L'ACTUALITÉ TAURINE
(Mai 2002)

SOUS LE MUGUET, LA HAINE…

     1er Mai 2002 : On peut, ici, parler « Toros »... et on ne devrait presque ne parler « que de  Toros »… Mais, comme on l’a dit tant de fois, on ne peut dissocier les Aficionados, des hommes et des femmes qu’ils sont tous ; des pères et mères de famille qu’ils sont, tous ; des citoyens, que nous sommes, tous… Trop de choses graves se passent dans ce pays, pour que l’on se cache derrière un burladero  d’indifférence.

     Depuis le 21 Avril, date que certains considèrent plus grave que des plus terribles de notre histoire, nous sommes embarqués dans un cortège de haine et d’outrances qui ne peut qu’engendrer, demain, des divisions et de terribles rancoeurs.
     La France est malade de sa propre culpabilité ! Pour cacher sa faute, elle multiplie les « C ‘est pas moi, c’est l’autre », poussant au maximum l’insulte, la haine aveugle, le « vrai » racisme. Et cela ne peut avoir qu’une conséquence : un fossé qui va encore s’écarter, entre les simples, les pacifiques, les discrets, les responsables… et ceux qui, trop incultes ou trop désinvoltes, veulent « tout avoir sans rien payer », « tout régenter, dans le moindre effort », bien exploités par des petits malins « bien cravatés » qui s’en mettent « pleins les fouilles », en toute démocratie !
     Soyons clairs : Il est plus facile de voler que de gagner son pain, à la sueur de son front. Il est plus facile de dormir jusqu’à midi, que de se lever matin. Il est plus facile de faire des fautes « d’aurtograffe » que de se casser la tête à faire accorder le participe passé avec l’auxiliaire « avoir ». Il est plus facile d’inventer quelque dialecte barbare, plutôt que d’essayer de s’exprimer dans un français correct. Il est plus facile de « hurler en masse », d’invectiver, d’insulter, plutôt que de dialoguer, d’argumenter, face à face, de respecter son adversaire, quel qu’il soit, et de le terrasser par la sagesse, la technique, le courage… (Ce que font… les toreros !)  
     La France, par la lâcheté de nombreux politiques qui ont préféré « marginaliser » plutôt que « combattre, politiquement », se trouve aujourd’hui à un carrefour de son histoire. D’impressionnants cortèges, chargés d’une électricité et d’une fièvre qui n’ont rien de « démocratiques », quoiqu’on en disent, vont déambuler aujourd’hui, risquent de s’entrecroiser, se heurter, s’affronter. Les médias, « un état dans l’Etat », font tout, pour cela…
     Alors nous avons peur… mais pas la peur de tous. Nous ne disons pas « crève, charogne ! » comme nous l’avons vu. Nous ne parlons encore moins de « bœuf borgne », comme sur une radio d’audience nationale… Nous ne jetons pas l’anathème sur 20% de nos concitoyens…
     Ce qui nous fait peur… c’est demain ! C’est cette victoire que d’aucuns appelleront « de la République, de la Démocratie, du Peuple »… et qui ne sera, en fait, que la victoire des insolents, des irresponsables, des indifférents. Demain, contre qui défilera t’on ? Contre l’escroc ? Contre le « Supermenteur » ? Contre qui d’autre, après demain ? Quel diable trouvera t’on pour cacher nos bassesses et nos lâchetés ? Pourra t’on encore, longtemps, abrutir les gens avec des « rave parties » ou des « loft stories » ? Quel « dépénalisation » trouvera t’on, encore, pour cacher notre impuissance et notre manque de courage ?
     C’est dimanche que cela se passe ! Comme cela « aurait du se passer » le dimanche 21 avril. Pas la peine de hurler « si j’avais su ! ». Si, en toute responsabilité, en toute « démocratie », les français avaient accompli leur devoir électoral, depuis dix ans, et si la gent politique avait combattu les idées adverses, par l’argument, les réformes et les réussites… il est des choses et des personnes, dont on ne parlerait plus, aujourd’hui.
     Alors… criez moins, et votez plus !
     Alors, messieurs qu’on nomme grands, « discourez moins », et écoutez plus ceux qui travaillent et ceux qui « essaient » de vivre une vie simple, honnête, respectueuse des hommes et des biens…
     Demain, faites bien attention… Pendant que des milliers de français hurlent des insanités, d’autres se taisent, écoutent et s’impatientent. Il n’est que d’entendre certains messages quand « les auditeurs ont la parole »… A force d’outrances, on pourrait bien arriver au résultat contraire à celui escompté. Et cela, oui, serait un drame.
     Ce qui doit prévaloir… ce qui aurait du prévaloir, c’est le calme, la sagesse, et la responsabilité de chacun. Ce qui doit prévaloir, c’est le respect de tous. Ce qui doit prévaloir, c’est le vote, en connaissance de cause, et en toute liberté. Des gens sont morts, pour cela…

     Je m’excuse auprès de ceux qui n’attendent ici, que des nouvelles taurines. Vous êtes de plus en plus nombreux à nous suivre, et nous vous en remercions. Mais vous le savez, depuis toujours, cette chronique taurine mêle le quotidien « de tous les jours », au purement taurin. Parce qu’avant d’être aficionados, nous sommes des êtres humains qui vivons, aimons, souffrons.
     Aussi, vous ne serez pas étonnés que nous soyons un peu inquiets de tout ce qui se passe, comme vous, peut-être, et… qu’avec vous, peut-être, en ce 1er Mai, nous souhaitions à tous de trouver, sous tant de haine… un brin de muguet.

 

MADRID : COMMUNAUTE, LA BIEN NOMMEE…

     1er Mai : En échauffement de sa feria de San Isidro, Madrid va donner, sur quatre jours, sa mini feria de La Comunidad. Des raisons historiques, tout d’abord… tout le monde, ou presque, ayant entendu parler du 2 de Mayo; des raisons pratiques, ensuite, car il faut vérifier que tout est en ordre pour les trente jours qui suivent : Les gens sont à leur place, les clarines sonnent justes, les portes ne grincent pas et les chevaux marchent droit. Dans son chiquero, Florito, qui risque d’avoir du boulot, cette année, a mis tous ses cabestros « à l’EPO », et lui même revoit ses stratégies pour battre, cette année, le temps record à rentrer un toro protesté. Ce sera dur, mais c’est « le champion » toutes catégories. Cette année, peut-être arrivera t’il à « rentrer » un toro... avant qu’il ne sorte !

     Pour ce galop d’essai… trois novilladas encadrant une goyesque, qui aura lieu le… 2 de Mayo. Normal ! La corrida Goyesca verra s’affronter Espla, le chouchou de Las Ventas, et Luis Miguel Encabo, que l’on peut baptiser « l’ex futur chouchou » de Las Ventas. En Face, du Nuñez et de l’Alcurrucen.

     C’est du côté des novilladas que les regards convergent : Chaque jour, un point de gros intérêt. Cet après midi, Leandro Marcos fera ses adieux de novillero, à Madrid. Dimanche, ce sera Séville : présentation et despedida. Le 13 Mai, ce sera l’alternative, à Valladolid.
     Curieux torero que Leandro Marcos: Esthétique avant tout, parfois très profond, quelquefois « un peu léger », souvent décevant. Et pourtant, on ne peut s’empêcher de suivre ses évolutions, et se dire que le toro donnera « plus d’importance » à ce qu’il fait. L’accompagneront Jarocho, dont on surveillera l’épée, et Andres Palacios qui eut ici, quelques détails, en début de saison. Les novillos seront de Garcigrande. Entre parenthèses… donc ( Domingo Hernandez a déjà lidié 6 corridas de Garcigrande, cette année. C’est à dire 28 toros, en deux mois et demi. Pas mal. On peut parier sur vingt cinq corridas, cette année. Résultat…)

     Le 3 Mai, un gros cartel, avec Reyes Mendoza, et la présentation de Salvador Vega. Cuidado con este ! Mais, bien sûr, l’élément majeur sera la nouvelle parution à Madrid de Javier Valverde. Il peut devenir « torero de Madrid », d’autant que Las Ventas aura encore en mémoire le fracaso (il faut appeler les choses comme elles sont) de Cesar Jimenez, dimanche dernier. Valverde, vrai, puissant, lidiador et courageux, ne fait pas dans la fioriture, encore moins dans la dentelle. Madrid l’a vu ainsi et le « poussera », chaque fois que le garçon « met la jambe », et la laisse… Les novillos du Ventorrillo, cependant, inquiètent un peu. (Il est cependant sorti un bon lot, en festival, il y a peu)

     Le 4 Mai, on suivra la novillada du Puerto San Lorenzo, qu’affronteront Martin Quintana, connu ici; Luis Rubias, et surtout Matias Tejela, qui a fait, en mars, une bonne présentation, et dont tous ont souvenir de la bonne faena, face à un super Fuente Ymbro, aux Fallas de Valencia…

     Madrid, "Feria de la Comunidad"... pour l'Aficion, "en bonne communauté"!

 

1er MAI : « ON TRAVAILLE !»

     Avouez qu’on est autrement que les autres… Alors que tous célébrons la fête du travail… « en ne f… rien », les toreros, eux, s’enfilent leur bleu "de lumières", se serrent les machos, et s’en vont pointer, à Palavas ou Aire sur Adour. Valientes!

     A Palavas, ce sera « le retour du chevelu ». Que l’on ne s’y trompe pas, tout cela est dit avec un immense respect. Ne pas oublier quand même, que l’on surnommait Manuel Benitez, « El Melenas » ! Donc, pas d’injure.
     La sourire est aussi grand que la plaza, la tignasse est plus clairsemée, et surtout, blanche comme farine, et l’on ne peut éviter quelque tristesse en feuilletant le dernier recueil de Lucien Clergue, qui reprend les photos des années 60/65, années Cordobes, et y ajoute des clichés du « Melenas 2000 »… Et là, le grand écart est douloureux (pour nous, mais pas pour lui, apparemment !)
     « El Cordobes », le vrai, l’unique, revient donc, cet après midi, dans « sa » plaza de Palavas. Il y défilera, flanqué de Denis Loré et Sebastian Castella. Avant hier, hier et… demain ! Les toros seront des frères Tornay.

     En Plaza d’Aire sur Adour, corrida de Palha… Le ganadero, empresa de la plaza, aura à cœur, on l’espère, de rectifier « quelques points obscurs », (pour ne pas dire « quelques pointes ! ») dans ses programmes passés. Que haya suerte !
     Au cartel : El Fundi, "guerrier de toujours" qui doit déjà penser à « la tia » de Pablo Romero, Partido de Resina, qui l’attend à Madrid, pour l’ouverture de la Saint Isidore. (Allez donc faire un tour du côté de www.las-ventas.com !) ; Juan Jose Padilla, torero de facultés physiques (même s’il s’est coupé les pattes !) et Luis Miguel Encabo. Il devrait y avoir de grosses explications, aux banderilles. Côté muleta… c’est une autre histoire !

     Voilà donc, à peu près, comment se présente la journée…

     On reviendra sur l’analyse des cartels de Dax, tout à fait intéressants.
     On reviendra également sur la feria d’Aguascalientes, où Morante a coupé une oreille forte, mais surtout, a mis « un recibir », ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps.
     Juli est en tournée au Mexique, toréant avec le Zotoluco, qui rencontre de grosses difficultés à entrer dans les cartels, y compris de Pamplona… Dommage, et injuste ! Pour le moment, seule la France reconnaît ses mérites. 

 

« ON » S’EN FELICITE…

     2 Mai : Avouez que la langue française a, parfois, de drôles de circonvolutions oratoires… Par exemple, le « Je m’en félicite ! » Celle-là, elle vaut le détour.
     Juché sur une tribune, devant des centaines de personnes attentives, des caméras épiant ses moindres gestes, un homme politique commente les erreurs de ses adversaires d’un jour, mais copains de toujours, et passe rapidement sur leurs réussites, (justement celles qu’il n’a pas eu le courage ou l’envie d’entreprendre), en se faisant le quite d’un convaincu « …et je m’en félicite ! ». En général, c’est suivi d’un « mais… » qui en dit long sur le suivant « il y a mieux à faire ! » Ben, tiens !
     Donc, suivant à la lettre cette « gymnastique politico oratoire », on dira « qu’on se félicite » que tout ce soit bien passé, hier, dans les rues de France, « mais… », que c’est dimanche prochain que cela se joue. Ni avant, ni après… Quoique !
     Après… on n’a pas fini d’entendre des « Je m’en félicite ! », mais au moins, en principe, « la gauche » sera repartie à gauche ; « la droite », à droite ; et les bambins… à la maternelle ! Ainsi donc, tout se remettra en place… en bonne cohabitation ! Et certains, déjà… s’en félicitent !

     Hier, dans les plazas du monde, « on se félicitera… » de la chance qu’a eue Jarocho, en plaza de Madid. Le novillo l’a pris de très vilaine façon, et c’est miracle que le cornada soit, somme toute, légère. En France, devra t’on se féliciter des « anecdotes » de Palavas et Aire sur Adour ? A Palavas, on se doutait bien que les Tornay Brothers n’allaient pas envoyer des monstres, mais quand même… A Aire sur Adour, décidément spécialiste en embrouilles, la corrida à été suspendue et renvoyée au 14 Juin, pour cause… de ruedo impraticable. Il faut dire qu’il y avait bien peu de monde à la porte. Ceux qui ne sont pas venus ont eu raison… et on s’en félicite !
     En Espagne, la lésion de Pepin Jimenez provoquera peut-être la première substitution de la San Isidro (déchirure des tendons à deux doigts de la main gauche, en plaza d’Almoguera (Guadalajara).
     Quant au Juli, il est en pleine bourre, au soleil de Mexico : Quatre oreilles et un rabo, lundi, à Tepatitlan (Vous ne savez pas où c’est?… Je ne vous félicite pas ! En fait, juste à côté d’Azcapotzalco), et hier, 1er Mai, le madrilène à rempli Aguascalientes, sortant a hombros après avoir mis le feu à la plaza.

     1er Mai – MADRID (Las Ventas) – Première novillada de la Feria de la Comunidad – Casi lleno – Un vent épouvantable.
     La novillada de Garcigrande aurait peut-être mieux servi, si les toreros avaient pu l’amener « au large ». Hélas, le vent les en empêcha, faisant payer très cher à Jarocho, l’audace de le défier. Novillada bien présentée, mais inégale (447, 503, 469, 501, 470, 468 kgs), en général mansa, sans grande complication, sauf celle de « rajarse », de réduire et soudain arrêter le combat. Le meilleur du lot, de loin, fut le second, que le torero ne put exploiter complètement.
     Jarocho (Silence – Cornada) montra une décision de tout moment. Cette décision le conduisit à tutoyer l’impossible, sans tenir compte des conditions climatiques. Et il arriva… ce qui devait arriver. Déjà au premier, après deux largas à genoux, le novillero était parti au centre, désireux d’entamer se faena « main gauche », d’entrée. Le vent et le toro se mirent vite d’accord, poussant le torero à rejoindre les abris, lui pardonnant une première audace. Hélas, cela se passa moins bien au quatrième : Jarocho  cite de loin, main gauche. Le toro s’arrache, le vent fait flamboyer la muleta, découvrant le torero. La voltige est impressionnante, la cornada… « en l’air ». Le torero est repris au sol, jambe gauche… On craint « le gros tabac ». De fait, Jarocho souffre d’une cornada de 18 centimètres, face interne cuisse gauche, qui a fait des dégâts musculaires et contusionné l’artère fémorale. Spectaculaire, mais pas trop grave. « On s’en félicite ! »
     Leandro Marcos (Ovation – Silence) débuta formidablement sa faena au deuxième, meilleur du lot. Esthétique de haut vol dans les premiers muletazos. Grande première série à droite, le torero voulant prendre du champ. La série suivante sera plus chahutée et l’enchantement, rompu. Faena « de mas a menos », avec encore quelques éclairs d’une classe indéniable. Estocade douteuse, atravesadilla, et une ovation, quand tous avions rêvé mieux. Il estoqua en silence le toro qui avait pris le Jarocho. Même sanction populaire à la mort de son second, qui, comme le torero, s’éteint rapidement.
    Andres Palacios (Silence – Silence) toucha le moins bon, faible et triste. Le torero est très jeune, un peu vert. Cependant, faute de réel sentiment et de grande envolées esthétiques, il manifesta un évident désir de « bien » faire les choses, sans perdre les pédales. Il y aura d’autres opportunités, moins venteuses.

     Ce 2 Mai (Dos de Mayo) on espère que Madrid ne résonnera d’autres explosions que celles des applaudissements du public aux exploits de Luis Francisco Espla et Luis Miguel Encabo, en mano a mano « goyesque », face à des toros de Nuñez et Alcurrucen.

     1er Mai - PALAVAS – Plus de media plaza –Temps frisquet : (de notre correspondante) Faut il appeler cela « corrida de toros » ? Hélas, oui. Le lot des frères Tornay était « à la hauteur » des circonstances. De plus, beaucoup, beaucoup de faiblesse.
     Manuel Benitez « El Cordobes » a souri plus qu’il n’a toréé. C’est ce que tous attendaient. Mais bon… il faut le faire ! Oreille au quatrième – Denis Loré s’est régalé, dans les trois tiers. En plénitude, (et on s’en félicite !) Loré a coupé quatre oreilles, confirmant sitio et grand style estoqueador, même si « se le fue la mano » à son premier – Sebastian Castella ne put que constater les dégâts, face à son premier, totalement invalide. L’oreille coupée au sixième ne marquera guère son curriculum.
     Ravi de sa journée, le Cordobes eut le geste de faire don de son costume de lumières (tabac et or), à la Ville de Palavas, qui l’a si bien accueilli. Sacré Manolo !

    1er Mai – AGUASCALIENTES (Mexique) – Feria de San Marcos – casi lleno : Corrida inégale de Real de Saltillo. Les 4 et 6èmes furent les bons ; le 3ème… le garbanzo.
     Jose Maria Luevano fut bien, toute la journée, perdant un trophée en pinchant le premier, mais coupant les deux du quatrième, toréant « largo », avec temple et personnalité.
     Fernando Ochoa toucha le mauvais lot et pincha beaucoup. Applaudissements à l’un, et deux avis, au cinquième.
     El Juli reçut une bronca pour ne pas trop s’efforcer devant « la carne » troisième. Il picota beaucoup du bout de l’épée, et les mexicains n’apprécièrent  que moyennement. Par contre, Julian Lopez sortit « toute l’artillerie » face au dernier : capote, banderilles et grosse faena à la muleta. Pinchazo et estoconazo qui n’a d’égal que le but de Raul, pour le Real Madrid. Un cañonazo ! Deux oreilles et sortie en apothéose. Este tio !

 

LE « BANDIT D’HONNEUR »...

     3 Mai : Super photo de David Colado, dans le mundotoro.com de ce jour, illustrant la corrida goyesca de Madrid : Debout sur l’estribo « à l’intérieur » du callejon, Luis Francisco Espla salue l’ovation du public, tandis qu’à deux mètres, Luis Miguel Encabo sourit.
     C’est un peu l’illustration de cette corrida du « Dos de Mayo », en plaza de Las Ventas, et de l’affection sans bornes que voue le public madrilène au diestro d’Alicante.
     Soyons honnêtes ! Tout autre torero ayant osé cette attitude bien peu académique, sinon torera, se serait fait taxer d’insolent, et l’ovation d’un coup se serait transformée en « forte division ».
     Cependant, Luis Francisco Espla, « chouchou de Madrid » y fait ce qu’il veut : ne pas fixer les pieds une seule fois, au capote, faisant passer ses toros pour « impossibles » ; transformer en cours de « science des terrains » de pâles trasteos où de rares passes bien tirées parsèment un fatras de demi trapazos ; des estocades « au pas de banderilles »… Bref, tout ce qui, chez un autre, serait sifflé, Espla en use et abuse, et cela passe… sans vaseline aucune.
     Pendant ce temps, l’autre torero s’échine à « planter les pieds », toréer « ferme et limpio »… Il peut toujours s’accrocher… en deux courses et trois clins d’yeux, Espla a résolu le problème, changé les sifflets en murmures flatteurs.
     Ajoutez à cela le costume « sui generis » et les bas blancs… Ajoutez à cela, deux ou trois courses « vistosas » aux banderilles , avec des recortes divers qui, justement, coupent l’élan trop vif du toro… et vous avez une digne actuacion du grand maître de la prestidigitation taurine, au demeurant fort sympathique. Une sorte de « bandit d’honneur », de « Cartouche des ruedos », de « Mandrin des trois tercios » ; de « Fradiavolo de la lidia »…
     Maintenant… Chapeau ! Luis Francisco Espla, depuis toujours, sait qu’il manque de « qualité torera » (son frère en avait cent fois plus). Il sait qu’il n’est pas muletero, et qu’il a du mal à « fixer les pieds ». Il sait qu’il n’est pas « grand tueur »… Alors, et depuis longtemps, il a tout suppléé par une grande intelligence, un énorme sens du spectacle, une grande psychologie du public, et la technique qu’il faut pour lidier efficacement, le mastodonte comme l’utrero. Pour cela, on puise dans les pages de « la Lidia » d’avant hier, et on innove, s’il le faut. Et ça marche…
     Luis Francisco Espla, philosophe, artiste, torero et … superlisto ! (On n’a pas dit « supermenteur », cuidado !). Madrid le sait, et l’a adopté, totalement. Pendant ce temps, les copains s’accrochent, et sourient en coin…
     Hier, feu Joaquin Vidal, qui n’est pas pour rien dans ce grand amour bien touchant, se serait régalé. Espla est venu, a dansé quelque menuet, a salué une petite ovation, de l’intérieur du callejon et s’en est reparti, tranquille, sous « leurs » applaudissements. Asi las cosas !
    
Aux côtés du « Maaaaîîîître », il convient de souligner le sérieux, le courage, la fermeté de Luis Miguel Encabo, hier à Madrid. Tuant mal, il a perdu une oreille et quelques plus fortes ovations. Mais, qu’on le veuille ou non,  Encabo a mis un repaso à l’Alicantin,… et dans les trois tiers : Capote, banderilles, muleta. Cependant, le madrilène manque de cette malice, de cette connexion avec le public, qui sont l’apanage des privilégiés. Il lui manque aussi… un physique. Cela compte ! Pas vrai, mesdames, (et certains messieurs) ? Cependant, c’est ainsi qu’on le préfère… Encabo, sans triompher, a confirmé, hier, en plaza de Madrid, qu’il est torero à prendre en compte, dans nombre de ferias.
     A noter, pendant toute la corrida, les insupportables commentaires des « costaleros » de Tele Madrid, pour qui tout était beau, ne voulant pas faire le distinguo entre un grand quite par véroniques, sur place, et un autre, dansé par navarras, sur trente mètres carrés… à un même toro. Ce n’est pas comme cela « que l’on fait aficion »… et il est bien dommage que Joaquin Bernado et Victorino Martin hijo, se prêtent à ce jeu…

     2 Mai – MADRID (Las Ventas) – Corrida Goyesca – Deuxième de la Comunidad – Llenazo – Temps changeant (de gris, froid, venteux… à venteux, froid et gris.) : Mano a mano Espla Encabo, gêné par le vent, mal servi par le ganado.
     Trois toros de Carlos Nuñez, (sortis 2, 3, 4èmes) ; Deux d’Alcurrucen (1, 5ème). Le sixième, du même fer, aurait sûrement brillé, mais se blessa dans un malencontreux puyazo pris au hasard d’un cafouillage de la lidia. Il fut remplacé par un Hermanos Lozano, qui finit par « servir », à la muleta décidée d’Encabo. Dénominateur commun : Encaste Nuñez. Présentation : Costauds, hauts et longs, armés « durs ». A la bascule : 507, 502, 581, 545, 592, 562 (le sobrero) Kgs. Les Alcurrucen ont, de loin, donné meilleur jeu que les Nuñez. En général, les toros ont mis du temps à charger, se montrant « tardos », mais « explosifs » quand ils décidaient d’y aller. Beaucoup de charges courtes, de regards et retours peu agréables. Toros « probones », au péril « sourd », difficiles « à lier ».
     Luis Francisco Espla (Silence – Ovation – Silence) avait chaussé les bas blancs et la super démagogie. Beaucoup de danse à la cape, peu de réussite aux banderilles (il ne prit pas les bâtons, au cinquième) et peu de réel engagement à la muleta. Cependant, tout est bien enveloppé, aérien, facile et intelligent. Todo un maestro. Tuant vite, sinon bien (seul le cinquième sera cafouillé, avec rapière et descabello), Espla obtiendra le plus grande respect du public madrilène, alors qu’il laisse passer le cinquième, bon toro à gauche, et aurait pu tirer mieux du troisième. A côté de cela, des navarras tourbillonnante, des rogerinas, des faroles … toute la boutique. Un maestro !
     Luis Miguel Encabo (Silence – Silence, après avis – Applaudissements, après avis) a réglé trois toros en 7 pinchazos, trois estocades dont deux défectueuses, et 4 descabellos. D’où le résultat final… qui ne traduit absolument pas le sérieux, l’engagement, la fermeté de ce torero, hier, à Madrid. A chacun de ses toros, Encabo a fait le maximum, dans les trois tiers. Il a été de tous les quites, toréant précis, pausé, esthétique… par chicuelinas, véroniques, delantales. Muy torero ! A noter une magnifique réception de cape au sixième, avant qu’il ne se blesse : Véroniques en chargeant la suerte, en « mettant les reins » ; deux demies et un remate à une main, pour une grande photo. Aux banderilles, il partit sur les deux côtés, vif et courageux, malgré  de puissantes arrancadas de ses adversaires. A la muleta, il tenta, chaque fois de faire les choses « bien », les pieds ancrés au sol, aguantant de vilains parones de ses toros, et des œillades peu amicales. Faenas difficiles, aux deux premiers toros, l’un rajado, l’autre violent. De très bonnes choses, « a mas », face au sobrero, le torero finissant même par « gustarse » sur deux derechazos « abandonnés » et un remate final par de bons doblones « génuflexés »… Muy torero ! Hélas, l’épée fut sa croix, et la froide statistique ne dira jamais combien son actuacion aura été sérieuse, honnête et torera. Muy bien, por Encabo, qui retrouvera le « Maesto Espla », le 8 Juin, face aux Victorinos.

     Ce 3 Mai : Deuxième novillada de la Feria de la Comunidad : Cartel important, avec la nouvelle sortie à Madrid de Javier Valverde et la présentation de Salvador Vega, les deux promesses étant précédées de Reyes Mendoza, à la veille de son alternative cordouane. Le ganado sera du Ventorrillo. 

 

AU GRE DES VENTS MAUVAIS...

     4 Mai : Tempête sur la France… Tempête sur Madrid-Las Ventas. Chez nous, les derniers bruits de « la triste campagne » sonnent le premier tiers des futures divisions, des futures outrances. On « sauve la démocratie » comme on peut… Mais, tous ont « tellement dit » que l’on restera cois ! Quoi? Pourquoi ici ne donnons nous pas, "nous aussi", nos consignes de vote ? Tout simplement parce qu’ici, on prend les gens « pour des grands », et on les respecte. On leur dit : Pensez et votez, selon votre conscience, et non celle de ceux qui devraient l’avoir « plus mauvaise »…
     Tempête sur Madrid-LasVentas. Curieux, quand même ! Quand on lit les chroniques des décades précédentes, on n’a pas l’écho permanent de ce vent mauvais qui balaie la plaza, lève les capes et les muletas, bien plus haut que les jupes de filles, laisse les toreros à découvert, à la merci du moindre piton qui passe… Lisez Cañabate, K-Hito; parcourez les anciens « Ruedos » ou « Digame »… Ils ne parlent que très peu de « vendaval », de « viento huracanado » qui faussent toutes les données, qui mettent les toreros en danger constant… Aujourd'hui... c'est tout le temps!  Bizarre ! Les temps ont vraiment changé!
      Hier, Eole s’en est donné à cœur joie, et vraiment, il faut féliciter les toreros de s’être comportés « en héros », sans ostentation aucune, face au double danger du toro et des rafales traîtresses. On ne peut pas leur tirer notre chapeau, il s’envolerait… mais le cœur y est. Enhorabuena, señores !

     Trois toreros, trois conceptions du toreo, trois personnalités. Un « vertical », stoïque, amnoletado ! Normal, « Es de Cordoba ! ». Il s’appelle Reyes Mendoza. Un torero « macho », puissant, tête claire et cœur en haut : le Salmantino Javier Valverde, pour qui Madrid a un gros coup de cœur, totalement justifié. Enfin, Salvador Vega, de Malaga, torero de riches essences, styliste et vaillant à la fois, qui faisait son premier paseo à Madrid. En face, un lot de Ventorrillo, tout droit sorti de la Domecq family, partant dans tous les sens et finissant par se calmer un peu.
     Tour à tour, les hommes se sont illustrés : Reyes Mendoza, sans avoir l’air d’y toucher, s’est passé le premier, « très près », puis s’est un peu effiloché. Javier Valverde a écrit une nouvelle page de son histoire d’amour avec Madrid, ponctuée de pundonor et d’honnêteté. Salvador Vega a présenté, face au sixième, une « carte d’identité » qui s’est transformée en « carte de crédit ». On le reverra ici, avec grand intérêt, fin du mois, à la San Isidro.
     Sans être formidable, la deuxième novillada de la Feria de la Comunidad aura laissé de bons souvenirs, les hommes combattant avec honneur, dans des conditions très difficiles.

     3 Mai – MADRID (Las Ventas) – 2ème novillada de la Feria de la Comunidad – ¾ de plaza – Temps ensoleillé mais froid – Vent terrible, se calmant un peu, en fin de spectacle : Six novillos du Ventorrillo, bien présentés, sans « surpoids » (458, 452, 463, 508, 460, 460 kgs). Les toros sont sortis distraits, sin fijeza, durs à toréer au capote, prenant des piques « al relance », s’échappant à la morsure du fer, et repartant en rafales. Mansos au premier tiers, le quatrième excepté, qui prit deux gros puyazos en faisant tanguer l’équipage. A la muleta, les choses se clamèrent un peu, et certaines charges furent très acceptables, en particulier chez les premiers et dernier. Le quatrième raccourcit son voyage ; le deuxième gigota beaucoup, mais en chargeant droit. Les plus incommodes : Trois et cinquième. Débutée en mansada, la novillada se laissa toréer, de façon irrégulière, encore accentuée par les conditions climatiques.
     Reyes Mendoza (Ovation – Silence) se montra calme et décidé, face au premier. Le cordouan surprit tout le monde en clôturant ses véroniques de réception, par une larga à genoux. Tiens ! (Attention : Gros mérite, car ici, le torero ne « surprend plus » le toro, contrairement à la larga d’ouverture). Lidia un peu désordonnée, marquée par un gros quite de Valverde, par talaveranas de grand mérite, la cape étant secouée comme linge au soleil du mistral. Autre surprise, la faena de Mendoza : séries de muletazos, main gauche, liés, serrés, verticaux. Le toro charge et le torero, en toute sérénité, tire de bonnes séquences, parsemées de détails plus baroques. Voulant « placer » un deuxième changement dans le dos, le cordouan se découvre, tandis que le toro a hésité. La cogida est inéluctable, et se termine sans trop de bobo, heureusement : coupure à la pommette gauche, et « les côtes en long ». Hélas, le vaillant cordouan n’est pas grand tueur, et tout espoir de médaille s’envole en un pinchazo bien vilain et une entière, bien basse. Face au quatrième, Reyes Mendoza perdra peu à peu le nord, face à un toro qui deviendra tardo, pour s’arrêter définitivement. Toro et torero « a menos » !
     Javier Valverde (Une oreille – Pétition et grande ovation) a confirmé tout le bien que Madrid pensait de lui, au cours d’une actuacion très valeureuse, marquée par une terrible cogida, en estoquant son premier adversaire. On a d’abord cru à la grosse cornada, à l’aine ou au côté droits. Puis, on a pensé « fracture », en le voyant boiter bas, et ne pouvoir terminer sa vuelta. Grosse inquiétude : La San Isidro, et l’alternative sont toutes proches. De fait, un terrible coup et une probable déchirure musculaire. Soigné à l’infirmerie, la jambe fortement « strappée », Valverde reviendra et sans affectation, affrontera le cinquième. Todo un valiente.
     Avant l’accident,  Javier Valverde s’était montré torero, technicien et courageux, dans une faena, au centre, décousue par le vent, mais ferme et sans fards. Certes, il n’y eut pas de longues séries liées, coulées, templées, mais des passes puissantes, le torero imposant le trajet, clôturant de doubles pechos vibrants. Un redondo inversé signa la domination, et quatre grosses manoletinas se terminèrent par un desplante risqué, la muleta flamboyant dans le dos. Gros pinchazo, la lame se pliant, et grande estocade, le torero étant très vilainement accroché. La faena, en elle-même, n’était pas « d’oreille », mais l’émotion qu’elle provoqua et le respect qu’a Madrid, pour ce torero «totalement honnête », ont suscité une bonne pétition que le président a justement écoutée. Le cinquième n’avait qu’une envie : serrer au plus près les tables, et filer en terrains de chiqueros. Le public ovationna fortement le brindis, et Valverde s’employa au maximum face à un toro qui changea vite, tourna au court, regardant beaucoup, au fil des passes. L’estocade, en entrant bien, résulta un peu de côté, et la nouvelle pétition d’oreille fut, cette fois, refusée. Grande ovation pour un Valverde dont le cartel s’est encore renforcé.
     Salvador Vega (Avis et silence – Pétition minoritaire et grande ovation) a fait sa présentation à Madrid, face au toro « Barbero », un burraco de 463 kgs, portant le numéro 83. Peu de réussite lors de ce premier chapitre : le toro ne permet guère, et le vent n’arrange rien. Vega aura quelque geste, avec cape et muleta, mais le tout ne passera pas, d’autant que l’épée et le descabello seront bien hésitants. Quand sort le sixième, le vent s’est calmé, et Vega pourra, déjà, montrer quelques grands détails, par véroniques, un genoux à terre, closes de deux demies « toreras ». Madrid a dit « tiens ! » A la muleta, le toro arrive encasté, et Vega ne pourra complètement le dominer. Cependant, sa faeana sera pleine d’allure et de détails très artistes, débutée en doblones poderosos, un genou à terre, se poursuivant en derechazos et naturelles classiques, courant bien la main, chaque fois rematés de grands pases de pechos, ou de firmas, pieds joints, les yeux dans le tendidos.  Final par une grande série de doblones "d’adorno" et, hélas, un pinchazo suivi d’une entière, violente, puissante, mais delantera. Vega ne coupera pas d’oreille, mais on l’attendra, avec respect, le 30 mai.

     Ce soir, dernière novillada de la mini feria de la Comunidad : Martin Quintana, Luis Rubias et  Matias Tejela, face à des Puerto San Lorenzo.

 

NOUVELLES DE L’INFIRMERIE…

     4 Mai : On se souvient de la douloureuse prestation du jeune rejoneador Alvaro Montes, dimanche dernier, en plaza de Floirac. La lésion qu’il traîne, depuis plus d’un an, risque d’être beaucoup plus grave que prévu. On parle de plus d’un mois d’arrêt, et un diagnostic plus précis, en milieu de semaine. Outre une grave tendinite de l’épaule droite, viennent s’ajouter quelques graves suspicions d’arthrose, ce qui serait beaucoup plus ennuyeux pour la suite de la carrière de ce jeune cavalier qui, on l’a vu, l’an passé à Bayonne, semble plein d’avenir.

     Qu’ils soient « riches ou sans le sou », les toreros sont tous les mêmes, incorrigibles : Ils veulent forcer la nature et le temps. Les chairs encore lacérées, ils ne pensent qu’à une chose : réapparaître. C’est aussi le cas d’Enrique Ponce, qui devra reculer son retour au ruedo, pour avoir un peu brûlé les étapes. Cela ne pourra se faire, à Jerez, le 9 mai, comme prévu, mais probablement le 11 , à Valladolid, ou même le 16, en plaza de Nîmes.

     De meilleures nouvelles du côté de Pepin Jimenez, dont on pensait qu’il serait le premier absent des cartels de la San Isidro : A priori, les ligaments de deux doigts de la mains gauche ne sont pas rompus. Il n’y aura donc pas d’opération, ni de longue immobilisation. Du coup, Jimenez, tor ée aujourd’hui, à Villanueva de Perales, près de Madrid. « Sont fous, ces romains ! »

 

OJEDA INAUGURE…

     4 Mai : On surveillera du coin de l’œil la « réapparition », après s’être « esbigné » de Séville, de Paco Ojeda, aujourd’hui, à l’occasion de l’inauguration de la plaza de Miguelturra, dans la proche banlieue de Ciudad Real. 4000 places, dans le cadre d’une plaza « multifonctions » , à la mode aujourd’hui : « Fuera sol ! Fuera moscas ! ». Les compagnons seront Joselito et Finito de Cordoba, face à du ganado du Capea.

     Où en est Paco Ojeda ? La semaine qui vient est, pour lui, capitale :  Jerez et Nîmes. On ne rigole plus. Ou il confirme, chez lui, qu’il est vraiment revenu en toute possession de ses moyens et de « son » toreo, car le public ne voudra voir autre chose, et surtout pas une version « descafeinada » de l’ojedismo. Ou il continue à « flotter », à rompre, à « essayer de… », et la sanction sera très dure. Ce qui serait désolant. Ojeda doit frapper un grand coup à Jerez, et confirmer à Nîmes, pour l’alternative de Jimenez. Sinon…

 

« SIN TRAMPA, NI CARTON… »

     5 Mai : Quand un torero, quelque soit le résultat de la faena, « se met vraiment devant », et se joue la vie, en toute sérénité, on dit qu’il a toréé, « sin trampa, ni carton »… sans artifice aucun, et mérite le respect de tous…

     Aujourd’hui, la France vit un de ces jours importants. En toute sérénité, elle doit faire son devoir, et loin des vociférations qui, de tous côtés, ont parfois pollué les dernières semaines,  c’est en toute conscience, « sin trampa, ni carton » que chacun doit faire son devoir, et apporter, modestement mais fièrement, sa pierre à l’édifice commun. « Asi que… atarse los machos, y a votar ! ». Demain, les « si j’avais su ! » compteront encore moins que la dernière fois.
     Après… on verra bien ! A nouveau, on peindra des banderoles. A nouveau, on manifestera. A nouveau, les noms d’oiseaux bizarres voleront… On changera de nom, tout simplement ! Autrement dit… on n’est pas sortis de l’auberge ! Asi, las cosas !

     "Sin trampa ni carton!" c’est un peu le bilan de l’actuacion, hier, de Matias Tejela, en plaza de Madrid, lors de la dernière novillada de la Feria de la Comunidad. Cela faisait un moment qu’on le surveillait : au début, on parlait d’un petit novillero qui toréait « précieux », mais sans grand fond. Cependant, son début de saison 2002 atteste d’une grande qualité dans son toreo, mais également d’une bonne dose de courage. Après avoir bien tenu face au tourbillon de caste du Fuente Ymbro des Fallas de Valencia ; après avoir suscité le respect, lors de sa présentation à Madrid, en mars, Matias Tejela a obtenu un juste triomphe, hier, devant une plaza presque pleine, et sous les yeux des caméras. Triomphe d’un toreo de classe, mais aussi, triomphe de la claivoyance et du courage… Sin trampa, ni carton !

