Enrique
Ponce: un "Torerazo", dont on ne sait ce qu'il faut le plus
admirer : sa facilité, sa régularité", son intelligence, sa
technique, son courage...
Le
valenciano est au sommet depuis 1992, toréant près de 100 corridas par
an, voyageant régulièrement aux Amériques, triomphant dans toutes les
plazas, arrivant encore a surprendre ceux qui croyaient "en avoir
fait le tour".
On
peut dire qu'il est né torero. Toréant sa première vachette à huit
ans, il tua son premier becerro A neuf. Puis les choses s'enclenchèrent
comme dans un puzzle automatique. Très vite, on est surpris par sa
facilité, et Ponce fit une carrière de novillero exemplaire. Les
choses paraissent faciles. A la limite, il ne surprend pas et le public
admire, mais en même temps, retient son enthousiasme. Son alternative
ne soulève pas l'Aficion.
C'est
le 28 Juillet 90, à Valencia, au cours d'une corrida difficile de
Galache et EI Toril, qu'il doit lidier seul parce que les copains "étaient
tombés du cartel", que 1'aficion et la Presse découvrent sa réelle
personnalité torera: Un valiente, un lidiador, un futur N°1. A partir
de ce jour-là, on ne le regarde plus de la même façon. 1991 le verra
se consolider, avec un gros triomphe à Bilbao devant des Torrestrella
"de Bilbao"... et c'est en 92 que Ponce prend le pouvoir. Il
ne le lâchera plus. Malgré les années, malgré la pression, malgré
les nouveaux venus et leurs ambitions, Enrique Ponce reste, aujourd'hui
encore, le N°1 de l'escalafon. |
 |
Pourtant,
le diestro a fortement divisé l'Aficion et la presse spécialisée: On
lui discutait souvent "cette facilité à couper les oreilles, avec
un toreo 1éger, qui imposait peu au toro, qui ne le dérangeait, ne
l'obligeait pas". On lui reprochait cette élégance qui frisait le
superficiel. On sanctionnait sa main gauche. On le voyait triompher,
cela ne surprenait personne. Il était bon... on le savait, mais !!!
De
fait, les années suivantes vont démontrer l'erreur de tous et la
formidable capacité d'Enrique Ponce à s'adapter à tous les styles de
toros, qu'ils soient dits "faciles", ou beaucoup plus ardus.
C'est alors que l'aficionado reste confondu devant le savoir et le
formidable courage du Valenciano. Ceux qui ont vécu en direct les
faenas de Madrid, en 94, devant le Sepulveda, en 96, devant le terrible
"Lironcito" de Valdefresno, ne peuvent que saluer chapeau bas,
pris d'une immense émotion d'admiration et de soudaine affection. Que
Torerazo! Aussi, on n'est pas étonné devant ses succès, même face
aux Victorino, le maestro réussissant à leur imposer le lié et la
"puissante douceur" de sa muleta.
27
Mai 1996. Madrid Las Ventas. Tous les détracteurs, et même ses plus
fervents admirateurs, restent muets devant l'exploit de Ponce face à
"Lironcito", toraco terriblement armé, extrêmement dangereux
à droite. De plus, le vent, comme souvent, balaie le ruedo. Cette faena
illustre le formidable potentiel lidiador et le courage sans faille du
Valenciano qui, débutant sur la droite, se fait vilainement prendre à
la deuxième série. Peu à peu, malgré les charges douteuses, malgré
le vent, Ponce, dans un climat angoissant, va toréer à gauche, dompter
le fauve, rectifier ses défauts, au point de lui imposer sur la fin deux séries de droitières
et des adornos que personne n'aurait pu espérer. Un triomphe d'époque,
télévisé en direct, que seul gâcha un descabello un peu long.
Depuis
cette épopée, les dernières critiques systématiques se sont tues et
Ponce jouit du statut de N°1, se permettant des gestes comme les
Victorinos de Séville en 99, devant lesquels il se montre très digne.
Il répètera le défi face aux mêmes toros à la feria de Bilbao, et
triomphera magnifiquement, avec la télévision, encore une fois, pour témoin.
1999 sera aussi l'année où il ouvrira enfin la Porte du Prince de
cette Séville, qui le voyait si malheureux, depuis tant d'années. Et
puis, la France: il y a mis le temps, mais Ponce est désormais le
torero favori de Bayonne, de Dax, où il réalisa, l'an dernier, un
double exploit (Deux oreilles et la queue du Samuel Flores, le 16 août,
et la course en "unico espada" de septembre, où il se montra
complet, se permettant même le luxe de prendre les banderilles). |
 |
Torero
complet, alliant 1'élégance et l'efficacité, Enrique Ponce est
devenu, a partir de 1995, un excellent tueur, qui, en général, clôture
magnifiquement des lidias complètes, aidé par une cuadrilla très
brillante.
Figure
tranquille, personnage discret et sobre, hors des ruedos, Enrique Ponce
aura peut-être un peu manqué de cet "exhibitionnisme" si
familier aux grandes vedettes, dans un pays où la presse, en
particulier celle du coeur, exploite à fond le moindre évènement
jonchant leur parcours. Le torero, lui, se produit plus au campo et avec
ses amis chevaux, que dans les salons sous les feux des sunlights, et
c'est très bien ainsi.
L'an
2000 sera, pour le torero de Chiva, une saison où beaucoup voudront lui
ôter le sceptre. Ils ont déjà essayé, vainement, l'an passé. Les
positions et exigences des uns pourront l'aider à maintenir son rang,
notamment en ce qui concerne la Télévision, que Ponce n'a jamais fuie.
Juste récompense à cette magnifique conscience professionnelle, au
talent et au courage, les caméras ont souvent répercuté ses exploits,
auprès des aficionados du monde entier.
Enrique
Ponce: Définition en un mot: Un "Torerazo".
|