L'ACTUALITÉ TAURINE 
(Octobre 2001)

VICTOR PUERTO ET LE TOREO DES ANNEES 2000...

     1er Octobre : On ne peut plus parler de hasard... L’actuacion de Victor Puerto, hier, en plaza de Séville, a sauvé du désastre une feria de San Miguel, par ailleurs marquée par l’émotion des adieux d’Espartaco. Deux corridas, deux catastrophes intégrales au niveau ganadero, au point que les toreros sont sortis « sans illusion », sans espoir de triompher. On sait que de multiples tentatives pour changer la corrida de Nuñez del Cuvillo avaient, malheureusement, avorté. D’autre part, l’Empresa ne semblait pas avoir retenu la leçon signée Gavira, l’an passé, répétant l’erreur de la programmer à nouveau, pour un résultat similaire... casi  peor !

     Heureusement, il y avait Victor Puerto. Blessé à Logroño, le 22 septembre, le manchego voulait à tout prix finir sa temporada à Séville, après être passé par Pozoblanco. Sept jours, à peine, après sa méchante blessure dans la nouvelle plaza de La Ribera, Puerto signe un exploit important : S’habiller de lumières, par deux fois, et, pour un peu, ouvrir la Porte du Prince, à Séville. Rien moins...
     Avec son teint mat et ses cheveux noirs bien frisés, on le dirait venu d’Amérique du Sud. Son toreo vibrant, fleuri, parfois « bien populeux » divise les aficionados. Ajoutez à cela une propension à discuter avec le tendido, à multiplier les adornos, les desplantes, les regards coquins ... Bueno ! Un torero populaire que d’aucun qualifieront de « vulgar, y pegapases.. » Une sorte de Curro Giron qui ne banderilles pas...
     Oui mais voilà, le Victor Puerto « horripilant » à Pozoblanco, s’est envoyé deux mansos, en faisant preuve d’une formidable toreria, en plaza de Séville, sous le regard de la Télé, mettant au gardes à vous l’aficion et toute la critique taurine. Un torero courageux, serein, qui pense devant le toro, cimentant sa stratégie sur un courage sans affectation... pas mal, non ?
     L’an passé, Puerto avait remonté une pente, bien savonnée en 1998, par les madrilènes. Partout, on avait reconnu le sérieux et la qualité d’un Victor Puerto transfiguré. Madrid en avait éét le témoin, et Séville, en fin de saison, l’avait consacré « promesse 2001 », après une grande actuacion à la San Miguel.
     Cette saison avait fort bien débuté, avec un gros succès aux Fallas, devant une grande corrida de Torrestrella. A Séville, quelque grand moment de toreo, puis... Madrid n’avait rien donné et, peu à peu, il semblait que le torero revenait aux errances passées, toréant bien, certes, mais avec de gros clins d’oeil, bien appuyés, au tendido... Les oreilles tombaient, mais une partie du public ronchonnait. Pueblerino...
     Cependant, Logroño confirma le courage de Victor Puerto, son sens de la responsabilité et sa toreria. Blessé, il resta dans le ruedo, s’y planta jusqu’à en terminer avec son adversaire, coupant une oreille de grand poids.
     Séville vient donc de confirmer le talent et le courage de ce torero qui symbolise un peu « la Tauromachie de années 2000 », qui, plus que jamais, doit s’adapter à un public « multi cartes », et surtout à un toro qui, à 90%, présente plus de défauts que de qualités. Deux  tactiques peuvent alors se mettre en place : On attend que sorte « le bon »... et on peut attendre longtemps. Ou alors, on s’adapte et on tire de chacun le plus possible, en utilisant tous les moyens, y compris quelques artifices bien démago, pour satisfaire le public. Victor Puerto a su s’aligner sur cette voie, mais ne laissant jamais passer l’occasion de faire le toreo de qualité, le Toreo de toujours... Séville vient de le confirmer, le plaçant ainsi en bonne position pour la saison 2002.

     30 Septembre – Sevilla – 2ème de la San Miguel – 2/3 de plaza – Soleil revenu : Corrida imbuvable d’Antonio Gavira. Concours de mansedumbre, au cheval, aux banderilles, à la muleta. De présentation inégale mais correcte, les six toros ont fait assaut de « manque de tout »... Cela débuta en catastrophe, avec un premier que l’on dut rentrer, à cause de sa faiblesse. Puis les mansos défilèrent, un à un, sans rémission. Le quatrième se coucha avant l’estocade, le cinquième gagna le concours du « plus manso, tu meurs ! ». Quant au dernier, il ajouta à sa triste panoplie, un autre qualificatif : Dangereux...
     Les toreros ont fait ce qu’ils ont pu... Finito s’est fait serrer par le premier bis, dès les premiers muletazos... ce fut vite réglé. Le quatrième, soso, arrêté, ne lui permit rien. Deux silences, aussi désabusés que le torero – Même verdict pour Caballero qui donna des passes et des passes, probablement destinées à préparer « la prochaine série »... Pas d’engagement, pas d’idées. Bien triste, tout ça – Et puis, Victor Puerto qui, d’entrée, se signale par un quite de bonnes chicuelinas, au deuxième toro. Vista, toreria, ganas ! Cette volonté se confirmera entièrement face à deux toros totalement différents, auxquels le matador saura s’adapter totalement : Faena de temple, de grande qualité, face à son premier. Séries courtes, puissantes et galbées, closes de remates sérieux et toreros. Bonne estocade et une oreille qui en valait presque deux, tant les choses s’étaient faites parfaitement, avec la tête et le coeur. Le sixième était une carne dangereuse, et Puerto l’attaqua « à coups de dents », lui vola dans les plumes et lui arracha une oreille, à la fin d’une faena de porfia, dans le berceau des cornes, sans presque pouvoir donner une passe, mais laissant le toro « comme une carpette ». Poderoso, Puerto ! Oreille par deux fois, oreilles totalement méritées ; oreilles qui symbolisent bien la tauromachie des années 2000, et l’un de ses meilleurs interprètes : Victor Puerto.

     30 Septembre – Granada – Corrida de la Fête le La Virgen de las Angustias – Casi lleno : Grande et bonne corrida de Salvador Domecq « El Torero ». Encastée. Premier et sixième, superbes.
     Monumentale journée d’Enrique Ponce qui, si nécessaire, confirme son rang de Maréchal 2001. Quatre oreilles à l’issue d’une formidable prestation où se mêlèrent la technique, bien sur, mais aussi l’inspiration, l’abandon, la plus pure expression artistique et un grand courage. Faenon devant «Osito », son premier, qui le prit méchamment dans une naturelle. Ponce revint pour deux muletazos qui « punirent le toro », puis ce fut « des tonnes de caresses »... Faena profonde, parfaite, close d’un gros coup d’épée. Le Valenciano allait confirmer sa monumentale prestation devant « Vellutero », le quatrième, devant lequel il fallut montrer plus de fermeté. Là aussi, l’épée fut d’airain. Deux oreilles et le public... fou ! – El Juli, peut être un peu complexé, a voulu tout faire pour contrer Ponce. Tout et trop vite. Oreille chaque fois, mais... – El Fandi sort a hombros de sa plaza pour la quatrième fois, en quatre corrida. Spectaculaire, vibrato à fond, banderilles en bataille, il patina un peu avec le troisième, mais mit le feu à la plaza, face à l’excellent dernier. Deux oreilles et tout le monde sur les épaules, mais... sur les lèvres, un seul nom : Ponce !

     30 Septembre – Ubeda – 2ème de Feria – ½ plaza : Toros de Téofilo Segura, bien présentés, mais de comportement inégal – Triomphe de Juan Jose Padilla qui coupe une oreille de chaque adversaire – Luis Francisco Espla obtient un trophée de son deuxième toro, le local Carnicerito de Ubeda coupant une oreille de son premier.

     30 Septembre – Corella – ¾ de Plaza : Toros de Hato Blanco, qui ont donné bon jeu – Morante de la Puebla coupe une oreille de son premier. A signaler que le Morante va, encore, changer d’apoderado. Fin de contrat avec Camara. On ne renouvelle pas. Morante à besoin de quelqu’un qui lui permette d’être « a gusto »... Oui, mais, jusqu’à quand, cette recherche ? – Eugenio de mora remplaçait Jesulin. On le vit puissant et torero. Oreille, chaque fois, et « a hombros » - De son côté, Francisco Marco, navarrais chez lui, coupa un trophée du dernier.

     30 Septembre – Las Rozas (Madrid) – ¾ de plaza : Corrida de Valdeolivas qui a fait son devoir, sans plus – Triomphe de Jesus Millan, avec trois oreilles – Encabo et Rafael de Julia coupent un trophée, chacun.

     30 Septembre – Madrid (Las Ventas) – ¼ de plaza : Présentation de la ganaderia del « Trincherazo ». Novillos très bien présentés, mais qui firent concours de mansedumbre, certains, champions de la fuite éperdue – Carlos Gallego fit preuve de grande volonté, arrachant deux bonnes séries de derechazos. Ovation, chaque fois – Serafin Marin eut un lot impossible. Applaudissements de maigre consolation – Bon succès pour Martin Quintana qui fit preuve de grand métier et de fermeté, face au cinquième qui répétait durement une charge bien désordonnée. Oreille et, après Arnedo, un « gros week end », pour Martin Quintana

     30 Septembre – Algemesi  - Dernière de la Feria des novilladas : Ganado infumable de Maria Luyis Dominguez Perez de Vargas. Seul, le premier permit quelques fantaisies – Anton Cortes et Javier Valverde ne purent rien, sortant sous de applaudissements de consolation – Unique succès, unique oreille pour Andy Cartagena.

     La feria terminée, le grand jury s’est réuni et les trophées 2001 sont les suivants :

- Meilleure ganaderia : Sanchez Arjona
- Meilleur Novillero : Cesar Jimenez
- Meilleur Rejoneador : Alvaro Montes.

     30 Septembre – Arnedo – 4ème de Feria – Casi lleno : Terrible novillada, lourde, dure, de Juan Valenzuelo. Une vraie corrida de toros – Les trois novilleros ont eu beaucoup de mérite – La palme à Reyes Mendoza, qui fit preuve de métier et de courage. Vuelta à chaque « toro » - Julien Lescarret se montra lui aussi courageux, face à deux costauds retords. Vuelta au cinquième – Luis Rubias s’est joué la peau face au deux pires. Deux avis et un avis, respectivement ; silence et ovation. Vraiment mal payé !

 

QUAND ON DIT QUE CELA PEUT ALLER « TRES VITE »...

     2 Octobre :  Bruits de crise... Bruits de guerre ! Dans le ciel bleu, six longues traînées de réacteurs filent à toute vitesse, bien parallèles, bien droites. Chasseurs, bombardiers ? Allez donc savoir... Mais leurs sillages et leur vitesse ne disent rien de bon. Cela peut aller « très vite », maintenant. Là bas, des « assassins d’idéal » vont payer. Hélas d’autres aussi, pacifiques, humbles travailleurs, paieront un probable lourd tribut à la folie des hommes, quelle que soit leur peau, quelle que soit leur religion.
    
Chez nous, on prépare les élections... A grands coups de démagogie, « nos grands Ayatollahs à nous », vont nous abreuver de chiffres et de satisfecit. Les verts vont nous faire le coup de « Bonne Maman » et, malgré un chômage qui reprend néfaste vigueur, « on » va nous dire que tout va bien, et l’on va encore colmater quelques brèches à coups d’emploi-jeunes et de contrats « emploi consolidé »... Ainsi, les médecins pourront revenir dans les quartiers, bien protégés par des «gorilles amateurs », de tous âges, payés trois francs six sous. Ce n’est pas ça ! dira le politique... mais en fait, c’est ça ! En France, il y a des quartiers où la police, où les pompiers, où tout ce qui représente un certain ordre, ne peuvent mettre les pieds... Qui accepte cela ? Combien de temps encore ? Qui, enfin, fera « le grand tri » ? Le bon grain, et il y en a beaucoup, de l’ivraie... Il y en a « un peu », mais elle gâche tout... Alors, qui ?
    
Tant que les bombes éclatent ailleurs, chacun pleure un peu, puis va refaire son loto, son tiercé, et un bisou fatigué à Bobonne ! Mais quand la menace, sourde, est là, qu’on la soupçonne mais qu’on ne la voit pas, précisément, on se dit que l’on a envie d’avoir de vrais chefs, courageux et sincères, même quand il se trompent. On se dit que l’on aimerait avoir un homme à suivre, parce qu’il est le meilleur d’entre nous. Pourquoi pas une femme, d’ailleurs ? Au fond, non ! parce que la dernière s’appelait Jeanne, et on lui a fait trop mal !
    
Enfin ! Pendant que tout se prépare, affreux remake du « Bal de Maudits », on se pose chez nous la grave question  de savoir si, dans les circonstances actuelles (et dans les autres aussi, d’ailleurs), la police qui vous contrôle sur la route, aura le droit ou non d’ouvrir le coffre de votre voiture, et cela sans vous le demander avec force « mooonsieur ! » et autant de « s’il vous plaît ». Hombre ! Un contrôle est un contrôle ! Celui qui n’a rien à se reprocher, n’a pas à s’offusquer de cette « violation de domicile », toute à fait logique, normale et... souhaitable. Curieux ça ! On parle toujours très fort des « bavures policières », tout en passant discrètement sur les mots « voiture volée », « forcé un barrage », « fuite »... etc. En quoi, un citoyen, quelle que soit sa couleur, sa profession, sa religion ; bon travailleur, bon père de famille ; peut il s’élever contre ce qui est fait pour justement le protéger ? Enfin ! Les grands « y’a qu’à ! » ont intérêt à y penser, à l’heure de leurs traditionnelles promesses, sinon, là aussi, cela peut aller très vite...
    
Au moins, dans le monde beaucoup plus réduit « des Toros », les choses sont plus claires... et vont aussi, parfois, très vite. L’histoire taurine est emplie de ces hommes qui, du jour au lendemain, passent de l’ombre à la lumière, confirment d’un coup leur qualité, leur courage. Il y a les phénomènes, ceux que l’on explique difficilement, tellement puissants, tellement précoces, qu’on n’a d’autre explication que le traditionnel « Il est tombé dedans, quand il est né ! ». Exemple : Le Juli ! Exemple, bien avant  et dans un autre style : Angel Teruel, qui, en 67, arrive à l’alternative sans novilladas économiques, et 18 piquées. Muñoz, en 74, petit Mozart du Toreo, là bas, du côté de Triana.
    
Puis, il y a ceux qui « se sont faits », lentement, courageusement, à la limite de la désespérance, parfois, mais gardant au coeur « la petite flamme », étant parfois les seuls à savoir que « Je suis torero ! Je serai Figura ! ». Mérite immense ! De vrais héros qui ont su souffrir, et savent qu’ils souffriront deux fois plus...
    
Un jour, soudain la porte s’ouvre. Un toro paraît, plus grand, plus beau, plus brave, parfois plus dangereux que les autres. Allez savoir pourquoi ! C’est « le jour ! » Et là, cela va très vite ! Exemple, que nous connaissons tous : Cesar Rincon ! Le 20 mai 91, il n’était rien, ou presque : un bon petit torero colombien ! Le 22 au soir, il était un dieu, une idole. On connaît la suite...
    
L’histoire vient de se répéter, en l’espace se quatre jours. Certes, à un degré moindre ! Certes prévisible. Cependant, un grand pas vient d’être franchi pour un tout jeune novillero que l’on connaît bien, par chez nous... On le savait pétri de qualités, « pourri de talent »... On râlait un peu, en le voyant papillonner avec le toros, sans pourtant « appuyer à fond »... Mais voilà qu’en l’espace de trois jours, en deux grandes ferias « concours de novilleros », il vient de mettre l’escalafon à ses pieds. Il s’appelle Cesar Jimenez. Triomphateur total d’Algemesi, il vient de couper hier, quatre oreilles en plaza d’Arnedo, de façon indiscutable. A n’en pas douter, il va remporter  le trophée de la Feria, le « Zapato 2001 », et dorénavant, les chose vont aller très vite. Avec ces deux ferias en poche, Jimenez est l’indiscutable vainqueur de la temporada. Maintenant, il va falloir continuer, peut être se présenter à Madrid, battre le fer tant qu’il est chaud. Puis viendra l’alternative... ni trop tôt, ni trop tard. Après...cela peut aller très vite, dans un sens, ou dans un autre !

     2 Octobre – Arnedo – 5ème de Feria – Lleno : Novillada de Miranda de Pericalvo (vient de Salamanque, mais puro J.P Domecq), sortie très lourde, inégalement armée. Il y eut quelque faiblesse, mais de la grande qualité. Le deuxième fut un garbanzo, le cinquième par contre, excellent. Le sixième était un véritable toro.
    
Leandro Marcos torée formidablement, avec grande élégance, empaque, profondeur. Hélas, il est un peu froid, et ses faenas vont « a manos ». Il tua mal, ce qui lui fit perdre des trophées. Oreille et vuelta, alors qu’il partait « pour trois » - Diego Ramos, moins expérimenté, a été « un peu juste », face au difficile deuxième. Par contre, eut des bonnes choses devant le bon cinquième, donnant la vuelta.    

      Cesar Jimenez a coupé  quatre oreilles. Triomphe incontestable « du savoir et du pouvoir ». Bien à la cape, il débuta sa première faena par sept passes, toréées les deux genoux en terre. Puis, bonnes séries sur les deux mains, hélas gâchées par la faiblesse du novillo. Deux oreilles, normales ! Sa prestation face au gros sixième frôlera le parfait. Le toro n’est pas commode : Il tire quelques gañafones, tarde à charger, veut filer « a tablas ». Le jeune maestro va corriger tout cela : il efface les coups, attend la charge, lui barre la route de la querencia... Savoir et pouvoir ! Faena de puissance, et pourtant de délicatesse. Sans jamais se faire accrocher la muleta, le garçon va subjuguer le toro .. et le public. L’épée, basse, lui fera perdre un éventuel rabo, mais une chose est certaine : Ce 1er octobre 2001 est une date capitale dans la biographie taurine de Cesar Jimenez. A ver lo que pasa, ahora !

     Ce 2 octobre, fin de la feria d’Arnedo. La novillada d’Adealida Rodriguez a été refusée, en bloc, par les vétérinaires. Ce n’était pas les toros réservés en décembre dernier. De plus, ils ont été refusés, car trop jeunes. La novillada est donc remplacée par un lot de Santos Alcalde. On surveillera, plus particulièrement, Javier Valverde et Matias Tejela. 

 

JOURNEE DECISIVE POUR JESULIN DE UBRIQUE

    3 Octobre : C’est ce matin que Jesulin de Ubrique va être opéré des graves lésions vertébrales subies au cours de l’accident de voiture du 22 septembre, dans la nuit. On se rappelle que le torero revenait d’une partie de chasse, et que le 4x4 Toyota, conduit par son chauffeur, avait dérapé, effectuant plusieurs tonneaux  au cours desquels le diestro, qui n’était pas attaché, avait été éjecté, restant bloqué sous le véhicule. Jesulin avait été hospitalisé avec de graves lésions de deux ordres : Un gros problème au niveau de la cage thoracique, plusieurs côtes cassées, dont une ayant perforé un poumon. Par ailleurs, trois vertèbres fracturées, qui, au début, ne semblaient pas inquiéter les médecins.

    Depuis, une suite de communiqués contradictoires se sont succédés, tandis que le diestro passait par différents stades, au niveau physique et moral. Un jour, cela allait très bien et tout se remettait en place, progressivement. Un autre, les pires rumeurs circulaient, allant jusqu’à parler d’issue fatale.
    Ce qui semble vérifié : Le blessé que l’on avait sorti des « soins intensifs », y avait été rapidement ramené, et l’opération des vertèbres avait été déprogrammée, notamment à cause de la soudaine aggravation du problème pulmonaire. L’opération des vertèbres D5,6 et 7 imposant une « entrée » par le dos, le blessé étant couché sur le ventre, les chirurgiens ne pouvaient intervenir tant que les lésions au niveau thoracique n’étaient pas réduites.
    Très optimistes et positifs, dans leurs premières déclarations, les spécialistes sont aujourd’hui beaucoup plus réservés quant aux suites de la blessure du Jesulin. Une chose est certaine : La récupération sera très longue... On parle de six à sept mois et, surtout, on ne se prononce absolument pas sur les possibles séquelles de cet accident et de ces lésions.
    L’opération en soi est relativement classique et de grande sécurité, quoique toujours délicate lorsque l’on travaille à proximité immédiate de la moelle épinière. Cependant, il reste des inconnues au niveau neurologique, et il faudra attendre avant de se prononcer sur l’état définitif du blessé et de son avenir professionnel.
    Soyons clair : Dans le meilleur des cas, on ne verra pas toréer Jesulin l’an prochain. Dans le pire scénario : le diestro de Ubrique est perdu pour le Toreo...
    On ne peut donc qu’attendre, faire confiance à la Médecine, et dire un petit mot à la Virgen del Rocio, pour qu’encore une fois, elle se penche un peu et aille faire « un quite de plus » au Jesulin.
    Opération programmée tôt dans la matinée, à l’hôpital  « Virgen del Rocio » de Séville.... (Et en plus, la Virgen n’aura pas à se déplacer, elle est chez elle !) . Que haya suerte, Jesus !

 

CESAR JIMENEZ, « HAUT LA MAIN »...

     3 octobre : Cette fois, ce n’est pas « haut les mains ! ». Pour une fois, on est sorti de la page « faits divers ». D’ailleurs, la célèbre injonction tend à disparaître, puisqu’on ne menace plus, maintenant... on tire tout de suite !
    Non, non... Beaucoup plus pacifique, beaucoup plus noble et glorieuse ... « Haut la main ! » On pourrait dire :  indiscutable, sans aucune contestation, à l’unanimité « plus une voix ! »
    Hier s’est terminée la feria d’Arnedo et le résultat de la dernière novillada n’a rien changé au résultat final : « Le Zapato de Oro 2001 » est remporté « haut la main » par Cesar Jimenez, auteur d’une prestation mémorable, lundi dernier, coupant quatre oreilles aux novillos de Miranda de Pericalvo. Le jury, qui s’est réuni dès la dernière novillada terminée, a couronné le jeune César, par 16 votes, devant 4 au Paulita et 1 à Martin Quintana. Côté ganado, les Santa Coloma de la Quinta sont désignés vainqueurs, devant  les Miranda de Pericalvo.
    Au bilan, on dira que la feria d’Arnedo 2001 est un bon cru, comme l’a été celle d’Algemesi. Alors que l’escalafon novilleril semble un peu manquer de personnalité, la qualité torera, elle, existe bien, ce qui est à la fois rassurant, mais un peu inquiétant... On s’explique : On torée, aujourd’hui, mieux que jamais. Avec les écoles, avec les possibilités offertes, les jeunes toreros sont capables d’aligner des séries de muletazos que n’auraient peut être jamais donnés leurs illustres aînés. (A cet effet, il serait utile de voir les archives filmées concernant Aparicio-Litri, dans les années 50). Cependant, le gros, l’énorme problème réside dans un manque fondamental de personnalité qui fait que tout est parfait, uniforme, mais sans sel, sans piment... Aparicio et Litri, si différents, si complémentaires, faisaient courir les foules... Ne parlons pas du Cordobes-père (le seul, le vrai !) ou du Palomo...
    On arrive donc au paradoxe suivant : la qualité est là, mais elle ne fait pas vibrer, elle ne passionne pas, elle ne remplit pas la plaza, et donc, le futur est plutôt de couleur « gris foncé »... Que vamos hacer ? Attendons l’arrivée du vrai génie, qui pègue de vrais muletazos à de vrais toros, faisant hurler les hommes et se pâmer les femmes... (ou le contraire ! On ne sait plus, maintenant). Pas demain la veille, car aujourd’hui, même avec Jose Tomas, ce serait plutôt « Haut les mains ! »

     2 Octobre – Arnedo – Dernière de Feria – Lleno : La novillada de Manuel Santos Alcalde est sortie faible et sans grande saveur – Remplaçant Sergio Aguilar, le Jeune mexicain « El Jalisco » s’est fait blesser à la main gauche, en estoquant le premier. Douloureuse cornada à la main gauche - De ce fait, Javier Valverde dut toréer trois toros, ne pouvant briller qu’au dernier dont il coupa la seule oreille du jour – De son côté, Matias Tejela resta en demi teinte : Silence et ovation.
    De fait, Cesar Jimenez « avait tué » la feria ! En deux jours, le jeune torero se voit projeté « en haut » de l’affiche. Voyons comment va se gérer ce triomphe. On l’exploite immédiatement ? On attend  le début 2001, faisant une grande tournée avant une alternative de luxe, à la San Isidro ? A voir. Là aussi, les temps ont changé et, selon les objectifs et les mentalités, les résultats peuvent être «sonnants », ou... « trébuchants ».  

