Définir
en quelques lignes l’homme et son toreo est une gageure où l'on ne
peut se risquer. José Tomas passionne justement parce que l'on a du mal
à définir sa personnalité, dans et hors du ruedo.
Seules des impressions, des flashes, des impacts vous
font sursauter, ébahis d'admiration et émus devant la beauté d'un
toreo « hors limites », et pourtant totalement classique:
Faire les choses calmement, prendre la charge du toro, la conduire,
l'amener derrière la hanche et pivoter sur les talons pour enchaîner
la prochaine passe.
La véronique
et la naturelle sont les passes fondamentales de Jose Tomas. S'appuyant
sur un courage froid qui fait hurler l'aficionado qui sait, et le public
néophyte qui a tout à apprendre, l'homme a une capacité d'aguante
hors du commun et sculpte sur place toute la grandeur du toreo de
toujours.
La
cape est douce, maniée mains basses, lente et majestueuse. La gaonera
du quite sera millimétrée et fera hurler de peur, rugir de plaisir. La
chicuelina pointera également courage et vista.
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A la
muleta, technique, inspiration et détermination créent l'émotion. Le
torero aime la verticalité et la proximité aux cornes, attendant la
charge, impavide. On retrouve ce don, en particulier dans le toreo
fondamental "main gauche". Qu'elles soient données pieds
joints ou en chargeant la suerte, les naturelles de Jose Tomas
traduisent à la fois puissance et douceur. Les passes de pecho sont de
vraies délivrances, pour le trorero ... et pour le public. Les
desplantes sont discrets, mais authentiques, et la faena se terminera
souvent par la manoletina, que le diestro de Galapagar remet au goût du
jour, immobile, au fil des pointes.
Sans
être un grand tueur, Jose Tomas traduit, épée en main, le courage
tranquille qui est le sien, et qui surprend toujours après de terribles
voltiges que les toros ne manquent pas de lui infliger.
D'une
personnalité discrète, voire timide, José Tomas est également
« un sacré caractère". La France ne l'a pas encore
totalement découvert, en particulier le Sud-est, où "cela ne
passe pas", pour le moment. C'est avant tout, à Madrid qu'il faut
courir le voir.Sla San Isidro 1998 avait déjà soulevé l'exigente et
capricieuse aficion de Las Ventas. Mais, on se souviendra longtemps du
toro del Sierro, sixième du 18 mai 99, de cette faena d'épouvante donnée
à cet ouragan cornu qui le désarma à plusieurs reprises, visant à
chaque passage le visage et le cou de l'homme de lumières. Une semaine
plus tard, deux faenas parfaites, gâchées avec l'épée, l'amenaient
au bord de l'Historique. Puis vint l'apothéose de la Corrida de
Bienfaisance. La messe était dite: José Tomas, Figura del Toreo.
Arriver
au sommet est une chose. Se maintenir en est une autre. Jose Tomas devra
le vérifier en l'An 2000, et ne pas se tromper. Il est un torero qui a
encore d'énormes choses à révéler et sa progression est certaine.
Cependant, sa stratégie de refuser la télévision, risque de lui
fermer quelques portes des grandes ferias et de quelques coeurs
aficionados.
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Absent
de Valencia, de Séville, où il n'est pas totalement "entré",
il ne doit pas manquer "sa" Madrid, où, on le sait toutes les
corridas sont télévisées en direct. Par ailleurs, son amitié avec
Joselito ne risque t'elle pas, au fil des sorteos, de s'émousser? Ils
vont beaucoup toréer ensemble, et on sait que Joselito ne s'amuse pas.
Par ailleurs, le public en voudra pour son argent, et les deux compères
devront veiller à ne pas "avoir un coup de blues", le même
jour.
Pour José Tomas, la temporada 2000 devra
transformer une conviction en certitude: nous sommes en présence de la
figure torera du XXI siècle.
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