion de fustiger son attitude, par rapport à la presse, sa réaction par trop autoritariste et vengeresse quant au festival de Andex, en octobre. On a été le témoin de quelques sorties un peu « ambitieuses », quant à l’ouverture de la feria aux autres ganaderias que la saga Domecq, quant au trapio des corridas à lidier... Bref, un torrent de paroles maugrées dans sa barbe, du style « Vous allez voir ce que vous allez voir ! »
    
Le problème... c’est qu’on ne va rien voir du tout ! ou beaucoup moins que prévu ! Déjà pris en flagrant délit de mensonge, puis qu’il présente officiellement les cartels, déclarant que toutes les corridas seraient télévisées, sauf celle du dimanche de Pâques, qui ne l’est jamais. De fait, et cela faisait partie de la négociation avec les deux duetistes Joselito et José Tomas : un de leur paseo serait retransmis, l’autre, non ! Ce que voyant, Juli et Ponce disent que... « Y a pas de raisons ! », et à leur tour, ne se laissent téléviser qu’une fois. Et on les comprend !  Souhaitons à tous bonne chance, en particulier à Joselito et Tomas, espérant « en sourdine » qu’ils triomphent à la corrida non télévisée, du style « les deux par la Porte du Prince », et se prennent trois avis, en direct, sous l’oeil des caméras. « Y a pas de raisons...non plus ! »
    
Bref... une première forfaiture d’une empresa qui dit « blanc » devant tous, alors qu’il a déjà signé « noir ! ». Cela peut mettre la puce à l’oreille, mais bon !
    
Ou l’excès d’autorité frise la dictature, c’est ce qui se passe ces jours ci...Monsieur Eduardo Canorea a vigoureusement interdit aux ganaderos  de laisser photographier au campo les lots de toros à lidier pendant la feria. Vous savez, ces photos qui vont, par six, dans nos revues spécialisées, où tous les toros sont pris de profil, la tête tournée vers l’objectif, style « Voyez comme je suis beau ! ». Photos magnifiques, généralement, vantant le trapio, la couleur, l’encornure... en un mot le sérieux et la beauté du toro choisi pour la feria. On a rarement vu une série de photos destinée à dire aux aficionados « Voyez donc comme ils sont laids, pas la peine d’y aller ! » Jamais !
    
Et bien, monsieur Canorea, redevenu tout à coup « Don Eduardito », a décidé qu’il était hors de question de tirer le portrait des toros engagés dans sa feria, sous le prétexte que cette révélation pourrait provoquer des commentaires et des pressions sur les équipes vétérinaires chargées de donner le feu vert à leur lidia ! Elle enfle, la rumeur !La rumeur d’une corrida terciadita, préparée pour une vedette qui n’a pas le droit de se planter,  cette rumeur qui pourrait faire pâlir les vétos, qui du coup, diraient « que nenni ! », et ne bougeraient pas avant de voir au corral un corridon « asi de grande ! »... Pas de photos, pas de rumeur ! Pas de rumeur, pas de mauvaise humeur ! En un mot, comme en mille !
    
Cela ne s’est jamais fait pour la Feria d’Avril. En terre d’Aficion « al toro et al buen toreo », imaginez un peu le boucan que cela fait, d’autant que les journalistes et photographes, carte professionnelle et déontologie en bannière, crient au loup, au nom de la liberté d’expression et du droit à l’information... « Non, mais des fois ! »
    
Les ganaderos sont bien ennuyés. Ils connaissent tous les quelques photographes qui viennent régulièrement  immortaliser leurs produits. La porte leur est ouverte, et cela se termine souvent autour d’un fino ! Les ganaderos sont des seigneurs, en général ! Et c’est presque en s’excusant, qu’aujourd’hui, ils disent à leur visiteur : « Désolé... le señorito ne veut pas ».
    
Certes le meunier est le roi dans son moulin, mais il y a des choses qu’il peut aussi faire avec quelque « élégance »...surtout quand il se dit « fils de son père », héritier d’une longue histoire... de meuniers ! Enfin.

     Pour ce qui est de la Télévision à Séville.... le programme prévu est celui ci :

Retransmises par TVE 1 , la première chaîne nationale, les corridas des 1 et 4 Mai :

     1er Mai : Toros de Manolo Gonzalez pour Jesulin, qui a tout à gagner ; Rivera Ordoñez, qui n’a rien à perdre ; et Morante qui est « chez lui ».
    
4 Mai : Toros de Guardiola pour Victor Puerto, Davila Miura et Javier Castaño, qui, à divers degrés ont tout à gagner de se laisser téléviser, d’autant que le fer choisi valorisera leur actuacion.

     Deux corridas, c’est bien, mais triste à côté des quatre prévues, dont Tomas et Juli étaient les vedettes. Mais, allez donc savoir pourquoi, c’est justement celles là qui ont sauté... C’est bête, non ?

     De son côté, Via Digital retransmettra toute le feria... sauf les deux diffusées sur TVE 1 et les courses des 27 et 28 Avril, qui se dérouleront « en catimini »... 13000 personnes, pas plus ! Quel dommage ! Allez donc voir les cartels de ces deux jours... Nous qui voulions à tout prix voir Ortega Cano, le 27, et ne pas manquer l’alternative de Fernandez Pineda, le 28... Ceinture ! La vie est mal faite, des fois...
    
Mais c’est ainsi : « Pas vu... pas pris ! »

 

JOSE ANTONIO GARDE LE MORAL

     12 avril : A l’aube de cette nouvelle feria d’avril qui, chaque année, nous fait découvrir un nouveau recoin, un nouveau parfum de cette Séville rêvée, il est une plume, une signature qu’il faut absolument saluer ; un regard à la fois velours et acier, un sourire à la fois mélancolique et carnassier, en un mot... une sacrée personnalité qu’il faut rencontrer.
    
Il est critique taurin, écrivain, avant tout aficionado. Bien sûr, il ne plaît pas à tout le monde, tout simplement parce que, comme Cyrano, on le voit souvent « dans les groupes et les ronds, faire sonner les vérités comme des éperons ! » Ses chroniques sont acérées, mais laissent toujours pointer le fond d’humanité indispensable à juger les « choses des hommes ». Amoureux fou de son Espagne, il est à la fois Don Quichotte, Cid Campeador, grand d’Espagne, mais aussi paysan et maletilla... Todo un caballero !
Certes, il a ses défauts. Certes, comme tous, il a « ses têtes, ses toreros ». Mais il a, au sujet de tous, « le » mot, « la »phrase, qui disent quelque vérité que d’autres, par intérêt, convention ou méchanceté, ne disent pas. Avant tout, connaître le toro, le toreo et savoir jauger le torero en fonction de ses qualités humaines et techniques : « Le toro était comme ceci, le torero a agi comme cela... Pas étonnant, parce qu’il est ...comme ci, comme ça ! »
    
Forte personnalité, il a toujours été intéressé par les maestros « de caractère », comme Paquirri, Manzanares, Paco Ojeda, aujourd’hui Ponce. Au savoir et au talent, ajoutez y la fidélité. Par contre, « cuando uno no le gusta... » et que ce « uno » est, ou se prétend « figura », il dira la vérité du triomphe, mais ne manquera pas l’occasion du «pero, no es asi ! »
    
Bien sûr, vous le connaissez tous. Lire ses reseñas est recevoir avec le sourire, un cours de bon espagnol, et d’aficion taurina. Aussi, au cas où vous ne le connaîtriez pas, allez donc visiter ses écrits. Au cas où  le connaîtriez... je n’ai rien à vous dire ! Avec lui, vous garderez toujours l’espoir d’une nouvelle tarde de lumière, même si la corrida a été mauvaise. Il vous suffira, pour cela... d’attendre le prochaine reseña.

     Ah, au fait, je ne vous ai pas dit son nom... Il s’appelle Jose Antonio Del Moral. 

     Chroniques Taurines de Jose Antonio del Moral – Temporadas 1999, 2000, et l’actualité 2001, sur le site : http://www.andalucia.net/jadelmoral/

 

LE TORO DE LA RUE...

     12 Avril : Quand on parle de « Toros », le mot « Fêtes populaires » a souvent un arrière goût de vulgaire, violent, sauvage, barbare... Bien sûr, les sempiternelles images nous reviennent de ce toro lardé de coups de couteaux, tandis qu’on l’a immobilisé à un poteau, sur la place du village. Bien sûr, cet autre, s’écroulant sous les centaines de traits décochés par la populace. Bien sûr encore, ce toro qui illumine la nuit d’un pueblo valenciano, ses cornes portant le feu...
    
On le sait, cela existe... Nous restons cois, mais au fond de nous-mêmes, qui sommes aficionados, nous nous disons « Vaya salvajada ! ». Et on a beau dire, quelquefois, c’en est une !
    
Nous restons cois parce que nous ne connaissons pas ! Bien entendu, la tradition n’excuse pas tout, mais elle l’explique. Après, en conscience, on l’accepte ou pas.
    
C’est pour cela que, depuis plusieurs années, un photographe et journaliste valenciano nous explique par le texte et surtout l’image, la tradition des fêtes populaires de sa région, puis d’Espagne...
    
Son nom : Alberto de Jesus. On le connaît bien, puisqu’en toute amitié aficionada, ce passionné d’Internet envoie ses clichés à de multiples revues, et en particulier...à la nôtre ! Allez donc voir la biographie du Juli et sa saison 2000, en images ! Allez donc voir toutes les photos de Valencia et Castellon 2001. L’image ne dit elle pas plus, et mieux, que cent reseñas ?
    
Alberto de Jesus, qui collabore aux sites de plusieurs grandes plazas, dont Valencia et Castellon, est en train de mettre en place un site totalement consacré à la « Fiesta du toro » ; loin des grandes plazas, loin des grandes ferias... Le toro y est souvent « toro-toro », et les hommes, souvent « très toreros ». Dans très peu de temps, on comprendra mieux ce monde de fureur, de bruit et de poussière. Mais on y découvrira aussi  noblesse, courage, pundonor...
    
Dans votre liste de Favoris, cette nouvelle page web, cette nouvelle image de « la tauromachie de toujours » :
http://www.fiestastaurinas.com

 

ET EN PARLANT DE PHOTOS...

     12 Avril : On a tous essayé de vous conter la tragique rencontre de Juan Jose Padilla avec le Victorino de San Sebastian. Tous ont essayé de dire la vitesse, la violence, la durée, l’horreur de cette cogida. Combien d’entre nous le croyions mort, lorsque le toro l’a lâché, d’un dernier hachazo ?
     Bien sûr, il y a eu plusieurs photos, dans les journaux, sur le web... Mais il en est une, phénoménale, qui dit tout... Découverte dans le N°211 du grand travail d’information de l’équipe à Marc Lavie, « Semana Grande », c’est la photo de Bernard Hiribarren, pour tout le monde, « Bernard », de Biarritz.
     Incroyable moment à jamais fixé sur le papier. Une photo de terreur, de vérité vraie... « La photo »...Vous la verrez partout cet été, aux abords des plazas. Vous la verrez, forcément par là « au détour d’un grand prix »...
     En regardant ce cliché, on se retrouve sidéré et admiratif. Après cela, « Dame Querelle », aura bien du mal à nous chercher des noises en psalmodiant, chez Dechavanne  ou ailleurs, que dans la corrida, chaque moment est truqué...! Vaya truco... Que lo pregunten à Padilla...
     La photo taurine, c’est 20¨% de technique photo, 40% d’Aficion, de connaissance taurine, et 40%... de chance. Appuyer juste « au moment où »... Il faut le connaître, le prévoir, l’anticiper, ce moment. Il faut, au travers de l’objectif. « Toréer avec le torero »... Alors, surgit le destin !
     Monumentale photo que celle de la cogida de Padilla, en plaza d’Illumbe, à San Sebastian, prise le 31 mars 2001, par Bernard... Le torero est vivant, alléluia ! Cela deviendrait presque « un bon souvenir... ». Brrrr !
     Enhorabuenissima... Bernard ! Y suerte, matador ! Ne dit on pas que Padilla veut réapparaître samedi, à Alicante ? Et réapparaître « a lo grande »... a portagayola, bien sûr !
     Une photo à découvrir, absolument... et à conserver, religieusement !

 

AH ! LES VACANCES...

     13 Avril :  Vendredi.... et 13, en plus ! Une semaine en dehors de tout circuit. Une semaine au soleil, loin de tout, sans la préoccupation de ce que l’on a écrire, tous les jours depuis février 2000. Une semaine « plein les yeux ». Ca va me faire des vacances... et à vous aussi !
    