 

MADRID...UN AUTOMNE « SIN ILUSION »... 

   4 Octobre : Pas terrible, le moral ! Le monde entier regarde tout à tour à l’est et à l’ouest, comme dans une gigantesque partie de tennis... « A ma droite, les USA et leurs petits copains qui s’engagent « sans s’engager... ». A ma gauche, les Talibans, qui multiplient les provocations au nom d’un Dieu qu’ils bafouent chaque jour... ». Du coup, tout le monde fait ses réserves de sucre et de « Bolino », sans oublier quelques caisses de « Mars », au cas où cela repartirait.... Mais on se fait guère d’illusions !

     En France, Bof ! Devant la remontée du chômage, on annonce « la » mesure qui va doper les statistiques... l’EPO de la relance ! La solution miracle : « On augmente le nombre des CES... ces « Contrats Emploi Solidarité » que l’on ouvre ou l’on ferme à souhait, multipliant la précarité, le « sous emploi », en particulier de jeunes... Un leurre, encore plus efficace que le muleta de Ponce...
    Pendant ce temps, on ose vous dire qu’à Lyon, les PV, dans les rues, seront confiés à  des sociétés privées... Pendant ce temps, la Télévision dénonce, preuves à l’appui, au point de se faire elle-même agresser, l’incroyable omnipotence des dealers et des « multidrogués », dans le 19ème, à Paris. Chaque jour, les habitants et les commerçants protestent, au risque de leur peau, demandent « quand va t’on enfin « laver cette pourriture », et « tirer la chasse » ? Comment peut on accepter cela ? Que fait la police ? Que font, surtout, ceux qui la mènent ? Quand va t’on enfin arrêter cette pseudo tolérance qui n’a, de fait, qu’une seule explication : « Il n’y a plus de place dans les prisons... ». Le « Système » est paralysé... la Justice, muselée... Pas le temps !  Pas de place ! Alors, on libère à tour de... « bras d’honneur » ! Sin ilusion, les français !
    Pour arranger le tout, notre Jalabert national ne va pas courir le championnat du monde, et pourrait être remplacé, à la tête de l’équipe « de France » cycliste, par Richard Virenque... Bien ! Effectivement, on ne pouvait trouver mieux, comme symbole, comme porte drapeau ! Sin ilusion...
    En Espagne... « Tres cuartos de lo mismo ! » A peu près ... du kif ! Dans les rues, il faut louvoyer entre dealers et maricones... Pour arranger le tout, le Real Madrid de Zidane vient de prendre une raclée à Las Palmas... Sin ilusion !
    Côté « toros »... pas mieux ! La « feria d’Automne » de Madrid, débute demain...  Rarement, elle aura présenté si peu d’intérêt... Rarement, on se dirigera vers Las Ventas, avec si peu « d’ilusion »... Quatre corridas, une de Rejoneo et une novillada, sans unité, sans ligne constructrice... Des cartels bâclés ! Sin ilusion ! C’est vraiment l’Automne.
    Qu’on en juge :
    5 octobre : Les Puerto San Lorenzo, catastrophiques cette année, pour Finito (méprisé, ici), Caballero (plus terne que jamais !) et Rafael de Julia qui, on l’espère passera ce nouvel examen d’entrée à Madrid.
    6 Octobre : Novillada du Ventorrillo (Voit résultats 2001 !) pour Reyes Mendoza, Anton Cortes et Luis Vital Procuna. Rien de spécial à attendre.
    7 Octobre : Corrida de Manolo Gonzalez (si elle passe ! ) pour Espla (Que fait il là ?), Rivera Ordoñez (le Duc, jeté aux lions !) et Eugenio de Mora (Lui, oui !)
    12 Octobre : Les Nuñez del Cuvillo (l’horreur ganadera de la temporada 2001 ; «la » catastrophe intégrale !) pour Mariano Jimenez, qui tente un « come back », Luis Miguel Encabo et Alfonso Romero (le nouveau prodige de Murcia, que l’on va se hâter de fracasser !). Malgré les toros, c’est encore le cartel  le plus intéressant, celui que l’on peut aller voir « con ilusion ! »
    13 Octobre : Caballitos ! La recette marche bien, les hommes sont « d’honneur » et les chevaux, magnifiques. Moura, Buendia (qui dira adieu), Hernandez et Cartagena. Bien ! Mais, au fait... Javier Buendia n’aura t’il pas « déjà » dit adieu, la veille, à Séville ?
    14 Octobre : Don Adolfo Martin va essayer de laver les traces du scandale de la San Isidro, en espérant que les toreros l’y aideront : Oscar Higares. Bon ! – Jose Luis Moreno, l’éternelle fausse promesse – Le Cid ! Celui là, oui, mérite qu’on attende... qu’il est affiné son épée...
    Total... bien peu à se mettre sous l’aficion ! Aucun évènement, aucune chance de vibrato... en principe ! Pero bueno... la Tauromachie a une chose de bon : Elle n’est pas science exacte ! On ne peut pas y truquer les statistiques ; y programmer les triomphes, par décret ! Alors pourquoi pas ? Imaginez donc que les Puerto chargent fort et droit... que les  Cuvillo sortent bien présentés, modèles de caste...  Qu’Espla nous sortent cinq naturelles liées, sans faire trois fois le tour de la plaza ... Imaginez que Caballero baisse vraiment la main... que De Julia se mette à citer « de verdad » ! Il faut y croire ! On suivra donc la feria de ce triste automne madrilène « sin ilusion », mais quand même, avec au coeur... quelqu’espoir !

    En tous cas, la bonne nouvelle nous vient des salles d’opérations ! Non celles de ce qui reste du Pentagone, mais bien des cliniques de Séville et Granada.
    Jesulin de Ubrique a été opéré hier, trois heures durant, à l’Hôpital de La Virgen del Rocio de Séville, par l’équipe du docteur Fernandez Mancilla. Tout s’est bien passé. On a pratiqué une ostéosynthèse des vertèbres fracturées, les « amarrant fermement » par des « crochets d’acier ». Cela ne devrait pas bouger, et le torero pourrait reprendre normalement ses activités. On prévoit une à deux semaines d’hospitalisation, une convalescence et une rééducation qui peuvent voisiner les quatre mois.
    En tous cas, le torero a pu bouger les membres inférieurs, et prononcer quelques mots, la bouche bien pâteuse des restes de l’anesthésie... Ajoutez à cela l’accent andalou et zézayant de la sierra de Ubrique... On n’a rien compris ! Mais ce qui est sûr, c’est qu’on reverra le Jesulin, et c’est tant mieux !
    Par ailleurs, le Fandi a subi une opération du genou droit, à l’Hôpital du Sacré Coeur de Grenade. Le docteur Madrigal lui a reconstruit une rotule toute neuve, retendu les ligaments et rafistolé le ménisque. Le Fandi  pourra continuer à bondir comme un cabri... mais dans quatre mois ! Imaginez qu’il traîne cette lésion depuis Mai... et que depuis, il a rebondi dans tous les sens, à la grande joie des publics... Incroyable ! De quoi vous rendre... « la ilusion ». Enhorabuena, « les Toubibs » et... Chapeau ! les toreros...

 

L’AVENIR DU MORANTE DE LA PUEBLA...

    5 Octobre : Encore une espantada ! Encore une pirouette ! Hier, le Morante de la Puebla « est tombé » du cartel de la corrida d’Ubeda, pour raison de santé : Coliques néphrétiques. Si c’est vrai, on compatit. La colique néphrétique est une horreur. Une des trois douleurs les plus aigues que puisse supporter un être humain, avec la douleur de l’enfantement et le spasme de la crise cardiaque. Ceux qui ont vécu une des trois me comprendront. Ceux et celles qui ont vécu « les trois » (pas en même temps, quand même !) méritent, eux, la Légion d’Honneur...

     Mais bon ! Personne n’est dupe... La colique néphrétique fait partie de l’histoire de la Tauromachie moderne. Elle a cet avantage que, très soudainement arrivée, elle peut disparaître très vite, le petit caillou allant hanter « d’autres tuyauteries »... Enfin, bref ! De nombreux toreros ont allégué ce méchant diagnostic pour s’excuser platement de ne pas se présenter, à cinq/six heures, vêtus de lumières, dans une de ces plazas de Dios. Maintenant, si c’est « vraiment vrai », alors on s’excuse et on compatit.
    Le Morante, on le sait, est un de nos préférés. Mais, en temps que tel, et parce qu’il est probablement un de ceux qui fait le plus beau toreo de l’actualité, il faut bien avouer qu’il en fait rager plus d’un. Donc, s’appuyant sur le traditionnel refrain, ou « refran », de « qui aime bien vous en met plein la tête ! » (faut se moderniser, un peu !), on dira simplement que l’inconstance, l’indolence de ce torero, ont de quoi dérouter l’Aficion,  démotiver ses plus fervents  « seguidores » et surtout, l’envoyer « droit dans le mur ».
    Curro Romero était un cas !  Avant lui, Cagancho en était un autre... Génial et pharaonique, un jour, le « Gitan aux yeux verts » péguait ensuite une série de petardos, de fracasos historiques, courant plus vite que Carl Lewis, rattrapant la Pérec et le Virenque réunis, sans coup « fait rire » et sans le moindre artifice, lui ! Auparavant, le Gallo, « Divin chauve » s’il en fut, n’était pas mal non plus, dans le style « Courage, fuyons ! ».
    Mais voilà ! Les temps ont changé. A cette époque, on pouvait se permettre quelques écarts, et, malgré la concurrence, on survolait l’escalafon, parce que la différence se faisait toute seule, et le moindre triomphe vous envoyait à « vingt têtes au dessus »...
    Il n’en est plus de même, aujourd’hui... Un torero doit « fonctionner » ! Horrible mot qui traduit un « Système » essentiellement  commercial, quasi industriel, qui ne supporte que très partiellement le « Je ne torée que lorsque je suis inspiré ! » Le Finito de Cordoba l’a bien compris, qui va, peut-être, terminer cette année 2001, en tête du classement. Torero de finesse, de dentelle, de fragilité, le Finito a erré de longues années, faisant le yoyo entre la « grande promesse », « l’inconstant magnifique ! » et  « l’indolent bellâtre »...  Oui mais voilà, le cordouan a compris qu’aujourd’hui, seul comptait « le rendement » : donner les plus profondes véroniques, les plus belles naturelles qui soient, ne comptait plus. Seules importaient « las peluas », comme dit le Jesulin (qui, en passant, se remet « super bien » de son opération), les oreilles, los goles !. Du coup, le Finito fonctionne avec une régularité de montre suisse, coupant les trophées à foison, et tout à coup, se relâchant totalement et sculptant un faenon qui rappelle à ses plus fervents défenseurs, que « non ! jé né pas changé ! ». Alors, tout le monde est content, les apoderados, les aficionados, le torero lui même...
    Le Morante n’a toujours pas compris. Il fait le plus beau toreo qui soit, devant n’importe quel toro... Il l’a prouvé à Madrid. Certes, il est peut être « un peu court » de tout... Il y en a d’autres ! Le problème est ailleurs, et du coup, il se retrouve en méchante posture, devant, encore une fois, divorcer de son apoderado et en arriver à prétexter un petit caillou, pour s’excuser d’un cartel de lujo où il devrait avoir grande place. Que mal !
    La tauromachie moderne est tout sauf romantisme ! Et le Morante, s’il ne rectifie pas, risque de se retrouver un de ces quatre, et même plus tôt, à « rêver le Toreo », seul, sur quelque rive du Guadalquivir... Una pena !
   
Que va t’il donc se passer ? Artiste et soñador, le Morante doit trouver un juste milieu... Il aime les sous, comme tout le monde, et doit donc s’adapter au Mundillo actuel, tel qu’il est, dans le ruedo, mais surtout dans les despachos et les tendidos... Asi que ! Il va lui être difficile de trouver un apoderado « tel qu’il le souhaite », indépendant, attentif, aussi romantique que lui, à condition que le compte en banque multiplie les zéros (pardon, les Euros !). Marca s’y est cassé les dents et Camara, lui même n’a pas fait l’affaire. Qui donc s’y risquera ? L’an passé, le torero était exactement dans la même position... Cette année, « peor todavia ! » : Certes, le trophée de Madrid ; certes de formidables détails, ça et là ; certes, la malchance aux sorteos, que relatent toutes les chroniques... Mais à l’arrivée, le « baromètre de l’Industrie taurine » est sans appel, sans pitié : Fin septembre, il marquait  34 oreilles pour 63 toros, soient 34 sur 126 possibles ! Calculette et pourcentage... Bof !
   
Certes, on peut chanter la plus belle véronique qui soit, le plus étincelant des kikirikis... « Ils ne servent pas », s’il ne sont pas « liés » à des dizaines d’autres capotazos, d’autres muletazos, même moins bons... Alors, laissez nous rêver encore un peu ! Un rêve qui va bientôt tourner au cauchemar, et « les petits cailloux d’Ubeda », vont peut être  devenir, malheureusement, de terribles montagnes que le Morante ne pourra plus renverser...

     4 Octobre – Ubeda – 4ème de Feria – Lleno : Du fait de l’absence du Morante de la Puebla, la corrida s’est transformée en mano a mano entre Enrique Ponce et le Finito de Cordoba – Les quatre toros de Los Guateles et les deux Salvador Domecq (sortis 4 et 5èmes), n’ont pas été, on le devine, des foudres de guerre. Présence « moyenne », comportement moyen, caste de bon aloi. Formidable de noblesse, le sixième, à qui l’on donna vuelta al ruedo posthume – Enrique Ponce, tel un chef d’orchestre, joua sa grande partition 2001, où la technique et l’élégante inspiration côtoient le parfait. Ovation – deux oreilles – deux oreilles – Finito de Cordoba a mis plus de temps à se libérer, parce que les deux premiers ne permettaient guère... Mais, quand « il » s’est décidé, d’autant que le sixième était « le » toro de la corrida... ce fut un faenon et le Cordouan coupa « tous le trophées ». Deux oreilles et le rabo ! Au burladero, Ponce dut rager un peu, mais cela lui passa très vite, et les deux toreros, fondus en un grand abrazo, sortirent « a hombros »...

 

LA CATASTROPHE ANNONCEE...

     6 Octobre : Un titre que l’on ne devrait pas utiliser, ces jours ci. Mais que voulez vous, la vie est ainsi, et en tauromachie comme ailleurs, quand le vin est tiré, il faut le boire....
     « Là-bas », les canons grondent déjà, en sourdine. Des milliers et des milliers de familles, pacifiques, respectables, fuient la future guerre et la famine... Catastrophe humanitaire annoncée, en Afghanistan ! Et pourtant, a quelque chose malheur est peut-être bon...
     Imaginez : Là-bas, la moyenne de vie est de 41 ans...  41 ans : presque moins que la durée de vie politique d’un ténor de la Cinquième République...  Comment l’aurions nous su ? Ce triste épisode de l’Histoire de l’Humanité ne va t’il  pas permettre de porter un vrai regard sur la tragédie organisée, dictée, crachée par des fanatiques criminels ? Peut-être arrivera t’on à arracher le voile de l’asservissement, de la vilenie, de l’esclavagisme soit disant béni du Dieu... Peut-être qu’enfin, les femmes de là-bas, noirs fantômes, pourront montrer leurs yeux, leur sourire, sans que cette vérité de la nature n’inspire autre chose que du respect et de l’admiration. Peut-être que des enfants au grands yeux hagards pourront enfin manger à leur faim, rire, jouer, grandir en paix, apprendre à vivre le lendemain... Aura t’il fallu pour cela que deux immenses tours s’effondrent, et que des millions de gens, sur la terre, pleurent pendant des mois, ou l’espace de... trois minutes... Si au moins ce désastre et ces canons peuvent servir à cela...
     A Toulouse, on essaie d’avancer comme on peut. La catastrophe a surpris tout le monde et aujourd’hui se posent « les questions qui fâchent ». Qui a fait ? Qui va payer ? Qui est le responsable ? Les enquêtes vont bon train, les communiqués volent, les « bruits divers » enflamment les peurs, les imaginations, les basses envies, la haine. Les rumeurs, comme toujours... Pourtant, des questions demeurent, que la presse reprend : Il y a bien eu deux explosions, à huit secondes d’intervalle... La bande enregistrée de la réunion d’entreprise, à des kilomètres de là, en témoigne sans contestation. Tout le monde l’a entendue... Alors ! Qui ? Quoi ? Comment ? Une catastrophe « non annoncée ».... encore moins expliquée...  

     Dans ce triste univers dit « civilisé », il est d’autres « catastrophes annoncées », heureusement bien plus bénignes, voire plus futiles...
     Le « monde taurin » est malade ! Il n’a pas besoin « d’anti », « d’Alliance », ni d’autres « Querelles »... Pas besoin de condamnation... Il mourra tout seul ! Hier ont débuté les ferias de « Madrid en Automne » et du Pilar de Zaragoza... Comme prévu dans ces pages, le public de Las Ventas a vécu un toston de haute catégorie, orchestré par un royale mansada du Puerto San Lorenzo. Les toreros, bien imprudents de s’y afficher, ont payé le prix fort. Finito de Cordoba, méprisé, brocardé dans cette plaza, n’avait pas à venir s’y ridiculiser, alors qu’il est en tête de l’Escalafon. Manolo Caballero, une fois de plus, laisse échapper « le » toro de la tarde, et une occasion de plus, à Madrid. Quant à Rafael de Julia, il a « rendu », le triomphe de San Isidro, ne pouvant donner une passe, mais peu décidé à « monter sur les toros »... Asi que !
     A Zaragoza, la feria a débuté en douce ! Il y avait plus de monde dans la cabine téléphonique du coin, que dans la plaza...  No hay toros ! No hay toreros ! No hay Aficion ! Comme cela... on ne va nulle part, mais très vite ! Enfin, « demain, il fera jour ! » comme dit l’autre... Pas sûr !

     5 Octobre – Madrid (Las Ventas) – 1ère de la Feria de Otoño – ¾ de plaza – Pluie fine : Les Puerto San Lorenzo sont sortis avec des arguments « de poids », mais en grattant un peu, on a eu ... ce que l’on attendait : Une mansada totale. Seul s’est sauvé le deuxième, qui prit deux fois le fer, et finit très bon à la muleta. Malheureusement... il tomba sur Caballero.
     Finito de Cordoba a voulu jouer avec le feu madrilène... Il a encore perdu, d’autant que Las Ventas ne peut pas le voir. De rien n’a servi de se poser « bonito » devant le faible premier. Silence. Le quatrième, un tonto de 619 kgs, se mit à marcher et accrocher méchamment chaque muletazo. Le Finito plia les cannes et entendit des sifflets. Catastrophe annoncée ! – Manolo Caballero donna de grands espoirs, encore une fois. Il les a déçus... une fois de plus ! Le deuxième permettait le toreo, et, d’ailleurs, l’Albaceteño commença fort bien : Début magnifique, en partant vers le centre ; grande série de droite et bon pecho. De quoi se lécher les babines ! Et puis, catastrophe ! La main gauche ne va trouver ni le rythme, ni la distance.. et le toro va en profiter. Du coup, le pico, le culito en arrière, patatras ! Adieu veaux, vaches et faena ! Bien entendu l’épée en arrière...y nada mas ! Ovation au lieu d’une oreille, une de plus, qu’il « devait » couper. Le cinquième était un vrai mauvais, et on excusera le torero, même s’il ne voulut pas se battre. Silence. Catastrophe annoncée ! -  Rafael de Julia toucha deux carnes, tristes, fades, imbuvables. Mais, un torero qui débute, qui promet, se devait d’avoir une autre attitude que ces regards compassés et cette façon de régler les affaires, « taurinement correctes »... Hombre ! Monte leur dessus ! Finis, le costume en charpie, mais fais quelque chose ! Cela s’appelle « Ganas de ser figura » ! Cela s’appelle « Pundonor » ! Au lieu de cela , deux silences et une triste sortie... en catastrophe.
     La feria continue, ce samedi, avec une novillada « del Ventorrillo ». Non, non ! On ne dira rien !

     5 Octobre – Zaragoza – 1ère de Feria - Novillada –  moins d’un quart de plaza : Cinq novillos de Bucaré, faibles et sosos. Le quatrième était un Jandilla de Fuente Ymbro. Toro de grande qualité que ne sut pas exploiter son matador. Dommage !
     Anton Cortes, d’Albacete, lui aussi (décidément !) a laissé passer le seul novillo potable de la tarde. Bon début par statuaires, bonnes premières séries qui révèlent le toro et, malheureusement, « plus rien à dire ! ». La faena partit « a menos » et le torero se contenta de donner une fade vuelta, quand deux oreilles et trois cortijos s’offraient à lui. Cela aurait pu être une catastrophe, mais, comme il n’y avait personne... chhhttt ! – Salvador Vega a essayé, avec élégance, mais n’a guère brillé. Silence partout. De même pour le Serranito, bien vert et tristement servi. Rien, vraiment, à de mettre sous l’aficion. Dur dur !
     Ce samedi : Caballitos ! En général, les toros chargent, au Rejoneo.

     5 Octobre – Zafra (Badajoz) – Arènes pleines : Toros de Jandilla, corrects et donnant un jeu inégal, les 3,4 et 5emes étant « des lascards »! – Enrique Ponce a tiré les mauvaises cartes et n’a pu que se montrer « en  professionnel ». Ovation au deux, avec un avis au quatrième – Rivera Ordoñez a mis le paquet face au deuxième, bien tué. Deux oreilles. Le cinquième était un client qui imposait prudence. Il y en eut. Silence – Trois oreilles pour le Juli « en roue libre », c’est à dire « à fond » ! De fait, « une placita, une corridita », mais tout le monde s’est bien plus amusé que « chez les ayatollahs » de Madrid ou Zaragoza. Eh bien... tant mieux !

 

LA « GRANDE FETE »...

      7 Octobre : « Tu parles ! ». On se la promettait belle, hier, à Paris, à Madrid, à Zaragoza, à Fuengirola... et beaucoup plus près ! Un match amical ouvrant une grande page d’amitié ! Une novillada de Feria... Une grande corrida de Rejoneo, et la présentation en novillada piquée du fils du regretté Antonio Jose Galan, luxueusement encadrée de deux figurones del toreo, tels que Ponce et Juli.
     Oui mais voilà... Cela a mal débuté par une panne de serveur... pas loin... chez nous ! Avez vous remarqué que votre ascenseur tombe en panne, toujours un samedi après midi, que votre voiture « pète une durite » toujours le dimanche, au moment d’aller se balader en famille, et que ce maudit serveur... Bref, je ne suis même pas sûr que cela marche, aujourd’hui. Mais bon !Les techniciens s’affairent... Alors, allons y !  
     « Pour une grande fête, ce fut une grande fête ! » Mais on ne sait pas « la fête à qui ? »... Les footballeurs ont fait leur partie, et les algériens, malgré le 4-1, n’ont nullement mérité. Enhorabuena, donc ! Cela dit, on a quand même remarqué que les galopins de « Mostaganem sur Seine » courent plus vite que les placiers, et, encore une fois, mettent le souk (ce qui est logique !) en totale impunité, laissant des ministres sans voix, ou assis, abasourdis, et surtout gâchent la fête... En parlant de foot, il y a vraiment « des penalties et cartons rouges » qui se perdent...
     A Madrid, cela va mieux. Le fils de Sebastian Cortes portait un costume de son père, et lui a emprunté de plus, quelques gouttes « del Arte Gitano ». A Zaragoza, Andy Cartagena  a vécu un sale moment, coincé sous son cheval, tombé contre la barrière. Peur bleue pour tout le monde. Du côté de Fuengirola, le Fils de Galan a coupé quatre oreilles et une queue, mais on se demande comment celui que nous avons vu si basto, si vulgaire, à Dax et Bayonne, pourrait tout à coup faire un toréo reposé, templé, lié... Donc, wait and see !

     6 Octobre – Madrid (Las Ventas) – 2ème de la Feria de Otoño – petite media plaza – Temps « à la pluie » : La novillada du Ventorrillo est beaucoup mieux sortie qu’on aurait pu le craidre. A part le deuxième et surtout le quatrième, les novillos de Medina ont fait leur devoir au cheval, finissant avec des possibilités que n’exploitèrent pas les toreros, en particulier Vital Procuna qui, hier, a fait un gros pas en arrière.
     Reyes Mendoza prend une rude voltereta d’entrée, qui lui « rouvre » une récente blessure. A n‘en pas douter, ce coup le marquera, et le torero se montrera digne, face à un lot très inégal, le quatrième étant un sacré client. Ovation et silence, avant de partir vers l’infirmerie – Anton Cortes portait le costume de son père, Sebastian Cortes, le 24 mai 1976, jour de sa confirmation d’alternative. Costume bleu et azabache qui semble avoir gardé les effluves du toreo gitano, toreo d’empaque, toreo de profonde élégance, tel que le distilla Anton,  face au cinquième. Bonne faena, toreo bien léché et une oreille à la clef, somme toute méritée – Luis Vital Procuna a eu, on ne sait plus combien d’opportunités à Las Ventas. Certes, cela sert d’être le protégé de Victor Mendes, mais... El toreo « no le entra »... Ses deux prestations, aussi volontaires que malhabiles, se terminèrent en silence.
     Ce soir, Espla, Rivera Ordoñez et De Mora, devant des Manolo Gonzalez. Pas de grandes illusions à se faire. Parions, peut-être, sur Eugenio de Mora.

