Reseña du 17 Avril 2006

 

MUGRON : "TOUT EST DANS LA NUANCE"
Une seule oreille, pour El Santo

     18 Avril : La journée de Mugron 2006 nous laissera quelques regrets, même si dans l’ensemble elle fut très intéressante.
     Tout est dans la nuance!
     « Il aurait pu faire beau » disent certains. En fait, il a fait beau, mais seulement l’après midi. Du coup, les organisateurs ont sagement annulé la non piquée matinale, pour préserver le ruedo. Il a d’ailleurs été si bien protégé, que le « piso de la plaza » est resté très dur, trop dur pour les forces un peu limitées des novillos de Angel Luis de La Peña.
     Arroser ou ne pas arroser, un jour de pluie… tout est dans la nuance ! Du coup, l’accumulation trop répétée de l’un et de l’autre nous ont valu quelques « disgustos » qui auront fait les affaires de quelques antis, en particulier lorsque le cinquième mit tant d’efforts désespérés à se relever.
     Pourquoi ceux qui arrivent à l’heure et sont correctement installés à leur place doivent ils systématiquement attendre ceux qui « s’en foutent », et arrivent au dernier moment, parce qu’ils savent bien qu’il y aura toujours un haut parleur charitable pour « prier le public de bien vouloir patienter un petit quart d’heure »?…
     Tout est dans la nuance ! La tolérance s’applique souvent, bien trop souvent… aux sinverguenzas. A force s’instaurer ces quarts d’heure… on en arrivera un jour, « à des demies ». Please ! Commencez donc à l’heure. A force, ils apprendront, et respecteront !
     En parlant du public, il a semblé très froid, bien trop froid, pour une ouverture de temporada. Certes il y avait eu Samadet, et la veille Aignan.. mais était ce donc une raison pour applaudir du bout des doigts les efforts des trois jeunes, d’autant que la veille, dans le Gers, il n’y avait eu guère de place pour l’enthousiasme ?
     Public exigeant, froid ou "déjà blasé" ? Tout est dans la nuance… Cela dit, on aurait aimé le voir plus généreux envers le toreo de classe du jeune Daniel Luque, l’entrega sans faille de Mehdi Savalli, et « l’envie » du Santo local, même si des trois, il fut le mieux servi… et le moins bon. Tout est dans la nuance. Peut-être aussi… de clocher ! Au fond, c’est bien logique. Toujours est il qu’au planchot final « una orejita » symbolise un maigre bilan, ratifié par la non attribution du Trophée Jeannot Lestage.
     S’est on ennuyé pour autant ? – Pues no !

     Les novillos sont sortis très bien présentés au plan charpente et kilos… Beaucoup moins, au plan des pitones. Tous « ont voulu charger », mais ils n’ont pu, parce que limités de forces (trop lourds ?) ou à cause du sol (trop dur ?).
     Si Mehdi Savalli fut le moins bien servi, le Santo toucha « le » novillo de la tarde, sorti troisième. Le sixième, avant les banderilles, semblait prendre le même chemin, le même rythme, "pero"... Le quatrième « remonta », malgré une grosse vuelta de campana et une première série bien trop « lourde » du jeune Sévillan, qui eut, par la suite, l’intelligence de raccourcir les séries, et toréer « plus en ligne », préservant ainsi le noble animal.

     Ce Daniel Luque fait un toreo de classe, tant avec le capote que la muleta. Il lui manque ce brin de « picardia sevillana » qui l’aiderait à mieux passer la rampe. Il perdit une grosse oreille au quatrième, à cause de l’épée.
    Mehdi Savalli a besoin de toros « aussi puissants » que lui. Il a besoin de « rentrer dedans » ! S’il faut « soutenir », abandonner les « toques fuertes » au profit des cites « doux et lents », pour convaincre plus que forcer, il patine un peu. Hélas, ses deux adversaires tournèrent vite au « réservé et faible » et Mehdi doit une fière chandelle au Morenito de Arles, présent tout près, qui lui apporta beaucoup, tant en conseils judicieux qu’en encouragements de grand frère. Le garçon ne s’y trompa point, qui lui brinda le cinquième. Hélas, le matador pincha beaucoup, mettant à bas tout ce que le torero avait patiemment construit. Ce n’est pas une raison pour que le public « boude » le moment de porfia, sincère et risqué, de l’Arlésien.
     Mais, peut-être n’était il venu, ce public...  que pour « El Santo ». Hombre ! En être à sa seconde piquée et « s’envoyer » de ces tontons, mérite le respect. Mais le Landais devra méditer deux choses essentielles : Premièrement, « C’est le toro qui bouge, et le torero qui doit rester quieto », et deuxièmement « Les desplantes vainqueurs, c’est quand la série a été bonnne ! » Le Santo donna beaucoup de passes à son premier toro, dont trois naturelles « très bonnes », et beaucoup de « demi passes » au dernier, devant lequel il se trouva un peu démuni. « No pasa nada ! »... à condition de le reconnaître… A signaler une grosse demie épée qui roula son premier. Chapo !

