SEVILLA -Feria d'Avril 1970
La feria 1970 compta 10 corridas, (du 10 au 19 avril), précédées
de deux courses présentant chacune un évènement spécial, une
alternative.
Toutes
les figuras, sauf Paco Camino et "El Viti", sont au cartel de la feria, les centres d'intérêt étant:
la parution du Cordobes, après son retour triomphal à Valencia; la présence
de Sebastian Palomo Linares face aux Miuras; la présentation de Damaso
Gonzalez et Miguel Marquez. On attend aussi ce que fer Jose Luis parada,
révélation du début de saison. Curro Romero, avec la corrida de Pâques,
est inscrit à trois affiches.
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La temporada Sévillane, va débuter, le 29 mars, dimanche de Pâques,
par une corrida-évènement. Mené par Manolo Vazquez, et successeur de
la dynastie des toreros-artistes sévillans, Rafaël Torres va recevoir
l'alternative, des mains du pharaon de Camas, Curro Romero, avec pour témoin
"Riverita", frère de Paquirri".
Rafaelito Torres sera brillant, très artiste, très fleuri, en un mot:
très sévillan. (Toro d'alternative: "Entretenido" - N°10 -
552 kgs - de Carlos Urquijo). Hélas, il sera déficient à l'épée, et
ne pourra donner qu'une vuelta, au sixième.
Curro Romero entendra deux broncas, mais la surprise viendra de Jose
Rivera, dont le toreo classique et "artistiquement vaillant"
va séduire la Maestranza qui lui fera couper une oreille du troisième
de don Carlos Urquijo, dont le lot, bien présenté (moyenne : 500 kgs),
se révéla fort toréable, le dernier surtout, avec une grosse
exception, le deuxième.
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Autre
alternative, le 5 Avril, face à des toros de Lisardo Sanchez, très
irréguliers dans leur présentation et leur comportement.
Manuel Rodriguez, une promesse de l'école sévillane, reçoit l'épée
des mains de José Fuentes, en présence de Ruiz Miguel. Le toro "Caraseria"
- N°10 - 497 kgs, permettra au nouveau matador, de couper une oreille,
pour une faena artiste et dominatrice. José Fuentes, sobre et élégant,
estoquera magnifiquement le quatrième, coupant une oreille, tandis que
Francisco Ruiz Miguel, vaillant, lidiador et bon tueur, obtiendra, de même,
l'oreille du troisième. |
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La Feria proprement dite débute le 10 avril, devant une demi-plaza.
Sortit un lot de Torrestrella, très bien présenté (548 kgs de
moyenne) et armé, qui se révéla très dur, violent, souvent manso.
Une corrida pour valientes.
Oreille pour Emilio Oliva, à base de courage et de technique. Malgré
les terribles cornadas, le torero de Chiclana fit toujours honneur au
costume de lumières. Face à un lot impossible, Adolfo Avila "Paquiro",
toréa avec un aguante peu commun, donnant une vuelta à chaque toro. A
noter l'estocade au cinquième, une des meilleures de la Feria. Antonio
Barea se montra un peu court face à deux carnes, se faisant prendre par
le dernier, qui lui donna une cornada dans le mollet gauche, sans que le
public ne s'en rendit compte. |
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Trois
quarts d'entrée, le samedi 11 avril, pour la double présentation
de Miguel Marquez et de Damaso Gonzalez, avec Angel Teruel pour chef de
file. Les toros de Manuel Camacho sortent lourds et essoufflés (518 kgs
de moyenne), provoquant une tarde soporifique.
Le
torero madrilène ne put réveiller les gradins, se montrant insipide et
précautionneux. L'oreille du jour pour Miguel Marquez qui mit face au
cinquième, l'émotion et la caste que le toro n'avait pas. Terrible
cogida en estoquant, et le respect de tous. De son côté, Damaso écouta
le silence après deux essais de faena où il essaya lourdement de
sortir "agua de un pozo seco". |
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Avec les vedettes arrive le scandale. Dimanche 12 avril - Nuages et
plein absolu: Le Cordobes est au cartel. Avec lui Curro Romero, et le
jeune Manuel Rodriguez. Les toros sont de la famille Nunez, et la présentation
en fut désastreuse (488 kgs de moyenne). La corrida frôlera le
scandale et Manuel Benitez se verra infliger une amende de 5000 pesetas
(!!!!), pour s'être joint, par le geste, à la demande du public,
exigeant le changement du cinquième.