     6 Octobre – Zaragoza – 2ème de la Feria du Pilar – Rejoneo – un peu plus de ½ plaza : Quatre toros de Passanha, un cinquième qui se casse un piton, étant remplacé par un Gabriel Rojas. Tous ont cinq ans, sauf le sobrero de Veiga Texeira, qui en a six – La corrida se déroule à peu près bien, sans grandes envolées : Javier Buendia, Fermin Bohorquez et Gonzalez Porras sont ovationnés, à divers degrés. A noter que Gonzalez Porras, plus balourd et vulgaire que jamais, se fait blesser deux chevaux – Andy Cartagena se montre brillant, mais dans une virevolte, son cheval blanc « Guitarra » glisse, se cabre, et s’abat sur son cavalier, le coinçant contre les barrières. Le toro charge longuement et des secondes interminables s’écoulent. Le cheval est dégagé, l’homme est emporté, sans connaissance. Il reviendra, pourtant, terminant sa prestation, coupant une oreille alors que le public en réclamait deux. Pas trop de mal, à priori pour Cartagena, si ce n’est une probable fracture de la cheville. Dans son malheur, un formidable coup de chance ! -  La corrida prit ensuite plus de relief, avec Diego Ventura et le jeune Sergio Dominguez (remplaçant Moura), qui coupèrent, chacun, une oreille.
     La feria se poursuit, aujourd’hui, avec des toros de Cebada Gago, pour Fernandez Meca, Juan Jose Padilla et Antonio Ferrera, qui réapparaît, et joue beaucoup, dans une feria de postin.

     6 Octobre – Fuengirola (Malaga)  - Lleno : Corrida mixte. Un évènement : Encadré d’Enrique Ponce et du Juli, David Galan, le fils d’Antonio Jose Galan, récemment disparu, fait ses premiers pas en novillada piquée, face à deux novillos bien petits de Salvador Domecq « El Torero ». Ce fut un succès complet, même si les chroniques ne parlent  que de vibration, de vaillance, et d’estocade portée « à la manière de Papa », c’est à dire, sans muleta, au dernier novillote. Quatre oreilles et une queue, c’est un bon départ. Mais le chemin est fort long, et le Toreo a changé – Ponce et Juli se sont amusés devant quatre toritos mal présentés de Torrealta.  Ponce a gagné « 3 à 2 », et personne n’a envahi le terrain, sauf au coup de sifflet final, pour sortir tout le monde « a hombros »...

 

« TOROS 2000 » TIENT A S’EXCUSER AUPRES DE SES LECTEURS POUR LA PANNE QUI L’A PARALYSE DURANT CES DERNIERES 48 HEURES – (Connaissant les aléas de la « super technique », on ne peut en rien vous promettre que cela ne se reproduira pas...)

ESPLA, L’ALICANTINO, EXTRAORDINAIRE DANS SON JARDIN MADRILENE...

     8 Octobre : Une journée qui marquera l’Histoire... Le 7 Octobre... 18h et des poussières, ici ; 21 heures, à Kaboul. Le « sale boulot » a commencé. Bloody Sunday ! La nuit, zébrée de traits blancs portant la destruction et la mort. Que Dieu, n’importe lequel, protège les innocents... Mais, que les traîtres, les assassins et les lâches, paient le prix de leur vilenie. Qu’ils paient « encore plus », s’ils se cachent parmi des innocents...
     Cette nuit percée de fureur, on la connaît ... Il y a quelques années, déjà, en Irak... Qu’a t’on gagné ? Que gagnera t’on ? Peut on faire « une guerre propre » à ceux qui ne sont que haine, cynisme, barbarie fanatisée ? Depuis le 11 septembre, la civilistation moderne a fait un grand pas en arrière... Ne s’apprête t’elle pas à en faire un autre ? Dieu seul le sait... et encore !

     A Madrid, pendant ce temps, Monsieur Luis Francisco Espla s’en allait faire un tour dans « son jardin », et comme on l’aime beaucoup, on n’a pas voulu qu’il se fatigue à marcher vers la sortie... On l’a donc porté en triomphe... Mais cette fois, c’était bien mérité...
     Aux côtés de l’Alicantino, un autre torero a triomphé, de façon moins spectaculaire, peut être, mais tout à fait remarquable : Hier, 7 Octobre, à Madrid, dans une ambiance tout à fait hostile à son encontre, Francisco Rivera Ordoñez a sauvé sa saison, démontrant qui est peut être « fils de son père », et « duc », mais surtout, qu’il est « Torero ». Et Madrid l’a totalement reconnu. Un sacré triomphe.
     Du côté de Zaragoza, les Cebada Gago sont sortis « comme les Taliban » et Padilla, qui ne possède ni tomawak ni B52, n’a pu que baisser pavillon, écoutant les trois avis..

     7 Octobre – Madrid (Las Ventas) – 3ème de la Feria de Otoño – Casi lleno – Ciel bleu, venteux :  « Toreria » est le mot qui convient ! Luis Francisco Espla jouit, ici, d’une telle cote d’amour, que l’on a du mal, parfois, à supporter les ovations qui saluent son toréo « corto », ses artifices bien déguisés, ses pirouettes bien démago... On râle d’autant plus que ce même public est d’une sévérité maladive avec d’autres toreros qui ne savent plus comment faire pour s’en gagner les grâces, sortant « atragantados », « acojonados », complètement paralysés de trac et de peur. A Madrid, « le vrai toro » est dans les gradins...sauf pour Espla.
     La corrida devait être de Manolo Gonzalez. En fait, il en sortit trois (1,3 et 5ème), accompagnés de deux frères de Carlos Nuñez (2 et 4ème). Le sixième, de Guadalest, vint en renfort, car on avait remplacé le troisième, à deux reprises. Corrida bien présentée, dans le type Nuñez, montrant les qualités et défauts « de la casa ». Espla toucha le meilleur lot, en exploitant le caste très mobile, avec grande toreria. Rivera eut du mal avec le deuxième, mais encore plus, avec « le toro des tendidos ». Par contre, il fut superbe avec le cinquième, un melocoton... « de izquierdas ! » Eugenio de Mora toucha les deux infâmes et rendit copie blanche.
     Luis Francisco Espla dut saluer une grande ovation, en fin de paseo. Discret avec cape et banderilles, face à son premier, il débuta une faena courte, nette, précise. On commence, assis à l’estribo, puis, on se libère par un grand pecho, après un joli trincherazo. Trois séries, pas plus, tirées en aguantant et un gros coup d’épée « a un tiempo »... N’en faut pas plus pour couper une oreille et récolter « les fleurs de son jardin ». Au quatrième, grosse intensité avec le capote et les banderilles. Le "pepillo" est bien à la pique, et Espla quite par chicuelinas, termine par rebolera, en calculant déjà l’angle de l’immédiate mise en suerte. Géométrique, mathématique, sorcellerie ! Chapeau ! Aux banderilles, le grand jeu. Vista, force physique, variété et immense toreria. Re-chapeau ! Sur sa lancée, le muletero se montrera, à la fois, ferme et léger, aguantant la charge du Nuñez qui ira « a mas », tournant presque au vinaigre... Faena intense, suivie « avec amour », close d’une entière « al encuentro ». Grosse oreille ; gros triomphe ; salida a hombros, et rendez vous à la prochaine !
     Francisco Rivera Ordoñez se fit houspiller injustement par les madrilènes. On avait prévu le scénario. Que venait il donc faire en cette galère ? Tout n’était que lazzis et moqueries. Pourtant, il n’avait pas été si mal. Quand sortit le cinquième, on se préparait à un nouveau lynchage. Le picador avait passé un sale moment, mais s’était remarquablement repris, au point que le « torero-duc » vint lui serrer la main, devant tout le monde. « Tiens ! » se dirent les manants. Le toro, de couleur beige « melocoton », ne voulut rien savoir de la noblesse, et mit un terrible achuchon au torero, dès la première passe de droite. Rivera se transforma d’un coup, et « redevint » un torerazo, digne de tous ses parents « figuras del toreo »... Trois séries de naturelles ont mis la plaza par terre. Trois séries de passes de la gauche, dont certaines, magnifiquement templées, main basse, le toro aimanté par la muleta. Muy bien. Pour finir, quatre trincherazos torerisimos ! Toreo « court », mais intense. Superbe. Las Ventas a rugi ! Eh oui ! Mais ce « cochon là » (dit avec beaucoup de respect et d’admiration) a tout mis par terre en mettant trois épées et un descabello. Adieu les oreilles, adieu la vuelta... Mais l’ovation fut de gala, récompensant le meilleur toreo de l’après midi...
     Eugenio de Mora a touché un lot infâme. Il s’en est allé en silence, donnant rendez vous, peut-être, à la prochaine San Isidro.

     7 Octobre  - Zaragoza – 3ème de feria – plus de ½ plaza : Les Cebada Gago sont sortis très difficiles. La palme de la couardise dangereuse revint au deuxième « Palillero », que Juan Jose Padilla ne put estoquer, écoutant les trois avis. Le toro a été puntillé, tandis qu’entraient les cabestros. Le 4ème était un sobrero de Fuente Ymbro.
     Fernandez Meca mit en valeur un sobre professionnalisme. Mais, il en faut plus pour dérider les « Maños ». Silence par deux fois – Très mauvaise journée pour Padilla. Mal servi, on le vit sans grand recours devant le manso de carreta sorti deuxième. Trois avis et division. Cela ner s’arrangea guère face au cinquième : Silence – Antonio Ferrera ne put rien avec son premier, mais mit le feu aux poudres avec les banderilles, face au dernier. Faena enlevée, mais à menos. Vuelta.

     7 Octobre – Hellin – Plein :Bonne corrida de Salvador Domecq. Les trois toreros sortirent à hombros : Ponce coupe les deux oreilles de son second adversaire ; Califa, les deux de son premier toro. Juli met tout le monde d’accord, coupant trois oreilles.

     7 Octobre – Valencia – ¼ de plaza : Mansada de Nazario Ibañez – Déjà remarqué aux Fallas, Oscar Sanz a confirmé, coupant le seule oreille de la journée – Jorge Ibañez dut maudire le ganadero dont il est, lui aussi, « le produit ». Quelques applaudissements -  Julien Lescarret tombe sur un bloc de marbre et un autre, qui ne répète pas. Silence partout, avec un avis à son premier.

 

LE « PUNDONOR » NOUS VIENT D’ARAGON...

     9 Octobre : Superbe geste d’Antonio Gaspar « Paulita », qui marque la saison en prenant une grande alternative, en sa plaza de Zaragoza. Peut importe ce que donnera la corrida de Jeudi, au cours de laquelle l’aragonais deviendra « Matador de Toros », des mains de Joselito, en présence de Ponce. Le garçon aurait pu se contenter de cette alternative « de luxe », face à des Torrestrella. Il a fait bien plus : un grand geste, qui devint une « chanson de Geste »... Six novillos, tous seul, pour ses adieux à l’escalafon « inférieur ».
     Avec 35 novilladas piquées à son actif, le Paulita a fait, hier, son paseo, tout seul, a coupé deux oreilles qui pouvaient être trois, et pris une solide raclée. Pundonor total de ce jeune torero qu’il faudra suivre, car son concept s’appuie plus sur l’artistique que l’habituel «Viril, mais correct » des matadors aragonais. Mission accomplie, donc, du Paulita, qui sort « a hombros » de ce premier défi, et revient par la porte de l’infirmerie, pour un gros coup à la cuisse gauche. Cependant, à n’en pas douter, le jeune sera au paseo, jeudi, pour ce premier pas vers, qui sait, une brillante carrière. C’est du moins ce qu’attendent les aragonais, privés de figura depuis un bon moment.   

    8 Octobre – Zaragoza – 4ème de Feria – Novillada – Media plaza : Le public s’est montré froid durant la première moitié du spectacle. Puis, vu les évènements, l’aficion aragonaise appuya son toereo et le fit justement triompher – Cinq novillos de « Los Maños » que l’on peut décrire comme des mansos bien présenté et mobiles. Le cinquième fut un grand novillo qui montra une caste débordante. Le noble quatrième, seul,  permit de « se laisser un peu aller ». Face aux autres, il fallait fermeté, tête et coeur... ou autre chose ! Il y eut en second, un sobrero de Fuente Ymbro, qui se révéla, encore une fois, très potable.
     Paulita  ne tourna jamais la tête, mit trois gros coups d’épée et surtout, « alla a mas ». Sa prestation alla crescendo, atteignant trois pics, trois sommets : bonne faena au quatrième, esthétique, abandonnée, en certains muletazos – Son combat face au cinquième, un señor toro qui le prit méchamment, le torero l’estoquant dans un état « plus que second » - Son retour de l’infirmerie, pour estoquer le sixième, qu’il brinda au Juli, présent dans le callejon. Geste de torero, que ce retour au combat, malgré la douleur ; Geste de pundonor total, d’aller au bout du défi. Geste d’honneur que d’en faire témoin un des plus pundorosos des matadors contemporains, Julian Lopez « El Juli »
     Peu importent les trophées, mais il faut, quand même « dresser bilan » : Ovation – Silence, avec un avis – Applaudissements – Oreille avec un avis – Avis et grande ovation, en partant à l’infirmerie – Oreille du dernier.
    Le Paulita sortit a hombros, incompréhensiblement accompagné du mayoral ... C’était vraiment la fête « de los maños » ! A peine descendu des épaules de ses porteurs, le torero revint à l’infirmerie de la plaza ou il fut soigné pour un gros hématome, très douloureux, à la cuisse gauche. Pronostic réservé... mais, à n’en pas douter, il sera là, jeudi, pour son alternative. Il l’a bien méritée !

     Ce 9 Octobre, la corrida est, en principe, télévisée – 17h30 – Deuxième chaîne espagnole : Toros de Maria Luis Dominguez Perez de Vargas (vont ils tenir debout ?), pour Molinero, Encabo et Rafael de Julia.

     8 Octobre – Torres de la Alameda (Madrid) – Lidia du sixième sous des trombes d’eau : Cinq toros de  Benito Ramajo de Villoria qui donnèrent bon jeu et un 4ème, en sobrero, de Valdeolivas, « muy malo ».
     Discrète alternative du vénézuelien Ramon Guevara, qui sera oublié « sitôt douché ». Ovation et silence – Jose Luis Triviño, le parrain, coupe une oreille à son premier, et se bat comme il peut, avec le Valdeolivas – Abraham Barragan est applaudi.
     Exemple même d’une alternative inutile, aboutissement de malheureux efforts et de dures souffrances. Admirable et pitoyable à la fois. On salue, mais...

     8 Octobre – Medina del Pomar (Burgos) : Toros de Peralta et Viento Verde, difficiles – Luis Miguel Encabo est discrètement applaudi – Davila Miura et Antonio Ferrera coupent, chacun, les deux oreilles de leur deuxième adversaire, et sortent a hombros. Pas à dire, c’est quand même plus facile, dans les « troisième catégorie »... !

 

« AFICION, TU FOUS LE CAMP... » 

     10 Octobre : Où donc est passée l’Aficion de Zaragoza ? Et que dire de celle de Valencia ? Hier, s’y déroulaient deux corridas qui, normalement devaient y attirer, d’abord, du monde, et ensuite, un autre comportement du public.
     Feria du Pilar à Zaragoza : Une des ferias, jadis, les plus importantes de la saison, même si elle était la dernière de la temporada. La plaza se remplissait, le soleil l’éclairait, le vent, souvent, la balayait ; Et, quelquefois, la pluie noyait tout le monde. Mais.. un grog  « y un cortado ! », et cela repartait. Quand sortait « le toro de la Jota », tout le monde frappait dans ses mains... L’Aficion y était rude comme les steppes d’Aragon ; elle y était dure et  « un poco bruta », mais savait s’enthousiasmer, s’émouvoir...
     Depuis, on a couvert la plaza. Zaragoza fut la première à se lancer dans cette technique, si bénéfique à l’Empresa et peut-être aux toreros (Il n’y a plus de vent), mais si néfaste, paradoxalement, pour le spectateur,  et  désastreuse pour le photographe. Du coup, tout se déroule dans une lumière jaunâtre qui renvoie au placard ce que doit être la Fieste brava : « Sol y moscas », même s’il peut. Zaragoza est devenu terne, sosa, endormie...et endormante. L’émotion s’y envole, dans les volutes des fumées de cigare.
     Que dire de Valencia, qui n’est pas capable de mettre plus d’un tiers de plaza quand torée « ses » toreros. Valencia, la plus belle plaza d’Espagne... Valencia, la plus ingérable. Valencia aux trois ferias : la première, prestigieuse : Les Fallas! La deuxième, celle de Juillet : problématique ! La troisième : inutile feria de la Comunidad. Partagée entre la ville et le campo, l’Aficion Valenciana est incapable de se fixer, et l’Empresa a beau se casser la tête, elle s’y cassera plutôt les dents. Un seul aurait pu, peut être, réussir à « fidéliser les Valencianos », si on lui avait laissé le temps, en 80/81 : Simon Casas. Depuis... les diverses empresas ont dit  « Bonjour ! Vous allez voir ! » et, quelque temps après : « Bon ! Cela suffit ! On a assez perdu d’argent, on s’est suffisamment fait insulter... on se casse ! ». Et elles partaient... quand elles ne se faisaient pas virer.
     Aficion...tu fous le camp ! La Fiesta Brava, malade de ses toros, malade de ses Aficionados... Vaya ! 
     Hier, deux corridas, à Zaragoza et Valencia. Ici, un toston, dû aux jeu des toros et à la tristesse du public... là, un triomphe, sous dix centimètres d’eau, mais sans grand monde dans les gradins, malgré un cartel « 100% local »....

    9 Octobre – Zaragoza – 5ème de la Feria du Pilar – 2/3 de plaza – Corrida Télévisée : Les Pedrajas de Maria Luisa Dominguez Perez de Vargas sont sortis bien tristement, bien discrets de race, bien bas de caste, bien « em..nuyeux ! » Ils sont toujours sortis « abantos ! ». De tout temps. Mais ils se fixaient, allaient a mas, bien souvent, mettaient « du piment » à la lidia... et quelquefois, le feu à la plaza ! Souvenez vous de « Comando gris » ou de « Topinero »...Autres temps, autre moeurs. Hier ! Soseria totale, distraction coupable, trajectoires incertaines, avec l’air de ne pas y toucher..  Seuls , les quatrter et sixième se sont laisser faire... mais ce furent les toreros qui ne furent pas au rendez vous.
     Le Molinero est sorti avec l’épaule gauche « en l’air », au point qu’on lui fit une infiltration avant de faire le paseo. Le torero parut diminué de force, d’idées et de courage. Excusable devant le premier qui avait une idée « très approximative » de la ligne droite, il le fut beaucoup moins lors de sa faena au quatrième, qu’il avait bien reçu au capote. Applaudissements et petit ovation sont un maigre bilan , pour le triomphateur du Pilar 2000.
     Luis Miguel Encabo n’est pas très harmonieux dans son corps torero... Malheureusement, cela doit jouer un peu. Il aurait « la gueule » de Rivera Ordoñez, il serait au plus haut dans les charts ! Voilà un torero qui veut faire les choses « bien », et y réussit bien souvent. On lui doit le grands moments de la tarde, devant « deux » tristes ! Une grande paire « por dentro », après un échec, au cinquième. Quelques bonnes naturelles, malheureusement « inlidiables ! .. et un super quite par chicuelinas au quatrième. Vuelta à l’un, ovation à l’autre ... Encabo a été en torero, et il faudra en tenir compte. – Rafael de Julia a « une gueule »... mais ne dit pas grand chose. Son toreo est classique, copieux, mais sans grande étincelle. On applaudit par automatisme, « classiquement », « copieusement », mais sans étincelle...Il a été bien face au sixième... a même coupé une oreille !  Il n’en parut pas plus heureux pour autant... et nous non plus ! Pendant ce temps, l’Aficion de Zaragoza, visage fermé, repartait... comme elle était venue !

     9 octobre – Valencia – Dernier spectacle de la Feria de La Comunidad – 1/3 de plaza : Le cartel était « totalement » local : Juan Carlos Vera – Victor Manuel Blazquez – Angel de la Rosa. Vous ne les connaissez pas ? Vous avez tort... et, à la fois raison. Juan Carlos Vera promit un peu, jadis ! Angel de la Rosa promettait beaucoup... Quant à Victor Manuel, il était un « tout terrain », un peu vulgar, mais plein de feu et de caste. Une vraie mascletà Valenciana ! Hélas, le temps a fait son oeuvre... les trains sont partis sans eux... et le public, qui hurlait parce qu’on ne les faisait pas toréer, est aujourd’hui le premier à ne pas venir les voir...
     Un tiers de cette immense plaza de Valencia, hier, pour voir les trois Valencianos.. Pour arranger le tout, un vrai déluge, à partir du cinquième, au point que le président vint tremper ses escarpins dans la boue, avant que ne sorte le dernier, histoire de voir si on poursuivait ou non la partie de « water toro » !
     Toros de Bohorquez, normalement présentés, mais faibles, en général. Bons, les 1,2 et 6èmes. Invalides les 3 et 4èmes. Le cinquième ne voulut rien savoir - Juan Carlos Vera fut « juste en tout » face à un lot insipide. Silence partout – Victor Manuel Blazquez se battit comme un chien, monta sur l’impossible cinquième, tandis que tombaient des hallebardes, et lui coupa une oreille – Angel de la Rosa fit le toreo de qualité, au troisième, et mit l’émotion en prenant le sixième, dans dix centimètres d’eau. Oreille, par deux fois, et sortie a hombros... qui ne lui servira de rien !   

 

CELUI QUI EST « EN HAUT » N’Y EST PAS... PAR HASARD !

     11 Octobre : Franchement, on ne sait plus à quel saint se vouer (le droit, ou le gauche ?) Quoi, imaginez un peu... Le Mont Blanc est beaucoup plus haut qu’on ne le disait... 4810,40 mètres.
     On en reste abasourdis ! Et combien, en euros ? Vous rendez vous compte ? Durant des décennies, nous, les cancres, nous les « sans grade », nous le « près du radiateur, au fond de la classe », étions fiers de retenir les 4807 mètres du toit de la France, et « le 1515 » de Marignan ! D’ici qu’on nous la change aussi !

