MONT DE MARSAN : DEPART AU CANON !
Santo triomphe et
Naranjo torée…
17 Juillet : Il ne peut être question de mesurer les jeunes en sans
piquées, au diapason des toreros d’alternative. Le seul fait « de se
mettre devant » leur vaut tout notre respect, toute notre admiration.
Cependant, ils portent le costume de leurs glorieux prédécesseurs,
marchent dans leur traces, et donc veulent faire profession de cette
espèce de projet fou : Affronter, presque à main nues, un toro de
combat. Donc, sans « critiquer », on pourra quand même dire ce que l’on
en pense…
Hier, la Feria de la Madeleine 2005 a
connu « un départ canon » avec une novillada non piquée, du genre
« mouvementée », que l’on doit en grande partie à un bétail de Tardieu,
mobile, parfois trop, et un tantinet « familier » lorsque l’on oubliait
de lui imposer clairement le chemin avec cape ou muleta. Au capote, on
peut bouger, « taparse »… mais à la muleta, non ! Aussi, tous les petits
défauts et les grands manques se font aussitôt plus évidents, et le « Tu
vas voir, il va se faire… » se transforment vite en « Je te l’avais bien
dit ! »
Admirables gamins ! Ils se font
percuter, cisailler, tailler en pièces… mais ils reviennent toujours,
réanimés, rhabillés, rapiécés. Le lendemain, leur anatomie sera
probablement couverte d’ecchymoses et de bleus, mais sur l’instant, ils
réussissent à changer la moindre grimace douloureuse et un sourire
vainqueur. Admirables et déjà « muy toreros ! »
Bien sûr, tous n’arriveront pas « en
haut ». Certains ne prendront même pas l’alternative et même finiront
par laisser le costume de lumières au font de l’armoire, ou le vendront,
écoeurés, vaincus par la peur, les coups et le sort injuste. D’autres
auront plus de réussite, de courage ou de talent. Au fond d’eux-mêmes,
ils le savent déjà…
Que deviendront Julien, « de chez nous » ; Ruben, de Salamanca ; ou
Santiago, de la lointaine Colombie ? Nul ne le sait encore, même si l’on
peut en avoir quelque première idée…
Hier, les trois jeunes n’ont ménagé
aucun effort, et l’un d’entre eux, porté par la ferveur populaire, est
même sorti a hombros, mais peut être pourra t’on tenter « un hit
parade » au plan des perspectives d’avenir, qui n’engage bien sûr, que
celui qui s’y colle…
Le Salmantino Ruben Blanco a
peut-être de bons moments, avec « du pastueño », mais s’est vite trouvé
dépassé, hier par deux adversaires pegajosos, (collants), gazapones (qui
marchaient tout le temps) et accrocheurs, qui tiraient de mauvais coups
bas, ou crochetaient au passage. Un peu trop codillero (le coude au
corps), n’arrivant pas à lancer la muleta « devant », le jeune
Salmantino se fit balader par le premier, au gré d’une longue faena
souvent accrochée, puis terriblement secouer par le quatrième, bien plus
corpulent… et carrément « cabron ». Première cogida, tournant autour du
piton ; puis une seconde, en se jetant « a matar », le bicho lui
mettant, au sol, un terrible derrote qui lui frôla la tête. On a eu
peur ! Mais le dieu des jeunes vaillants était de garde, et il fut
« très pro ». Silence, à l’un, et vuelta « de convalo », au quatrième.
On espère que « tous les frais » lui auront été payés, y compris pour un
costume neuf.
Deuxième à ce hit parade « perso »,
Julien Dusseing « El Santo », de Pontonx. Le jeune landais coupa
trois oreilles, sortit a hombros et ravit l’ensemble du bon public
montois. « Trois oreilles ! Peuchère… ce n’est pas un triomphe, c’est
une apothéose ! ». Bueno ! On veut bien ! Certes le garçon fut mieux
qu’à Bayonne, notamment en son début de faena au bon cinquième. Certes
il fit étalage de vista et de bonnes facultés physiques, notamment aux
banderilles et dans « des jugueteos-recortes » de sortie ou de mise en
place. Certes il a de l’abattage et sait jouer avec le public… Certes !