« Toros2000 » a ouvert ses pages en avril dernier. Depuis, plus de 10000 personnes ont été enregistrées pour avoir passé plus de dix secondes sur la « couverture ». Autant dire que vous qui y venez souvent... un petit clic, adieu la première page, et ...adieu la statistique !
    
Nous avons avancé cahin-caha.... en essayant d’apporter quelqu’originalité à l’actualité taurine, par ailleurs précisément rapportée, même en hiver ! On aurait pu faire mieux ! On peut toujours faire mieux. Mais cela dépend des événements et des hommes... Cela dépend également, des moyens qu’on se donne. Enfin... la vie de tous les jours.
    
Alors, au revoir y suerte !  Arles ouvre ce soir. Plus un billet pour Ponce, Juli et Jean Baptiste. La feria est des plus intéressantes, cette année. Aujourd’hui, ce trio. Demain, Puerto et le Califa. Dimanche, la « grande Guerre ! : Les Pablo Romero, le matin ; les Baltasar, le soir ! Lundi , feu d’artifice y toro de fuego ! Caballos y toros.
    
Pendant ce temps, à Séville on fêtera la Résurrection... Tandis qu’un immense soupir de joie saluera la Pâques chrétienne, la Maestranza verra défiler un torero « presqu’oublié », depuis six mois, et qui d’un coup peut rejaillir à la lumière du triomphe... Jose Tomas !
    
Vous verrez tout cela. J’en entendrai parler... Pas d’internet, là où je vais.... Et vous voulez que je vous dise.... Que bien ! ! !
     Les copains prennent la suite. Quant à nous, on se retrouve le 23... si vous le voulez bien !

 

JOSE LUIS BOTE, BLESSE AU CAMPO.

     13 Avril : Jose Luis Bote a reçu une forte cornada, hier, alors qu’il toréait une vaquilla, dans la finca de Chopera, à Salamanque. Cornada dans la région du rectum (aïe!), qui, sur le moment, a fortement inquiété le monde. Le torero a été transporté à l’hôpital universitaire de Salamanca, où il a été opéré. Pronostic « reservado ». Pas trop grave ! Tant mieux. Par contre, outre les conséquences physiques, on se demande quelles séquelles « morales » va engendrer ce nouvel accident, chez un homme déjà si durement châtié par les toros. Madrid le porte, le cajole, lui fait triomphe, malgré des pas hésitants, des virages souvent mal contrôlés... A preuve, sorti de Las Ventas, cela ne fonctionne guère...
    
Que va t’il se passer dans l’esprit de Jose Luis Bote ? Une nouvelle épreuve l’attend. Encore une ! Cela fait beaucoup ! Réponse: 14 Mai, à la San Isidro.

 

L’ANNIVERSAIRE DE LA MALAGUETA...

     13 Avril : On vient d’annoncer le cartel de la corrida marquant le CXXV anniversaire de la Plaza de Malaga ! Il vaut le coup de s’y arrêter, car il réunit les toreros qui garantissent le mieux, pour peu que les toros chargent, une tarde de spectacle, d’émotion, d’entrega et de competencia torera...
     Victor Puerto, El Califa et le Juli composeront cette affiche, face à des Martin Lorca, théoriquement... On avait vu la bagarre entre Puerto et le Califa, devant les toros de Dolores Aguirre, à la San Isidro 2000. On a vu l’amical « énorme duel » du Califa et du Juli, à Valencia. Ici, dans la plaza, aucun ne voudra rien laisser aux deux autres.. Ce qui ne les empêchera pas d’aller, après, vider quelques chopes, ensemble...
     Un cartelazo !  Ici, le pundonor, la rabia torera, la casta !  Puerto, Califa et Juli... un cartel qui devrait inspirer nos empresas ! Pero bueno !  

 

FERIA EN ARLES : EL JULI « COMO SIEMPRE »

    13 avril : El Juli nous a gratifié d’une superbe prestation notamment lors de son second toro . Le public le lui rendit bien en lui faisant un triomphe. Le Juli est là et pour longtemps.
     Une mention spéciale aussi à Juan Bautista ( malgré une mauvaise exploitation de ses deux braves) et Ponce très à l’aise lui aussi face à El Juli.
     A noter aussi la qualité du lot du ganadero français Christophe Fano (les anciens « Murubes » d’Antonio Ordoñez ).
     Petite prestation des novilleros du matin malgré quelques coup d’éclat de Veyrune et Curro Reyes… Dommage !

 
ARLES (SUITE) : DU "BON" SEBASTIEN CASTELLA

     14 avril : Bonne prestation de Sébastien Castella, lui valant une sortie 'a hombros'. Ca fait chaud au coeur...
     En revanche, petite forme pour El Califa face à un vaillant toro, et pas de réussite pour Victor Puerto qui conclut mal à l'épée.
     A noter également la belle prestance de la ganaderia des frères Lozano 

 
DE CI... PAR LA...

     Cabra - Morante de La Puebla: silence et deux oreilles. Finito de Cordoba: silence et silence. Pour Ponce:: oreille et oreille.

     Hellin - El Cordobés: oreille et salut. Juan Bautista::: deux oreilles puis une oreille. Jesulin De Ubrique: oreille et silence.

     Marbella - Triomphe pour Espartaco ( silence, 2 oreilles et la queue ). Juli: 2 oreilles. Vuelta et applaudissements pour Javier Conde.

 
SEVILLE : JOSE TOMAS A PLACE LA BARRE TRES HAUT...

     15 avril : Superbe faena au deuxième toro pour Jose Tomas qui coupe deux oreilles, sans discussion possible. Oreille également pour son premier.
Sortie triomphale par la porte del Principe. Il lance cette feria de la plus belle manière... On devrait se bousculer au guichet !

Peu de possibilité pour El Juli et les honneurs pour Espartaco qui s'en sort bien chez lui avec une oreille à son second.

 
ARLES : DES TOREROS EN "DEMI TEINTE"...

     Oreille pour Juan Mora et Antonio Losada mais sans saveur. Miura n'était pas dans un bon jour.
     Meca et Padilla n'ont pas démérité mais il aurait fallut mieux tuer !

Oreille pour Ferrera

 
DE LA... PAR CI....

     Barcelona - Fernando Cepeda: silence et silence, Manolo Sánchez :ovation et ovation, Jesús Millán :ovation après avis et silence.

     Murcia -  Enrique Ponce: oreille et salut après avis, El Cordobés: oreille et oreille, Pepín Liria: deux oreilles et deux oreilles.

     Malaga -  Jesulín de Ubrique: applaudissements et oreille, Finito de Córdoba: applaudissements après avis et silence après deux avis, Morante de la Puebla: vuelta et oreille.

     Aignan - Richard Milian salut et silence, Luis de Pauloba: vuelta et vuelta, Ángel Gómez Escorial: oreille et vuelta. Un bon Pauloba  et Gomez Escorial .

 
ARLES : LE TRIOMPHE D'ANDY CARTAGENA 

     16 avril : Magnifique prestation d'Andy Cartagena dans le mano a mano qui l'a opposé à Joao Moura. Ce qui lui vaut une oreille pour son second toro et deux à son troisième, toros de Los Espartales sortis très mobiles et plein de bravoure.
     Ne pas négliger Joao Moura qui a fait une bonne prestation, même si les mises à mort ont été décevantes.

 
ARLES : BAUTISTA CONFIRME...

     16 avril (suite) Deux oreilles pour Juan Bautista. La première avec des protestations de la part du public, ce qui ne lui a pas permis de sortir a hombros.
    Applaudissements pour Manuel Caballero  pour son premier et silence après avis pour son cinquième.
     Finito de Cordoba :  applaudissements et ovations après avis.

    Rien de grave pour le banderillero El Coli qui a eu une cornada de 6 cm en haut de la cuisse droite. Il a reçu des soins à l'infirmerie de la plaza..

 
EN BREF .... :

   Mugron : Sortie a hombros pour Cesar Jimenez avec (deux oreilles et ovation) dans des arènes presque combles .Sergio Aguilar  (ovation et silence), Julien Lescarret (ovation et vuelta).

 
PRESENTATION DE LA CORRIDA CONCOURS DE MADRID

     17 avril : Le directeur gérant du centre de la communauté de Madrid José Pedro Gómez Ballesteros a présenté aux medias le cartel de la corrida du 2 mai. Ballesteros a  expliqué que se serait une "goyesque" et en même temps une corrida concours.
A l'affiche Luis Francisco Esplá, Zotoluco y Juan José Padilla

Ganaderias annoncées :

1) Toros de Guadalest, provenance Torrestrella
2) Toros de Hernandez Plá, provenance Santa Coloma
3) Toros del Conde de la Corte
4) Toros de Cuadri
5) Toros de Conde de la Maza
6) Toros de Adolfo Martín

 
AUTRES NOUVELLES...

- Retour de Manuel Benítez "El Cordobés" à Palavas le 5 mai prochain.
-
Juan Bautista  vient de signer en Espagne : Almuguera (Ciudad Real) le 30 avril, Almureca (Granada) le 3 mai, Pinto (Madrid) le 9 juin, Tolosa le 10 juin.
- A noter que la  location pour la double journée de Floirac du 20 mai prochain ouvrira le lundi 23 avril.
Avec le matin, toros du Laget pour Fermin Bohorquez et Andy Cartagena mano a mano, et,  l'après-midi, des  toros d'Aldeanueva pour Enrique Ponc
e et Juan Bautista, en mano a mano.
Réservation au  0556409018.

 
TROPHEES APRES LA CORRIDA DE PAQUES ( SEVILLE ).

Des prix ont été décernés suite à la feria de Séville :

Pour  Finito de Córdoba face à un toro del Niño de la Capea.
Pour le banderillero Ángel Majano,  (quadrilla du Juli ) au cours de  la corrida de Zalduendo.

 

JOSE MARIA MANZANARES : FILS DE SON PERE

     18 avril : La présentation en public de José María Manzanares, fils du matador de toros du même nom, se fera le 29  avril, pendant le  festival de Grenade. Sont également au programme, le rejoneador Martín González Porras, les matadors de toros José Fuentes, José María Manzanares, Enrique Ponce et les "becerristas" José María Manzanares et Ricardo Puga Contreras, fils du matador  local Ricardo Puga, dit "El Cateto"

 
SUITE DU MANO  A MANO TOMAS JULI A BARCELONE...

     Après le retour réussi de José Tomás à Séville, dimanche dernier, face à  El Juli,  on suivra avec intérêt leur nouveau mano à mano  à Barcelone, ce dimanche. Ne pas oublier également  Finito de Córdoba, qui est dans une bonne passe et que les toros sont des Zalduendo.

 
QUELQUES NOUVELLES...

     Le banderillero Valentin Cuevas de la quadrilla de Victor Puerto a reçu une cornada pendant la tienta dans la finca de Casasola à Salamanca. Il devrait néanmoins être présent à Seville.

 
MANO A MANO DU 24 MAI  JESULIN JULI

     19 avril : Les places pour ce fameux 24 risquent de devenir rapidement introuvables tant cette corrida évènement des arènes de Nîmes est attendue par l'ensemble du milieu taurin de la région. Il propulsera sans doute Nimes au niveau des autres plazas internationales. On espère que les autres "grands noms" annoncés viendront pour la Feria de Pentecôte.
     On attend:
Joselito, Finito, Jesus Millan, Pepin Liria, Denis Loré, Antonio Ferrera...

 
FERIA DE SEVILLE (SUITE) ...

     20 avril : Dans des arènes au 3/4 pleines, avec un vent violent soufflant en rafale, la novillada du jour a permis à Luis Vilches de s'illustrer. Il devra confirmer demain pour prendre l'alternative.
Fernandez Pineda a eu droit aux applaudissements, pour son second, et ovations et salut pour ses quatrième et sixième.
A noter également la légère blessure du banderillero Fransico Javier Garcia .

 
SEVILLE: LUIS VILCHES CONFIRME

Dans des conditions climatiques difficiles, Luis Vilchez a confirmé ses qualités artistiques lors de son alternative. (Salut et salut).
Pour Pepe Luis Vazquez: silence et silence et  Fernando Cepeda: silence et silence.