     On reste « sans voix » ! 4810 mètres et 40 centimètres... Saluez ! Voilà qui va réjouir le monde entier, sauf l’Himalaya qui va faire un peu la gueule en voyant son lointain concurrent « se rapprocher » dangereusement. Il lui reste un peu de marge, mais quand même !
     Voilà qui va donner à Madame la Ministre de l’Emploi de bonnes raisons de pavoiser, en augmentant autre chose que les CES... Pensez donc : Va falloir modifier tous les bouquins scolaires.. (Au passage, on pourra aussi changer les francs en Euros, dans ces problèmes de maths qui nous ont fait « tellement ch... peiner », dans le temps, du style « deux trains qui partent en même temps... calculez l’âge du capitaine... » (Maintenant, ce n’est pas la même chose... c’est : « Deux TGV  partent à la même heure, mais en retard, comme d’hab !, de Paris et de Marseille. Un hérisson traverse la voie, à dix kilomètres de Valence, et provoque un court circuit général. Calculez « en Euros », le total des dédommagements hebdomadaires que devra supporter la SNCF, sachant que le hérisson fait le même trajet huit fois par semaine ») Ah... ! Voilà qui ne manque pas de piquant !
     Va falloir changer tous les panneaux indicateurs, tous les guides « Michelin ou autres...). De quoi créer des milliers d’emplois ! Va falloir changer tous les questionnaires du « Quitte ou trouble ! », du « Questions à un Champignon » ou du « Voulez vous gagner à être connu ? » ... « 4807 mètres ! C’est votre dernier mot...Hi ! Hi ? Je suis désolé... »
     4810 mètres et 40 centimètres. « On en reste sur le... flanc ! ». Une telle précision a de quoi « garder espoir en l’avenir ».... En sachant cela, on mourra « peut être encore de faim », mais au moins, instruits...  Moi, c’est le « quarante centimètres » qui me plaît...  Faut quand même le faire...  D’autant qu’avec le vent qu’il fait là-haut, y a bien longtemps que cela doit avoir changé... 78, ou 26 centimètres ! Cela dépend de la  forme, des soucis, tout ça !
     En tous cas, taisons-nous et admirons ! Au passage, espérons que ces « chers (très chers !) chercheurs » iront faire un tour du côté de la dune du Pyla... A tous les coups, elle a du aussi bouger... et pas qu’en hauteur. En attendant, messieurs les journalistes, n’en faites pas trop sur le « plus haut, plus prestigieux, plus beau ! »... Des fois que Ben Laden viendrait à l’entendre !
     Toujours est il que « ceux qui sont en haut... ce n’est pas par hasard ! Voyez la Longo ! 43 ans et 13 titres de championne du monde. Elle porte bien son nom ! Voyez Arnaud Tournant : Un kilomètre arrêté en 58’’85. Imaginez ! 61km/h sur un vélo. Si le FBI prend, au radar, Tournant dans un virage... « ils lui mettent un pv ! » Et Alési ? Terrible ! On ne va plus pouvoir dire « vas-y Jeannot ! » sans bien savoir « où ? », d’ailleurs ! Pauvre Alesi ! (tout est relatif..) Ne voilà t’il pas qu’à l’aube d’un énième nouveau départ, il est poussé hors de la piste par un inconnu aux yeux bridés et aux dents longues.. « Ahhhh ! le Sato ! ». N’empêche qu’il était grand, le Jeannot, même quand il traînait un peu trop dans les bacs à sable. Alors on lui souhaite une bonne retraite ou une heureuse reconversion ... « Allez-y, monsieur Jean ! »

     Comme le Mont Blanc, comme les champions, les toreros qui sont « en haut », n’y sont pas « par hasard ! ». Voyez Juli ! Voyez Ponce !... et combien d’autres, qui se sont hissés en haut, non grâce « au GPS », mais bien à des facultés personnelles « bien accrochées ».
     Cette année, il faudra parler du Finito de Cordoba ! Il risque de finir en tête du classement 2001. Cela ne manque pas de surprendre, car, un torero de sa trempe, qualifié « d’artiste » et de « volontiers flamenco », a traversé  la saison, sans une égratignure, plaquant çà et là des moments toreros d’une indéniable beauté. Ce n’est pas un hasard ! Et c’est l’apanage des toreros ! Eux, plus que personne, peuvent dire : « J’y suis arrivé, tout seul ! ». Peu importent les ganaderias, dites « de luxe ». Peu importent les apoderados puissants, ou même les toros afeités... Celui que « est en haut » a autant, sinon plus, de chances de trouver un fort pourcentage de « garbanzos », de « mansos huidosos » et d’assassins, que les autres...
     Asi que ! Une Marseillaise, (une vraie...celle là !) pour le Mont Blanc, Arnaud, Jeannie et Jeannot... mais, surtout, un sacré monterazo pour tous ces hommes qui, vêtus de lumières plus ou moins luisantes, s’alignent au paseo, le visage plus ou moins pâle, et s’en vont vers leur destin « tocando madera »...

    10 Octobre – Zaragoza – 6ème de feria – Casi lleno  (Allez : Lleno) : La corrida fut un éventail de toros dont les 95% étaient « souche Domecq », mais de quatre fers différents : le 1er, de Peña de Francia (qui portait le néfaste nom de « Avispado » (Pozoblanco ! ) ; les 2 et 3èmes de Buenavista ; les 4 et 5èmes, de Garcia Jimenez ; le dernier, enfin, de Victoriano del Rio. Corrida « multi cartes », en général, très armée, mansa à divers degrés, le dernier excepté, très encasté.
     Le Finito de Cordoba a connu une bonne journée. S’il tue le premier, il peut sortir a hombros, avec tous les honneurs. Son premier est un mansote, noblon mais tardo. Le cordouan va l’attendre, l’intéresser et lui donner des séries justes, closes d’élégantes trouvailles comme un trincherazo gaucher « de maravilla ». Hélas, il tua mal. Ovation. Le quatrième ne permettait pas de lier. Le Finito cisela, point par point, de grands muletazos, alliant classe et technique. Bonne épée et une oreille bien gagnée.
     Le Juli a du maudire celui qui avait fait les lots, et encore plus, celui qui avait « tiré la boule de papier »...Son premier, tête haute, le regardait, menaçant. Le cinquième, à bout de souffle « se apago », s’arrêta, crevé. Le Juli ne put que placer des détails de courage, en particulier un grand tiers de banderilles au cinquième. De plus, il tua mal son premier. Applaudissements et Ovation – Jesus Millan se fit prendre dangereusement par le troisième, éteint, mais mit toute la pression et sa verve, face au Victoriano del Rio (un tonton de 675 Kgs, très encasté). Faena « enlevée », vaillante, un peu populiste... Il tua vite d’une basse, mais le bon public de chez lui réclama deux oreilles. Le président n’en concéda, logiquement, qu’une, ce qui lui valu des tonnes da qualificatifs « plus ou moins sympathiques ! »
     La feria se poursuit, ce jour, par la corrida de Torrestrella au cours de laquelle le Paulita, c’est confirmé, recevra l’alternative, des mains de Joselito, en présence d’Enrique Ponce.  

 

LES CARTELS DE LIMA.... QUI VA PAYER ?

     11 Octobre : Il n’est un secret pour personne que le Pérou passe par des dures heures, au plan économique. On sait les répercutions que cette situation a généré, au plan taurin : Depuis des années, la feria de Lima n’a plus rien de miraculeux.
     On est donc quelque peu surpris de voir les cartels 2001, avec, en haut de l’affiche : Ponce, Juli et Jose Tomas, ce dernier ayant décidé de se refaire une santé aux Amériques, avant de repartir, espérons le, du bon pied, en 2002, sous la houlette d’un nouvel apoderado. « Le Samouraï chez les Aztèques ! ».. C’est le titre du grand feuilleton de l’hiver...
     Malgré d’autres toreros, de second plan, un présupuesto important pour une feria qui est loin de garantir des « no hay billetes ! ». A ver ! Qui va payer ?

     On va donc suivre avec intérêt, la prochaine Feria, en plaza de Acho, qui se présente ainsi :

Dimanche 21 octobre : Novillos de Juan Manuel Roca Rey pour Javier Valverde, César Jiménez et Luis Vital “Procuna”.
Dimanche 28 octobre : Novillos de Roberto Puga pour Matías Tejela, Leandro Marcos et Fabián Barba.
Dimanche 4 novembre : Toros de Chuquizongo pour Rafael Gastañeta, El Califa et Alfonso Romero.
Dimanche 11 novembre : Toros de Manolo Martínez (Mexique), pour Finito de Córdoba, José Tomás et Ignacio Garibay.
Dimanche 18 novembre : Toros de Javier Garfias (Mexique) pour Finito de Córdoba, El Califa et Rafael de Julia.
Dimanche 25 novembre : Toros de Fernando de la Mora (Mexique) pour Enrique Ponce, El Juli et Rafael Gastañeta.
Dimanche 2 décembre : Toros de San Martín (Mexique) pour Enrique Ponce, José Tomás et un des toreros triomphateurs de la feria

     On note l’absence du Morante, qui avait été bien, l’an passé, et de l’un des préférés de l’Aficion péruvienne Vicente Barrera, dont on disait, il y a peu, qu’il se retirait. A suivre.

 
ZARAGOZA : LES MAÑOS SE SONT « LACHES... »  

     12 Octobre : Il faut bien que l’on sacrifie, de temps en temps, à ce nouveau langage, à ce nouveau vocabulaire, qu’un président « chébran » n’hésita pas à vanter, histoire de faire « dans le vent »...  Nous, la dernière garde de SLC « Salut les copains », on est un peu largué, et avec nos quelques lettres et nos quelques mots, nous voilà renvoyés au rang de « presque illettrés »... Autres temps, autres moeurs ! Avant, c’était « faites l’amour, pas la guerre ! ». Du côté amour, cela va bien, du moins on vous le souhaite...

    Pour ce qui est de la guerre... On y est ! Et une carabinée, dans tous les domaines ! Guerre dans les airs, dans les tranchées... Guerre économique, peut-être, bactériologique... Guerre des communiqués. Alors, au fond, on se dit, comme jadis Robert Lamoureux, dans les années 50/60 : «En prévoyant au maximum, en gérant au millimètre, en faisant attention à tout, avec ma femme, on a calculé que dans cinq ans, cinq ans exactement... on ne sera pas plus avancés que maintenant ! ». Donc... aguantons !
     Le temps roule ses volutes de fumée... Qu’elles viennent des feux d’artifice ou du canon, elles laissent dans le ciel une part de mystère qui nous fait chaque jour, plus petits, plus fragiles, et font s’agiter nos mains, pour un accueil de joie... ou un dernier adieu...
     En parlant de mains, on ne peut que s’étonner de la froideur, voir le dédain, manifesté par certain torero, parrain d’alternative, au moment de céder les trastos « au jeune communiant ». Hier, à Zaragoza, c’était d’autant plus flagrant, lors de l’alternative du Paulita.
     Le Jeune matador, impeccablement vêtu de blanc et argent, immaculé, voit s’avancer vers lui son parrain, Joselito, et, en léger retrait, Enrique Ponce, témoin de luxe. Quelle opposition entre les deux maestros, dans l’attitude, la façon d’être, d’agir... Joselito, la montera vissée sur la tête, prononce les quelques mots d’usage (il faudrait savoir lesquels), exécute le traditionnel échange, et serre la main du nouveau compagnon. On ne lui demande pas un gros bisou, mais quand même !
     A deux pas, Enrique Ponce s’est découvert et assiste, respectueux et souriant. Quand le jeune s’approche, un bon sourire, deux mots et un abrazo... de verdad. Attention, il est bien évident que « face au toro, il ne lui pardonnera rien ! », et qu’à la première occasion, il lui mettra « un repaso »... C’est, d’ailleurs, ce qu’il a fait. Mais en attendant, cette bienvenue amicale doit faire chaud au coeur...
      Bien entendu, chacun agit comme il l’entend. Il n’y a, en la matière, aucune règle, et les pages des anciennes revues, de « La Lidia » au « Ruedo » sont pleines de photos où le parrain, montera sur le crâne, « en serre cinq » au nouveau promu... Autre temps, mêmes moeurs ! Il est, quand même à noter que Joselito est un des seul à se comporter de la sorte. Il aura ses raisons, que l’on devra respecter... Mais quand même...  il pourrait  « se lâcher », de temps en temps.
      Ceux qui l’ont passé « bomba » et ont fait grand bruit, c’est les quelques 11100 quidams qui peuplaient, hier, les tendidos de la plaza de La Misericordia, à Zaragoza. Un public qui venait assister à un grand évènement, et en attendait d’autres. Il s’est coupé sept oreilles au cours de cette corrida, d ‘où les trois matadors sont sortis « a hombros ». Ambiance et émotion : Un aragonais devient « matador de toros ». Un de plus ! Peut-être sera t’il « le bon » ! A ses côtés, deux maestros. Du coup, on fait le fête au petit jeune ; on tressaille d’aise sur trois muletazos du Joselito ; on hurle de peur quand il se fait prendre ; on frise l’extase avec Enrique Ponce , et, du coup, la  fièvre augmente jusqu’à la communion parfaite. Alors, on fait couper une dernière oreilles « au petit », malgré l’épée bien basse, et tout le monde sort « en volandas ». Que bueno ! Il est rare que cela arrive en plaza de première catégorie, au cours d’une grande feria. Cela n’en a que plus de valeur, de poids, sur la longue route,  parfois bien insipide, de la temporada. Vraiment, cela fait du bien de « se lâcher », de temps en temps...

      11 Octobre – Zaragoza – 7ème de Feria del Pilar – Casi lleno : Il est sortis cinq toros de Torrestrella, variopintos, un peu jeunes, mais bien présentés, en général. La corrida a montré de la qualité, les 4et 6èmes montrant quelques aspérités. Protesté pour « chico », le cinquième, l’espace d’un instant. Puis, « la magie Ponce » fit le reste. Sorti en troisième, un sobrero de Martin Arranz montra de grande qualités de noblesse, mais aussi quelque faiblesse.
      C’était, pour Antonio Gaspar « Paulita », le grand jour. Le torero a passé l’épreuve avec bonheur, démontrant de réelles qualités. Face au toro de la cérémonie « Pocalluvia » - N°96 – 503 kgs - negro, on le vit très bien au capote, un peu inégal à la muleta. Cependant, une dernière série de droite et une estocade entière firent tomber une oreille tout à fait justifiée, dans un tel contexte. Quand sortit le dernier toro, les collègues avaient triomphé et attendaient qu’on ouvre « la Grande Porte ». Le public, comme un seul homme, poussa, tira, encouragea le torero qui mit tout ce qu’il avait, de la larga à genoux, à l’estocade finale, bien « tombée », pour les rejoindre à la sortie. Paulita, encore une fois excellent à la cape, est entré du bon pied dans l’Escalafon supérieur, coupant « une oreille, chaque fois », le jour du baptême, et bouclant une grande feria de Zaragoza 2001. Un immense souvenir pour lui... Maintenant, commence... « la guerra » !
       Joselito est très aimé, ici. Du coup, le torero se livre complètement, mais à sa façon. Tantôt allègre, tantôt trop cérémonieux, il sait que tout lui sera applaudi, y compris de longues poses, entre chaque muletazo. Le premier était faible. Joselito le reçut à genoux, et, avec le public en totale fusion, toréa en douceur, la silhouette  relâchée, la muleta courant doucement sous le mufle du toro gris clair. Faena longue, compassée, qui  lui valut un avis, avant de monter l’épée. Faena qui de termina dans l’émotion, le Joselito se faisant prendre de plein fouet en donnant une manoletina. Vilaine voltereta, le torero tombant sur les cervicales, mais se relevant aussitôt pour un desplante hautain, face aux cornes. Torero ! Grosse épée et une oreille méritée. Il en coupera une autre au quatrième, qu’il brinda à la plaza, malgré les défauts affichés : tête haute, tirant à droite et à gauche. Pas évident. Joselito débuta par cinq passes à genoux et, encore une fois, toréa avec dédain, s’accrochant, sans paraître faire de grands efforts, jusqu’à l’estocade finale.
     Enrique Ponce a encore donné une immense leçon de toreria. Autorité, plastique, sentiment, telles sont les qualités premières de sa faena au toro de Martin Arranz. Grande faena, une de plus, où l’esthétique et l’élégance font oublier la technique et le danger. Un faenon, plutôt droitier, précédant une énorme estocade. Deux oreilles et une plaza explosant d’admiration. Le Valenciano allait rééditer, face au cinquième, plus discret de présence, qu’il brinda au Tato. Faena pleine de merveilleux détails, des doblones du début, aux ayudados de ceinture, en final, passant par trois naturelles, citées « en grand seigneur », la muleta pliée au bras. La demi lame, un poil tombée, ne gâcha pas la fête... Un avis, mais un nouveau trophée, et Zaragoza vient ajouter son nom aux plazas qui, cette année, ont vu passer un véritable « géant du Toreo » : Enrique Ponce.

      La feria se poursuit aujourd’hui, Dia del Pilar, par une corrida de Jandilla pour Curro Vazquez, Tato et Juli, tandis que « l’Automne » reprend, à Madrid, avec un corridon de Nuñez del Cuvillo, fuera de tipo, et qu ‘à Séville, un cavalier s’en va, tirant sa révérence : Javier Buendia.

 

LA TRAGEDIE GRECQUE... AU PLACARD !

     13 octobre : Parfois on nous demande : « Mais qu’est ce que vous trouvez, aux corridas ? C’est toujours la même chose... » Et parfois, il faut bien le dire, on a du mal à répondre, surtout si, comme en certaine San Isidro, « il ne se passe rien, vingt tardes sur trente ».
    
Et puis, tout à coup, surgit la course « épique », incroyable dramaturgie qui envoie au placard  les plus terribles des tragédies grecques, transformant les plus noirs des « noirs écrivains » en aimables collègues de Tex Avery et Walt Disney réunis....
    
La corrida est, à chaque fois, une nouvelle liturgie. Certes, « les attributs sacerdotaux » sont le mêmes, les gestes similaires, parfois répétitifs, parfois lassants... Et pourtant, quand le toro sort, il porte en lui, dans le regard et « les idées » beaucoup plus qu’au bout de ses cornes, tout le drame que lui seul peut écrire, malgré le courage et la technique des hommes, provoquant des émotions multiples qui vont, de la plus profondes des admirations aux plus grandes terreurs. Le toro est roi. Il écrit l’histoire. Souvent, ce ne sont que des anecdotes, quelques scènes, souvent glorieuses. Quelquefois, un gros paragraphe, un acte tout entier. Puis tout à coup, une pièce, bien tragique, un roman bien noir, que nul n’aurait osé imaginer.
    
L’actualité récente, hélas, nous a prouvé que les « Corneille and Co » étaient restés « bien courts », pour ce qui est des « noirs desseins »...
    
Pour rester dans « le monde des toros », il arrive que tout à coup, la corrida devienne exceptionnelle, parce que triomphale, parce que terriblement mauvaise, ou encore parce que se déroulant dans des circonstances  tellement dures que l’on pressent le drame, à chaque galop du toro, à chaque pas de l’homme.. Alors...
    
Alors on assiste à des moments épiques, de ceux qui font de l’Iliade, un aimable feuilleton guimauve, genre « Les feux de l’Aaaaamour »... Madrid est coutumier du fait. Mais on peut vivre des tels moments aux quatre coins de la planète... tout simplement parce que chaque toro qui sort est « comme les vagues de la mer ! » Il n’y en a aucune qui soit semblable aux précédentes.
    
Si, en plus, la météo se met de la partie, la tragédie enfle et roule, aussi sûrement qu’au théâtre d’Athènes. Alors, bien souvent, on finit tous « mouillés ! », et ce n’est pas forcément du à l’eau qui tombe du ciel... 
    
Hier, Madrid a vécu une de ces terribles après midis : Vent d’ouragan, pluie torrentielle, des toros « hauts comme ça » et deux toreros gravement blessés, qui laissent le troisième « tout seul », devant estoquer cinq « armoires, bien pointues, et pas très amicales »...
    
On a déjà vu cela, souvenez-vous : Dax 1965 : Murrillo, Cordobes et Amador se font prendre, et il ne reste plus personne pour estoquer le dernier. Souvenez-vous encore... Madrid 1975 : Ruiz Miguel et Galan, en mano a mano se font gravement culbuter. La corrida reste aux mains d’un sobresaliente, « chauffeur de taxi » six jours sur sept. Ce qui devait arriver... Un terrible coup de corne au poumon. Côté méteo, rappellez-vous ! Ruiz Miguel, à Vic, il y a trente ans... On pourrait parler de Galan à Pamplona, de Mendes, à Bilbao, télévisé en direct, sous le typhon... Plus près de nous, Jose Luis Moreno à las Ventas, sous des trombes d’eau, et, sans aller si loin, le Jesulin-Juli, cette année, à Nîmes. Débutée sous le ciel bleu, la corrida finit « en apocalypse », surprenant tout le monde, en chemisette. Rappelez vous... vous y étiez.

     La corrida du 12 Octobre 2001 marquera l’histoire de Las Ventas, de par les dures conditions « météo-toros » et le drame qui en découla : Mariano Jimenez se fait très gravement blesser en banderillant le premier... Un vrai drame : Ce torero qui fut une promesse des années 90, tentait un « come back » bien entamé en plaza de Madrid, durant ces corridas d’été où on se joue la peau devant des gradins « mi vides, mi japonais ! ». Son nom au cartel de la Feria d’Otoño était une récompense, une porte qui s’ouvre. Hélas, vu la blessure d’hier, cette porte s’ouvre, oui, mais sur un tunnel probablement bien long, et bien noir. Espérons qu’il se remettra et que l’Empresa lui donnera nouvelle opportunité, à la San Isidro 2002.
    
De son côté, Alfonso Romero venait confirmer, à Madrid, tout le bien que l’on pensait de lui, en particulier depuis le mois de Septembre, après sa grande faena, en Feria de Murcia. Torero artiste, profond, qui avait déjà marqué des points, cet été, à Madrid. Il a suffit d’une rafale de vent pour que se brise le rêve du plus beau scénario. « 20 centimètres dans la cuisse », cela fait réfléchir...
    
Du coup, un torero a du estoquer cinq toros, et pas des faciles... Pour arranger le tableau et bien « noircir le décor », il faisait un vent terrible, et la pluie s’est mise à tomber dru, à partir du cinquième, pour finir en  grosse tornade noire, au dernier acte. Apocalipse Now !  Ce torero s’est comporté en héros, même s’il n’a coupé qu’une oreille, même s’il a, dit-on, « laissé passer » le troisième... On dit tellement de choses !
    
Aujourd’hui, la pluie a cessé. Entre les quatre murs blancs de leur chambre de clinique, deux hommes souffrent de leur rêve brisé... Un peu plus loin, un troisième sourit et remercie le ciel. Son nom : Luis Miguel Encabo.  

     12 Octobre – Madrid (Las Ventas) – 4ème de la Feria d’Automne – Presque plein – Vent, pluie et déluge : La corrida est sortie grande, lourde, pointue et solide. Du côté « idées », il y a eu pire. Cependant, aucun ne voulurent baisser la tête. Corrida surprenante de Nuñez del Cuvillo (il en sortit cinq), qui ne tomba pas, « bougea tout le temps », tête haute, idées noires. Les deux et troisième se montrèrent plus potables à la muleta. En ouverture, sortit un Valdeolivas, grand, très armé, sans grand fond.
    
Mariano Jimenez invite Luis Miguel Encabo à banderiller de concert. A la troisième paire, il improvise un cuarteo, sur une hésitation du toro. Il est pris de plein fouet, soulevé, cornéé en plein vol, à plusieurs reprises. Cornada impressionnante à l’aine gauche : 30 cms qui remontent et perforent les intestins, en plusieurs endroits. Gros puntazo en pleine poitrine. Des coups aux visage, au nez, à la bouche. Pronostic grave.
    
La corrida continue, Encabo estoque le Valdeolivas et recueille une ovation. On inverse les tours et Alfonso Romero prend son premier toro. Très bien au capote, le blond torero va faire  apprécier son sens de l’esthétique, lors d’une faena essentiellement droitière, hélas, mal terminée à l’épée. Ovation. Luis Miguel Encabo va peut-êtte laisser passer le toro de la tarde, le troisième. On lui reproche une grande monotonie dans son trasteo, uniquement droitier, allant « à menos », quand il voulut prendre la gauche. Il tua bas, ce qui n’arrangea rien. Ovation, seulement...
    
Sort le quatrième. Il fait du vent. Romero est encore bien, avec le capote. Le toro est compliqué, « se lo piensa »... Tout à coup, sur un cite au derchazo, la muleta un peu en arrière, le vent fait flamber la muleta, et le toro « découvre » le torero. La sanction est immédiate: charge soudaine, corne sûre. Les hommes se précipitent... un garrot, vite, avec un cravate et on emporte Romero  à l’infirmerie, où l’on n’a pas terminé l’intervention sur Mariano Jimenez. Là aussi, le pronostic est grave : 20 cms dans la cuisse droite, qui laissent « à découvert » les gros vaisseaux, sans toutefois les rompre. Gros dégâts musculaires.
    
Luis Miguel Encabo se retrouve seul, avec trois toros. Il se bat avec ce quatrième, et quand sort le suivant, la pluie s’en mêle. Encabo, tête claire, courage serein, va donner les meilleures passes de cape et de muleta que Madrid ait vues, cette année. Profondeur et esthétique, alliées à puissance et sens de la lidia. Cependant, il manqua « ce petit plus » qui fait l’exceptionnel. Il manqua, en particulier, le lié et la confirmation « avec la gauche »... Le cinquième ne lui permit guère de répit, et seuls quelques bravos saluèrent ses efforts. Dès la sortie du dernier, on pressent le tragique. Le vent tourbillonnant, roule des trombes d’eau. Tout le monde aux abris ! Encabo va se montrer admirable, héroïque. Sans se préoccuper de cette maudite muleta qui pèse des tonnes, mais que le vent met à l’horizontale, toujours au mauvais moment, le torero va construire un trasteo de qualité et d’émotion, coupant une oreille archi méritée, une oreille « en diamant »...

 

« MATADOR D’UN JOUR ».... « CANDIDAT » D’UNE SEMAINE...