     Alors, demi succès ou demi échec… cela dépend de combien de verres on aura vidés à la sortie. Tout est dans la nuance.
     « Pa mi », la novillada fut très intéressante et les trois jeunes « ont voulu »… C’est bien là le principal.

     17 Avril – MUGRON – Novillada – ¾ de plaza – Tarde qui tourne à « agréable », malgré l’humidité du matin – Le sol de la plaza semblait un peu trop dur : six novillos de Angel Luis Peña, « con cuajo », qui firent de belles sorties, mais allèrent « a menos », excepté le troisième, excellent. Le quatrième semblait de même qualité, mais une grosse vuelta de campana le secoua un peu. Il accusa le coup, en début de faena. Mauvais lot pour Mehdi Savalli, à la fois faible et décasté, venant aux barrières et « tardant » beaucoup, tout comme le premier de la tarde. Le sixième semblait intéressant, gardant de la mobilité et de la codicia, mais il tourna au « violentito » et resta maître du ruedo.
     Daniel Luque : Palmas et Vuelta – Mené par Tomas Campuzano, le jeune Sévillan possède les secrets du toreo « de chispa », et se montre facile avec cape et muleta. Avec un toro qui charge long et noblement répété, ce doit être un régal.
      Son premier, tardo, ne dura que le temps de quelques gauchères, et Luque en finit aux barrières, d’une entière caidita mais en faisant bien la suerte. Le quatrième lui permit une jolie faena « mu sevillana », pleine de douceur et de classe : Toreo « léché », que le public n’encouragea pas assez, mais… faena de la tarde. Hélas, deux pinchazos précédèrent l’entière, et la vuelta ne consola guère le jeune artiste. A revoir.
     Mehdi Savalli : Silence et Applaudissements trop réduits, après un avis à chaque toro – A tout fait « en force », en enthousiasme, en « ganas de ser torero ». Hélas, ce sont les toros qui n’ont pas suivi.
     Rien à dire au capote, sinon que les véroniques un genou à terre, face au premier, et les largas, au second, méritaient un gros bravo. Avec les banderilles, bueno ! Poderoso, mais on  l’a vu « plus réuni ». De plus, « le violin » devient rengaine…
     A la muleta, il tomba sur deux toros de peu de force, le premier s’étant probablement abîmé sur deux cambios dans le dos « de miedo », qui ouvrirent la faena. Peu d’écho, hélas, dans les gradins. Le bicho plia sur chacune des passes qui suivirent, et il fallut attendre la fin du trasteo pour voir trois passes liées, au fil des barrières, citées avec douceur et patience, sous les conseils du Morenito de Arles. Hélas, Savalli pincha beaucoup, la main peut-être un peu haute, la muleta peut-être pas assez « al hocico ». Peut-être !
     Le cinquième chuta très vilainement, bloqué sur sa patte, et tarda à se relever. Alors il fallut « porfiar » vaillamment, au milieu ou au fil des cornes éclatées, pour tirer la moindre demi passe, essayant de faire un ultime plaisir à ceux qui l’ignoraient. Hélas, les pinchazos se multiplièrent et le garçon se désola. Il ne faut pas.
     El Santo : Une oreille et Palmas – Faisait son deuxième paseo en novillada piquée. On respectera donc sa prestation, saluant une bonne demi véronique, parmi des capotazos un peu « moviditos » et surtout trois grosses naturelles, bien tirées, au meilleur de la tarde. La faena était « sur la gauche », et le landais eut peut-être tort de se désunir un peu, à droite. Mais ces naturelles-là « firent réagir » tout le monde, et le garçon  aura fait la différence. Grosse demie lagartijera et une oreille… qui deviendra « deux », avec plus de métier. On le souhaite !
     Le sixième le mit en échec, se décomposant un peu au moment des banderilles. Le jeune torero ne trouva pas la solution, et le bicho devint le patron. Compréhensible
     "C'est le métier qui rentre!" On attendra donc avec espoir et générosité, mais également « avec sérieux ». Tout est question de nuance.