     Les Toros del Ventorrillo ont été très irréguliers dans l'ensemble offrant peu de possibilité.
     On notera que les arénes étaient au trois quart pleines

 
TRIOMPHE DU JULI A ZARAGOZA

     El Juli nous a gratifié d'une superbe prestation, malgré des mauvaises conclusions à l'épée, mais il est clair "qu'il est là pour un bon moment".
     Pour Espartaco: applaudissements et ovation, El Juli: silence et ovation après un avis. Ricardo Torres, qui prenait l'alternative: salut après avis et silence après avis. Mauvaise inspiration pour Espartaco qui ne profite pas du meilleur  toro. Corrida difficile pour Ricardo Torres qui prenait l'alternative.

 
DE CI PAR LA...

    Fortuna - Superbes  Toros d'Espartaco, avec  pour Antonio Mondéjar: silence après avis et deux oreilles, El Cordobés: deux oreilles et la queue et une oreille et Pepin Liria: applaudissements et deux oreilles.

 

ALLO, L’ESPAGNE ! ! !

     23 Avril : Adieu les vacances ! Bonjour à tous ! Dieu que cela passe vite... Une semaine loin de tout, presque dans le désert, et la longue route par l’Espagne 2001, remontant les bords de Méditerranée...
    
Dieu qu’elle change, cette Espagne. Certes les autoroutes sont de vrais rubans où, comme d’habitude, il faut regarder plus derrière soi que devant, tout le monde frôlant tranquillement le 160 et « jouant du quiebro » avec audace ou inconscience. Certes, ce côté de l’Espagne est « teutonisée » et l’on y parle plus l’allemand que le Valenciano. A quand les paellas aux saucisses de Francfort ?
    
Mais ce qui frappe, ce qui sidère, ce qui écœure, c’est de voir si beaux paysages, si coquets villages, si magnifique panorama, hérissés d’antennes relais de ces maudits téléphones portables. Elles sont partout, vont en général par deux, et vous bousillent les plus belles photos. Maldita sea ! Même le toro noir, jadis celui d’Osborne qui, au détour d’un vallon, réveillait en sursaut les toreros assoupis... même le toro noir se cache, dans un fourré, derrière un talus, pour laisser place à ces maudites ferrailles, à ces affreux totems... Adieu l’Espagne de Cervantes. Don Quijote, s’il revenait, aurait maille à partir avec l’un des ces sombres mâts de cocagne, en fer même pas forgé... Pauvre chevalier ! Mais chtttt... le téléphone a sonné ! Il m’a dit....

     Il m’a dit que la semaine a été chaude du côté de Nîmes, et que les épithètes volent bas. C’est bien triste, mais cela se voyait venir. De l’autre côté, Dax et Mont de Marsan présentent leurs cartels cette semaine.

     Il m’a dit que la Feria d’Arles a été un modèle de sérieux dans la présentation  et le comportement des toros. Juan Bautista est sorti «pavillon haut » ; le Juli a fait des siennes ; un grand toro d’Alcurrucen a offert ses oreilles à Castella qui les lui a coupées ; Califa a patiné ; Caballero rame dans le savon ; Ferrera a tiré de grands muletazos et Fernandez Meca est chaque jour plus torero. Grande feria. Grands souvenirs.

     Il m’a dit qu’on avait retrouvé José Tomas, et qu’à Séville, le dimanche de Pâques, il m’avait fait gagner la première partie de mon pari : Deux portes du Prince, dans la même feria... Déjà une, le 15 avril. Ce n’est pas la feria... Vous n’allez pas chicaner, tout de même. Enorme, Jose Tomas dans son quite par gaoneras, dans ses trincheras, à la grandiose efficacité. Le toreo de toujours... Tellement immense que Séville en a été injuste avec « le petit », tandis qu’elle « coocoonait », logiquement, Espartaco. Le Juli est sorti furieux, maugréant une prochaine revanche. L’a intérêt à bien se tenir, le Tomas ! Mais c’est clair : « La Tomasistis » est bien là !

     Il m’a dit qu’en début de cette feria, les novilleros n’ont rien coupé, lors de leur « main à main » ; Que Vilches a été très digne, lors de son alternative, tandis qu’à l’habitude, Pepe Luis Vazquez fils balbutiait quelques muletazos en rougissant, et que Cepeda arrêtait l’horloge sur...une véronique.

     Il m’a dit qu’à Zaragoza, malgré les cartels de vingt mètres de haut, les aragonais ne viennent pas à la plaza. A vous écoeurer d’être empresa.

     Il m’a dit que... le fils de Manzanares...  Il ne m’a dit que ça ! A ver lo que pasa ! Mais, bon sang ne saurait mentir.    Il m’a dit aussi que, tandis que les manifestations, en France, maudissent la célèbre marque, là-bas, en Espagne, un homme est mort. Son coeur était tellement grand qu’il s’est ouvert tout large, et que la vie s’est enfuie. Oh ! Il n’était vêtu ni d’or, ni d’argent. Il était simple ayuda du mozo de espadas de Pepin Liria. On l’appelait Pepe « el Danone ». Il avait  la cinquantaine. Jose Serrano accompagnait Liria depuis ses premiers pas. Un buen hombre ! Peut être a t’il voulu protester à son tour... jeter loin cet apodo maudit. Le sort a de ces ironies, parfois. En plus, cela se passait dans une plaza, du côté de Murcia, qui s’appelait...Fortuna. Vraiment ! Aujourd’hui, un matador pleure son ami. Et nous gardons un respectueux silence, téléphone éteint.

 

TROISIEME PORTE DU PRINCE POUR « CAGANCHO »

     23 avril : Qu’il soit de Séville de Barcelone ou d’ailleurs, le public taurin a besoin d’idoles. On va à la plaza, on se presse, on attend, on trépigne... Les voilà ! Vêtu de lilas et or, comme José Tomas ; noir aux sabots blancs, comme « Cagancho », le mythique cheval de Pablo Hermoso de Mendoza, ils soulèvent la grande ovation dès leurs respectifs premiers pas sur le sable. Le talent et la passion font le reste.
    
Il existe bien une « Tomasistis ». On la voyait venir ! Elle a explosé hier, dès le paseo à Barcelone. Mais elle s’est « sabordée » quand le torero, dignement, a refusé une sortie a hombros imméritée. Du coup, quelques sifflets ont fusé. Qui aime bien châtie bien !
    
A Séville, apothéose du navarrais Pablo Hermoso de Mendoza. Quatre oreilles dont l’une « un peu tirée par la crinière », mais la différence est là. Troisième sortie par la porte du Prince pour le cavalier d’Estella. On aurait du également porter en triomphe « Cagancho », « Labrit » ou « Chicuelo », ses chevaux désormais légendaires. De quoi faire enrager les seigneurs d’Andalousie !

     22 Avril – Sevilla : 3ème de Feria – ¾ de plaza – tarde venteuse : Toros de Fermin Bohorquez père, bons sauf le premier – A cheval, Fermin Bohorquez fils mesura mal son châtiment au premier qui s’arrêta. Silence. Il fut, par contre, très élégant et campero, devant le quatrième, perdant une oreille à la mort. Vuelta – En troisième position, Diego Ventura fit le maximum, malgré la distance qui le sépare de ses aînés. Vuelta au sixième, mais blessure importante de son cheval « Cacao », par le troisième.
    
Reste le typhon, le génie, celui « qui vient d’ailleurs ». Pablo Hermoso de Mendoza venait pour « la grande porte ». D’entrée, le public lui fit ovation, même s’il faisait toucher ses chevaux, même si quelque rejon tombait bas. Deux oreilles, un peu généreuses, à son premier. La faena au cinquième allait baisser d’un cran. C’est alors que sortit « Monsieur Cagancho » qui, avec son maître sur le dos, se régala en courses de côté, en changements de pied, en pirouettes majestueuses, en regards joueurs. Ne lui manque plus que la parole ! La passion au rouge vif, d’autant que le rejonazo fut à tel point efficace que le cavalier eut à peine le temps de sauter de cheval pour le desplante final. Deux oreilles et sortie d’apothéose.
    
Aujourd’hui, lundi 23 Avril : Quatrième de feria, avec la présentation des Puerto San Lorenzo. Au cartel : Pepin Liria qui mettra tout dans la balance pour reprendre de l’altitude ; Pedrito de Portugal qui reprend l’épée après sa lésion d’Olivenza  (il sortira infiltré) – Vicente Bejarano, l’autre torero de la Puebla del Rio.

     22 avril – Barcelone : Presque plein, avec une ambiance « triunfalista ». Barcelone coule « corps et biens » avec son équipe de foot : raclée monumentale à Pamplona, et trois expulsés. Vaya ! Du coup, les catalans se rabattent sur les toros, d’autant que l’idole est là. José Tomas doit saluer, à la fin du paseo, avec classe, invitant ses compagnons à partager l’ovation. Après, cela s’est un peu gâté !
    
Six toros de Zalduendo, de présentation « très très inégale ». Le deuxième était un moustique, le cinquième, un gros bourdon. Trois très faibles, un qui s’éteint vite, et le bourdon, dur à cuire. On simula le premier tiers et l’aficionado de verdad s’ennuya un peu.
    
Finito de Cordoba toréa longuement, mais froidement, le premier. Par contre, sa faena au quatrième fut liée, profonde sur la main droite, et comporta les meilleurs moments de la course. Malgré ce, les deux oreilles accordées semblent très généreuses – José Tomas a connu de bons moments avec son premier, insignifiant. Faena débutée au centre par ayudados, clôturée par les manoletinas acclamées (Ne les sifflaient on pas, il y a peu ?). Au milieu, deux séries de naturelles, pieds joints. Grosse estocade et deux oreilles, partiellement protestées. Il fut, peut être , plus intéressant face au manso cinquième, qu’il parvint à mettre dans sa muleta. Mais ce fut moins spectaculaire, moins tonitruant, et le public ne suivit pas, presque déçu – « El Juli » a été énorme. On sait « le bruit qu’il fait » avec cape, banderilles et épée. On lui a toujours discuté la muleta. Attention : Juli est en train de devenir un muletero profond, très torero. Grosse faena au grand troisième, « Embarrado ». Faena calme, liée, toréant avec empaque. Deux oreilles « totales ». Le sixième bloque ses freins après les banderilles. Rien à en tirer, si ce n’est un monumental coup d’épée.
    
A la fin de la corrida, ayant chacun coupé deux oreilles, les trois diestros auraient du sortir a hombros. Le Finito et Juli furent hissés en triomphe, mais Jose Tomas s’y refusa. Malgré l’insistance de ses collègues à venir les rejoindre, le torero, cabochard magnifique, s’en alla « pedibus », ce que ne comprit pas le public qui divisa ses opinions.
    
Tomas-Juli, Juli-Tomas... Séville et Barcelone viennent de signer un nouvel épisode de la tauromachie des années 2000 : Une nouvelle « pareja » est en train de naître... Qui s’en plaindra ?

 

DANS LES AUTRES PLAZAS...

     Rien de bien extraordinaire sur la planète toros, en ce 22 Avril, sinon une excellente novillada de Jose Miguel Arroyo, à Talavera, et un tiomphe préfabriqué des toreros de la casa Lozano, près de Cuenca.

     22 Avril - Madrid (Las Ventas) : Presque un tiers de plaza et...du vent .Quatre toros de la Cardenilla, flojos, un sobrero de Felix Hernandez Barrera, potable, sorti quatrième, et un autre de Julio de la Puerta, malo, en sixième position – Miguel Rodriguez venait en remplaçant. On le vit sans idées au premier. Silence. Par contre, il se donna à fond devant le quatre, avec cape, banderilles et muleta, connaissant de très bons moments. Vuelta  - Rodolfo Nuñez, très vu ici, ne put qu’être digne devant un triste lot. Entre silence et palmas – Paquito Perlaza tente « le coup de Rincon », mais cela ne marche pas. On le vit sans dominio, en danger. Silence partout.

     22 Avril – Zaragoza : 2ème de la feria de printemps – Media plaza : La corrida du Torero a été fortement critiquée pour sa présentation, indigne de Zaragoza. De plus, elle est sortie faible - Joselito erre dans le ruedo. Que va t’il se passer à Séville et Madrid ? Est il capable d’un « coup de rein » ? – Ponce fait le maximum, essaie tout et réussit, un peu... On lui protesta, au cinquième, la seule oreille de la journée – Redevenu sage, Jesulin a toréé très classique, avec liant et profondeur,  pero no mato ! Avis et silence au troisième. Même punition au sixième, avec toutefois une ovation. Corrida à oublier très vite.