     14 Octobre : Vous connaissez tous  Manuel Muñoz... Si, si ! Quand on vous aura dit que vous l’avez tous vu, dans la cuadrilla du Juli ; quand on vous aura dit qu’il porte des favoris à faire hurler de jalousie feu l’inspecteur Javert, aussitôt vous vous direz : « Ah, c’est lui ! ». Ben oui ! c’est lui. On l’appelle « Sevillita ». Très gentil, au demeurent, il est « le peon de confianza » du Juli.
     Comme beaucoup, il a caressé un jour, le rêve d’être « matador de toros ». Comme beaucoup, il a poursuivi quelques chimères. Hélas, quelques appelés, bien peu d’élus... (C’est comme chez les verts !) Cependant, ce statut privilégié dont il jouit, travaillant aux côté d’un indiscutable Figuron de la Toreria actuelle, lui a permis un petit caprice que l’on salue en souriant, mais qui  en même temps, fait un peu bondir de rage rentrée... Ce caprice : « Sortir, pour un jour, des rangs subalternes ; pour un jour, marcher en tête des cuadrillas ; prendre l’alternative, et dès le retour à l’hôtel, rentrer à nouveau dans les rangs des banderillero, des subaltrernes.... » Ne pas oublier que, jadis,  on appelait les peones « chulos »... Ce qualificatif peu flatteur a disparu, mais au fond, lui aussi, peut reprendre du service, l’espace d’un jour...
     On n’est pas « matador de toros », par caprice...Trop de jeunes hommes affamés, les yeux pleins de fièvre, pleins de peur, ont muselé leur doutes, leur rage, face à quelque injustice, pour se hisser au jour rêvé, celui de l’alternative. Trop de novilleros ont lutté, qui n’ont jamais pu y arriver. Trop se sont arrêtés en chemin, blessés dans leur chair ou au plus profond de l’âme. Trop y ont laissé plus que leur honneur...
     On se doit de respecter ceux qui sont partis au canon, devenant « matador de toros » et poursuivant leur étoile. Ils ont peut-être coulé, juste après. Ils ont peut-être disparu, après avoir lutté en vain, et pleuré de silencieuses larmes « assis chez eux », quelque 15 Août, alors que « tout le monde »toréait, dehors... On se doit de respecter cela. On ne peut prétendre à prendre l’alternative, seulement « pour se faire chaud quelque part », seulement pour écrire « matador de toros », sur une carte d’identité, ou pire encore, seulement pour justifier d’un statut supérieur quand viendra l’heure de la retraite... Ce n’est pas digne ! ce n’est pas correct, par rapport à tout ce sang versé, toutes ces peurs rentrées, tous ces rêves dont 80% se sont brisés... Ce n’est pas correct, par rapport à l’idée que l’on se fait d’un costume aux lumières d’or...
     C’est comme « être candidat à la présidence de la République »... Quel cachondeo !... Désigné candidat à la première place, celle qui se devrait d’être la plus haute, la plus digne, la plus respectable  et la plus respectée, on ne peut, ainsi, se ridiculiser et de tortueuses gymnastiques intellectuelles, circonvolutions oratoires, qui traduisent avant tout « un manque de pundonor », à faire pleurer. « Désigné volontaire » par quelques « éberlués de la touffe »... on ne peut prétendre un jour, à être le guide des français, et le lendemain, lâché par ses propres « frères d’armes à l’envers », sourire béatement en déclarant qu’au fond, cela a quelque chose de positif... De quoi de se cacher, de quoi fuir très loin et aller compter, un à un, les grains de sables du Sahara... Mais non, au contraire. On va, maintenant « faire le beau », se pavaner devant les caméras, comme tel autre qui « la ramène » à tout bout de champ, mais qui, à l’heure de prendre les responsabilités, dit : « non ! Non ! je ne veux pas »... Hombre ! On voit souvent ce cas de figure, en particulier dans les associations... Ces grands « ya qu’a ! » y pullulent, supervisant tout, exigeant tout, mais restant bien cachés, à l’ombre « de quelque statut »...
     « Tout savoir et rien payer ! » comme dit ma mère... Espla s’arrangerait pour tourner une phrase plus imagée et bien  plus claire, du style «Si tu prétends à être le plus haut, commence par mettre « los cataplines » sur la table... Sino « a callar » ! 
     Sevillita, lui au moins, a eu la pudeur de vêtir un costume d’argent, le jour de son éphémère alternative. Par ailleurs, « il s’est mis », devant deux toros.... Donc, malgré notre perplexité, « un respeto ! »
     Un autre regard admiratif pour tous ceux qui se sont battus, hier, dans un ruedo. Un grand respect à Joao Moura, fantastique rejoneador, qui, à cause de ce maudit rejon de muerte, a perdu tant de triomphe, tant de gloire. Hier, enfin, l’épée a fonctionné, et Moura est sorti a hombros de Madrid, en compagnie d’un formidable combattant, Andy Cartagena.
     Un saludo ! » aussi, et une grosse caresse, à « Cagancho », cheval torero de Pablo Hermoso de Mendoza, qui a encore pris une petit cornada, hier, à Juriquilla, au Mexique... Le cheval prodige, adoré des foules, n’aurait il pas droit, enfin, à un juste repos, histoire de se dégourdir les jambes, entre autres, et faire quelques nouveaux petits «Caganchos » ?
     En tous cas, tous ces « toreros », méritent un vrai regard d’admiration, quel que soit leur rang...Que conste !
     On y est.... 2001 s’en va, doucement. La saison se termine et on lutte pour la tête du classement : Finito, Ponce, Juli... En voilà trois qui vont batailler jusqu’au bout pour les maillot jaune... Mais, attention... « La Longo » n’est pas loin !

     13 Octobre – Madrid (Las Ventas) – 5ème de la Feria de Otoño – Corrida de Rejoneo – Casi lleno : Javier Buendia a préféré ne pas toréer. Il veut garder ses adieux pour Sevilla, et on le comprend -  Il s’est lidié six toros de Julio de la Puerta, qui ont permis aux trois cavaliers de s’illustrer, chacun dans son style – Joao Moura s’est montré « un maestro », à la fois classique et sobrement euphorique. Cette fois, enfin, le rejon de muerte ne l’a pas trahi. Le résultat ne s’est pas fait attendre : Oreill à chaque toro et « Puerta Grande » - Leonardo Hernandez a beaucoup lutté, beaucoup chevauché. Un vrai professionnel, « con pundonor » : Silence et oreille – Triomphateur total, Andy Cartagena, qui, peu à peu va créer un mouvement qui pourrait bien faire un peu d’ombre au « Navarrais ! »... Cela va devenir intéressant. Cartagena, malgré sa blessure, s’est montré tourbillonnant, en particulier, sur le le magnifique « Guitarra ». L’homme et son blanc compagnon ont oublié l’accident de Zaragoza, et ces terribles moments, coincés au planches, sous les coups du toro. Un milagro de Dios ! Guitarra a du avoir « double ration d’avoine », hier soir, tandis que son maître, sortait à hombros de Las Ventas, après avoir coupé trois oreilles. Le coup du sombrero !
     La Feria d’Automne 2001 se clôture aujourd’hui, avec un corridon de Adolfo Martin, pour Oscar Higares, Jose Luis Moreno et El Cid.

     13 Octobre – Zaragoza – 9ème de Feria – ¾ de plaza : Un désastre ! Une infumable sieste. Les toros venaient de trois élevages différents, mais se sont tous mis d’accord sur « un jour de grève ! ». Deux de Juan Manuel Criado (1 et 3ème) ; deux de Carriquiri (2 et 4ème)  et deux de Gabriel Rojas (5 et 6ème) . Total : Nada ! Rien ! Un toston. Caballero a vilainement laissé tomber en esquissant un bras d’honneur. Silence et bronca – Califa  a erré dans le ruedo, comme un somnambule (silence et sifflets) – Seul, Eugenio de Mora s’est accroché, avec les « moins mauvais », toréant templado, s’accrochant pour « essorer ses deux carnes », avec calme et élégance. Le public, qui s’est montré si généreux avec d’autres (Joselito, par exemple), ne lui a permis qu’une vuelta, au troisième.
     La feria se termine aujourd’hui avec une corrida de Samuel Flores, pour El Tato, dont on a murmuré qu’il pensait « arrêter un peu », Uceda Leal et Jesus Millan

     13 Octobre – Los Barrios (Cadiz) : Corrida  spéciale au cours de laquelle « Sevillita » a pris « l’alternative d’un jour », des mains de son patron et ami « El Juli », en présence de Rafael de Julia - Six toros de six élevages différents : Gavira, Santiago Domecq, Jandilla, Torrealta, Torrestrella, Salvador Domecq, choisis pour l’occasion
     Juli et Rafael de Julia ont coupé trois oreilles chacun. Bien ! – Manuel Muñoz, vêtu de blanc et argent, con chaleco de oro, n’a pu qu’être digne, devant son premier, éteint. Il joua, par contre, les trémendistes devant le sixième, reçut à genoux et toréé avec grande vaillance. Deux oreilles et « salida a hombros... d’un jour ! »
     Un joli détail : « Sevillita » a brindé au ciel, a l’ami disparu, à Paco Rabal « Juncal ». Il lui avait promis, un soir d’aficion partagée, de l’inviter à son alternative. Promesse accomplie, même si le vieux torero n’aura pu assister à ce joyeux événement que « depuis une barrera du ciel »...

     13 Octobre – Huercal Overa (Almeria) – ¾ de plaza : Toros de Jodar y Ruchena : Bon le 4ème, « malos », les 1 et 6ème – Enrique Ponce coupe les oreilles et le rabot que quatrième – Finito de Cordoba obtient les deux oreilles du cinquième – Francisco Barroso : Une oreille de chaque toro – Tout le monde « a hombros ».

     13 Octobre – Calanda (Teruel) : Trois toros de Chjarro de Llen (1,2et 6ème) et trois de Sepulveda. Le sixième fut le bon tirage – Manolito Sanchez coupe une oreille du quatrième – Tato sort triomphateur aux points, avec trois oreilles – Javier Castaño, ovationné à son premier, coupe les deux oreilles du dernier. On murmure que les Chopera vont encore le garder cette année. Hum !

     Ce dimanche 14 Octobre, Richard Millan fait ses adieux, à Floirac. A priori, il fera beau : Toros de Javier Perez Tabernero, pour Milian, Fernandez Meca et Denis Loré qui, au dernier moment, remplace Antonio Ferrera qui a envoyé « un parte »... « L’appendicite dacquoise » referait elle surface ? C’est l’empresa qui a du apprécier...

 

AU REVOIR...  ADIEU, PEUT-ETRE !

     15 Octobre : Il y a eu , hier, quelques « larmes rentrées », sur toute la surface de la planète taurine. Des larmes d’amertume pour certains, des larmes d’émotion pour d’autres. Il ne peut y avoir « larmes de bonheur, chez un torero qui se retire... La conscience d’avoir bien fait son travail, d’être « passé au travers », peut-être ! Mais aussi, la question qu’ils se posent tous : « Comment je vais réagir, les jours de corridas prochains, sur les coups de cinq heures, au moment où « il fallait s’habiller » ?

 Les lumières du costume ne brillent guère, dans l’armoire. Par contre, la tête doit avoir, bien rangés dans un tiroir secret, tous les souvenirs, de triomphes, de déroute, de joies et de peines, qui ont jalonné une carrière honorable...
     Au revoir, Monsieur Raul Gracia Herrera... On vous appelait « El Tato » !
     « Le jour où je me retirerai, je serai assez grand pour l’annoncer tout seul ». Cette déclaration avait répliqué à l’annonce de Simon Casas, lors de la présentation des cartels du Pilar. C’était le 11 septembre, jour maudit. De fait, il y avait anguille sous roche, et effectivement, El Tato dit au revoir, et peut-être adieu. A 29 ans, ce fils du concierge de la plaza de Zaragoza décide de se reposer, après 9 temporadas au cours des quelles il a toréé 487 corridas et coupé 560 oreilles et 21 rabos. Torero puissant, dans tous les sens du terme, le Tato aura réussi une carrière des plus honorables, marquant l’escalafon de son sérieux, de sa technique et de son sens de la lidia. On retiendra bien sûr, ses grandes actuaciones de Séville, et, chez nous, de grands moments, notamment avec les Victorinos de Mont de Marsan.
     Un autre a dit « Adieu »... Richard Milian. Vingt ans d’alternative, vingt ans à défier le destin, vingt ans à se rire de la Camarde. Il fit rêver l’aficion française, en 79/80. Il la fit applaudir, sitôt l’alternative, des mains de Paco Camino et en présence du « Manué » El Cordobes, à Dax, en 81. Puis, il la fit blêmir, hurler de peur, parfois et même souvent. Richard Milian, « coeur de lion », par la force des choses... On aurait pu dire aussi, « un chat, malin comme un singe ! », mais cela aurait été « moins joli, moins torero ». Formidable vitalité de ce catalan, qui, aux mauvais coups répliquait par le sourire et « la gouaille torera... ». Bon repos, et  « a disfrutar de la vida !
     Un autre a dit au revoir... Un ganadero ! Mais là, ce n’est pas volontaire. Monsieur Adolfo Martin a connu un désastre tel, lors de la dernières corrida de la feria d’Automne, à Madrid, qu’il aura du mal à y remettre les pieds, après une saison désastreuse, à Las Ventas. On se souvient du scandale de la San Isidro, lors de cette cette course annoncée à grands cris, mais qui se termina en déroute, José Tomas refusant d’estoquer un toro. Adolfo Martin avait envoyé neuf toros, hier, à Madrid : Un fut refusé par les vétérinaires, parce qu’il ne faisait pas le poids minimum, trois autres pour manque de trapio. Il en sortit donc quatre : invalides ou imbuvables... 2001 est un énorme revers pour Adolfo Martin qui aura bien du mal à rejoindre « qui vous savez » au « top ten » ganadero. Au revoir, donc ! Tout est à refaire ! Et va falloir vite rectifier, sinon  « Adieu, Berthe ! »

     14 Octobre – Zaragoza – Dernière de Feria du Pilar – ¾ de plaza : Corridon épouvantable de Samuel Flores. La plus grande et la plus mansa que l’on puisse imaginer. Destartalada y con mucho sentido ! Seul le quatrième se laissa voler quelques passes. Le cinquième, de 689 kgs était de Doña Agustina Lopez Flores. Pas mieux ! – Vêtu de tabac et or, El Tato a fait son dernier paseo dans une plaza qui est « doublement » la sienne, et où, pourtant, on ne lui passe rien. Il ne put que constater les dégâts, devant le premier, et, par contre « accrocha » le quatrième (« Locona » - 606kgs, le toro de l’adieu)  qui chargeait un peu, mais tête haute. Le torero, peu à peu, réussit à baisser la main gauche, et tua vite, coupant une dernière oreilles qui aurait du être bien plus fêtée – Uceda Leal ne put rien avec l’un, et ne voulut rien, avec l’autre : Silence et bronca – Jesus Millan a passé une sale après midi. Le troisième était un gazapon fuyard qu’il fallu poursuivre en courant, jusqu’au descabello final. Mais impossible de le coincé et la délivrance n’arriva qu’à la sonnerie du troisième avis. Compréhensive division d’opinions. Le jeune essaya bien de convaincre le dernier, se faisant sérieusement menacer. Mais là également, ce fut peine perdue et la dernière prestation de la feria se termina...en silence.

     14 Octobre – Madrid (Las Ventas) – Dernière de la Feria de Otoño – Lleno : Désastre ganadero ! Mansada intégrale ! Rien ! Ni les quatre d’Adolfo Martin (sortis 1,3,5,6èmes) , ni le grandullon de Valdeolivas (4ème), ni l’invalide de Flores Tassara, en sobrero du 2ème, n’ont laissé la moindre chance à la terna, qui est repartie comme elle était venue : en silence. Désastre ganadero qui réduit à néant les espoirs toreros. Ont fait ce vain paseo : Oscar Higares, Jose Luis Moreno et  « El Cid ».

    14 Octobre – Floirac – Media plaza et beau temps : (De notre correspondant) Une chaude ambiance pour la despedida de Richard Milian, avec quelques trouvailles, pour l’anecdote, qui ont, somme toute, fait passer une bonne après midi à ceux qui voulaient dire « adieu » au torero de tant de tardes de rage, de poussière et de sang. Les toros, de Javier Perez Tabernero, sont sortis très correctement présentés, avec un comportement honorable. On retiendra, en particulier, un très bon premier.
     Richard Milian a coupé une oreille à chaque toro, sortant a hombros, porté par ses compagnons de cartel, Fernandez Meca et Denis Loré. Milian a été « tel qu’en lui même », virevoltant, mais peu engagé, vendant bien son toreo. Le premier toro méritait peut-être plus, mais on ne fera pas fine bouche. Par contre, le quatrième était un tout autre client qui prit très violemment  le torero, au sortir du capeo de réception. Méchantes secondes, dont Richard se sort, encore une fois, sans bobo apparent (histoire de toute une vie torera), revenant au combat, et brindant son dernier combat à ses proches : son père, sa femme et ses enfants. Faena habile, épée tombée, d’effet immédiat, y adios ! –Stéphane Fernandez Meca a été « en torero » toute l’après midi. Sobre, technique, « taurinement correct ». Mais hélas, le matador n’a pas été à la hauteur du muletero, et les deux faenas se sont terminées dans le silence poli, après deux avis, chaque fois. Dommage, en particulier devant le bon cinquième, où Stéphane avait invité Juan Bautista , présent « de paisano », au callejon de Floirac, à partager un quite « al alimon » - Denis Loré, appelé au dernier moment pour remplacer Ferrera, a fait les meilleurs choses de la tarde. Malheureux à la mort, face au troisième, il se joua du dernier et coupa une juste oreille. A signaler qu’il avait offert les banderilles  à Milian et au Chano, ce dernier se montrant, encore une fois « superior ! ».

    14 Octobre – Belmez (Cordoba) – ½ plaza (avec El Juli) : Bonne corrida de Manuel Gonzalez et Sanchez Dalp – Le Finito de Cordoba se fait siffler devant le premier, mais rectifie, au quatrième : deux oreilles – Joselito de la Vega, avec les faveurs du public, coupe trois oreilles – Juli, sûrement vexé de ne pas remplir, « met la gomme » : quatre oreilles et un rabo...

 

LA POUDRE AUX YEUX…

     16 Octobre : On le sait, on ne plaisante pas avec « ces choses là »…
      Les USA sont plongés dans une compréhensible angoisse, et nous, sur notre vieux continent, avouons que… Décidément, 2001 aura été une bien détestable année… De l’ESB au « charbon » ; de la fièvre aphteuse à toutes ces saloperies qui flottent autour de nous quand nous croyons nous baigner, tranquilles, en Atlantique ou Méditerranée… on peut dire que 2001 aura été « l’année des chimistes »… pour le malheur de tous ! Enfin, espérons que, malgré les conflits, malgré la totale perte du sens de l’Honneur, y compris dans la guerre, les hommes sauront un peu de raison garder. C’est une pieuse prière (encore une !)… Mais on n’y croit pas trop… Les images des « twin towers » de New York font encore plus mal, aujourd’hui… Elle font plus mal car déjà perdues au milieu d’une « autre actualité »… Et pourtant, elles nous reviennent, au détour d’une carte postale, ou de la brochure d’une agence de voyage… Que tristeza ! Non vraiment, un toro n’aura jamais eu autant de « sentido », autant de « genio », autant de « mansedumbre » que ceux qui ont fait cela… et qui préparent le reste.
     Mais enfin, le monde continue à rouler son histoire, et personne ne pourra rien à son inéluctable destin… Suerte para todos !

   En parlant de « poudre aux yeux », on voulait tout simplement rester dans notre sphère taurine, et aborder le simple sujet des changements d’apoderados et des « culebrones », les « feuilletons de l’hiver ». Chaque année, il en est de même. Donc, à l’aube de la froidure, deux titres à la une :  « Ojeda revient ! » et « Quel apoderado , pour qui, en 2002 ? »

       Paco Ojeda revient… Bien ! Depuis Septembre, on murmure de plus en plus fort que l’ex génie de Sanlucar de Barrameda veut faire un gros « come back ». Malgré l’admiration et toute l’amitié que nous lui vouons, ou justement à cause de cela, nous pensons que c’est une erreur… Le toreo a changé ! le toro a changé ! l’homme a changé ! On peut donc se demander ce que pourrait produire dans le public, un Ojeda « descafeinado », incapable de rester tranquille, le silhouette épaissie, le regard évadé. Par ailleurs, le public a également changé… Aussi, on ne voudrait pas voir le Sanluqueño « patiner » sous quelques quolibets, devant des plazas à demi vides, (ou à demi pleines, si on veut rester « positifs »). Restons sur nos souvenirs et gardons nos émotions, bien au chaud…Sevilla 83, Malaga 85, Salamanca 85, Jerez 86, Nîmes, toujours…
     Paco Ojeda a quitté le toreo « en ne pouvant plus »… à la fois « avec le toro », et « avec le public » qui, on le sait, en veut toujours plus et adore brûler ce qu’il a adoré. Il est revenu, par le biais du Rejoneo et, en quatre ans, est monté « au plus haut ». Tout à coup, il vend ses chevaux, et replonge dans ses pensées… Il faut bien dire qu’on a du mal à suivre ! Le voilà, aujourd’hui décidé à revêtir le traje de luces, et attaquer fort, d’entrée : La confirmation d’alternative à la monumental de Mexico ! Rien que cela. Celui qui n’alla pas se frotter aux 48000 spectateurs de la Mejico, quand il était au zénith, veut arriver « comme cela », et faire le paseo devant des spectateurs qu’on aura bourrés d’images et d’anecdotes qui datent de dix ans… Cela ne peut pas marcher, d’autant que l’ambiance à Mexico n’est pas à l’euphorie ni à la bienveillance… Il semble, d’ailleurs que l’on ait su recouvrer quelque raison, puisqu’aux dernières nouvelles, Paco Ojeda n’irait plus… en raison d’un désaccord « au plan économique ». Ca, c’est facile ! Si on « veut y aller », tout en « ne voulant pas y aller , on demande un cachet exorbitant, puis on met la responsabilité de l’échec sur  l’Empresa… Facile, et connu ! Donc, pour le moment, Ojeda ne réapparaîtra pas à La Mejico, mais on annonce des négociations pour la feria de Quito…
     Ca, c’est couru : Cela va finir en début mars 2002, à Olivenza, au côtés du Jesulin et du Juli… On parie ? Pourquoi pas, ce serait déjà pas mal… Le problème, c’est la suite ! Enfin, attendons, mais pas trop longtemps !

     L’hiver, c’est aussi un immense champs de bataille où les destins se croisent, les espoirs se font et se défont, à coup de négociations secrètes, de fausses nouvelles et bien entendu.. de millions ! Cette année, cela débute très tôt. C’est à cause de l’Euro : Deux heures pour une poignée de main…quatre jours pour traduire le contrat d’exclusive dans la nouvelle monnaie. Ayyy ! Où est passé le bon temps des « cincuenta mil duros » ?
     On murmure que…
     Rivera Ordoñez laisserait tomber Camara et confierait ses intérêts à Jose Luis Segura. Tiens ! Celui-ci ne garderait que Jesulin, car Padilla s’en irait avec Diego Robles, c’est à dire Matilla, c’est à dire… Balaña.
     Morante de la Puebla pourrait bien confier ses affaires à Rafael Moreno, qui se retrouve sans Espartaco, retiré, et sans Pepin Liria, qui pourrait bien s’en aller avec Victoriano Valencia, séparé del Cordobes. Le Morante avec un indépendant, qui ne serait « qu’avec lui » et qui aurait la même conception du toreo… Pourquoi pas ? Mais, à condition « d’être à fond », chaque jour… Rafael Moreno n’aura pas « toute la force » pour éponger les « hauts et bas » du torero de la Puebla…
     On murmure que le fougueux Antonio Ferrera laisserait tomber le sage Luis Alvarez pour s’en aller vers Simon Casas… Ce serait un bien… pour Luis Alvarez !
     On murmure que, malgré ce qui s’est dit… Castaño serait bien lâché par les Chopera (à moins que cela soit « lui qui… ») : qu’Uceda Leal quitterait Simon et que Davila Miura laisserait Dorado…
     On murmure tant de choses… qu’elles sont souvent vraies ! Parfois, bien sûr, elles ne sont que « poudre aux yeux ! ». Mais attendons, veillons et faisons en sorte, ailleurs, de ne pas faire… « parler la poudre » !