     Pour le reste, la journée taurine aura été « de mucha trampa, y de mucho carton ! »
     A Miguelturra, on a inauguré la plaza et coupé un sac d’oreilles à une corrida du Capea qui ne gagne rien de glorieux dans ce triste épisode : Des toros gordinflones, qui se traînent au sol, lamentablement, peut être à la recherche de leurs cornes perdues…
     A Guillena, près de Séville, une alternative « de clocher », où le récipiendaire patine beaucoup, mais coupe tout ce qu’il trouve, et le parrain fête ses 66 bougies en faisant le grand écart, sur le sable…
     Soyons clairs ! On admire le Cordobes des années 65. On peut encore « passer » sur des desplantes en faisant un gros bisou sur le mufle du « pseudo cornu », mais pour ce qui est du grand écart, en costume de lumières, pour montrer que l’on est encore agile… ça ne passe pas. « L’écart » est trop grand… 
    Hier, 4 mai, ce fut, partout, la grande braderie… Bien ! Il en faut, des jours comme cela ! Mais ils n’apportent vraiment rien à la Fiesta.
     Mais, n’allons pas trop bouder « leur » plaisir… Demain nous attendent trente jours consécutifs, dont vingt cinq d’ennui ou de râlerie… Madrid débute, cette semaine, qui nous amènera, tout doucement… au Mundial de foot ! Autrement dit, nos chères et tendres moitiés n’ont pas fini de ronchonner! Va falloir « doubler la tendresse », messieurs !
     En France, Nîmes « chauffe ses moteurs » ; Dax annonce de grandes choses, sur le papier ; Béziers vient de présenter, hier, une feria bien conventionnelle, et Mont de Marsan sortira ses affiches, le 17.
     Mais, tout cela… c’est pour demain.
     L’important, c’est aujourd’hui ! Alors…à vous, « sin trampa ni carton ! »

     4 Mai – MADRID (Las Ventas) – Dernière novillada de la Feria de la Comunidad – Presque plein – Soleil et froidure : On attendait la novillada du Puerto San Lorenzo. Ce fut une grosse déception, tant sur la présence que du côté comportement. Gros, san trapio, mais surtout mansos, faibles et fades. Soseria totale et le sourd danger que cela implique. En deuxième sortit un Navalrosal, très encasté, qui aurait pu faire briller un autre torero. Côté boucherie, les novillos pesèrent, « en vif » : 522, 445 (le sobrero), 459, 518, 530, 518 Kgs. Beaucoup de viande, mais peu de nerf !
     Martin Quintana (Silence, par deux fois) ne manifesta pas de grande personnalité, toréa propre, mais « en ligne », sans se croiser, sans « avancer » la muleta. Le public s’ennuya. A son actif, une bonne épée, au quatrième. Le train est passé…
     Luis Rubias (Silence aux deux) a manifesté un grand désir de plaire. Cependant, c’est du côté « qualité » que cela flanche un peu. L’encasté deuxième le mit en difficulté, et le cinquième ne se coucha qu’au sixième descabello.
     Matias Tejela (Ovation – Une oreille) s’est battu toute la tarde, alliant classe et grande décision. En un mot : Toreria ! On l’avait déjà vu dans un grand quite, au deuxième. Début de faena fort élégant, devant son burraco premier, qui accrocha vilainement le banderillero Paco Villaverde (possible fracture des deux poignets) : doblones par le bas, en gagnant du terrain. Très bonne première série de droitières et grand pecho. Toreo de classe, mais à mi hauteur, à cause de la faiblesse du novillo. A gauche, peu de charge, et donc, quelque naturelle, isolée. Grande ovation. Le sixième s’appelle « Playero ». Un nom que retiendra Matias Tejela, pour le pas important que ce toro lui aura permis de donner. Grosse vibration, d’entrée :  Réception par véroniques à genoux, suivies de nouveaux lances, debout, en marchant vers le centre où il remate d’une larga cambiada, les deux genoux en terre. Vaya !  Sans laisser le temps de respirer, mise en suerte, par chicuelinas marchées et quite par gaoneras. Faena débutée, à genoux par un cambio et trois hautes, le torero démontrant « ganas y poder ». Séries courtes, droitières, intenses mais très élégantes, variant les remates. Aguante quand le toro s’arrêta. Final par bernardinas (les manoletinas à l’envers de Joaquin Bernado) et bonne estocade, après un pinchazo. L’oreille fut accordée, justement. Un torero était passé à Madrid « sin trampa, ni carton ! »

     Fin de la « Feria de la Comunidad », et la confirmation de ce que l’on pouvait penser :
     Javier Valverde, Salvador Vega et Matias Tejela sortent valorisés, (ou revalorisé, pour le salmantino) de ce cycle madrilène. De son côté, Luis Miguel Encabo a démontré sérieux et toreria, mais également de grosses carences avec l’épée.
     Côté ganado : A suivre, Alcurrucen, qui semble revenir, un peu...
     Pour le reste : « Autant en emporte le vent… de Las Ventas ! »

 

AUTRES PLAZAS : « BENITEZ, LE DESOSSE ! »

     5 Mai : Manuel Benitez aurait il confondu le ruedo avec la scène du Moulin Rouge ?  C’est ce que l’on peut se demander en voyant le Cordobes, qui fêtait hier ses 66 ans, jouer le « Valentin le désossé », en faisant le grand écart, vêtu de lumières. Un indiscutable exploit gymnique, à cet âge… mais qui n’a qu’un rapport très lointain avec l’Art de Cuchares. Enfin !

     4 Mai – Guillena (Sevilla) - Trois quarts d’une plaza de 1950 places : Corrida de Joaquin Barral, dont il ne vaut mieux pas parler. On donna la vuelta au sixième.
     Le torero local, Jose Luis Osuna, prenait l’alternative. Né le 19 mai 1971, il débiuta en 98 et fit sa présentation à Madrid, le 14 Juillet 2000. De cette journée historique, pour lui, on retiendra une certaine facilité à la cape et l’extrême générosité de ses concitoyens, le président n’étant pas le moins « large »… Deux oreilles au toros de l’alternative, qui portait le nom de « Tontito », et, pourquoi pas, tous les trophées du sixième...
     Manuel Benitez Perez « El Cordobes » fêtait ses 66 ans. Happy birthday, Manué !!!! Fit beaucoup de bruit, mais toréa peu, trop occupé qu’il était à distribuer des bisous à tout le monde, toro inclus. Grande fête donc, pour le Cordobes, qui coupa une oreille de chaque adversaire.
     La partie « sérieuse » de la course revint à Alejandro Amaya, le mexicain, qui n’eut pas de mal à surclasser tout le monde, coupant trois oreilles, mais recevant un méchant varetazo dans la cuisse, lors de sa quatrième entrée a matar, au cinquième Barral.

     4 Mai – Miguelturra (Ciudad Real) – Inauguration de la Plaza – ¾ d’arène : Corrida lourde, parce que « trop gonflée », et très faible de la Capea Family. On peut se poser des questions sur les cornes…
     Paco Ojeda coupe deux oreilles au premier. Bien à la cape, et avec des hauts compensant « de gros bas », à la muleta. Ovation au quatrième – Les trois oreilles que coupa Joselito ne doivent tromper personne : Il promena un ennui élégant, et tua vite, sinon bien – Finito fit ce qu’il pouvait pour tenir debout ses deux adversaires : Oreille et oreille. Bueno !

     4 Mai : Victor Puerto triomphe devant des Alcurrucen, à Trujillo – Pepin Jimenez, El Bote et Uceda Leal, coupent neuf oreilles et deux rabos à une bonne corrida de Salustiano Galache, en placita de Villanueva de Perales. On donna vuelta d’honneur au 1 et 3ème toro – A Torrecampo, près de Cordoue, Sebastian Castella coupe trois oreilles à un mauvais lot de Salvador Velasco, et dans de mauvaises conditions (plaza portatil – sol détestable) .

     Ce Dimanche 5 Mai, il y aura foule de spectacles de moindre importance. C’est du côté de Séville que tous les regards convergeront, pour « le » cartel de la journée : Six novillos de Manolo Gonzalez et Sanchez Dalp, pour : Leandro Marcos (qui se présente à Séville), Cesar Jimenez, (qui prend l’alternative, dans quatre jours) et Manuel Escribano, triomphateur sans trophées de la novillada d’Avril.

 

ARMILLITA A DIT « ADIOS ! »

     5 Mai : Grosse  émotion, vendredi, en plaza d’Aguascalientes : Devant une arène remplie jusqu’au toit, Fermin Espinosa « Armillita » a fait ses adieux, confiant à son jeune fils le soin de lui couper la coleta. Né le 24 Juin 1956, Fermin aura laissé l’image d’un torero inégal, qui débuta comme un prodige, mais ne tint jamais la distance. Bien en province, et en particulier ici, à Aguascalientes, il ne put jamais confirmer ses exploits, à Mexico Capital. De ce fait, « il dura », mais…
     Sa corrida des adieux se termina en apothéose, et sa carrière est à ranger, désormais, dans quelque vieux coffre des souvenirs. A ses côtés, pour cette dernière, un Zotoluco déchaîné et un Juli, bondissant.

     3 Mai – AGUASCALIENTES (Mexique) – No hay billetes : Bonne corrida de Los Encinos, bien présentée, noble, pour ce qui est des trois derniers. Le deuxième fut un monstre, plein de hargne et de bravoure.
     Fermin Espinosa « Armillita » fut gêné par le vent, à son premier. Par contre, on le vit très torero, face au toro « Salmantino »- 530 kgs, dernier de ses 27 ans d’alternative. Oreille et grosse émotion, tandis que la musique sonnait les traditionnelles « Golondrinas »
     Zotoluco s’est battu comme un chien devant le fameux deuxième, du nom d « Urraco ». A genoux, debout, en pleine bagarre, Zotoluco coupe deux oreilles. Plus calme, plus sereine, la faena au cinquième : Deux oreilles et la queue. Après les Miuras de Séville, tout peut paraître simple, au Zotoluco.
      Juli ne put rien faire avec le troisième, mais sortit la hargne, devant le dernier. Tout y passa : cape, banderilles, muleta, épée. Deux oreilles. Il suffit de demander…
     Les trois diestros sortirent « a hombros », sous d’immenses ovations.

     4 Mai – PACHUCA (Mexique) : Presque plein : Huit toros de Xalpa (de souche espagnole Parladé), qui sont sortis… mauvais.
     Un incident : Le Juli décida d’offrir le sobrero. Auparavant, Jose Maria Luevano avait également signalé cette intention. Il y eut un « gros malentendu », au sujet d’un toro du nom de « Debutante » - N°20, que le Juli obtint, au grand dam du mexicain, qui prit la mouche, et renonça à toréer. (M’étonnerait qu’ils passent les vacances ensemble, ces deux là !)
     Jose Maria Luevano donna une vuelta au premier, puis entendit bronca, au cinquième – Antonio Urrutia fit un tour d’honneur, au sixième – Morante de la Puebla, (qui a été énorme, la veille, dans un festival, à Leon) a essayé un peu, puis laissé flotter les rubans, écoutant « deux divisions des opinions » (« Unos se metian con mi padre, los otros con mi madre ! » Qui a dit cela ?) – Le Juli coupa l’oreille du quatrième, pincha le huitième, et décrocha les deux oreilles du sobrero offert. Et voilà… il suffit de demander.

 

BEZIERS 2002…

     5 Mai : Robert Margé a présenté, hier, la « Feria de Béziers 2002 » : quatre corridas, une novillada piquée, une corrida portugaise et une non piquée, du 15 au 18 Août. Feria un peu trop classique, sans grandes surprises au goût de certains.

     Les combinaisons en sont les suivantes :
     15 Août : Toros de Peralta, pour Juan Jose Padilla, Vicente Barrera, Victor Puerto
     16 Août : Toros de Parladé, pour Manolo Caballero, El Juli, Juan Bautista
     16 au soir : Corrida portugaise, avec Joao Salgeiro, Patricia Pellen et Rafi Durand
     17 Août, au matin : Novillada sin picar
     17 Août : Toros de Torrestrella, pour Enrique Ponce, Antonio Ferrera, Sebastien Castella
     18 Août, au matin : Novillada de Jalabert, pour Julien Miletto, Manuel Escribano, Antonio Caro
     18 août : Toros de Miura, pour Zotoluco, Fernandez Meca, Denis Loré.

 

ET MAINTENANT ?

     6 Mai : Enfin, la fièvre est retombée ! Enfin, les outrances se sont éteintes… pour le moment. Après les embrassades, la bagarre va commencer. Oubliés les vulgarités et les ordures, les mots « fuck ! », « crève ! » et autres « gracieusetés »… Maintenant, c’est sur les tapis verts des partis politiques que l’avenir d’un pays va se jouer… et on n’a pas fini!
     La France n’avait pas besoin de cette mascarade, pour dire "non" à ce qu’elle n’est pas, et ne sera jamais.
     « La République a gagné ! » Ca, ce sont des mots… C’est demain que nous verrons si elle a vraiment progressé. C’est demain que nous verrons si quelque chose a « vraiment » changé dans ce pays… Les « ténors », hier, ne se tenaient plus de joie, se gonflaient d’orgueil… peut-être oubliaient ils ce vers célèbre : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ! »
     Y avait il vraiment péril ? Pas autant que certains le disaient, et tous le savions. Cependant, ainsi que le déclarait un éditorialiste : « C’est une grosse leçon de civisme ». Oui… mais il y a encore du boulot !
     Un autre péril arrive, dès aujourd’hui. Celui de la division et de la démagogie… celui de la rancœur et du « n’importe quoi pour planter les autres ! ». Enfin ! On verra bien. Le gros soupir libéré hier soir, doit laisser aujourd’hui à un geste triple : se remonter les manches, se serrer la main… et se remettre au boulot !

     Et maintenant ? A deux pas de San Isidro… à trois minutes de l’Ascension de Nîmes, le destin complique les choses : Antonio Ferrera, qui doit prendre six Baltasar Iban, comme un gladiateur dans le cirque romain, a reçu hier un vilain choc au coude gauche. Pourra t’il toréer ? Si oui, pourra t’il le faire en possession de tous ses moyens ? La décision se prendra aujourd’hui, mais, pour le moment, le torero se trouve sur un lit de douleur, le bras immobilisé.
     Et Maintenant ? Hier, Cesar Jimenez a coupé une oreille, à Séville, à une petite novillada de Manolo Gonzalez. Ce n’est ni l’énorme triomphe que chantent certains, ni le succès facile dû à l’émotion, que décrivent d’autres. Cesar Jimenez, élégamment froid devant son premier, a démontré un formidable courage, une caste indéniable, en se relevant d’une terrible cogida, à la première passe de muleta au manso cinquième. Sans se regarder, le jeune a toréé sobrement, vraiment, et bien tué. L’oreille est là, juste et « de poids ». Cela dit, Séville découvrait Jimenez, et le jeune torero l’a agréablement surprise, comme il l’a fait, dans chaque plaza, la première fois. Qu’en sera t’il, au cinquième paseo ?
     Et maintenant ? La corrida d’hier, à Madrid, a été la « répétition générale » de la San Isidro, qui commence samedi : deux heures cinquante de corrida ; dix toros dans le ruedo… pour ne pratiquement rien voir ! Non, vraiment… on n’est pas sorti de l’auberge !

     5 Mai – MADRID (Las Ventas) – Moins d’un quart de plaza – Temps horrible : Pluie, froid, vent !:  Une corrida détestable, dans des conditions détestables. Devant la désolante faiblesse des toros des frères Astolfi, le tendido 7 a, lui aussi, donné sa répétition générale, et fait changer trois toros. A la fin, la corrida se résuma en cet interminable casting : Trois toros d’Astolfi (1, 3, 4ème), deux de Criado Holgado (5 et 6ème) et un de Julio de la Puerta, sorti deuxième. L’ensemble mélangea faiblesse, mollesse, manque de race. En face, les toreros furent « en dessous », excepté Jose Luis Triviño dont on pourra qualifier de « très digne », la confirmation d’alternative.
     Mariano Jimenez a entendu deux silences. A priori, ne semble pas être revenu de sa grosse cornada de l’automne dernier, en ce même ruedo. Bonne estocade au quatrième
     Jose Antonio Iniesta (Silence et ovation) s’est fait accrocher vilainement en estoquant son premier. De même, un torero de grande qualité, mais qui n’arrive pas à « faire le pas » qui manque. Celui qui, de bon torero, le mènerait à « grand torero ».
     Jose Luis Triviño (Silence – Silence) a confirmé spon alternative devant « Desconocido », N°8, 551 kgs, d’Astolfi. Son actuacion fut très digne, faisant les choses correctement, en torero. Cependant, le bilan est bien terne : Faiblesse intense du premier, et public trempé de trois heures d’ennui, au dernier…peu de chance d’être applaudi. Cependant, un torero à revoir.

     5 Mai – ZARAGOZA – Quatrième du cycle de La Primavera – 1/3 de plaza : Le public d’Aragon est vraiment décevant. Quels que soient les efforts des organisateurs, il ne va à la plaza que pour le Pilar. Una tristeza !
     Hier est sortie une bonne corrida del Ventorrillo. Tiens ! Un élément important, après la novillada de Madrid. Très bien présentés et bons, les cinq toros de Medina ne sont pas tombés, et ont donné grand jeu, insuffisamment exploité par les toreros. En premier lieu sortit  un Gabriel Rojas, décevant. A la bascule : 511 (Rojas), 615, 578, 589, 565, 631 Kgs. Corrida très lourde, donc, mais qui « servit », en particulier le lot de Rafael de Julia. Ont été ovationnés : 2,3 et 5èmes.
     El Molinero (Ovation et silence) a connu la malchance la plus noire, au sorteo. Pas grand chose à faire devant le triste premier, de Rojas. Le quatrième est le « garbanzo » du lot de Ventorrillo. Molinero va lidier et se défendre, en torero mais sans aucune option au succès.
    Antonio Ferrera (Ovation et silence) avait, semble t’il, « la tête ailleurs ». Spectaculaire, mais trop vibrant, trop précipité, comme pressé de faire les bagages pour Nîmes. Il frisa le vulgaire, face au deuxième, qu’il tua d’un bajonazo. Le cinquième, dans un de ses sauts, inutiles et peu esthétiques qu’il donne à la sortie des banderilles, le gagna de vitesse et lui donna un terrible coup dans le coude gauche. Visiblement touché, Ferrera enleva sa chaquetilla et toréa d’une seule main. Déception, certes, mais aussi une grosse inquiétude, pour les jours qui viennent. Le torero est en clinique, le bras immobilisé. La décision sera prise aujourd’hui. Difficile de prendre six toros d’Iban… d’une main !
     Rafael de Julia (Oreille et Vuelta) semble avoir triomphé. Cependant, beaucoup s’accordent à dire qu’il fut en dessous d’un grand lot. Le troisième, en particulier, était un toro « de cortijo », de ceux qui vous permettent de signer d’un coup, trente contrats… De Julia se contenta d’être ce qu’il est : un torero classique, trop sobre, sans étincelle aucune. Et cela ne suffit plus. Loin de lui rapporter, cette actuacion risque de lui faire mal.

    5 Mai – SEVILLA – Novillada - Deux tiers d’entrée – Temps gris menaçant pluie : Cartel de luxe et, à la fin, une impression mitigée : Detallitos, na mas !
     Face à une novillada de peu de présence et de bon jeu de Manolo Gonzalez, deux toreros se sont présentés devant l’Aficion sévillane. A la porte de l’alternative, Leandro Marcos et Cesar Jimenez ont confirmé qu’ils étaient prêts pour l’Escalafon supérieur. De son côté, confrontés à des toreros de classe, Escribano a confirmé vaillance, mais aussi précipitation et vulgarité.
     Novillada terciadita de Manolo Gonzalez (444, 467, 403, 450, 447, 482 Kgs). Le troisième était imprésentable. Novillada dont le comportement fut dominé par « la soseria ». Noblesse fade et mansedumbre sans nerf. La plupart allèrent « a menos », laissant aux toreros peu de possibilité de compléter de bons débuts de faenas. Le sixième provoqua la débandade d’un cheval qui alla, par deux fois, percuter la barrière.Le picador Jose Antonio Sanchez y fut blessé au menton.
     Leandro Marcos (Ovation et Vuelta) a causé une bonne impresssion, grâce à un toreo esthétique, profond, artistique. Son premier s’éteint rapidement. C’est au quatrième que le castillan donna de grandes naturelles, le meilleur toreo de la journée. Un revistero n’hésite pas à souligner « dix naturelles, meilleures que toutes celles qui se sont données au cours de la Feria d’Avril ». Hélas, il ne tua pas « à la première ».
     Cesar Jimenez (Ovation – Oreille) « se regarda beaucoup » devant son premier, qu’il reçut par chicuelinas, au centre de l’albero. Faena débutée par six derechazos, genoux en terre. Surprise et intérêt. Mais la faena va « a menos ». Par contre, au cinquième, les Sévillans sont restés pantois devant la caste du madrilène : Le toro est manso, et percute très violemment Jimenez, à la première statuaire. On craint la grosse blessure. Le garçon s’échappe des mains secourables qui l’emportent à l’infirmerie et revient au combat. Oubliée « l’esthétique avant tout » ! Un peu dans le cirage, Jimenez va toréer « vraiment », gommant peu à peu les défauts de l’adversaire et tuant bien. Oreille indéniable et porte ouverte à un raisonnable espoir.
     Manolo Escribano (Silence – Ovation) a touché le lot « chungo ». Quatre largas à genoux pour recevoir le « moustique » troisième. Escribano poussa le vibrato, mais en vain. Il reçut le sixième à portagayola, mais son actuacion ne put décoller vraiment, à cause du toro, mais aussi parce que l’andalou était « à dix pas » derrière la classe des deux madrilènes. Et Séville garda le silence.

 

AVANT « LA GRANDE BATAILLE »…

     7 Mai : A peine est on sorti d’un « confrontation nationale » qui fera date et qui ne sera pas « sans conséquences », que l’on repart vers une nouvelle « grande bataille ». Non pas celle des « Législatives » dont les grandes manœuvres ont déjà commencé, sous forme de grandes embrassades sur la bouche, contresignées, quand même, sur papyrus et parchemins… au cas où !
     Ce n’est pas de cette bataille là qu’il s’agit... 
     San Isidro débute, samedi.
La plus grande feria du monde se poursuivra, sans discontinuer, jusqu’au 8 Juin. Durant 29 jours, matadors, rejoneadores, novilleros et tous les professionnels qui les entourent, vont vivre l’angoisse de l’inconnu ! Que va pasar ? Après les désastres des premières ferias, Madrid sera le grand coup de poker : Où la San Isidro « sauve » ce début de saison… ou elle le condamne, définitivement. La plaza de Las Ventas et son public ne font pas dans la dentelle. On le sait. Les conditions climatiques, en général, ne sont pas là pour arranger les choses. Le monde entier a les yeux braqués sur la Monumental, et la télévision, cette année, va en rapporter chaque seconde.
     Ganaderos et « certains » toreros ont été lourdement accusés, au sortir de Séville. Les scandales de la Maestranza, déjà fort bruyants, se seraient transformés en émeute, à Madrid. Les toreros le savent ; les ganaderos, le savent ; et l’empresa ne pourra tomber dans ce piège. De son côté, le public aura « le fusil chargé »… et certains, en particulier Jose Tomas, sont déjà dans le collimateur.
     Feria « pesante », feria passionnante, la San Isidro 2002 arrive, avec son cortège de longues tardes insipides, devant une plaza pleine, quel que soit le cartel, tout à coup éclairées de moments magiques. Alors, Madrid « la râleuse », Madrid la terrible, Madrid l’injuste, devient la plus grande, la plus belle, la plus généreuse des Aficions, justifiant son statut de « Cathédrale du Toreo »…

     San Isidro 2002 – Voir le programme dans la rubrique « Cartels »

 

LES « GROSSES ESCARMOUCHES »…

     7 Mai : Avant « le grand combat » de Madrid, auront lieu deux gosses « escarmouches », que le mundillo suivra de très près : Jerez de la Frontera et Nîmes.

     Jerez débute aujourd’hui, avec une novillada de Guadalest, pour les fils Galan et Manzanares. Après la traditionnelle corrida de Rejoneo, demain, se donneront trois corridas qui permettront aux ténors de faire leur déclaration d’intentions, avant Madrid. Juli et Morante reviennent du Mexique : Le madrilène, triomphant ; l’andalou, sans grands exploits dans la besace, mais en forme. Absent volontaire de Séville, Morante n’a été touché par aucun scandale. On peut presque dire qu’il commence sa temporada à Jerez. Les autres se sont préparés, en douceur, faisant oublier les turpitudes sévillanes. Jerez sera une mise au point, avant la grande bagarre. Pour le moment, Enrique Ponce est toujours incertain. La blessure de Séville était, musculairement, plus sérieuse que l’on croit, et le valenciano veut revenir « à 100% », ce qui est tout à son honneur.

     Nîmes sera également en point de mire : Deux événements, pour l’Ascension, puis la Feria, qui suivra, de très près. Malgré son terrible coup de fouet au bras, dimanche, à Zaragoza, Antonio Ferrera va faire le paseo, demain, seul devant une corrida de Baltasar Iban, qui semble des plus sérieuses. Est ce bien raisonnable ? Les toreros nous ont habitués à ces paris « fous ». Comme des Don Quichotte modernes, ils partent au combat, sans se soucier des bleus et des bosses, en quête d’une nouvelle parcelle de gloire qu’un toro peut effacer, d’une simple pichenette. Antonio Ferrera ne veut pas laisser passer l’opportunité. Il ne veut pas, non plus, décevoir ceux qui ont accouru à son rendez-vous. Espérons simplement qu’il n’aura pas à toréer six toros… d’un seul bras. Ne pas oublier, non plus, que Ferrera a rendez vous avec Madrid, les 17 et 29 mai. Certes un peu de temps pour soigner d’éventuels bobos, mais quand même…
     Puis, l’alternative de Cesar Jimenez. Un événement qui n’aura pas d’immédiates conséquences. Cependant, ce jeune diestro, pourri de talent, suscite l’intérêt et donc, la division des opinions. Son réel succès de Séville compense la « mésaventure madrilène », et l’aficionado attendra avec passion, ses premiers pas de « Matador de Toros », faute de déjà le baptiser un peu trop tôt « figura del Toreo ». Donnons le temps au temps…
     A ses côtés, Paco Ojeda, qui suivra la San Isidro, de loin, mais qui devra jouer serré, dans « sa » plaza de Nîmes. On ne lui pardonnera pas la demi teinte… Le Juli, quant à lui, viendra, regardera, froncera le sourcil… et triomphera. Ce « sacré gamin » n’est que caste et pundonor. Il ne laissera pas passer un tel rendez vous.

     Un « pont » passionnant, donc, à la veille de Madrid ! Que haya « beaucoup de chance », para todos !

     Voir les affiches de Jerez et Nîmes, dans la rubrique "Cartels"

 

ZOTOLUCO, TRIOMPHATEUR D’AGUASCALIENTES.

     7 Mai : N’a pas fait le voyage pour rien, le diestro d’Azcapotzalco ! Cinq oreilles et un rabo, en deux corridas ! Le Zotoluco vient d’être désigné à 100% des suffrages (Aaaaah ! Mieux que…) triomphateur de la feria de San Marcos, en plaza d’Aguascalientes.
     Le moral un peu en berne, après un dur début de saison européenne où les toros et les hommes ne lui font pas de cadeaux (lisez : corridas dures et empresas méprisantes)  le N°1 mexicain est revenu sur ses terres, et a mis les choses au point : « Aqui estoy yo ! » Un message, pour le Mexique, et pour l’Espagne. Maintenant, reste à confirmer lors de son unique paseo, en plaza de Madrid. Un gros pari.

     Les trophées de la Feria d’Aguascalientes sont les suivants, après dix corridas où l’on a coupé 29 oreilles :
     Triomphateur de la Feria : Eulalio Lopez « Zotoluco ».
     Meilleure faena : Luis Fernando Sanchez, le 26 avril, à un toro de Venta del Refugio
     Meilleur lot : « Los Encinos », le 3 mai, avec un résultat d’apothéose : 7 oreilles et un rabo.
     Meilleur Toro : « Oropel » de De Santiago (de Pepe Garfias), toréé par Ignacio Garibay, le 27 Avril.

 

ANTONIO FERRERA : PILE ET FACE !

     8 Mai : Que va t’il se passer, aujourd’hui à Nîmes ? Si « les temps le permet », comme le chantent les anciens cartels, un matador va s’habiller de lumière et s’avancer, seul, dans le grand ovale du cirque romain. La tête un peu lourde de temps de responsabilité, il pensera peut-être à tous les exploits qui ont parsemé cet étrange « ruedo », au long de son histoire. De toutes ses forces, il voudra y ajouter le sien : Antonio Ferrera, seul contre six Baltasar Iban, en plaza de Nîmes.
     Un « unico espada » est un exercice très particulier. Le public arrive, prédisposé au triomphe. Il accueille et encourage le matador courageux, seul face à son défi. Cependant, « dans sa tête », le public vient voir cet artiste faire, devant six toros, ce qu’il a l’habitude de faire… devant deux. Aussi, parfois, il comprend difficilement la sagesse avec laquelle le diestro mesure son effort, gère son marathon. Parfois, le mot « demi teinte » effleure les lèvres, puis surgit un bâillement…
     Un « unico espada » est plus fait pour un torero « de tête » que « de cœur », bien que tous aient « un cœur, comme ça ! ». Six toros sont six lidias, avec des suertes adaptées à ces stratégies. Six toros : un répertoire ample et spectaculaire, afin que jamais ne retombe l’intérêt. Six toros, ce sont des faenas tranchantes, brèves, percutantes. Six toros… ce devrait être… six estocades.
     «L’unico espada » parfait fut celui de Paco Camino, à la Bienfaisance de 1970. Torero « de tête », Camino mit ce jour là, toute sa science et tout son cœur, face à six toros de diverses ganaderias (dont Miura, Pablo Romero) et, pour dessert, en régala un septième, coupant un sac entier d’oreilles.
     A l’inverse, un « unico espada » de cauchemar, fut celui de Paquirri, à la Bienfaisance de 80. Torero « de muscles et de race », le diestro de Barbate se planta, dans les grandes largeurs… tout comme il le fit, d’ailleurs, dans le même exercice, à Dax, quelques semaines avant Pozoblanco.

     Antonio Ferrera pourra t’il se donner, face à six toros, comme il en a l’habitude, face à un lot, normal ? Peut on attendre de lui, cette intensité, avec cape, banderilles, muleta… six fois de suite ? A vous de répondre.
     Les toros sont de don Baltasar ! O sea…casta ! En principe! Il est probable que le combat sera intense, violent. Ferrera devra garder tête froide, et « refroidir » son cœur. Toute l’équation est là : Mesurer son toreo, pour lidier parfaitement, au risque de décevoir ceux qui parlent « d’abordages et de castagnettes ».
     Deux autres éléments : Ferrera est il assez fort « dans sa tête », pour prendre seul, six toros ? L’autre question : Ferrera a t’il les facultés physiques, aujourd’hui, pour lidier six toros, en étant « en Antonio ferrera » ? Le coup de Zaragoza a forcément laissé des traces, et le moindre achuchon, le moindre derrote qui arrache la muleta, provoquera forcément quelque douloureux réflexe. Pourvu que cela n’arrive pas au premier toro…
     Antonio Ferrera a t’il eu raison de tenter ce coup de dés ?  On a beau chercher… on ne peut qu’en douter. L’exploit, certes, sera de poids. Mais c’est à la San Isidro qu’il faut « tout percuter »… L’exploit de Nîmes (si cela marche) n’aura de véritable écho, que si Antonio Ferrera triomphe à Madrid, les 17 et 29 Mai. Alors, on dira « Et en plus… il a pris six Baltasar Iban, l’autre jour, à Nîmes ». Sinon… il gardera l’admiration, parfois « desorbitada », des français… et guère plus.
     La corrida « pile ou face » de Nîmes, est elle une bonne préparation pour Madrid ? Hombre ! Oui, s’il triomphe complètement et sans se faire mal. Si, au contraire, il est « limite », on ne pourra parler d’une bonne préparation, physique et mentale, pour Madrid, capitale dans tous les sens du terme.
     Cela dit, « le geste » est là, et il faut le saluer, chapeau bas. On souhaite à Ferrera, toute la chance et la lucidité du monde. Pour ce qui est du cœur… pas de soucis.
     Que haya suerte, torero !

 

JEREZ : PORTE OUVERTE SUR UNE DECEVANTE OUVERTURE

     8 Mai : La Feria du Caballo 2002 s’est ouverte à Jerez de la Frontera, hier, par une novillada, dite « de lujo ». Tout le monde s’attendait à pouvoir fêter les triomphes des fils de Galan et Manzanares, face à un novillada, soigneusement sélectionnée, de Guadalest. En telonero, et sans gêner les prodiges, on avait choisi Octavio Chacon, novillero mené par Jose Luis Galloso. 
     Jerez ouvrait sa feria… les chevaux étaient magnifiques. Quant aux filles… on ne vous dit pas ! Déjà, on se voyait, à l’entrée de quelque caseta du ferial, un fino à la main, regardant passer filles et chevaux, les unes « hennissant de joie », les autres « trépignant de la croupe » (à moins que cela soit le contraire… !), dans une chaude ambiance ou les parfums se mêlent à la poussière, les rires à la guitare.
     C’est manqué ! Il faisait très froid, et l’on craignait la pluie… On avait caché les croupes sous les manteaux, et les chevaux ne piaffaient même pas. Que tristeza ! Pour arranger le tout, il n’y avait qu’un quart de plaza, et la novillada est sortie, frein à main serré. Pire encore : c’est le telonero qui a triomphé. Maldita sea ! Octavio Chacon, torée proprement, tue comme un chef, et ouvre la grande porte !  Y a des jours, comme ça.
     On attendra donc des jours meilleurs. On espère de belles choses, aujourd’hui, avec les cavaliers. Mais demain, Ponce ne pourra réapparaître. Décidément, Jerez commence mal.

     7 Mai – JEREZ DE LA FRONTERA – 1ère de la Feria del Caballo -  Novillada – Un quart de plaza – Froid pluvieux : La novillada de Guadalest est sortie « bonita de cara », manquant de race, de mobilité. Quatre des novillos se sont arrêtés. Seul le sixième a chargé, mais rebrincado, de façon très désordonée.
     Octavio Chacon coupe une oreilles à chacun, et sort par la grande porte. Bien au capote, par véroniques et chicuelinas, il toréa très proprement ses deux adversaires, s’adaptant courageusement à leur comportement, et surtout, mit deux très grosses estocades. Bon succès du torero de Galloso, qui brinda le quatrième à De Paula et Manzanares père, assis ensemble à un barrera.
     David Galan (applaudissements – ovation) fit une longue faena un peu vulgaire, à un premier novillo qui s’échappait du muletazo. Cogida en entrant à matar. Le fils d’Antronio Jose Galan débuta en trombe, face au cinquième, par quatre largas à genoux. Brindis à Don Alvaro Domecq, et guère plus, le toro se révélant noble, mais faiblissime.
     Jose Maria Manzanares fils : Silence – Oreille (« Souviens toi de Mugron ! »)

Ce 8 Mai: Corrida de Fermin Bohorquez, pour les rejoneadores Fermin Bohorquez, Luis Domecq et Pablo Hermoso de Mendoza.

 

VALENCIA : ON PREPARE LA SAN JAIME

     8 Mai : L’Empresa de la plaza de Valencia est déjà au travail, en vue de la toujours problématique Feria de Julio. On le sait, la ville pâtit de la chaleur, à cette époque, et se vide partiellement. Tout le monde qui ne travaille pas, s’en va se mettre au frais, au campo ou au bord de la mer « qu’on voit danser, le long… » etc…
     Donc, comment faire pour remplir la plaza ? Un vrai casse tête, qui semble se résoudre, depuis deux ans, grâce au travail de la précédente empresa. Cette année, il faudra mettre les bouchées doubles : Les Fallas ont été décevantes, et « le liston » de la présentation des toros a baissé. Donc, il faut reconstruire !
     La feria se déroulera du 20 au 28 Juillet. Les toros seront de Guardiola, Cuadri, Puerto San Lorenzo, Pereda, Nuñez de Cuvillo, et Las Ramblas.
     On sait qu’il y aura un cartel de banderilleros (Espla, Ferrera, Fandi) et que les toreros viendront tous « à un contrat ».
     Des figuras sont déjà positionnées : Ponce prendra, le 25 juillet, des Pereda, avec Paco Ojeda. Finito et Jose Tomas défileront ensemble, le 26, face à des Nuñez del Cuvillo. Le cartel du 27 est clos : Joselito, Vicente Barrera et Juli, avec une corrida de Las Ramblas. 

 

ALTERNATIVE TELEVISEE ?

     8 mai : C’est dans l’air ! Javier Valverde recevra l’alternative, le 12 Juin, en sa ville de Salamanca. C’est un des événements de la temporada. Rarement un torero sera arrivé, plus « prêt », à passer au rang supérieur. Par son sérieux, son courage serein, son toreo de sobriété et d’honnêteté, Javier Valverde peut rejoindre les figures du Toreo Charro, et devenir un des toreros importants des années qui viennent. Certes, les temps ont changé, mais il est bon que des hommes de cette trempe, nous ramènent à l’Histoire du Toreo. El Viti fut torero de Salamanque, de Madrid, de Séville et … de partout. Valverde peut marcher sur ses traces. Du moins, on le lui souhaite.
     Cette alternative a suscité de nombreux échos divergents : Qui sera le Parrain ? Un coup, c’est Ojeda ; l’autre coup, c’est Joselito. Pour le reste, Juli sera le témoin, et de Bañuelos seront les toros. De son côté, le jeune futur matador suit cela très simplement, avec un seul commentaire : « Peu importe le parrain. Le soir du 12 juin, je serai Matador ». L’apoderado ne dit qu’une chose : « Cela a toujours été Paco Ojeda ». La presse s’est donc fourvoyée, suite à quelque bruit de couloir mal vérifié.
     Un autre bruit qui circule, avec insistance : La corrida d’Alternative de Javier Valverde, le 12 Juin, serait télévisée, en direct. Espérons le, quoique l’on sache déjà que le lendemain, 13 Juin, la télé retransmet la Bienfaisance, à Madrid. On verra bien… (ou on ne verra rien !)
     Que Valverde soit télévisé pour son alternative serait une grande chose, (à condition qu’il y soit bien) un triomphe, à cette occasion, pouvant lui ouvrir de nombreuses portes. On le lui souhaite. Mais en attendant, il faut « encore » triompher à Madrid, le 13 Mai, devant les Santa Coloma de La Quinta.
     « Atarse bien los machos, y a ver lo que pasa, Matador ! »

 

NIMES : CE QUE L’ON POUVAIT EN ATTENDRE…

     9 Mai : Antonio Ferrera a pris, hier, six toros en plaza de Nîmes. C’est déjà un exploit en soi. Face à un lot de Baltasar Iban, dont trois étaient de grands toros, et deux autres potables, il s’est montré à la fois vibrant et retenu, gérant son effort, essayant d’apporter quelque variété à ses faenas, en particulier dans les phases d’entame, et les remates. A la cape, sûr et efficace. Aux banderilles, inégal et bondissant, le saut postérieur à la réunion devenant par trop inesthétique. On le lui reprochera, un jour. L’épée a fonctionné vite, sinon correctement. Antonio Ferrera a coupé quatre oreilles, presque cinq, sortant a hombros par la « Porte du Prince », nîmoise, dite « des Consuls ». Tout est donc pour le mieux, dans le meilleur des mondes.
     Pourtant, on ne peut parler de triomphe…
     Tout d’abord, un tel « événement » aurait du susciter plus d’engouement. Un tiers de plaza, c’est bien peu, et la météo n’en a que peu de responsabilité. C’est à la réservation que cela se passe. Les Aficionados « de loin », ont ils préféré ne venir que pour la Feria ? Nous le saurons aujourd’hui. Si la plaza est « casi llena », pour l’alternative de Jimenez, avec Ojeda et Juli, c’est que Ferrera n’intéressait pas. Si le gros trio de ce jeudi d’Ascension fait « media plaza », c’est l’empresa qui devra revoir sa copie. Dans les deux cas, Ferrera est perdant. Triompher devant une plaza « pleine de vide » n’a aucun poids, sinon celui de la légitime fierté du torero, et des souvenirs personnels de quelques 5000 personnes. Avoir servi d’appât pour un essai « Ascensationnel » était un pari bien risqué, pour un résultat bien aléatoire. D’autant qu’il n’y avait pas de « seconde chance », dans les cartels de la Pentecôte, ce qui est quand même « un peu raide »…
     Par ailleurs, Antonio Ferrera, face à une bonne corrida, n’a pu se livrer à 100%, à chaque lidia, dans chaque faena. De plus, le registre du torero fait grande illusion dans une corrida « à trois », mais reste limité, lorsqu’il s’agit de maintenir l’intérêt, deux heures durant. Ferrera est un torero d’émotions intenses, violentes, et non de longs murmures admiratifs… Il est probable que dans le public, certains auront fait la moue, d’autant que les toros « ont servi ». De fait, il ne pouvait en être autrement.
     Aujourd’hui, on ne parle de Nîmes que dans un seul des grands quotidiens espagnols, « la Razon », grâce à son correspondant local.
     Tout en saluant l’exploit, on ne peut que se demander « à qui » devait-il profiter, et si le matador n’a pas, ici, entamé un crédit que la France lui avait si généreusement ouvert.
     Plus que jamais, la solution se trouve… à Madrid, dans les semaines qui suivent. Ferrera se doit de marquer la San Isidro, sinon, « le tiers de plaza » de Nîmes lui reviendra, comme un vilain boomerang…
     Et pourtant, il coupe quatre oreilles, presque cinq, et il sort « en Consul »…

     8 Mai – NIMES – (De notre correspondante) Première de la mini feria de l’Ascension – 1/3 de Plaza – Temps détestable, avec pluie et froid : Antonio Ferrera, seul contre six  de Don Baltasar..
     La corrida de Baltasar Iban est sortie superbement présentée, sérieuse de trapio et de tête. A la bascule, un poids très raisonnable : 540, 515, 495, 495, 499, 498 kgs. (Il y avait un « Bastonito », dans le lot. Ne pas oublier que le terrible « Bastonito », de Rincon, à Madrid, pesait 501kgs). Au moral, de la caste et trois grands toros, justement ovationnés à l’arrastre : 3, 4 et 5èmes. Seuls dénotèrent un peu, les deux et surtout sixième, faibles. On regrettera que le mayoral n'ait pas été associé au succès du torero.