     22 avril – San Clemente (Cuenca) – ¾ de plaza : Corrida « made in Lozano ».. Il s’agit de faire marquer des points aux toreros de son écurie ! Quand on est puissant, c’est de bonne guerre. Toros de Soto de la Fuente, bons..bons ! – Manolo Caballero coupe deux oreilles au premier – Vicente Barrera fait trois – Eugenio de Mora remporte la palme : Quatre oreilles, et la queue du troisième. Bon !

     22 Avril – Teruel : ¼ de plaza . Toros de La Laguna, justes de présence et faibles. 4 et 5ème sont les bons numéros. Jesus Millan touche les pires. Palmas – El Molinero a triomphé, coupant une oreille chaque fois – El Renco donne une vuelta au cinquième.

     22 Avril – Caceres : 2200 personnes environ. Toros de Los Recitales, « diversement embouchés ». Le 6 est un « dur-dur » - Triomphe de trois oreilles de Manolo Bejarano – Antonio Ferrera perd deux trophées à l’épée – Alberto Manuel a fait ce qu’il a pu, et le cavalier Nanao Bravo a entendu deux avis.

     22 Avril – Talavera de la Reina : ¾ de plaza pour une bonne novillada de Joselito dont le mayoral sortit a hombros avec les toreros – Juan de la Reina coupe un trophée, mais c’est Leandro Marcos qui fait un tabac : « grosse oreille », chaque fois – Ivan Garcia termine en beauté, coupant les deux du sixième.

     22 Avril – Fourques : Forte novillada de Yonnet, très bien présentée. Le deuxième, supérieur – Grégoire Teulère donne vuelta au quatrième -  Luis Gonzalez triomphe : une oreille au deuxième et vuelta, après deux sonneries, au cinq – Le vénézuelien Ruben Dario a fait ce qu’il a pu, toréant avec valeur, tuant très mal. Deux avis au troisième.

 

LES JEUNES BRUTES ET LE VIEUX LION...

     24 Avril : Ce pourrait être le titre « d’une vieille légende de l’an 2001 »... En fait, c’est celui d’une reseña taurine.
     
Ils ont quatre ans et 10 mois, ou encore cinq ans « aux pâquerettes »... Ils sont jeunes, beaux comme des dieux et sortent au soleil de Séville, en taureaux de combat  qu’ils sont, venus des dehesas d’Andalousie, du campo charro, ou d’ailleurs.
    
Visage fermé, le regard fixe, comme les idées, le torero vient aussi combattre. Il a 31 ans demain. Un jeune adulte, et pourtant déjà un vieux lion. Cousu de partout, rompu à la croisade, ce légionnaire marche au feu avec en bannière le courage et le métier.
    
Hier, à Séville, deux jeunes brutes ont rencontré un vieux lion. Deux toros du Puerto San Lorenzo  se sont battus en duel avec Pepin Liria. Dire que l’homme les a battus, réduits, serait outrancier. Cependant, Séville a su  comprendre la réalité du combat, la présence permanente du danger, la réelle valeur du torero, surtout face au terrible premier. Deux vueltas comme autant de faits d’armes, de décorations sur un fanion de combat. Pas d’oreille pour Pepin, le jeune « vieux lion », mais un réel triomphe, avec d’autant plus de mérite que la feria s’ouvre et que les moteurs de l’émotion sont encore tout froids...
    
23 Avril – Séville
 : 4ème de feria – 2/3 de plaza – Beau temps, mais du vent : Corrida qui attirait l’attention. Les toros du Puerto San Lorenzo se présentaient à Séville. Loin des toros-artistes, lustrés, bien maquillés, de la chaude Andalousie, ils apportaient  la rudesse du Campo Charro, celle des petits matins froids, du campo dans la brume. Ils apportaient leur caractère fantasque, têtu, bourru ou, carrément, de brute aveugle.
    
Les toros du Puerto n’ont pas fait une bonne présentation. Certains, comme le premier, se sont comportés en réels spadassins, qui vous attendent dans l’ombre d’une ruelle et vous sauteent à la gorge. Tous sont sortis abantos, comme les Atanasio, faisant plusieurs courses, distraits, prenant au passage les capotazos, sin fijeza, sortant à l’envers, s’en allant faire un tour... pouah ! Pourtant, ils furent vrais « toros de combat » et la corrida fut toujours intéressante. Pas de réelle bravoure, mais de vraies peleas au cheval, poussant, droit ou de travers, mais poussant. A cheval ou à pied, les hommes durent se battre et troquer aujourd’hui leur blouse d’infirmier pour la tenue de combat. Ce ne fut pas une grande corrida de toros, ce fut... une corrida de vrais toros.
    
Pepin Liria devait marquer sa position. Oublié de Valencia et Castellon, un peu regardé de travers, depuis l’an dernier, le torero de Cehegin devait regagner des points. Visage fermé, un crêpe noir  à la manche de sa chaquetilla, Pepin Liria s’est montré digne de son traje et de son identité : « Matador de toros ». Son premier faillit lui arracher la tête dans un terrible achuchon sur une demie véronique. Le toro, rapidement va signaler « qu’ à droite, interdit ». Probon au début, il va se révéler d’une extrême violence, coupant ses courses dans les jambes, déclenchant tout à coup une folle charge, poursuivant l’homme, en aveugle, sans se soucier de l’engaño tout à coup bien futile. Liria va se battre comme un lion, cédant de trois centimètres pour en conquérir dix, revenant à la charge, tous sens aux aguets, la fleur au canon. Là où bien des vedettes auraient plié bagage, Liria imposa un toreo de rage, de brutalité, mais à la fois de gran toreria. Que bien estuvo ! Un terrible achuchon, salué par un « ayy ! » d’horreur, un dernier arreon du toro, mais le torero est là, apparemment serein. Le matador sera à la hauteur. Entrant bien, une entière un peu tendida mettra fin au duel. Pepin Liria qui avait brindé au ciel, à son ami Pepe, parti samedi, bien trop tôt, s’en alla saluer l’ovation, modestement, mais l’âme en paix. Séville lui imposa de donner vuelta. La grande Séville des grandes occasions. Muy bien ! Face au quatrième, ce sera un autre combat, plus tortueux, plus souterrain. Le toro sort fuyard, prend deux puyazos en poussant, mais en sournois. Il va passer son temps à gratter le sol, à reculer, pour finir par se coller aux planches où Liria va lui donner bataille. Serait il sorti de sa querencia, si le diestro avait voulu l’en tirer ? Peut-être. Il ne fut pas manso assassin, mais ne se livra pas, sauf lorsque le voyage naturel le ramenait vers son abri. Liria va jouer du métier, mettant vibrato, habileté et grande volonté. Soigneusement préparée, lentement poussée, une grande entière, un poil de travers, ne tuera pas immédiatement. Avis, mais encore une fois, un tour d’honneur chaudement applaudi. Le vieux lion a vaincu les deux jeunes brutes... Sans couper d’oreille, Pepin Liria a triomphé à sa première sortie sévillane, se remettant en selle pour la temporada entière.
    
Pedrito de Portugal est pourri de classe... mais il est fade, fade ! Tellement fade qu’il arrive presque à rendre fades les toros qu’il rencontre. Son premier prit les capotazos au hasard de ses charges, mais poussa fort au cheval. Le vent gêna le quite par chicuelinas, et le picador mesura fort bien la deuxième poussée. Bon début de faena, par le haut, un remate sculptural, et ... la fadeur. Série de gauchères où le toro s’ennuie, au point qu’il en fléchit les jarrets. La faena s’englue et le public murmure sur deux gros moments d’aguante du jeune portugais sans expression. Après un pinchazo en faisant la grimace à cause de son bras, une entière facile et ... le silence. Bis repetita au cinquième, qui fait semblant mais « qui n’y va pas ». Porfia inutile, moment d’aguante, encore une fois, « pa nada ». Silence, un de plus, pour le gentil torero qui n’a pas encore inscrit à son vocabulaire le mot « transmission »...
    
Vicente Bejarano se fit arracher le capote par le troisième, qui traînait les arrières au point que le public en demanda le changement, ce qui fut ordonné après un gros puyazo. Le troisième bis pédala en l’air, sur une grosse vuelta de campana, et passa la faena à meugler des insanités. Tendance aux barrières, là aussi, le toro fusant dès que la porte s’ouvrait. Faena de mérite, mais bagage limité. Bonne demie, sans effort, et silence affectueux. Le sixième se donna deux gros topetazos au buladero, se balada partout, la tête dans les nuages, prit du fer à la sauvette, tandis que le président s’emmêlait les mouchoirs, faillit décapiter Pablo Delgado, banderillero tombé à ses pieds  (le miracle du jour !), et resta là, tête haute devant le torero qui se montra bien ennuyé, à la muleta. Bien entendu, la mort fut laborieuse et la corrida s’éteint là, avec les lampions.
    
N’est pas « vieux lion » qui veut...
    
Ce 24 Avril : Toros del Pilar pour Eugenio de Mora, qui doit confirmer son excellente entrée de l’an passé ; Juan Bautista dont les sévillans guetteront les progrès, et  le Cid, qui entre dans le grand bain, et peut surprendre.

 

ZARAGOZA, MORNE PLAINE...

     Le printemps à Zaragoza... vous m’en direz des nouvelles ! Media plaza pour le mano a mano Tato / Jesus Millan, les deux « de la terre ». De quoi  « plier les cannes » et partir s’occuper... de Nîmes, par exemple. Ayyy !
     La corrida  de ce 23 avril ne laissera que piètre souvenir. Les toros de Castillejo de Huebra sont sortis inégaux en présentation, mansos toréables, les 2 et 3ème permettant, tandis que le 6ème fut condamné aux banderilles noires.
     El Tato fut mal reçu par ses compatriotes. Ici, on ne lui pardonne peut être pas son départ vers Sanlucar, l’ensoleillée. Et puis, « son temps a passé ». L’histoire de toujours. Il fut pourtant bien, précieux chef de lidia, quand cela tourna au vinaigre, au quatrième. Il manqua son estocade, au premier ; garda au centre un troisième qui voulait partir « au bois » ; toréa « a mas », le triste cinquième. Résultat : Ovation – Oreille – Ovation. En fait, il fut « en torero ».
     Jesus Millan est jeune, allègre, et jouit de la sympathie du public. Histoire de toujours. On le vit très vibrant, un peu accéléré, face au bon deuxième ; bref avec le tordu quatrième, et s’arrimant comme un diable, avec le « veuf » sixième qu’il brinda à son aîné. Bilan : Oreille avec forte pétition de la seconde – Ovation et ovation.
     Tutti contenti... sauf l’empresa. Et comme on le comprend.

 

ON LA CARESSE... ON NE LA DEFONCE PAS !

     25 avril : A Séville, le rêve de tout torero est d’ouvrir la Porte du Prince. Pour cela, il en faut être digne, démontrer toreria, douceur, saveur. Peu importe les trois oreilles coupées, même si elles sont barême incontournable pour tirer la targette. La Porte du Prince... on la caresse, on ne la défonce pas !
    
Le hasard et les aléas de la lidia ont amené hier un cheval de picador à percuter le lourd portail fermant la piste, au niveau de la sortie convoitée, en faisant sauter les ferrures, le verrou, laissant les deux battants béant sur le callejon. Du coup, la corrida fut arrêtée pendant une demi heure, et ne parvint pas « à reprendre son vol ». Un cachondeo !
    
Heureusement, deux toreros ont suscité l’intérêt, tandis que le troisième, victime de la plus noire malchance, s’est laissé couler, doucement. Trois heures de corrida pour rien, et deux ganaderias de Salamanca qui ne sont pas prêtes de revenir ici, celle du Puerto et celle du Pilar. Non qu’elles aient « fracassé », mais il est bien évident qu’elles n’ont pas triomphé, et « l’exagération sévillane » aidant, le fait de « ne pas rentrer à Séville», équivaut presque à « en sortir » derechef.
    