N’empêche que les pieds « gigotent beaucoup », que la cape a du mal à
fixer, puis conduire les adversaires, et que l’on passe vite aux
chicuelinas… où l’on bouge mieux. N’empêche que la muleta ne commande
que rarement, et qu’on en arriva même… à gâcher le cinquième. A l’épée,
le jeune landais attaque vite et fort, même si le résultat est bien
aléatoire : Demie verticale et de travers au premier, et entière
delantera caida, ressortant par-dessous, à son second. Il y eut de
belles envolées et un violin, aux banderilles. Il y eut quelques
muletazos bien tirés et deux beaux pechos, à la muleta… Il y eut trois
oreilles et beaucoup de fleurs. C’est logique, tout à fait normal, tout
à fait humain : Le Santo est chez lui. Mais ailleurs ????
On aura préféré, et de très très loin,
le jeune Santiago Naranjo, né à Manizales, en, Colombie. Il a
pris des coups, hier, pour vouloir « rester quieto » et faire les choses
« bien ». Cependant, on lui aura vu d’importants détails qui ne trompent
pas, avec cape, banderilles et muleta. Cette façon de fixer le torillo,
puis de planter les pieds, au capote ; cette façon de « gustarse » au
sortir des demies ou des reboleras. Bien entendu, tout ne va pas tout
seul, et le premier de la tarde lui mit une grosse rouste, en initiant
un quite, cape dans le dos. Taleguilla rompue de bas en haut, flottant
sur la jambe quasi dénudée, le garçon revint « sin mirarse » et plaça un
nouveau quite. Aux banderilles, il sait gagner la tête et « clouer
beau », sans gesticulations superflues. A la muleta, « il pense » devant
le toro, pose les pieds bien à plat, et avance la main. Son toreo est
ferme, rigoureux, et les muletazos ont souvent la qualité des grands :
muy limpios ! Son premier lui mit, de la corne gauche, une terrible
cogida qui nous donna la méchante impression de lui avoir fait très mal.
On le ramena à la barrière ; on fit un rapide examen, trouvant
probablement « des coups partout », mais le garçon repartit, à moitié
dans le cirage, tandis que Blanco avait déjà l’épée en main. Naranjo mit
une série, à deux doigts de l’évanouissement, et revint à la charge pour
une lame forte, très vaillamment portée. Il coupa une oreille « de
courageux ». Le sixième fut longuement brindé au ciel, et certains ne
perçurent pas l’émotion du moment. Naranjo attaqua, et tira des
muletazos importants, sans toutefois parvenir à enthousiasmer la
majorité. Vuelta seulement, mais un gros satisfecit, et l’envie de le
revoir au plus tôt.
C’est ainsi que s’est ouverte cette Madeleine 2005, porteuse de tant
d’espoirs… et peut-être, de tant de craintes. A chaque jour sa peine, et
hier, elle fut bien légère. « Pouvou qué cà doure ! »
Ce dimanche, cuidado ! Corridon de Escolar Gil. On imagine le trapio..
mais on craint le caractère ! Côté des hommes, s’y colleront Pepin Liria,
que l’on reverra avec plaisir ; Juan Jose Padilla, toujours à l’aise au
Plumaçon, et Domingo Lopez Chaves, sur la lancée d’une très bonne
sortie, à Pamplona.
Autre nouvelle totalement confirmée : Salvador Cortes, auteur d’une
grande dernière quinzaine (Soria et surtout Pamplona), remplacera le
Gallo, jeudi, en compagnie de César Rincon et Salvador Vega, devant les
Gracigrande. |