   Antonio Ferrera (Silence – Oreille – Oreille – Oreille – Oreille et deux vueltas – Applaudissements, après un avis et sortie a hombros par la Porte des Consuls), s’est montré, à la fois, vibrant et raisonnable. Bien au capote, sans en remettre, il a banderillé les six, les a toréés fermement, mais sans atteindre de grands sommets, et les a estoqués, habilement. A aucun moment il n’a manifesté d’inquiétude, d’impatience ou de fatigue. C’est là « un gros bon point ».

     Premier toro un peu tardo, que le torero va facilement régler, en attendant de meilleures opportunités - Le deuxième va se donner une méchante vuelta de campana. Bon tiers de banderilles terminé d’un quiebro, faena sans complètement trouver le bon tempo, et une petite oreille, après une entière – Larga à genoux, pour recevoir le troisième, brave au cheval. Festival aux banderilles et faena claire, terminée par une épée entière. Oreille nette – Le quatrième ne se laissera pas faire, au capote. Encasté, brave au cheval. Banderilles inégales, mais une paire, al violin. Le muletero fera fonctionner la tête, et coupera un oreille, juste, après une estocade dont il sort fortement bousculé –  Nouvelle larga, pour recevoir « le » toro de la tarde, le cinquième,  qui se montrera très brave sous le fer de Jacques Monnier. Toro vibrant, puissant, mobile en diable. Gros tiers de banderilles, bien que d’inégal résultat, faena vibrante, brindée à son apoderado, Luis Alvarez, débutée par deux cambios, dans le dos. Faena très engagée, en particulier main droite. Entière au deuxième voyage, et oreille avec pétition de la deuxième. Le président refuse et prend une bronca, tandis que le torero donne deux vueltas – Le sixième sera très faible, et Ferrera tentera de le maintenir, toréant suavement, au coup par coup. Cela se terminera mal au descabello, et cette conclusion gâchera un peu son plaisir, mais non l’ovation finale et la sortie a hombros.
     Madrid n’a pas de « Porte des Consuls »… mais c’est « celle là » qu’il faut ouvrir.

     Ce 9 Mai – Novillada « de la Cape d’Or », en matinée : Ganado de Joselito pour Jonathan Veyrunes, Jose Maria Manzanares, Fernando Cruz.
     Ce soir, l’alternative de Cesar Jimenez, des mains de Paco Ojeda, en présence du Juli. Les toros seront de Torrealta.

 

JEREZ : LA PLUIE, AU GALOP…

     9 Mai : Una tristeza ! Pluie et froid pour ce début de la Feria de Caballo. Le fino n’arrive pas à réchauffer les cœurs.
     Hier, corrida de Rejoneo. Le chroniqueurs regrettent l’absence d’Antonio Domecq, histoire de mettre un peu d’ambiance. Par ailleurs, certains reprochent à Pablo Hermoso de Mendoza le fait d’avoir « oublié » Jerez, dans la tournée d’adieux de « Cagancho ». Si Madrid est la « cathédrale du Toreo », Jerez est « le temple du Rejoneo », que le navarrais n’avait pas le droit d’ignorer ainsi, à l’occasion de la retirada de ce formidable « Cagancho », qui rejoint dans la légende, « Esplendida », d’Alvaro Domecq.

     8 Mai – JEREZ DE LA FRONTERA – 2ème de Feria – Rejoneo – Casi lleno – Temps pluvieux et très froid : La corrida de Fermin Bohorquez est sortie sans race, sans mobilité, et peut-être, trop chargée : 550, 508, 520, 537, 600, 578 Kgs.
     Fermin Bohorquez a coupé une oreilles à chacun de ses adversaires. De gros efforts, devant des toros distraits ou arrêtés – Luis Domecq a touché le mauvais lot, et lidié sous la pluie. Bien au deuxième, mais échouant au descabello, il se battra comme un chien face au cinquième, jusqu’à lui « arracher » une oreille – Pablo Hermoso de Mendoza n’a pas eu le rendement habituel, malgré un public totalement acquis d’avance. Il échoua à la mort de son premier, mais coupa deux oreilles un peu généreuses, devant le dernier.
     Bohorquez et Hermoso de Mendoza sont sortis « a hombros », mais pour le moment, à Jerez, il pleut sur les illusions…

     Ce 9 Mai : Corrida de Jandilla pour Joselito, Rivera Ordoñez, et Davila Miura, qui remplace Enrique Ponce.

 

DE CI… PAR LA…

     9 Mai : Le mundillo résonne, chaque jour, d’anecdotes et de bruits, qui le rendent passionnant, mystérieux, ne laissant aucune place à l’ennui… Par exemple :

     Jolie coïncidence ! : Curieux ! Paco Ojeda sera le parrain des trois novilleros « de postin » qui prennent l’alternative, tout prochainement. Tout d’abord, Cesar Jimenez, aujourd’hui, à Nîmes ; Puis, Leandro Marcos, lundi prochain, à Valladolid ; Enfin, Javier Valverde, le 12 Juin, à Salamanca. Du coup, Santander a eu l’idée d’inviter les trois diestros à fêter ce « triple parrainage », au cours de sa prochaine feria de Santiago, en Juillet : Un des cartel réunira Cesar Jimenez, Leandro Marcos et Javier Valverde, face à du ganado de Charro de Llen.

     Apoderamiento « éclair » : On apprend que David Galan vient de rompre avec son apoderado, Sebastian Palomo Linares. On sait que l’ex matador s’était fait un devoir d’aider le fils d’Antonio Jose Galan, étant son apoderado officiel, depuis trois mois. Que s’est il passé ? Entre temps, Palomo a pris en mains les intérêts d’Oscar Higares. Ceci est il lié à cela ? Qui sort gagnant de cette rupture ?  Le torero, qui va chercher un vrai apoderado qui s’occupe exclusivement de lui ? ou l’apoderado qui voit que le novillero n’a pas la qualité, ni l’avenir, qu’on lui prête ? Réponse, sous peu.

     A Antoñete, le Prix "Joaquin Vidal" : Le Prix Mazzantini, attribué chaque année à un professionnel du Toreo, « qui a marqué l’Histoire », vient d’être rebaptisé « Prix Joaquin Vidal », du nom du grand revistero du « Pais », récemment disparu. Pour cette première édition du nouveau trophée, c’est Antonio Chenel « Antoñete » qui se voit distingué, pour l’ensemble de sa carrière, et la toreria qu’il porte en lui, dans et hors des ruedos. « Enhorabuena, Caballero ! Todo un torero, todo un Señor ! » 

 

HIER ET DEMAIN… LA MONUMENTAL DE MADRID !

     10 Mai : Pratiquement un mois complet de toros… Aayyy, que suerte ! On devrait pouvoir passer directement aux « quatre bonnes choses » qui résulteront de la Feria San Isidro 2002. Mais non ! Il faudra, l’une après l’autre « aguantar » les tostones et rafales de vent, pour que, tout à coup, l’étincelle, « la grande communion », se produisent et que Madrid reprenne le sceptre de « Première Arène du Monde ».
     On doit à Enrique Guarner (du quotidien mexicain « Novedades »), un joli résumé de l’histoire des différentes plazas de toros, de Madrid. A la veille de la San Isidro, cela vaut la peine de s’y arrêter, et de traduire, religieusement, son article.

     « Les premières corridas de toros, à Madrid, eurent lieu sur la Plaza Mayor, vaste espace quadrangulaire dont les limites étaient naturellement constituées par les immeubles qui la bordaient. Pour les spectacles, on installait des tribunes, et les le combat se faisait à cheval, et à la lance, les chevaliers étant aidés par leurs valets (peones). A l’époque de Philippe IV, roi aficionado, on a construit une arène de bois dans les jardins du Retiro, où eurent lieu des combats de caractère « privé », pour le roi et sa cour.
     En 1749, Philippe IV finance de ses propres deniers la construction d’une plaza de toros située entre les actuelles rues de Serrano et Claudio Coelho, où l’on donna des courses de toros au bénéfice des hôpitaux de Madrid. On y vit les exploits des Romero, Costillares, Pepe Hillo, Paquiro, Cuchares, El Tato, et les premières sorties de Lagartijo et Frascuelo. La dernieère corrida en sces lieux se déroula le 19 Juillet 1874, des toros de Manuel Garcia Puente étant lidiés par Rafael Molina et Salvador Sanchez.
     La lendemain de cette course, on démolissait la plaza, et quelques semaines plus tard, le 4 septembre 1874, on inaugurait la très belle Plaza de Madrid, que l’on a construite sur la « carretera de Aragon », c’est à dire, dans le prolongement de la calle de Alcalà. Ses plans furent dessinés par les architectes Alvarez Capra et Rodriguez Ayuso, qui utilisèrent du ciment armé et de la briquette.
     Le style mudejar de la plaza était souligné dans le bâtiment central « à double arcade », qui tenait lieu d’entrée principale. La plaza dite « de la carretera de Aragon » pouvaient recevoir 13000 spectateurs, assis en trois étages de 10 filles de tendidos, 8 de gradas et 18 palcos, respectivement. Une plaza ample et très fonctionnelle, avec 12 chiqueros, de grandes écuries, une infirmerie bien agencée, une salle pour les toreros, les bureaux de l’empresa et une conciergerie.
     Pour la corrida d’inauguration, on choisit des toros de Veragua, Garcia Puente, Lopez Navarro, Antonio Hernandez, Atanasio Martin et Miura. Pour les combattre, Manuel Fuentes « Bocanegra », Lagartijo, Frascuelo, Currito, Jose Lara « Chicorro », et Jose Machio.
    
     A la fin de la première guerre mondiale, la population de Madrid avait tellement augmenté que la plaza devint obsolète, et décision fut prise d’en construire une nouvelle.
     On pensa l’installer sur un grand monticule, proche aux terrains de La Venta del Espiritu Santo, et l’architecte chargé de l’œuvre s’appelait Jose Espeliu.
     L’arène que nous connaissons aujourd’hui est construite de ciment armé et de brique rouge, dans le style « Mozarabe ». Elle peut recevoir 23000 spectateurs, disposés en cinq files de barreras, 14 de tendidos, 14 autres de gradins hauts, et de nombreuses loges. Elle compte 10 chiqueros et de nombreuses dépendances, dont un important musée taurin, qui relate grande partie de l’histoire taurine de Madrid.
     Le ruedo de Las Ventas est de 60 mètres, et l’on construisit des barrières suffisamment hautes pour qu’aucun toro ne parvint à les sauter (Ndlr : On a eu « tout faux ! », de nombreux toros faisant chaque année un tour au callejon. On se souvient , entre autre, du toro « Niño », à la bienfaisance de 1971, qui faillit passer au tendido, cassant le bras à un spectateur de barrera).
     La corrida d’inauguration de la plaza de Las Vrentas, eut lieu le 17 Juillet 1931, avec des toros offerts par Juan Pedro Domecq, Julian Fernandez, Manuel Garcia, Concha y Sierra, Perez Tabernero, Coquilla, Conde de la Corte et Indalecio Garcia.Les toreros, qui actuèrent gratuitement,avaient pour noms : Diego Mazquirain « Fortuna », Mardcial Lalanda, Nicano Villalta, Fausto Barajas, Luis Fuentes Bejarano, Vicente Barrera, Fermin Espinosa « Armillita » et Manolo Bienvenida.
     Cependant, comme la plaza était loin d’être terminée, il fallut attendre le 21 octobre 1934 pour que se donne, vraiment, la première corrida formelle à la Monumental de Madrid, toréée par Juan Belmonte, Marcial Lalanda et Joaquin Rodriguez « Cagancho », face à des toros murubeños de Doña Carmen de Federico »…

     Puis, l’histoire continua… La guerre, les crises, le progrès… « Elle » est toujours là et bientôt, elle aussi deviendra trop petite. Du moins… pour la San Isidro !

 

L’ALTERNATIVE REVEE.

     10 Mai : « Cesar Jimenez ya es matador de Toros ! » Le jeune madrilène peut se montrer fier de son alternative, des trois oreilles coupées et de sa sortie par la Porte des Consuls. Maintenant, tout reste à faire. « Arriver, surprendre… est presque facile - disait Paquirri - L’important est de ce maintenir… ». Tous ont vécu cela.
     Cesar Jimenez est « matador de toros ». Lui reste à découvrir le grand cirque du marché taurin, des ferias où il faudra jouer des coudes, lui qui, de la tête de l’escalafon novilleril, repart de « tout en bas », dans le classement supérieur.  
     Malgré la pluie, Cesar Jimenez a vécu, hier, à Nîmes, l’alternative rêvée, bien encadré et encouragé par deux figures du toreo qui ont, elles aussi, triomphé, coupant trois oreilles à des toros corrects, sans être des foudres de guerre. D’ailleurs, très lucide, Cesar Jimenez déclarera : « J’ai combattu des novilladas plus grosses que la corrida d’aujourd’hui ! »
     A ses côtés, El Juli a triomphé. Il suffit de demander! Plus admirable, parce que plus « coûteux », l’effort de Paco Ojeda, au bord de l’implosion, qui parvint à planter les zapatillas » et retrouver une partie de son sitio d’antan. Cela s’est passé à Nîmes, dans « sa » Nîmes, et ce n’est que justice. Voyons si ce bain de jouvence a de positives répercutions, à Jerez, demain, et lundi à Valladolid.

     Le matin, Fernando Cruz a démontré son talent torero et sa caste. Il remporte la « Cape d’Or, mais se fait casser deus côtes. Quant à Manzanares hijo....
     Pendant ce temps, la France et le Sud Ouest surnageaient sous des trombes d’eau. A Biarritz, les vacanciers jouaient aux « Parapluies de Cherbourg », et à Brocas les Forges, Julien Lescarret coupait deux oreilles… en petit comité. Maldita sea !

     9 Mai – NIMES – Deuxième corrida de l’Ascension – Presque ¾ de plaza – Temps pour le moins « humide » - Pluie aux 1, 5 et 6èmes toros.
     (De notre correspondante) : Brillante alternative de Cesar Jimenez, devant un encierro de Torrealta qui lui a permis de développer son toreo. La corrida est sortie correctement présentée, quoique légère : 460, 466, 518, 484, 463, 469 kgs). Toros intéressants, manifestant tout le panel du toro de combat de l’An 2000 : Il n’y eut pas de faiblesse, mais une majorité de charges à retardement. Le meilleur fut, de loin, le sixième, tandis que le quatrième manifesta le plus de caste.
     Alternative de Cesar Jimenez (Oreille – 2 oreilles après avis et sortie a hombros, par la Porte des Consuls). Vêtu de blanc et or, le madrilène reçut par delantales, pieds joints, le toro de la Cérémonie « Corralito », N°93, un colorado de 460 kgs. Le toro se montrera noble, mais paradito. Débutant à genoux, Jimenez donnera une faena essentiellement droitière, tuant d’une estocade, et coupant une première oreille, normalita. Son triomphe au sixième, par contre, ne souffre d’aucune contestation : Avant la sortie, le jeune diestro s’en va au centre, attendant le toro « a portagayola », non pour une larga, mais pour des chicuelinas, clôturées les deux genoux en terre. Gros effet. Après un bon quite par tafalleras, le toro, du nom de « Salton », arrive noble à la muleta et Cesar Jimenez pourra dérouler un toreo de qualité, suave, lié, bien sûr débuté « deux genoux en terre » et clôturé par manoletinas. Bonne épée « a un tiempo » et deux oreilles, justes. Cesar Jimenez « ya es matador de toros »
    Paco Ojeda (Sifflets – Une oreille) a vécu l’enfer, face à son premier. Toro compliqué, peut être trop peu piqué, qui arriva difficile à sa muleta, et qu’il ne sut par quel bout prendre. La déception du public nîmois était palpable. Le quatrième lui permit un superbe « coup d’orgueil ». Toro encasté, puissant au cheval, qui chargea fort et aurait pu faire exploser le Sanluqueño. Peut être ce toro lui aura t’il « rendu le sitio », lui aura t’il permis de vérifier qu’il peut encore rester « dans son terrain », comme avant. La suite de la saison le dira. Paco Ojeda, par trois fois, à la limite de la retraite, de la cassure, planta les pieds, et « resta là », pouvant enchaîner trois muletazos « comme avant ». Il n’en fallu pas plus pour retourner le public qui lui donna une juste oreille « de réconciliation », après une demi estocade, tendue. El toro quita el sitio… Un toro lo devuelve ! Celui-là s’appelait « Legionario ».
    El Juli (Deux oreilles – Silence) déroula son toréo, technique, vibrant, fait de caste et d’intelligence, au cours des trois tiers et même du quatrième (l’estocade), face à son premier adversaire. Facile et clair, au capote ; habile aux banderilles ; très torero à la muleta, toréant long et lié, le Juli paracheva sa faena d’un envol « direct », pour une estocade contraire qui roula le toro. Deux oreilles, partout. Le cinquième commença bien, maisse mit à retarder , de plus en plus, avant de mettre le frein à main. Plus grand chose à faire ! Ce que comprit le public, dans un silence « mouillé ».
     Juli et Cesar Jimenez furent hissés « a hombros », mais seul le dernier sortit par la Grande Porte.

     9 Mai – NIMES – Novillada matinale – ¼ de plaza – Temps mitigé : Novillada bien peu facile de Martin Arranz, Joselito et un sobrero de Fuente Ymbro, bien retord, sorti cinquième.
     Jonathan Veyrunes (Oreille – Ovation – Silence) dut tuer trois toros, du fait de la cogida de Fernando Cruz. Il toucha « le bon » du lot, et mit de la qualité et de la bonne volonté dans un trasteo enlevé, qui lui valut la seule oreille du jour. Pour le reste, ce fut un peu plus difficile.
     Jose Maria Manzanares (Division – Division). (Souviens toi de Mugron !)
     Fernando Cruz (Grande ovation, après cogida) remporta la Cape d’Or, après une actuacion remarquable de force élégante, de talent et d’inspiration. Jolie faena, templée, liée au troisième, mais vilaine cogida au moment de pincher. L’épée reste « sa croix ». Pas d’oreille, mais l’ovation générale et … deux côtes cassées.

 

JEREZ : DAVILA MIURA, EMBALLE !

     10 Mai : Arriver à la Feria de Jerez, « comme un cheval emballé », c’est vraiment de circonstance. Après avoir triomphé à Séville, Eduardo Davila Miura est en pleine euphorie, et le triomphe de Jerez, hier, va le propulser « sur une autre orbite », d’autant qu’au train où vont les choses, et avec le moral qu’il a, il pourrait bien surprendre Madrid.
     Ce n’est pas nouveau ! Un triomphe « donne des ailes » : Tout paraît clair, limpide, et le torero se joue des difficultés. On dit qu’il est « embalado ». Eduardo Davila Miura est actuellement dans cette phase euphorique et hier, il a vaincu le gros méchant, et bien toréé « le toro bueno ». Tout sourit, même le sorteo.

     9 Mai – JEREZ DE LA FRONTERA – 3ème de la Feria del Caballo – Un peu plus de media plaza – Temps nuageux et frais : Corrida très intéressante de Jandilla, correctement présentée quoique peu armée. A la bascule : 532, 532, 570, 536, 510, 530 kgs. Avant tout, de la mobilité et des complications que les toreros pouvaient vaincre, à condition qu’ils le veuillent. Deux l’ont voulu, un troisième a décliné l’offre : Joselito est actuellement « au plus bas ». Davila Miura toucha le plus dur, et le plus noble.
     Le premier fut remplacé. Probablement blessé… par le harpon de la devise, le toro sortit en chancelant comme un fêtard « en état avancé », et dut être rentré. Un comble!  Le quatrième se cassa un bout de corne. Malgré ces incidents, la corrida, par sa race et sa mobilité, est à considérer comme bonne.
     Joselito (Palmas – Bronca) est vraiment bien mal, en ce moment. Peut-être un toro « lui rendra t’il le sitio » ? On le souhaite. Un chroniqueur de Séville écrit : « Il y eut aussi « un señor » de Madrid, un certain Arroyo, mais qui resta peu de temps, et quand sortit le toro, il s’en débarassa, sans se compliquer la vie ». Actuacion triste et sans vergogne, de Joselito : Bronc au quatrième, qu’il tua vilainement. Même là...
    Rivera Ordoñez (Ovation – Oreille, après un avis) se montra très volontaire, tout au long de la tarde. Hélas, son premier perdit rapidement les forces, fléchissant à plusieurs reprises. Départ en trombe, face au cinquième : Trois largas à genoux, véroniques et « grosse » demie. Faena sur deux mains, tirant de bonnes naturelles, avant que le toro ne s’arrête. Bons ¾ d’épée et une oreille très fêtée.

     Eduardo Davila Miura (Oreille – Deux oreilles et sortie en triomphe par la grande porte) démontra, toute la tarde, courage serein, sérieux, technique et talent. Son premier fut très compliqué, chargeant en ouragan, «rematant haut », voulant lui arracher la tête, visant la gorge ou la poitrine. Le torero se mit devant… se mit « dedans », et finit par vaincre le brutal, à son propre jeu. Faena de force, pour un très juste trophée, après une media, tendue. 

     La justice divine lui valut de toucher le sixième, le « bon numéro » : Toro noble, à la charge longue, au galop régulier. Un grand toro. Davila se mit loin et toréa avec douceur et temple, main basse, très près des cornes. Grande profondeur, à droite. Ce fut un peu plus décousu, à gauche. A chaque fois, le double pecho, et le desplante, torero. Grosse faena, à un bon toro, et une estocade qui clôt le tout, sur un énorme triomphe. Eduardo Davila Miura est « le » torero en forme du moment. 

     Ce soir, la quatrième : Toros de Juan Pedro Domecq, pour Finito de Cordoba, Juan Jose Padilla et El Juli.

 

JEREZ : C’EST BON POUR LE MORAL !

     11 Mai : « Une cure de bon toreo ! »… tel pourrait être l’autre titre de la reseña correspondant à la quatrième de feria, en plaza de Jerez de la Frontera.
     Cependant, Madrid est là, et cette corrida de Jerez, tant pour les toreros que les aficionados, aura pour conséquence d’arriver à Las Ventas, ragaillardis: Les « grandes tardes » existent encore, et « le toreo » est plus beau, plus profond, plus émouvant que jamais… Alors, « pourquoi pas, aussi, à Madrid ? »
     Hier, à Jerez de la Frontera, trois toreros ont donné un récital, chacun dans son style, face à une corrida de Juan Pedro Domecq qui avait des défauts, mais se bougeait. Finito de Cordoba a été immense. « Ah, celui-là… S’il voulait, vraiment ! ». Faena parfaite, qui perdit le rabo à cause d’une conclusion un peu discutable, avec l’acier. Toreo profond, cadencé, abandonné… « C’est bon pour le moral », à la veille de Madrid, où il se sait « mal vu », et attendu « avec le fusil ! »
     Juan Jose Padilla est revenu à l’image du torero d’aujourd’hui, qui n'a pas besoin de costumes extravagants, ni de rouflaquettes, pour se faire remarquer. Impeccablement vêtu, Padilla a été « en torero », magnifique au capote, ralenti à la muleta, et gros tueur, à son premier. « C’est bon pour le moral ! » à la veille de San Isidro, où Padilla pourrait bien redorer un blason un peu terni par une dernière saison bien maussade : cornadas, coups durs et « coups en dessous »…
     El Juli était le grand battu de la journée, quand sortit le dernier toro. Le jeune prodige retourna le sort en le toréant parfaitement, même s’il ne put faire oublier l’empaque du Cordouan. On ne va pas dire « C’est bon pour le moral ! », car ce garçon semble  indestructible. Pourtant, le Juli sait que plus les saisons défilent, plus ce sera dur, injuste, impossible. A l’aube de ses 20 ans, Julian Lopez connaît déjà l’exigence des publics, leur caractère ombrageux et leur cynisme. Aussi, faire partie d’une apothéose est toujours gratifiant, à la veille d’une feria où 23000 paires d’yeux (dont 15000 « loupes ») seront braquées sur lui.
     Certes, le toro de Jerez n’est pas celui de Madrid, et les tercios de piques y sont autrement imposés. Certes, la corrida de Juan Pedro fut « discrète » à la pique, mais ne fut pas de toute douceur, de toute faiblesse, de toute fadeur.

     « La corrida » étant, avant tout, « l’image »… allez donc voir le reportage photos de cette corrida de Jerez, par Maurice Berho, sur www.mundotoro.com . Encore une fois, l’ami « sevillano dacquois » a fait parler la technique photographique, « au service du sentiment torero ». Que bueno ! Enhorabuena !
     Allez donc y jeter un œil ! Vous verrez…c’est bon pour le moral !

     10 Mai – JEREZ DE LA FRONTERA – 4ème de la Feria del Caballo – No hay billetes – Soleil, mais frisquet : La corrida s’est terminée par la sortie a hombros des trois diestros, impeccablement vêtus et rangés dans l’ordre : bleu, blanc, rouge ! Gag et clin d’œil involontaire aux aficionados français, de Bayonne et d’ailleurs, présents dans la plaza.
     La corrida de Juan Pedro Domecq « sirvio ». Correctement présentés, et raisonnables de poids (527, 521, 550, 543, 538, 500 kgs), ils eurent un comportement inégal, mais permettant aux toreros de s’illustrer à la résolution des problèmes posés : Le deuxième visait haut ; tardo le cinquième ; cabéceant, le troisième ; « enrazado » le dernier. Enfin… le grand toro, à la muleta : le quatrième, auquel Finito monta « un tabac ! » Ce toro s’appelait « Gitano » - N°25 – 543 Kgs. On lui donna vuelta al ruedo posthume, et il rentre déjà, avec la faena, dans l’Histoire de la saison 2002.

     « Finito de Cordoba » (Oreille – Deux oreilles) triomphe pleinement, « majusculement » ! Très bien au capote, face au premier, qui manquera un peu de transmission, au dernier tiers. Il y aura des muletazos de grande beauté, mais la faena manquera d’unité, le toro fléchissant un peu. Cependant, le Finito avait déjà montré ses intentions. Le quatrième sortit avec un bon galop, mais prit le capote sans grande fixité. 

     Par contre, il arriva « parfait », à la muleta, et le Finito de Cordoba laissa libre cours à son talent : le Toreo « total », fait de profondeur, de cadence, d’expression artistique, le tout cimenté par une technique parfaite, un jeu de bras et un poignet exceptionnels, un courage sans faille. Il ne faut pas oublier que c’est « lorsqu’il s’abandonne » que le torero court le plus grave danger. Faena monumentale, hélas un peu gâchée par une épée tendida, un peu de travers, et deux descabellos. Se le fue el rabo ! Deux oreilles, et vuelta au toro. Grand triomphe du Finito, et le moral « en haut », avant Madrid.
    Juan Jose Padilla (Deux oreilles – Ovation) a été parfait de sérieux, de valeur et de toreria. Certes, les largas à genoux, avec la capote, mais également de grandes véroniques, et une demie majuscule, à son premier. Toro compliqué, qui regardait haut et visait le cou ou les épaulières du torero. Padilla se mit devant, aguanta regards et coups tordus, jusqu’à plier le toro, arrivant même à se mettre « dans le sitio d’Ojeda », enchaînant des passe impossibles. Grosse estocade, « a ley », et deux oreilles très sérieuses. Padilla sera également brillant, face au cinquième, noble mais tardo. Banderilles vibrantes, dont une paire, al violin ; et faena en toréant lentement, très proprement. Hélas, il perdit tous les trophées en deux pinchazos et deux descabellos.
    El Juli (Vuelta – Deux oreilles) banderilla bien son premier, en compagnie de Padilla. Toro difficile, au cabeceo dangereux, attisé par un fond de genio. Juli s’appliqua à régler le problème, mais tua d’un bajonazo, perdant un trophée. Le sixième était un toro qui chargeait droit, mais dur, avec beaucoup de race. Juli se battit avec lui, dans une faena « a mas », techniquement parfaite, templée, liée, se terminant au centre, par de grandes séries, de totale domination. Estocade entière, en « coup de canon », très bonne, et… deux oreilles méritées, qui vinrent clore une tarde de « toreo complet », dans ce cadre magnifique qu’est la plaza de Jerez.

     Ce samedi, dernière corrida de toros, et « grande explication » : Paco Ojeda, Jose Tomas, Morante de la Puebla. Sans commentaires ! Compte tenu des différents contextes, les trois diestros devront se donner à fond. La seule inconnue : la corrida de Nuñez del Cuvillo.

 

MADRID… « A NOUS, TRENTE ! »

     11 Mai : « A deux pas d’ici, je vous le fais savoir… « trente jours de toros », supporter  vous aller devoir ! »…
     …Ou presque ! San Isidro - Madrid: 23 corridas de toros ; 3 corridas de rejoneo ; 3 novilladas… Multipliez le tout par six : vous allez voir « au minimum », 174 toros, sortir à la plaza. Au minimum !… parce qu’avec tous ceux qui vont être changés, allez, on parie sur… 220 ! (Cela donnerait une moyenne de 1,58 toro « devuelto », par spectacle… On risque d’être un peu court !)
     23000 personnes, dans la plaza, dont 17300 abonnés. Si vous y ajoutez les 10% de l’aforo réservés au Troisième Age, restent 3400 pour « les ceuxxx » qui passent là par hasard, ou qui ont décidé, un jour, de sortir leur épouse… « pa presumir ! ».
     Heureusement, vous avez la Télé ! En principe ! car il faut être abonné à « Via Digital » (qui vient de fusionner avec « Canal »). Ca, c’est une chance, parce que si la corrida est un toston, il y a d’autres occupations… pas vrai, madame ?
     La grande chaîne taurine par satellite, (sous le commandement du sieur Fernando Fernandez Roman), ne laissera que quelque miette à « Télé Madrid » (le 15 Mai) et, le 27 mai, à la Première Chaîne Espagnole, (sous le commandement du « même sieur » Fernando Fernandez Roman, qui, si vous avez loupé le tout, vous racontera cela, également, à la Radio Nationale (« Clarin » – Dimanche – 22h). C’est pas beau, ça ? Joli « cumul de mandats », n’est il pas ?). Cela dit, la corrida du 27 est un cartelazo : Finito, Caballero, Morante. Bon, la corrida est de Daniel Ruiz… sur le papier. On verra ce qui se passera au reconocimiento !

     Dans la Presse Espagnole, on murmure : « 2002 ! Il n’y a pas de toros ! Il y a des figures, mais il n’y a pas « de competencia », pas de réelle bagarre, entre les toreros « du haut ». Et c’est vrai ! Les Juli, Tomas…vont s’éviter, soigneusement. Mais les autres seront là, qui vont les pousser, et donc, indirectement, ils vont devoir « se défoncer ».
     A ce petit jeu… Jose Tomas « joue » un méchant pile ou face… Totalement acquise à sa cause, les années précédentes, Las Ventas et son public caractériel « ne vont rien lui passer », après le désastre de l’an dernier, conclu d’un scandale majeur, dont il est sorti, impuni. On ne parle pas de l’amende, qui n’est pas encore tombée… Mais il ne faut pas oublier qu’en 67, Curro Romero refusa également de tuer un toro, et finit… au bloc ! Auteur d’un début de saison tortueux, Jose Tomas joue « beaucoup », à Madrid, les 21, 28 Mai, et à la Bienfaisance, le 13 Juin.

     Pour Commencer, deux « grosses » corridas, ce week end !
     Aujourd’hui : les Pablo Romero du Partido de Resina. Attention, ils sont armés « comme ça » ! (geste à l’appui, écartant largement les bras, et vers le haut ! Voiiiilà !). Des monstres ! En face, des légionnaires : El Fundi, Miguel Rodriguez et Oscar Higares. Toujours cet espoir secret : revoir les Pablo Romero d’antan : impressionnants, mais quand un « mettait la tête »…
     Demain, 12 Mai : Les Hernandez Pla. Là aussi… « de cauchemar ! » Santa Coloma… y mala leche garantis… à moins que ! Bonne chance à Davila Miura, (actuellement en pleine bourre, après Séville et Jerez), El Renco et El Cid. La corrida sera « tout ou rien ! »

     « Atarse los machos… y que Dios reparta suerte, para todos ! » Ca se dit… mais cette fois, on le pense vraiment. 

 

JOSE ANTONIO, C’EST « TRES BON »… POUR LE MORAL !
Faenon du Morante en plaza de Jerez

     12 Mai : Dieu que la soirée avait mal commencé ! De fait, le sale coup habituel : Quatre jours de « viaduc », pour l’Ascension… quatre jours de pluie et de froid. Mais bien sûr, au dernier jour, juste avant de reprendre « le chemin de l’école »… grand beau temps ! Maldita sea ! 
     Pour arranger le tout, on siffle La Marseillaise, au stade de France… Ca commence à bien faire ! Tout cela est le résultat d’une France qui a perdu son nord, et depuis longtemps… On n’épiloguera pas ! Cependant, on ne peut s’empêcher d’avoir un gros pincement au cœur, devant tant d’imbécillité, de vulgarité, d’inculture, et de …falta de pundonor, bien cachées au milieu de la foule ! Le plus terrible est que cela va devenir… une mode, un jeu.
     Le Président a bien fait de se « foutre en boule ! »… mais il n’aurait pas du revenir ! Mais ça… c’est comme « l’amnistie des contredanses » On a trop peur de faire des mécontents quand on a besoin du moindre futur bulletin… Alors, on ne veut « froisser » personne, y compris ceux qui « emm..nuient » tout le monde, justement parce qu’ils savent qu’il y aura « amnistie ». Asi, no vamos por ninguna parte ! Bref… cela s’annonçait « Fatal ! », d’autant que Bastia a fait le parfait « match à l’envers ». 
     Et puis, peu à peu, les nouvelles arrivent, de Valladolid où Ponce est revenu, magistral, et Luguillano a mal terminé, avec l’épée, une grande faena… De Madrid, où les Pablo Romero n’ont pas été bons, et les toreros, pire encore ! Bof !

     Enfin, « le » coup de téléphone ami : « Réjouis-toi ! La Morante a été extraordinaire ! Quel dommage que tu n’étais pas là ! ». Et de raconter, en long et en large, la dernière de la Feria de Jerez, où Tomas a été bien, et même fameux par moments, mais surtout « le » faenon du Morante, au dernier toro de la Feria… « Tu ne peux pas savoir ! Il a donné des passes « de cartel »…
     Si j’étais prétentieux, je répondrais : « Ehhh si ! Je sais… ». Non, bien sûr, on ne sait rien… On sent bien que tel ou tel torero a « quelque chose de spécial », quelque chose que les autres n’ont pas… Mais, allez donc le définir, le garantir, le jurer…
     En écoutant mon ami, et en buvant du « ptit lait », je repensais à ma conversation, il y a trois ans, avec Jose Antonio del Moral. Il s’était soudain « envolé » quand on avait comparé les deux toreros : « Jose Tomas est un grand soliste !- disait il – mais le Morante est, à lui seul, un orchestre symphonique, tout entier ! » 
     Et puis, trois ans ont passé, et quelques doutes sont venus embrumer les certitudes… Tomas qui patine ; Morante qui ne « remate » pas ! Bref, on s’est encore fait avoir , une fois de plus… « Pues ! te lo perdiste, Jose Antonio ! ».
     Morante de la Puebla avait déjà « marqué des points », à Olivenza, pour « l’aimable » début de saison. A Valencia, au Fallas, il avait donné de grands moments… sin rematar. Là, c’était déjà beaucoup plus sérieux. Il y avait eu le festival du Puerto, avec du toreo « de sentiment », de duende…  Malheureusement, il n’y avait pas eu d’accord avec Séville. Tout le monde le regretta, mais, vu les résultats de la Feria, au fond… L’autre jour, on leva le sourcil en entendant : « Grande faena en plaza de Aguascalientes, perdant tous les trophées en pinchant « recibiendo »… Aaaah ! Le moral et les ganas étaient à ce point revenus que le Morante « retentait » une forme d’estoquer qu’il avait pratiquement abandonnée, depuis sa blessure de Séville !
     Le Morante de la Puebla a donné, hier, en plaza de Jerez, un récital de toreo profond, la muleta traînant sur le sable, sous le mufle du toro qui la suit, éternellement. Les pieds, ancrés dans l’arène ; les reins cambrés ; le menton dans le jabot de la chemise torera, le Morante a dessiné le toreo éternel, inoubliable…celui qui fait qu’une plaza toute entière se donne la main, dans la même émotion, la même joie, la même paix.
     Maintenant, reste le plus difficile : attendre la prochaine ! Jose Antonio Morante de la Puebla ne sera jamais, probablement, un torero « régulier », coupeur d’oreilles à foison, roi de l’Escalafon et de tous les hit parades. Des défauts ? On lui en trouvera des tonnes… Des détracteurs? Des milliers, bien sûr ! « Il fait le toreo bonito, de chispazo, devant des toritos… ! » Bien ! Mais les deux de Madrid, l’an passé, n’étaient pas si « toritos », et il leur a fait « le » toreo ! Si o no ? Et puis, que toréent donc les copains ? Donc, on relativise et on attend…Pour l’instant, allez donc savoir pourquoi… aujourd’hui, il fait beau !