24 Avril -
Séville – 5ème de Feria – Un peu plus de media plaza – Gris venteux : Trois heures, neuf toros sortis. Pour un peu, on se croyait à Las Ventas. Les toros du Pilar se sont présentés moyennement quant à prestance et comportement. Certains pitones astillés, certains cornes bien courtes, des allées et venues distraites, certains fléchissements et puis, la galère : Le deuxième fait du ramping au début des piques. Du coup, le cheval de Monnier s’affole un peu et va percuter la barrera, au niveau de la Porte du Prince. Adieu le verrou ! Mouchoir vert, pour un sobrero aussi tordu. Jouant la malchance jusqu’au bout, Juan Bautista verra le cinquième se casser une corne, remplacé par un sobrero inutilisable. Valse des mouchoirs verts. Dans les corrales, on s’emmêle les cordons ! Le temps d’une dure partie d’échecs pour sortir deux sobreros... Le cinquième tris, de los Derramaderos se répand, sans espoir. On n’avait pas tout vu, le dernier du Pilar se retrouve les quatre fers en l’air au pied d’un burladero trop dur pour lui. Bateau ivre, il tanguera durant toute la lidia. Fatigué, le public prit le partie d’en sourire, à la nuit tombée. Un cachondeo ! Bravucones mais sans classe, le salmantinos ont eu quelques velléités de noblesse, en particulier le troisième. Mais, à part les grands détails de deux toreros, la corrida sera vite oubliée.
    Eugenio de Mora est tout autre, à Séville. Le bon torero un peu rigide des autres tardes, s’abandonne, sur l’albero de la Maestranza. Du coup, les sévillans lèvent un sourcil sur ce tolédan qu’ils avaient vu magnifiquement débarquer l’an dernier. Il a bien failli récidiver. Deux ovations ont salué ses prestations, en particulier après une superbe moitié de faena à son premier adversaire. Temple, temple, temple dans les deux séries de droite. Profondeur et même sentiment dans les passes de pecho, gustandose. 

      Puis, sur une première naturelle mal enclenchée, le toro va faire son devoir et le menacer durement. Malgré la vaillance du diestro, la faena, avec le toro, va baisser de ton, et l’épée réduira le succès. Le quatrième lui permit encore de bonnes choses, à gauche cette fois, mais on le vit plus tendu, moins serein. Ovation et l’espoir de grandes choses, jeudi. Eugenio de Mora ne surprend plus les Sévillans, mais il les intéresse et il peut, un jour, ouvrir la porte... sans la défoncer.
    
Juan Bautista ne doit pas jouer au loto cette semaine. Il fera quelque économie. Ce n’est pas possible d’avoir chance aussi noire en deux toros. Son premier, rentré. Le cinquième, un piton en moins, rentré ! Le sobrero, rentré. Le « sobrero du sobrero »... ne valant guère mieux. Vraiment, de quoi « rentrer » à son tour, et passer à la douche ! La presse est unanime à ne pas vouloir juger son actuacion. Cependant, la froideur apparente du torero, « même si cela bout, à l’intérieur » n’aide pas le public à porter l’homme, à l’encourager, à suivre avec attention ses moindres gestes. Juan Bautista est passé. Sa malchance est reconnue, mais il n’est, à aucun moment, « monté » sur ses toros. Et ça...
    
On y pensait, on l’attendait. Les grandes choses devant le ciment vide de Las Ventas, en hiver, ou au cagnard d’Août, ne peuvent, à la longue, que produire leurs fruits. El Cid, grand sévillan dégingandé, profiterait de sa chance, pour peu qu’on lui entre ouvre une porte. C’est chose faite. Il montra déjà ses intentions dans un quite au deuxième toro qui s’arrêta net au moment de l’embroque, le laissant « tout nu ». Aguanto ! calme et très torero. Jolie faena au noble troisième. Amples derechazos, faisant oublier la haute taille. Du sentiment dans un toreo élégant, mêlant l’austère et quelque parfum « d’en bas ». Dommage qu’il oublia, ou ne « sentit pas » le côté gauche. L’oreille était pourtant en poche, mais l’épée... (Hombre ! Se llama « El Cid » ! En entrant comme ça, le Cid Campeador n’aurait fait que trois lignes dans les livres d’Histoire, et Charlton Heston serait au Rmi...) Pas le droit de gâcher ainsi une bonne faena. Le sixième avait fortement fêté sa rencontre avec un burladero, et il n’y avait rien à faire. « Apaga y vamonos ! »
    
Corrida à oublier, mais deux toreros à retenir... et un troisième, à consoler.
    
Ce 25 Avril : Victor Puerto, auteur de la meilleure faena, ici, en septembre 2000, rentre dans la feria, face aux Torrestrella qui ont enchanté Valencia. Sévilla retrouve la Domecq Family... Un gusto ! Accompagnant ces deux noms, El Cordobes  qui semble s’être refait une petite santé en province. Mais... ! Et Davila Miura qui donnera ce qu’il a, c’est à dire...

 

BILBAO, INTERDIT AUX CARDIAQUES !

     25 Avril : Cette année, pour réserver à Bilbao, il faudra joindre un certificat médical... Cardiaques s’abstenir ! Juan Jose Padilla, fort de son coup de canon avec les Cebada, l’an passé, avait demandé les Victorino. Mais on connaît la suite : Le Juli prend la Victorinada, accompagné du Califa et de Miguel Abellan. Du coup, Padilla monte le ton et confirme : La Miurada, pour lui, tout seul !
    
A priori, c’est signé. Certes, beaucoup d’eau du Nervion passera sous le  pont transbordeur avant la fin Août, mais  à n’en pas douter, Juan Jose Padilla nous prépare une belle empoignade avec les toros de Zahariche qui, on le sait, sortent « plutôt grands, hauts, et mal embouchés » dans la cathédrale basque. Voyons déjà comment il va lidier ses deux de Séville, et parions sur ses capacités « à multiplier par trois » sa prestation du 6 mai, dans la Maestranza... A suivre.

 

DAX 2001   -  QU’EN « BONS THERMES » CES CHOSES SONT DITES...

     26 Avril : Il n’y a pas à dire : Dax est différente. Certes, comme partout, le juste orgueil et la volonté de « planter les autres » sont patents, mais il y a cette « façon de faire », cette réelle convivialité, ce « gusto », ce soin à bien recevoir, à essayer de « faire les choses, bien », qui est tout à fait personnel à Dax. Et hier, encore un fois, la présentation de la temporada dacquoise a confirmé ce fait . Et, qu’on soit aficionado Torista  ou Torerista, les gens de presse et les abonnés n’ont pu qu’apprécier l’accueil qui leur  a été réservé, les soin dans la présentation, le détail apporté aux affiches des deux ferias, à l’importance accrue d’internet, comme incontournable outil de communication et de promotion. Muy bien ! Enhorabuena !
    
Après, les cartels peuvent plaire ou pas, les corridas peuvent plus ou moins bien sortir. On peut toujours faire mieux... en théorie, mais on sait  trop la dure alchimie, du style « casse tête », qu’est de monter une feria (ou on ne le sait pas assez) ... Donc, « wait and see... con mucha ilusion ! », et souhaitant grande chance à cette édition 2001, dans la cité de Thermes. 
    
Les cartels se présentent ainsi : Cinq corridas, du 11 au 15 Août ; une de Rejoneo et, trois novilladas sin picar :

FERIA DE DAX 2001

Samedi 11 Août : Corrida de Nuñez del Cuvillo  pour Victor Puerto – El Califa -  El Juli
Dimanche 12 Août : Corrida de Cebada Gago pour Richard Milian – Juan Jose Padilla – Jesus Millan
Lundi 13 Août : Corrida de Dolores Aguirre pour Fernandez Meca – Antonio Ferrera  - El Cid
Mardi 14 Août : Corrida de Zalduendo pour Finito de Cordoba – Jose Tomas – Juan Bautista
Mercredi 15 Août (au matin) : Rejoneo : Gonzalez Porras – Andy Cartagena – Sergio Galan
Mercredi 15 Août : Corrida de Samuel Flores pour Enrique Ponce – Miguel Abellan  - Javier Castaño

     Il y aura novilladas matinales les 11, 12 et 13 Août (finale) avec du ganado du Marquis de Domecq et Sonia Gonzalez
    
Quelques commentaires, à chaud : Grand cartel, le premier jour. Grosse competencia en prévision : Puerto et Califa, Califa et Juli ... Trois coqs de combat qui ne se passeront rien, malgré l’amitié. On peut s’étonner que ce cartel ne soit « que » cartel d’ouverture. Il est un des meilleurs.
    
Corridas toristas : Cebada, récompensé de son triomphe à la concours 2000 ; Dolores Aguirre, en résultat de Madrid et Bilbao, l’an passé. Les adieux de Milian, incontournables, comme la présentation de Millan, le nouveau « Jésus » ! La chance donnée au Cid, d’entrer en France, par la grande porte. Voyons s’il l’ouvre !
    
Cartelazo le 14 Août et le grand duo Samuel/Ponce, en fin de feria, où l’on s’étonnera, encore une fois de la grande place faite à Javier Castaño qui, pour le moment, n’a rien prouvé.
    
Petits regrets : l’absence des Marquis de Domecq qui sortirent si bien, l’an passé, et, côté toreros, du Morante de la Puebla, qui, malgré le bajon 2000, avait ici grande place. 

DAX – « Feria de la Salsa 2001 »

Samedi 8 Septembre : Corrida Concours : Toros de Palha, Victorino, Conde de la Corte, Cuadri, Baltasar et Albaserrada, pour Fernandez Meca, El Tato et un troisième torero (qui aura brillé du côté de Séville, Madrid ou ailleurs... (Muy bien !)
Dimanche 9 septembre (en matinale)  : Novillada sin picar
Dimanche 9 Septembre : Corrida de Torrealta – Mano a Mano Enrique Ponce/ El Juli

 

     Une seule petite « pega »... tout en saluant la « reconduction de la concours ». Cebada Gago a triomphé au concours 2000 (vox populi), et s’en voit récompensé par un lot entier, lors de la feria d’août. Superbe !. Il n’en reste pas moins que le vainqueur du concours passé devait, automatiquement, être reconduit pour l’édition suivante, avec l’opportunité de « revalidar su titulo », défendre son titre, et même « faire coup double... ». C’est la seule petite « pega » que l’on peut retenir...Pero, tampoco pasa nada...
    
Ponce/Juli... Juli/Ponce ... Le roi et son prince consort... Passation de pouvoirs... A ver ! Mais ce qui est certain : Il y aura de l’émotion et du « buen toreo » !

     DAX 2001 : Voir tous les détails sur le site www.ville-de-dax.fr

 

SEVILLE : VICTOR PUERTO, EN MARCHANT AVEC LE TORO...

     26 Avril : Enfin une oreille coupée, la première, depuis vendredi dernier (rejoneo, à part). Bon ! Mais surtout : Enfin une oreille coupée, suite à une faena de recours, de grande toreria, loin des « 18 séries de derechazos et des 12 de naturelles avec double pecho et abanico final précédant quelques manoletinas ».... Enfin de la variété, de l’intelligence et du gusto, alliés à un réel engagement.
    
« Mentiroso » le cinquième de Torrestrella, appelé « Turista ». Pas venu en touriste, du tout ... Mobile, très encasté, mansote un poil violent, tête haute, s’appuyant volontiers sur le torero. Il en aurait mangé plus d’un. Victor Puerto a résolu le problème con mucha toreria, marchant avec le toro, le dominant en gagnant chaque fois, un pas en avant, même sur des passes bien éloignées du sempiternel « fondamental ». Trincherillas, firmas, eurent ici place de choix dans une faena qui divisera les opinions : Victor Puerto a t’il vraiment dominé le toro ? Ou, par contre, s’est il « caché » derrière du toreo de détails ? Hombre ! « Andarle al toro », lui gagner du terrain, finir « guapo » est aussi toréer... Aussi, quand l’estocade est d’engagement total, l’oreille est totalement méritée...

     25 Avril : Séville – 6ème corrida de feria – 2/3 de plaza – Beau temps : La corrida de Torrestrella a déçu, en comparaison de celle de Valencia. Elle n’avait pas « son cuajo », elle n’eut pas son comportement.Très faible, le premier ; éteint, le deuxième ; sonné par une terrible vuelta de campana, le trois ; Bon le quatre, mais baissant de pied ; Très encasté le cinquième, mais mansote et miron (toro de cuidado) ;  excellent le sixième, avec une brega précieuse de Juan Montiel et gâché par Davila Miura... Ayyyy !
    
El Cordobes inspire toujours la sympathie. Bien ! Il semble avoir un peu récupéré quelque sitio, mais les sourires et les clins d’yeux auront de plus en plus de mal à « tapar » les mantazos, les trapazos et autres « azos » qui ne traduisent que vulgarité et manque de recours, malgré un évidente bonne volonté. N’ayant jamais réussi à se définir, Manuel Diaz a vogué durant des années entre baroque et classique, et... la fatigue est là. Ya no puede ! Silence et ovation (de cariño)
    
Davila Miura est toujours aussi roide, aussi forcé, aussi inesthétique, aussi « falto de imaginacion », aussi... Certes, il temple, « il prend le toro ici, et le conduit, là... », mais, dieu que c’est fade, sans âme, sans fond...il tua vite, et bien le sixième, qui était un toro de Puerta grande. Silence et ovation.
    