 

PAS D’AMITIE QUI TIENNE…

     17 Octobre : Ils se font de grands sourires devant tout le monde, mais, sitôt le dos tourné, déclenchent le feu des petites phrases assassines, ou envoient leurs sbires cravatés « écrire un bouquin », sorte de bloc-notes des vacheries, où le patron, bien sûr, a toujours le beau rôle, et l’autre, bien entendu, toutes les tares du monde… Et pendant que tout ce petit monde s’amuse follement à s’égratigner, les policiers se font tirer comme des lapins, résultat d’un laxisme et d’une démagogie « politico philosophique » déplorables, tandis que, pour faire passer des tonnes de pilules, on vide allégrement les caisses avant le printemps prochain, et l’on « augmente la prime », comme une petite aumône avant les futures galères.
     Ayyy ! Donde esta el pundonor ? Il n’est plus nulle part… Ni de droite, ni de gauche, ni vert, ni rose, ni rouge… Il est « ailleurs », comme Jobert !  Il est chez les milliers de gens tout simples, qui, chaque jour, vont gagner leur pain, en sachant très bien qu’une partie de leurs efforts servira à « ceux qui ne veulent pas en faire… ». Trop aisés pour se voir rétrocéder une partie du gâteau, mais quand même « trop serrés » en fin de mois, ils n’ont droit à rien, même pas brûler des voitures, casser des vitrines, voler, violer, racketter, attaquer, dealer… Même pas !  Pourtant, malheur à eux s’ils « dépassent le 60 », ou brûlent un feu rouge… Là, le super radar qui les prend  à 25 kilomètres de distance, tellement furtif que les gendarmes ne sauront même plus où ils l’ont placé, fera son office… « Le crime » consommé, confirmé sur papier, sur video, sur internet… il ne leur restera plus que la bourse à ouvrir, les yeux pour pleurer et … « les boules au plafond » !  C’est ainsi ! 

     « Dans les toros… » il est rare que les ruptures entre toreros et apoderados se passent mal. Du moins, face aux médias et donc, au public. On dit toujours que l’on s’est mis d’accord et que, bien sûr, tout s’est fait en parfaite amitié. Chacun s’en va de son couplet, et ne tarit pas de louanges envers l’autre… Mais, une fois seul, une fois la porte bouclée… les visages s’allongent et les noms d’oiseaux voltigent, entre deux bras d’honneur…

     Là, au moins, c’est clair : Au retour du sorteo, hier, à Jaen, Pepe Luis Segura a fait savoir à Juan Jose Padilla qu’il n’appréciait pas « du tout », les négociations qu’il menait en secret, mais au su de tous, avec d’autres hommes d’affaires taurines. Sur ce, il fit sa valise et prit la route, sans voir la corrida. Fin du premier acte…
     Padilla se gratta la tête, un instant, s’en alla couper deux oreilles, devant « moins d’un quart de plaza » et, au retour, après la douche, déclara qu’il n’était pas content du déroulement de la saison actuelle : Trop de corridas dures et rien de signé aux Amériques… Hombre ! L’Amérique « était à Bilbao », le 25 Août, avec les six Miuras. Qui a voulu y aller, malgré tout, et malgré tous ? Bilbao était « le virage » de sa carrière ! De fait… ce fut un mirage »…
     Segura est resté très calme et a sorti « l’argument qui tue » : « Quand j’ai pris Padilla, il touchait un million de pesetas… Il en touche aujourd’hui, cinq et demi ! ». Clair ! Ces deux là, malgré les futurs abrazos, ne passeront pas leurs vacances ensemble…

   Un autre qui a pris la mouche, « El Califa »… Depuis 1995, il était « managé » par un ami, apoderado de circonstance, totalement indépendant. Souvent, ils sont les meilleurs, les plus humains… mais aussi, les plus fragiles ! Le torero est là, dans les profondeurs du classement, et l’empresario ne ménage pas ses efforts pour lui signer quelques course. Il est là, à ses côtés, apoderado, premier supporter, père, frère, confident… Tout va bien, tant que l’on reste « entre deux eaux »… Paradoxe ! Et, tout à coup, ne voilà t’il pas que le torero  met « un tabaco » de première, coupant les oreilles en pleine San Isidro, remportant tous les trophées… Du coup, le panorama change, on ajoute des zéros partout, on doit acheter trois portables, cinq plannings, etc…

       Tout cela, c’est bien si on a « un peu de force », si l’on a une contre partie à faire valoir… Pour peu que, fort de son indépendance, on n’ait rien à opposer… pour peu, par ailleurs, que le torero ne donne pas tous les résultats souhaités… on arrive, très rapidement, aux moues dubitatives, aux regards en dessous, aux reproches à peine voilés… ou aux franches engueulades.
     Un apoderado indépendant, aujourd’hui, ne peut tenir, face aux « multinationales taurines », que si son poulain est une indiscutable Figura ! Un exemple : Luis Alvarez, avec Cesar Rincon. Sinon, les grands vont le coincer quelque part, l’acculer en quelque mauvais coup. Le torero fera face, une, deux fois, puis s’émoussera. Cela finit souvent par un gros coup de corne…
     Où en serait le Califa, aujourd’hui, s’il avait, dès le début, appartenu à une « grande maison » ? Peut-être tout en haut. Au lieu de cela, il a passé la plus noire saison qu’un ex triomphateur de la San Isidro n’ait cauchemardée ! Angel Grau, son apoderado a voulu brûler quelque étape, a beaucoup éxigé, a obtenu « un peu », et perdu beaucoup… Séville et Madrid 2001 « sans eux ! », chaque magnat se mettant d’accord avec les copains sur une attitude de dédain… Du coup, le Califa se traîna, prit « le » coup de corne, et navigua « à vue », sans parvenir à redresser la barre. A part un gros moment, à Pamplona, la télévision ne lui permit pas de montrer « qui il est », et, du coup, les autres se sont renfoncés dans leur fauteuil de cuir, avec cigares, wiskies, p’tites pépées.. et toreros vedettes qui ronronnent amicalement, devant des novillos déguisés… A peine exagéré, mais !
     Hier, Jose Pacheco « El Califa » a déclarait qu’il rompait ses relations d’affaires avec Angel Grau… Mais, pour le coup, on espère qu’ils resteront encore amis.
     Qui sera, l’an prochain, l’apoderado du Califa ? Il y aura du travail… Un indépendant, un peu plus fort, un peu plus musclé… un de ces rêveurs qui, d’une pierre brute, a déjà fait quelque précieuse émeraude… Et pourquoi pas ?
     Qui vivra verra… Mais en tous cas, « ça sent la poudre » !

 

JAEN… DERNIER EPISODE, EN CATIMINI…

     17 Octobre : Dernière feria de la saison, Jaen présente, cette année, huit spectacles, du 14 au 21 octobre : cinq corridas, une de Rejoneo, deux novilladas. Les corridas ont débuté hier, et il faut bien dire que, jusqu’à present… personne dans les gradins… Victorino Martin dit à tous que le monde taurin est en crise, et il a raison. Seule, la France…
     Deux novilladas ont ouvert les débats, les 14 et 15 Octobre : Le premier Jour, on a donné vuelta au deuxième novillo, de Manolo Gonzalez. Le autres, de San Miguel donnèrent du jeu. Octavio Chacon et David Galan coupèrent deux oreilles à un novillo, tandis qu’Andres Luis Dorado ne faisait qu’un trophée – Le lundi 15 était marqué par un gros drame, dont les suites heureusement, ne semblent pas avoir de trop graves conséquences : En voulant fixer, à la sortie, le sixième novillo d’Enrique ponce (le lot fut très dur, « con sentido y genio »), le banderillero du Sombrero, Alfredo Gonzalez se fait prendre et tombe sur les cervicales. Les minutes qui suivent sont dramatiques : paralysie de membres. Le cauchemar renouvelé ! Heureusement, le torero semble se remettre de cette énorme contusion « cervico dorsale », et recouvre peu à peu toute sa mobilité. On l’espère, de tout cœur – La novillada a été très dure, pour les débutants : Anton Cortes, Alfredo Guzman et Sombrero ont fait le maximum… Unique vuelta pour Guzman…
     Hier, première corrida, avec un cartel bandreillero… « hubo poca gente ! ». Cela devrait s’arranger, à partir d’aujourd’hui, avec l’entrée en lisse des « gros bras »…Joselito, Ponce et Finito..

     16 Octobre – Jaen – 3ème de Feria – Moins de trois quarts d’entrée : Corrida mal présentée et mansa, de Marcos Nuñez, les 1,4 et 5èmes permettant d’être dignes – Padilla fit le nécessaire pour couper deux oreilles au quatrième. Il remua beaucoup devant deux toros qui « bougeaient moins », et tua bas – Luis miguel Encabo démontra, encore une fois, fermeté et toreria. Deux ovations – Antonio Ferrera coupa l’oreille du troisième, en mettant toute la vapeur, brillant à la cape, « aguantant » jusqu’à la dernière limite, avec la muleta… (Au fait, il allait bien mieux !)… 
 

JAEN : LA « VRAIE » GRACE D'UN TORO… 

   18 Octobre : Aujourd’hui, nous allons rester dans notre monde « à nous »…Point de poudre noire, celle des canons qui tonnent. Point de blanche maladie en farine, affolant les uns, donnant prétexte à d’autres pour, encore une fois, ne plus travailler…
     On va rester entre nous, et parler « indulto »…
     La grâce d’un toro, lorsqu’elle est justifiée, est un des moments les plus émouvants qui soit donné de vivre à un Aficionado… et même à un néophyte, présent là, par hasard. Bien sûr, la polémique, bien souvent, fait suite à l’euphorie : trapio réduit, une seule pique, « mimado en varas »… Bien ! Mais, ne boudons pas trop notre plaisir. Il est si rare.

 
     Le toro est sorti « avec alegria », fixe dans les capes, accourant au moindre appel. Au cheval, il est parti droit, a mis la tête dans le peto, et à poussé, en mettant les reins. Il a fallu insister pour le sortir, mais il est venu, comme à regret, et s’est montré noble au quite. Par trois fois, il est reparti au fer… Les banderilleros se sont régalés devant sa charge claire, son galop régulier… Bien sûr, à la muleta, ce fut un crescendo, et le matador devenu « ami » s’est abandonné au va et vient du toro, au point que tout danger passe à l’oubli, et que le combat devient ballet…
     Dans les gradins, un murmure, une rumeur qui enfle, tandis qu’on s’agite dans le callejon. Les picadors arrêtent de bavarder. Les toreros collègues ont les yeux fixés sur le copain qui sculpte un faenon. « Maldita sea ! Si j’avais pu tomber sur celui là » se disent ils, mi jaloux, mi admiratifs et fiers. Dans leurs burladeros d’invités, les politiques se sont réveillés ; les revisteros ont laissé tomber carnet et stylo… On verra après ! Peu importent les trois séries de droitières et les cinq naturelles de face… on racontera l’émotion !  « Il se passe quelque chose »…
     Tout à coup, un cri, un puis dix mouchoirs. En un instant les cris sont milliers et les mouchoirs s’agitent, frénétiques. On demande que ce toro-là ait la vie sauve… Le matador, lui aussi ému, s’arrête un instant, regarde le public et se tourne vers la présidence… « Que fais-je ? Ce toro est vraiment fabuleux, et il mérite l’indulto ! Alors, monsieur le président, que dois je faire ? » Au palco, le président se penche à gauche, puis à droite (ou inversement !) et sort le mouchoir de la grâce. Il est de soie orange. Bof ! On aurait pu trouver mieux, peut-être. Peu importe, la décision est prise, le toro est gracié.
     Et c’est là où l’on peut discuter… Pourquoi simuler la mort ? S’il est gracié… il est gracié, point final. On arrête, on lui « serre la patte », on le félicite et on le renvoie au corral, au son de la musique et des ovations.
     Au lieu de cela, le torero met une dernière série, cadre le toro, jette son épée, et attaque une estocade « al viento », touchant le toro au passage, de la paume de la main, au risque de se blesser à quelque banderille. La plupart du temps, ces estocades simulés sont horribles… Autre possibilité, le matador échange son épée contre une banderille et porte une  « une estocade banderillée » au garrot ensanglanté de celui qui a déjà trop souffert. Paradoxe ! Il est gracié, et on lui fait une nouvelle blessure… Eso no va !

     Hier, à Jaen, le Finito de Cordoba, pour sa 102ème et dernière corrida de la saison, est tombé sur un fabuleux toro de Buenavista. Après une faena monumentale, on a gracié le toro, et le Finito n’a pas simulé l’estocade. Quand le mouchoir est tombé, l’ovation a été telle que tous se sont levés et le toro est parti, doucement, vers le toril, tandis que les toreros s’embrassaient… Bonito !
     Hier, à Jaen, un petit toro de Buenavista a offert au cordouan son plus beau cadeau de mariage puisqu’après demain, samedi 20 octobre, mesdames, vous pourrez continuer à rêver du beau Juan de Cordoue… mais de loin ! Décidément, le Finito de Cordoba a vécu sa meilleure saison…

     17 Octobre – Jaen – 4ème de la Feria de San Lucas – Plus de 2/3 de plaza : Quatre toros de Buenavista, de souche Juan Pedro Domecq, appartenant à Clotilde Calvo, correctement présentés, sans plus, et au comportement inégal, allant du manso cinquième au royal troisième « Raguidor » (d’autres parlent de « Regidor »), N°57 – 463kgs. Pour compléter le lot, deux Daniel Ruiz, petits et mal armés, sortis en premiers.
     Grand moment de la corrida, et de la temporada, la lidia aboutissant à la grâce du troisième, « Raguidor », par Finito de Cordoba. Le toro est sorti avec feu, s’est montré brave en deux piques, prises avec fijeza, est venu de loin aux banderilles, et s’est grandi, avec caste et noblesse, à la muleta. Le cordouan, qui avait sculpté quelque véronique, à la cape, s’est enivré de toreo : derechazos d’une incroyable profondeur, « arrêtant le temps », lents pechos tournés vers l’épaule contraire ; naturelles de soie… tout y est passé, le torero s’abandonnant totalement à son art et à la merveilleuse complicité du toro. Un monument et, bien sûr, l’indulto… Dans le callejon, les toreros ont fait la fête au Finito, et « Raguidor » s’en est allé vers une paix bien gagnée. Deux oreilles et le rabo, symboliques, et un Finito de Cordoba, fou de bonheur, qui finit sa grande saison en apothéose, et se marie samedi ! Enhorabuena ! Comme dernier présent, le public de Jaen lui fit couper une oreille au dernier, avant de l’enlever à hombros, en compagnie de Ponce et du Mayoral de « Doña Clotilde »…
     Joselito a été mauvais, ne pouvant faire grand chose devant le premier, rajado, qu’il tua d’un « bajonazo bien bas » et faisant vraiment la gueule, face au quatrième. Sifflets et applaudissements – Ponce a, encore une fois été « en grand seigneur du toreo ». Mal servi, il dut « soutenir avec grâce » le faible deuxième, et « s’habilla en professeur » face au manso cinquième. Une nouvelle bonne leçon. Oreille de chacun, et sortie en triomphe, accompagnant le grand bonhomme de la journée Finito de Cordoba, tandis que, dans les corrales, on s’affairait auprès du vrai grand triomphateur de la journée : «Raguidor », un petit toro magnifique, de Buenavista, le bien nommée…

     A feria se poursuit aujourd’hui, 18 octobre, avec une corrida de Jandilla pour Enrique ponce, qui double ; El Juli et Alejandro Amaya, ce mexicain qui torée « con empaque gitano » et qui prendra une alternative « de lujo » ! Suerte !
     A noter que la corrida de demain, 19 octobre, sera télévisée en direct sur « la 2 » Espagnole, à partir de 17h55. Au cartel : Juan Mora, Caballero et Miguel Abellan.

 

FINITO, PONCE, JULI : SUPER « DER DE DER »…

     19 Octobre : Magnifique « dernière ligne droite » des trois ténors de la Temporada 2001. En deux corridas, en plaza de Jaen, dans la chaude ambiance, certes « triunfalista » de la San Lucas, les trois matadors ont signé l’histoire d’une saison où ils ont fait assaut de talent et de pundonor. A ce niveau là, ce fut une grande saison…

     2001 démarrait, avec, sur le lèvres de tous, le nom de José Tomas. A n’en pas douter, le torero de Galapagar allait tout renverser sur son passage. Du coup, ponce pouvait penser à la retraite, le Juli pouvait aller faire un tour dans quelque cour de récréation. Quant au Finito… qui pouvait penser çà lui, comme maillot jaune de l’escalafon ?
     Jusqu'à Madrid, il faut bien dire que tout semblait se confirmer : absent volontaire de Valencia et Castellon, Jose Tomas faisait une entrée fracassante à Séville, sortant par deux fois par le Porte du Prince, et recevant, à sa troisième sortie, une cornada qui ajouta quelques degrés d’émotion à son triomphe. La « Tomasitis » était servie. Les publics se pressaient à sa moindre apparition, applaudissant ses moindres faits et gestes. Pendant ce temps, Finito avait donné quelques bons détails ; Ponce ramait et le Juli avait été brillant à Valencia et Séville, mais… Le Mundillo était « Tomasisé »…
     Madrid, encore une fois, changea la donne : Ponce se battit en vain lors de son unique paseo ; Finito et Madrid, on le sait, ne s’entendent plus depuis longtemps. Le Juli, quant à lui, hissa le drapeau du pundonor, du toreo d’entrega, s’arrima tellement qu’il prit un gros coup de corne. Vint s’adjoindre à ce trio le Morante de la Puebla, auteur d’une formidable tarde d’inspiration torera.
     Jose Tomas avait deux contrats. Il patina fort, devant les toros du Puerto, et « explosa » littéralement devant les toros d’Adolfo Martin. Cela se termina par le refus d’estoquer le cinquième toro, les trois avis et une sortie houleuse. Il y a peu, cela se serait terminé en prison…
     Ce fut le déclic ! Jose Tomas essaya bien de redresser la barre, mais le public n’oublie rien. Et, de toutes façons, le presse est là pour lui rappeler ses errements. Le mois de juin fut probablement un vrai calvaire pour Jose Tomas, qu’on l’envoya « en vacances », début juillet. Elles lui furent profitables, le temps de quatre courses, car un toro lui luxa le coude, à Santander, et le torero se retrouva, encore une fois, sur la touche. Le retour fut diversement apprécié, en particulier à Bayonne, et il faut attendre Valladolid, pour retrouver Jose Tomas, « tel qu’on l’aimait »…
     Et pendant ce temps, le Juli menait, tambour battant, une saison de guerrier, alternant les coups de génie torero (Pamplona - Valencia) et quelques gros ratages (Mont de Marsan). Cette croisade connut un coup d’arrêt  à Malaga, ce qui donna au Juli l’occasion de signer un des hauts faits de la saison : Revenir, une semaine après, avec la cornada ouverte, rien moins que face à des Victorino, à la Feria de Bilbao. Ce fut un triomphe, ratifié le lendemain, au prix d’une nouvelle blessure « de espejo », la lèvre supérieure fendue en deux. Un vrai coq de combat, un vrai gladiateur, qui continuera sa saison, marquée du sceau de la fierté « torera » et de l’Aficion.
     Finito joua la régularité et marqua son chemin de formidables moments. Ce fut « la » surprise de la saison. Peu d’aficionados aurait parié sur la constance du Finito de Cordoba. Toréer 102 corridas n’est pas une mince affaire… Mais, 102 paseos et plus de 204 toros, quand on est un torero artiste, voilà qui est remarquable. On y reviendra plus longuement.
     Reste Enrique Ponce… Le valenciano a peut être fait la meilleure temporada de sa vie. Celui qui arrivait à presque « horripiler » les spectateurs, par son insolente technique, son incroyable facilité, est devenu un torero artiste, mêlant efficacité et abandon, technique et improvisation, toréant à gusto, parsemant son toreo de trouvailles qui ravissent les yeux… Dire quelle fut la meilleure tarde de Ponce, cette année, relève de l’impossible. Il faudra demander à un de ses plus fervents seguidores de nous le préciser, mais on peut penser qu’il hésitera longtemps : Madrid Vista Alegre ? Badajoz ? Valladolid ? Zaragoza ? Dax ? Allez donc savoir… Enrique Ponce, comme le bon vin, s’est bonifié, et il est probable que « tous en redemanderont » pour 2002. Nous aussi…
     A Jaen, les trois ténors se sont dit « au revoir, à la saison prochaine ! », en triomphant au plus haut : Finito, avant-hier, en montant un faenon au toro gracié de Buenavista, qui s’appelait en fait « Diminuto », et non « Raguidor ». Hier, 18 Octobre, Enrique Ponce et le Juli  ont coupé un sac d’oreilles, ce qui peut sembler « un poil exagéré », mais qui traduit bien l’euphorie que provoque leur pundonor dans la plaza. A leur côté, un jeune mexicain prenait l’alternative. Il s’appelle Alejandro Amaya… Souvenez vous de ce nom. Même si la corrida s’est trop vite terminée pour lui, par un coup de corne… on en reparlera.

     18 Octobre – Jaen – 5ème de la Feria de San Lucas – ¾ de plaza : Toros de Jandilla, de présentation et d’armures inégales. En général, donnèrent du jeu, sans pour autant être des foudres de guerre.
     Impeccablement vêtu de blanc et or, le jeune mexicain, Alejandro Amaya prit l’alternative des mains d’Enrique Ponce (avec un vrai bon sourire et un vrai abrazo), en présence du Juli, face au toro « Maniroto » - 491kgs de Jandilla. Très calme, très ferme, d’une réelle élégance, le jeune maestro s’illustra avec la cape, en particulier à la véronique et en un bon quite par gaoneras. Sa faena fut classique et fort bien tracée, sur la main droite, toréant avec calme et empaque. Malheureusement, le torero fut accrochée sur une naturelle et la blessure fut immédiatement perceptible. Juli et Ponce furent les premiers au quite du jeune mexicain qui, dans un assaut de vaillance, estoqua son adversaire, salua, une oreille en main, et disparut à l’infirmerie où fut diagnostiquée une blessure de 10 cms d’extension à l’extérieur de la jambe droite, avec deux trajectoires de 6 et 4 cms. Ajoutez à cela « des coups partout », et malgré le pronostic « léger », on n’est pas sûr de voir Amaya confirmer son alternative, comme prévu, le 28 Octobre, en la Monumental de Mexico.
     Trois toros pour Ponce… Deux oreilles, deux oreilles et la queue et une immense ovation qui précèdent la sortie a hombros, en compagnie du Juli et du mayoral de Jandilla. Faena torera au premier, basée sur le temple, terminée en citant « de frente » de la droite. Faenon inspiré au quatrième, le torero se laissant aller à sculpter de formidables moments, avec, en particulier ces naturelles longuement citées, la muleta pliée au bras… Cela se passa moins bien face au dernier, plus retord. Cependant, Jaen est une des plazas qu’il faudra ajouter au florilège du Ponce 2001.
     Juli ne se laisse pas gagner bataille. Il avait coupé une oreille à son premier, brindé à Ponce, et quand sortit le cinquième, le valenciano gagnait « quatre (et un rabo) à un ! » C’était compter sans la verve de « ce sacré gamin » qui monta un tel tabac, avec cape, banderilles et muleta, qu’un public « euphorisé » lui fit également concéder tous les trophées… Trop ? Peut-être, mais avouez que cela fait plaisir, de temps en temps… et puis, c’était « la der des der », en Europe. Ce fut une « Sacré soirée ! » 

     Ce 19 octobre – Corrida télévisée, en direct de Jaen – 2ème chaîne espagnole – 18 h : Juan Mora – Manolo Caballero – Miguel Abellan, face à des toros de Joaquin Barral

 

DE BETISE, DE BOUE… ET DE SANG.

Très grave cornada de Juan Mora, en plaza de Jaen.   

    20 octobre : Imbécile ! Ridicule ! Malhonnête ! On n’a pas assez de vocabulaire pour qualifier le triste spectacle, télévisé en direct, hier, depuis Jaen. Une anecdote de plus à mettre au compte de la cupidité et de la bêtise des hommes.

       Durant plus d’une heure, dans un ruedo transformé en marécage gluant, des hommes ont travaillé pour rien, comme des forçats, pendant que certains ne voulaient pas prendre leurs responsabilités, et que d’autres regardaient avant tout leur tiroir caisse. La télévision et ses droits de transmission sont des éléments, certes, à prendre en compte. Ils renflouent quelques comptes asséchés ; elle fait la promotion d’une ville, d’une plaza. Mais, s’entêter ainsi, alors que tout le monde patauge, que le vent souffle et que les nuages menacent, est du dernier ridicule…
    
Bilan de ce triste 19 octobre, pour la 6ème de feria, à Jaen : Une corrida qui commence avec une heure vingt de retard ; l’averse qui se déchaîne dès la sortie du premier toro…et une grosse cornada, avec suspension immédiate de la corrida. « Le toro est sorti, on ne rembourse pas ! » Vaya cara, señor Empresa ! De quoi être « dégradé » immédiatement, Comandante Dorado !
    