     11 Mai : JEREZ DE LA FRONTERA – Dernière corrida de la Feria del Caballo – No Hay Billetes – Beau temps :
     La corrida de Nuñez del Cuvillo a été celle qu’on attendait, pas monstrueuse mais bien faite, et armée « normale ». Aux balances : 511, 500, 530, 536, 506, 503 kgs. Comportement inégal, avec, chaque fois, des choses à régler. Jose Tomas touche le meilleur lot, et Morante exploitera la grande noblesse du sixième, une fois trouvé le bon terrain.
     Paco Ojeda (Silence – Sifflets) a fracassé. Durement traité par son public, le sanluqueño a touché, certes, les plus compliqués, et a longuement tenté de trouver le terrain, le rythme, les enchaînements, la carburation… Ce fut long, pesant, un peu triste. Tout à coup, une demie série bien liée, rematée d’un bon pecho. On espère… puis cela retombe, et se termine vilainement, à l’épée. Quatre pinchazos et deux descabellos au premier. Trois « de chaque », au quatrième. Plusieurs revisteros l’ont vu « à la merci » des toros. Ca, c'est le pire.
     Jose Tomas (Oreille – Oreille, après un avis) a triomphé, plus solennel que jamais. Pourtant, on parlera de « grands moments », mais pas d’actuacion, ni de faena complètes. Face à son premier, un toro « ensabanao », très noble et faible, un peu trop piqué, Jose Tomas toréa « de salon », seigneurial mais sans émotion. La faiblesse du toro interdisant les longs enchaînements, Tomas aligna les courtes séries, inégales mais parsemées de grands détails comme cette combinaison : trinchera, changement de main et pecho interminable. Le public lui fit grande fête, après une bonne épée - Le cinquième toro avait plus de force, plus de race. Jose Tomas donna une longue faena, inégale, dont le sommet fut une série de naturelles, pieds joints, liée à un interminable pecho, sans rectifier la position. Demi estocade, un peu basse, un peu en arrière, et une oreille qui ouvre la grande porte. Bien, mais incomplet.

    Morante de la Puebla (Ovation – Deux oreilles, après un avis) a toréé « con pellizco », avec le capote. Cependant, ses toros ne lui permirent pas de totalement s’y exprimer. Une bonne première faena à un toro reservon, qui attend un peu, puis se retourne vite. Le trasteo, en son milieu, connaîtra un petit passage à vide, et l’épée en peu basse ne rectifiera pas le tir - Le sixième, du nom de « Ventanero », débute avec très mauvaise volonté : Il attend, gratte le sol, refuse de se livrer. Morante, lui, se gratte la tête, patine un peu, change plusieurs fois de terrains. 

    Dans les gradins, on murmure et on se prépare au Fino qui attend au frais, au Real de la Feria… Et tout à coup, il a trouvé ! Alors… une série de quatre redondos, bien ronds, tirés au ralenti, les zapatillas enfoncées dans le sable, la main qui court, la silhouette du Paula des grands jours. Signature d’un immense pecho, et le public qui sursaute. Se succèdent alors deux séries de droitières et deux autres de naturelles, immenses, profondes, totalement abandonnées. Le toreo fondamental, simplement, éternellement. Vêtu de bleu marine et or, le Morante se laissera aller à quelqu’adorno « de sentiment et d’arôme », comme le kikiriki, la firma, avant de pousser une grosse épée, qui tardera un peu à faire son effet, le puntillero relevant le toro. Euphorie totale dans la plaza…et ce sentiment d’avoir vécu « ensemble » un grand événement, tandis que le toro est ovationné et que Morante et Jose Tomas sortent « a hombros » par la grande porte de Jerez, et de l’Aficion toute entière.
     Superbe! Et, à la veille de Madrid… c’est « très bon » pour le moral !

 

AILLEURS, UN SAMEDI  « NI FU, NI FA ! »

     12 Mai : La San Isidro a bien commencé, comme d’habitude… par un toston ! A Valladolid, « Lugui » s’est envolé, mais a raté son atterrissage. Ponce et Fernandez Meca sont revenus, en toreros. Et à Fuengirola, le grand sourire d’Antonio Jose Galan a plané sur le festival organisé en son souvenir. « Cuantos amigos tenias, loco ! »

     11 Mai – MADRID (Las Ventas) – 1ère de La San Isidro – Casi lleno – Temps gris, froid, détestable :
     Le premier toro de la Feria de Madrid s’appelait « Relampaguito ». Il en sortit quatre autres, comme lui, du Partido de Resina. Magnifiquement présentés, en vrais Pablo Romero. Cependant, des cous réduits les empêchèrent de charger comme le souhaitent les toreros actuels : Aucun ne « s’employa », aucun « n’humilia ». Le cinquième fut remplacé par un sobrero de Navalrosa, d’un autre type. Pas très lourds, sauf le remplaçant (523, 526, 542, 540, 586, 574 kgs) le toros de cette première de Feria ont accumulé les défauts, et les toreros n’ont peut-être pas tout fait pour en gommer quelques uns. Meilleurs toros : 1 et 6ème, noblones, mais faibles. Le sobrero : un manso brutal, "mal educao" !
    El Fundi (Silence et petite ovation) fut très correct au premier, mais ne transmit rien. On s’ennuya, sur les banquettes. Ce fut plus difficile avec le quatrième, distrait, visant la querencia. Fundi essaya de toréer classiquement, avant de le tordre sèchement. Ovation « divisée », après une bonne demie.
     Miguel Rodriguez (Silence par deux fois) semble perdu. Triste, sans expression, il essaya de se forcer, et se battit  face au mauvais lot. Pour arranger le tout, il connut deux désastres avec l’acier. Mauvaise pente.
     Oscar Higares (Silence – Silence) passa un mauvais moment devant le troisième qui tirait tous ce qu’il avait en boutique, hachazos, derrotes, œillades assassines, au cou du torero. Higares esquiva ce qu’il pouvait et finit d’un sale bajonazo. Le sixième était noble, un peu faible. Cette fois, c’est le matador qu’il faudra incriminer. Impressioné par l’astifino, Higares ne se livra pas et tua mal.
     Après cette fort décevante première, Madrid va suivre, aujourd’hui, la corrida santacolomeña  de Hernandez Pla, pour : davila Miura, El Renco et El Cid.

     11 Mai – VALLADOLID – 1ère de la Feria de San Pedro Regalado – Demi arène (!) : Les Alcurrucen sont sortis sans classe et faibles. Seul, le sixième s’est a peu près bien tenu. En cinquième, un sobrero de Lozano Hermanos, brave et noble, fameux.

    Enrique Ponce (Ovationné aux deux), revenait, après sa blessure de Séville. Valladolid le fit saluer, en fin de paseo. Très préparé, très motivé, Ponce fut exemplaire, magistral… devant un lot impossible : très court de charge, le premier; tardo dangereux, le quatrième.

     David Luguillano (Silence et Ovation, chaque fois après un avis) ne put rien devant le deuxième, arrêté. Par contre, il dessina une grande faena, templée, liée, avec la personnalité qu’on lui connaît, face à l’excellent cinquième de Lozano. Mais il fracassa avec l’acier, et tout se termina en grosse ovation.
     Finito de Cordoba (Silence avec un avis – Ovation) fit parler la technique, la sobriété, donnant une grande leçon de toreo… mais tua comme un cochon ! Dommage. Finito est en grande forme, déchiffrant vite les conditions de la lidia , du toreo à appliquer. Voyons ce qui se passera à Madrid.
     Ce dimanche : Corrida du Capea, pour Joselito, Manolito Sanchez et le Juli . Joselito est ici, « chez lui »… Voyons s’il est capable d’un « coup de rein » ! On peut en douter, tant le mal semble profond. 

     11 Mai – Ales : Devant une demi plaza, est sortie une très intéressante corrida du Jaral de la Mira. Costauds, braves et prenables, surtout les trois derniers. Le cinquième provoqua deux batacazos.
     Stéphane Fernandez Meca a repris l’épée. Sa cheville est maintenue par un plâtre léger. Ovation et vuelta méritoire, après un combat sérieux, devant le quatrième qui pointa fort vers le ciel, mais que la décision du torero laissa sans réplique.
     Gomez Escorial força une vuelta et une oreille, toréant sans grande personnalité. Même bilan  pour Fernando Robleño, qui fut applaudi. Valientes, si. Toreros, tambien… pero !

     11 Mai - Valencia : La première corrida (mixte) de la mini Feria de la Virgen a été suspendue à cause du « risque de mauvais temps ». Le maigre public a fortement protesté. Certes, la semaine a été mauvaise, mais il faisait beau, et le ruedo semblait en bon état. La taquilla… beaucoup moins, dit on ! Au cartel : Pablo Hermoso de Mendoza, Vicente Barrera et… Jose Maria Manzanares fils. Décidément….

     11 Mai – Fuengirola : Sensationnel festival hommage à Antonio Jose Galan. On a lidié 11 Novillos de Yerbabuena, excellents: Un novillo gracié et deux, honorés de la vuelta posthume.
     Tous ont voulu participer. Les compagnons d’antan étaient là, et ceux qui ne toréaient pas, « aidaient » de torileros, de monosabios. On y a reconnu, entre autres, Jaime Ostos, le Capea, le Soro, El Puri, Jose Mari Recondo. Très émouvant.
     Les toreros se sont régalés. Le bilan « sec » est le suivant :  Jose Fuentes (Oreille) – Miguel Marquez (Deux et rabo) – Ruiz Miguel (Deux oreilles) – Damaso Gonzalez (Deux et rabo) – Curro Vazquez (Deux oreilles) – Jose Luis Galloso (Silence) – Ortega Cano, qui réapparaissait (Deux et rabo) – De même Alfonso Galan, le frère, et David Galan, le fils (Deux et rabo). Julio Aparicio donna une vuelta au 9ème et offrit le sobrero auquel il coupa tous les trophées. Beaucoup d’amitié, de souvenirs, et de bon toreo.

 

ET, AU MILIEU, COULE LA BRAVOURE…
« El Cid » ne veut pas devenir riche.

     13 Mai : La San Isidro a connu , hier, l’un des premiers événements qui restera inscrit à son bilan 2002 : La vuelta à un toro. Au milieu d’une corrida très dure, mansa, compliquée d’Hernandez Pla, sortit « un » grand toro, très brave, très noble, plein de caste, du nom de « Guitarrero ». Ce toro, très brillant, fut magnifiquement mis en valeur par un torero du nom de Manuel Jesus « El Cid ».
     Torero, mais pas matador ! Pour la énième fois, El Cid a mis tout par terre en catastrophant son dernier acte, en pinchant, descabellant plus que nécessaire, si l’on veut devenir « quelqu’un », et si l’on veut se faire riche. Après Séville et la faena au toro de Gerardo Ortega, voilà Madrid, où Manuel Jesus laisse échapper une des grandes opportunités de sa vie torera. De quoi s’enfermer un an  au fond du campo, et s’entraîner à foudroyer tout ce qui passe, d’un estoconazo « a toda ley ». Tant pis pour le laitier ! Tant pis pour le facteur ! Tout ce qui passe… On ne peut être torero si vaillant, si décidé, si talentueux, et être si mauvais en entrant a matar. Jean Cau rapportait les paroles de Mondeño, torero très personnel, amanoletado, mais bien piètre tueur. Il disait : « J’attaque en pensant que je vais pincher… et je pinche ! »C’est probablement ce qui arrive à Manuel Jesus « El Cid », qui, pour le moment, ne justifie aucunement son apodo, son surnom artistique.

     Curieuse impression en voyant le mayoral saluer en fin de corrida. Suffit il donc qu’une corrida tienne debout et aille au cheval, pour faire un triomphe ganadero ? Certes, c’est inusité, de nos jours. Certes, le troisième a valu le détour. Mais pour le reste, la corrida a été dure, compliquée, mansa sous diverses formes et souvent dangereuse. Cependant, le solo du « Guitarrero », très bien mis en valeur par le torero, restera dans les souvenirs, comme une rivière de bravoure, coulant au milieu d’un fleuve de fiereza.
     Les toreros on sué « la gota gorda ». Pas de chance pour Eduardo Davila Miura, qui avait signé ses engagements madrilènes (Hernandez Pla et Palha) « avant » ses triomphes de Séville et Jerez. Hier, il s’est fait chahuter par ses toros et par le public. De quoi perdre le sitio, d’un coup. L’alicantino « El Renco » a littéralement « explosé ». Sans idées, sans recours, sans « illusions », il a bien failli entendre les trois avis. Et dire qu’il souriait, quand sortit son premier… Un sourire qui se transforma en un rictus, bien amer.
     Corrida forte ; corrida dure ; corrida pour aficionados. Malheureusement, les hommes ne sont plus habitués à tant de férocité. Aussi, le résultat est terrible : 6 avis, des sifflets et… 27 descabellos au cours de la soirée.
     Et pourtant… « Au milieu, a coulé de la bravoure ! »

    12 Mai –MADRID (Las Ventas) – 2ème de San Isidro – Lleno – Beau temps :
     Corrida de Hernandez Pla, magnifiquement présentée, en pelage Santacoloma. Trapio et pitones. La corrida n’est pas « super lourde » (575, 549, 521, 520, 568, 520 kgs), mais elle impressionne. Au comportement, les toros sortent en réfléchissant, freinent et sautent dans les capes, vont directement au corps. A la muleta, ils regardent beaucoup, par dessus le muletas ; Ils retardent leurs charges, attaquent court, se retournent vite. Danger parfois peu perceptible, mais rendant impossible le toreo d’aujourd’hui. Par contre, ils allèrent au cheval sans se faire prier, attaquant fort, poussant avec puissance. A ce jeu, « Guitarrero », le troisième fut très brillant, désarçonnant le piquero, à la première charge, et prenant un magnifique second puyazo, un peu trop long. A la muleta, il chargea de quinze mètres, mettant bien la tête et répétant magnifiquement sa charge. Un grand toro à qui fut concédé la vuelta posthume. Son nom « Guitarrero » - N°47 – 521 Kgs, d’Hernandez Pla. Il rejoint, dans les annales, le fameux « Capitan », qui triompha à la San Isidro de 1979.
     Eduardo Davila Miura (Silence, après un avis – Sifflets) fut un peu dépassé par les événements, au quatrième toro. Le public n’a pas laissé passer l’occasion de se moquer facilement du « triomphateur de Séville ». De fait, Davila Miura a touch é un lot impossible. Il avait pourtant bien commencé sa première faena, montrant ganas et sitio. Cependant, le toro s’arrêta au troisième muletazo, et le torero dut se défendre. Face au quatrième, un « pavo » armé comme un Boeing, le moral n’y était plus.
     El Renco (Deux avis et Sifflets – Sifflets, sans méchanceté) mettra du temps avant de revenir à Las Ventas. Très souriant, à la sortie de son premier, il démontra peu de recours, et surtout, peu d’envie « de se la jouer », vraiment, comme s’il possédait « deux fincas et trois mercedes »… Son premier était dur, le tête bien en haut, regardant droit dans les yeux, par dessus la muleta. Le Renco ne sut le plier, et se retrouva face à un mur très pointu, au moment de l’épée. Triste épisode en deux pinchazos, trois pinchazos hondos, très horizontaux et … dix descabellos. Deux avis, alors que tout le monde, y compris le torero, se préparait au troisième. Avec son second, ce fut un désastre, le torero montrant son peu de recours. Heureusement, il tua plus vite, mais pas mieux.  

    El Cid (Grande ovation, après un avis, tandis qu’on donnait vuelta au toro – Deux avis et applaudissements) a été « grand torero » et « lamentable matador ». Il reçut correctement de cape le « Guitarrero », mais ne put complètement se livrer. Par contre, le début de faena fut formidable, le torero citant immédiatement, de vingt mètres, pour une première série de quatre droitières et pecho, qui levèrent une grosse ovation. Le toro accourt avec force mais clarté, et le torero, très ferme, donnera une nouvelle série droitière, immense.

     Le public, surpris, est au anges. Faena courte, baissant un peu, sur le côté gauche, terminée en doblones sobres, pour mettre en place… Hélas, le matador attaquera quatre fois avant de plonger une entière qui ne tue pas. Le cauchemar se poursuivra de huit descabellos. Terrible ! – Le sixième se révélera « l’autre bon » du lot, d’autant que le Cid « ne le doutera pas ». Faena inférieure à la précédente, mais parsemée de bons détails de classe. Malheureusement, ce fut le même cauchemar : cinq pinchazos, demie et cinq descabellos…

     Ce lundi : Troisième de Feria – première novillada : Martin Quintana, Luis Vital Procuna et Javier Valverde, face aux Santacoloma de « La Quinta ». Casta !

 

UN DIMANCHE DE GRISAILLE

     13 Mai : Pas grand chose à se mettre « sous l’aficion » !  A Valladolid, les Capea sont sortis plus gros et plus mous que jamais. De fait, c’est à Sonseca qu’il fallait aller, pour voir un bon lot de Yerbabuena, de Don Jose Ortega Cano, pas encore redescendu de son petit nuage, suite à son triomphe ganadero de la veille, au festival de Fuengirola.
     Côté Novilladas, Matias Tejela est le grand triomphateur de la journée, auteur d’une grande actuacion, en plaza de Valencia ; Salvador Vega coupe une oreille à Séville, et Manolo Escribano, à Barcelone. Le point noir : Les trois avis pour David Galan, à Valencia.

     12 Mai – VALLADOLID – 2ème de San Pedro Regalado – Moins de ¾ de plaza – Nuages : 
     Corrida du Capea, lourde, faible, molle. Le deuxième pesait…620 kgs. Continuons ainsi !
     Joselito (Ovation  - Ovation) débuta bien au capote, mais finit « a menos », devant un lot « a menos ».
     Manolo Sanchez (Silence – Ovation) Peu d’ambition. Mieux, face au cinquième.
     El juli (Oreille – Oreille) Malgré une forte fièvre, triompha « à lo popular » : décidé, vibrant, spectaculaire. Ce ne fut pas du « tout en finesse ». Par contre : énorme tueur !

    12 Mai – SONSECA (Toledo) – Casi Lleno: Très bonne corrida de Yerbabuena (Les guardiola d’Ortega Cano)
     Pepin Jimenez coupe deux oreilles au quatrième – Manuel Diaz « El Cordobes » fait quatre trophées – Tomas Lopez prenait l’alternative. Beau souvenir, avec quatre oreilles à la clef.

     12 Mai – OVIEDO – Media plaza: Cinq toros de Guardiola Dominguez et un de Guardiola Fantoni, durs à ronger. 3 et 6èmes furent dangereux.
     Victor Puerto (Silence, après deux avis – Silence) - Uceda Leal (Vuelta – Oreille) - Alberto Ramirez: (Vuelta avec un avis – Silence avec un avis)

     12 Mai – Barcelona – ¼ de plaza: Novillos de Martin Arranz et Joselito, sans classe.
     Jorge Ibañez (Palmas- Silence) fut mauvais à l’épée - Luis Rubias (Silence – Vuelta) reçut le cinquième par larga, mais alla « a menos » - Manolo Escribano (Oreille – Silence, après un avis) se présentait à Barcelone. Mit le turbo : Portagayola, banderilles avec grosse « tumade », début de faena à genoux, toreo décidé et puissant, estocade en se faisant accrocher. Face au sixième, un paire de banderilles « al violin ». En un mot… toute la « boutique » y est passée

     12 Mai – Sevilla – ¾ d’arène: Mauvaise novillada de Litri (ex Guateles)
     Reyes Mendoza (Ovation – Silence) se fit bousculer, et se montra sans idées ni grands recours techniques. Inquiétant, à la veille de l’alternative - Azuquita (Applaudissements – Silence) montra de la variété et plus de « manières » que d’efficacité torera. Un pas en arrière.
     Salvador Vega (Grande ovation – Une oreille) connut une bonne journée, plus de « bons détails » que de totale harmonie. Il dut abattre en piste le sixième, devuelto, que les cabestros ne parvinrent pas à ramener au chiqueros. Le sobrero s’appelait « Fantasia », et Salvador Vega lui coupa une oreille, sur une faena où les remates furent plus brillants que le torero fondamental.

     12 Mai – Valencia – Novillada de la Feria de la  Virgen de los Desemparados – 1/3 de plaza: Bonne novillada de Bernardino Piriz.
     Miguel Fuentes ( Palmas et silence, après un avis, chaque fois) On le vit un peu vert, devant son premier. Le quatrième était "arrêté".
     Matias Tejela (Oreille et pétition – Oreille) A totalement confirmé ses succès des Fallas et de Madrid. Grande actuacion, tête claire, grande volonté, ample répertoire, face à deux toros totalement différents. Muy bueno. Il est “le” triomphateur de la journée.
     David Galan (Trois avis et ovation – Ovation) « entra fort » dans le public, toréa avec dynamisme et brio… mais se montra « fatal » avec l’acier : 6 pinchazos et 15 descabellos , au troisième. Toro al corral ! Face au dernier, ce fut un peu mieux: 5 descabellos, seulement! 

 

TORERO DE MADRID !
Succès de Javier Valverde… sans couper.

     14 Mai : Madrid a toujours eu « ses » toreros. Parfois de la capitale, parfois d’ailleurs... D’Antonio Bienvenida au Viti, passant par Gregorio Sanchez, Andres Vazquez, ils avaient tous un point commun : le toreo sérieux. Tous, ils avaient ce naturel, cette simplicité de marcher, de lidier, de triompher dans le ruedo de Las Ventas. 
     On ne leur tressait pas des chroniques de louanges, « avec plein de petites fleurs autour ». On disait seulement un sobre, mais incontestable : « Que bien estuvo ! ». Qu’est ce qu’il a été bien ! Et même quand les choses ne « sortaient pas » comme prévu, les toreros avaient un crédit sagement ouvert, pour la prochaine sortie.
     Javier Valverde est un de ceux qui pourrait bien devenir un torero « de Madrid ». A voir s’il ne l’est pas, déjà…
     Hier, le salmantino faisait à Las Ventas, ses adieux de novillero. Encore quelques rudes batailles, comme samedi à Vic, et ce sera l’alternative, « de lujo », le 12 Juin, chez lui, en plaza de « La Glorieta ».
     Rarement un novillero se sera montré aussi prêt à passer au rang supérieur. Et c’est à la Monumental qu’il l’a démontré, en faisant trois paseos, en ce début 2002. Et par trois fois, le jeune diestro a démontré cette force, cette toreria sobre et naturelle, qui plaît à Madrid. Le public de la capitale, (inclus ceux du « 7 »), ne s’y est pas trompé, qui lui a fait triomphe lorsque la chance souriait, ou l’a soutenu de ses ovations quand cela se passait moins bien. 
    Madrid serait elle donc « sentimentale » ? Absolument ! quand elle constate, jour après jour, l’honnêteté, la valeur sans fards, l’engagement d’un torero. Le dernier qui a vécu cela… Rincon !

     Javier Valverde n’a pas triomphé, hier. Certes, l’épée et le descabello en sont les responsables. Cependant, il a d’autres choses que Madrid « a laissé passer », parce qu’elle l’aime bien, et parce qu’il le mérite : Ces pechos « tournicotés », où c’est le corps qui tourne au lieu que ce soit le bras et le poignet, seulement, qui renvoient le toro sur l’épaule contraire. Du coup, les jambes « s’enroulent », décomposant la figure, et donnant lieu à « une mauvaise photo ». Elle lui a pardonné de ne pas continuer sur « sa » main gauche, face au premier. Elle lui a pardonné ces manoletinas qui, pour millimétrées qu’elles soient, n’apportent rien à son toreo, surtout si elles se terminent par un achuchon, comme hier. Elle lui a pardonné la vilaine media espada verticale, en poussant après le pinchazo, une fois passé la tête du bicho…ce qui est un réflexe naturel.
     Javier Valverde est un torero « macho », puissant, sobre. C’est « sa » marque, son identité, sa personnalité. « Pouvoir avec le toro », marcher sur lui, « rester là », le citer d’une voix forte, claire, avancer la muleta et lui imposer le trajet… telle est « la différence » qui a pour nom Javier Valverde. Et Madrid l’a vu, dès sa présentation, l’an passé, à la San Isidro.
     Hier, la « porte grande » est restée fermée. Mais les ovations disaient clairement « Bien, torero ! Bonne chance, pour ton alternative, et rendez vous… pour la confirmation ! »

     13 Mai – MADRID (Las Ventas) – 3ème de San Isidro – Novillada – ¾ de plaza – Bonne après midi, avec des rafales de vent :
     Novillos de La Quinta, qui ont « fait courir » les cuadrillas. Les Santa Coloma, par leur caste, leurs charges crescendo, leurs réactions soudaines, n’ont pas laissé souffler les subalternes, qui, toute l’après midi, se sont montrés maladroits, timorés, au point de « se mélanger les pinceaux » au cours de la lidia, ou de friser de grosses catastrophes, comme le banderillero Sergio Rubiales, de la cuadrilla de Quintana, qui se fait rattraper par le premier novillo, au sortir d’une paire, et percuter contre la barrière. Il eut la présence d’esprit, et la chance, de bien s’accrocher à un piton, et s’en est sorti sans mal. Pero, que susto !
     Les novilleros n’ont guère été plus lucides, excepté Javier Valverde. Les Santa Coloma exigent d’être toréés, et non de recevoir des tonnes de passes, des faenas « kilométriques », sans queue ni tête. La qualité des premier, quatrième et cinquième, a envoyé au purgatoire un Martin Quintana, propre mais sans âme, et un Vital Procuna, d’une bien triste vulgarité.
     Pourtant, le lot de la Quinta n’est pas exempt de critique, en particulier dans sa présentation. A part les deux derniers, la novillada est sortie plutôt terciadita, le troisième étant vraiment « limite ». Mais voilà : « On sait comment ils sortent ! Aussi, on tolère… et on préfère les petits nerveux, aux gros mous ! »
     Ca n’a pas loupé : Le novillos de La Quinta sont sortis avec de la race, de l’agressivité, de la force, un peu désordonnée, au cheval, pour terminer avec un « noble moteur », à la muleta. Nobles, mais pas idiots ! Les meilleurs furent les précités, tandis que le sixième débutait fort bien, mais terminait tête haute. Le plus ardu, incommode : le deuxième, « tête en l’air », dans tous les sens du terme.
     Martin Quintana (Silence siffloté – Ovation) a touché le meilleur lot. Son premier « Medianero », arriva avec temple à la muleta, et le torero ne sut qu’en faire, alignant des muletazos, sans couleur ni saveur. Madrid fit une énorme ovation au novillo arrastré, sifflotant  un silence pour le torero déchu – Quintana a été « un peu mieux », face au bon quatrième, « se sentant » torero en quelques derechazos et naturelles bien coulés, mais trop isolés. Il tua vite, mais « caido », saluant une ovation qui provoqua la division, et le rapide retrait des quelques mouchoirs qui demandaient l’oreille.
     Luis Vital Procuna (Silence – Silence) s’est vu offrir « une nouvelle chance » de triompher, à Madrid. Son échec est patent ; ses progrès, nuls ; son avenir, des plus compromis, sauf s’il pense à entrer dans les rangs subalternes. Vaillant et brouillon, quoique spectaculaire à la cape, il se montra athlétique, mais peu précis, aux banderilles, et très « vulgar » et « pegapases » à la muleta. Des excuses, face au deuxième, mais par contre, le cinquième portait "deux cortijos", au bout des cornes. Le jeune portugais ne les vit pas, transformant un met de choix, que l’on déguste, en un vulgaire « sandwich SNCF », que l’on avale en parlant d’autre chose. Dommage.
    Javier Valverde (Ovation, après un avis – Ovation) se montra solide et torero. Il aurait pu ouvrir une nouvelle porte, mais à chaque fois… le grain de sable ! Faena un peu décousue, face à son premier, un peu violent, le vent gênant le torero. Au milieu, trois naturelles, limpides, qui firent espérer. Cependant, le trasteo perdit son unité, et le torero se fit accrocher la muleta, notamment sur des pechos trop forcés et disgracieux. Final par manoletinas, mal rematées en bousculade. Voulant relancer le trasteo, Valverde attaque fort avec l’épée, et enfonce, à retardement, une vilaine demi épée verticale « à l’envers », comme poussée par derrière (Une photo pour le bêtisier ! ). Après, ce fut très confus, et le succès s’était échappé – Le salmantino fut, par contre, très torero, face au sixième, dans les trois quarts de son combat. Très bien à la cape, seigneurial dans son début de faena et lors de la première série, à droite. Deux naturelles promettront beaucoup, mais le toro change, et sa tête reste en haut. Ce que voyant, Valverde confirmera son « poder », par deux gros derechazos inversés, à tour « vraiment » complet. L’oreille était là, d’autant que l’estocade, al encuentro, est violente, émouvante, et bien placée. Un seul défaut : elle ne tue pas, et Javier Valverde va mettre trois descabellos. Coquin de sort !

     Ce soir, 14 Mai : Corrida du Ventorrillo (à suivre, cette année), pour Victor Puerto, Califa (qui revient à Madrid, après sa San Isidro 2000), et Rafael de Julia.

 

GRANDE ALTERNATIVE DE LEANDRO MARCOS

     14 Mai : Cela se confirmera t’il, par la suite ? La toreria de Leandro Marcos devrait mieux briller, avec le toro. En tous cas, les deux faenas, sculptées hier, à l’occasion de son alternative, en plaza de Valladolid, laissent espérer de grands lendemains. Trois oreilles « avec la manière » ! Après Cesar Jimenez, Marcos marque également « trois buts », effaçant parrain et témoin de la cérémonie, qui, il est vrai, n’ont guère eu de chance au sorteo. Tomas est passé, digne. Ojeda a encore souffert. Triste réalité.

    13 Mai – VALLADOLID – Dernière corrida de La San Pedro Regalado – Plus d’une demi entrée, (seulement !) – Bonne journée, avec du vent :
     Corrida de Garcigrande, bien présentée, mais sans race, mansa sans grande malice. Seul, le premier se révéla excellent, le quatrième montrant des relents de caste. Les autres, « a menos ».
     Leandro Marcos (Oreille – Deux oreilles) recevait l’alternative. Vêtu de blanc et or, soutaché de noir, le vallisoletano se montra fin artiste, torero profond, toute la tarde. Oreille du toro de la cérémonie « Secuestrador » - N°112 – 527 kgs, après une faena de grand empaque. Triomphe complet au sixième, se laissant aller à une totale expression artistique, sans oublier de toréer. Très bonne alternative. On attend la suite.
     Paco Ojeda (Bronca – Ovation, avec division) ne trouva pas le sitio, face au premier. Dans un gros effort, on le vit bien au capote, face au quatrième, et plein de hargne, au cours d’une faena où il réussit quelques bons enchaînements, en restant dans son terrain de prédilection. Il tua mal.
     Jose Tomas (Ovation – Ovation) s’arrima élégamment à deux carnes. Détails de classe, mais isolés, au coup par coup. Son banderillero de confiance, Luciano Nuñez, se fit percuter à la sortie d’une paire, au sixième, et tomba contre la barrière. Il s’en sort avec un doigt cassé. Gros coup de chance.

 

MADRID: DEUX « FOUTUS » CARACTERES…
Le trincherazo de Victor Puerto.

     15 Mai : Depuis 1998, Madrid et Victor Puerto vivent une histoire d’amour passionnée, du style « Je t’aime, moi non plus ! ». Le torero, on le sait, a un « foutu » caractère. Quant au public de Las Ventas, n’en parlons pas.
     « Monté » par Madrid, à la San Isidro 96, Victor Puerto a « piqué une rogne », deux ans plus tard, en pleine San Isidro, et Madrid l’a excommunié, le renvoyant dans les bas fonds du classement, le mettant carrément au placard. Il mit deux ans à remonter. 
     En 2000, Puerto, calmé, reconstruit, revint à Las Ventas et, sans avoir à se mettre à genoux pour demander pardon, comme Miguelin en 1968, fut l’un des toreros triomphateurs de la Feria, sans couper la moindre oreille. Il tenta bien d’enfoncer le clou du succès, en prenant six toros à la feria d’automne, mais Madrid lui dit « trop petit, mon ami ! »... L’an passé, ce fut moins bien. Mal servi, Puerto essaya, en vain, et le public de Las Ventas passa l’éponge.
     Mais voilà ! Les amours passion sont faites de grandes minutes de tendresse, mais surtout de "grosses engueulades". Normal ! C’est meilleur, après !

     Hier, 14 Mai 2002, nouvel épisode. Madrid a pris le prétexte de la vilaine et trop longue agonie du premier toro, que Puerto ne voulut pas descabeller, pour déverser sur le manchego, ses tonnes de hargne et d’injures. Le toro était difficilement « descabellable », mais Las Ventas n’a rien voulu savoir. La bronca fut épique, et l’on se demandait ce qu’il allait se passer, au quatrième. Le torero allait il, comme en 98, « punir » le public, en sabotant le toro, mâchoires serrées, le regard mauvais, montera vissée sur la tête ? Qu’allait il se passer ?
     Victor Puerto a réagi « en torero », et Madrid, même si elle ne veut le reconnaître que du bout de lèvres, a vécu un grand moment de toreo et d’intelligence lidiadora.
     Prévoyant que « cela allait être dur », Puerto se manifesta, au toro de Rafael de Julia, par un quite joliment « chicueliné », qui débuta sous les sifflets, mais finit applaudi. Bon !
     Lorsque sortit « son » toro, ce n’était pas gagné, et Madrid regarda en silence la larga à genoux qui reçut « Ladino », un bicho aussi mansito, correton, distrait que les autres. Puerto s’appliqua, l’intéressa. Sous ses ordres, la cuadrilla en fit de même. Et ce fut la faena...
     Ce fut « la » faena ! C’est à dire, "un ballet stratégique" tenant compte des qualités et défauts du toro, bien enveloppé dans une expression artistique indéniable, le tout « transmettant » une grande impression de puissance, de savoir, de courage et d’esthétique. En un mot… de toreria !

     Début de faena, tout à fait remarquable, par statuaires, firma et un extraordinaire trincherazo gaucher, où le toro fut pris et « toréé », jusqu’au dernier centimètre de la muleta. Madrid sursauta et lâcha un « Olé » sec, de passion et d’admiration. L’animal ! Quel début de faena ! Cela faisait penser un peu à cette corrida de la San Isidro 1975, une parmi tant d’autres, mais « illuminée » par une seule passe : un monumental pecho de Manzanares… On en parle encore.
     On reparlera du « trincherazo » de Victor Puerto !
     La faena fut un récital de « savoir et pouvoir ». Le toro avait tendance à vouloir s’échapper aux barrières. Le torero réussit à le garder au centre, « pesant » chaque approche, « calibrant » chaque passe, « calculant » chaque enchaînement, de façon à résoudre le problème. Calme, concentré, sans aucun regard ou sourire au tendido, Puerto a donné quatre séries, pas plus, terminées par de grandes passes de poitrine. Madrid ne voulait l’accepter qu’à contre cœur, mais elle y était bien obligée. Aussi, c’est avec un soupir de soulagement qu’elle profita d’un pinchazo, pour refuser à Victor Puerto, une oreille bien gagnée. Pis encore, elle ne lui demanda « même pas » de faire une vuelta. C’est ça « l’amour vache » !

     Le reste fut plus gris, plus triste. Le Califa fut bien… tant qu’ont duré ses toros. On sait que c’est un torero d’instinct, peu technique. Mais il semble qu’il a récupéré une partie du « sitio 2000 », et Madrid a retrouvé, hier, le toreo lié, vibrant, main très basse, de Jose Pacheco. A l’épée, par contre… un désastre.
     Rafael de Julia a été le triomphateur de la San Isidro 2001. Bien ! Cependant, il a démontré, hier, en faisant le contraire de Victor Puerto, être un torero « qui fait des passes », parfois belles, mais ne torée pas. Pesant !

     14 Mai – MADRID (Las Ventas) – 4ème de Feria – Llenazo – Grand beau temps, sans vent :
     La corrida du Ventorrillo a déçu. Cinq toros (le premier étant de Criado Holgado) bien présentés et armés, dont le comportement fut presque identique : sortant abantos, distraits, corretones, jetant les pattes dans les capes, sortant des suertes « à l’envers », manifestant une claire tendance à partir aux planches, ils prirent le fer de façon désordonnée, sans fixité, sans bravoure. Une mansada qui, de plus, s’éteint rapidement, comme le premier du Califa et manifesta de la faiblesse, comme ceux de Rafael de Julia. Seul, le quatrième, bien lidié, bien toréé, garda de l’allant et une certaine fixité, malgré son envie de « partir ». Le sobrero de Criado Holgado fut un gros balourd, bien brutal (deux gros batacazos au picador) qui finit descompuesto, tête haute, frein bloqué. Une carne ! Poids de la corrida : 593 (Criado), 538, 499, 527, 543, 556 Kgs.

     Victor Puerto (Bronca – Grande ovation, après un avis) donna quelques passes dégoûtées au manso de Criado Holgado. Le public, qui suivait cela d’un air distrait, se fâcha tout rouge quand, après une demie lame tendida, le torero ne prit pas le descabello. Très lente agonie, pleine de hoquets, du toro qui résiste et qui, probablement, ne donnait aucune option au descabello. Victor Puerto prit la décision de ne pas risquer l’échec, et reçut tout le public « sur la tête ». Bronca , et Madrid qui en remet une couche, en ovationnant l’arrastre du manso. Que brutos son !

     Quand sortit le quatrième, la plaza renaudait encore : Larga à genoux (bof !), plusieurs lances pieds joints, en torero (mmouaiis !) et un gros remate (Bon, allez, on va l’applaudir !). Bonne lidia générale, le toro montrant une réelle tendance aux planches. Madrid se dit que «trois passes et… a tablas ! De fait, le début de faena est monumental (et si vous ne me croyez pas, allez donc à www.las-ventas.com , galerie photos du 14 mai… et vous verrez): « le » fameux trincherazo, la firma et un grand pecho. Faena de trente passes, avec de longs secondes de préparation, de placement. Le but : éviter qu’il s’échappe. Deux grosses séries de redondos, bien liés, quieta la planta, laissant la muleta en fin de passe, pour rattraper aussitôt le toro, pour la suivante. A gauche, le bicho se défend un peu plus, mais deux naturelles sont superbes. Madrid est obligée d’applaudir. Le matador va chercher l’épée, plaque trois doblones de mise en place, et veut tuer le toro « au centre », où il l’a obligé de rester. Hélas, un pinchazo précédera une bonne demie, en arrière. Avis et une ovation, saluée, dignement, par un Victor Puerto satisfait, avec raison.
    El Califa (Silence, après un avis – Silence) est toujours aussi brouillon au capote. Ses deux toros ne permettaient rien, de toutes façons. Par contre, tout le monde a espéré, à la muleta. Le premier chargea fort… deux minutes, et le Califa en profita magnifiquement : Passe changée dans le dos, au centre du ruedo, sans bouger un cil. Terrible ! Série, courte de la droite, templée, liée, intense. La deuxième est moins nette. Jose Pacheco passe sur la gauche, et l’on reprend espoir sur trois naturelles, main très basse, bien tirées. Hélas, le toro se bloque, recule, refuse. C’est fini ! La Califa ne sait pas « faire semblant » et la faena s’éteint, très mal terminée avec l’acier, le toro ne l’aidant absolument pas sur trois pinchazos, et un échec répété au descabello. Dommage – Le cinquième sera le fac simile du toro de Puerto, mais en plus désordonné, qui réussira, lui, à s’échapper aux planches. Est-ce la faute du torero ? Peut-être à son manque de technique, mais pas de courage. Califa donna deux courtes séries où il démontra avoir retrouvé cette personnalité, cette intensité qui le fit triompher, ici, il y a deux ans. Il faut attendre ! Et Madrid le fit, en silence, malgré un triste épilogue, avec l’acier.
    Rafael de Julia (Silence – Silence) a été triste, terne, long, sans intérêt. Certes, il touche les deux plus tristes, ternes, sans intérêt... Mais, quand même ! Son premier, faible, soso, se défendait, et le torero essaya longtemps de lui arracher une série que 23000 personnes savaient « impossible ». Le sixième se montra faible, sans aucun jus, et le torero noya tout le monde dans l’ennui. Il va falloir rectifier, et vite !

     Ce jour : Cinquième de Feria, Manolo Caballero, Rivera Ordoñez et Javier Castaño affrontant les Baltasar Iban.

 

NIMES…C'EST PARTI !

     15 Mai : A peine est on sorti des « corridas-événements » de l’Ascension, (avec le solo de Ferrera, devant une grande corrida de Baltasar Iban ; et la bonne alternative de Cesar Jimenez) que Pentecôte arrive, et que Nîmes ouvre Feria…

     Pas d’apéritif… on passe directement au plat fort ! La feria 2002 débute, aujourd’hui, par une Miurada que beaucoup suivront avec intérêt :
     Comment sortiront les pensionnaires de Zahariche?
     Le Zotoluco « relancera » t’il sa carrière, en Europe ?
     Denis Loré confirmera t’il qu’il est en train de briguer le N°1 de France ?
     Comment Davila Miura se comportera t’il devant les toros « de la famille » ? Et, sa triste sortie de Madrid n’a t’elle pas coupé le bel élan de Séville et Jerez ?
     Réponse, ce soir, en plaza de Nîmes.