Victor Puerto vit son premier s’éteindre. On apprécia son quite  le capote plié en deux, dans le dos. On sursauta très fort lorsque le toro le prit vilainement au moment de l’estocade. On craint l’espace d’un éclair, la grave cornada au ventre. Mais, « un capote celestial » fit le quite. A Séville, la Macarena  est au « gran Palco », aficionada attentive et torera...
    
Quand sortit « Turista », le cinquième, on se dit que Puerto dansa beaucoup au capote, que la lidia partit un peu dans tous les sens et que... Puis arriva le début de faena, vibrant, par doblones, puis garboso, andandole al toro, toujours vers l’avant, clos d’un grand pecho. Olé ! Le torero se met à dix mètres et cite longuement, cérémonieusement, une passe changée dans le dos qui a ici grand mérite dans la mesure où le toro  était plus dur à surprendre. Deux séries de derechazos, forts, puissants, mais à la limite de la cassure, le toro venant avec « noble  violence »,  mais tête haute. Puerto va se faire menacer sur une première naturelle, et se faire manger sur les deux  suivantes. Alors, « sortant » le recours, l’intelligence et le répertoire, le torero va alterner le classique et la variété, enchaînant les suertes, marchant toujours sur le toro, le conduisant avec garbo, toreria. Grosse estocade, un poil contraire, et une oreille « de ley ». Pas à dire, Victor Puerto est « a gusto », à Séville, et c’est une grande satisfaction, quand on sait la prévention qu’avait cette aficion pour ceux de « Despeñaperros parriba... »

     Ce jeudi 26 avril : Les Alcurrucen pour Caballero qui entre dans la feria. Il est le triomphateur de l’an passé, mais se trouve en danger cette année... Attention, la pente est savonneuse ! - Rivera Ordoñez sera, à son habitude, vaillant et brouillon. Il se doit de couper, dans cette feria – Eugenio de Mora connaît ce toro. Il est apprécié à Séville...  Allez... On parie sur lui ? 

 

CELA S’APPELLE « AFICION »...

     27 Avril : Ils ne comprennent pas, et ils ne comprendront jamais..., les « Antis » !
    
Justement parce qu’ils sont avant tout, sentiment, ressenti, émotion, les aficionados, (ceux qui adorent « voir  torturer les animaux », comme ils disent), sont capables, en toute bonne foi, en toute conviction, avec force et passion, de se lever et de dire : « J’ai aimé... j’admire... ».
    
Au fond, avec leurs qualités et leurs défauts, les aficionados sont avant tout, profondément humains. Un paradoxe qui peut alimenter la polémique pendant des lustres... Une situation que ne pourront jamais saisir ceux qui, justement, « mettent la raison avant le coeur »... 
    
Etre « Aficionado de verdad », c’est apprendre, savoir, juger en connaissance de cause, mais c’est, avant tout, ressentir et pouvoir exprimer une émotion d’admiration, voire de révolte, devant un éclair de beauté qui traverse le temps, arrête les horloges du pâle quotidien. Etre Aficionado de verdad, c’est être capable de dire « Tel torero, je ne l’aime pas, mais aujourd’hui... qu’est ce qu’il a été bien »... Et de l’expliquer, mêlant le technique et le ressenti...
    
Et ce qui « dérange certains », c’est que l’aficionado de verdad, « marche dans la vie », comme « il marche dans sa passion »... Contrairement à ce que l’on peut penser (référence à tous les débats « pour ou contre la corrida », etc..) les aficionados manifestent toujours plus d’éducation, de tolérance, de patience et d’humanité, voire d’humanisme, que ceux qui les attaquent, les condamnent, justement au nom de l’humanité. Du coup, malgré les efforts de certains, les deux planètes ne peuvent que difficilement se rencontrer, et c’est bien dommage...
    
Eugenio de Mora n’est peut-être pas « Santo de nuestra devocion.. », torero de nos préférés.. mais il faut reconnaître qu’il est un des premiers triomphateurs de cette feria de Séville 2001, lui torero de Castille, sec toledano, à priori éloigné du toreo de sentiment, si cher à « ceux d’en bas », si prompts à s’enflammer sur une demie véronique ou  un trincherazo « en mettant la hanche »... Eugenio de Mora a été très torero tout au long de ses deux interventions et mérite amplement la plus grande attention, des empresas et du public. Le reconnaître est tout simplement faire preuve d’honnêteté intellectuelle et d’humilité, devant ce qui est écrit, sur le sable, ou dans le ciel... C’est faire preuve ... d’Aficion. 

     26 Avril – Sevilla : 7ème de Feria – (5ème corrida formelle) – Grisaille et ¾ de plaza : Déception des Alcurrucen, moyennement présentés, mais « se cachant » derrière d’astifinas armures. Peu de jeu, peu de bravoure, peu de force... Un fond de noblesse qui dit : « j’y vais », mais cette fatigue qui fait dire « Je voudrais y aller, mais comme je fatigue et je sens que je vais me casser la figure... alors je me retiens, je m’abstiens, je m’arrête ». Décevante corrida d’Alcurrucen, qui cependant, n’excuse qu’en partie le conservatisme de deux toreros, mis en évidence par la grande volonté et la toreria du troisième, aussi mal servi qu’eux.
    
Manolo Caballero était satisfait de lui. Grand bien lui fasse. Silence et ovation sur le crédit ouvert l’an passé, sont le bilan de cette première tarde. Ses toros ont vite baissé la garde, ce qui n’excuse en rien les trapazos distribués, toréant de bas en haut, sans aucun sentiment, même s’il y eut chaque fois un petit éclair de la toreria qui est en lui, parfois bien cachée... Heureusement, l’épée fonctionna vite, et il put sortir en paix.
    
Rivera Ordoñez donna un bon quite au premier de Caballero, un énorme pase de pecho, de piton à rabo à son premier adversaire et quelques bons lances au cinquième. Le reste ne fut que  raideur et platitude, apparente indifférence...Il tua... comme d’habitude, écoutant un avis à son premier et, chaque fois, le silence...
    
Eugenio de Mora a conforté son cartel à Séville, et dans l’esprit de Aficionados. Sèchement pris par le troisième au moment de passer son capote dans le dos, le torero se releva, sans ciller, et reprit le combat, toujours bien placé, conscient et serein. Muy bien ! Il donna les trois passes que tolérait le bicho et le tua très correctement. On le fit saluer un ovation. Le sixième se mit au centre et attendit. Le péon qui l’approcha s’en souvient encore. Susto et quite miraculeux, d’un envol de cape ! Gracias, Señor Dios ! De Mora, un moment aveuglé par du sable malencontreusement projeté en plein visage, se remit à grandes eaux et, à force de patience, de placement, de toreria, arracha au toro « tardissimo » une faena inespérée de douceur et profondeur, de technique et d’esthétique. Muy torero ! De tuer « à la première », nous parlerions ici d’une grosse oreille coupée à Séville. Cependant, la vuelta pèsera lourd et favorablement dans le bilan de ce torero que l’on doit, depuis l’an passé, regarder autrement. Enhorabuena, torero y a disfrutar de la feria !

     Ce 27 Avril, la corrida ne sera pas télévisée. Comme Tomas et Joselito ont dit « non » pour demain... Ponce et Juli ont déclaré que « nenni, pour aujourd’hui ! ». Question de standing ! Cartelazo, qui ouvre, ce vendredi, « la feria de « los de claveles ». La plaza se remplira et le spectacle sera autant dans le gradin que le ruedo.. Aujourd’hui : Ortega Cano, Ponce et Juli, devant les Jose Luis Marca... Il va se passer quelque chose.

 

ZARAGOZA : SUERTE POUR « LES CONCURRENTS » !

     27 Avril : Corrida concours en plaza de Pignatelli... Combien de spectateurs, aujourd’hui ? Espérons qu’enfin seront récompensés les efforts de l’Empresa.... Malheureusement, on peut en douter.
A suivre avec un grand intérêt, cette « concurso ». Au programme :
    
Luis Francisco Espla qui prendra « Dorado », du Partido de Resina (1er), et « Jardinero »  de Cuadri (4ème) – Stéphane Fernandez Meca va lidier un N°13 de Fraile (2ème) et « Horquillon » d’Adolfo Martin (5ème) – Quant à Padilla, il devra s’entendre avec « Bordon » de Victorino (3ème), et « Graniceron », de Monteviejo (6ème )... Vaya papeleta !
    
Grande bonne chance à tous, y que salga un gran toro !

 

MONT DE MARSAN – Feria de la Madeleine 2001

     27 Avril : Le rugby régnant en maître en « Terre de Landes », la manifestation prévue pour découvrir ensemble les cartels de la Madeleines 2001 a du avancer ses horaires, ce qui a quelque peu bousculé les programmes. N’ayant pu nous y rendre, nous remercions chaudement les responsables de la Commission Taurine de leur confiance et de leur compréhension.
Cartels de lujo, équilibrés  et promettant quelques émotions, tant sur le plan « puissance » qu’esthétique.  La Feria de Mont de Marsan 2001 se déroulera donc comme suit :

Dimanche 22 Juillet : Corrida de Jose Ignacio Charro Sanchez Tabernero pour Richard Milian – Pepin Liria et Antonio Ferrera
Lundi 23 Juillet: Corrida du Capea pour Manolo Caballero - José Tomas - Miguel Abellan
Mardi 24 Juillet : Corrida du Marques de Domecq pour Finito de Cordoba – Victor Puerto - El Juli
Mercredi 25 Juillet : Corrida de Jose Luis Marca pour Enrique Ponce – Jaun Bautista - Javier Castaño
Jeudi 26 Juillet : Corrida de Victorino Martin pour Fernandez Meca – El  Tato - Juan Jose Padilla

     Feria traditionnelle : cinq corridas, une de Rejoneo, une novillada sin picar, et bien entendu, le concours Landais, le 20 juillet, en nocturne.
Côté maestros, on retrouve les ténors de l’an passé, exception faite de Morante de La Puebla, qui avait signé une grande tarde, hélas gâchée avec l’épée. Finito de Cordoba revient à Mont de Marsan, et on « ouvre le porton » à Antonio Ferrera et Javier Castaño. Victor Puerto entre fort logiquement, et Stéphane Fernandez Meca rejoint les triomphateurs de l’an passé, devant l’historique Victorinada. 2000 : El Tato et Juan Jose Padilla. Rtichard Milian ouvrira la feria sur son dernier paseo à Plumaçon.
     Côté ganado, on attendra avec impatience les Murube du Capea et on retrouvera les Marquis de Domecq, qui firent si bonne sortie l’an passé, à Dax.
     Il y aura corrida portugaise le  23 Juillet, en nocturne, avec du ganado de Justo Nieto pour Joao Moura, Pablo Hermoso de Mendoza et Patricia Pelen. Les toros seront arrêtés par les forcados de Alcochete.
Pour la « Sin picar », l’empresa garde un poste pour le vainqueur du Bolsin de Bougues, le deux jeunes engagés étant Curro Reyes et Reyes Mendoza, devant du bétail de Cévenoles.
     « Madeleine 2001 : Sol, toros y Musica », à l’habitude...

     La location débutera le 25 Juin, soit par téléphone au 05 58 75 39 08,  soit par courrier au comité des fêtes, 39 Place Pancaut – 40 000 Mont de Marsan,

 

« AAH, QUE JE SUIS GRAND... AAH ! QUE JE SUIS BEAU... »

     28 Avril : Trois muletazos et un desplante... Les yeux « tout velours », le sourire « tout satin », la hanche ronde et la cuisse provocante, le torero prend le public à témoin. Dans les gradins, on applaudit, on sourit peut être un peu : « Mais oui , tu es beau ! ».
    
La télé va encore en faire des tonnes. A la porte de la finca, la caméra guettera  le sourire de la diva sortant de sa chapelle particulière, après avoir prié toutes les vierges, et en avoir inventées d’autres, « para que le salga bien ! »... L’Espagne aime bien cela. La presse « corazon, corazon », parfois « carozon, carozon ! », fonctionne à pleins tuyaux et tout le monde semble s’y retrouver. Alors, allons y gaiement : « Mais oui, Jose... Tu es grand, tu es beau »...