Juan Mora a reçu hier une de ses plus graves blessures. On ne peut dire que l’accident soit totalement dû à l’état du terrain. Cependant, il est bien certain que les toreros, dans ces conditions, ont trop de paramètres à tenir en compte, et qu’il leur en échappera toujours un. Le toro sort en glissant ; il charge, peu sûr de ses courses et, sur son inertie, fait deux mètres de plus, ou une embardée imprévue… De son côté, l’homme n’a aucune assurance, doit faire attention à son placement, à ses appuis, à sa muleta, trempée d’eau et de boue, au toro qui arrive en aspergeant tout… Qui peut dire qu’il torée « en conditions normales » ? et qu’il doit se comporter « en professionnel » ? Qui peut dire que, dans ces conditions, il est sûr de son jugement, de sa technique, de ses réflexes ? Du coup, qui peut, dans ces conditions, assurer le spectateur qui a payé son entrée, d’un bon spectacle…
    
La corrida d’hier n’aurait jamais du se donner, et Juan Mora n’aurait jamais du être blessé. L’aurait il été, sur la même passe, par une tarde de soleil et poussière ? Peut-être… mais au moins, personne n’aurait rien à se reprocher.
    
Terrible impression que celle produite par la cornada de Juan Mora. Pieds joints, il veut donner un pecho gaucher. Le toro le prend, en haut de la cuisse droite, et le fait tourner haut, autour du piton. Avant que le corps ne touche le sol, l’hémorragie est énorme. Juan Mora tombe sur les cervicales, et reste ainsi un instant, le corps recroquevillé, droit en l’air, avant de basculer au sol. La taleguilla est noire de sang. Song visage est aussi aspergé du jet de l’hémorragie. On revoit de tristes images, en particulier Curro Vazquez, à Madrid, en 83, par le toro de Moreno Silva. Bien sûr, on pense aussitôt à la fémorale, et on maudit le sort, le toro, le président, l’empresa, la télé, ces hommes affolés qui portent le blessés, et ne trouvent pas le chemin de l’infirmerie.. Minutes angoissantes. De la boue, du sang et… une énorme bêtise !
    
Pendant que Manuel Caballero en finissait avec le toro de Joaquin Barral, et que la corrida était aussitôt annulée, Juan Mora était immédiatement opéré par le docteur Felipe Passolas. Il était arrivé avec une grosse cornada, en haut cuisse droite, face interne, provoquant une énorme hémorragie. La veine fémorale avait été sectionnée, et l’artère, « avait fuit », heureusement, au passage de la corne. Intense shock. Pronostic « très grave ». On transfuse trois unités de sang et on lie « les deux bouts » de la veine tranchée. Le blessé est stabilisé, et on l’évacue sur l’hôpital universitaire  « Ciudad de Jaen », où il subira une intervention complète, avec installation d’un « pont », rétablissant le fonctionnement de la veine blessée. Maintenant, il faut que cette greffe tienne et ne soit pas rejetée.
    
Un sale coup ! Une vilaine histoire ! Triste fin de saison pour Juan Mora, et, à un degré moindre, pour Manolo Caballero et Miguel Abellan qui toréaient là, leur dernière 2001.
    
Avant la corrida, Manolo Caballero plaisantait avec le reporter de la Télévision, au sujet de sa vie de famille, mais aussi, bien sûr, de la temporada qui finissait bien, et du traditionnel repas qui la clôture, avec toute la cuadrilla… Bien sûr, le repas aurait lieu…
   
Oui mais voilà ! Le soir, on apprenait que Manolo Caballero avait congédié ses deux picadors « El Turuta » et Martin del Olmo, a priori, sans autre forme de procès, les plus surpris étant les picadors eux mêmes… En parlant de repas, ce dut être, plutôt, la soupe à la grimace…
    
Oui vraiment, une sale journée, de boue, de sang et de bêtise…

 

VERS DES TERRES PLUS CHAUDES…

     21 Octobre : En France, la tornade ravage tout, du côté de Perpignan, roulant les caravanes d’un camp de gens du voyage, comme fétus de paille. Dans la Somme, l’eau monte, et la peur de même. A Toulouse, on voit arriver l’hiver avec angoisse...
     Oh bien sûr, cela n’a rien à voir avec d’autres misères endurées, et à venir. Un autre hiver approche, en Afghanistan. On le sait déjà, des enfants mourront. Avec eux des femmes, des mères, des petites sœurs… La planète continue de tourner… mais dans quel sens ?
      Pour ce qui est « des Toros », la saison se termine dans la boue… Hier, la corrida de Jaen a été suspendue, à l’heure du sorteo. Devaient la toréer Davila Miura, Califa et Eugenio de Mora. Une sage précaution, suite aux torrents de pluie qui se sont abattus toute la nuit sur l’Andalousie. Que n’avait on pas eu la même sagesse, la veille, à l’heure du paseo ? Depuis, des excavatrices sont entrées en action et ont évacué des tonnes de fange, dans l’espoir qu’un rayon de soleil bienfaisant et du sable sec permettront de fermer la feria de San Lucas « con alegria », avec la corrida de Rejoneo, prévue ce dimanche.
     De fait, il a plu partout et tous les spectacles ont été reportés. Ainsi en France, le festival de Caissargues est repoussé au 27 Octobre. En Espagne, outre Jaen, on a dû également suspendre le Festival de Mostoles, en hommage au banderillero Vicente Montes.
     Alors on se dit que, pour réchauffer nos vieux os, rien de tel qu’un tour en Amérique du Sud, et donc, à partir de ce 21 Octobre, l’actualité taurine se déplacera vers le Nouveau monde. Tout d’abord, le Pérou, puis l’Equateur. Viendront ensuite Colombie, Venezuela, tandis qu’au Mexique, la saison couvrira les mois de « notre hiver »…
     La Feria de Lima débute aujourd’hui. Créée en 1946, cette feria du « Señor de los Milagros » est l’une des plus anciennes, puisqu’elle a « un an de plus » que la San Isidro.. Chaque année, dans la maintenant bi-centenaire plaza de Acho, les matadors entrent en saine compétition pour remporter le fameux « Scapulaire d’Or ».
     Cette année : Deux novilladas et cinq corridas. Ces dernières se dérouleront, du 4 novembre au 2 décembre, étalées sur cinq dimanches. Plusieurs diestros y feront « double paseo » : Ponce, vainqueur du Scapulaire 2000 ; Jose Tomas, qui vient y quêter quelque gloire ; Finito de Cordoba et Califa, très bien l’an passé ; et Rafael Gastañeta, le meilleur des péruviens, actuellement. Le Juli ne viendra qu’une fois, tout comme Rafael de Julia, Alfonso Romero et le mexicain Ignacio Garibay. La plupart des corridas proviendront du Mexique.
     Ce dimanche, la feria débute par une novillada de Juan Manuel Roca Rey, pour Luis Vital Procuna, Serafin Marin et Anton Cortes.
    Le Pérou, tant au plan national que taurin, connaît de mauvaises heures. L’instabilité politique, et donc économique, influe dramatiquement sur la Fiesta Brava, au point que, quelquefois, le prix des places change d’une corrida à l’autre. Désemparée, l’Aficion boude, et le « grand public » ne vient pas, ayant d’autres économies à faire… Du coup, une plaza qui ne se remplit plus, une ambiance bien mélancolique, et des conditions difficiles pour exprimer le Toreo… Malheureusement, vu les circonstances, on peut penser que 2001 sera… « plus pire » encore.

 

DE CI… PAR LA…

     21 Octobre : Juan Mora va beaucoup mieux. Il semble que la greffe tient bien et que la circulation a bien repris dans la jambe blessée. Le diestro a quitté l’unité de soins intensifs, hier soir, se trouvant actuellement en chambre normale, entouré des siens.

     Jesulin de Ubrique va de mieux en mieux. Malgré le corset qui le fait râler un maximum, le gaditano  a commencé à marcher, et pense regagner sa finca dans les jours qui viennent. A partir de là, repos et récupération. On sait que cela sera long, mais son apoderado, Pepe Luis Segura a déclaré que le diestro allait toréer en février. Peut être un peu trop sûr de lui, le Segura !

     Finito de Cordoba s’est marié hier. Vêtu en queue de pie, noir à rayures, gilet beige et cravate tirant au bleu ciel, Juan Serrano, très nerveux et ému, a épousé Arancha del Sol, qui a fait sensation, par sa robe resplendissante, mais surtout en arrivant à l’église… avec une heure de retard. (Ca commence bien ! Ces femmes nous damneront tous !) – Parmi les 600 invités, on a pu reconnaître Enrique Ponce et son épouse, El juli, Jose Tomas (mais oui !) El Tato, Morante de la Puebla, Juan Jose Padilla, Victor Puerto, Oscar Higares, et « un sinfin » de personnages du mundillo taurino. (Comme nous n’étions pas invités… vous n’aurez pas de photos de la mariée. Vous perdez quelque chose !). Trève de plaisanterie, à Juan et Arancha, mille vœux de bonheur, de la part de Toros2000, et de l’Aficion Française...

     Dolores Aguirre n’est pas contente de sa saison. On la comprend. Très honnêtement, elle a commenté les résultats de ses corridas 2001, soulignant, entre autres quelques bons moments à Dax, et la corrida de Bilbao, qui avait satisfait le public, mais beaucoup moins… la ganadera. Pour la saison prochaine, Dolores Aguirre a déclaré ne pas vouloir venir à Madrid, mais par contre, être déjà engagée à Pamplona, Dax et Bilbao.

 

JEU SET ET MATCH…NUL !

     22 Octobre : Cette fois, c’est bien fini… La saison 2001 s’en est allée rejoindre les autres dans le grand cahier des éphémérides, anecdotes et autres statistiques… Déjà , les grands hebdomadaires taurins préparent leurs numéros spéciaux, ce qui leur donne l’occasion de vendre plus cher.
     Déjà, les plazas se ferment… L’herbe pourra pousser un peu, mais pas trop, la peinture, s’écailler tranquillement, jusqu’à mars, mais pas plus… Selon la volonté des empresas, le ruedo sera ouvert, laissé aux gamins qui rêvent qu’un jour… ou bien, la plaza sera fermée « a cal y canto », sorte de citadelle monumentale et mystérieuse, au milieu de la ville.
     2001 est morte, vive 2002 ! Dans les Peñas, on se gratte la tête pour programmer les activités d’hiver. Qui fait quoi ? Bref, le temps a repris son cours, et avec lui, les hommes ont repris leurs habitudes, loin des tendidos, loin des passions, des saines colères, de hurlements d’enthousiasme.
     Hier, Madrid a donné sa dernière novillada, Jaen a fermé la porte des grandes ferias, et en France, Saint Gilles a joué les « dix de der »… S’ouvre le temps des festivals : A Caissargues, à Nîmes, « pour Toulouse ! ». En passant, on peu tirer le chapeau à Nîmes, pour ce beau geste, et regretter que du côté Sud Ouest, où l’on se vante un peu trop d’être « premiers de France », on n’ait pas eu identique initiative. C’était peut-être l’occasion de faire le « Ponce-Juli », en festival bénéfique, précédé d’un cavalier qui a conquis les aficionados, Alvaro Montes. Mais bon…
     Maintenant, l’Amérique… Pas celle qui se croit « la plus invulnérable, la plus belle, la meilleure ». Malheureusement, on a vu que… Non ! Mais plutôt, l’Amérique du Sud, mélange de couleurs, de chaleurs, de douceurs… « Buenos dias, America ! », et toute notre admiration pour ceux qui, partis de rien, luttent pour un avenir plus bleu. Ils n’ont pas le RMI, ne cassent pas tout, ne brûlent pas les voitures, n’insultent pas… Curieusement, ils compensent la misère, par une éducation et une propreté, qui forcent respect et admiration. Durant quelques mois, il vont voir passer de curieux personnages, habillés d’or ou d’argent. Certains resteront impassibles, d’autres, au contraire se presseront vers la plaza, à Lima, Quito, Cali ou ailleurs… Alors, l’espace de quelques mois, ce sera …la Fiesta Brava.

     21 Octobre - Lima  (Pérou) – 1ère de la Feria du Señor de los Milagros – Novillada – ¼ de plaza : Il faisait beau, pour l’ouverture de la plaza de Acho. On a fait une minute de silence, pendant laquelle tous les aficionados ont vu, l’espace d’un instant, la fugitive image d’un homme au visage jovial, coiffé d’un blanc panama et fumant un gros cigare… Antonio Jose Galan. Il fut empresa, ici… Souvenirs, émotion, regrets !
     La novillada de Manuel Roca Rey ne passera pas à la postérité : Présentation réduite et jeu par trop inégal – Anton Cortes a donné quelques détais, sans jamais passer la rampe. Silence partout – Luis Vital Procuna, à son habitude, a fait vibrer, avec les banderilles. Puis, a menos ! Le portugais donna vuelta à son premier – Serafin Marin aura conjugué la chance au sorteo, le sens de la lidia, la fermeté et le bon goût. Ovationné à son premier, il coupe au sixième, la seule oreille du jour.

     21 Octobre – Madrid (Las Ventas) – Dernière de la Saison – ¼ de plaza – Vent : Quatre novillos de Sanchez Fabres et deux d’Espartaco, sortis 4 et 5èmes. L’ensemble s’est montré difficile – Cesar de Madrid a entendu le silence – Tomas Lopez a eut de très bons détails, et faillit bien couper l’oreille du cinquième. Ovation et vuelta – Triomphateur du jour qui aurait bien pu ouvrir la Puerta Grande (… et la refermer aussitôt) Roberto Martin, « Jarocho », qui a surpris pas mal de monde, par son toreo d’empaque, et son engagement serein. Vilainement pris dans un quite par tafalleras au deuxième, Jarocho coupa une oreille au troisième, après une faena un peu inégale, mais très élégante. Il récidiva, face au dernier, dans un trasteo de qualité supérieure, hélas gâché avec l’épée. Grande ovation.

     21 Octobre – Jaen – Dernière de la San Lucas – Corrida de Rejoneo - 3/4 de plaza : On avait refait entièrement le ruedo et tout se déroula normalement. Un vrai miracle, quand on repense « au cloaque » de vendredi – La corrida de Benitez Cubero  n’a guère brillé. Par contre, les cavaliers ont fait le maximum. Deux triomphateurs : Alvaro Montes et Diego Ventura, qui ont, chacun, coupé une oreille. Les suit à l’applaudimètre, Leonardo Hernandez, qui obtient un trophée, tandis que les autres cavaliers, Gonzalez Porras, jose Miguel Callejon et Jose Luis Cañaveral, donnent une vuelta.

     21 Octobre – Huercal Overa (Almeria) – Casi lleno : Cinq toros de Gregorio Garzon, buenos, et un (sixième) de Sanchez Lago – Oscar Higares entend quelques bravos, surtout au quatrième ;  Jose Olivenza  n’entend rien du tout. Silence aux deux – Triomphateur du jour : Luis Miguel Encabo, auteur d’une tarde complète. Vuelta et deux oreilles.

     21 Octobre – Saint Gilles – « Poca gente ! » : Toros portugais de Caldeira, qui n’ont rien apporté de positif, ni en présence, ni en jeu – Les toreros ont été « au niveau » !: Oreille du quatrième pour Regino Ortes, et du sixième pour Marc Serrano. Pour le reste, rien de bien transcendent, Alberto Manuel se faisant même houspiller au cinquième. Grisaille inutile.

     21 Octobre – Vista Alegre –(Madrid) -  Festival bénéfique, au profit de Juan Gomez Bejarano, mozo de espada de Roberto Dominguez, à qui le sort a joué un triste tour. Festival matinal, monté par son matador, télévisé en direct par Via Digital, ce qui a conforté les pâles résultats financiers d’un gros quart de plaza : Ruiz Miguel a été très torero devant un novillo de Joselito. Oreille – Curro Vazquez s’est montré « enorme » en quelques véroniques, et autres fugitifs détails. Ovation, devant un novillo de Las Ramblas – Triomphateur de la funcion : Roberto Dominguez, qui peut réapparaître quand il veut. Torerisima actuacion, avec cape et muleta. Temple, ligazon, empaque…tout y était. Roberto s’est régalé, devant un Daniel Ruiz. Deux oreilles – Julito Aparicio a eu « les détails de toujours », ovationnés, face à un novillo de La Plata – Autres triomphateurs du festival : Miguel Abellan, complet, devant un novillo de Jose Luis Marca (deux oreilles) – et Leandro Marcos, seigneurial devant un novillo du Capea. Gros succès de l’un des meilleurs novilleros 2001, dont on attend alternative et grandes choses, début 2002.  

 

« POLEMIQUE... POLEMICA ! »

     23 octobre :  Cela devait bien arriver un jour… A force de jouer avec « des grenades dégoupillées », les « politiques », de tous bords, devaient bien s’attendre à ce que l’une d’entre elles, leur explose au visage… et on est poli !
     « Plus démago tu meurs », ils se sont un jour arrangés pour voir comment on pouvait faire sortir de prison, les assassins et les voleurs, avant même de les y enfermer. Le monde à l’envers ! C’est ainsi que les victimes paraissent des accusés, et que les policiers s’essoufflent  à courir après des fantômes « légalement innocentés », soit protégés par la Loi, elle-même, soit sauvés par quelque vice de forme dans la procédure. Il faut qu’un terrible double drame ait lieu pour qu’enfin, un ministre de l’Intérieur, soi-même, s’insurge contre une de lois dont il est un des garants, un des dispositifs dont il dirige les rouages… Superbe !
      Faut-il donc accumuler les violences et les drames, pour empêcher de nuire, définitivement, ceux qui ont décidé le seul chemin du mal ? Faut-il donc que des enfants soient traumatisés à vie, après avoir vécu, du fond d’un placard, le froid assassinat de leurs parents ? Faut-il donc que les épouses de policiers abattus comme des lapins, aient à vivre « la sortie » de ceux qui ont brisé leur vie, quelques années de souffrance plus tard ? Combien de temps encore ? Combien de bavures encore ? Quand donc la Loi permettra t’elle aux « braves gens » de vivre en paix, justement parce qu’ils savent que, grâce à elle et à ceux qui l’appliquent, les assassins et les lâches sont en prison, et pour toujours… vraiment ?
     Octobre 2001 et un certain « chinois » viennent de déclencher une polémique que l’on sentait couver depuis trop longtemps. Peut-être enfin, les politiques laisseront ils les policiers « policer » et les juges « juger », sans y mettre leur grain de sel électoraliste, devenu « un grain de sable… assassin ! » On peut rêver.

     « Chez les taurins » aussi, on connaît le mot : Polémique. Elle y est moins dramatique, même si elle peut faire quelque bruit. La plupart du temps, elle part de tel ou tel personnage « tartarinesque » qui a décidé de mettre les pieds dans le plat, d’occuper l’actualité du mundillo, et d’être à la source de quelque « culebron », un de ces feuilletons bien juteux qui vous font passer l’hiver, et… acheter la presse.
     Le dernier en date nous vient du Mexique. La plaza Monumental de Mejico ne fait pas dans la dentelle, on le sait. Elle est monumentale ! La plus grande, la plus haute, la plus peuplée, « la plus, la plus »…Elle a également le privilège d’avoir un empresario « plus plus ! »… nommé Rafael Herrerias. En voilà un qui ne se mord pas la langue. Cela, on le savait déjà. Mais là, il a fait fort…
     « mundotoro.com » publie une interview du « grand patron » de la Tauromachie mexicaine qui va faire jaser. En effet, il parle de sa saison 2001/2002, et de son désir de faire toréer dans sa plaza, toutes les « figures » actuelles. Bien entendu, de mettre en évidence Enrique Ponce, le Juli et Pablo Hermoso de Mendoza…
     Soudain arrive la question : « Et Jose Tomas, bien sûr ! » La réponse est nette, bien tranchée, style « guillotine » : « Jose Tomas n’est pas una figura ; Au Mexique, il n’est rien. Par ailleurs, sa saison espagnole est loin d’être monumentale : à part Séville et Barcelone, il s’est fait régulièrement mettre un bain par Ponce et Juli. D’autre part, son administration est des plus loufoques (es « de locos »), qui exige tout, sans tenir compte de rien. « La Mejico n’est pas « au service » de monsieur Jose Tomas, ni de personne, d’ailleurs ! » Et de mettre au passage, un coup de patte à Paco Ojeda qui avait annoncé sa confirmation d’alternative, mais « qui n’avait pas réellement envie d’y aller »…
      Bon ! Voilà du grain à moudre pour l’hiver ! Herrerias, très discuté l’an passé, va devoir assumer sa charge, et ses dires… Sinon, les aficionados mexicains risquent de rappeler Pancho Villa… Quant à la presse espagnole, elle va se faire un plaisir d’aller voir « le camp adverse »… Réponse, rapidement ! Escalade, noms d’oiseaux ou mutisme d’indifférence ? On sera vite fixés, à moins que…qu’est ce qu’on parie ?  Jose Tomas remportant « le Scapulaire d’Or » de Lima… voilà qui pourrait être le début d’une réponse.. La vraie, la seule !

 

SITES…PLEBISCITES !

     23 Octobre : Avec l’hiver, on aura plus de temps… en théorie ! On essaiera donc de vous amener visiter le Web Taurin et de faire de nouveaux liens avec des sites où les aficionados, et ceux qui le sont moins, pourront aller flâner, recevant au passage quelques décharges d’adrénaline, provoquées par un « Il a raison ! » ou encore un « J’y étais ! »
      Cette semaine, inscrivez dans vos listes de favoris, chapitre « photographes » le site de Carlos Nuñez. Il est un des meilleurs des « Sévillans », et « prend la lumière » comme on fait le paseo à la Maestranza ! Qu’il plaque sur papier des matadors, des novilleros, des chevaux ou des toros au campo, il émane de son site tout le romantisme du « Toreo de toujours ».
     A découvrir donc, ce jeune photographe dont la page, espérons le, ouvrira la porte à tous ceux qui savent si bien traduire, d’un clic, « l’émotion taurine, au millième de seconde ».

Voir le Site de Carlos Nuñez : www.bostauro.com   (cliquez – merci)
 

EQUATEUR…EN DEMI TEINTE !

     24 octobre : La temporada « américaine », peu à peu, prend forme. Hier, c’est Quito, capitale de l’Equateur, qui présentait sa Feria du « Jesus del Gran poder 2001 » : huit spectacles, du 29 novembre au 6 décembre, répartis en cinq corridas, deux novilladas et un festival.
     La feria surprend déjà par la présence de Jose Tomas et Joselito, à deux contrats chacun, qu’accompagneront le Finito de Cordoba, qui fera aussi doblete, tandis que Juli et Califa paraîtront une fois.
     Cela n’a pas du se faire tout seul, d’autant que dès l’annonce des cartels, Victor Puerto a passé un communiqué, disant qu’il n’irait pas, et renonçait à la Feria, dans la mesure où l’empresa n’avait pas respecté les engagements pris l’an passé.
     De son côté, Paco Ojeda ne fera pas, non plus, partie de l’expédition. Trop d’exigences, plus destinées à bloquer les choses, qu’à vouloir vraiment « y aller ». On a beau garder un fabuleux souvenir d’Ojeda, cela tourne au pitoyable… Après la Mejico, à grands renforts de tambours, on parlait de Quito, avec quelques roulements de caisse… On va finir à Olivenza, début Mars, entre castagnettes et zapateo… et encore. Pas sérieux !
     Côté « matadors du cru », Guillermo Alban sera en pointe, et Juan Pablo Diaz, qui débutera la feria, de novillero et la terminera, matador de toros (alternative, le 6 décembre)
     Le gros point d’interrogation sera, bien entendu, le comportement des toros, la vedette revenant, comme d’habitude à la ganaderia de Huagrahuasi.
     Côté novilleros, la part belle est fait au fils de Antonion Jose Galan, David, qui fera deux paseos. A cheval, Diego Ventura ouvrira les deux novilladas et participera au festival du 29 Novembre. A n’en pas douter, Quito sera pour le jeune cavalier, une porte qui s’ouvre sur le « Nouveau Monde ».

 

QUITO : FERIA DEL JESUS DEL GRAN PODER 2001 :

29 Novembre - Festival : Toros de plusieurs ganaderias équatoriennes pour: José Luis Galloso, Manolo Cortés, Ruiz Miguel, Víctor Mendes, Rodrigo Marín et le rejoneador Diego Ventura.
30 Novembre : Toros de Carlos Manuel Cobo pour Finito de Córdoba, José Tomás et Guillermo Albán
1er Décembre : Toros de Campobravo pour El Califa, Antonio Campana y le remplaçant de Víctor Puerto 
2 Décembre : Novillada de Triana, pour Diego Ventura, à cheval, et les novilleros Leandro Marcos, David Galán et Juan Pablo Díaz
3 Décembre :  Toros de Huagrahuasi para Joselito, El Juli et Guillermo Albán
4 Décembre :  Toros de Mirafuente pour le remplaçant de Víctor Puerto, José Tomás et El Juli
5 Décembre : Novillos de Santacoloma pour Diego Ventura, à cheval, et les novilleros Matías Tejela, David Galán et  Diego Rivas

6 Décembre : Toros de Huagrahuasi et de  Triana pour Joselito, Finito de Córdoba et Juan Pablo Díaz, qui prendra l’alternative.

