Phénomène:
Une des définitions qu'en donne le dictionnaire est : "Être ou
objet qui offre quelque chose d'anormal, de surprenant".
Peut-on
parler de phénomène, en ce qui concerne Julian Lopez "EL JULl"
? Probablement. L'histoire de la Tauromachie est constellée de noms
"d'enfants toreros", de « ninos sabios », de
« Mozarts du toreo », dont certains ont marqué la 1égende,
et d'autres sont passés tels météores. Certains ont débuté tout
jeunes, et ont triomphé plus tard ( les Dominguin, les Bienvenida, par
exemple). D'autres ont brillé de mille feux à 14, 15 ans, et… se
sont brûlés. Près de nous, qui se souvient de Juan Pedro Galan, de
Rafaelillo ? Certes, Emilio Munoz est une figure d'aujourd'hui, qui a
subjugué l'Aficion en 73/74... cependant, on connaît ses hauts et ses
bas. |
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Avec
ses énormes qualités et les quelques défauts qu'on veut lui trouver,
« El Juli » est un phénomène, parce que, dès ses premières
années, il marque son époque, il impose le respect à tous et remplit
les plazas.
Torero classique,
le jeune diestro imprime à son toreo une telle volonté de « faire
les choses bien", plus près et plus fort que ses compagnons, qu'il
surprend le plus sceptique, et subjugue le néophyte. Torero de caste et
de courage, hyper doué et intelligent, ce garçon d'allure timide et
presque anodine, hors du toro, se transfigure à la proximité du bicho
et crée I'émotion, par le courage, la variété et la vérité. Si
l'on ajoute à cela un réel don de "matador", on a devant
soit un torero qui intéresse forcément, bouge les masses et, à 17
ans, « pèse » sur le mundillo, comme l'on fait d’autres
vedettes des temps passés, mais bien plus tard, dans leur carrière. On
peut, peut-être, comparer son impact avec celui créé par Manuel
Benitez « ElCordobes", dans les années 60. Mais
l’historique chevelu avait débuté à 26 ans passés, et le toro
d'alors n’était pas celui d'aujourd'hui. .
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« El Juli »
divise les opinions, et c'est très bien ainsi. Capéador varié (il a
inventé, ou réinventé, plusieurs quites), il met un point d'honneur
à "se les passer très près". Il banderille avec force et
vista. Ses estocades sont souvent dignes d'admiration, et le garçon
supporte avec un courage sans faille de terribles rac1ées, repartant au
charbon sans faire de théâtre.
C'est à la
muleta que la critique trouve quelque argument,
permettant
à certains ayatollas de le dénigrer. De fait,
son toreo est classique, sans 1'originalité et le
spectaculaire exprimés dans les autres tercios. On lui
reproche une certaine rapidité, un certain manque de
« temple ». Cependant, on y trouvera la
même envie, le même courage et certaines trouvailles
qui "hérissent" et que l'on voit peu, par
ailleurs. Deux références, parmi tant d'autres: le
début de faena au toro qui l'a blessé, au cours de la
feria de Séville, et les manoletinas, les deux genoux
en terre, authentiques, à Bayonne, le 15 août dernier. |
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Les débuts du
Juli ont été tonitruants. Le novillero a emballé la planète, de
Mexico à Madrid. Le matador a connu, on 1999, une première saison
"marathon", toréant et coupant plus de trophées que
quiconque, malgré de terribles et dangereuses voltiges (on se souvient,
entre autres, de la cogida de Castellon, de celle d'Aranjuez), malgré
deux blessures (Séville, en avril; Calahorra, en septembre), malgré un
public et une critique qui, partout, 1'attendaient "avec le fusil
chargé". Il convient, par ailleurs, de souligner des succès qui
ne doivent rien aux montages, ni au hasard, ni à la presse
"people": le triomphe de Séville est réel, comme le sont
ceux de Barcelone, du Puerto et de la feria de Bilbao. Bien entendu, on
lui reprochera d'avoir évité Madrid et Pamplona. Vu le rythme des
contrats envisagés, ce fut sage décision. C’est donc en 2000 que le
jeune diestro confirmera son alternative, devant le public de Las
Ventas.
La
France est également terre à conquérir cette année, car, tant dans
le Sud-Est que dans le Sud-Ouest, le juli n’a pu, en 1999, donner
toute sa mesure. Déception, en particulier, du côté de Nîmes, pour
la Pentecôte, en partie à cause du vent. En Aquitaine, seule Bayonne a pu vibrer aux exploits du
madrilène, au cours de la grande corrida du 15 Août. |
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Sa temporada 2000
a débuté avec des accents de scandale: rupture avec son apoderado
1999, Victoriano Valencia; difficultés avec le public de la Monumental
de Mexico; augmentation sensible do son cachet, ce qui implique son
absence des cartels des Fallas de Valencia. Tout cela sentait la
poudre...
Et
puis, la caste, le geste, le petit "plus" qui fait qu'un
torero est, ou sera, figura: « El
Juli » demande les Victorino pour la Magdalena de Castellon.
Tout un défi, quand on sait ce que fut la corrida 99 dans cette plaza.
Puis, la responsabilité des deux affiches de la Feria de Séville. Le
jeune aurait pu s'entourer des plus taquilleros de la Maestranza. De
fait, il portera tout le poids des deux cartels. |
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« EI Juli »
a décidé, pour 2000, de jouer la qualité et non la quantité.
Plusieurs "gros rendez-vous" 1'attendent. A n’en pas douter,
l'Aficion et la presse le regarderont "à la loupe".
A 17
ans, le torero joue déjà son avenir: Figura historique ou ... seulement
un phénomène ?
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