     27 Avril : Séville – 7ème corrida –Lleno et grand beau temps : Public « de clavel », quand Ortega Cano, Ponce et Juli font le paseo. La Feria vient de passer un cap. Les gros cartels arrivent, les Farolillos ne sont pas loin. « Eso, casi, no se puede aguantar ! ». Carmina remet ses cheveux en place, pour la énième fois,  la Obregon  doit être par là, liftée au millimètre... Quoi, vous n’avez pas Marujita ?  Ayy, Corazon, corazon !
    
Les Toros de Jose Luis Marca sont sortis « en échelle », inégaux en tout. Quelque corne astillée voisinait avec d’autres, du genre « aiguilles » dont on fait des tricots. L’ensemble de la corrida, à part le doux et noble quatrième, montra du genio, comme le patron. Le premier sortit escobillé, et s’assomma dans un grosse vuelta de campana. Rien à tirer du deuxième, et trop piqué le cinq. Juli laissa ses deux toros « tout crus », et les mangea ainsi. Doté d’un appétit féroce et d’un sacré coup de fourchette, ce gamin a encore fait des siennes, encore provoqué l’admiration des uns, l’enthousiasme des autres.
    
Ortega Cano a connu de grands moments d’auto satisfaction au cours d’une tarde où le destin lui a beaucoup souri, en particulier, face au bon quatrième. Jusque là, il y avait eu quelques détails, où le regard était conquérent, mais les jambes beaucoup moins. Silence au premier après trois pinchazos, « sortant a matar », et un avis. La faena au quatrième débuta, assis à l’estribo, comporta quelques éclairs de majestueuse profondeur, agrémentés de desplantes aux arômes de hierbabuena. Le public a marché... (Lui aussi regarde « Gente » !) Alors, après un pinchazo, Ortega Cano porta une estocade qu’il crut « de révolucion ! ». Sûr de son coup, théatral, le matador alla attendre la mort du toro, assis sur l’estribo, qui n’attendait pas tant d’honneur... Mais le toro ne tomba pas. Damned ! Cela ne fait rien, la photo était prise et, après un avis, le mari de Rocio donna une vuelta qui a satisfait tout le monde... ou presque.
    
Enrique Ponce n’a pas de chance, à Séville. Il est autre, navigue à vue, torée, semble t’il « con los cables cruzados ». Malchance avec le deuxième, un triste mais astifino devant lequel le valenciano régla les affaires avec élégance, y compris à l’épée. Mais que lui a t’il pris de faire châtier à ce point le brave cinquième ? Se paso un kilo, Saavedra !  Le toro s’éteint rapidement et le torero essaya vainement de rallumer quelque bougie. Silence par deux fois et un desquite indispensable, le 3 mai, devant les Parladé.
    
El Juli n’avait pas avalé la presqu’indifférence du public à son égard, le dimanche de Pâques. Tout gagné à Jose Tomas, Séville n’avait pas vu ses efforts... Le Juli est venu, hier, les manettes à fond. Laissant ses toros, crus, pleins de mobilité, d’agressivité, poussés par un caractrère ombrageux, le jeune diestro fit feu de tous bois et les battit sur leur terrain : le genio, l’agressivité, une tonne de caste. Vibrant capeador, brillant banderillero, c’est à la muleta que le Juli gagne maintenant les oreilles et les coeurs. Malgré les coladas terribles au deuxième muletazos, le jeune « coeur de lion » avance sur le toro, lui marque sa cadence, le fait « tourner sur sa jambe », lui impose sa loi, et termine en séries templées où le toro, rendu, devient petit chien . Diable de gosse ! A l’épée, un cañon ! Estocade en arrière et deux descabellos lui font perdre l’oreille du troisième, avec un avis à la clef. Par contre, il coupa celle du dernier, après un « bazoocazo de ordago ». Grand et beau, le Juli... Lui, si !

     Ce 28 avril : Corrida événement, pleine de points d’interrogation. Fernandez Pineda méritera t’il « l’alternative de super luxe » qu’on lui offre ? – Joselito sortira t’il de son apparente torpeur, dans ce théâtre où il y était tombé, il y a deux ans ?  - José Tomas va t il ouvrir sa deuxième Puerta del Principe ?  Ce sont les Nuñez del Cuvillo qui le diront... La corrida ne sera pas télévisée.
 

FERIA DE  NIMES : Une Pentecôte « bien sage »....

28 Avril : Que paso ?  Avec le temps, avec les soucis, avec les responsabilités d’un père, Simon Casas aurait il perdu ce grain de folie, ce poil de génie, ces tonnes de genio, qui faisait bondir l’aficionado en découvrant ses dernières trouvailles, là-bas, vers les années 85/90. Que Paso ? La feria 2001 est, certes, très intéressante, solide, « carrée comme une maison ». Mais elle n’est pas celle qu’on attendait pour le retour du Simon. D’autant que ce retour ouvrait sur un clarinazo : le mano a mano Jesulin/Juli, fuera de feria.
     Que paso ? Que pasara ?  Après les joutes, à fleuret plus ou moins mouchetés, qui ont marqué les dernières semaines, Nîmes se donne du temps, présente une grande feria classique et sobre, en attendant d’autres coups de folie, en attendant que Simon ait rechargé...« les piles ! »...

La feria de Pentecôte à Nîmes se présentera ainsi :  

     Jeudi 31 Mai :Toros de Victorino Martin pour Fernandez Meca et Juan Jose Padilla, en mano  a mano
    
Vendredi 1er Juin : Toros de Victoriano del Rio pour Ponce – Juli  - Juan Bautista
     Samedi 2 Juin (matin) : Novillada de Jandilla pour Leandro Marcos –  Julien Lescarret et Julien Miletto
     Samedi 2 Juin (soir) : Corrida de Palha, pour Fernandez Meca – Pepin Liria et Antonio Ferrera
     Dimanche 3 Juin (matin) : Toros de Zalduendo pour Joselito – Jose Tomas – Sebastian Castella
     Dimanche 3 Juin (soir) : Corrida d’Adolfo Martin, pour Espla – Denis Loré et Jesus Millan
     Lundi 4 Juin (matin) : Toros de Los Espartales pour le cavaliers Pablo Hermoso de Mendoza – Andy Cartagena et Sergio Galan
     Lundi 4 juin (soir) : Toros d’Alcurrucen pour Finito de Cordoba – Manolo Caballero et Victor Puerto.

 

LES MYSTERES DE LA TECHNIQUE...

     30 Avril :  « Ayy, maldita sea con el Internet... ! » La technique a ses raisons que la raison ignore. Les hommes, de plus en plus, sont liés au bon vouloir « des ondes et des enzymes gloutons »... Du coup, eux qui devraient être « aux commandes » se retrouvent « à la remorque »... C’est ce qui nous est arrivé hier, avec un silence dont nous sommes les premiers contrits, la planète « toros » ne s’arrêtant pas de tourner, ces deux jours, avec quelques évènements qui vont entrer dans les éphémérides de la saison.
     Internet, il fait pouvoir y entrer, et surtout, après avoir bricolé quelque littérature, pouvoir « sortir »... Pas voulu, Internet... Pourquoi ? Allez donc savoir... Enfin !
     Un qui ne s’est pas posé cette question : José Tomas qui a tétanisé la Maestranza, sortant pour la deuxième fois, en deux corridas, par la Porte du Prince, à Séville... Un honneur qui a soulevé une grosse division d’opinions, même si le triomphe ne souffre d’aucune discussion. José Tomas est devenu « Le Prince de Séville »...
     La concours de Zaragoza, malgré un formidable effort pour que tout soit prêt pour une grande compétition, n’a pas donné les résultats convoités. Le vainqueur est le toro de Cuadri, mais on oubliera bien vite ce non événement, où les hommes ont ici une mission : Faire briller les toros.

     Dimanche, Jesulin de Ubrique est revenu à Séville. Une véritable transformation ! Tout ce qui était sourires et clins d’yeux, gouaille et vulgarité, a disparu. Sérieux, solide, sobre, à la limite de l’austère, Jesulin de Ubrique a convaincu les sévillans et tous ceux qui ont suivi son actuacion : Courage et technique au service du « temple ». Comme cela paraît donc facile..
     A Zaragoza, les Palha se sont vêtus de deuil et n’ont donné que piètre jeu. Madrid a débuté sa mini feria de la Comunidad, histoire de bien rôder les automatismes, en vue du marathon isidril. Le novillos on montré de la caste, les toreros, beaucoup moins.
     En province, on a coupé des sacs d’oreilles et beaucoup parlent du fils de Manzanares qui a fait ses débuts en festival. Son père, décidé à se reposer sur lui, à commencé par lui confier son propre novillo. Du coup, le jeune homme, un peu nerveux au départ, se retrouva avec deux  erales... et leur coupa le rabo. On dit qu’il va falloir suivre ce nouveau « fils de son père... » et que, si les mauvais génies ne le mangent pas...
     En France, à Méjanes, « Diamante Negro » est devenu le 41ème matador français. Bien ! Mais tout comme pour un certains nombre d’espagnols, la question se pose : Pourquoi ?

 

JOSE TOMAS, PRINCE DE SEVILLE...

     Séville – 28 Avril : 9ème de feria – 7ème corrida formelle – Grand beau temps – Plus un billet : Corrida qui sentait la poudre. Corrida « à huit clos », la télévision étant condamnée à la rue ! Les toros de Nuñez del Cuvillo sont sortis très inégalement  présentés, et leur jeu ne souleva guère d’enthousiasme.
     Au milieu des deux monstres, que sont Joselito et Jose Tomas, Fernandez Pineda faisait figure de premier communiant. De fait, c’était le cas, puisque le jeune torero recevait l’alternative. Il en rêvait. Il l’avait rêvée d’apothéose... Elle ne fut que douleur et larmes de rage. Fièrement, bravement, le nouveau docteur s’en alla, au toril, accueillir à genoux, le premier toro de sa jeune carrière : « Relatero » - N°133 – 515 Kgs – un Jabonero de Nuñez del Cuvillo. Cela se passa très mal, et cette portagayola  ouvrit le cauchemar. Bousculé, pris, le torero se reçut mal au sol, avec fracture du poignet droit. Malgré ce, il demeura dans le ruedo, reçut muleta et épée, des mains de Joselito, parrain distant qui, à l’habitude, ne se fendit même pas d’un abrazo... Faena de douleur et « de verdeur », devant un adversaire qui garda « la tête en haut ». Puis le calvaire avec l’épée, calvaire que l’on comprit ensuite, en lisant le bulletin médical. Départ vers l’infirmerie, en larmes, tandis que Joselito en termine avec l’anecdote.
     Du coup, le madrilène aura trois toros à lidier. On espérait à peine un Joselito décidé, redevenu maestro. En fait, à part un quite par gaoneras, quelques naturelles au quatrième et sa sécurité avec l’épée, Joselito s’est montré terne, apathique, sans jus...Sifflets, ovation, silence. Asi, no puede ser !
     Jose Tomas arrive, fait le paseo, mesure chaque geste, chaque pas, murmure chaque toque et ... fait tout exploser. Il y a bien un syndrome Jose Tomas, et Séville en est actuellement la très consentante et très heureuse victime. Alors les aficionados  « de pro » se grattent la tête, la presse s’arrache les cheveux, mais le fait est là : Jose Tomas est différent, et le mystère qu’il apporte à chacun de ses gestes, accompagné d’un courage, d’une technique, d’un charisme totalement énigmatiques, fait qu’il tétanise le public et l’enlève vers des enthousiasmes qui surprennent. Rien à dire : Encore une fois, Jose Tomas à coupé trois oreilles et a, de nouveau, ouvert la Porte du Prince... Certains diront : « Un nouveau tour de gonds ! ».
     Faena d’une incroyable lenteur, face à son premier, noble mais faible, la série des dernières naturelles levant le public. Estoconazo total et deux oreilles, certains râlant un peu. Le deuxième trasteo sera plus heurté, la muleta plus accrochée. Le toro est tout autre, noble mais avec du piquant. Faena au centre de la plaza, de fer et de feu, avec des moments de soudaine harmonie. Il y aura pinchazo, avant l’estocade. Oreille réclamée par un public tout à coup entièrement transformé en « portier du Prince »... Jose Tomas à Séville... Il faut le voir pour le croire !

 

JESULIN DE UBRIQUE... UN TOQUE DE ATENCION !