Corrida-passion où les vedettes seront chahutées. Comme de coutume en
ces circonstances, c'est vers le jeune que se portera toute la sympathie
du public et Manuel Rodriguez triomphera, hélas sans couper d'oreille,
à cause de l'épée. Deux vueltas. |
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13 avril - dernière parution du pharaon de Camas. Il est accompagné
de Paquirri qui entre dans la feria, et Damaso Gonzalez qui doit
convaincre Séville. Les toros sont de Fermin Bohorquez. Bien présentés
(515 kgs de moyenne), ils seront tous mansos au cheval, mais certains
changeront à la muleta, les meilleurs étant 3, 4 et 6. Les autres:
violents et courts.
Curro ne put rien faire au premier. Faena inespérée au quatrième, qui
fait rugir d'aise l'aficion sévillane. Hélas, l'épée s'accompagnera
de courses éperdues, et l'oreille s'envolera. Cependant, Curro "rematera"
sa feria et son succès par un fabuleux quite au sixième. Séville est
contente.
Paquirri-acier,. Paquirri-béton ! Tout en muscles et courage, le torero
de Barbate va donner la seule vuelta de la journée, après une
actuacion technique et valeureuse face au deuxième. Damaso a subi un
gros échec, noyant les charges du noble troisième. Le public le lui
fit durement sentir par une terrible indifférence. |
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Le lendemain, mardi 14 Avril, la corrida est de Manuel Arranz. Bien
présentés (489 kgs), mais faibles, les toros, à part le second,
furent nobles. Enorme ovation pour l'irréprochable présentation du
sixième "Mantalhombro", et public debout pour les trois
puyazos pris avec bravoure.
Triomphe aisé pour Pepe Limeno, torero habitué aux dures entreprises,
spécialiste des Miura.
Vuelta et une oreille. Torero reposé, épée facile: impeccable.
Angel Teruel dut faire un effort, car la feria lui échappait. Il tue
bien le cinquième et donne une vuelta.
On attendait Jose Luis Parada. Il triompha et sortit sur les épaules,
coupant un trophée au troisième et manquant le gros triomphe face au
fameux sixième, à cause de l'épée. Torero à la fois fort et fragile
(il perdit connaissance sur un coup donné par son premier), il enchanta
la Maestranza. Enorme avec la cape, il toréa juste et créa un
formidable intérêt. |
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Jose Luis Parada est encore au cartel, le lendemain 15 avril. On en
parle presque plus que du Cordobes, et de Diego Puerta, valeur sûre de
Séville, qui l'accompagnent. La plaza est pleine, la corrida est télévisée,
et il fait beau. On se la promet belle ... et on sera déçu. Les toros
d'Urquijo, sont bien présentés (533 kgs de moyenne), mais ne donneront
aucun jeu. La course dure une heure et demi.
Diego Puerta se fit secouer par le premier, donna un bon quite au troisième,
et attendit un jour meilleur. Manuel Benitez connut un échec, encore
accentué par l'intérêt majeur porté à Parada. Nouveau triomphe,
sans oreille, du torero de Sanlucar, qui va toréer "énorme",
et tuer "fatal". Il sera porté a hombros, en fin de corrida.
Curieux: Jose Luis Parada connaîtra deux fins de corrida, porté en
triomphe, alors qu'il n'aura coupé qu'une oreille en deux courses. Une
nouvelle figure est "placée sur orbite". |
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Corrida de Guardiola Fantoni, pour la 7ème de Feria, le 16 Avril. Télévision
en direct pour Paquirri, Miguel Marquez et Rafaelito Torres. Les toros
sont très bien présentés et affûtés (500 kgs de moyenne). Hélas,
ils arrivèrent sans grande charge à la muleta.
Paquirri fut énorme, coupant une oreille au premier et en manquant une
autre du quatrième pour deux grands pinchazos. Toute sa prestation fut
courage, technique et vista. Largas à genoux à la cape; un quiebro
immense, aguantant le toro sur trois mètres, aux banderilles, après un
long cite angoissant; une muleta solide. Torero
largo, torero complet ... Torero, tout simplement. C'est le début
de l'histoire d'amour qui liera Séville à Paquirri.
Miguel Marquez a déçu. On le vit laborieux et tuant mal. Il n'est pas
torero pour Séville. La corrida est venue "trop dure" pour
Rafael Torres. Un peu tendre pour sa deuxième parution, il se battit
vaillamment, se faisant salement accrocher dans un quite au cinquième
(la corne rompit net les machos de la taleguilla). Une cogida pour faire
réfléchir. Mais le torero revint bien face au sixième, étant
applaudi par Séville qui l'attendra. |
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On entame la dernière ligne droite, le 17 Avril, avec la corrida de
Benitez Cubero. Malgré ses 520 kgs de moyenne, la corrida est
modestement présentée et "pauvre de tête" Les cornes seront
envoyées à Madrid pour présomption de manipulation frauduleuse. Le
comportement est décevant sauf en ce qui concerne premier et troisième
toros.
