Reseña du 29 juillet 2007

 

TYROSSE : « TIR…ROSSE !!! »
Une oreille, forte, pour Fernando Cruz

     30 Juillet : Il est des jours, comme cela... On met toute son énergie, son espoir, son aficion, à essayer de « faire les choses, bien ! »… On soigne les moindres détails, jusques à des clarines qui sonnent magnifiquement, dignes de Versailles…  mais « le destin » est là qui, en quelques minutes, vous met tout par terre.
     Le destin… et les hommes !
     Hier, Saint Vincent de Tyrosse n’a pas eu de chance… Ce n’est pas la première fois, et il est vrai que cela commence « à peser ». Comme dans un stand de tir où l’on annonce « Mal partie à gauche ! Mal partie à droite ! », ce qui peut sous entendre « Planquez vous ! », Tyrosse a vécu, hier, ce que l’on pourrait baptiser, en un triste calembour, « un tir rosse ». En effet, les toros de Charro de Llen, outre présentation et comportement inégaux mais très intéressants, ont vécu des accidents dont la plaza ni le public n’avaient besoin. Par ailleurs, la « maldonne » du moment nous a valu la prestation « vulgarissime » de deux des trois diestros, pourtant « pleins d'intérêt », au moment où ils ont signé leur contrat. Heureusement restait le troisième qui, en une courte mais intense faena, nous a rabiboché avec ce qui nous reste d’Aficion, après le désastre de la Madeleine récente…

     Une plaza ovale, des cuadrillas mal placées, qui citent le toro « bien perpendiculairement » aux planches… et le toro fuse. Un joli toro, haut, bien fait, très sérieux pour cette plaza. Le plus beau du lot, rapporte la photo. Le toro fuse donc et percute le burladero, dans un affreux crac. Pas besoin de vérifier : Le piton gauche est cassé net « por la cepa ». La pauvre bête ira, secouant sa douleur, avant d’être remplacée…
     Un puyazo, pris avec force, et le quatrième qui sort en un vilain saut de carpe, suivi d’un rapide « ramping ». Lorsqu’il se relève, le pauvre animal s’est à demi paralysé, victime d’une probable lésion vertébrale. Durant dix douloureuses minutes, aggravées par les maladresses du diestro de turno, le public assistera au désolant spectacle, de plus en plus coutumier, du toro « descordinado », magnifique machine de guerre soudain devenue « vieille guimbarde à trois roues ».
     Affligeant ! Ecoeurant ! Douloureusement révoltant !
     Qu’ont ils donc fait de nos toros ? Et… qui l’a fait ? Les ganaderos ? Le public ? Le « Système » ?

     Restent les hommes !
     Héros de Madrid… parce que les toros de Palha « lui ont imposé » ce rythme et ces attitudes, Rafaelillo a réussi, à Tyrosse, à battre le grand record de vulgarité, laissé ici par Antonio Ferrera, il y a peu.
     Por favor !!!! Toréer « despatarrado » est une chose, mais « faire des demi passes » à un toro noble, un pied à Dunkerque et l’autre à Gibraltar n’atteste que d’une chose : Que la couture médiane de la talleguilla est solide. Mais comme le tout est vivement tourné (c’est peu dire !) et que le public est « bonachon », on ira chercher au patio l’oreille qui avait été arrastrée avec la pauvre bête. Que tristeza, Señores ! 
     Quant à Domingo Lopez Chaves… « ni eso ! » : Le salmantino se débat vilainement dans le trou profond où il s’est enfoui, « destoréant » à outrance, faisant croire que le toro est mauvais, et attaquant avec l’épée, comme les mauvais bougres dans les westerns… « de nuit et dans le dos ! » Très mauvais moment d’un torero vaillant qui a déjà peut-être trop donné. On peut s’inquiéter de le savoir convié par deux fois, en plaza de Bayonne. Là, le public ne sera pas celui de Tyrosse, et la bronca risque d’être sévère… Attendons, comme pour l’anticyclone des Açores, un possible miracle. Mais, au train où c’est parti… l’été sera « perturbé ».
     Heureusement, la corrida fut sauvée par un Fernando Cruz dont la faena au troisième fut chichement sanctionnée de la même récompense que celle de Rafaelillo au premier. De quoi se frotter les yeux jusqu’à mettre au chômage tous les ophtalmos de la planète… Décidé et torero, le jeune Madrilène tira un trasteo court, classique mais intense, du colorado troisième. On lui vit notamment de longues naturelles ciselées, qui auraient soulevé Madrid.Certes il pincha et son estocade ne fut pas « modèle du genre », mais on avait vibré, et le garçon avait laissé sur le sable Tyrossais un éventail de muletazos à garder dans les souvenirs 2007. Asi que !!! Par contre, l’espèce de « moustique » vilainement cornu sorti sixième, semblait connaître latin, grec et gascon… A la troisième passe du torero, la bête lui joua un sale tour et Fernando Cruz s’envola durement, comme la veille à Collado Villalba… comme tant de fois. A la fois secoué par le toro et par un apoderado du genre « Ce n’est rien ! Avance ! », le brave Fernando revint à la galère, et rama comme il le put ! Mais hier, il fut « un pedazo de torero ».