     Feria de « Toros y Toreros », avec, pour événement « médiatico taurin », le mano a mano entre Manuel Benitez « El Cordobes » et Paco Ojeda, du 17.

Nîmes 2002 – Voir le programme, dans la rubrique « Cartels »

 

ZZZZZZZZZZZZZIZOUUUUU !!!!!
Désastre madrilène de Baltasar Iban.

     16 Mai : Après la bonne corrida de Nîmes, on espérait voir de grands toros de Baltasar Iban, à Madrid, pour la San Isidro. Logique !
     On attendait de la présentation, de la force et surtout, de la caste. Bien sûr, on n’espérait guère retrouver un « Bastonito » (et non « Bastoncito », comme le signalèrent plusieurs chroniques erronées, et vite corrigées). Le toro « de Cesar Rincon », en 95. Toro terriblement encasté, enragé, fiero, qui faillit faire « exploser » le courageux colombien, à plusieurs reprises, au cours de la faena. Ces toros là, il en sort une fois tous les…50 ans. On a le temps !
     Mais ce qui est certain, c’est que l’on n’attendait pas le triste et fade défilé d’hier : Mal présentés, « tapandose con la cara », se cachant derrière des armures très sérieuses ; faibles, fades, sans caste, excepté le sixième. Un désastre ganadero qui plongea Madrid dans le sommeil. Zzzzzzzzzzzzzz... jusqu’à 20h55…
     Javier Castaño avait bien soulevé quelques vrais « olés ! », mais, la plus grande clameur éclata quand Raul marqua le premier but du Real Madrid, à la finale de Glasgow.  Dix minutes après, Castaño pinchait beaucoup et le Allemands égalisaient. Maldita sea ! La corrida finie, à peine a t’on eu le temps de rentrer chez soi et de « s’en servir une », que Zidane mettait une reprise de volée « pa la historia ». Sacré Zizou ! Outre un immense footballeur et « una buena persona », voilà qu’il se met à faire le quite aux aficionados…
     Madrid aurait pu aller se coucher, complètement abattue, après « lo de Baltasar Iban ! ». De fait, c’est dans l’euphorie que les espagnols rejoignirent les bras de Morphée… ou de quelqu’un d’autre. (Du moins, on le leur souhaite !) Sacré Zizou ! Que gran quite !
     Manolo Caballero a frôlé une oreille devant le suave et faible premier. Rivera Ordoñez n’a pas eu de chance au sorteo. Javier Castaño est presque « sorti du trou », en montrant autant de caste que le sixième. Sans les trois pinchazos, on parlerait aujourd’hui de la première oreille de la feria, pour un torero qui court désespérément après son âme perdue.

     15 Mai – MADRID (Las Ventas) – 5ème de Feria – No hay billetes – Grand beau : Bien décevante, la corrida de Baltasar Iban. Présentation limite, malgré des têtes sérieuses et armées. Quelques toros, comme le 4ème, soulevèrent des protestations. A la bascule : 505, 550, 542, 554, 579, 543 Kgs. La corrida est sortie faible, décastée, noblona et sosa. Seul se sauve le sixième, qui mit de l’ambiance avec une agressive noblesse. Pour le reste, le premier aurait servi s’il n’avait été si faible ; le troisième eut de bonnes arrancadas, mais termina dans la fadeur totale, aidé en cela par son matador. Une grosse déception, encore accentuée par le bon jeu de la corrida de Nîmes.
     Manolo Caballero (Ovation, après un avis – Silence) a été "bon infirmier" devant le premier : faena suave, à mi hauteur, toute en douceur, afin de ne pas « déranger » le toro. Un comble ! A mi trasteo, l’animal se mit en confiance et suivit mieux la muleta. Deuxième partie « se sentant torero », baissant la main en plusieurs bonnes séquences. Faena longue, mesurée, solennelle. Bonne entière en arrière qui tarde à faire effet, le toro empêchant le descabello. Lente agonie et un avis – Le quatrième fut un triste qui mit un susto à Carretero, au sortir de la troisième paire de banderilles. Faena triste, sans grande envie, devant un toro sans jus. Deux désarmés n’arrangèrent pas le tableau.
    Rivera Ordoñez (Silence – Silence) fut le plus mal servi. Correct à la cape, il donna 500 derechazos au deuxième, tous plus fades, les uns que les autres, le toro défilant tête haute, sans se préoccuper de quoi que se soit. Ennui total – Face au cinquième, un salpicado bien présenté, il y eut… trois secondes d’espoir. Hélas, manso « sans rien », également ! Rivera essaya bien deux naturelles, mais… ennui ! Le meilleur : Un gros coup d’épée, quoique un peu de côté, mais en entrant bien. A un autre jour !

   Javier Castaño (Silence – Applaudissements) a été… « tel que l’on attendait qu’il fût », et plutôt mieux : vaillant, vibrant, torpe, sans grande imagination mais émouvant. Il faillit intéresser le monde, face au troisième : longue faena amoncelant les séries droitières, citées de loin, muleta devant, tirant loin derrière. C’est pas beau, mais c’est limpio et lié. Bon ! A gauche, cela se passa moins bien, et lorsqu’il revint à droite, ce fut pour réduire les distances, se mettre à bout portant, et tout devint très confus. Il tua d’une demie bien vilainement portée, et ce fut le silence. On le croyait perdu, coulé.

      Heureusement, le sixième, « Barbito », permit à Castaño de refaire surface, en se portant à la hauteur de la caste du Baltasar. Grosse charge et début puissant par statuaires, sans bouger d’un poil. Olés ! Deux bonnes séries de derechazos, muleta devant, bien tirés et moins retorcidos que précédemment. A un moment, le torero se découvre et prend un terrible achuchon dont il sort le costume déchiré. Sans se démonter, Castaño va continuer, mais raccourcir les distances. Il adore cela, et une partie du public adore avoir peur. Passes dans le dos, derechazos inversés, à tour complet. On préférera de très loin trois bonnes naturelles, pieds joints, en fin de trasteo. Javier Castaño aurait probablement coupé une oreille, s’il n’y avait eu ces trois pinchazos.
     De toutes façons, Madrid avait déjà « la tête ailleurs », car Raul avait marqué, et dans quelques instants, Zidane allait faire un grand quite a Baltasar Iban…

     Ce 16 Mai : corrida d’Arauz de Robles, pour Vicente Barrera, Uceda Leal et Alfonso Romero.

 

NIMES : VIVA ZOTOLUCO ! VIVA MEJICO !
Grande Miurada, et vuelta à un toro.

     15 Mai : Grande corrida de Miura, pour la première de Nîmes. Tandis que les bruits et les mails annoncent quelques petits scandales prévisibles, pour la corrida spectacle du cinquantenaire (c’est peut-être pour cette raison qu’elle est « hors abono !), Nîmes a vécu, hier, une grande journée de Toros et de toreros : La Miurada est sortie brave, brillante, et l’on a donné vuelat à un grande toro.
     Chez les hommes, Denis Loré a perdu une oreille à cause de l’acier. Dommage pour le trophée, mais bien pour sa faena. Davila Miura n’a pas touché le bon loto, et s’est battu, face au sixième. Reste le Zotoluco.
     La France dit « Chapeau ! »… et il est bien dommage qu’elle soit la seule. Le petit matador au teint cuivré est « un lion » qui mérite tous les respects, tous les honneurs et tous les contrats. On est loin des « mazettes » (on s’excuse) de Joselito et Jose Tomas qui, encore une fois, prennent de futiles prétextes pour ne pas aller à Pamplona et Bilbao. Ya est bien, hombre !
     Zotoluco n’est pas un torero artiste, mais un torero macho, honnête, sincère, qui fait tout ce qu’il sait, et le fait bien, face aux toros les plus impressionnants d’Europe, alors qu’il prend « le plus doux » au Mexique, où il est N°1. Ceci est d’un mérite indéniable, qui doit être totalement reconnu. Et si la France est la seule à le faire, pues… Vive la France !

     15 Mai – NIMES – 1ère de Feria – 2/3 de plaza – Grand beau temps : (De notre correspondante) .
     Grande corrida de Miura, qui montra de la bravoure et de la noblesse encastée. Bravoure, surtout chez le deuxième, bien pris par Bouix. Toro plus complet, brave, noble et puissant, le quatrième, du nom de « Langueto », N°44 – 570Kgs, qui fut honoré de la Vuelta al ruedo. Faibles les trois et cinquièmes, ce dernier étant remplacé par un Gimenez Indarte de 699 Kgs, qui n’avait rien à dire. Pois de la corrida : 550, 565, 580, 570, 699, 580 kgs.
    Zotoluco (Ovation – Deux oreilles, après un avis) a été un peu gêné par le vent, face au premier. Faena correcte, citant de loin, terminée « bas », avec l’épée – Par contre, le mexicain donnera toute sa mesure face au quatrième, qui attaquera avec noblesse encastée, « s’appuyant sur les deux côtés ». Début de faena, les deux genoux en terre. Valiente ! Puis le torero va le convaincre de charger droit, « sobandolo », et la deuxième partie de la faena sera de grande qualité, par le lié et le templé des muletazos. Faena longue, travaillée, puis « libérée ». Superbe. Grosse épée, « a un tiempo », et deux oreilles, sans contestation, tandis que l’on donnait vuelta al toro. Gros, gros triomphe du Zotoluco !
     Denis Loré (Vuelta – Ovation, après un avis) a été bon muletero en plusieurs séries, sur deux mains, face au deuxième, qu’il avait correctement banderillé. On pensait à une oreille, connaissant le talent estoqueador du français. Mais, Ayy ! un pinchazo, une entière et deux descabellos ont tout mis par terre. Dommage ! – Face aux « 700 Kgs sans race » du cinquième, il s’escrima en vain.
     Davila Miura (Silence – Palmas)  toucha le mauvais lot. Faible, le troisième, et jouant du cabezazo par en haut, le dernier. Davila flotta devant l’un et se montra vaillant devant l’autre. Cependant, son toreo raide et sans grande originalité « passe mal » en France. « Estuvo alli, y punto ! »

     Ce 16 Mai : Corrida de Juan Pedro Domecq, pour Enrique Ponce, Jose Tomas et Sebastian Castella. Le trapio sera différent, mais Ponce et Tomas vont « s’expliquer », tandis que Castella ne manquera pas de « s’exprimer ».

 

MADRID : LES VERONIQUES DE RAUL…
Première Vuelta de la feria, pour Uceda Leal

     17 Mai : « Hala Madrid ! Olé Raul ! »… C’est presque la seule chronique possible de cette 6ème journée de la San Isidro, où l’on fit trop peu honneur au 82ème anniversaire de la Mort de Joselito « Gallito », en plaza de Talavera.
     En fait, Madrid avait encore la tête bourdonnante des orgies de la veille. Orgies de champagne, d’émotion et de joie de tout un peuple. Magnifique ! Orgie de violence, aussi, de la part de pauvres bougres qui mériteraient bien un train pour une autre planète… Ecoeurant !
     Le Real Madrid a gagné, et bien gagné. Tandis que la Coupe d’Europe volait de mains en mains, Raul, le buteur du Real, grand ami d’Enrique Ponce, se mit à dessiner sur l’herbe de Glasgow, de magnifiques véroniques, avec pour capote, un drapeau espagnol. Cela aurait pu choquer ! On ne torée pas avec le drapeau national ! Tout comme on ne siffle pas la Marseillaise ! Cependant, à ce moment précis,  Raul symbolisait « toute l’Espagne », aux yeux de millions de téléspectateurs et cela pouvait passer. Cela passa si bien, d’ailleurs, que tout le stade rugit de tonitruants « olés ! », aussi profonds que les passes « au vent » du madrilène. Enooooormes, les véroniques de Raul : lentes, cadencées, mains basses, planchado de capote… Superbe. 
     On ira pas jusqu’à dire que l’avant centre du Real Madrid peut se recycler quand il le veut, mais…chapeau !  On lui souhaite, simplement, d’avoir un peu de chance lors du prochain Mundial. Lui qui se montre souvent génial, sous le maillot blanc, a toujours « pinché », sous les couleurs nationales. On souhaite donc, à Raul, un gros triomphe et de nombreux buts son équipe d’Espagne… tout simplement parce que l’on aimerait bien le revoir toréer à la véronique.

     Madrid a vécu, hier, son premier « gros toston ». La corrida de Arauz de Robles, mal présentée, faible et mauvaise, à explosé. Deux sobreros de Gavira et un gros Criado Holgado sont venus lui prêter main forte… Façon de parler !
     Vicente Barrera a confirmé que les miracles n’existaient pas. Alfonso Romero venait « en artiste ». A part deux grandes naturelles au sixième, il ne put s’exprimer, mais ne se battit pas plus que cela.
     Quant à Jose Ignacio Uceda Leal, il est un torero tout à fait « récupérable ». Très vaillant, mais très serein, il fut « en torero » devant un cinquième toro, très compliqué, auquel il aurait pu couper l’oreille si la faena avait été mieux comprise, et l’estocade, moins basse. Cependant, il donna « une vraie » vuelta al ruedo.  Il faut attendre. Uceda Leal a eu maintes opportunités. Il en a laissé passer un sac entier. Bon ! Pero… es Torero !

     16 Mai – MADRID (Las Ventas) – 6ème de Feria – Casi lleno – Vent : Il y eut la traditionnelle minute de silence, en l’honneur de la mort de Joselito, en Talavera, le 16 Mai 1920.
     Corrida « patchwork » : Il était prévu six Arauz de Robles ! On en garda quatre, mais on en lidia trois (1, 2, 5ème) Tristes, faibles les deux premiers ; très tordu, le cinquième, qui sauta au callejon. Deux toros de Gavira (3 et 6èmes) : des gros balourds qui ne servaient guère. Enfin, en quatrième, un énorme, de Criado Holgado, qui aurait pu permettre plus, devant un torero plus décidé, et un vent moins pénible. Le lot entier pesa successivement : 505, 534, 563, 581, 542, 540 kgs.
     Vicente Barrera (Silence – Bronca, après un avis) sortit, vêtu « de tristesse et or ». professionnel et froid, devant le premier, un toro aspero que le public protesta, le valenciano dessina une faenita brouillonne, en partie gênée par le vent – Face au quatrième, Barrera demanda de la patience… Le toro venait bien, mais le torero n’arriva jamais à se confier, se plaignant exagérément de quelques rafales. Pour arranger le tout : pinchazo, une atravesada et… huit descabellos.

     Uceda Leal (Silence – Vuelta) se battit trop longtemps avec le deuxième, un somnambule que le public protesta méchamment. Par contre, on le vit très bien au capote, à la réception du cinquième, qui sauta au callejon. Toro très compliqué, agressif, rebrincado, donnant des coups de tête dans tous les sens, se retournant dans les jambes du diestro. Un regalo ! Uceda Leal se montra très ferme, serein, tête claire. Et il finit par le toréer, clairement, en longs derechazos bien templés. Bonne faena, avec cette personnalité indéniable, mais surtout, la clairvoyance et la décision. Grosse estocade, tombant un peu bas. Le public ne réclama pas l’oreille, mais ovationna la première vuelta de la Feria.

     Alfonso Romero (Silence – Silence, après un avis) ne put rien devant le Gavira troisième, qui allait faire 6 ans, dans deux mois. Toro endormi ; torero désolé ; Madrid somnolente ! Le sixième semblait vouloir servir. Malheureusement, cela ne dura qu’un moment : distrait, voulant partir à querencia, le Gavira ne permit que quelques bons muletazos isolés d’un Alfonso Romero, plus artiste que lidiador…

     Ce vendredi 17 : Corrida de banderilleros, avec Luis Francisco Espla, le « chouchou de Madrid » ; Antonio Ferrera, pour sa première corrida « vitale » ; El Fandi, qui confirme alternative. La corrida sera de Carriquiri.
     Aujourd’hui tombera la première oreille de la San Isidro 2002. On parie ?

 

NIMES : SEBASTIEN CASTELLA S’EST EXPRIME

     17 Mai : On terminait, hier, en disant, qu’encadré par Ponce et Tomas qui « devaient » s’affronter, Castella pourrait « s’exprimer ». C’est exactement ce qui s’est produit. Devant une corrida peu brillante de Domecq, les deux « stars » ont réglé les affaires et, mieux servi, le Français a laissé libre cours à sa toreria, coupant deux oreilles et triomphant totalement. Maintenant, après Arles et Nîmes… comment assumera t’il la suite ? Il faut confirmer et… durer !

    16 Mai – NIMES – 2ème de Feria – ¾ de Plaza – Du vent, dans « du bleu » : (De notre correspondante) Six toros de Juan Pedro Domecq, correctement présentés sans plus, et inégaux dans leur comportement. Beaucoup de « tardo » et quelque faiblesse, qui annihilent le fond de noblesse. Meilleur lot, pour Sebastien, qui sut en profiter.
     Enrique Ponce (Ovation, après avis – Silence, après avis) essaya longuement, devant le premier, noble mais tardo, avec un voyage bien court. Le quatrième, bien reçu au capote se révéla faible. Ponce le toréa, au coup par coup. Aucune émotion.
     Jose Tomas (Division – Ovation, après un avis) ne voulut pas se compliquer, devant son premier. On avait pourtant espéré, après l’ouverture à la cape. Puis, ce fut « le Tomas des années 2000 », bien loin de celui de 98. De plus, il tua mal. Toro soso, le cinquième. Longues séries « sans fibre », en début de trasteo. Puis quelques éclairs, en particulier, toréant pieds joints. Le manoletinas, applaudies par les uns, deviennent « imbuvables ». Jose Tomas est passé, « presque en blanc ».

     Sebastian Castella (Vuelta – Deux oreilles) aurait pu « en couper quatre ». Grosse faena au bon deuxième, ouverte par trois passes changées, dans le dos. Séries, très coulées, sur les deux mains. Adornos de classe… Pero no lo mato ! – Le sixième était moins noble, plus rétif au premier muletazo. Castella, qui l’avait reçu par trois largas à genoux, et de grandes chicuelinas, au quite, le comprit, lui donna confiance et finit par le mener à sa main, toréant large, surtout à droite. Adornos et manoletinas ; desplante à genoux, que suit « un coup de canon », avec l’épée. Deux oreilles et sortie a hombros, tandis que les deux « chefs » rentrent à pied…

 

     Ce 17 Mai, "la" corrida pour "Paris Match"! : Mano a mano El Cordobes / Paco Ojeda, face à "un lot" de Domecq

 

LEANDRO MARCOS CONFIRME… A TALAVERA

     17 Mai : Parcours sans faute, pour le moment, de Leandro Marcos, dont on a pu déguster le toreo, hier, dans le programme télévisé « Tendido Cero », à l’occasion de son alternative, le 13 Mai, à Valladolid. Toreo « léché », de grand empaque. On retiendra, en particulier, un immense pecho, tourné sur l’épaule contraire, au sixième toro.
     Hier, Leandro Marcos faisait son deuxième paseo, de matador de toros : Talavera, en compagnie de Joselito et du Juli.
     Le Juli n’a pas eu de chance, et Joselito a coupé deux oreilles qui ne rassurent personne sur le mental actuel du Madrilène. Pourtant, Dieu sait si on aimerait dire le contraire…

    16 Mai – Talavera de la Reina – Corrida du 82ème anniversaire de la tragique corrida, en cette plaza, de Gallito – Casi lleno : Corrida de Zalduendo, sans grand trapio, noblotes sans grande force.
     Joselito (Palmas – Deux oreilles) se montra triste, ennuyeux, face au premier de la tarde. Un peu mieux, face au quatrième, pour une récompense qui parut bien généreuse, due en particulier à une bonne estocade.
    El Juli (Ovation – Palmas) toréa « de salon », deux toros complètement décastés, ne pouvant que se montrer professionnel, pour un résultat qu’il savait impossible.
     Leandro Marcos (Oreille – Oreille) toréait sa deuxième corrida. On l’a vu très torero et très à l’aise, face à deux toros de comportement similaire : noble, décasté. Il faut attendre de plus sérieux examens. Cependant, le torero « entre » rapidement, en connexion avec le tendido, par un toreo de classe, visant esthétique et profondeur. A suivre.

 

MONT-DE-MARSAN : LA MADELEINE 2002

     17 Mai – 21h : C’est devant un nombreux public que viennent d’être révélés les cartels de la Feria de Mont-de-Marsan 2002. Nouveauté, cette année : Outre les cinq corridas, du 21 au 25 Juillet ; outre la traditionnelle corrida portugaise ; outre la novillada non piquée matinale du dernier jour, il y aura, cette année une novillada formelle, le samedi après midi. Une sorte de grand apéritif à la Madeleine 2002. « Santé, Señora ! »

La Feria de Mont-de-Marsan se présente donc comme suit :
     Vendredi 19 Juillet : Grand concours Landais
     Samedi 20 Juillet : Novillos de San Martin, pour Jarocho, Manuel Escribano et Ruben Cano
     Dimanche 21 Juillet : Toros de Sanchez Ibarguen, pour Zotoluco, Denis Loré et  Pepin Liria
     Lundi 22 Juillet : Toros de Javier Perez Tabernero, pour Enrique Ponce, Jose Tomas et Antonio Barrera
     Lundi 22 Juillet – Nocturne - Corrida portugaise, avec les rejoneadores Luis Domecq, Pablo Hermoso de Mendoza et Patricia Pellen. Pega des forcados de Alcochete. Ganado de Sanchez Cobaleda
     Mardi 23 Juillet : Toros de J.I Charro Sanchez Tabernero, pour Davila Miura, Miguel Abellan et Julien Lescarret
     Mercredi 24 Juillet : Toros de « El Torero », pour le remplaçant de Joselito (?), El Juli  et Sebastien Castella.
     Jeudi 25 Juillet, au matin – Novillada non piquée : Erales de Martinez Elizondo, pour le cavalier montois Gérald Martinez, et les novilleros I.Lopez et D.Martinez Reyes.
     Jeudi 25 Juillet : Toros de Victorino Martin, pour Fernandez Meca, Juan Jose Padilla et Antonio Ferrera.

     Au cours de cette manifestation qui rassembla un nombreux public, divers trophées furent remis aux triomphateurs de la temporada passée, dans le Sud Ouest, et à Mont de Marsan : Victorino Martin, Stéphane Fernandez Meca et le picador du Zotoluco, Efren Acosta.  

 

PREMIER « TOURNANT » DE LA TEMPORADA
Triomphes d'Antonio Ferrera et du Fandi, en plaza de Madrid

     18 Mai : « Eso es la Fiesta, señores ! », ou, une fois de plus, « Voilà pourquoi nous sommes aficionados ! »
Cette phrase nous revient lorsque l’émotion « chauffe les cœurs et le ventre », monte au cerveau pour nous dire qu’à ce moment là, quels que soient « nos emmerdes » quotidiennes, nous sommes heureux, et nous le sommes, « tous ensemble ».
     Hier, 17 Mai, la Temporada 2002 a, tout à coup, changé de cap… Un de ces coups de grisou de la Fiesta Brava ! Apothéose d’une part, grave lésion, de l’autre, font que les « figuras del Toreo » vont devoir se donner à fond pour maintenir leur rang. Du coup, cela va changer, et nous en sortirons tous gagnants.
     Hier, deux toreros ont « éclaté », à Madrid. Et Madrid les a pris dans ses bras…
     Antonio Ferrera a ouvert la grande porte, et le Fandi a démontré son courage, sa vista, son pundonor. On ne veut pas se vanter, ici, mais… cela fait un moment qu’on le dit : On doit faire les toréer ensemble.

    Autant Ferrera nous a paru, à maintes reprises, accéléré, vulgaire, hystérique… autant il a été, hier, et sur ses deux toros, « en grand torero » poderoso, intelligent, d’une vaillance superbe, avec, même, des passages de grande classe. Eh oui ! Et c’est à Madrid, la cathédrale, qu’il a réussi ce rendez vous. Déjà Séville nous l’avait montré « muy torero ». Et souvenez vous, au « one man show de Nîmes »… on disait ici : « Ce n’est pas cela ! » Le torero « explosé », dépoitraillé, complètement « déjanté » de Nîmes, a laissé la place, hier,  à un « Matador de Toros » qui donne la vuelta, les deux oreilles en mains, digne, bien habillé (aurait du boutonner son chaleco, mais bon !), les yeux pleins de fierté et de bonheur… au milieu du bonheur de tous. Chapeau !

      A ses côtés, terrible compétiteur, El Fandi s’est montré un formidable athlète du toreo. La vérité « à coups de canon ! », au capote, aux banderilles, debout, à genoux ; en avant, en arrière ; à l’endroit et à l’envers… Un vrai tourbillon torero !
     Antonio Ferrera et El Fandi « vont se faire riches ! », et ce n’est que justice !
     Hier, à Madrid, ils ont fait irruption dans la temporada, et vont la « basculer », pour notre chance et notre plus grande joie…
     De fait, c’est à Séville qu’ils avaient entamé leur coup de force. Madrid n’est que « la grande confirmation ! » Nous sommes, tous, de enhorabuena !

     Hier, 17 Mai, la temporada 2002 a également basculé, à cause de la sale cogida de Joselito, en plaza de Nîmes. Grosse vilaine fracture du fémur, et peut-être six mois d’arrêt. Le maestro Antoñete, si souvent victime de problèmes de ce type, déclarait qu’il préférait une cornada à une fracture… et c’est probablement vrai. Bloqué, plâtré, on doit « gamberger » bien plus, et les jours doivent paraître bien longs… Et puis, les chairs se ressoudent bien plus vite que « deux bouts d’os ! »
     Joselito « n’allait pas bien » en ce début de saison. Partout, il affichait une fadeur, une trouble tristesse qui « noyaient » les sentiments du public à son égard. « Pero, a este que le pasa ? Est il vraiment mal dans sa peau ? Se moque t’il de nous ? » Personne ne pouvait répondre…
     Hier, Joselito a eu un geste superbe, de torero et « de grand » : Aux organisateurs nîmois qui mettaient un avion à sa disposition pour aller se faire opérer à Madrid, il a répondu qu’il faisait totalement confiance aux médecins français, et restait là. Ce n’est pas commun. On ne peut que souhaiter au torero, avec respect et cariño, un grand repos… et un bonheur intérieur qui en profite pour revenir.

     Joselito immobilisé, la temporada « va s’ouvrir » et, après « le coup de canon » du duo Ferrera-Fandi, il en est un qui doit se faire du souci, et qui a pour nom : Jose Tomas. Le madrilène n’a plus de telonero, et devra « se la jouer » vraiment, pour rester en haut. Le peut il encore ? On va vite le savoir. Madrid, déjà « mosca », après la San Isidro passée, va le recevoir avec dureté, et peut être même, injustice. Il faut attendre… Mais, à sa moindre hésitation, des « qu’on appelle Ferrera ! » tomberont du tendido… Sûr !
     Hier, 17 Mai, trois toreros ont donné une grande tarde, en plaza de Madrid et, malgré la grosse pluie, le froid et le vent, il y avait « du soleil dans les cœurs »…

     17 Mai – MADRID (Las Ventas) – 7ème de Feria – Lleno – Pluie, forte, persistante. Froid et vent :
     Corrida passionnante ! Trois oreilles coupées ! La grande porte qui s’ouvre ! Des toros et des hommes ! La Fiesta Brava.
     Corrida de Carriquiri (provenance Nuñez), magnifiquement présentée, supérieurement armée. Très raisonnable, au niveau des poids : 538, 570, 544, 543, 531, 527 kgs. Corrida très sérieuse, encastée, pleine de complications et d’agressivité. Certains tardaient à déclencher, puis « explosaient » en charges dures, se retournant sec. Espla en fit les frais. Beaucoup de tendances « aux planches ». Deux toros supérieurs, braves, nobles bien compliqués, les cinq et sixièmes.
     Luis Francisco Espla (Silence – Ovation), se savait battu d’avance en vibrato, en audace, en sens du spectacle… Il prit donc l’attitude du professeur qui laisse les enfants « faire les fous », magnifiquement, tandis que lui, dicte sa leçon. Cela ne lui a pas mal réussi, face à son premier, court, violent, se retournant sec. Il le toréa longtemps, à droite, essuyant en souriant, plusieurs achuchones, alors que le côté gauche semblait moins ardu. Tuant habile, « il farfouilla » un descabello tardif.
     Mais, « le » grand moment d’Espla : La lidia du quatrième « Gorrion » : Un sérieux « moineau » que personne ne pouvait fixer au capote. Seul Espla réussit ce coup de force et de science, se permettant même de longuement conduire le toro « à une main », au sortir d’un quite. Super ! Puis, ce fut l’Espla de toujours, montera puesta, en passes courtes et rapides. Bien, mais « regardant » le triomphes des petits jeunes.
    Antonio Ferrera (Palmas – Deux oreilles et a hombros « por la puerta grande ») a été en torero, responsable, intelligent et « presque calme », toute la tarde. Peut-être savait il qu’il avait rendez vous avec la gloire. « Poussé » par le Fandi qui avait brillé au premier toro ; presque « effacé » par le granadino, aux banderilles… Ferrera vit sortir un troisième, un vrai « tonton » qui se planta là, au milieu de la plaza, sursautant au cite du capote, comme un petit chien qui veut jouer, pour s’enfuir à toutes jambes, à l’autre bout de la plaza. Toro manson, aquerenciado en toriles, à qui Ferrera va donner tous les avantages. Toro extrêmement sérieux, qui se défend méchamment, vers « l’extérieur », las afueras, mais rentre bien, vers les planches. Ferrera va lui arracher plusieurs gros muletazos, avant de « bien dessiner », sur le retour naturel du toro. En fin de série, de gros pases de pecho. Muy bien ! Le public marche, mais reste discret, un peu dur, après une lame tendida, qui tarde. On avait banderillé ce toro « à trois », et le Fandi avait mis un « por dentro », énorme.
     Le cinquième s’appelait « Exposito », et Ferrera va lui devoir… beaucoup ! De fait, c’est le Fandi qui va tout déclencher avec un gros quite par chicuelinas. Piqué au vif, Ferrera réplique, par les mêmes passes, plus lentes, mains très basses. Grosses ovations. Le tiers de banderilles est grandiose, le torero glissant sur un quiebro en deux temps, que le public ovationna, debout. Puis, ce fut la faena : Trois muletazos « définitifs » et un trincherazo qui vont convaincre le toro de charger. Toro qui râle et proteste également, vers le centre, mais revient bien, vers l’intérieur. Le torero arrache le muletazo, puis se relâche totalement, sur le retour du bicho. La fin est brillante, Ferrera se laissant aller a de grosses séquences, pieds joints, et plusieurs adornos de grande classe, en particulier une passe du mépris « de cartel ». Citant à très courte distance, un énorme coup d’épée, un peu bas, dont le toro sort « rodao »… Apothéose totale, larmes, embrassades avec son équipe et son apoderado. Mérité ! Rien à dire, sinon bravo et … ne change rien !

    « El Fandi » (Ovation – Oreille) a sidéré Madrid. Le granadino confirmait l’alternative. Dès le paseo, le Fandi s’est jeté dans la bataille, en véritable athlète qu’il est (champion de ski) : Deux largas à genoux pour recevoir le toro de la cérémonie,(« Acorralado » - N°35 – 538Kgs) suivies de véroniques « toréées » à genoux, une demie, dans la même position, et la serpentina finale. Huit passes, huit coups de fusil ! Aux banderilles, un cuarteo, puissant ; une paire en courant et réunissant « à reculons » (dite « de la moviola ») et une troisième, très précise « al violin ». Madrid a dit « Ca alors ! » Faena incommode, le toro s’arrêtant très vite, tandis qu’il pleut beaucoup. Fandi s’accrochera, en vain.

      Le sixième « Cornetero », lui permettra de rendre la politesse aux compagnons : Gros tiers de banderilles, avec jugueteo et salut final des trois diestros, heureux. Madrid dégouline de pluie et de plaisir. Auparavant, le Fandi a mis un quite par gaoneras, au centre… à hurler ! Faena de vaillant, avec de très bons moments où le Fandi confirma « qu’il sait toréer ». Entrant fort, une estocade, et un public de Madrid, ému, juste dans sa réaction : Ce « Fandi-là » mérite bien une oreille ! Deo gracias !
     Fabuleux moment, et la joie sur tous les visages. Ferrera ouvre la Grande Porte de Madrid… et la temporada peut commencer !

     Ce samedi 18 Mai : Première corrida de Rejoneo, avec le mano a mano entre Joao Moura et Pablo Hermoso de Mendoza, face à des Flores Tassara.

 

NIMES : TRIOMPHES ET TRISTES ANECDOTES…

     18 Mai : La « double journée » du 17 Mai 2002, à Nîmes, a été marquée par  la joie et la peine. Joie du triomphe matinal, mais qui laisse un petit arrière goût de « médiatico melacolico démagogico etc… ». Peine de la cogida du Joselito, l’après midi.  A part cela, le Juli a triomphé, encore une fois, en torero responsable. Juan Bautista a eu de bonnes choses, mais n’a pu totalement « renverser l’Aficion ».
     Manuel Benitez est venu, a souri à tous, s’est fait secouer, mais « s’est mis devant » ! Chapeau, Manolo ! Mais, on ne nous empêchera pas de penser qu’il méritait mieux, avant. Paco Ojeda a donné de grands moments, toréant long, toréant court…mais la lumière n’est plus la même.

     17 Mai – Nîmes – Corrida matinale – 5000 personnes – Grand beau temps : (De notre correspondante) – Corrida « très réduite » de Juan Pedro Domecq, qui a donné un jeu magnifique, en particulier le deuxième « Presumido », brave et noble, à qui on donna vuelta posthume.
     El Cordobes a fait de tout, dans la limite de ses moyens : Oreille – Ovation – Vuelta, après un avis. Le sourire est le même… mais les ans ne passent pas en vain. Enhorabuena, Manolo ! Pero lo bueno fue en 65, 66, ou l'année "de l'almohada"
     Paco Ojeda, s’est régalé, toréant templé, coulé, long… ou à bout portant, comme avant : Oreille – Deux oreilles – Vuelta après un avis.
     Les deux toreros sont sortis par la Porte des Consuls. Muy bien ! Clic «Paris Match»!

    17 Mai – NIMES – 3ème de Feria – Plein – Grand bleu: Corrida de Domingo Hernandez, correctement présentée mais de peu de race. L’ensemble laissa une impression de soseria, qui ne permit pas aux toreros de complètement passer la rampe.

    Joselito donne un bon quite par chicuelinas et tafalleras. En ramenant le toro au cheval, il se fait surprendre et tombe très mal. On se précipite, craignant une grosse cornada. De fait, le torero souffre d’une fracture de la tête du fémur droit, d’autres lésions, moins lourdes, à l’épaule et la hanche droite. Quelques puntazos et razguños, peu graves. Grosse cogida et imortante lésion qui va laisser Joselito trois mois sans marcher, et presque autant de rééducation. La temporada est terminée. Joselito, pour le moment, reste à Nîmes, faisant toute confiance au Docteur Navarro et son équipe. « Mala suerte, Jose. Que se ponga bien ! »

      La corrida se transforma en mano a mano entre Juli et Juan Bautista.
    El Juli (Ovation – Oreille – Oreille plus pétition) se montra torero à tous moment. Ses toros ne furent pas des foudres de guerre, et le torero ne laissa passer aucune des rares occasions de briller. A son actif : de bonnes naturelles au troisième, les banderilles, la faena très templée et, surtout, l’estocade « volcandose », au cinquième.
     Juan Bautista ( Silence, après un avis – Oreille, après un avis – Vuelta) a tout essayé. Les toros ne l’ont pas forcément aidé. Manque toujours ce « rentre dedans » qui mettrait totalement le public avec lui. A retenir : Le capote, au deuxième, dont un bon quite par chicuelinas ; La larga et le début de faena, à genoux, au quatrième ; La volonté de donner de l’air au sixième, citant au loin, en toute confiance. Bien, mais peut « bien mieux ». Cela doit venir, forcément.

 

VIC-FEZENSAC : C’EST REPARTI…

     18 Mai : Ayyyyy ! Vic… On la connaît ! On l’attend ! On la souhaite… et on la craint. Chaque année, elle est l’objet de toutes les attentes. Chaque année, le  ruedo minuscule accueille des montagnes de trapio… Chaque année, on prie toutes les vierges du Ciel...
   Chaque année… "c’est Vic!", avec ses coups de gueule et ses coups de génie ; ses outrances et ses odyssées toreras ; ses larmes et la joie d’un triomphe à la dimension du toro qui surgit… Triompher à Vic, c’est vraiment triompher… en torero !
     La feria débute ce matin, et débute... fort. Espérons que la météo suivra…
     Ce samedi 18 mai – matinée : Novillada de Barcial, pour Javier Valverde, Jarocho et Julien Lescarret.
     Ce soir : Corrida de San Martin, pour le Zotoluco, El Califa et Javier Castaño
     Demain, dimanche 19 Mai – matinée - Corrida concours : Toros de Fraile, Prieto de la Cal, Victorino Martin, Barcial, Celestino Cuadri, Marques de Albaserrada, pour Fernandez Meca, Luis Miguel Encabo et Jose Antonio Iniesta
     En soirée : Toros de Ramon Flores, pour Alfonso Romero, Juan Bautista et El Cid.
     Lundi 20 Mai : Toros del Hoyo de la Gitana, pour Fernandez Meca, Juan Jose Padilla et Antonio Ferrera.

    Suerte para los toreros ! Grande Feria à tous et… sagesse et respect !

 

FERMIN BOHORQUEZ PERD SA JUMENT « MOSCA »

     18 Mai : Je l’admire… mais je n’aime pas beaucoup le rejoneo ! Tout simplement parce que j’aime trop les chevaux ! Je râle quand je vois leurs flancs suinter de sang, sous les éperons de leur cavalier… J’essaie de ne pas penser à leur souffrance, à leur peur…
     Je n’aime pas beaucoup le toreo à cheval…parce que, lorsqu’un torero « à pied » se fait prendre, c’est souvent lui qui a fait la faute : maladresse, faute d’inattention… Quand un rejoneador se fait prendre, c’est sa faute… mais c’est le cheval qui prend la cornada. Et ça....
     L’an passé, à Bayonne, Leonardo Hernandez eut ce court moment « ailleurs »… et son cheval s’en fut « vers d’autres prairies ».
     Hier, 17 Mai, en plaza de Talavera de la Reina, ce fut au tour de Fermin Bohorquez de connaître ce passage à vide. Le toro ne pardonna pas, et plongea son piton dans le ventre de « Mosca », sa jument « de salida », sept ans. Le brave cheval « rentra » au trot, pour aller mourir, sous un dernier coup de cachete. Il n’y avait rien à faire.

     Aujourd’hui, « Cagancho » va faire ses adieux, à Madrid. Que descances bien, caballo !
     Quant à « Mosca », on espère qu’il y a, aussi, un paradis pour les chevaux toreros. Ils le méritent.

 

MADRID : LA FERIA BOUILLONNE…

     19 Mai : « Bullicioso, el ambiente ! » La feria bouillonne… Antonio Ferrera a « fait exploser »  la San Isidro et les téléphones portables sonnent de tous côtés. La cogida de Joselito, et la probable lésion de Victor Puerto ouvrent « la chasse aux substitutions », et bien entendu, tout le monde y va de ses suggestions, de ses exigences. Certains voudraient voir Ferrera remplacer Joselito, le 28 Mai, le confrontant ainsi à Jose Tomas, aux côtés de Eugenio de Mora. Tout cela est bien peu probable. Jose Tomas, qui n’est pas bien en ce moment, et qui le sait, va « se protéger », en exigent, plus que jamais, un torero plus ancien, ouvrant le cartel.
     Pour le moment, Antonio Ferrera a la corrida du 29 Mai, avec les Conde de la Corte. Il y a aussi la possibilité du « deuxième remplacement de Joselito, le 4 Juin, avec les Manolo Gonzalez. Mais… s’il fallait jouer le gros coup, et si Victor Puerto est vraiment touché, c’est devant les Victorino qu’il devrait s’aligner… 8 Juin, en tout final de feria, devant la corrida de plus grande cotisation. Ca…cela aurait de la gueule ! Son apoderado, habitué aux gros défis (ne pas oublier que Luis Alvarez fit le même, avec Rincon), ne va pas manquer d’y penser.
     D’autre part, il ne faut pas se tromper d’adversaire. Ce n’est pas Tomas, qu’il faut rencontrer… c’est le Juli. Imaginez un mano a mano Ferrera Juli ! Cela partirait probablement dans tous les sens, mais il y aurait spectacle et émotions garanties… et aux trois tiers !
     Pour le moment, Madrid bouillonne, la tête encore bourdonnante du gros triomphe de Ferrera, sans oublier le Fandi, vendredi soir. Wait and see !