Victoriano Valencia laissa l'image d'un maestro vétéran, classique,
mesuré dans ses gestes, excellent au capote, avec de très bons
passages face au premier. Mais il tua mal. Diego Puerta qui avait manqué
son entrée dans la feria, a été "Diego valor" toute la
tarde, se battant contre un lot dangereux, malgré son peu de gabarit.
Il coupa l'oreille du cinquième et on lui applaudit un grand quite par
chicuelinas au troisième.
Sebastian Palomo Linares débutait dans la feria. Torero polémique, ce
gavroche des ruedos avait un gros challenge: Les Miura, le dernier jour.
Le linarense mit la pression, sincèrement, avec une lidia complète,
face à "Morcillero", troisième de la tarde. Début de faena
par sept passes en "toréant" à genoux. La faena sera sérieuse,
sobre, sans concession au mauvais goût, avec la ceinture et le poignet,
enchantant le public. Grosse estocade un peu bousculée et deux
oreilles. Il fut propre avec le sixième et sortit a hombros. |
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Samedi 18 Avril. On se prépare à éteindre les lampions, et la Porte
du Prince ne s'est pas ouverte de toute la feria. Corrida sérieuse
de Guardiola, imposant le respect. (518 kgs de moyenne). Fermin
Bohorquez, à cheval, coupa une oreille, en début de corrida.
Très bonne actuacion de Jose Fuentes, excellent à la cape et coupant
une grosse oreille au cinquième. Début de faena assis à l'estribo.
Toreo sur les deux mains, lent et suave; grande estocade... tout parait
si simple.
Beca Belmonte fut sifflé à ses deux toros. Ruiz Miguel ne put rien
devant l'immobile troisième. Il failli couper l'oreille du sixième,
pour une faena de garra, et donna la vuelta. |
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Dimanche 19 avril 1970: Historique! La porte du Prince s'ouvre pour
saluer la sortie en apothéose des trois Toreros et du mayoral de Miura.
8 oreilles à une corrida de "Don Eduardo". Un régal pour
l'aficionado. Par une après-midi radieuse, le lot est sorti "très
Miura", très bien présenté et armé (534 kgs de moyenne). La
corrida sort noble, mais changeant souvent de comportement, dans la
ligne de cette ganaderia. Le sixième fut dangereux.
Après ses grands triomphes, face a ces mêmes toros en 1968 et 69,
Limeno fut le maestro, lidiador classique, technique, intelligent, qui
se confirmera grand spécialiste de ce fer, coupant quatre oreilles,
ravissant les aficionados.
Sebastian Palomo Linares jouait gros. Sérieux face à son premier dont
il coupa l'oreille, Palomo se battit avec le cinquième, appliqué et
courageux, le public lui reprochant gentiment un geste de colère. Faena
de bagarre, le torero finissant par s'imposer, et clôturant d'une
immense estocade, à pile ou face. Moment fabuleux et nouvelle oreille.
Le pari était gagné.
Le troisième était le cordouan "El Hencho". Il fut héroïque
et coupa lui aussi une oreille de chacun de ses toros. A souligner le
calme du torero quand le troisième, cité à gauche, fait fi de la
muleta et passe à sa droite!!! Le sixième est dangereux. Trois
derechazos cités à 25 mètres, dure cogida dans une naturelle. El
hencho, héroïque, pour être à la hauteur des collègues. Il y
parvint, clôturant ainsi une course royale, qui restera le grand
souvenir de la "Feria de Abril del 70, en Sevilla". |
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BILAN DE LA FERIA D'AVRIL - SEVILLA 1970
10
corridas - 17 oreilles concédées et 12 vueltas, en 60 toros.
Triomphateur
absolu : Pepe LIMENO
Meilleure faena : Jose Luis PARADA
Meilleure Estocade : Sebastian Palomo LINARES
Meilleur
lot de Toros: Eduardo MIURA
Toro de la Feria: "CUMBRERO" 4ème de don Eduardo MIURA
Meilleur
banderillero : "NAVARRITO"
Meilleur péon de brega : "ALMENSILLA"
Meilleur picador : Francisco REYES
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