Reseña du 17 Juin 2007

 

AIRE : LES ABSENTS ON EU TORT
… et le président, de même !

     18 Juin : On pourra imaginer la déception de certains, en cette France qui vote oui, puis qui vote non ; qui penche pour l’une, et plébiscite l’autre ; un jour qui dit bleu et le lendemain rose…
     C’est la France !
     Mais on pourra imaginer, et on la partagera entièrement, la peine d’un organisateur qui a eu l’imagination et pris le risque de monter un cartel « original » et alléchant, en voyant ses gradins au tiers remplis, ou aux deux tiers vides.
     On a envie de lui dire, « Continue ! C’est toi qui a raison ! Enhorabuena ! » Mais on ne peut que se taire lorsqu’il nous devance : « Tu sais combien j’ai perdu, aujourd’hui ? »
     Argument irréfutable ! Incontournable…
     Le public a eu tort de ne pas venir, hier à Aire sur Adour… Outre une corrida très intéressante, il s’est peut-être perdu « une » des grandes faenas de l’année. Bien sûr, les gros nuages et l’incessante pluie n’avaient rien d’engageant, et une heure avant le paseo, on hésitait encore entre « la donner ou pas ! » Et puis, le ciel s’est fait aficionado, et le soleil a rempli les gradins que les Aficionados, justement, ne garnissaient pas… Una tristeza !

     Il y eut « faena » ! Il y eut « un public ! » et il y eut… un président !
     A voir Daniel Luque donner sa double vuelta, mâchoires serrées, à la fois ému, à la fois tendu, on pouvait sentir une sourde colère au fond de ses yeux. Comme un gentil reproche ! Comme un « Merci de m’applaudir, mais vous vous êtes faits avoir, et moi, j’aurais bien eu besoin de ce « rabo », pour lancer ma carrière. C’est important de couper deux oreilles et la queue, en France ! ».
     Et à tout dire, on ne sait par qui être le plus surpris : L’ignorance du public, dit « Aficionado », ou la bêtise d’un président qui, « pour noyer le poisson », sort le mouchoir bleu de la vuelta au toro, pour ne pas avoir à larguer le troisième blanc, du rabo… A entendre le « Haaaaaa ! » de contentement de certains, on peut penser qu’ils étaient nombreux à croire que « Môôôsieur » le Président l’avait enfin accordé, ce rabo…
     Après bien sûr, la déception fut grande lorsque l’on vit le petit n’arborer « que » deux oreilles… au point qu’il débuta sa vuelta, sous les sifflets. Heureusement qu’il comprit bien vite que cette bordée de protestas s’adressait au palco… Sinon, de quoi gamberger !!!

     Mais bon Dieu, Monsieur… pourquoi ne pas l’avoir accordé, ce rabo ?
     Vous qui aviez donné deux oreilles « gentillettes » à Juan Bautista, vous deviez « hausser d’un cran » votre récompense à une faena très pure, à l’émouvante fin, conclue d’un gros coup d’épée dont le toro sortit « rodado ». Une faena « de deux oreilles » en n’importe quelle grosse feria ne vaut elle pas « un rabo » dans une petite plaza du Sud Ouest ? Surtout lorsque l’on a déjà « sur-récompensé » les actuaciones précédentes...  
     Entendons nous : Ou c’est « vuelta » pour Julio Benitez au troisième ; Une oreille pour Jean Baptiste au quatrième ; et deux à Luque, au cinquième… Et là, rien à dire !
     Ou c’est « Une oreille » pour le rejeton du Cordobes (Le public l’a réclamée) ; deux pour Bautista, au quatrième, et donc, « las dos y el rabo » pour Daniel Luque, après ce qui est probablement une de ses meilleures faenas de sa jeune carrière.
     Monsieur le Président, si vous n’avez pas senti passer « el Angel », dans cette faena… mieux vaut que vous fassiez de la politique… Vous aurez sûrement quelque chance d’être élu ! Si vous n’êtes pas capable « de ressentir » cette faena, pues… je vous plains, bien cordialement. Mais fermement je vous dis que vous avez été injuste, hier, et que « tirer le mouchoir bleu » pour vous faire le quite, en donnant une vuelta à un toro, certes noble, mais qui n’avait pas brillé, au premier tiers, ne plaide pas en votre faveur… Bien au contraire !
     Et, pour ce qui est du public, je suis désolé, mais… « No hay Aficion ! »

     Superbe faena d’un jeune diestro qui ne peut que faire un bruit énorme, s’il en place une semblable dans une grande plaza.
     De très bons passages également, en fin de sa seconde faena, d’un Jean Baptiste Bautista, excellent et « gustandose », au capote, mais « inégal » à la muleta, d’autant que terriblement secoué par son premier adversaire qui avait caché son jeu… en jouant les faiblards. Tous nous eûmes très peur, et de revoir l’Arlésien revenir au combat, après une telle voltereta ne peut que nous conforter dans notre sentiment : les toreros sont vraiment faits « d’un autre bois ! ».
     Certes sa deuxième faena alla « a mas », et sa conclusion avec l’épée fut remarquable, mais… elle n’avait pas « el Angel » de celle de Luque, au cinquième. S’il y avait « deux oreilles » pour Bautista, il devait y avoir « dos y rabo » pour le Sévillan.
     Un président se devant d’être aussi « pédagogue », on peut dire que ce jour, celui d’Aire sur Adour a manqué son cours… Cela arrive ! C’est dommageable, en particulier  pour un torero qui a besoin qu’on valorise ses débuts…

     Quant au fils du Cordobes, il a sa façon « à lui » de se placer, de toquer doucement, et de se passer le toro très près, parfois. Mais il est bien vert, et surtout, il n’a pas le charisme qui devrait correspondre à sa filiation, ni à son toreo. Cependant il s’est montré digne, tuant fort bien le garbanzo sixième. Le seul d’un  lot très correct, pour Aire sur Adour, plaza « de tercera », en France… 
     Nonobstant cette catégorie qui n’a rien de vexatoire, Aire peut être fière de la course donnée hier, et les absents ont eu grand tort de ne pas y croire. Quant au président… lui aussi a eu tort, et le mal est fait, désormais !
     Mais… ce n’est là « que » mon avis !