     “Bullicioso”… le nom d’un toro! Le toro d’un « au revoir », le toro d’une dernière émotion, d’une formidable ovation, d’une immense tendresse. « Bullicioso », le bouillonnant n’est plus là pour le raconter, mais il fut le toro « de la despedida de Cagancho »…
     Hier, 18 Mai, le génial cheval de Pablo Hermoso de Mendoza a fait ses adieux à Madrid, donnant une dernière vuelta, sous les vivas d’un public debout, ému au larmes. Cela aussi est « la grandeza de la Fiesta ».
     Petit cheval noir d’une immense personnalité, « Cagancho » s’en va passer des jours paisibles, loin des clameurs, loin des toros. Là-bas, dans ses prairies de Navarre, il ne faudra pas s’étonner, parfois, de le voir faire un quiebro, un recorte, ou courir « de costado », comme toréant de salon, au souvenir de quelque tarde d’apothéose, à Madrid, Séville ou Mexico.
     On aura du mal à retrouver un tel engouement pour un cheval torero. A lui seul, « Cagancho » a donné au Rejoneo, ses définitives lettres de noblesse. Le grand public, peu au fait des choses taurines, et encore moins du Rejoneo, « venait voir Cagancho », et le voyait… partout. « C’est lui, « Cagancho » ? entendait on souvent, même lorsque sortait un cheval blanc, gris ou roux…
     Pablo Hermoso de Mendoza pleurait, hier, en donnant l’ultime vuelta de son cheval, en plaza de Madrid. Dans ABC, Zabala de la Serna posait la question : « Est ce Hermoso de Mendoza qui a fait « Cagancho » ? ou « Cagancho », qui a fait Hermoso de Mendoza ? » Quien sabe ! Pablo Hermoso de Mendoza est un grand rejoneador… mais avec « Cagancho », il touchait au « génial ».
     La corrida d’hier s’est déroulée très discrètement, comme si les deux cavaliers avaient décidés de laisser la vedette au petit cheval noir qui faisait ses adieux. Le hasard de la lidia fait décidément bien les choses…

     18 Mai – MADRID (Las Ventas) – 8ème de feria - Rejoneo – Plein – Grand beau : On attendait le mano a mano entre Moura et Pablo Hermoso de Mendoza. La corrida n’a pas été brillante. Les toros de la Viuda de Tassara sont sortis « sans grande présence », se montrant fades, sosos, distraits, sans continuité dans leurs charges. Le meilleur fut le cinquième.
     Joao Moura (Ovation – Ovation – Oreille) a montré son habituelle technique, sa maestria, mais « ne se mit pas en colère ». Il tua vite, mais plus habile qu’honnête.
     Pablo Hermoso de Mendoza (Ovation – Oreille – Vuelta) perdit quelque trophée avec le rejon de matar. Trois pinchazos le privèrent d’un plus ample trophée, au sixième.
     « Le » grand moment de la soirée : la courte sortie de « Cagancho », face au dernier : L’ovation fut d’apothéose. Deux recortes, deux quiebros, une course de côté, templant l’embestida du toro, et une dernière course, échappant de peu au piton du toro. Aussitôt, Hermoso de Mendoza sauta à terre et « Cagancho » s’en fut, tranquille, vers le patio, tandis que Madrid l’applaudissait, debout.
     A la fin de la corrida, Pablo Hermoso de Mendoza le fit revenir, lui coupa « une mèche de crinière », comme on le fait d’une coleta et, les larmes aux yeux, accompagna son meilleur ami, le long d’une vuelta sans fin. Dans les gradins, beaucoup avaient les larmes aux yeux.

     Ce 19 Mai, 9ème de Feria : Toros de Valdefresno, pour un cartel  « artiste » : Pepin Jimenez, Jose Luis « Bote » et David Luguillano.

 

VICTOR PUERTO, BLESSE EN TENTADERO

     19 Mai : Alors qu’il s’entraînait, hier, dans la finca de Sancho Davila, Victor Puerto s’est fait prendre par une vache, qui semble lui avoir fait très mal. Sous le choc, le torero a perdu connaissance. Secouru, il s’est immédiatement plaint de son genou droit, et décida de rentrer immédiatement vers Madrid, aux soins de son médecin et kiné Agustin Montero Zarzuela.
     Hier soir, le torero, qui ne pouvait appuyer la jambe au sol, déclarait : « Je sais qu’il y a quelque chose de rompu, là dedans. Je l’ai immédiatement ressenti ».
     Le prochain contrat madrilène de Victor Puerto : 8 Juin, devant les Victorinos.

 

NIMES : LE CARACTERE DES VICTORINO…

     19 Mai : La corrida de Victorino s’est déroulée dans la grisaille et sous la pluie. Oubliés le soleil et les envolées lyriques des jours précédents. Ce fut, hier, combat de tranchée, dont on ne sait qui fut le réel vainqueur : Le toro ou les hommes. Authentique combat, parfois perdu d’avance, comme pour Juan Jose Padilla. Fernandez Meca et Encabo ont coupé une oreille chacun, mais la Victorinada 2002 ne marquera pas l’histoire.

18 Mai – Nîmes – 5ème de Feria – Pluie :(Correspondance) 
     Corrida de Victorino Martin, bien présentée, compliquée, avec de la mobilité et du sentido. Le meilleur fut le sixième.
     Stéphane Fernandez Meca (Ovation – Oreille) débuta fort, par larga à genoux. Toro dangereux à droite, auquel le Français va donner de longues passes gauchères, avant de tuer, mal – Oreille du quatrième, bien tué, Meca devant faire face à un toro de sentido, qu’il ne put totalement maîtriser.
     Juan Jose Padilla (Silence partout) tira le mauvais lot. Son premier s’arrêta vite, et le jerezano se fit « pesant ». Le cinquième s’avéra bien compliqué, et Padilla dut baisser les bras.
     Luis Miguel Encabo (Silence – Oreille) se présentait à Nîmes. Sans en faire des tonnes, on dira qu’il s’est totalement « justifié », toréant bien de cape, banderillant gaillardement, toréant ferme, efficace, et tuant bien le sixième.

     Double session, ce dimanche :
     Les Jandillas, ce matin, pour Curro Vazquez, Alfonso Romero, Cesar Jimenez.
     Les Palhas, ce soir, pour Espla, Zotoluco, Swan Soto.

 

VIC : « DURE DURE », L’OUVERTURE…

     19 Mai : Il fallait s’y attendre, la novillada de Barcial qui a ouvert la Feria de Vic Fezensac était « un sacré apéritif ». Normal ! Par contre, la corrida du soir a un peu déçu : D’une part, à cause de la présentation un peu « disparate » des San Martin… De l’autre, à cause des toreros qui, à part le Zotoluco, n’ont pas su, ou pu, les exploiter plus à fond.
     Vainqueurs de la journée : Javier Valverde, plus préparé que jamais, à l’alternative ; Julien Lescarret, qui démontre des constants progrès; Zotoluco, qui  se montra lucide et courageux.

     18 Mai – Vic Fezensac -  Novillada matinale – Lleno : (Correspondance) Grosse novillada de Barcial, très bien présentée et, à l’habitude, compliquée.
     Jarocho se montra discret, « écoutant » deux silences.
     Javier Valverde confirma sa grande forme, tant « côté tête », que « côté cœur » : Ovation à son premier, et une oreille très fêtée, du cinquième.
     Julien Lescarret a coupé l’oreille du sixième, démontrant que l’on est loin «du Julien de l’an dernier ». Clair dans ses entreprises, très volontaire, plus compact, Lescarret a fait face, en torero. L’avenir, tout proche… passe ce dimanche, par Bilbao.

    18 Mai – Vic Fezensac - 1ère Corrida de la Feria. Llenazo (Correspondance): Toros de San Martin, très inégalement présentés, certains faisant un peu bougonner « les anciens ». Par contre, les deux derniers firent taire tout le monde : grands, hauts, et armés « costaud ! » Au moral, la corrida offrit de tout, le mauvais lot allant au Zotoluco, qui le lidia « en torero ». Deux et troisième (ce dernier, très manso au premier tiers)  permettaient le toreo. Le cinquième, un monstre type « Barcial », se laissa « un peu » et le dernier, violent aux piques, se dilua par la suite. L’ensemble de la corrida est une semi déception.
     Zotoluco (Vuelta – Silence) s’est montré professionnel et torero. Clair et technicien, il se montra au dessus de son premier, et aurait pu couper une oreille, demandée par le public. Grande ovation pour son picador Efren Acosta, face au quatrième. Brindant à tous, le Zotoluco commençe fermement, les deux genoux en terre. Le toro « s’appuie » sur les deux côtés, prend le premier muletazo de chaque série, refuse le deuxième. Zotoluco attaque bas, en deux reprises.
    El Califa (Sifflets, après un avis – Silence) n’a jamais été à l’aise. Son premier « permettait », semble t’il. Le torero donna beaucoup de pico et tua en catastrophe. Face au cinquième, il donna quelque espoir en trois bons muletazos, bien tirés, mais vite effacés dans la grisaille.
     Javier Castaño (Silence – Silence) fit des efforts, resta longtemps devant ses deux toros, donna même de bons muletazos au troisième. Cependant, le manque de personnalité, l’uniformité de son toreo ne lui ont pas permis de passer la rampe, devant une public et dans une plaza qui sont, avant tout, cela : « Personnalité »

     Double session, également, ce dimanche 19 Mai :
     Corrida concours, ce matin, lidiée par Fernandez Meca, Luis Miguel Encabo, Jose Antonio Iniesta
     Corrida de Ramon Flores, ce soir, avec Juan Bautista, Alfonso Romero et El Cid.

 

DANS LES AUTRES PLAZAS…

     19 Mai : On a gracié un novillo de Sonia Gonzalez, hier, au cours d’un festival, en plaza d’Albacete, où les toreros « de la Tierra » se sont régalés. A leur tête : Damaso Gonzalez, torero et ganadero, doublement heureux.

     Outre ce festival, plusieurs corridas, dont les résultats sont les suivants :

     18 Mai – Osuna (Séville) – No hay Billetes : Corrida de Benitez Cubero, correctement présentée, mais de comportement inégal. 1er et 6ème furent les meilleurs. Le quatrième se coucha et dut être puntillé, remplacé par le sobrero.
     Manuel Diaz El Cordobes coupa au premier, la seule oreille de la journée, après une faena efecista et une grosse estocade – Morante de la Puebla eut quelques difficultés avec le mauvais lot. Déstabilisé par deux extraños de son premier, il flotta un peu, se contentant de détails. Mal avec l’épée. Silence et sifflets – El Juli a fait une grosse faena au bon sixième. Helas…4 pinchazos qui ne pardonnent pas, même à Osuna. Silence et grosse ovation.

    18 Mai – Cehegin (Murcia) - Media plaza : Cinq toros de Mayalde et un de la Cardenilla. Jose Luis Bote offrit, anti règlementairement, le sobrero de Mayalde.
     Pepin Jimenez, en verve, coupa trois oreilles – Le Bote entendit ovation, palmas et aplausos !  - Manolito Sanchez prit un avis chaque fois, mais coupa une oreille du sixième.

     18 Mai – Palencia : Très mauvaise corrida, sans caste et faible, de Pinto Barreiros.
     Miguel Rodriguez donna, au quatrième, la seule vuelta du jour – Jose Ignacio Ramos entendit un avis à chaque toro – Le Millonario ne gagnera pas beaucoup plus, sur cette course : Silence partout.

     18 Mai : Santiesteban del Puerto (Jaen) – Media plaza : Corrida difficile, de Gregorio Garzon.
     Oscar Higares fait une oreille et vuelta – Mario Coelho triomphe avec une, et deux oreilles – Juan Bautista s’est déplacé pour rien : Silence et bronca.

 

TOUS TORERISTAS… OU « TOREISTAS » ?

     20 Mai : Les aficionados aiment « batailler »… Au milieu « des cercles et des ronds », comme dirait Cyrano, ils se chamaillent gentiment, autour d’un verre de fino et quelques tapas, au sujet du « grand mystère » : Torista, ou torerista ?
     Et l’on s’embarque pour de grands débats sans fin qui envoient à dix mètres (au moins !) les vaines discussions de la Gauche désunie !
     « L’important, le seul protagoniste, c’est le toro ! » dictent les uns… « Mouais ! mais s’il n’y a pas le torero pour le faire briller, vaut mieux aller le voir au campo… » soutiennent les autres. Et tout le monde se regarde, et chacun essaie d’apporter un maximum d’eau à son fragile moulin...

     « Torista ? Torerista ? »… En fait, on a quelque chance de se retrouver autour d’un mot : « Toreista ! ». Bien sûr, on l’acceptera avec plus ou moins de bonne volonté, mettant différents pourcentages dans la balance, selon qu’on est « plus toro » ou « plus torero »…
     « Toreista » : Passionné du Toreo ! dit « le Petit Manuel » (oui, parce que…n’attendez rien du « Petit Robert » !)
     « Toreista » ! A mi distance entre les deux extrêmes, il est possible qu’à un référendum, il gagne… à 82%… Le toreista, sage et conscient de ce qu’il voit, exige un toro correctement présenté, qui charge et ne tombe pas. Après, qu’il soit brave ou manso, encasté ou tout mou, noble ou tordu… à lui de voir ! En face de ce toro « de combat », des hommes, vêtus d’or ou d’argent, qui, en fonction de ses qualités et défauts, vont essayer d’adapter la meilleure tactique, la meilleure lidia, dans le but de briller et de ce fait, « lucir al toro », le faire briller aussi. Cela implique honnêteté, savoir, courage… aficion et talent.
     Si l’on regarde bien, le « torista à tous crins » n’existe plus.
     « Signe des temps ! » diront certains, se réfugiant derrière un « il n’y a plus de toros ! » peu convaincu. Bien sûr que si ! Cependant, beaucoup d’éléments ont changé, et l’on a du mal, aujourd’hui, à supporter six monstres magnifiques, mais auxquels on ne peut péguer un seul muletazo... La tauromachie vise un juste équilibre, dont le plus bel exemple est, peut-être, la corrida de Carriquiri, l’autre jour, à Madrid, avec la formidable actuacion de Ferrera et du Fandi. Et là… on est tous « toreistas » ! Si o No ?

     Valdemorrillo, « l’hyper torista » des années 80 /90, est devenue "plus que torerista". Hier, Madrid, la dure cathédrale, a plus fait la fête aux toreros qu’au formidable lot de Valdefresno, qui offrait six oreilles sur un plateau…  Vic Fezensac, elle-même, la

 

GRANDE « DOUBLE JOURNEE », A NIMES

     20 Mai : Après la grisaille du samedi, et le « cardeno » des Victorinos, Nîmes a connut, hier, le soleil, le bleu et la chaleur du Toreo ! Un peu de vent a chatouillé les jambes des filles et un peu gêné les toreros. Mais bon ! « Grosse journée », avec un triomphe net, le matin, de Cesar Jimenez et, l’après midi, une « méchante » corrida de Palha… « Méchante », dans tous les sens du terme : La corrida provoqua l’admiration, par sa présentation, sa présence en piste, sa complexité, sa caste. En face, l’honnêteté du Zotoluco, le courage de Swan Soto, et … Luis Francisco Espla…
     L’alicantino, le grand lidiador, le professeur… aurait il soudain pris un coup de vieux, vendredi, à Madrid, quand les deux jeunots que sont Ferrera et Fandi, lui ont mis un gros repaso ? Peut-être ! Toujours est il qu’au grand rendez vous de la caste… Espla n’y était pas.
« Grosse journée » qui fait l’Aficion, et qui confirme que Nîmes est « plus Toreista » que jamais. Muy bien !

     19 Mai – Nîmes – 7ème de Feria – Corrida matinale - Plus de ½ Plaza – Beau temps : (correspondance)
Jolie corrida de Jandilla, bien présentée, qui fit son devoir à la pique et permit le toreo. De loin, le meilleur fut le troisième.
     Curro Vazquez se coupe la coleta, cette année. Ne l’avait il pas « déjà fait » ? On respecte, mais les deux toros à sa charge méritaient plus et mieux, que certains grands « détails »… Le public se fâcha, au quatrième.
     Alfonso Romero se montre volontaire, se bat… mais ne passe pas complètement la rampe. Est ce physique ? (doit il se teindre en brun ?) Est ce que le public se méfie d’une « trouvaille » qui ne tient pas ses promesses Quelque chose « coince », alors qu’il veut faire, et fait le bon toreo. Silence à son premier ; Vuelta au cinquième, qu’il tua bien.
     Cesar Jimenez s’est montré torero « précieux », élégantissime, toréant avec un facilité « pasmosa », et tuant bien. Faenas complètes, de savoir et de valeur. Son toreo prend un autre relief, devant le toro. Trois oreilles, dont les deux de son excellent premier adversaire. Maintenant, reste à « sortir » de Nîmes, et… durer.

     19 Mai – Nîmes – 8ème de Feria – Plein total – Bleu, mais du vent : (correspondance)
L’émotion que provoque une corrida encastée, vibrante, violente, qui permet aux hommes honnêtes de se livrer et d’être applaudis et respectés, même s’ils perdent le combat.
     La corrida de Palha est sortie très bien présentée, forte et brave à divers degrés. Le lot prit 13 piques de verdad, entrant de loin, s’échappant parfois, seul, pour revenir avec plus de hargne. Mobilité et genio, parfois. A la muleta, des toros « de bagarre », plus que de dentelle. On donna la vuelta au grand deuxième « Tesudo », N°44, et le mayoral donna un tour de piste, en fin de course. Un grand salut aurait été plus sage. La corrida fut importante, mais pas complète.
     Luis Francisco Espla fit beaucoup piquer son premier, banderilla facile, donna quelques muletazos mi démago, mi dégoûté. Bronca. Le quatrième était impressionnant de présence. L’alicantino fit un effort devant ce toro distrait, débutant en manso, qui prit trois piques en venant de loin, mais sortant seul, arrivant violent à la muleta. Applaudissements pour un Espla « vieillissant », comme nous tous…
     Zotoluco n’a pas pu «avec » le second. Il se fit « honnêtement » dépasser, malgré son engagement, malgré sa technique et son envie d’être bien. Faena « à la limite » de la cassure, et malchance à l’épée, le toro tardant à tomber. Deux avis et ovation, tandis qu’on donne vuelta au Palha. Dur ! – Le mexicain repartit à l’assaut, face au cinquième, débutant à genoux, s’engageant à fond, laissant l’avantage au toro. Bonnes naturelles et une conclusion rapide, mais « basse ». Oreille pour le mexicain : Oreille pour l’ensemble de l’actuacion de ce jour, très difficile. Oreille pour l’ensemble de la feria d’un torero « totalement respectable ».
     Swan Soto a entendu « deux silences ». Méritait mieux, et surtout, un coup de chapeau. Pas facile d’être devant ces toros ! Le Pérou était bien loin, hier. Courageusement, il fit face, plus que face : Portagayola, à Nîmes… tiene mucho merito ! L’ensemble de sa prestation fut marqué de la volonté, devant de toros qui auraient permis plus, peut-être. Cependant, il n’a pas à rougir de sa sortie, devant une corrida qui serait venue « bien grande » à beaucoup. Un respeto.

     La Feria se termine aujourd’hui, avec du Rejoneo, ce matin, et la corrida de Buenavista, ce soir : Ponce, Morante, Abellan.

 

VIC-FEZENSAC : LE TRIOMPHE « DU TOREO »…

     20 Mai : Certains feront la moue, et d’autres, carrément la gueule ! Tant pis pour eux ! ou plutôt… dommage !
     La corrida d’hier, à Vic, s’est terminée par la sortie a hombros de deux toreros, qui ont triomphé devant une corrida « normale », et même un peu plus « basse » que d’habitude, à Vic. Bien ! N’allez surtout rien regretter, et savourez enfin le bon toreo dont vous ont régalés le Cid et Juan Bautista.
     Quel malheur, pour le Cid… S’il met, à Madrid, devant les toros d’Hernandez Pla, les deux épées qu’il met, hier, à Vic… on parlerait aujourd’hui d’un des gros triomphateurs de la San Isidro… Bon triomphe, hier, et avec la manière !
     Très bonne sortie, pour Juan Bautista, qui se montra calme et très torero, à tous moments. Enfin du baume au cœur, avant Madrid. Enhorabuena !

     19 Mai – Vic-Fezensac – Matin - Corrida Concours – Lleno : (par correspondance):
     Corrida qui a eu du mal à se définir, aucun toro ne passant complètement la rampe, malgré la volonté des toreros à les faire briller, chacun selon son concept de la lidia.
     Toros de Jose Luis Fraile, Prieto de La Cal, Victorino Martin, Barcial, Celestino Cuadri, San Martin. Les 2, 3 et 4èmes ont été ovationnés. C’est entre ces trois que devrait tomber le trophée au vainqueur… s’il est attribué.
     Stéphane Fernandez Meca joua le « tout pour le toro », avec une grande bonne volonté. Vuelta aux deux.
     Luis Miguel Encabo se montra complet, face au Prieto de la Cal, qui sortit « en noir », au lieu du traditionnel jabonero sucio ; et d’un caractère plus cordial que d’habitude. Au madrilène, la seule oreille de la matinée.
     Jose Antonio Iniesta était "entre deux chaises": Ou il fait briller le toro, et peu de chances lui restent de donner « la » faena qui pourrait le lancer en France. Ou il joue « sa » carte, avant tout, et se met le public à dos. Il demeura dans ce doute, et entendit deux silences. Ce n’était peut-être pas le torero pour cette discipline.

     19 Mai – Vic-Fezensac – Soir – Lleno –Grand beau :
     Corrida bien présentée, sans exagération de Ramon Flores, qui sortit « en Atanasio », s’améliorant, après des premiers tiers abantos, durs à fixer. Toros qui firent leur devoir, sans plus, à la pique, terminant nobles, mais a menos, à la muleta.
     Alfonso Romero (Division – Division) arrivait de Nîmes où il avait toréé, le matin. Toucha deux toros qui réduirent vite leurs charges : Faibles, sosos, ils ne permirent que des séries bien faites mais un peu fades, que le public ne voulut pas recevoir. Falto emocion ! Il manque « quelque chose » à Romero… Mais quoi ?
     Juan Bautista (Applaudissements – Deux oreilles) a été bien aux deux toros. Son premier arriva fort au capote, permettant à Jalabert d’enchaîner lances, chicuelinas et bonne demie. Le toro, bien piqué par Monnier, sera noble, mais baissera rapidement de pied. Bautista lui tirera le maximum possible, et tuera d’une entière un peu verticale – Larga à genoux pour recevoir le cinquième, et très bonne faena, calme, très torera, débutée à genoux, l’arlésien poursuivant sur les deux mains, donnant notamment de grandes naturelles, bien liées au pecho. Gros coup d’épée et deux oreilles exigées par le public.
     El Cid (Deux oreilles – Applaudissements) a fait preuve de grande toreria en recevant ses deux, à la véronique. Le « don » du temple, avec le capote. Très bonne faena au noble troisième, les passes se succédant avec cadence, profondeur, et grand sens de l’esthétique. Une révélation, pour beaucoup. Torero « a gusto », devant un bon toro. Public enchanté. On craignait, pour la conclusion, le Cid ayant gâché tant de faenas, avec l’épée. Ce fut une « grosse entière », portée avec décision, qui roula le toro, immédiatement. Deux oreilles ; gros triomphe et grande joie du matador, enfin reconnu – Cela se passa moins bien, face au dernier, plus court, plus retord. Le Cid rendit copie « presque blanche », mit une nouvelle entière, mais « pagailla » son descabello. On ne lui en voulut point trop, et les deux triomphateurs du jour sortirent « a hombros », fort justement.

     La Feria 2002 se termine, ce soir, par une corrida du Hoyo de la Gitana, pour Fernandez Meca, Juan Jose Padilla et Antonio Ferrera.

 

DIMANCHE… POR ALLI !

     20 Mai : Pentecôte centre généralement son actualité sur trois points : Madrid, Nimeessss ! et… « Bic » !
     Nîmes « passe bien », mais Vic-Fezensac est la bête noire des « hispano parlants ». Aussi, ils réduisent la toile, et, prenant leur courage d’une main, le volant de l’autre, ils filent vers « Vic », en priant toutes les vierges de la péninsule.
     Donc, peu de corridas très importantes, en ce dimanche de Pentecôte. C’est plutôt du côté des novilladas qu’il faudra regarder :

     19 Mai – Los Barrios (Cadiz) – ¾ de plaza : Bonne corrida de Parladé, excepté le quatrième.
     Finito de Cordoba coupe une oreille au premier – Manuel Caballero et Morante de la Puebla sortent à hombros, coupant deux oreilles au deuxième et cinquième toros.

     19 Mai – Santisteban del Puerto (Jaen) – ¾ de plaza : Corrida euphorique, grace au très bon comportement du lot de Luis Albarran. On donna vuelta d’honneur à la dépouille du quatrième toro, pour qui certains demandèrent l’indulto.
     Il s’est coupé 10 oreilles et deux queues, au cours de cette course « historique », pour la plaza de Santisteban : Juan Jose Padilla coupe quatre oreilles et deux rabos – Antonio Ferrera obtient les deux de son premier – El Fandi fait un carton : quatre oreilles. (Un cartel qui doit exister et dont nous avons parlé, ici, depuis des lunes. A ver si se enteran « los de chez nous ! »)

     19 Mai – Baza (Granada) – ¼ de Plaza : Corrida catastrophique de Ignacio Perez Tabernero : Sans force, sans race, sans rien. Le sixième dut être puntillé durant la faena. On permit à Saavedra de prendre le sobrero.
     El Juli constata les dégâts. Palmas et Division – Le local David Moreno « El Alcazabeño » coupa l’oreille du cinquième – Quant à Julio Pedro Saavedra, qui prenait l’alternative, il coupa une oreille de chacun de ses toros valides. Le toro de l’alternative s’appelait « Guantero », N°25. Ce sera son seul souvenir.

     19 Mai – Getafe (Madrid) - ¾ de plaza : Toros de Emilio Altarejo, buenos, sauf 4 et 6ème.
     Rafi Camino et Fernando Robleño coupent un trophée – Jose Antonio Canales Rivera remporte un bon succès, aux portes de Madrid : Vuelta et une oreille.

     19 Mai – Barcelona – Moins d’un quart de plaza pour une novillada qui a duré 2h45 : Six novillos de Isabel Vicente et un sobrero de Zurgen, sorti 5ème. Les novilleros ont été très bien, chacun à leur tour.
     Emilio Laserna a donné une vuelta au premier, récompense à sa volonté. Le quatrième fut remplacé, s’étant cassé une patte. Laserna reçut le sobrero a portagayola, et prit une sévère raclée en début de faena. Très courageusement, il revint domina le novillo, qui se serrait sur les deux côtés. Oreille.
     Javier Solis fut applaudi devant son premier, manso qui tirait de durs coups de tête. Solis lui baissa la main et s’accrocha sérieusement. Le cinquième, sobrero de Zurgen, était « un toraco ». Grande impression causée par un novillero très élégant, toréant desmayado, et finissant d’un gros coup d’épée. Grosse oreille, avec pétition de la seconde.
     Omar Guerra se montra un peu nerveux devant le troisième, manso. Par contre, on lui accorda l’oreille du sixième, en particulier pour un gros quiebro, aux banderilles, un début de faena, citant assis sur une chaise, et un bon coup d’épée.
Novillada très intéressante et un nom à noter : Javier Solis.

     19 Mai – Zaragoza – 1/3 de plaza : Novillos de La Quinta, bien présentés et de comportement inégal.
     On retiendra la verdeur de Carlos Gallego (Silence et Ovation) ; la grande forme de Javier Valverde, très décidé et très technique (Ovation aux deux). Puis on retiendra un grand moment, au capote, grâce à Serafin Marin, qui connut une bonne après midi : Oreille et ovation.

     19 Mai – Bilbao – Poca gente : Novillada de Clairac, sans classe, mansa. Le premier a été renvoyé, pour invalidité patente.
     Le cavalier local, Iker Echaniz, a coupé une oreille. Volontaire, mais… Pablo Hermoso peut encore dormir tranquille.
     Très bons moments de Raul Cano, au 4ème de lidia ordinaire : trois tandas de derechazos très templés, très suaves. S’est fait prendre en estoquant. Revint, mais hélas… six descabellos. Donna une vuelta.
     Julien Lescarret n’eut guère de chance, et « cumplio »… Palmas et silence – Javier Lara se montra volontaire, donnant une vuelta, au troisième.

 

VIC : LE DESTIN…

     21 Mai : Existe t’il donc, quelque part dans le ciel, un grand livre où est écrit le destin de hommes ? On peut le croire… C’est ainsi que certains, d’un seul coup, se voient projetés sur l’avant scène, tandis que d’autres qui ont bravé mille dangers, tombent un jour, victimes d’un « pas d’bol ! » qui passait par là. Des exemples, il y en a à foison. « C’est écrit ! » chante le poète.
     Hissé « a hombros », porté aux nues, vendredi… Antonio Ferrera se retrouve, 72 heures plus tard, dans la solitude de sa souffrance, entouré de clamps et de bistouris… C’était écrit !
     Le triomphe, incontestable, de Madrid, ouvrait enfin toutes les portes à celui qui s’était tant battu, parfois brouillon, parfois « supersonique », mais toujours spectaculaire et empli de cette hargne de triompher de ceux qui, justement, « forcent » le destin.
     Madrid l’a vu, l’a reconnu et lui a ouvert les portes du « grand destin », comme elle le fit pour Cesar Rincon, en 91, et tant d’autres. On a vite fait de faire le parallèle avec le colombien, surtout parce que les deux hommes avaient le même apoderado, Luis Alvarez, qui, a 11 ans de distance, a vécu les mêmes moments d’intense émotion… Intérêt à avoir le cœur bien accroché.

     1991 : Cesar Rincon triomphe à Madrid, un 21 mai, passant du presque inconnu au statut de star. Non content de cela, il « rejoue » un coup de poker, le lendemain… et il devient « superstar ». Quatre sorties a hombros de Las Ventas, au cours de la même année. Jamais vu.
     Là s’arrête la comparaison… Antonio Ferrera « tournait » autour du gros triomphe, depuis un bon moment. Il toréait bien plus que Cesar, et la France, déjà, était sa citadelle… Mais, pour Madrid… il fallait un coup de pouce du destin. Un tout petit… et la caste du torero ferait le reste. C’est ce qui est arrivé, vendredi 17 Mai.
     Hélas, le 21, la médaille s’est retournée. La pièce est retombée du mauvais côté. Hier, en plaza de Vic Fezensac, Antonio Ferrera torée remarquablement un bon toro de Hoyo de la Gitana. Le public est emballé. Lui, de même. Après un pinchazo, il pousse une grosse épée, mais il est pris, repris, très violemment, et l’impression d’une grave cornada est immédiate. Tandis qu’on l’emporte, le public réagit au soudain coup de massue, et obtient les deux oreilles pour le torero blessé.

     Dans le callejon, un homme a les larmes aux yeux. L’apoderado, qui s’est tant battu pour le faire arriver « là haut », et dont le téléphone ne cessait ce sonner, depuis vendredi, voit tout à coup ses projets s’écrouler : La cornada de Vic est grave, même si les principaux vaisseaux ne sont pas touchés. Les médecins parlent de dix à douze jours… Ferrera pourra t’il toréer sa prochaine corrida, à Madrid ? Doit il « tenter le diable », le 29 mai, en faisant le paseo « clopin clopan ? Nul doute que le garçon a la caste pour cela. Cependant il faut sagesse garder, et bien calculer son coup. Madrid l’attend ! Le destin sera t’il aussi, au rendez vous ?
     Au moment où on allait récolter les fruits de ses efforts, Antonio Ferrera tombe, glorieusement, en poussant l’épée. Et son destin se transforme, tout à coup, en point d’interrogation…

     20 Mai – Vic Fezensac – Dernière de Feria – Llenazo – Du vent : (par correspondance)
     Corrida du Hoyo de la Gitana, très bien présentée, imposante à sa sortie. On fit saluer le mayoral en fin de course, ce qui paraît un peu exagéré. Seuls, deux toros ont été complets, le 2 et 3ème. Les autres ont manifesté de la puissance, parfois de la bravoure, et ont mis en piste, une perpétuelle impression de danger. Les 1er et 6ème ont fait peur, l’un à cause d’un possible défaut de vue, l’autre par le genio, et le sentido que lui donnaient ses cinq ans. Allant fort au cheval, les six toros ont pris de trop lourds premier puyazos. Cela se fit sentir, à la muleta, où la plupart s’en vint « abajo » !
     Fernandez Meca a coupé au sixième, l’oreille la plus valeureuse, la plus « travaillée », la plus méritée, de la feria. Toro dur, à la corne droite impossible, en début de trasteo. Tous pensaient que la corrida était finie. Meca s’est mis « dans » le toro ; l’a poussé jusqu’à ses derniers retranchements ; a essayé, sur les deux côtés, essuyant des coups de boutoir, mais revenant sans cesse. Le toro finit par se rendre et accepta trois gros derechazos. Faena « a mas », « a toma y daca » ! Pile ou face! Pour terminer, une épée, entrant comme un Spartacus. Oreille « a ley » ! Oreille, toro et faena… de Vic Fezensac ! Monterazo ! – Auparavant, malchance totale au sorteo : Le premier, très dangereux, lui avait fait passer un sale moment. Le quatrième, très sérieux, trop lourdement châtié, s’était arrêté. Par deux fois, le silence avait respectueusement sanctionné le français.
     Juan Jose Padilla (Vuelta – Vuelta) a touché l’un des bons et s’est montré très actif, plus sobre que de coutume. Première faena volontaire, à un toro chaque fois plus « quedado ». Demi estocade et vuelta « motu propio » - Il voulut banderiller le cinquième, armé large et court de charge. Ce fut très ardu, mais le jerezano leva le public sur une troisième paire, al violin. Faena très volontaire, technique et cœur en avant. Padilla réussit à composer une charge au toro, et tue d’une bonne entière. Ce n’est pas du grand art, mais… estuvo alli ! Pétition, petit incident avec la présidence et vuelta chaleureuse.
     Antonio Ferrera (2 oreilles) débuta sur les chapeau de roue : Larga doublée, véroniques « à fond ». Le toro est bon. Après de banderilles, plus spectaculaires et musclées qu’académiques, Ferrera va débuter fort, comprenant bien le toro, lui mettant la muleta, devant et bien enbas. Faena en deux parties : Athlétique et un peu forcée, la première ; relâchée et très esthétique, la seconde. Sûr de son succès, Ferrera porte un gros pinchazo, et se fait enlever sur la deuxième attaque. Epée entière, mais grosse cornada.

     Antonio Ferrera a été opéré sur place d’une cornada grave, de deux trajectoires à la cuisse droite : 20 cms vers le haut, et 5 vers le bas. Dégâts musculaires. Pas de gros vaisseaux touchés. Le matador souffre également d’un puntazo à l’aiselle droite.

 

MADRID : L’AVENIR… « EN SILENCES ! »

     21 Mai : Six novillos… six silences ! Hier, Las Ventas a vécu un gros « toston », à l’occasion de la deuxième novillada de San Isidro.
     Le public, comme regrettant ses largesses de la veille, a été plus dur. Cependant, les novilleros, surtout, portent la responsabilité d’un ennui majuscule, jouant les nantis, devant un lot qui permettait bien des choses à celui qui veut « vraiment » s’ouvrir un chemin dans l’Escalafon.
     Ils sont « novilleros », c’est à dire « l’avenir »… De fait, ils toréent bien mieux que ces jeunes qui, dans les années 50/60, sortaient « a reventar esto ! », se jouant la peau, secouant la plaza comme un prunier, « attaquant » les toros, au prix de mille volteretas… Mais ils n’ont pas la même conception de l’effort, ni, peut-être, du pundonor.
     Aujourd’hui… nada ! Ils viennent, bien habillés, bien coiffés. Si le toro permet, bueno ! Si il permet moins… otro dia sera ! On verra plus tard.

     Hier, Madrid a fait silence à une pâle copie de Jose Tomas, qui a pour nom Sergio Aguilar. De même à un Jarocho qui n’a pas été au fond des choses, mais qui a failli se faire étriller sur une portagayola, à la sortie de son second. Quand à Andres Palacios, on lui vit quelque bonnes manières, mais…
     La novillada, très forte, très charpentée, armée fin, était d’El Serrano (Souche JP Domecq et Ventorrillo). Une novillada, vraie corrida de toros (517, 489, 514, 514, 521, 523 kgs) qui manifesta des qualités, en particulier les 1, 3 et 5èmes.
     Blessure spectaculaire, mais pas trop grave du banderillero Antonio Layu « El Chino ».

     Ce soir, l’un des gros cartels de la feria : Jose Tomas fait son premier paseo, encadré de Rivera Ordoñez et Rafael de Julia, devant une corrida de Martelilla, qui a passé avec succès, et entière, le reconocimiento vétérinaire.

 

NIMES : CAL Y ARENA !

     21 mai : Quel dommage ! La feria a été un gros succès. Hélas, elle s’est terminée « en queue de poisson ».
     Dernière journée et Nîmes qui sourit, le matin… l’après midi, pleurera ou râlera !

     Formidable démonstration de Pablo Hermoso de Mendoza, le matin : Quatre oreilles et un rabo !
     A la question : « Que sera Hermoso… sans « Cagancho ?» Réponse, hier, à Nîmes : Un géant, un génie du Rejoneo ! A ses côtés, un Sergio Galan, beaucoup plus pondéré dans ses élans, et un Rafi Duran qui avance, doucement. Oreille et vuelta pour chacun.

     Le soir, hélas… hélas ! La corrida de Clotilde Calvo n’a pas valu triplette : Toros correctement présentés, certains protestés pour des cornes qui méritent qu’on s’y attarde. Toros sans race, qui freinèrent leurs élans et ne permirent jamais de se relâcher, de se livrer. De fait, avec les toros de « Buenavista »… Nîmes n’a rien vu !
     Enrique Ponce passe la feria « en blanc ». Vains efforts : Silence – Ovation, après deux avis) ; Morante donne quelques détails, au cinquième. Tua très mal (Silence – Silenc après un avis) ; Abellan se bat en vain, et donne les muletazos de la journée (Applaudi aux deux)

     Tristesse et traits tirés. La Feria a été longue et intense, triomphale. Elle méritait un autre épilogue.

 

MADRID : «IL» L’A FAIT !
Jose Tomas ouvre la Puerta Grande.

