FERIA DE PAMPLONA 1970 |
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PAMPLONA - SAN FERMIN 1970
A l’habitude, Pamplona donne huit corridas, du 7 au 14 Juillet, précédées
d’une novillada. Dans les rues, la fête et la grande ambiance. On ne
parle pas de politique, alors. |
6 Juillet : La feria débute par une novillada « apéritif ». A cette époque, les penas ne viennent pas, et la plaza se remplit… comme pour une novillada. Face à des novillos du Conde de la Maza, le sérieux Marcelino Librero, qui avait eu son heure de gloire à Madrid, et dont l’apoderado était…un curé, « ne passa pas la rampe. On fit meilleur accueil à Raul Aranda, l’aragonais qui pointait de bonnes manières. Mais c’est un petit brun du Puerto Santa Maria qui confirma tout le bien que l’on pensait de lui. Grosse faena et deux oreilles pour Jose Luis Galloso, en pleine ascension. |
7 Juillet : San fermin ! La feria débute par un corridon de Pablo Romero. Grosse présentation , mais faibles. Seul le sixième porta haut le fanion de la ganaderia. Manolo Cortes débute au centre sa faena au troisième. Faena sérieuse qui prendra un tour émouvant suite à la cogida reçue en toréant à la naturelle. Blessé, boitant sans faire de théâtre, Cortes rassemblera ses dernières forces pour estoquer son toro, et coupera deux oreilles, direction la table d’opération, pour deux cornadas à la cuisse droite, peu graves. Tout ceci n’arrangeait pas Miguelin, qui semblait décider à ne pas se casser la tête avec ses deux toros. Alors, avec trois… Sifflets, sifflets, bronca, et à la douche. Froid, mais torero très aimé ici, Jose Fuentes se montra classique et bon tueur du cinquième dont il coupa l’oreille |
8 Juillet : Apothéose de Paquirri. : 4 oreilles. Le toros de Juan Pedro Domecq donnèrent grand jeu, et le deuxième, qui prit quatre vraies piques fut honoré d’une vuelta posthume. Le cinquième tua un cheval. Parada avait toréé très fin le troisième, mais avait été catastrophique à l’épée, perdant tout trophées. Le sixième l’accrocha salement dans une véronique. Le sanluqueno fut emporté inanimé vers l’infirmerie. De ce fait, Jose Fuentes dut estoquer trois toros. Il le fit avec métier, sans pouvoir briller, devant la mansedumbre des premier, qui sauta deux fois au callejon , et du sixième, sans une passe. On ne le chahuta pas trop. Paquirri se trouva face à aussi encasté que lui et, dans l’ambiance Sanferminera, démontra les grands progrès annoncés à Séville et Madrid. Outre les facultés physiques, il y eut calme, sérénité et « choses bien faites », en particulier avec l’épée. Quatre oreilles. Paquirri était devenu autre chose qu’un « torero animateur ». |
9 Juillet : Les Martinez Elizondo, pleins de mauvaises intentions. Grands, lourds, ils furent mansos en 13 piques, et passèrent leur temps à regarder les toreros, par dessus les muletas. Seul le sixième permit de se relâcher un peu. Paco Camino, voyant le tableau, appliqua la stratégie adéquate. On essaie un peu, mais juste un peu, on met en place, et, a matar. Il fut sifflé. Paquirri sécha devant le difficile deuxième, qu’il avait banderillé super, al quiebro au centre, avec les courtes. Par contre, il se bagarra ferme avec le cinquième et coupa deux oreilles, après un gros coup d’épée. Petit de taille, mais pourvu d’un cœur « comme ça », Miguel Marquez avait manqué sa feria de Madrid. Il lui fallait donc se reprendre dans une grande feria. Son premier toro ne lui permit rien, mais il fut courageux face aux terribles armures du sixième, le seul potable. Faena classique qui se termine en discret trémendisme ; bonne épée et deux oreilles pour le torero de Fuengirola. |
10 Juillet : Malin, le « Miguelin » ! La
corrida était télévisée, et la plaza ne se remplit pas. Pour
renforcer un cartel un peu chiche, on avait engagé
un rejoneador, Jose Manuel Lupi qui, à la portugaise, écouta
une ovation face à un toro de Cobaleda. On attendait les toros
d’Urquijo. La corrida fut décevante dans sa présentation et le peu
de jeu qu’elle donna. Corrida pesante et insipide. Andres Vazquez
remplaçait Parada. Il fut classique, sobre , et donna une vuelta
au cinquième. Marismeno se fit sermonner pour s’être fait manger par
le troisième. Par contre, faena artistique au sixième, toute en
pinceladas. Visite de Séville à Pamplona. Il coupa une oreille, mais
ne domina aucunement. |