     17 Juin – AIRE SUR ADOUR – Un tiers de plaza – Beau temps revenu, après journée pluvieuse : Toros de Escudero de Cortos, bas mais très bien faits et très correctement armés. Les toros sortirent vivement et répétèrent au capote, sauf le quatrième. Pour le torero, le burraco cinquième, du nom de « Enfadon », arriva très noble à la muleta, d’autant que son torero lui donna immédiate confiance. Peu brillant au premier tiers, ce toro ne méritait pas vuelta posthume, mais bien une grande ovation à sa noblesse et son allant. Bon le quatrième, « templado » à gauche, et le troisième, hélas de peu de « moteur ». Le sixième fut le « garbanzo » du jour, se défendant sur sa réserve. Le premier fut un toro trompeur, un vilain moineau. Ce « Gorrion » joua les faiblards, aux premiers tiers, mais « remonta » vilainement, avec une pointe de sentido, après avoir accroché Bautista, dès le premier muletazo, chargeant par arreones désordonnés et parfois vicieux. Un vilain moineau! .

     Juan Bautista : Ovation et Deux oreilles (généreuses) – A montré facilité et « gran gusto », avec le capote. De même une maturité que ses succès madrilènes ont encore renforcée. Cependant, il ne put que se méfier de ce premier qui le surprit sèchement, dès le premier derechazo, et continua à chercher le coup dur, tout au long d’un  trasteo forcément décousu, d’autant que le Français était encore secoué. Le public le comprit bien qui ovationna fortement le valiente.
     Devant le quatrième, le plus « toro » du lot, Jalabert fils brinda à Jalabert père une faena en deux temps, deux moitiés : la première « en donnant des passes », dont certaines brillantes, mais « en se laissant porter » par le toro… Et la deuxième, bien plus valable, notamment sur main gauche, close de fioritures bienvenues et d’un gros coup d’épée. Faena « a mas » mais incomplète, où le torero ne sembla se libérer totalement, que dans sa deuxième mi temps.
     Daniel Luque : Ovation et Deux oreilles, avec forte pétition de rabo et bronca au président, après deux vueltas du torero – A séduit tout le monde, au cinquième toro ! Car devant le deuxième, qui lui mit un avertissement (le même qui avait valu la cogida au français), on l’a senti fragile, sur la défensive, presque au bord de la dérive. Le toro n’était pas clair, mais le garçon sut quand même lui imposer trois muletazos « con gancho », en fin de faena.
     Puis sortit le burraco cinquième, et là, ce fut un festival : D’abord avec le capote, en une longue série de lances « garbosos » jusqu’au centre, où la demie de clôture leva grosse ovation. Il y eut jolie mise en suerte et grand quite, clos de trois demie « à fond ». Entretemps, le bicho se donna une vuelta de campana qui le châtia « juste ce qu’il fallait », bien mieux que la pique hésitante du cavalier de service. La faena débuta « en donnant confiance », mais déjà, les premiers muletazos, vers le centre, « sentaient bon » les parfums du toreo « d’en bas ». Tout le trasteo, main droite, puis gauche, sera « coulé », onctueux, sans une faute de goût, le toreo fondamental étant agrémenté d’adornos de grande beauté, comme une trinchera profonde, plusieurs firmas, et de longs pechos, bien tournés. Tout le monde jubilait, dans le callejon, d’autant que le torero se libérait totalement, « s’abandonnait » définitivement, en longues naturelles, une à une, citées « en cartucho de pescao », muleta pliées au bras gauche. Au final, un desplante aérien, exultant de joie, comme « ne croyant pas » à ce qu’il avait réalisé... Grande faena, conclue d’un énorme coup d’épée qui fit immédiatement basculer le noble burraco.
     Le public, enchanté, demanda les trophées. Les deux oreilles tombèrent, mais la pétition continua. Quelques instants et ce fut le mouchoir bleu de la vuelta, qui  orna le palco. Croyant que le rabo était concédé, une partie du public se laissa berner. On connaît la suite…
     Julio Benitez : Une oreille et Division « gentille » - A « en partie » réussi sa présentation. Il étonne ! Il suscite l’attention… et il divise les opinions. Surtout de ceux qui ont bien connu le papa (dans sa « première » période). « Il a quelque chose », cette façon de se coloquer, de citer « en corto », d’aguanter la charge et de la mener au bout du muletazo… mais il n’a pas « le charisme ! ».
     Sa faena au troisième comporta d’excellents muletazos gauchers, mais le toro se réserva rapidement, et c’est « à bout portant » que le Cordobes Junior alla conquérir ses premiers lauriers « de chez nous ». Par contre, le sixième, manso et reservon, le laissa sans grands recours techniques, et sa façon de dénigrer son adversaire ne fut guère plaisante. « S’y croirait il » donc déjà ? Il faut respecter le toro, même manso! Heureusement, il entra bien a matar, et c’est applaudi, mais déçu, qu’il laissa la place aux deux triomphateurs du jour.
     A Aire sur Adour… les absents on eu tort. Et le président, de même !