     22 Mai : On dira ce qu’on voudra, mais… chapeau ! Alors que le corrida se déroulait, depuis le paseo, dans une ambiance tendue, et partait en vrille, à cause du mauvais comportement des toros de Martelilla, Jose Tomas a retourné Las Ventas, « comme une crêpe », face à un toro qui avait été protesté, mais qui ne fut jamais un complice, un comparse, une babosa…
     Jose Tomas revenait à Madrid, dans un contexte très particulier : Tout le monde avait en mémoire le scandale de l’année dernière, lorsqu’il refusa de tuer un toro d’Adolfo Martin, et reçut, volontairement, les trois avis, sous le regard de tous, dont le Roi d’Espagne « himself »… Tout le monde avait entendu parler de ses déboires « tous azimuts », et de son difficile début de temporada, notamment après son gros échec de Séville. Là dessus, San Isidro débute et Antonio Ferrera fait exploser Las Ventas, devant des toros de « gros calibre ». Il y avait là da quoi être « préoccupé »…
     Mâchoires serrées, sans un regard au tendido, Tomas tira une première fusée, dans un quite par gaoneras ultra serrées, au premier de la tarde. Le public lui accorda une rapide ovation. Le ciel s’assombrit quand sortit son premier adversaire. Le toro ne vaut pas triplette et le torero frise la cornada en se découvrant lors d’un derechazo. Le public ne lui passera rien et la division soulignera son retour au callejon. Puis, la corrida partit « au fond du trou »…
     Quand sortit le cinquième, on n’y croyait guère… A nouveau des protestations ! Le premier tiers se déroulera très discrètement, Tomas devant renoncer à un quite par chicuelinas…
     La faena débuta, et la plaza se réveilla, suivant avec passion « le crescendo muleteril » de Jose Tomas. Quand se termina ce nouveau chapitre de « la biographie de Jose Tomas à Madrid », le public était debout et obtenait les deux oreilles pour celui qu’elle venait de retrouver. Deux oreilles ! Une pour la faena ; une pour l’estocade, même caidita… Certes il y eut des protestations, logiques ; Certes la sortie a hombros fut un peu contestée… Mais un fait est là, incontestable : Jose Tomas s’est « rabiboché » avec Madrid, et cela n’a rien à voir avec la Tomasitis, car rien n’était gagné, au départ.

     Reste la question : « Etait-ce une faena de deux oreilles ? » Non, parce que pas liée, pas « nette », sans continuité. Jose Tomas méritait il les deux oreilles ? Oui, parce qu’il avait monté un trasteo « a mas », toréant « pour lui », construisant une œuvre forte, de courage et d’esthétique. Oui parce qu’il a porté une estocade, « se tirant » à fond, sur le toro. Peu importe, presque, que l’épée soit un peu tombée. La forme d’entrer a matar était digne d’un « olé … de los buenos » ! Il n’est pas étonnant, alors, de voir Madrid se couvrir de mouchoirs blancs : Jose Tomas a été sincère, et Madrid l’a reconnu, avec générosité.
     Que va t’il se passer maintenant ? Jose Tomas revient, le 28 Mai. Puis, lui restera la Bienfaisance, le 13 Juin.
Antonio Ferrera, blessé lundi à Vic, voudrait faire le paseo… le 29 Mai. Doit il le faire ? Sera t’il totalement remis ? On parle également du 4 Juin, remplaçant Joselito. Après ce qui vient de se passer hier, Antonio Ferrera doit penser à se rétablir, totalement, et surveiller… Jose Tomas vient de « reconquérir » Madrid, et la prochaine fois, si, « il y aura Tomasitis ». A partir de là, on peut se retrouver avec trois triomphes consécutifs, « qui effaceront tout ». Réponse : 28 Mai

     21 Mai – MADRID (Las Ventas) – 11ème de San Isidro – No hay billetes – Temps grisâtre, lourd, avec du vent.
Curieuse ambiance, au moment du paseo. Le public est divisé, tandis que les toreros défilent. Palmas y pitos. 23500 paires d’yeux sont fixés sur la silhouette de Jose Tomas, de mauve et or vêtu. Ambiance très lourde, qui se maintiendra jusqu’à mi faena du cinquième.
     Corrida de Martelilla (Marquis de Domecq), très inégale de présentation, mais « se cachant » derrière des cornes pour le moins sérieuses. Plusieurs toros seront protestés, le troisième étant toréé de cape par de Julia, sous des « miaou ! miaou ! » moqueurs. A la bascule : 542, 572, 502, 565, 528, 532 kgs. Corrida désastreuse, quant au comportement : Mansedumbre, soseria mais également genio, faiblesse. Beaucoup de toros qui grattent, qui hument le ruedo, qui s’enfuient de tout. Le plus manso, le quatrième. Le plus faible, le dernier. Le plus mou… le noble premier. Seul, le cinquième eut une mobilité désordonnée, que Jose Tomas améliora, avec courage et tenacité. A la fin, le toro parut « presque bon », qu’aurait il donné, entre les mains des « collègues ». Tous les toros furent piqués « trasero », vite, sans soucis de faire les choses « bien ». Plus que jamais, la carioca est reine, même à Madrid.
     Rivera Ordoñez (Silence – Division) toucha un noble mou, qui se demandait ce qu’il faisait là, et mourut d’une demie, horizontale. Son second était un manso fuyard. Rivera le laissa partir, au huitième muletazo… et s’en fut chercher l’épée. Très mal ! Le mansos, également, ont leur lidia, leur faena !
     Rafael de Julia (Silence – Silence) toucha deux toros « cataplasmes », pénibles de soseria et de faiblesse. Cependant, à aucun moment, De Julia qui clôturait ici son passage à Madrid, ne se décida à « monter dessus » et faire parler de lui… como sea. Pour arranger le tout, il a mis ce qui sera, à n’en point douter « le bajonazo » de la feria. Muy mal ! Nuages bien sombres à l’horizon de Julia.
     Jose Tomas (Petite division – Deux oreilles) a « retourné » Madrid… Déjà, la plaza fut bien obligée d’applaudir un quite par gaoneras un peu accrochées, mais ultra serrées, au premier de la tarde. Madrid fut bien obligée de reconnaître le sérieux, l’envie et le courage de Tomas, face à son premier, court, au piton droit « bien tordu »… Tomas faillit se faire embrocher sur un derechazo, et fit tous ses efforts sur la gauche, essayant de trouver la distance et le rythme. Quelques éclairs, mais vains.
     Il n’y eut pas de toreo à la véronique, quand sortit le cinquième, bien protesté. On « fit attention » à la lidia, et le toro arriva avec quelque mobilité, au troisième tiers. Jose Tomas débuta fort, par le haut, signant ensuite un trincherazo et un énorme pase de pecho. Aussitôt, le diestro entame « à gauche ». La série est courte et au début de la suivante, il se fait accrocher, sans tomber. Visage fermé, Tomas continue, main gauche, et termine par un trincherazo de remate, qui fait rugir la plaza. Venant alors sur main droite, le madrilène place quatre derechazos qui révèlent à tous une charge désormais plus claire. Le triomphe est là, il ne le lâchera plus. Gros trincherazo où le toro faillit lui enlever la tête et nouvelle série droitière, plus nette encore, terminée par un cambio, par devant. Ovation très forte. Le sommet, cinq derechazos pieds joints, de face, et un bouquet d’adornos par le haut, en aidées, trinchera et firma. L’ovation est unanime. Se cadrant court, Jose Tomas met un énorme coup d’épée, en entrant fort et faisant bien la suerte. Même s’il est « un poil » tombé… vaya estoconazo ! Le toro tombe rapidement, et la plaza se couvre de neige. Une, puis deux oreilles tombent. Généreuse la seconde…peut-être ! Mais ce qui est certain, «Puerta Grande » ou pas... Jose Tomas « est revenu » à Madrid… et ce n’est pas fini.

 

MADRID: LE VENT NOIR…
Désastre total du « montage Lozano »…

     23 Mai : Cela se sentait venir : La corrida de Garcigrande allait avoir des problèmes. Après plusieurs scandales, en particulier à Séville, la ganaderia préférée des vedettes allait susciter tous les contrôles « toute loupe dehors »… Et cela n’a pas « loupé » ! Les huit toros de Garcigrande ont été repoussés par les vétérinaires et la Casa Lozano, à la fois maître du lieu, et apoderada de deux des toreros du cartel, dut mettre les bouchées doubles pour trouver à son champion, « El Juli », de quoi « entrer », du bon pied, dans la feria. Objectif : Permettre au Juli de se hisser à la hauteur des deux triomphateurs du cycle, pour l’instant, que sont : Antonio Ferrera, sans aucune contestation, et José Tomas, très discuté.
     Et la Casa Lozano, empresa de Madrid, sous les ordres de la Casa Lozano, « apoderada » du Juli, fit appel à la Casa Lozano, « ganadera », pour régler l’affaire. Ainsi… tout restait « dans la famille » !
Mon vieux ! Y a du avoir une scène de ménage, sur les coups de dix heurs du soir !

     On a prévu trois toros de Lozano Hermanos, et trois de Antonio Bañuelos. Malheureusement, les choses ne se sont pas passées « tout à fait » comme prévu. Il a fait un temps de chien, avec un vent terriblement dangereux, un public « en rogne », dés le départ, et une catastrophe intégrale, côté toros. La guigne totale et l’émeute qui gronde.
     Il est sorti neuf toros, de quatre fers différents… A chaque fois, le scénario fut quasi identique : quelque espoir de charge et … plus rien. Pour arranger le tout, un dernier toro qui semblait « pouvoir servir » se casse une patte… Un « vent noir » avait vraiment soufflé sur cette corrida.
     Les toreros ont été muselés, ou se sont « bâillonnés » eux mêmes : Morante, sans grande ambition ; De Mora, sans grande personnalité… Reste « le Juli ». On connaît son orgueil, sa caste. A n’en pas douter, il voulait « contrer » les copains, avec la corrida de Garcigrande. Quand on a changé la corrida, son moral en a pris un coup, et c’est « un autre » Juli qui fit le paseo : moins vibrant, moins spontané, mois « aficionado ». Il mit de la volonté, surtout dans un quite suicidaire, par gaoneras, face au sobrero de Lozano, mais il savait qu’il partait « dans le mur », et cela, dès le paseo…

     Le Juli a fracassé, hier à Madrid. Même à l’épée, on lui vit prendre quelque boulevard périphérique, inconnu chez lui, jusqu’alors… Grave contre performance, d’autant que Jose Tomas à encore deux courses à Madrid… Il faudra « tout rectifier », en un seul coup de dés, le 3 Juin, devant les toros du Pilar… s’ils passent le reconocimiento.

     Asi las cosas ! Ferrera, heureux, mais « qui a mal » (On l’a ramené, hier, à Badajoz) ; Jose Tomas qui a fait une bringue d’enfer, avant-hier soir, en compagnie de ses copains (dont le chanteur Joaquin Sabina), au point que le directeur du restaurant a failli appeler la police… Juli qui a fracassé et le Morante qui a brûlé une cartouche, pour rien…
Attendons la suite…

     22 Mai – MADRID (Las Ventas) – 12ème de Feria – No Hay billetes – Froid, grisaille humide et … beaucoup de vent : Dans une ambiance hostile, sont sortis neuf toros, tous plus décastés, arrêtés, les uns que les autres : Trois de Lozano Hermanos, 1, 3 et 5èmes ; Un sobrero du Casillon (2ème) ; Un d’Antonio Bañuelos (4ème), et un sobrero (tris) d’Espartaco. Le dernier fut changé deux fois, le premier sobrero, de Lozano, s’étant cassé une patte, en fin du premier tercio. Craignant l’émeute, le président préféra sauter le règlement « a la torera » et effectua un changement « anti réglementaire ». Cela ne servit à rien.
     Morante de la Puebla (Silence – Silence) eut quelques brefs éclairs de classe… mais vraiment « des éclairs ». pour le reste, la grisaille et le vent, « aussi noir » que son costume… Faillit bien se faire prendre, à cause d’une méchante rafale, en toréant le quatrième, à la cape.
     Eugenio de Mora (Silence – Silence), passa sur la pointe des pieds, « essayant » longtemps, au point d’en devenir « pesant ». Tua bien mal.
     El Juli (Silence – Silence) est le grand perdant de la journée. Accusé d’être la cause du désastre, le torero fut régulièrement pris à parti par « les Durs » de Las Ventas. Indubitablement, son moral en a pris un coup, et son actuacion se perdit dans une grisaille épaisse, au point d’être catastrophique avec l’épée, face à son premier. El Juli qui « entre a matar » comme Curro Romero, avouez que…
     Le jeune madrilène essaya bien de se rattraper face au sobrero de Lozano, donnant un quite par gaoneras, plus que millimétrées… Après, ce fut le remplacement. Il se battit comme un chat maigre, avec le toro d’Espartaco, mais en vain. Par contre, l’estocade, cette fois, fut bien «une estocade du Juli ».
     A oublier bien vite, et à se préparer, pour la revanche du Juli, le 3 Juin

     Ce soir, Fernando Cepeda confirmera l’alternative d’Antonio Barrera, qui joue tout en une seule carte. Le témoin sera Uceda Leal, et les toros, de Guardiola.

 

PAMPLONA : SAN FERMIN 2002… VIVAAAA !!!!

     23 Mai : La Casa de la Misericordia a présenté, hier, les cartels de la prochaine Feria de San Fermin, à Pamplona. Cartels qui présentent de bonnes surprises, en particulier : Le Fils Manzanares, à la novillada d’ouverture ; Ponce, avec les Marquis de Domecq ; Les deux paseos pour le Zotoluco (Juli a tenu parole) ; « le » cartel spectaculaire de l’année : Padilla, Ferrera, Fandi, télévisé en direct ; Antonio Ferrera, bien entouré, devant les Torrestrella et, Meca, engagé devant les Miuras.

     La Feria représentera un budget de 525 Millions de pesetas, dont 62% seront consacrés à payer les toreros, et 38%, à régler le prix des toros.

     L’affiche de la Feria sera une photos de Jim Hollander, reporter de l’agence Reuters. Habitué de Pamplona, le photographe américain y est venu, la première fois, quand il avait 13 ans. Depuis, par 34 fois, il a foulé les pavés d’Iruña, changeant la grenadine pour le clarete, courant l’encierro, à plusieurs reprises, dans les années 70/75. Il connaît bien son affaire et, bien que sa photo fasse dans « le flou artistique », le toros est là, bien présent, et ressemblant « vraiment » à un toro. (Pablo Romero ou Alfonso Martin ?)

     La San Fermin 2002 se présente donc ainsi :
5 Juillet : Novillos de Miranda de Pericalvo, pour Salvador Vega, David Galan, Jose Maria Manzanares hijo.
6 Juillet - Rejoneo : Toros de Murube, pour Fermin Bohorquez, Luis Domecq, Pablo Hermoso de Mendoza
7 Juillet : Toros de Marques de Domecq, pour Luis Francisco Espla, Enrique Ponce, Pepin Liria.
8 Juillet : Toros de Cebada Gago, pour Pepin Liria, Victor Puerto, Francisco Marco.
9 Juillet : Toros de Santiago Domecq Bohorquez, pour Miguel Abellan, Davila Miura, Antonio Barrera.
10 Juillet : Toros du Capea, pour Rivera Ordoñez, El Juli, Francisco Marco
11 Juillet : Toros de Jandilla, pour Zotoluco, Eugenio de Mora et El Juli
12 Juillet : Toros de Dolores Aguirre, pour Juan Jose Padilla, Antonio Ferrera et El Fandi
13 Juillet : Toros de Torrestrella, pour Enrique Ponce, Victor Puerto et Antonio Ferrera
14 Juillet : Toros de Miura, pour Zotoluco, Stéphane Fernandez Meca et Juan Jose Padilla.

     Les corridas de 9 et 12 Juin seront retransmises en direct sur la chaîne nationale ; les autres, sur Via Digital.

 

LES TROPHEES DE VIC

     23 Mai : La feria 2002, à Vic Fezensac, fut un bon succès. C’est donc un comité d’organisation « heureux » qui a donc révélé un « Palmares » de la Feria, qui ne provoque guère de surprises.
     A la Corrida Concours, c’est le toro de Victorino, « Misero » qui remporte le Palme d’Or – Stéphane Fernandez Meca se voit récompensé pour sa continuelle volonté de lidier « au service du toro ». De son côté, la cuadrilla de Luis Miguel Encabo remporte le prix à la meilleure brega, réalisée devant le 5ème toro, de Cuadri.
     Triomphateur absolu de la Feria : Antonio Ferrera. Comme « Toro de la Feria », le toro du Hoyo de la Gitana, qui l’a blessé, « Serranito ». Toro de grandes qualités, tout au long des trois tiers.
     Le public est sorti enchanté de la Feria. Va falloir penser à encore agrandir la plaza… Enhorabuena, Vic !

 

LE « MACHO » A LA CRAVATE ROSE…
Grande confirmation d’alternative d’Antonio Barrera

     24 Mai : On connaît tous « Le grand blond avec les chaussures rouges »… il faudra aussi parler du « Macho, à la cravate rose »…
     Curieuse pratique vestimentaire, qui remonte, semble t’il, aux années 80 : le ton pastel « de dulce » rentre dans les cravate et ceinture des toreros… Auparavant, le sombre ou le vif, qu’il soit noir, (très strict et toujours chic), ou simplement rouge, vert ou bleu (étincelants), avaient pour but de souligner la taille et « trancher » avec la couleur du costume de lumières, que celui-ci soit sombre ou immaculé.
     Puis, un beau jour arrivèrent les cravates et ceintures de soie rose pâle, bleu pastel, lilas ou vert amande… On retrouve des photos, notamment, de Roberto Dominguez, un des promoteurs de la nouvelle mode, vers 1978/80.
     Au fond, cela ne choquait pas quand, à ce curieux vestiaire, correspondait un toreo « précieux », fait de dentelle et parfois « de posturitas », permettant presque de penser que le toreo était avant tout un « agréable ballet », tout d’esthétique, de douceur et de beaux sentiments. « Le beau torero danse avec la mort, sous les yeux de sa belle, pâmée au premier rang… »
     La tauromachie, même pour les toreros « artistes », ce n’est pas cela : Les toros, c’est « violence, sueur, mouches et mauvaises odeurs… ». Certes, certains toreros font « plus fins », voir « plus raffinés » que d’autres… mais, de toutes façons, ils ont tous « les… idées », bien accrochées, et pour véniel que soit le pêché, on ne peut s’empêcher de sourire en les voyant ainsi partir au combat, dans un accoutrement plus approprié au Châtelet qu’à la Monumental de Madrid.
     C’est encore plus choquant, lorsque le torero est « un macho, de los buenos ! ». Ce qui ne disqualifie pas les autres. Attention ! ne me faites pas dire…

     Hier, Antonio Barrera, vêtu de blanc et argent, cravate et ceinture de soie rose, a confirmé deux choses : D’une part, son alternative ; et d’autre, qu’il est un torero « important », dont on devra suivre la temporada. Par ailleurs, sa force, son courage, devant le toro, en font un torero « de guerre », qui se plante là, donne de grandes distances au toro, ne rompt que contraint et forcé. Torero de grande décision, qui réclame à grands cris, plus de place dans l’escalafon, et qui pourrait « quitter le sommeil » à plus d’un.
     On suivait, depuis un moment, sa carrière au Mexique, où il était parti chercher la chance qu’on lui refusait chez lui, en Espagne. Quand les Choperas, qui ne sont ni des romantiques ni des mécènes, offrirent de l’apodérer, cet hiver, on se doutait bien que le torero était désormais prêt pour de plus grandes entreprises. Sa Séville natale lui ouvrit les portes, cette année, et son retour fut « plus qu’honorable », devant la dure corrida de Gerardo Ortega.
     Hier, "Madrid!", et la confirmation d’alternative, devant des Guardiolas. Un seul contrat ! A una sola carta… Son actuacion d’hier mériterait amplement « un contrat de plus » et, peut-être a t’on trouvé, là, le remplaçant de Joselito pour la corrida du 4 Juin, ou de Ferrera, si sa blessure est insuffisamment guérie. Antonio Barrera « s’est gagné » un grand respect de Madrid, et de tous, hier, 23 Mai, et cela mérite « une nouvelle chance ».
     Nous le verrons faire le paseo dans le Sud Ouest, à Eauze, Mont de Marsan, Bayonne… Hier, outre les plazas de Chopera, Antonio Barrera s’est inscrit probablement au fronton d’autres arènes… C’est une chance tout à fait méritée, pour lui… et pour nous.

     Reste la cravate de satin rose ! En le voyant si solide, si puissant, si guerrier… ça coince un peu ! Bon, vous allez dire que c’est un détail, et que je suis un vieux machiste grincheux. Je râlerai, pour ce qui est du « vieux machiste ». Mais, pour ce qui est du « grincheux »… on ne se refait pas !
     En tous cas, en rose ou pas… courrez voir Antonio Barrera.

     23 Mai – MADRID (Las Ventas) – 13ème de la San Isidro – Plein – Temps clair mais frais, avec ce maudit vent… : Les esprits, échauffés la veille par un montage indigne, se sont calmés à l’annonce des toros de Guardiola. Pedraja et Villamarta sonnent fort dans l’Histoire taurine, et donc… un respeto ! Madrid, attentive a suivi les évolutions de cette corrida qui a remis tout le monde d’accord, sans pour autant être « monstrueuse ».
     Six Guardiolas sont sortis, irrégulièrement présentés, mais solides, mobiles, encastés. Trois Guardiola Dominguez (1, 2, 5èmes) et trois Guardiola Fantoni (3, 4, 6èmes). Au poids : 556, 547, 557, 589, 613 et 599 kgs). Côté comportement, de la bravoure, inégale certes, et de la vivacité. Les meilleurs : le quatrième, idéal pour le muletero, et surtout le sixième, pour l’aficionado. Un toro violent mais franc, prompt et sauvage… Un toro de combat ; un toro « guerrier » qui demandait un torero guerrier, et qui l’a trouvé. Pour le reste, des toros difficiles, de par la caste, et des possibilités. Seul le cinquième était « un malo », et le public fut là, un peu dur avec le torero.
     Fernando Cepeda (Silence – Sifflets) a réduit à néant, hier, d’éventuelles prétentions à un retour. Endormi, absent (même au capote), il a laissé passer le grand toro qu’était le quatrième, et cela, bien peu le lui pardonneront… Dommage ! C’est ainsi !
     Uceda Leal (Silence – Sifflets injustes) a mis de la volonté, tout au long de la tarde. Ce n’est pas un guerrier… Pourtant, il faudra souligner son envie de se battre, d’être présent aux quites, et sa qualité à l’épée. Son premier était un toro compliqué, tardo et miron… Gêné par le vent, le torero dut aguanter les regards et le genio du toro. Après les chicuelinas du quite, on apprécia de bonnes droitières, et un grand trincherazo. Manque d’unité, cependant, et une épée desprendida - Le cinquième était un toro « de mala leche », dangereux. Uceda Leal essaya deux petites choses, mais dut rompre le combat, dans un digne macheteo. Public un peu dur avec lui, car l’estocade, après pinchazo, fut encore « l’une des bonnes » de la feria.
     Antonio Barrera (Ovation, après un avis – Vuelta) a confirmé son alternative, devant « Salado »-N°69 – 556 Kgs, de Guardiola Dominguez. Toro brave, costaud, qui ne se laissa jamais faire. Le torero non plus, qui démontra fermeté et courage, lié à un bagage technique enviable, et une tête claire. L’ovation fut unanime, après pinchazo et bonne estocade.
     Mais, le « gros coup » faillit bien arriver au sixième. Un toro impressionnant de violence et de force, mais dont la charge franche fut mise à profit par un torero courageux et bien décidé à faire exploser la plaza. Début de faena « escalofriante », par une double passe changée dans le dos, au centre. Le toro vient comme un bolide, et loin de vouloir l’étouffer, le diestro lui donne grande distance. Ainsi, trois séries de derechazos, d’inégale qualité, mais intenses… vraies. Grandes ovations à la sincérité, à l’émotion du combat entre deux braves. Barrera passe à la main gauche et, à la deuxième naturelle, c’est l’accrochage, sec, d’une violence inouïe. Le torero fait un terrible soleil, comme pantin désarticulé. Le toro « le pointe » au sol. Un autre miracle vient d’avoir lieu : Barrera est sonné, mais indemne. Le torero revient au combat et, voulant à tout prix couronner son exploit, cite au recibir. La rencontre est « totalement sincère », mais l’épée tombe bien bas… Quel dommage ! La pétition sera minoritaire. Madrid es mucho Madrid…
     Antonio Barrera, sans couper d’oreille, donne « plus qu’une vuelta al ruedo »… Il vient d’un coup, faire son entrée dans « le circuit Européen… »

 

MADRID : « UNE HISTOIRE DE GONDS… »
Fabuleux triomphe d’un maestro nommé Enrique Ponce

     25 Mai : En fait, cela débuta avant la San Isidro… Comme chaque année, l’Empresa réunit tout son personnel, et l’on fit un large inventaire de tout le matériel nécessaire à la bonne marche de la future feria. Tout y est passé, de l’informatique à la dernière plume du chapeau de l’alguacil… Et là… surprise ! Une tonne et demi de graisse, bien entreposée, depuis des années. Des dizaines de seaux, bien rangés, mais trop peu utilisés…
     Lamentant ce gâchis, l’Empresa donna ordre immédiat de graisser toutes les huisseries de Las Ventas et engagea deux CES pour s’occuper plus particulièrement… de la Puerta Grande ! Et depuis, chaque jour, les deux préposés à la Grande porte de la Monumental de Madrid font leur travail avec grand zèle, suivant à la lettre le précepte du père de Robert Lamoureux « Une serrure… deux litres d’huile ! ».
     De même, pour rentabiliser la manœuvre, l’Empresa réunit les présidents et leur tint à peu près ce langage : « Débrouillez vous comme vous voulez… mais on a graissé la Puerta Grande…ce n’est pas pour rien ! » Ils écoutèrent, au garde à vous, et se mirent au travail…
     En une semaine, trois « puertas grandes ! ».
     Comme vous le voyez… « une véritable histoire de gonds ! »

     Allez ! blague à part… La San Isidro 2002 tourne un peu à la polémique, à cause de la générosité des présidents, à l’heure de concéder les « deuxièmes oreilles »… On l’a vu mardi, avec Jose Tomas, et on aurait pu frôler l’incident, hier, avec Enrique Ponce… Heureusement, le torero de Chiva, pour lequel on manque de superlatifs, a eu le bon goût d’être « encore mieux » avec le toro suivant, triomphant sur tout la ligne, faisant un grand quite au président Lamarca et ouvrant « vraiment » la puerta grande…
     Pendant ce temps, Antonio Ferrera, le seul à vraiment avoir coupé deux oreilles « incontestables », regarde tout cela, du fond de son lit de douleur…

     Soyons clairs : Ici, on maintient, depuis toujours, qu’Enrique Ponce est le N°1, et va le rester jusqu’au jour où il décidera de couler enfin des jours heureux, bien mérités, auprès des siens. Enrique Ponce est le N°1, et n’a aucunement besoin qu’on lui fasse de cadeaux…
     Hier, le président lui a accordé deux oreilles pour une faena qui ne les méritait pas, si l’on reste dans les critères de « la » grande faena « de dos orejas », en Madrid, durant la San Isidro…
     Si on parle de l’ensemble de la lidia du toro, c’est autre chose… Là, oui, le valenciano mérite tous les trophées. Mais « la faena », pour magistrale qu’elle fut, n’atteint jamais les sommets de cette extase, de cette communion qui fait sortir de la gorge ces olés incontrôlables, qui montent du fin fond des tripes…
     Ce fut une faena « de Ponce », plus mathématique qu’abandonnée, plus élaborée que ciselée… Une « faena de Ponce », qui coupe deux oreilles à Bayonne ou à Nîmes... mais pas à la San Isidro…
     Une faena certes compacte, mais à laquelle il manquait ce sentiment « d’éternel », qui doit rester après « un faenon » de deux oreilles, à Las Ventas …Et même si l’estocade fut parfaite, roulant le bicho en deux secondes, la concession de la deuxième oreille est, même ici, discutable. La vuelta fut émaillée de dures protestations, et Enrique Ponce ne méritait pas cela… car l’ensemble de la lidia de ce toro avait été « un monument »…
     Mais il y a « Torero »… et « Torerazo » !
     Ponce fut encore plus « magistral » devant le cinquième toro, dans une faena qui atteint des sommets de douceur, de suave, de coulé et de profondeur, inestimables. Le toro était autre, mais le maestro eut des moments de véritable génie, comme dans ce redondo à tour complet, tellement lent, tellement templé, tellement long qu’il dure encore, à l’heure où l’on écrit ces lignes. Le valenciano, cette fois, mit tout le monde d’accord, et les deux oreilles seraient peut-être justement tombées, si l’estocade l’avait été « un peu moins »…

     Total : Les CES de Las Ventas ont bien fait de « graisser les gonds », et la Puerta Grande s’est justement ouverte devant un Enrique Ponce, maestro magistral, grand triomphateur de cette 14ème corrida, avec deux « énormes » oreilles coupées après des lidias parfaites. Pas besoin des largesses présidentielles pour cela…
     Pour le reste, on gardera dans la rétine quatre trincherazos « pour l’histoire », de Curro Vazquez. Hélas, on se souviendra de même de ses deux odieuses entrées a matar au dernier à son second. Pire que le pire Curro !
     Il ne faudra pas oublier « le fils de Sebastian Cortes », Anton, qui a confirmé son alternative, mais aussi de vrais dons de torero, alliant la technique et l’esthétique. Il coupe une oreille et mérite toutes les attentions…
     Grande après midi de toros, avec pour dénominateur commun la noblesse des toros, et « le magister » d’Enrique Ponce. « Todo un Torerazo ! »

     24 Mai – MADRID (Las Ventas) – 14ème de Feria – No Hay Billetes – Grande tarde, avec un peu de vent :
     On a vu 20 toros, avant d’approuver un lot, correct. A la fin sortirent quatre toros de Javier Perez Tabernero, et deux de Jose Luis Pereda, sortis en derniers lieux. Bonne présentation générale, cornes impeccables et bon jeu, à divers degrés. Les quatre salmantinos, de souche Atanasio, firent honneur à leur fer, poussant fort au cheval, un peu désordonnés, et arrivant nobles à la muleta, quoique que sans innocence. Seul, le quatrième posa de gros problèmes. Les Pereda, purs Nuñez, donnèrent grand jeu, mis en confiance par leur lidiador respectif. A la bascule : 532, 595, 547, 576, 506 et, les Pereda, 506, 533 kgs.
     Curro Vazquez (Applaudissements – Bronca) a laissé l’empreinte du vieux maestro « qui ne peut plus », mais qui a toujours en lui quelque recours susceptible de lever une plaza, sur quatre muletazos… Son premier arriva noble et fort, à la muleta. Toro très lourdement châtié à la pique, et « qui remonta », aux banderilles. Curro Vazquez dut le châtier encore, et il le fit de la plus belle, de la plus forte, mais également de la plus harmonieuse des façons : quatre enchaînements « trincherazos – droitières », en gagnant du terrain, vers le centre. Formidable ovation. Ces quatre trincherazos feront partie du film « San Isidro 2002 »… Hélas, le torero voulut ensuite monter une faena. Il prit de la distance, cita de loin, très torero… mais ne put supporter les charges un peu violentes, les retours secs du toro, qui finit par se refuser. Demi estocade, atravesadilla, « à la Curro Romero », et un descabello – Face au quatrième, « le » manso bronco du lot, Curro Vazquez « prit dix ans d’un coup » et finit lamentablement en deux attaques à l’épée, en utilisant sans honte le plus large des périphériques. Muy mal, Señor !
     Enrique Ponce (Deux oreilles, protestées – Une oreille) a donné deux énormes leçons de toreo. D’entrée, la réception de cape au troisième « Comadroso », sorti « troton » fut remarquable, le valenciano signant deux grandes véroniques à gauche, une fantastique demie et une rebolera, qui mettent tout le monde d’accord. Le toro est piqué « au raccroc » par Manuel Quinta, et Ponce met un quite par deux delantales et une grande « media », pieds joints. Olé ! Faena qui accroche le toro, d’entrée, en droitière, trincherazo et un formeidable cambio, par devant, suivi d’un joli pecho. Un peu faible, le toro vient un peu sautillant, un peu rebrincado, dans les deux séries droitières suivantes, liées, templées, le torero ne se faisant jamais toucher la muleta. Changements de mains dans le dos et grand pecho gaucher. Ponce prend son temps et cite main gauche. Le toro fait mine de reculer, et prend quatre naturelles « bien peu naturelles », un peu forcées, dont seul le pecho final lèvera l’ovation unanime. Retour à droite, un peu gêné par le vent. La série est parfaite et le pecho, « supérieur ». Enrique Ponce va chercher l’épée et, « artiste lidiador », place quatre doblones, un genou en terre, parfaits. La plaza est conquise et salue le maestro. Bien préparée, une très grosse estocade, magnifiquement portée. On n’a que peu de temps pour voir qu’elle est « un centimètre » de côté, le toro roulant immédiatement, comme une pelote. Enorme ovation ; formidable pétition. Une oreille « en marbre !» se dit on… De fait, deux oreilles sont accordées par le Président Lamarca, et Ponce donne une vuelta, heureuse mais fortement controversée.
     Le cinquième est un Jose Luis Pereda magnifique. Un castaño du nom de « Culoncito ». Vaya nombre ! Le toro va être court au capote de Ponce, qui règle déjà sa stratégie. Bien piqué par Saavedra, il répond bien à un quite, superbe, par deux véroniques, une demie et « la » larga cordobesa, templadisima. Un peu gazapon, très bien lidié à la brega, par Mariano de la Viña, le Culoncito va arriver noble, quoique voulant reculer, à la muleta. La faena sera un ensemble de « naturel », le torero, pratiquement vertical, relâché, enchaînant des muletazos d’une grande douceur, à la fois commandant la charge, et la caressant. Deux grosses séries, à droite. Le toro est plus réticent à gauche, Ponce le sent faiblir. C’est alors que le diestro va enchaîner deux redondos à tour complets, d’une parfaite lenteur, le toro aimanté par la muleta, à deux centimètres de son mufle. La plaza explose d’un « ooooooolééé ! » qui finit en immense ovation, après le trincherazo et le pecho libérateur. Là, il y eut communion ! Sur un nuage, Ponce termine par un enchaînement trincherazo, firma, trincherazo, qui enchante Las Ventas. Il y a longtemps que les photographes n’ont plus de pellicule… Entrant un peu plus rapide, un peu moins droit que précédemment, Enrique Ponce laisse une entière, qui tombe de côté… Quel dommage ! Le toro s’écroule ; la pétition est entière, l’oreille est accordée… Elle est en or ! Ponce a signé une grande tarde, et la Grande Porte lui est ouverte sur Madrid et toute la planète taurine. Un torerazo !
     Anton Cortes (Palmas, après un avis – Une oreille) a confirmé son alternative, devant le toro « Pitinesco » - N°43 – un cardeno meano de 532 kgs. Toro noble, mais qui faiblira chaque fois, au troisième muletazo. Anton Cortes l’engage très bien, par statuaires serrées, au centre, et une passe du mépris, de grande esthétique. Le jeune l’engage à droite, mais les toro ne prend pas la série complète. La gauche répondra moins encore, et la faena s’éteindra doucement, malgré la grande bonne volonté du jeune diestro. Pour ne rien arranger, deux vilains pinchazos et une bonne demie – Par contre, le fils de Sebastian Cortes donnera toute sa mesure face au sixième, au nom prédestiné (on l’espère) de « Banquero ». Toro noble, un peu tardo, que l’albaceteño va toréer précieusement en longs derechazos, la muleta bien devant, se laissant aller à une grande expression artistique, sur deux naturelles « de cartel ». Le public, heureux, réagit aux effluves de ce toreo « agitanado » et réclame justement une oreille (qui n’a cependant pas « la force » de la précédente) après une très bonne estocade. Bon succès du "confirmant" qui mérite la confiance et les contrats, mais n’a eu, ce jour, qu’une terrible malchance : Passer derrière le maestro Ponce…

 

MADRID: RETOUR AUX AFFAIRES « NON COURANTES »…
Mansada « totale » de Ramon Flores

     27 Mai : La San Isidro 2002 bat son plein. D’ores et déjà, cette feria marquera la différence : De nombreux toros « ont servi » et, en 16 corridas, on a ouvert la « Porte Grande », à trois reprises. Bien entendu, la polémique est au rendez vous, en particulier au sujet des deux « deuxième oreille » attribuées à Jose Tomas et Enrique Ponce. Cependant, le résultat est là : On ne s’ennuie pas, cette année, à la San Isidro… sauf hier ! Adieu la mobilité! Les Ramon Flores "n'ont pas voulu". Une grande déception.
     Du coup, les esprits se sont envolés ailleurs, tandis que défilaient les mansos de Ramon Flores, dans un ruedo madrilène balayé par le vent. Et, suivant le pays d’où ils venaient, les aficionados « gambergeaient » :
     Les espagnols se remettaient doucement du fracaso de leur candidate montée de toutes pièces, au concours de l’Eurovision, et commençaient à se faire du souci pour leur équipe de foot, secouée par des conflits internes, et les déclarations fracassantes contre la Presse du sélectionneur national.
     Les français se grattaient la tête, après l’inquiétante prestation de leur champions contre la modeste mais « pundorosa » Corée du Sud. De plus, Zizou a mal à la cuisse. Du coup, tout le monde boite ! En un mot, juste avant de rencontrer le Sénégal, la France « broie du noir ! ». (N’allez pas me chercher des noises, ce n’est pas moi qui ai inventé l’expression !). Pendant ce temps, on veut faire sa fête à Georges Bush, et on prépare le « Grand Cirque » des législatives. N’en jetez plus…
     Les Colombiens, eux, se réjouissent à 53% de l’élection d’un nouveau président, Alvaro Uribe. 49 ans, avocat, avec un discours très dur contre la guerrilla, la délinquance, la violence, les divers trafics. Malgré les menaces et les bombes, la Colombie a voté en masse, et nous a donné une bonne leçon de « devoir citoyen »…

     Hier, à Madrid, la corrida de Ramon Flores a énormément déçu. Mansada complète, qui fait tâche dans le bon panorama « salmantino » de ce début de feria, en particulier grâce au corridon de Valdefresno et aux quatre toros de Javier Perez Tabernero.
     A Tolède, les Zalduendo sont sortis « aimablement » présentés. On surveillait du coin de l’œil ma rencontre Ponce – Tomas. Sortie a hombros générale, avec un Ponce « au top », et un Jose Tomas qui revient « aux affaires ». Il a du être vraiment bien. Pour que Jose Antonio del Moral, lui-même, le dise…
     Le reste de la journée fut parsemé d’anecdotes, comme celle de ce novillo, à Séville, qui est revenu 14 fois vers le chiquero, voulant revenir à la tranquilité… A Granada, le président s érigea en protagoniste vedette, gâchant le succès d’un Uceda Leal, vraiment bien en ce moment… Du côté de Barcelone, Pablo Hermoso de Mendoza a ouvert la dernière « grande porte » qui manquait à son palmares…

     Pendant ce temps, l’empresa de Madrid se prépare à remplacer Joselito, demain, et Antonio Ferrera, mercredi. A priori, David Luguillano ouvrira le chemin, aux côtés de Jose Tomas et De Mora, face aux Alcurrucen. De son côté, Antonio Ferrera serait remplacé par… Fernando Robleño, devant les Conde de la Corte, faisanr le Paseo avec Liria et Padilla. Bueno ! Promesse lui avait été faite suite à une sortie a hombros qui n’avait convaincu personne, en avril. Asi las cosas ! Un torero avait peut-être mérité un deuxième paseo: Antonio Barrera. A suivre.

