MUGRON :
"TOUT EST DANS LA NUANCE"
Une seule oreille, pour El Santo
18 Avril : La journée de Mugron 2006 nous laissera quelques regrets,
même si dans l’ensemble elle fut très intéressante.
Tout est dans la nuance!
« Il aurait pu faire beau » disent certains. En fait,
il a fait beau, mais seulement l’après midi. Du coup, les organisateurs
ont sagement annulé la non piquée matinale, pour préserver le ruedo. Il
a d’ailleurs été si bien protégé, que le « piso de la plaza » est resté
très dur, trop dur pour les forces un peu limitées des novillos de Angel
Luis de La Peña.
Arroser ou ne pas arroser, un jour de pluie… tout est
dans la nuance ! Du coup, l’accumulation trop répétée de l’un et de
l’autre nous ont valu quelques « disgustos » qui auront fait les
affaires de quelques antis, en particulier lorsque le cinquième mit tant
d’efforts désespérés à se relever.
Pourquoi ceux qui arrivent à l’heure et sont
correctement installés à leur place doivent ils systématiquement
attendre ceux qui « s’en foutent », et arrivent au dernier moment, parce
qu’ils savent bien qu’il y aura toujours un haut parleur charitable pour
« prier le public de bien vouloir patienter un petit quart d’heure »?…
Tout est dans la nuance ! La tolérance s’applique
souvent, bien trop souvent… aux sinverguenzas. A force s’instaurer ces
quarts d’heure… on en arrivera un jour, « à des demies ». Please !
Commencez donc à l’heure. A force, ils apprendront, et respecteront !
En parlant du public, il a semblé très froid, bien trop
froid, pour une ouverture de temporada. Certes il y avait eu Samadet, et
la veille Aignan.. mais était ce donc une raison pour applaudir du bout
des doigts les efforts des trois jeunes, d’autant que la veille, dans le
Gers, il n’y avait eu guère de place pour l’enthousiasme ?
Public exigeant, froid ou "déjà blasé" ? Tout est dans
la nuance… Cela dit, on aurait aimé le voir plus généreux envers le
toreo de classe du jeune Daniel Luque, l’entrega sans faille de Mehdi
Savalli, et « l’envie » du Santo local, même si des trois, il fut le
mieux servi… et le moins bon. Tout est dans la nuance. Peut-être aussi…
de clocher ! Au fond, c’est bien logique. Toujours est il qu’au planchot
final « una orejita » symbolise un maigre bilan, ratifié par la non
attribution du Trophée Jeannot Lestage.
S’est on ennuyé pour autant ? – Pues no !
Les novillos sont sortis très bien présentés au plan charpente et kilos…
Beaucoup moins, au plan des pitones. Tous « ont voulu charger », mais
ils n’ont pu, parce que limités de forces (trop lourds ?) ou à cause du
sol (trop dur ?).
Si Mehdi Savalli fut le moins bien servi, le Santo
toucha « le » novillo de la tarde, sorti troisième. Le sixième, avant
les banderilles, semblait prendre le même chemin, le même rythme, "pero"...
Le quatrième « remonta », malgré une grosse vuelta de campana et une
première série bien trop « lourde » du jeune Sévillan, qui eut, par la
suite, l’intelligence de raccourcir les séries, et toréer « plus en
ligne », préservant ainsi le noble animal.
Ce Daniel Luque fait un toreo de classe, tant avec le capote que la
muleta. Il lui manque ce brin de « picardia sevillana » qui l’aiderait à
mieux passer la rampe. Il perdit une grosse oreille au quatrième, à
cause de l’épée.
Mehdi Savalli a besoin de toros « aussi puissants » que lui.
Il a besoin de « rentrer dedans » ! S’il faut « soutenir », abandonner
les « toques fuertes » au profit des cites « doux et lents », pour
convaincre plus que forcer, il patine un peu. Hélas, ses deux
adversaires tournèrent vite au « réservé et faible » et Mehdi doit une
fière chandelle au Morenito de Arles, présent tout près, qui lui apporta
beaucoup, tant en conseils judicieux qu’en encouragements de grand
frère. Le garçon ne s’y trompa point, qui lui brinda le cinquième.
Hélas, le matador pincha beaucoup, mettant à bas tout ce que le torero
avait patiemment construit. Ce n’est pas une raison pour que le public
« boude » le moment de porfia, sincère et risqué, de l’Arlésien.
