MUGRON :
PAS CONVAINCUS ! PAS CONVAINCANTS !
10 Avril : Il y a des choses que je ne comprends pas !
Par exemple : Comment se fait il que les organisateurs
se laissent encore prendre au piège de ceux qui, par manque de
« prévision » et surtout « d’éducation », arrivent en retard à la
taquilla, imposant « quelques minutes d’attente » à ceux qui, bien
sagement, sont arrivés, ont pris leur billet, et sont assis à l’heure, à
leur place? Hombre ! Commencez la corrida ou la novillada, et interdisez
« le premier toro » aux traînards… vous verrez comme ils seront à
l’heure, la prochaine fois. Encore une fois, c’est une question de
civisme…et de respect, en particulier envers ceux qui attendent, en bas,
le moment de « lâcher les nerfs », en entamant le paseo.
Il y a des choses que je ne comprends pas : Comment se
fait il que des novilleros dits « punteros », habitués à toréer devant
des demi ou quarts de plazas, ne soient pas capables de « tout donner »,
alors qu’ils sont devant une arène pleine, en France, en tout début de
saison ? Blasés déjà ? - Hier à Mugron, deux novilleros « punteros »
ont passé la tarde, soit « en demi teinte », soit « en accéléré »,
tandis que le troisième se comportait, lui, « en vrai novillero »,
certes avec ses défauts, ses manques, mais « Eso! En vrai novillero ».
Il y a des choses que je ne comprends pas : Comment un
public demande t’il un trophée pour un torero, « au souvenir de ce qu’il
a vu « ailleurs », ou a lu de lui, alors que « sur l’instant », la
prestation « et l’épée » ont singulièrement manqué « de tranchant » ? Et
comment ce public chahute t’il un torero et un président, à l’heure du
trophée, alors même que le garçon, certes imparfait, a donné plusieurs
« grands passages » et mis autant de pinchazos que « la vedette »
précédente ?
Les mystères du Sud ouest !... et d’ailleurs…
« Pas convaincus ! Pas convaincants ! »
Désolé, mais on ne va pas au toro, « téléguidé » par le
callejon, quel que soit « le fameux » qui joue les maîtres de balais…
(en l’occurrence « de ballet »). Le jeune Sevillano Oliva Soto semble
bien, hier, avoir oublié sa décision et ses recours en terre Andalouse,
et Manolo Cortes, son mentor n’a rien pu y faire… Certes il eut des
excuses, devant le premier, manso sin fijeza, court et rebrincado, mais
aucunement face au quatrième du Vellosino, magnifiquement fait, brave et
noble à souhait… Le meilleur de tous, et de loin.
Pas du tout convaincu par un Ruben Pinar qui coupe une
oreille à son premier, après une épée « à faire rougir un gendarme », et
« se donne une vuelta » au cinquième, après une faena « en
brouillamini » qui avait pourtant fort bien débuté, mais virant vite « à
l’effiloche » et fort mal conclue avec la rapière. Désolé, le jeune a
déjà triomphé « sous toutes les latitudes, des matinales de Dax aux
nocturnes de Colombie ou du Pérou, et Mugron méritait bien plus
d’application, de « reposo » et d’honnêteté…
Ce n’est « que mon avis ! »
A tout dire, c’est encore le Santo qui m’a paru le plus
« en novillero », et le plus engagé… même si…
Bien sûr, on lui reprochera de n’avoir pas « senti » le
bon piton droit du troisième ! Bien sûr, on lui reprochera l’excès de
vélocité et « l’amontonamiento » devant le bon sixième… mais ce serait
oublier de très bons moments au capote, en particulier des véroniques de
réception et un remate, au sixième, de pleine toreria… Ce serait oublier
trois paires de banderilles « a mas », dont un violin « clair et
précis »… Ce serait oublier enfin, un gros début de faena, dont certains
muletazos, « bien léchés », prouvent bien que le landais « est capable »
de toréer « redressé et templadito », ce qui devrait le pousser à
travailler la chose, et oublier certaines scories, par trop « retorcidas »…
Mais, c’est là « le métier qui entre ! »
Certes, je ne suis toujours pas convaincu, mais une
chose est au moins sûre : A Mugron, le Santo a tout donné… les autres,
non ! N’étant pas « convaincus »… ils n’ont pas pu « convaincre » !