     26 Mai : MADRID (Las Ventas)- 16ème de Feria – Plein – Vent terrible : La corrida de Ramon Flores (souche Atanasio) a été un désastre ganadero. De présentation moyenne, (582, 571, 559, 567, 536, 536 Kgs), le lot s’est révélé manso, décasté, sans forces, sans une once d’intérêt pour l’aficionado. Désespérant, pour les professionnels, dans le ruedo. Un bémol, toutefois : la corrida aurait peut-être donné un peu plus de jeu, si les toreros avaient pu la lidier « vers le centre ». Hélas, le vent féroce qui balaya Las Ventas les en empêcha, les obligeant de se protéger « aux barrières », ce qui n’arrangea pas les choses.
     Manolo Sanchez (Sifflets – Silence) abrégea "vite" devant le premier, un faible qui se défendait, tête en haut. Le quatrième l’enferma au capote, et le torero dut tout lâcher, et sauter à l’abri. Soseria totale du toro qui accepta deux demi séries de derechazos, mais guère plus.
Javier Vazquez (Silence, après un avis – Sifflets, après un avis) a certes, été gêné par le vent, mais il ne connut pas une bonne journée. Le cinquième lui accrocha sans cesse la muleta, et… Deux pinchazos, une demie et sept descabellos. Tristesse.
     Alberto Ramirez (Palmas – Applaudissements, après un avis) a été « très torero », compte tenu des circonstances. Il s’était déjà signalé dans un quite par chicuelinas, au toro de Vazquez, et continua, très bien au capote, recevant le troisième par deux largas et de bonnes véroniques, pieds joints. Très décidé, le torero brilla par moments, mais tua mal. Il fut encore mieux, devant le dernier, un manso éteint. Le petit torero du Levante « se mit dessus », essayant de lui sortir la moindre passe qu’il lui restait. Ainsi, on retiendra deux trincherazos de bon goût. La récompense aurait pu être plus importante, mais… cinq pinchazos et deux descabellos. Re tristesse ! Tout ça… pour ça !
     Pour le bon souvenir, quand même : Une grande paire de banderilles de Fernando Tellez, au sixième toro.

     Ce lundi 27 Mai : Corrida du Puerto San Lorenzo (Trois acceptés, pour le moment), pour Finito de Cordoba, Morante de la Puebla, Eugenio de Mora. La corrida est télévisée, en clair, sur TVE2, à partir de 18h55. A vos magnétoscopes.

 

PONCE ET TOMAS, VEDETTES DU DIMANCHE

     27 Mai : Tolède donne cette année une importante feria del Corpus. Plus volumineuse que par le passé, la feria réunit les figuras, et a débuté par un face à face, Enrique Ponce et Jose Tomas, avec Eugenio de Mora, pour témoin. Le vent a beaucoup gêné les toreros… plus que les toros.

     26 Mai - Tolède – Casi lleno – Vent : Corrida de Zalduendo, « réduite en tout », trapio et têtes. Corrida qui a donné du jeu, à part les premier et, surtout, cinquième. Excellent , le deuxième ; de même, le quatrième, à qui on donna vuelta al ruedo. Le vent a en partie gâché la lidia.
     Enrique Ponce (Palmas – Deux oreilles) n’a pu briller devant le premier. Par contre, magistral devant le quatrième. « Dans la ligne » de Madrid : Lidiador, serein, artiste et grand tueur. Faena de soie, avec des naturelles de face, des pechos interminables. Enorme estocade, un peu contraire, qui tarda à faire son effet, d’autant que le puntillero (Jean Marie !), releva le bicho. Ponce y perdit probablement le rabo.
     Jose Tomas (Deux oreilles – Palmas) s’est montré remarquable, face au bon deuxième : Beaucoup de temple, de lié, de profondeur dans sa première faena, qui fut applaudie de tous, y compris ses détracteurs. Bonne estocade et bon triomphe, avant son retour, demain, à Las Ventas. Le cinquième était le « mini garbanzo » du lot. Tomas essaya en vain de le mettre dans sa muleta.
     Eugenio de Mora (Oreille – Oreille) s’est retrouvé entre deux monstres. Du coup, il mit le turbo et en perdit son temple habituel. On le vit « accéléré », avide de succès. Du coup, ses deux trasteos furent souvent accrochés, nerveux, un peu « en dessous » de la qualité de ses adversaires. Il est vrai que « toréer avec Ponce et Tomas quand ils sont bien… Tela ! »

 

DE "TRES" MAUVAISE HUMEUR…
Madrid : Désastre télévisé

     28 Mai : « Je vous préviens… je suis de très mauvaise humeur !»
     Le public de Madrid aussi, d’ailleurs. Les toreros… je ne vous dis pas ! Côté ganadero, cela ne doit pas être bien folichon. Quant aux responsables de la Télévision…ils ont du se gratter la gorge, la tête… et bien d’autres choses, en songeant à la grosse poignée de millions ainsi jetés par la fenêtre pour retransmettre en direct, sur la chaîne nationale, la pire corrida de cette San Isidro… y de muchas !
     Non ! Non… il ne peut pas y avoir pire ! Un « toston » monumental, plein de hargne et de fiel ; plein de désagréables incidents. Tandis que certains tendidos de Las Ventas jouaient « aux Peñas de Pamplona » en montant de bruyantes cabales du style « Chhhhhhiiiii….Pum ! Fracasoooo ! », le président se tripotait le nœud papillon, et foutait tout par terre, d’entrée, en ne changeant pas le premier toro ! Una verguenza total ! Une affreuse, horrible, méprisable pantomime de la corrida de toros.
     Du coup, la corrida était mal engagée. Le reste fut logique, d’autant que les toros du Puerto San Lorenzo se chargèrent de la suite. Certes, ils « se cachaient » derrière d’impressionnantes cornes… mais comment un président et une équipe de vétérinaires peuvent ils « approuver » un toro comme le cinquième ? Savent ils ce que veut dire le mot « homogénéité » ? Una verguenza… Une corrida sabotée, par le public, par le président, par les toreros… Finito de Cordoba n’est pas aimé de Madrid, et le torero le lui rend bien. Ces deux là auront du mal à se rabibocher ! Le Morante a essayé de dessiner deux arabesque dont il a le secret…mais, personne n’a suivi. Même pas nous, qui l’aimons bien. A l’épée, fatal ! Pouah ! Quant à Alfonso Romero… un cuento ! Se acabo !
     Pour arranger le tout, une double cornada à un cheval, au cou et au flanc. Le monde est à ce point « déshumanisé », qu’aucune chronique, ce matin, ne donne des nouvelles du pauvre percheron…
     De mauvaise humeur, je vous dis !
     De toutes façons, la journée avait mal commencé ! Une porsche, pilotée comme un missile par de petites frappes, est allée percuter un abri bus, à Vitry, où attendaient de braves gens. Trois morts : Une maman de 29 ans, ses deux filles, de trois et cinq ans… Le quatrième enfant, de 14 mois est grièvement blessé ! Les occupants de la voiture assassine prennent la fuite. Ils se livrent plus tard. Connus pour délits liés à la drogue. La voiture n’est pas volée. Elle appartient à un autre « citoyen », connu pour escroquerie ! Et… vous savez de quoi on parle ? Des accidents de la route ! De la violence au volant ! On a même utilisé la phrase « La porsche et l’abri bus sont entrés en collision ! »
« A ver un poco ! » Quand va t’on enfin appeler « chat », un chat ? et criminel… un criminel ? Dans cinq minutes on va faire une enquête pour savoir à quelle vitesse roulait l’abri bus , quand il es venu percuter la porsche…. Le monde est il devenu fou ? Sommes nous à ce point irresponsables et lâches, pour ne pas nous rendre compte des résultats du « tout permis », du « il faut que jeunesse se fasse ! ». Où allons nous donc ? Combien de temps cela va t’il durer, encore ? Un jour, on pleurera, parce que « 82% » décideront d’un coup que « c’est plus possible ». Alors on dira… « si j’avais su ! »
Je pense à cette pauvre femme, à ses enfants, au père, à la famille… Je pense aussi à cette petite jeune fille de 15 ans, qui est accourue et a ranimé la petite blessée, en pratiquant les gestes qui sauvent, massage cardiaque et bouche à bouche. Admirable ! Et tout cela, pour voir la petite, décéder, quelques instants plus tard… Marre ! Marre de tant d’injustice, de sang, de boue !
     Vous n’êtes pas de mauvaise humeur, vous ? Vous avez de la chance… si on peut dire.
     Aussi, hier soir, le cœur n’était pas à regarder tranquillement la corrida. Alors, imaginez la rogne en voyant, un à un, défiler le triste spectacle de tout ce que nous aimons pas, dans la corrida…

     Madrid est en rogne. Deux courses "fracassées" ! Et aujourd’hui revient Jose Tomas. Renversera t’il la vapeur ? Retournera t’il la plaza, comme l’autre jour ? Ou, au contraire, Madrid se vengera t’elle de ses récentes largesses ?
Ce soir, on poussera un soupir de sérénité retrouvée… ou on sera « de très » mauvaise humeur ! Vous voilà prévenus !

     27 Mai : MADRID (Las Ventas) – 17ème de Feria – Presque plein – Soleil et vent – Corrida télévisée en direct et « pour tous » :
     Scandale ! La corrida du Puerto San Lorenzo est sortie mal présentée, et très armée. Faiblesse totale ! Invalidité ! Maladie ! Une honte. Hélas… la corrida était noble, mais ne pouvait pas « con su alma » ! Grosse faute du président Sanchez Garcia, qui ne veut pas rentrer le premier. Il est à la base de la rogne qui va se déverser sur Las Ventas, durant deux vilaines heures. Toros sans caste, se défendant tristement, l’œil déjà mort… Que tristeza ! Et l’on appelle cela « la Fiesta ! ». Le troisième, de presque six ans, blessa un cheval, au cou et au flanc. Le monosabio tenta d’arrêter l’hémorragie, en bouchonnant son béret dans la blessure… Le quatrième fut rentré pour invalidité notoire. Sortit en remplacement, un toraco castaño du Toril, qui fit danser Finito. Seul, le sixième eut une vingtaine de bonnes arrancadas. Hélas, il s’ennuya vite… et nous aussi.
     Finito de Cordoba (Sifflets – Bronca, après avis) mit par terre l’invalide premier, au troisième muletazo. Il partage la faute avec le président « au nœud paps » - Face au sobrero du Toril, le cordouan ne voulut pas la bagarre, restant sur la marge, se faisant accrocher sans cesse la muleta, terminant comme un cochon, avec l’épée.
     Morante de la Puebla (Avis et silence – Deux avis et sifflets) donna trois grandes véroniques à son premier, avant de se faire peur, sur la demie. Le toro ne vaut pas grande chose, et va s’éteindre complètement après cinq arrancadas où le Morante va essayer de juguler le vent et les quolibets, terminant très mal avec l’acier, de six pinchazos et un descabello. Le cinquième est un moustique qui porte deux grandes cornes… Le sévillan va bien essayer, mais la journée n’était pas de « posturitas ». Echec ! Le toro n’aidant pas, à l’épée ; le torero « n’y allant pas », ce fut un nouveau désastre. Muy mal !
     Alfonso Romero (Silence – Silence) porfia vainement, devant le troisième – Par contre, on lui pardonnera difficilement de n’a voir pas mis à profit les quinze ou vingt bonnes charges du dernier. A la cape, le murciano avait donné quelque espoir. Ce toro était sa dernière chance, à la San Isidro… Peut-être sa dernière chance « tout court » ! Quand on est dans cette situation, on y va « à fond », on lui monte dessus, s’il le faut. Romero se contenta de composer la figure sur deux derechazos, et une bonne naturelle… C’est fini.

 

MADRID : JOSE TOMAS « S’ACCORDE » UNE VUELTA AL RUEDO
Important triomphe, devant le Roi… et la Télé

     29 Mai : Souvent, il nous arrive à tous de lâcher un « Ah ! le salaud ! ».Curieuse expression ! En fait, loin d’être injurieuse, elle traduit tout simplement la violente émotion qui, sur le moment, nous a pris et nous a laissés « sans adjectifs », sans voix. Aussi, cette impression d’avoir été bousculés, défoncés, ne peut se traduire que par cette interjection, pleine d’admiration. On « re-atterrit », on reprend son souffle, et on sourit, d’un air entendu. A ce moment précis, on est heureux.

     Jose Tomas a marqué, hier, la San Isidro 2002, par une faena « coup de poing », « coup de poker », devant un toro terriblement compliqué et dangereux. Peu importe qu’il ne coupe pas, une ou deux oreilles, il a été « enorme ! » et on est tous obligés de le reconnaître. Ce que l’on fait avec beaucoup de plaisir.
     « Ah ! le salaud ! » On ne pouvait guère dire autre chose en suivant avec anxiété cette faena « qui n’aurait pas du exister »… Le toro était une brute violente, qui lançait des regards aussi aiguisés que ses pitons, qui marquait un temps dans son début de charge, comme pour mieux viser les fémorales rouge or du torero de Galapagar. Personne n’oubliera ces quatre séries de naturelles, où le toro débuta comme un tigre, et finit comme un caniche… ou presque. « Ah ! le saligaud! » Un tigre avait rencontré un lion !

     Jose Tomas est vraiment quelqu’un « à part ». De fait, il vit « pour lui », torée « pour lui »…étant, probablement son plus dur censeur.
     Hier, le Roi était là, à une barrera. Tomas fut le seul à ne pas lui brinder un toro. Beaucoup le lui reprochent, aujourd’hui. Le Roi en aura t’il pris ombrage ? Probablement pas, car c’est un homme simple et sincère. De plus, ils « se » reverront dans quinze jours, « à la Bienfaisance ».
     Hier, Jose Tomas a signé l’un des plus grands exploits de la Feria. La foule était folle d’admiration. Deux oreilles, probablement… mais, deux épées défectueuses ont mis tout par terre. Peu importe ! Pétition minoritaire, mais… la ferveur. Tomas sortit du burladero, salua cérémonieusement, quoique sans affectation, regarda le tendido et décida, seul, que « oui, vraiment », il méritait de donner la vuelta al ruedo ! Et cette vuelta fut de totale apothéose…« Ah ! l’animal ! »
     Hier, Jose Tomas s’est quand même planté… Dans toutes le Peñas, Cercles et Clubs taurins, la Télévision a fidèlement rapporté son exploit… Dans la situation où il était avant la Feria, c’est la Télé qui a répercuté son « grand retour » madrilène… Donc, on espère que dorénavant, il ne mettra pas en avant « lo de la Tele », pour s’esbigner de Pamplona ou Bilbao, comme cette année encore. Jose Tomas s’est comporté, hier, « en véritable figura del Toreo », et les images seules peuvent dire, à quelle hauteur, il s’est envolé, nous emportant tous avec lui…
     Soit dit avec respect et admiration…« Ah, le salaud ! »

     A ses côtés, devant une corrida terriblement armée, un autre torero a été « bien, bien ». C’est Eugenio de Mora. Dommage que l’épée… David Luguillano, une fois de plus, a promis, mais n’a pas tenu. Il commence « en grand » torero, et termine en « extravagant pathétique ». Dommage que « le moteur » ne soit pas à la hauteur de la prétention.

     28 Mai – MADRID (Las Ventas) - 18ème de San Isidro – No hay billetes – Grand beau – Peu de vent :
     Corrida d’Alcurrucen. Pardon ! Corridon d’Alcurrucen ! Grands, longs, ensillados…et armés formidablement pointus. Des toros de cartel ! Des cornes pour cauchemarder un brin. A part quelques vagues faiblesses, la corrida a tenu debout, et s’est bougée. Au premier tiers, c’est parti dans tous les sens, les cuadrillas se mélangeant les câbles, et les picadors méritant tous deux heures de colle. A la muleta, un extraordinaire premier, noblissime, suave, mais qui s’arrêta trop vite. Un sixième, noble également, mais qui ne prend pas « toute la passe », sortant « tête en haut », l’air idiot. Dur et violent, le quatrième, d’autant que son torero ne sut par quel bout le prendre. Les deux et trois ne servirent pas. Reste le cinquième : un malin, brutal, qui menaçait, du regard et des pointes. Un vrai combattant qui savait utiliser tous ses arguments, même les plus vils. Il s’appelait « Rincollano »… Jose Tomas l’a fait entrer, avec lui, dans l’Histoire.
     David Luguillano (Ovation, après un avis – Silence, après un avis) a voulu repiquer à un bon quite par delantales, de Jose Tomas, qui lui révéla les qualités du premier. Les véroniques du Vallisoletano furent moins brillantes, et « volèrent » quelques passes à sa faena. Toro « de dulce », qui charge droit, doucement… comme un carreton. Luguillano aura deux ou trois moments magnifiques, sur main droite. Hélas, cela bafouillera un peu, à gauche, et le toro s’arrêtera, sans que l’homme ne puisse le convaincre d’aller plus loin. Certes un ayudado par ci, un trincherazo par là, mais… Luguillano a laissé passer un toro, et une nouvelle chance – Le quatrième sera le plus dur de l’encierro. Il charge, méchant, à coups de media arrancadas, et retourne vite ses attaques. Court « en tout », Luguillanao va patiner, et finir par « perdre les papiers », sous les quolibets du 7. Extravagant, théâtral, mais presque content de lui. Catastrophe au descabello, le toro tombant à la neuvième reprise.
     Jose Tomas (Un avis et silence – Pétition minoritaire et « grosse » vuelta, après un avis) n’a pu complètement convaincre son premier. Toro qui avait « sauté » dans son capote, s’échappant par deux fois, pour aller percuter le picador. La faena débuta par doblones, genou en terre, élégants et efficaces. Tomas essaya la gauche, à mi distance, mais le toro n’en voulut guère. En réduisant le trajet, le bilan ne fut pas plus brillant. Trois pinchazos et une demie laissèrent tout le monde perplexe.
     Le cinquième est astifinisimo ! Il s’échappe du capote de Tomas, qui le reprend et « sort », proprement, vers le centre. Mal à la pique, prise au vol, le toro s’échappant, donnant des coups de tête à tout ce qui passe. Un regalo ! Début par bons doblones, deux séries de droite, accrochées, sans grand brio, mais où le torero lui apprend à baisser la tête, à s’intéresser au leurre. Tomas passe sur main gauche, pour une première série de naturelles un peu rapides, un peu gâchées par une charge désordonnée, pesante, violente, le toro encensant du collier et regardant beaucoup. Pouah ! On pense que la faena va finir. Impossible de juguler de tigre malin. Tomas se positionne, avance la muleta et tire cinq naturelles « de miracle », terminées en trincherazo. Mince, alors ! Comme convaincu qu’il peut y arriver, malgré les regards terribles et les charges « à géométrie variable » du bicho, Jose Tomas se remet à gauche, et tire quatre naturelles « à hurler », tant le danger est palpable. Cependant, il semble que le fauve a mieux pris les deux dernières. Les pechos de libération font hurler Las Ventas qui a compris que « quelque chose est en train de se passer ! ». Quatrième série de naturelles, la corne passant au ras des jambes du maestro, le toro, totalement dompté, chargeant presque noblement. Enorme mérite du torero ! Enorme exploit ! Enorme ovation. Le premier avis « tombe », pendant la faena. Qu’importe ! Las Ventas « est sciée ! »
     S’il avait eu en main, l’épée de vérité, Jose Tomas aurait peut-être « ouvert la porte », car il semble que le toro s’est un peu décomposé, pendant que le diestro était à la barrière. Après deux beaux ayudados, Jose Tomas part bien, pour une demie lame… bien mauvaise. Quel dommage ! Le torero de Galapagar « rentre fort », une deuxième fois, pour une lame profonde, pas très catholique mais qui tue. L’ovation est tonitruante, solennelle, sans hystérie. Il y a pétition, mais trop courte. Jose Tomas s’avance, salue et, sous les bravos d’apothéose, estime qu’il a mérité de donner une vuelta. Nous aussi !
     Eugenio de Mora (Silence – Ovation) avait « perdu sa feria », avant que ne sorte le dernier. Rien de bien spécial, au troisième, qui prenait deux muletazos, mais pas le suivant et… le « zambombazo » de Jose Tomas. Le public était ailleurs ! Ce sixième, armé grand, très fin, veleto, se révéla noble, sans innocence, encasté. Et De Mora sera très bien devant ce toro, réussissant à recentrer, sur lui, l’attention de toute la plaza. Début de faena très torero ; séries fermes, bien tirées, malgré le défaut du toro de sortir du muletazo, distrait, tête haute. Pour clore les séries, les passes de poitrine ou les changements de main, par devant. Très méritoire, la faena d’Eugenio de Mora, et probablement récompensée d’une oreille, s’il n’y avait eu un vilain « metisaca », suivi d’un pinchazo. L’estocade définitive arriva trop tard, mais le torero avait sauvé sa feria, et réussi l’exploit de faire oublier, durant deux minutes, celui de Jose Tomas. Ah! Le….!

     Ce soir, 29 Mai: Toros du Conde de la Corte. Antonio Fererra ne sera pas là, remplacé par Fernando Robleño. L’accompagneront Pepin Liria et Juan Jose Padilla. Un cartel qui a baissé d’intérêt, d’un coup.

 

GRANADA : LE VETO DES « VETOS »…

     29 Mai : A Grenade, les vétérinaires ont « dégoupillé », hier, un des gros scandales de la temporada 2002 : La corrida de Torrestrella a été refusée, pour suspicion de « Manipulation frauduleuse des cornes ». Aaaaaah ! Voilà qui n’est pas courant, surtout à Granada, feria plutôt « torerista », aimable. Pour en arriver à cela, ont du pousser loin le bouchon « los del serrucho » ! Du coup, « les vétos » ont pris la mouche !
     On a donc fait monter au créneau une corrida du Puerto San Lorenzo. Les toreros ont été bien, mais « la noticia », l’éphéméride de cette course reste inscrite sur le compte-rendu des vétérinaires : Corrida refusée pour « forte présomption » d’afeitado….

     28 Mai – Granada – 4ème de Feria du Corpus – Media plaza : Toros du Puerto San Lorenzo, inégaux en présence et en jeu. L’ensemble tira à « manso », avec diverses possibilités. Par contre, un deuxième, excellent, du nom de « Triguero ».
     Luis Francisco Espla lidia et « aguanta » le méchant premier. Applaudissements. Oreille du quatrième, qu’il toréa facile et descabella en se servant de sa montera, en guise de leurre (vu, page 12 du n°128 de « La Lidia » - Juillet 1923)
     Fran Rivera Ordoñez a été très bien devant le grand deuxième : Bonne faena, tremplée, liée, mais…catastrophée avec l’épée. Une de plus. Le cinquième valait moins que trois mots. Ovation à l’un, silence à l’autre.
     Rafael de Julia faisait sa présentation, à Granada. On l’a vu très désireux de triompher, toréant sérieux, « tête claire », et parsemant ses faenas de bons détails toreros. Il coupa justement l’oreille du cinquième.

 

LES PETITS…LES SANS GRADE…
Madrid : Triomphe de Fernando Robleño

     30 Mai : Dia del Corpus ! Fête religieuse, illustré par la fête « la plus païenne » qui soit : La corrida de Toros. Aujourd’hui on suivra les traditionnelles courses de Tolède et Séville, accompagnant les ferias de Cordoba et Granada. A suivre Luis Vilches et le Cid, à la Maestranza, tandis que Tolède donnera chance à « ses » toreros.

     La fièvre est retombée, à Las Ventas. Les madrilènes vivent une bonne feria de San Isidro 2002, avec un pourcentage élevé de toros « qui servent ». De leur côté, les toreros ont appuyé sur l’accélérateur et trois d’entre eux ont triomphé.
     Jose Tomas a effacé en deux sorties majuscules, la noire tâche de juin 2001. Le public l’a fêté, oubliant sa rancœur, pardonnant son affront. Etre énigmatique, Jose Tomas a reconquis Madrid, et par le fait, remonté au grand hit parade de la planète « toros ».
     De son côté, Enrique Ponce a confirmé que décidément, c’est dans les vieux pots que la soupe est bonne. Chaque année, on le dit « meilleur » que la précédente, on le voit « au top ». Il ne faut plus rien dire, car nul ne sait quand Ponce décidera d’arrêter sa carrière. Toujours est il que le Valenciano est, actuellement, en véritable « maestro », toréant mieux que jamais, décidant des stratégies techniques, et les appliquant avec courage et suprême élégance. Pour ne rien oublier, il est un des meilleurs tueurs de l’escalafon, même s’il a perdu, hier, un gros triomphe à Granada, à cause de l’épée. « Ponce sigue « Numero Uno ! » Si, señor…
     Le troisième est Antonio Ferrera. Il n’a pas le statut des deux précédents, mais il est, à ce jour, le véritable triomphateur de Madrid. Hier, il a perdu son deuxième contrat, à cause de la cornada de Vic, mais il semble bien parti pour remplacer Joselito, le 4 Juin. A ver lo que pasa !

     La fièvre est donc retombée. Pourtant, Madrid a encore vibré, hier. Un autre vibrato ! Une autre émotion ! Comme une mère couve des yeux son petit dernier, et applaudit à ses moindres trouvailles, Madrid a ouvert son cœur à un petit, à un « sans grade ». Cela lui arrive souvent ! Hier, le public de Las Ventas a fait un gros triomphe à Fernando Robleño, venu en remplacement d’Antonio Ferrera. Un torero de courte stature, de courte carrière, sans grand registre, sans grande classe. Mais un torero avec un cœur « gros comme ça » qui a donné tout ce qu’il avait, en totale sincérité, citant à quinze mètres, laissant venir le toro. La « totale vérité » qui provoque la « totale admiration »… Si l’on ajoute une série de face, pieds joints, et quelques adornos bien tournés, on passe tout près d’une puerta grande. L’oreille du sixième fut l’une des plus fêtées de la Feria. Quand on saura qu’il perdit celle du troisième, à cause de l’épée…
     Ca, c’est Madrid ! Elle est « la Cathédrale du Toreo », et peut de permettre, tout à coup de dire « Celui là, oui ! Celui là, non ! ». En relisant les San Isidro passées, on retrouve ces soudains coups de cœur. Grande et superbe, Madrid « ouvre sa porte »… Après, c’est une autre histoire ! Seuls, les privilégiées vont au bout…
     Fernando Robleño sera t’il, d’un seul coup, propulsé vers les cimes ? On peut en douter. Toujours est il que son sourire, hier, faisait plaisir à voir.

     29 Mai – MADRID (Las Ventas) – 19ème corrida de San Isidro – Plein – Grand beau : Sont sortis cinq toros de Conde de La Corte, dont quatre sous le nom de Maria Olea. Le deuxième fut renvoyé, remplacé par un vilain de Carmen Borrero. Toros inégalement présentés, certains pitons étant abîmés (1er). Comportement bien triste, manso à divers degrés, avec un dénominateur commun : le manque de forces. A la bascule : 570, 525(le Borrero), 528, 520, 544, 555 kgs.
     Pepin Liria (Palmas – Silence) a touché le mauvais lot, mais n’a pas été aussi ferme que par le passé. Son premier l’amena aux barrières et Liria se montra plus batailleur que vraiment vaillant. Il voulut rectifier en recevant le quatrième a portagayola, suivi d’une autre larga eu tercio. Ce moment « d’électricité » s’est vite éteint, le Conde de la Corte tournant au gazapon, et Liria distribuant quatre séries sans qualité, sans personnalité. Son actuacion se termina dans un silence résigné.
     Juan Jose Padilla (Sifflets, après un avis – Silence) a connu une mauvaise journée. L’ombre de lui même. Vulgaire, sans idées, sans recours. Il vit avec bonheur rentrer le deuxième, hyper armé… Ce n’est pas pour cela qu’il fut plus brillant face au Carmen Borrero. Mal Padilla, y compris aux banderilles, se faisant aider pour mettre le toro en suerte ; sortant des réunions, « en panique ». A la muleta, peu de décision, peu de technique. Un naufrage, confirmé par des épées en entrant, ou plutôt « en sortant », très bas.
     Fernando Robleño (Avis et grande ovation – Un oreille) a été « vrai », toute la tarde. Il n’avait que cela à offrir. Larga à genoux, pour recevoir son premier et la faena, immédiatement citée depuis le centre. Le toro accourt et le diestro ne bouge pas d’un cil. Olé ! Madrid fêtera les deux séries et ces cites, de loin, laissant l’avantage au toro. Merci, monsieur Rincon ! Après une petite baisse de régime, un final « de face », pieds joints, pour quatre derechazos liés au pecho. Madrid approuve. Madrid ovationne et prépare ses mouchoirs. Deux aidées et un kikiriki ont une certaine gueule ! L’oreille est là. Hélas, trois pinchazos, une atravesada et deux descabellos. Se le fue la oreja ! – Face au sixième, rebelote ! Le toro calamochea, le torero aguante et reçoit, de loin, la charge « hoquetante du bonnet ». Courage total, admirable. Après une nouvelle séquence pieds joints, l’estocade, cette fois, sera « un poil tombée », mais immédiate. Madrid se lève, exige l’oreille, et le petit torero de vert pâle et argent vêtu, donne la vuelta de sa vie. Maternelle et attendrie, Madrid se noie dans son sourire.

 

MADRID : ET UN, ET DEUX, ET TROIS… ET… QUATRE !!!!
Matias Tejela ouvre la Puerta Grande

     31 Mai : On peut toujours faire mieux. Il y a quatre ans, la France était une clameur:"Et un, et deux, et trois, zéééro!"! Même le président, (quoique avec un temps de retard!), savait par coeur le nom de nos héros...
Aujourd’hui, « Les Bleus » vont essayer de faire mieux… Dure mission qui est la leur ! Il est interdit de décevoir, car, tel un terrible boomerang, l’admiration, au zénith envolée, peut revenir de Corée, complètement défigurée, chargée de mépris et de haine…
     La terre, aujourd’hui, va sembler "plus ronde"… Ouverture de la Coupe du Monde de Football…. De toutes parts, au même moment, des millions de paires d’yeux vont suivre la balle.
     Certes, les attentes ne seront pas les mêmes; les intérêts, non plus… Selon que l’on verra le match du fond d’un Hlm de banlieue, ou bien installé dans les salons-bureaux cossus d’une multinationale, les cris de joie ne voudront pas dire la même chose… D’un côté « Ouiiiiiii ! Quel but ! » ; de l’autre « Un but ! Superbe ! Passez caisse ! Voyons la Bourse ! »
     C’est ainsi… chacun « sa coupe » ! D’un côté, « une mousse ! », et de l’autre…Champagne !
     Une pensée, quand même, à celles et ceux qui n’aiment pas le foot… On les plaint ! Mais bon… ils ont le tennis ! Non plus ? Alors là… dur, dur ! La campagne pour les législatives, peut-être !!! Ou alors… le loft !
     « Bonne Coupe ! » aux Bleus, et, allez… à tous les autres, également. Pas de raison ! Bonne chance à tous ! Toreria y pundonor ! Plus, en tout cas, que ces médecins qui ont joué au foot, hier, avec les vitres de la CPAM, à Bayonne… Franchement, on les comprend, on les aime bien, mais on avait une autre idée du serment qu’ils ont prêté ! Et, pour bons médecins qu’il soient, « piètres footballeurs, il furent… » Chacun son rôle ! Chacun sa place ! Toreria y pundonor ! Allez les Bleus!

     A Madrid, c’est « 1,2,3 et 4 !! » Quatre « puertas grandes », déjà… et la feria n’est pas finie. 2002, décidément est un grand cru !
     Après Ferrera, Jose Tomas, Enrique Ponce… c’est Matias Tejela, qui a ouvert la grande porte de Las Ventas, sortant a hombros après avoir coupé deux oreilles, pour deux actuaciones solides, conclues de gros coups d’épée. Après Valencia et le novillo de Fuente Ymbro ; après la bonne prestation, à la Feria de la Comunidad, Matias Tejela se révèle l’une des grosses promesses de demain, et le « Numéro uno » actuel de l’escalafon novilleril, maintenant que les trois ténors (Cesar Jimenez, Leandro Marcos, Javier Valverde) ont pris, ou sont en passe de prendre l’alternative. Bien Tejela, dont le toréo « de tête et de cœur », s’accompagne d’une esthétique et d’un sens de la communication, très enviables.
     A ses côtés, Salvador Vega a paru légèrement trop emprunté, et Ivan Garcia s’est confirmé un torero « tous terrains », très au point, qui peut également bien fonctionner.

     30 Mai – MADRID (Las Ventas) – 20ème de Feria – Novillada – Presque plein – Beau temps : La novillada de Roman Sorando est bien sortie. De bonne présentation, quoiqu’un peu inégale, (714, 485, 515, 486, 518, 511 kgs) les novillos ont donné un jeu varié, allant du « vraiment bon », comme les deux premiers, au mauvais, décasté, comme le cinquième. Le troisième, faible, a été remplacé par un Navalrosal, lui aussi flojo, mais très encasté, corne gauche.
     Matias Tejela (Oreille – Oreille) a vite répliqué à un quite par chicuelinas de Salvador Vega, au premier toro. Ce « pique » a peut-être été une des clefs de la bonne novillada. Faroles ovationnés et début de faena, très torero. Le toro est un peu distrait, « a su aire ». Tejela va l’accrocher, lui laisser la muleta sous le mufle, et lier les muletazos. On retiendra le cite de gauche, muleta pliée et les six naturelles qui terminèrent le trasteo, avant des manoletinas, bien superflues. Entrant bien, Tejela laisse une bonne estocade et coupe un premier trophée – Bien au capote, face au quatrième, avec, notamment, un bon quite par gaoneras, Matias Tejela donnera un nouvel exemple de solidité et d’intelligence devant le toro. Pas si facile. Pour terminer, une énorme estocade, qualifiée par beaucoup comme l’estocade de la Feria, pour le moment… Nouvelle oreille et bonheur complet.
     Salvador Vega (Palmas, après un avis – Palmas) a été bien, devant le bon deuxième. Cependant, visant trop l’esthétique, perdant le naturel, le malagueño fut un peu « en dessous » du toro, et finit de tout perdre, avec l’épée : Trois pinchazos avant d’en terminer. Dommage. Le cinquième était un « manson », qui avait tendance à la fuite. Vega essaya de le retenir, mais utilisa beaucoup le pico. Faena qui ne peut transmettre, cette fois terminée d’une bonne épée, en arrière.
     Ivan Garcia (Ovation – Oreille) se présentait à Madrid. On le savait torero « tous terrains », peut être agréable, mais sans grande classe. Il a confirmé tout cela, mais « avec quelque chose en plus »… Très bien, dans les trois tiers, devant le sobrero de Navalrosal. Certes un peu débordé, à gauche, mais toréant long, complet, calme. Hélas, sur un contre pied du toro, au moment de « l’embroque », il mit un horrible bajonazo. Accidente ! Garcia perdit une oreille, qui lui fut concédée, par contre, après une prestation moyenne face au sixième, conclue, cette fois, d’un gros coup d’épée, en arrière, d’effet immédiat. Pas facile, ce novillo, dont Garcia sut tirer les quelques bonnes naturelles que permettait la corne gauche…
     Trois novilleros très intéressants, avec les qualités et les défauts « des jeunes », mais « qui veulent être toreros », et le font avec « toreria y pundonor ! »

     Ce soir, hors abonnement isidril : « La Corrida de la Presse ! »
     Cette année, on relancera le trophée de « L’oreille d’Or », décerné au meilleur lidiador (ce trophée, créé en 1923 et attribué, pour la première fois à Nicanor Villalta, a disparu en 1967).
     Par ailleurs, on crée le Trophée « Velador », au meilleur toro de la corrida (Au nom de Velador, le toro de Victorino Martin, gracié lors de la corrida de la Presse 1982).
     Cette corrida de la presse prend donc un visage nouveau, plus solennel, plus brillant, le roi remettant les prix, en fin de corrida. Un jury, composé de hautes personnalités taurines, sera présidé par Angel Luis Bienvenida.
     Sans le déclarer officiellement, cette corrida de la Presse devient donc une corrida concours, les trois diestros toréant six toros de différents élevages, des prix étant attribués au meilleur toro et au meilleur lidiador.
     Au cartel : Eloy Cavazos, qui prendra un « Los Bayones » et un Aldeanueva. Né en 1950, ayant pris l’alternative en 1966, le petit mexicain bondissant fait ses adieux, dans un plaza où il a souvent brillé : oreilles en 1971, 72, 75, 91. Son toreo n’est pourtant pas dans la lignée du « grand classique », mais plutôt du « baroque léger ». Sympathique.
     Enrique Ponce affrontera un Samuel Flores et un Alcurrucen. Grand triomphateur de la Feria, connaissant parfaitement les Samuel, Ponce mettra tout dans la balance, pour "remater la feria". Il est le favori du festejo.
     Attention, cependant à Miguel Abellan, qui entre dans la Feria, et sera chargé de lidier un Juan Pedro Domecq et un Victorino Martin.
     Corrida de la Presse, très intéressante, rehaussée par la présence du Roi, et prenant, cette année un caractère très particulier, du fait de « ce concours » improvisé.

 

GRANADA : COGIDA DE JOSE TOMAS.

     31 Mai : Gros susto, hier, en plaza de Grenade: Alors qu’il toréait, très bien, le deuxième toro de la tarde, Jose Tomas s’est fait prendre vilainement, à deux reprises. Se relevant chaque fois, fortement secoué, le diestro de Galapagar en termina avec le bicho et se rendit, seul, à l’infirmerie où l’on diagnostiqua un gros choc à la cage thoracique, avec crainte de côtes fracturées. De plus, gros hématome et blessure à la main droite ; coupure à la lèvre inférieure. En un mot, une sévère correction, même si le pronostic final est : Léger.
     Le torero a été mis en observation pour douze heures, et passera de nouveaux examens, ce matin. Il semble, à priori, qu’il n’y a pas de côtes fracturées. En fonction des derniers contrôles, Jose Tomas décidera de toréer, ou non, ce jour, à Cordoue.

     30 Mai – Granada – 6ème de Feria – Plein : Quatre toros de Parladé (1, 2, 5 et 6ème), de présentation et comportement, très inégaux. Le sixième fut un grand toro. Le 3ème, encasté, était un Juan Pedro Domecq. En 4ème sortit un de La Dehesilla, faible.
     Finito de Cordoba dut prendre trois toros, du fait de la cogida de Jose Tomas. De bonnes choses, face au premier, mal tué (Palmas) ; Rien de spécial, au quatrième (Palmas) ; Monumental au sixième, un grand toro qui lui permit de toréer « au ralenti », avec grande plastique (Deux oreilles)
     Jose Tomas s’accrocha, face au deuxième, un toro de sentido, devenant chaque fois plus dangereux, au point de lui donner deux grosses volteretas. Tomas resta courageusement, et lui coupa "deux oreilles de courage et d’émotion". Muy bien, en espérant que ce n’est pas grave.
     El Fandi continua sur sa lancée de toreo vibrant, spectaculaire, mais aussi lucide et technique. Trois oreilles et a hombros, en compagnie du Finito.

     Ce jour, Paco Ojeda, El Juli et El Fandi, qui remplace Joselito. Les toros seront de Domecq Bohorquez.

 

LE CORPUS… DANS LES RUEDOS.

     31 Mai : Le jour du Corpus Cristi est synonyme de « Toros », en terre d’Espagne. Plusieurs courses se sont déroulées, hier, sans grands échos, si ce n’est une bonne prestation de Jose Luis Moreno, à Cordoue, et les estocades qui « sauvent la mise » au Juli, en plaza d’Aranjuez.

     30 Mai – Cordoba – 5ème de Feria – Corrida mixte – 1/3 de Plaza – Télévisée sur la chaîne Andalouse : Deux toros de Benitez Cubero, un « arrêté » et un noble, qui permirent à Pablo Hermoso de Mendoza de développer toute sa toreria, en deux lidias bien distinctes. Gros succès avec « Chicuelo », face au quatrième. Oreille, chaque fois.
     Quatre toros de Buenavista. Les deux premiers se sont « arrêtés » ; le cinquième, par contre, donna grand jeu.
     Jose Luis Moreno coupa l’oreille de son premier, mais c’est face au cinquième de la tarde que le torero se montra remarquable, tant au capote en longues véroniques, qu’à la muleta. Faena très templée, tirant de magnifiques naturelles. Pero no lo mato! Vuelta seulement, mais grand toreo de Moreno.
     Le Morante de la Puebla n’a pas été bien. Il ne pouvait l’être devant son premier, rajado. Par contre, le sixième permettait mieux. Morante le toréa trop longuement, donnant quelques précieux muletazos, mais ne parvenant pas à lier une seule série complète. A l’épée… un désastre. Sifflets et ovation.
     Ce soir : Corrida des Frères Tornay, pour Finito de Cordoba, Jose Tomas (si son état le permet) et Morante de la Puebla, qui doit un desquite à Cordoba.