     Et pourtant !!!
     Pourtant nous avons vu des toros, très correctement présentés pour cette plaza. Certes les trapios et les cornes étaient du genre « inégal », mais les toros ont eu de la présence, et ont fait beaucoup de bruit à la pique… Ce ne fut pas toujours de la bravoure, mais ils poussèrent, remuant les chevaux, en des premiers tiers… que l’on n’a pas vus en cinq jours de Plumaçon ! Las cosas como son !
     Au bilan… « on aurait pu ! »
     Si les toros n’avaient eu ces accidents…
     Si deux des trois toreros avaient « planté les zapatillas »… Si, si, si…
     « C’est rosse, quand même !! »

     29 Juillet – SAINT VINCENT DE TYROSSE – Pratiquement plein – Grand bleu : Toros de Charro de Llen, inégaux de présence mais très corrects pour cette plaza. Le troisième, magnifique, se cassa le piton gauche dans un burladero. Il fut remplacé par le sixième (se corrio turno) et en donc, en dernier lieu sortit le sobrero de Tardieu, petit maigre mais musclé, « estrecho de cienes » et très sérieusement armé, veleto.
     Au comportement, les Salmantinos sont tous sortis au pas, très réservés au capote. Par contre, tous se sont « allumés » en des piques fortement poussées, avec des styles différents, obligeant les piqueros à s’employer (bien mieux qu’en d’autres lieux, d’ailleurs). Le colorado troisième s’employa à fond. Le quatrième prit un énorme puyazo dont il sortit mal, mêlant avec un saut de carpe et une partie « sur les genoux », qui témoignèrent d’une mauvaise lésion (probablement vertébrale) dont il ne se remis jamais. Ce fut un long et douloureux moment que de voir ce noble animal « tanguer » ainsi, totalement « descordinado », finissant paralysé de la patte arrière gauche. Pour l’homme, le deuxième fut le plus difficile, ainsi que le sobrero de Tardieu, malin et vite avisé. Les 1, 3 et 5 permettaient le toreo, pour peu que l’on veuille « clavar la zapatillas ».
     Rafaelillo : Une oreille, généreuse, et Courte division – Ne put, malheureusement, ne s’exprimer que devant le premier toro. Avec un entrain juvénile, le Murciano entraîna toro d'ouverture et public dans une ronde illusoire où l’on ne sait trop « qui bougeait le plus ». Amassant les demi muletazos, très rapides, les jambes largement écartées, Rafaelillo « derviche tourna » longuement, et à tout dire, assez vulgaire. Trois quarts de lame et une oreille que l’alguacil alla chercher après l’arrastre d’un bicho qui méritait mieux, semble t’il. Devant le quatrième, on ne pourra que lui pardonner ses échecs à l’épée, devant un toro dont les douloureux soubresauts rendaient imprévisibles les charges désespérées.
     Domingo Lopez Chaves : Bronca après deux avis, et Sifflets – A connu noire journée, complètement « à la dérive », tant devant son premier, probablement compliqué (mais on ne put « le voir », tant le muletero « dansa » sans cesse) que le cinquième, bien plus abordable. Essayant de « vouloir » fixer au sol des pieds qui ne voulaient que fuir bien loin, Lopez prit le parti de faire « de la provoque », répondant à quelque spectateur qui le prenait à parti, où jouant « les chulos » en fixant longuement la longue agonie du cinquième qui se résista, aux planches, avec une lame entière, heureuse, en sortant « par devant ». Mauvaise, très mauvaise journée de Domingo Lopez Chaves. « Pa quitarle de esto ! »
     Fernando Cruz : Une oreille, forte, et Ovation – Eut le malheur de voir son premier « se casser » dans un burladero, suite à un cite « mal placé » de son peon. Le remplaçant (en fait son second adversaire) sortit « anovillado », mais bien armé et nerveux, correton. Bravucon en un puyazo fort poussé, le toro se montrera encasté, puissant et noble à la muleta, donnant du piment à la tauromachie du Madrilène. Le public fit aussitôt la différence : Gros début de faena, par doblones et droitières en marchant vers le centre, avec en final un énorme pecho. Superbe ! Aussitôt, main gauche pour trois séries de naturelles de qualité croissante, chaque fois closes de grandes passes de poitrine. Ce fut « le » moment de la tarde, qui confirme la qualité entrevue à Mont de Marsan. La faena se poursuivra sur main droite, le toro baissant un peu d’intensité, empêchant le jeune diestro de sculpter le final prévu, au centre de la plaza. Un pinchazo rageur précédera un trois quarts de lame vertical et un peu de travers, nécessitant un descabello. Peu importe, le succès était là, méritant bien plus qu’un trophée, au vu de celui précédemment accordé. Bon triomphe, mérité.
     A n’en pas douter, Fernando Cruz voulait rééditer « toreo et exploit », face au sixième. Hélas, ce fut impossible, devant un sobrero de Tardieu, avisé, court de charge, qui le prit de bien vilaine façon, après que le torero eut cru pouvoir s’étirer, sur main droite, suite à un intelligent début de placement et mise en confiance commune. Hélas, le toro ne l’entendit pas ainsi, et la voltige fut sévère. Après avoir été recherché au sol, Cruz fut relevé, arrosé d’eau et renvoyé « au mail ». Hélas, tout toreo fut impossible, plus moult raisons, et l’épée, sincère, précéda deux descabellos douloureux. Mais Fernando Cruz est revenu dans son Sud Ouest, espérons pour longtemps...