11 Juillet : Les lions furent les toreros. Plaza archi-pleine pour recevoir les favoris: Puerta et « El Viti », qu’accompagne Paquirri, triomphateur de la feria, à ce jour. La corrida de Lisardo Sanchez va décevoir, car inégale et faible. Diego Puerta, le Diego « Valor » de toujours, va monter sur ses toros, mettre toute la pression , et la passion qu’on lui connaît. Il coupera trois oreilles. El Viti, dubitatif devant son premier, va dessiner une énorme faena au bon cinquième. Douceur et temple soutenant le toro. « Le bras cassé » qui tire le toro, aimanté par la muleta. Le très sérieux Santiago Martin met toute la plaza à l’unisson du ooolléééé ! de Pamplona, tue vite et fort. Deux oreilles avec une grosse pétition du rabo que la présidence refuse, peut-être à cause de la faiblesse du toro. Paquirri veut « rematar », conclure en beauté sa feria. Les toros ne le lui permettront pas. Avec cape, en largas à genoux, en chicuelinas; avec banderilles longues et courtes, de poder a poder ou al quiebro; avec la muleta, alliant puissance et douceur, le diestro de Barbate essaiera tout, mais verra ses efforts se fracasser sur ses deux adversaires, manso l’un, très faible l’autre. Il sera applaudi, tandis que ses deux collègues sortaient à hombros. |
12 juillet : Andres Vazquez, à l’ancienne! Du fait des
blessures de Parada et Manolo Cortes, Andres Vazquez se vit invité deux
fois à Pamplona, où son sérieux, la sobriété de son toreo, ont
surpris et suscité le respect, ce qui ne manque pas de sel au milieu de
cette immense salle des fêtes. Précieux, ce jour où se sont lidiés
cinq Miura et sobrero du Conde de la Maza. Deux Miura s’étaient
battus au desencajonamiento… et l’un avait perdu. Miguelin, base de
la feria avec trois contrats, s’est moqué du monde. Lamentable
spectacle et deux broncas
« de gala ». Limeno, spécialiste des Miura, n’est pas à
Séville, ici. Il eut du mal à connecter avec les gradins, d’autant
que son premier ne valait rien. Sa deuxième faena le situa mieux, face
à un gros manso. Faena de technique et de sérénité, hélas gâchée
avec l’épée. On l’invita à une vuelta très applaudie. |
13 Juillet : Mano a Mano, impromptu et triomphal. Paco Camino s’est fait secouer, deux jours auparavant, à Tolède. Il tombe du cartel et son absence suscite des murmures. La corrida se résume donc à un mano a mano entre Antonio Ordonez et Miguel Marquez. On sait à quel point le rondeno apprécie son jeune collègue dont il a parrainé Alternative et confirmation. La corrida est de Cesar Moreno, ganaderia de Pamplona, qui joue « à domicile », sortant moyenne de présentation et d’armure. Petite bravoure au cheval et noblesse sans classe au deuxième tiers. Cette corrida illustrera toute la majesté, la classe et la grandeur d’Antonio Ordonez. Elle démontrera également son « foutu caractère ». Mal servi par son premier, il verra Miguel Marquez faire des pieds et des mains pour couper les oreilles du deuxième, ce que lui accordera le président, généreusement. Ordonez va se montrer brillant au troisième, manso querencioso aux barrières du soleil. Epée basse mais rapide. Inexplicablement, le président n’accorde qu’une oreille. Il entendra une bronca terrible. Ordonez rend l’oreille à l’alguazil, fait sa vuelta « en faisant la gueule » et rentre, bien décidé à ne plus rien faire, comme on pourra s’en rendre compte face au cinquième où il joua du bajonazo. Bronca monumentale. Miguel Marquez en profitera pour toréer, mi-bien, mi-clinquant. Il coupera la queue du sixième. Trophée totalement hors de propos, mais il fallait faire râler « le vieux ». De fait, ça allait lui durer quelques jours, et Pamplona ne le vit jamais plus « bien ». |
14 juillet : Final en « Bronca majeure »: La corrida du Conde de la Corte était super-présentée, super-armée. Elle n’était pas super-toréable, mais demandait des toreros super-motivés…Et là, pobre de mi, si Diego Puerta se sauva en se jetant à fond dans la bataille, coupant deux oreilles au deuxième, Antonio Ordonez et Viti, par contre, pensèrent que deux faenas d’alino et des épées « comme ça, en passant », au fond, ça avait aussi son charme, et on suait moins. Les deux vedettes entendirent des broncas énormes, celle pour Ordonez, au quatrième tournant au féroce. Le public qui ne lui avait pas pardonné son attitude de la veille, espérait un sursaut d’orgueil de celui qui était un des toreros « historiques » de Pamplona… Mais point de sursaut, point d’orgueil. le divorce était consommé… et la feria, terminée. |
BILAN 1970 : Une San Fermin
qui aura vu la bonne sortie des Juan Pedro Domecq, devant
d’autres corridas marquées de soseria et de faiblesse. Les Conde de
la Corte, en d’autres mains, auraient probablement tout raflé. |