     Séville - 29 Avril : 8ème corrida de feria – Lleno - Beau temps, mais beaucoup de vent : La corrida de Pereda a été un désastre. Malgré la coalition des trois fers, la casa Pereda  a rendu en deux ans sur le sable de la Maestranza, tout le crédit ouvert sur quelques exploits passés. Présentation en échelle, armures impeccables, certaines à vous réveiller la nuit, mais un comportement d’une désespérante mansedumbre, alliant distraction et mauvaises idées, forte propension à partir en vacances, du côté des barrières, près du toril, si possible, laissant là  le fier matador, avec sa petite muleta et sa petite épée, ses efforts en déconfiture. De quoi entonner un lamento, comme Finito qui ne put que faire constater sa malchance.
     Miguel Abellan ne fut guère mieux loti, mais son seul contrat l’obligeait à livrer bataille, quelles que soient les circonstances. Les cinq premières minutes au sixième seront un des souvenirs de la Feria : De la portagayola à genoux, au quite souverain, passant par le galleo qui mit en suerte le bicho de clôture, Abellan fut « pero que muy torero ». Après, il fallut se battre pour des causes perdues d’avance. Le public cependant le salua fort justement, et Abellan garde ici tout crédit ouvert.
     Vêtu de Lilas et or, la silhouette un peu plus « solide », le visage un peu plus carré, Jesulin de Ubrique a signé un grand retour sur l’albero sevillano. Il toucha un premier toro « qui se laissa », et un autre « qui ne voulait pas... »A celui-ci, le Jesulin donna sobre faena en cinq séries, liées, templées, ne se permettant que la fantaisie de trois ayudados, un trincherazo et une firma dédaigneuse. Une demie en force et bonne ovation à saluer. A cet autre, il faillit bien couper une oreille. Il ne put toréer de cape le manson, soson quatrième. Mais le torero de Ubrique va encore se montrer extrêmement  sérieux, templant les quelques charges du rétif, retenant dans sa muleta ses velléités de s’enfuir « au bois »... Sur un coup de gueule tombé d’un tendido, le Jesulin va se mettre en colère, donner une puissante dernière série, s’exposer dans une dernières porfia, et partir pour une énorme estocade. Ne laissant personne approcher du toro, le maestro va, sans attendre, préparer un descabello « très torero » et définitif. Grande ovation, forte pétition d’oreille et une vuelta de totale reconnaissance : « Jesulin de Ubrique ha vuelto, hecho un maestro ! »   
     Que va t’il donc se passer aujourd’hui, 30 avril 2001 ? On avait ici prédit deux sorties du Prince pour José Tomas... On risque d’avoir joué « petit bras ». Au train où vont les choses, on prépare déjà « la troisième » pour ce soir, sur les coups de 21 h25... Toros de Juan Pedro Domecq, géants l’an passé, pour Ortega Cano qui va forcément « jouer beau » - Jose Tomas qui va être... en Jose Tomas - Et le Morante de la Puebla, qui entre dans la feria, certains ayant le secret espoir de le voir reprendre le sceptre du « Curro de toujours ».... La corrida sera télévisée sur Via Digital, et dans les peñas, tout à coup, on ne parlera plus rugby....

 

AVERSES ET DOUCHE FROIDE...

     1er Mai : Que se passe t’il donc à Séville ? Que se passe t’il donc dans les cercles, dans les peñas ? La corrida de Juan Pedro Domecq, 11ème du cycle sevillano, a confirmé un fait que l’on murmurait de plus en plus fort, depuis un moment : « Hay Tomasitis ! ». Et la douche froide de la cogida, après avoir pris des litres d’eau sur la tête, renforcera encore la légende de la triomphale, fabuleuse Feria de Séville 2001, avec un torero qui « entre dans l’histoire » avec deux sorties par la Porte du Prince et une cornada, le troisième jour... »
     Jose Tomas peut aujourd’hui tout faire, la foule hurlera, il coupera des sacs d’oreilles et ouvrira les grandes portes. Dans chaque plaza, ordre a été donné de « graisser les gonds de portes monumentales »... Bien ! Les vendeurs de magnétoscopes aussi se frottent les mains... quoique ! Outre le fait que le torero ne veuille montrer son image que fort parcimonieusement, il est un autre problème qui se pose : Il ne faut pas revoir la faena de Tomas, hier. Glorieuse, tragique, elle entrouvrait déjà « la troisième Porte du Prince » pour le torero madrilène... Oui mais voilà : Le génie entraîne forcément l’hallucination, voire l’hystérie collective, mais il faut aussi revenir à la réalité : Tout autre torero que Jose Tomas  faisant le même toreo, aurait été sifflé, car, en regardant bien, on ne compte pas les passes enganchadas », les demie passes, pieds joints, courtes et  destempladas, et autres pauses entre les séries... 
     Il faut être Jose Tomas pour faire à ce point rugir la foule des aficionados. On le comprend, et « l’on se fait avoir » aussi . C’est normal, et ça fait du bien. Mais il faut revenir aussi à la réalité : Hier, à Séville, celui « qui toréa le moins » (C’est à dire :prendre les toro loin devant, guider sa charge en la templant, jusqu’à la conduire loin derrière ; « vaciar » et se retrouver  prêt pour enchaîner le muletazo suivant... en un mot conduire le toro)  fut Jose Tomas...  Par contre, il y a là une sorte de génie qui provoque une telle émotion que la foule se lève et trépigne. Tomas, telle une statue, se passe le toro tellement près, sans apparente émotion, que le public sursaute et hurle son admiration autant que sa peur.
     On revit avec Jose Tomas, ce que l’on a vécu avec le Cordobes, avec Paco Ojeda quand ils surgirent... On le revit avec plus de force, « en culpabilisant moins », car le torero est un classique, il n’est pas un baroque, un révolutionnaire.  On le revit « à la dimension » de notre siècle nouveau... plus grand, plus fort, plus génial ! Mais, tel un cycle qui se déroule sans pitié, la roue de la fortune tourne et  Jose Tomas, un jour, se fera siffler, pour exactement la même faena que celle d’hier, à Séville. C’est ainsi !
     Cela dit, on ne va pas bouder notre plaisir... Jose Tomas est un phénomène qu’il faut aller voir et qui va faire couler des litres d’encre : On va ressortir les photos jaunies de Manolete ; on va comparer et polémiquer : Si ! Non ! ... jusqu’au jour où apparaîtra un nouveau génie qui « se les passera » encore plus près, en des faenas plus liées, plus profondes, plus artistes... Mais si, c’est possible ! L’Histoire le démontre. Entre Tomas et Juli, la tauromachie est aujourd’hui « tout en haut ». Qui s’en plaindra ?

     Séville – 30 Avril :11ème de Feria – No hay billetes – Temps épouvantable : La corrida s’est donnée dans des conditions climatiques désastreuses : Orage de grêle avant le paseo. Celui-ci se déroula à l’heure dite, mais à peine arrivés au burladero, les toreros virent s’ouvrir les vannes célestes et prirent, avec les spectateurs « emplastifiées de bleu », la douche du siècle... « Caras largas » et palabres se succédèrent, tandis que le ruedo « suintait » et que la moindre zapatilla qui s’y risquait s’en allait en boueuse glissade... Allait on suspendre la corrida « de mas expectacion » du cycle ? La plaza était pleine. On était venu de loin pour assister à l’événement.. Au palco real, l’Infante était là...
Après un demie heure d’incertitude, sans « refaire » le ruedo, on décida de donner la course. Certains protestèrent. Ils ont eu tort, car la corrida alla jusqu’à son terme, malgré « la pluie, suivie d’averses », le vent et le froid.
     Corrida de Juan Pedro Domecq, inégalement présentée mais bien armée, en général faible, noblona, sans la race démontrée l’an passé, dans ce même ruedo. Le premier fut extraordinaire de douceur, le second chargeait droit, mais tête haute. Toro très intéressant, le cinquième : fort à la pique et allant à mas au troisième tiers. Troisième et surtout sixième furent incommodes, à divers degré.
     Nul ne contestera l’oreille coupée par Ortega Cano au premier de la tarde : Toro noblissime parce que faiblissime. Cela dit, Cano toréa, tant de capote que de muleta, avec un señorio, un empaque, une toreria qui firent penser à un certain « maître des lieux », capable de renverser la Giralda sur une demie véronique ou un desplante. On n’en est pas encore là, et Ortega Cano ne sera jamais Curro, mais... il y a là un créneau. Cérémonieux, théatral, mais pas trop, Ortega Cano a donné un derechazo extraordinaire, qui a duré un siècle, puis d’autres passes de gusto, de grande esthétique, précédant une estocade tout à fait honorable. Oreille, incontestable dans un tel contexte, et longue vuelta d’apothéose. Sur ce coup là, Ortega Cano « a été grand, a été beau » (On peut le dire). Après, cela s’est un peu gâté. Jose Tomas blessé, Cano dut prendre deux toros qui ne se laissèrent pas faire, en particulier le sixième, mal embouché et mal lidié. Le torero  fit illusion jusqu’à la moitié de sa seconde faena, mais rendit presque le triomphe premier en fracassant avec le dernier. Silence et silence qui ne feront pas oublier les grands moments du cartagenero avec cape et muleta. Rocio doit être aux anges et la presse « del corazon » a de quoi écrire.
     Jose Tomas se fit prendre le capote à plusieurs reprise par le deuxième de la tarde. Cependant, la foule était avec lui, applaudissant chaque pas, excusant chaque « faux pas ». Faena entamée par cinq statuaires « de miedo », le toro passant chaque fois plus près du torero qui ne bougeait pas d’un cil. Passe du mépris, un poil bousculée et un monumental pecho. Vaya ! Aussitôt, main gauche pour une série enganchada, mais dont la dernière passe est liée, encore un fois, à une grande passe de poitrine qui fait la joie des photographes. Le toro garde tête haute, mais le torero n’en a cure. Les séries vont se succéder au fil des allées et venues du bicho, liées, incroyablement serrées, mais souvent accrochées et composées en majeur partie, de demie passes, pieds joints, la muleta en arrière, courtes et parfois destempladas. Mais, l’impact est tel que le public bondit d’émotion, tandis que d’autres sourient en faisant la moue. Le toro, a su aire ! Le torero « dans son monde »... Du coup, sans se préoccuper de l’air distrait du bicho, au moment de l’épée, Tomas partit pour  l’estocade, et se fit méchamment prendre, le corps tournant haut sur le piton, faisant craindre la grosse cornada. Sans se défaire de son calme, visage hermétique, le matador se releva et partit pour une demie lame d’effet immédiat. Oreille forte, saluée depuis le tercio et José Tomas, sous une énorme ovation et aux cris de « Torero ! Torero ! », s’en alla vers l’infirmerie, sans permettre qu’on le touche, qu’on le porte. En haut de sa cuisse gauche, un trou dans la taleguilla et une tache de sang. Lleva cornada... De fait, le bulletin rassurera tout le monde. La corne est entrée, face interne de la cuisse gauche, et ressortie quelques centimètres plus loin, déchirant la peau et quelques muscles, mais sans rien de grave, fort heureusement. Pronostic « léger ». Es un decir !
     Morante de la Puebla « no estuvo a gusto ». Gêné par la pluie, touchant la carne du jour, le troisième, le sévillan parut forcé, engoncé dans son étiquette d’artiste, au moment où il fallait un guerrier. Rien à faire avec son premier, bien différent des précédents, et un petit désastre au descabello. Avis et silence. Le cinquième « remonta », au troisième tiers. Morante qui avait toréé beau, mais lointain avec le capote, découvrit la race du bicho, à la deuxième série. Il y eut alors un moment de vrai toréo, classique, esthétique, le torero se libérant parfois en quelque long et profond muletazo. Faena intermittente avec d’excellents moments, ponctués de remates « muy sevillanos ». Olé !  L’oreille était là, la vuelta serait chaude... Mais hélas, l’épée ne voulut pas entrer et cinq pinchazos ont tout réduit en cauchemar. Deux avis et une ovation percée de quelque protestation.
     Ce premier mai, la corrida sera télévisée – 19 h - sur la première chaîne espagnole. Il y a eu des problèmes au reconocimiento. Manolo Gonzalez avait amené neuf tors, mais les vétérinaires ont fait la moue. Du coup, « todos pa casa ! » et la corrida sera de Antonio Gavira. Jesulin de Ubrique va faire un malheur – Rivera Ordoñez doit se la jouer, pour maintenir son standing – Morante ne peut laisser passer cette corrida. Son avenir, peut être, en dépend.