Mais, peut-être n’était il venu, ce public... que
pour « El Santo ». Hombre ! En être à sa seconde piquée et « s’envoyer »
de ces tontons, mérite le respect. Mais le Landais devra méditer deux
choses essentielles : Premièrement, « C’est le toro qui bouge, et le
torero qui doit rester quieto », et deuxièmement « Les desplantes
vainqueurs, c’est quand la série a été bonnne ! » Le Santo donna
beaucoup de passes à son premier toro, dont trois naturelles « très
bonnes », et beaucoup de « demi passes » au dernier, devant lequel il se
trouva un peu démuni. « No pasa nada ! »... à condition de le
reconnaître… A signaler une grosse demie épée qui roula son premier.
Chapo !
Alors, demi succès ou demi échec… cela dépend de combien de verres on
aura vidés à la sortie. Tout est dans la nuance.
« Pa mi », la novillada fut très intéressante et les
trois jeunes « ont voulu »… C’est bien là le principal.
17 Avril – MUGRON – Novillada – ¾ de plaza – Tarde qui
tourne à « agréable », malgré l’humidité du matin – Le sol de la plaza
semblait un peu trop dur : six novillos de Angel Luis Peña, « con cuajo »,
qui firent de belles sorties, mais allèrent « a menos », excepté le
troisième, excellent. Le quatrième semblait de même qualité, mais une
grosse vuelta de campana le secoua un peu. Il accusa le coup, en début
de faena. Mauvais lot pour Mehdi Savalli, à la fois faible et décasté,
venant aux barrières et « tardant » beaucoup, tout comme le premier de
la tarde. Le sixième semblait intéressant, gardant de la mobilité et de
la codicia, mais il tourna au « violentito » et resta maître du ruedo.
Daniel Luque : Palmas et Vuelta – Mené par Tomas
Campuzano, le jeune Sévillan possède les secrets du toreo « de chispa »,
et se montre facile avec cape et muleta. Avec un toro qui charge long et
noblement répété, ce doit être un régal.
Son premier, tardo, ne dura que le temps de
quelques gauchères, et Luque en finit aux barrières, d’une entière
caidita mais en faisant bien la suerte. Le quatrième lui permit une
jolie faena « mu sevillana », pleine de douceur et de classe : Toreo
« léché », que le public n’encouragea pas assez, mais… faena de la
tarde. Hélas, deux pinchazos précédèrent l’entière, et la vuelta ne
consola guère le jeune artiste. A revoir.
Mehdi Savalli : Silence et Applaudissements trop
réduits, après un avis à chaque toro – A tout fait « en force », en
enthousiasme, en « ganas de ser torero ». Hélas, ce sont les toros qui
n’ont pas suivi.
Rien à dire au capote, sinon que les véroniques un
genou à terre, face au premier, et les largas, au second, méritaient un
gros bravo. Avec les banderilles, bueno ! Poderoso, mais on l’a vu
« plus réuni ». De plus, « le violin » devient rengaine…
A la muleta, il tomba sur deux toros de peu de force,
le premier s’étant probablement abîmé sur deux cambios dans le dos « de
miedo », qui ouvrirent la faena. Peu d’écho, hélas, dans les gradins. Le
bicho plia sur chacune des passes qui suivirent, et il fallut attendre
la fin du trasteo pour voir trois passes liées, au fil des barrières,
citées avec douceur et patience, sous les conseils du Morenito de Arles.
Hélas, Savalli pincha beaucoup, la main peut-être un peu haute, la
muleta peut-être pas assez « al hocico ». Peut-être !
Le cinquième chuta très vilainement, bloqué sur sa
patte, et tarda à se relever. Alors il fallut « porfiar » vaillamment,
au milieu ou au fil des cornes éclatées, pour tirer la moindre demi
passe, essayant de faire un ultime plaisir à ceux qui l’ignoraient.
Hélas, les pinchazos se multiplièrent et le garçon se désola. Il ne faut
pas.
El Santo : Une oreille et Palmas – Faisait son
deuxième paseo en novillada piquée. On respectera donc sa prestation,
saluant une bonne demi véronique, parmi des capotazos un peu « moviditos »
et surtout trois grosses naturelles, bien tirées, au meilleur de la
tarde. La faena était « sur la gauche », et le landais eut peut-être
tort de se désunir un peu, à droite. Mais ces naturelles-là « firent
réagir » tout le monde, et le garçon aura fait la différence. Grosse
demie lagartijera et une oreille… qui deviendra « deux », avec plus de
métier. On le souhaite !
Le sixième le mit en échec, se décomposant un peu au
moment des banderilles. Le jeune torero ne trouva pas la solution, et le
bicho devint le patron. Compréhensible
"C'est le métier qui rentre!" On attendra donc avec
espoir et générosité, mais également « avec sérieux ». Tout est question
de nuance.
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