9 Avril – MUGRON – Plaza quasi pleine – Grand beau :
Novillos de Vellosino, en « trois et trois », les 1, 5 et 6 étant
beaucoup plus hauts et charpentés que les trois autres. Tous « guapos et
bien faits », armés « sans grande agressivité ». A part le premier,
manso distrait, sin fijeza, court et quedado, avant de fuser vers les
planches, et le troisième, bronco et dangereux à gauche, le lot permit
de grandes choses, en particulier le joli quatrième, bas, bien fait,
brave en une longue pique, très bien poussée, et noble, clair et
« répétiteur » à la muleta. Le cinquième permettait beaucoup, pourvu
qu’on le calme et le dernier, de même fut d’une grande qualité.
Oliva Soto : Courte division et Silence, après
avis – A parsemé la tarde de quelques « pinceladas » d’une indéniable
classe : des chicuelinas, une larga cordobesa, au capote ; certains
muletazos « con sabor a miel »… mais il a fortement déçu. Incapable de
se décider « à lidier » le compliqué premier, on lui donnera là quelques
excuses. Par contre « aucune », pour avoir laissé passer l’excellent
quatrième, se mettant toujours « au fil du piton », toréant très large,
mais prouvant « qu’il pouvait », en trois muletazos droitiers de grande
classe, en fin de trasteo. Le public réagit aussitôt, mais retomba vite
dans une douce léthargie, en oubliant même d’ovationner l’arrastre du « toro
bonito y bueno ».
Ruben Pinar : Une oreille, et Vuelta surprise,
« motu proprio » - A fait de tout, parfois très bien, souvent très vite.
Certes il domine « le capote », avec grande facilité. Ainsi son quite au
premier de la tarde ; ses réceptions à chaque novillo. Le garçon est « muy
toreado », a déjà beaucoup toréé. Aux banderilles, du spectacle et de la
vitesse. A noter, un excellent « por dentro », au deuxième, et un
quiebro « net », à son second. A la muleta, cela baissa énormément, même
si le garçon « sait » lier…
Son premier se fit peut-être mal, dans une vuelta de
campana, en début de lidia. La faena consista « à le tenir debout ». Ce
fut un trasteo « de métier », avec beaucoup de desplantes et une
horrible épée verticale, très en avant. Mais, « vox populi », la
présidence dut accorder l’oreille.
Le cinquième fut reçu par larga à genoux et un capeo
rapide et court. Le toro méritait bien mieux. A la muleta, un début
« royal », par doblones et une première série droitière excellente,
promettant de grandes choses. Hélas, elles ne vinrent pas et, par excès
de rapidité, d’approximations et manque de temple, la faena alla « pabajo »,
même si tous gardaient en la rétine, la qualité des premiers muletazos.
Trasteo « embrouillé », sans imagination ni personnalité, bien mal
terminé avec l’épée.
Certains diront : « Il a été cumbre, mais a tout perdu,
avec l’acier ! ». Il nous semble que c’est à la muleta, que tout s’est
gâté, alors que cela promettait beaucoup. Quant à la vuelta, elle
traduit déjà… « un certain métier ». Dommage !
El Santo : Silence, après avis, et Une oreille,
discutée – S’est durement fait menacer, en début de trasteo, par le
piton gauche du troisième. Toro « fort », qui ne permettait pas
d’erreur, et qui est peut-être « venu un peu grand » au torero, au point
qu’il ne vit pas la corne droite, bien plus claire, et dut se faire
violence pour tirer trois redondos « despatarrados » et vibrants. Hélas,
il ne put continuer « dans cette ligne » et tout se termina mal avec
l’acier : atravesada et problème au descabello.
Par contre, son début, au sixième, fut « de haut
vol » : Très bien au capote, en trois véroniques, hélas un peu troublées
par une faiblesse du toro, précédant un remate très torero, à une main,
laissant tomber la cape, « morte », au passage du bicho. Superbe ! Aux
banderilles, un bon cuarteo, une deuxième paire avec passage à faux et
clouant sur le retour, en corto et « dos au planches » ; enfin un violin,
bien préparé et « limpio ». Bien !
La faena débuta fort bien, avec deux ou trois muletazos
« de velours », embarquant la noble charge, l’enveloppant, la portant
plus loin, le corps redressé, « con empaque ». Bien la première série…
et, les nerfs? la volonté de triompher vite? la « soif » ? Allez
savoir ! Le jeune Français « oublia » alors, le calme et la majesté du
début, et se mit « à accumuler » des passes, dont certaines bien tirées,
mais sur un rythme bien trop enlevé, trop rapide.
Le toreo est « mesure et lenteur », ou encore « le
chose bien, se font lentement »…
C’est le seul « dommage ! » que l’on pourra dire au
Santo, sur ce sixième toro, même si ensuite, deux pinchazos précédèrent
l’épée libératrice.
Certains protestèrent l’oreille… qui n’avaient rien
dit, aux toros précédents… Asin las cosas ! |