 

JESULIN : « LEVE TOI ET MARCHE… »

    24 Octobre : Grosse émotion, hier, pour Jesulin de Ubrique quand, à mi journée, il a quitté la clinique de la Virgen del Rocio, pour regagner sa finca « Ambiciones » dans la sierra de Ubrique. Accompagné de sa famille, de son apoderado Pepe Luis Segura, de ses hommes de confiance, le torero est paru sur le perron de la clinique, encadré par l’équipe soignante du Docteur Fernando Fernandez Mancilla.

       Très amaigri (il a perdu dix kilos), souffrant visiblement, le torero a dit sa joie et son émotion, aux dizaines de journalistes qui l’attendaient.  Marchant d’un pas hésitant, cintré dans un corset de soutien, le matador dut être aidé pour descendre les quelques marches qui le séparaient du « coche ».
     Le docteur Mancilla a souligné que le processus de guérison s’était amélioré, au point que Jesulin pouvait, maintenant, poursuivre sa convalescence, chez lui. En raison des poli traumatismes, celle-ci serait longue, mais il n’y avait, à priori, aucun problème pour que le torero soit « à 100% », pour la prochaine temporada.
     Accidenté le 23 septembre, Jesulin de Ubrique, pour rejoindre sa finca, est passé par l’endroit précis où il a failli perdre la vie… Mais une seule chose retenait son attention : « Enfin chez soi ! » Et on le comprend. Bienvenido !

 

LE TEMPS DES STATISTIQUES…

     24 Octobre : Le classement est fait, il ne changera pas, en particulier pour les leaders de l’Escalafon. Est venu le temps des analyses et des statistiques.
     Churchill disait « Je ne crois qu’aux statistiques que je falsifie moi-même ! » Voilà un lion bien sage, qui, entre deux bouffées d’un cigare qui aurait passionné Clinton, rabaisse d’un coup, le caquet des jeunes analystes prétentieux qui se gaussent de vous calculer la quadrature du cercle, mais ne savent pas changer une roue…
     Donc, analysons, mais restons sur terre ! N’oublions pas que cette année entrent en compte le RTT et l’Euro… Et ça change tout ! c’est à dire… rien !
     Finito de Cordoba, en tête du classement. Voilà une surprise pour un 70% des aficionados. A que si ? On aurait pu parier sur le Juli, sur Tomas, mais le Finito, qui, il y a cinq ans était « finito ! », voilà qui ne laisse pas de surprendre, à la fois quant aux capacités du torero, mais aussi, quant au reste de l’esclafon.
     Temporada 2001 : Finito de Cordoba torée 102 corridas, coupant 116 oreilles, et sortant 36 fois « a hombros ». Pas mal, pour un torero que l’on disait fragile, inconstant. Torero de détails, de pellizco, de dentelle… Hombre ! Des « kilomètres de dentelle », alors ! Juan Serrano a traversé la saison, aguanté les voyages aussi bien que les toros, parsemant la géographie taurine de grands moments, de Valencia à Jaen, des Fallas à la San Lucas, où il finit en beauté, avec un indulto.
     Maintenant, sans jouer les jeunes roquets cravatés, va falloir analyser : 102 corridas, dont 18 en plazas de première catégorie, 38 en deuxième et 46 en troisième. Cela n’est pas surprenant, ni choquant. On doit être « bien » dans les premières, couper les oreilles dans les deuxièmes, et « meubler le goal average », dans les troisièmes… « Igual » pour tout le monde ! Il faudra simplement comparer « la manière ».
     Finito aurait il gardé le maillot jaune si le Juli n’avait pris tant de coups (Madrid, Malaga, Bilbao) ? N’aurait il pas été, de même, dépassé par Jose Tomas, si celui ci ne s’était pas sabordé à Madrid, et luxé le coude à Santander ? Finito de Cordoba, vainqueur 2001 « par défaut » ?  Nul ne le sait. Toujours est il que peu s’attendaient à une telle constance, alors que tous reconnaissaient la qualité de son toreo. Tous, quoique ! Il reste en quelqu’endroit de la planète deux zones d’irréductibles râleurs qui lui ont fortement résisté : Madrid et le Sud Ouest Français. Là, il y a du travail !
     Est venu le temps des chiffres, des statistiques et des analyses. 2001 aura été « la grande année » du Finito (et 93 ?). Espérons qu’elle l’a été, de même, au plan financier. Pour ce qui est du côté personnel, aucun doute là dessus : il vient de se marier et, con respeto, Arancha est bien jolie ! Pas à dire, Finito de Cordoba est bien heureux ! Pourvouquésadoure !

 

LE 85ème DE LA FEDE…

     24 Octobre : Attention, on ne rigole plus ! Ce week end s’est déroulé, à Tarascon (un peu provoc, non ?) le 85ème Congrès de la Fédération des Sociétés Taurines de France. Non, monsieur, Tartarin n’a rien à voir là-dedans !
     On ne peut, bien sûr que saluer cette entité qui se veut la garante du sérieux de la Tauromachie en France, et elle y a grande part, reconnaissons le. Cependant, elle, comme d’autres, auront beau taper du pied, ronchonner, distribuer livre blanc, cartons jaunes ou mouchoirs violets… le monde taurin continuera tel qu’il est, avec un dénominateur commun « fédérateur » : Le Fric !
     Au bilan des travaux de ce 85ème congrès : Des progrès à faire au plan communication, des trouvailles du style : Création d’un mouchoir violet, qu’agiterait le public lorsqu’il estimerait atteinte « l’éthique de la corrida »… OK ! Mais pour cela, il faudrait qu’il la connaisse à fond… « l’éthique de la corrida ! ». Faisons d’abord qu’il réclame les oreilles avec un mouchoir blanc, et non en braillant comme des putois, et on verra après…
      En parlant « Ethique »… La Fédération a distribué ses bons et mauvais points 2001 … Le Prix « Tio Pepe » est attribué à Richard Millan, pour « l’ensemble de son œuvre ! ». Le peon « El andaluz », se fait sermonner d’importance, pour son vilain geste, lors de la Feria de Vic. Quant au « Chano », on dit de lui qu’il est vraiment beau, quand il banderille… Et c’est vrai ! Par ailleurs, elle va actualiser la liste des ganaderias qui, selon elle, méritent tous les apodos, sauf celui de « ganaderia de reses de lidia ». Certes ! Il y a tant à dire, mais sans se cantonner à la France, por favor !
     La Fédération va « muscler » encore le côté « communication », par l’édition, bien sûr « du livre blanc de la temporada » et la publication d’une revue : « El pañuelo Frances»… Le mouchoir français… Encore un ? On en a les larmes aux yeux…
     Bref, un travail sérieux, « convaincu », faute d’être « convainquant ». Un travail qui a le mérite d’exister, et qu’il faut encourager, bien sûr, même si « le monde reste ce qu’il est, et les hommes, ce que nous savons… », surtout ici.
     Chacune de ces grandes réunions se terminant par « on prend son carnet, on fixe la prochaine ! », la Fédération des Sociétés Taurines tiendra son congrès 2002, les 19 et 20 Octobre prochains, dans une ville taurine du Sud Ouest. (Peut on suggérer Aire, ou Tyrosse … pour « l’éthique » ?)
     Chhttt ! Assez de marivaudages ! Allez « vous faire votre propre opinion ! ». Pour cela, cliquez sur  www.torofstf.com

 

PACO OJEDA PERSISTE ET SIGNE… A LIMA.

     25 Octobre : Depuis quelques semaines court le bruit d’une probable réapparition de Paco Ojeda.
     Afin de préparer la campagne 2002 en Europe, le grand Paco avait l’intention de se produire en Amérique du Sud, histoire de retrouver les sensations, les automatismes, récupérant, au passage, la popularité « à moindre risque »… Imaginons qu’il « pègue un pétard » à 12000 kilomètres d’ici, on sourit deux secondes, et on oublie l’anecdote, ne gardant en mémoire que «le Paco» des années 83/90. Par contre, s’il réussit son come back  et « cuaja un toro », dans une de ces plazas lointaines, il fait carton plein : Une probable « bonne bourse » ; une base sérieuse pour relancer sa publicité en Espagne ; un triomphe assez lointain pour oublier les quelques éventuelles scories d’un torero qui ne s’est pas produit en formelle, depuis plusieurs années, et un bétail plus jeune, moins « présenté », mais plus mobile que sur notre continent. Bref, un triomphe, « là-bas », peut aider à relancer sa carrière… « ici » !
     « On » visa donc Mexico. La situation, là-bas, n’est pas bonne. La saison dernière fut catastrophique. Il est donc à prévoir que tout sera fait pour que 2001/2002 soit la temporada du renouveau, dans la capitale Aztèque. « On » va donc essayer d’y confirmer l’alternative.
     Oui mais voilà, c’est quand même risqué. Imaginons que Paco ait perdu quelque repère ou quelque aguante (ce qui serait logique !) et subisse un échec… Mauvais temps pour l’Espagne ! Donc, de façon préméditée ou non, on exige beaucoup… on exige exagérément, de façon à ce que l’Empresa n’ait qu’une réponse possible : Non !
     Alors, « on se rabat » sur une feria, certes « importante », mais de moindre écho, « Quito ». Mais là, également, les négociations tournent court et les carteles du « Cristo del Gran Poder » sortent, sans Paco Ojeda. Mal asunto !
     Hier, 24 octobre, on apprend qu’Enrique Ponce doit renoncer à toréer en Amérique du Sud, et notamment à Lima, où il devait se produire les 25 novembre et 2 décembre. Le Valenciano, en effet doit se faire opérer d’un problème de cloison nasale, qui lui gâche la vie depuis quelque temps, provoquant des douleurs au niveau de l’oreille interne, et des otites à répétition. Enrique doit passer sur le billard prochainement. L’opération est bénigne, mais la convalescence impose un repos total et surtout… « aucun voyage en avion », pendant quelque temps! Du coup, Enrique doit renoncer à Lima, et, peut-être, Mexico, où il est « maxima figura ».
     Ces deux postes libérés par le Torero de Chiva ouvrent donc la porte à une figure et il semble que cela convienne à Paco Ojeda, c’est du moins ce qu’annoncent les collègues de « burladero.com », (que vous pouvez aller visiter chaque jour, dans notre rubrique «autres liens - actualité »). Selon leur communiqué, la nouvelle va se confirmer rapidement : Paco Ojeda va réapparaître, « a lo grande », à Lima, toréant avec Juli et Tomas… Il suffit de regarder les affiches péruviennes : Ponce toréait, le 25 Novembre, avec le Juli ; et faisait le paseo, le 2 décembre, aux côtés de Jose Tomas. A priori, « ça cadre ! »
     Paco Ojeda et le grand retour ! Ojala ! Espérons-le, et attendons. Revenir aux côtés des deux monstres du toreo actuel n’est pas mince affaire. Paco Ojeda, avec quelques années (et quelques kilos !) de plus, mais aussi, quelques automatismes de moins, peut il décemment faire la nique à ces jeunes guerriers, plein de rage et de verve ? On peut en douter. « Prendre un bain », à Lima, ne serait pas du meilleur effet. En un mot… ce ne serait pas le Pérou !  Donc… Wait and see ! Il est urgent d’attendre !  Cela peut encore changer.

 

LA RONDE DE APODERADOS…

     25 octobre : Depuis quelques jours, nous l’avons relaté, plusieurs toreros importants ont claqué, plus ou moins fort, la porte au nez de leurs actuels apoderados. D’autres « ont la main sur la poignée ».
      Ce fut, tout d’abord le Morante de la Puebla, qui ne voulut pas renouveler le contrat avec Camara. Depuis, silence sur toute la ligne ou presque… Cependant, un bruit circule avec de plus en plus de force : Le Morante serait sur le point de signer avec … Pepe Luis Segura, (lequel vient de virer Padilla, qui n’en a cure, puisqu’il semble bien parti avec la casa Balaña. Vous suivez ?). Si cela se confirme, Segura mènerait Jesulin, le Morante, peut-être Rivera Ordoñez… « y otro mas ! ». Cela fait beaucoup pour un seul homme, mais cela donne également du poids à l’heure de négocier certaines ferias.
     Ce fut ensuite l’épisode Padilla et Califa ! Ce dernier est en pourparlers, mais pour le moment, on ne sait pas qui reprendra la rênes, laissées par Angel Grau.
     De son côté, Juan Bautista et Roberto Espinosa se disent adieu. Cela se fait, correctement, en fin de contrat. Jean-Baptiste, qui sait combien sa saison 2001 a été douloureuse, « ne fera pas l’Amérique », préférant rester ici, se ressourcer, reconstruire son toreo, son équipe, son avenir…
     Une question se pose, et avec elle, un doute. Antonio Ferrera restera t’il avec Luis Alvarez, l’an prochain ? Des bruits, de plus en plus insistants, disent que « non ! »… L’apoderado, certifie que « oui ! ». On aura du mal, s’il y a séparation, à nous faire croire que cela s’est passé « en plan amistoso »…  On a parlé de Simon Casas… On murmure, maintenant, le projet de reconstruire « un cartel de banderilleros », qui verrait notamment réunis Ferrera et le Fandi… autant dire une bonne tonne de nitroglycérine qui pourrait bien fonctionner… (Nous en avions déjà fait le suggestion dans ces pages). Qu’en est-il exactement ? Dieu seul le sait… et encore ! Pour le moment, Luis Alvarez a « fait une grande saison américaine » à Antonio Ferrera, qui va toréer partout, en Colombie et au Vénézuela. Mais, à l’habitude, on suivra l’adage… « Il n’y a pas de fumée sans feu ! »

 

CURRO ROMERO « MONTRE LES DENTS »…

     26 Octobre : Hier, dans les salons de Los Reales Alcazares de Séville a été présenté le fameux timbre à l’effigie de Curro Romero. Radieux, « toutes dents dehors », le camero a découvert la fameuse image dentelée, disant avec simplicité, son émotion, de recevoir un tel honneur, de son vivant.
     Les « Correos y Telegrafos », (« La poste » espagnole) ont chargé le dessinateur Felipe Sanchez Pedrera d’immortaliser le Faraon de Camas, dans une demi véronique à un toro  de Carlos Nuñez, en plaza de Séville, il y a quelques vingt ans. En médaillon, bien sûr, le portrait du Maestro.
     Cette joyeuse cérémonie fournit l’occasion à Antonio Burgos, journaliste, écrivain et « romerista de siempre.. » de donner libre cours à son inspiration et à son humour. Dans sa présentation, il commença par souligner que Curro Romero, dès ses premiers pas dans la Maestranza, « tenia sello propio » (avait déjà une personnalité inimitable). Ce jeu de mot, basé sur « sello » (timbre) ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd, puisque Les « Correos », en firent un timbre…. 
    Il dit aussi le paradoxe de voir ce timbre consacré au « courrier rapide », alors que le maestro « toréait si lentement… ». Pour finir, « cela vira au coquin », avec cette dernière sentence : « Le mieux, c’est de le garder comme timbre de collection… cela vous évitera, Maestro, un certain nombre de… coups de langues, (sous entendu : bien baveux !) »
     Le Pharaon est sorti rayonnant, et tous se félicitaient d’une telle réussite.
     Dans l’euphorie, manquait plus que Curro annonce qu’il reprenait l’épée… De quoi devenir…timbrés !

 

DIVORCES A L’ESPAGNOLE… ESPAGNOLADES !

     26 Octobre : « C’est fou ce qu’ils sont bien éduqués, ces gens là ! » Dire qu’on fait un pataquès, chez nous (comme d’habitude !), parce que l’on supprime le divorce pour faute… Le pygmées et les espagnols ont déjà réglé le problème, et depuis longtemps. Chez « les miniatures », cela se passe à coups de massue. C’est pas un casse tête ! Par contre, les Ibères, ont d’autres valeurs.  « Grands seigneurs », ils terminent toujours leur conflit conjugal « par un énorme poutou ! » … en principe ! (Voir « Gente », tous les soirs – 20h – sur le « Première » espagnole !)
     En tous cas, dans le mundillo taurino, cela se passe ainsi, le plus clair du temps. Tenez ! Juan Jose Padilla fricote en douce avec « Matilla-Balaña », dans le dos de Pepe Luis Segura qui en conçoit un juste courroux. On se sépare, à Jaen, « fâchés-fâchés ! ». Que croyez vous donc qu’il arriva ? Mmmmmmhhh… rien du tout ! Hier, Juan Jose Padilla vient d’annoncer qu’il entrait dans la Casa Balaña, par l’entremise d’Antonio Matilla, et qu’il serait accompagné, l’an prochain, par Diego Robles, « ce sorcier », ex mozo de espada de Paco Ojeda, super préparateur de toreros, spécialiste de prendre les toreros « à presque zéro », et les faire sortir par toutes les « puertas grandes » qu’il trouve (Exemple : Tato à Séville, avec les Sanchez Ybarguen). Comment cela s’est il passé avec Segura ? « Mais très bien, on a fait les comptes et on s’est séparés de la manière la plus amicale qui soit »… Du coup, Padilla commence très fort, avec sa confirmation d’alternative à Mexico, le 4 Novembre.
     Et c’est pas fini ! Davila Miura a fait deux bises à Paco Dorado, son ex ! Et Curro Vazquez vient de divorcer de Ignacio Zorita. (A son âge !) Mais là, pas de problèmes, le contrat était pour un an, et l’amour est mort, mais pas l’amitié…
     On avait l’air fin, nous, avec nos adultères à trois sous ! Du coup, plus de faute !  M’étonnerait pas que la Garde des sceaux soit Aficionada… Pas à dire, on a vraiment « une veine de coucous »!

 

PACO OJEDA… CEST BIEN POUR LE 25 NOVEMBRE !

     Confirmation du retour de Paco Ojeda, le 25 Novembre en plaza de Lima. Bien entendu, cela a le temps de changer, mais il semble que le Sanluqueño se prépare à fond, et envisage de faire campagne, l’an prochain, dans toutes les plazas, à condition « que les conditions » soient bonnes ! Normal !
     Maintenant, on peut quand même se poser quelques questions du style : « Paco Ojeda n’a pas toréé depuis 1994 (à part à Dax), et déjà, il n’était qu’une pâle image de l’Ojeda de 83/85. Que peut il donner, presque 20 ans plus tard, alors que le Toreo a radicalement changé ? » Où se situera t’il ? Pourra t’il réintroduire le toreo d’aguante, à bout portant, qui fut « la marca de la casa » ?  Tiendra t’il la position, devant le toro ? Devra t’il rompre ? La sentence du public serait alors immédiate et terrible.
     L’Aficion acceptera t’elle un Ojeda-nouveau, qui torée « à distance », classique, profond, comme il a su aussi le faire, remarquablement ? Elle n’a que partiellement accepté le changement du Jesulin… Comment recevra t’elle l’arrivée d’un Ojeda, « plus âgé et plus lourd », toréant comme les autres ?
    C’est ainsi ! Le public adore « brûler ce qu’il a adoré »… Mais, plus simplement, et tout aussi respectueusement, on peut être dubitatif sur les chances de voir Paco à sa seule place possible, c’est à dire, au plus haut, vu les circonstances actuelles.
     On le disait sorcier, devant les toros, et il faut bien dire qu’il le démontra parfois. Mais comment va t’il, avec ses 47 ans et son toreo « sui generis », bien statique, dompter ces jeunes lions qui vous renversent les plazas à coups de lopecinas, (même « bien gigotées »), qui vous alignent de milliers de naturelles et derechazos entrecoupées de courses folles, la nuit, entre plaza et plaza ?       
     Autant de questions qui mériteraient « que vous donnassiez » votre avis… Y porque no ? (Vous avez dans « Nous contacter », la possibilité d’exprimer votre opinion sur le retour de Paco Ojeda…) Si le cœur vous en dit !
     En tous cas, les premières réponses arriveront vite. Elles nous viendront de Lima, au Pérou, où Paco Ojeda reprendra l’épée, en deux corridas, en compagnie de Jose Tomas, le 25 novembre, et du Juli, le 4 décembre. Qui vivra verra ! En tous cas, s’il revient « de verdad », avec grande ambition, « va y avoir du sport, en 2002 ! ». Suerte, Paco !

 

LE FEUILLETON FRANCAIS DE L’HIVER S’APPELLE… « E.S.B » !

27 Octobre : Avouez qu’on aurait pu trouver mieux ! Et pourtant, c’est très sérieux et pourrait même devenir extrêmement grave. Tel un Belphégor qui hante toujours les couloirs du Louvres, (d’autant que, faute d’argent, de multiples galeries sont fermées), il semble qu’un fantôme des ses cousins, hante les esprits de certains hauts placés (ou « hautes placéeees ») au point que ceux ci (ou celles ci) voudraient jouer les califes à la place du calife… Rien que de bien habituel !

On se souvient du coup au cœur porté par l’AFFSA, en juin dernier, cette noble association recommandant le retrait immédiat de la chaîne alimentaire de toute viande provenant d’un animal « muerto a descabello o puntilla », de peur de la transmission de l’Esb, par l’intermédiaire de ces lames, dont les coups sont portés à proximité de la cervelle. La nouvelle fit grand bruit, de chaque côté des frontières et on essaya de parer le coup, en hâte, tout en décidant de multiplier les analyses et les études au plus haut poussées…

L’Association française des Vétérinaires demanda à l’Ecole Nationale de Toulouse de se pencher sérieusement sur la question, ce qu’elle fit. Résultat : « Rien à déclarer ! Tous les tests sont au vert. Pas de risque » Bon ! Du côté espagnol, les analyses sont négatives « itou » !

            Mais ne voilà t’il pas que, début Octobre,  sans attendre les résultats des chercheurs toulousains, ni la publication officielle de leurs travaux par l’AFFSA, la Directrice Générale à l’Alimentation a signalé aux quatre préfets « taurins » qu’un décret était à la signature, visant au retrait de la chaîne alimentaire, pour 2002, de toute viande provenant de toros de lidia…

On imagine l’émoi et l’immédiate inquiétude de toute la famille taurine, de l’Empresa au ganadero, en passant par le placier et le mulillero.

Sans attendre, Olivier Baratchart, directeur de la plaza de Bayonne, membre du Bureau de l’UVTF, prit contact avec « le calife », Jean Glavany, Ministre de l’Agriculture. De leur côté, les  ganaderos français, appuyés par Michel Vauzelle, Président de la Région PACA, firent de même.

Le ministre leur déclara tout net : « Rien à ma signature, et puis, de toutes façons, j’ai perdu mon stylo ! » Et de rassurer « à demi », tout le monde en certifiant qu’il ne prendrait aucune décision tant qu’il n’aurait pas sur son bureau, et l’étude de les conclusions de l’AFFSA, découlant de l’étude de la « Toulouse highschool »… et son stylo !

Tout cela pourrait presque prêter à sourire, mais il semble que dans les coursives de l’Etat, il s’en passe de belles, y compris dans le dos des Ministres. On peut supposer que, sans la charge du Bayonnais et des cavaliers de Camargue, le calife allait, sans le savoir, signer quelque chiffon, avec un stylo qui n’était pas le sien ! Du coup, au lieu de déguster quelques « parties nobles » d’un bon toro, on aurait peut-être eu droit  à quelque « vieille carne », et toute la chaîne des professionnels taurins français, à une terrible période de vaches maigres, dont elle ne se serait peut-être pas relevée.

Le feuilleton ne fait que commencer. Il faut attendre les résultats officiels de l’AFFSA. A ce moment là, le Ministre aura retrouvé son stylo… pour signer le « non lieu », et demander à la Directrice Générale à l’Alimentation, « quelques explications… et un mot signé de ses parents ». Oui mais voilà… qui sont ses parents ?

A nous… Belphégor !

 

« DIVORCES A L’ESPAGNOLE »… (suite !)

27 Octobre : Un divorce commence toujours…par un beau mariage ! A ce sujet, avez vous vu les quelques images du mariage de Cayetano Rivera Ordoñez, deuxième fils de Paquirri, et frère de Fran ? Pas mal, non ? Bon, nous, on préfère vraiment la mariée, parce qu’elle est « jolie comme tout »… et surtout, mieux rasée !

Quelle honte, Señor ! Arriver ainsi « à son mariage », vêtu de cérémonie, les cheveux maxi gominés, mais les joues envahies de quelque barbe de quatre jours, comme avant un match des « six nations »… Ca par exemple ! On sait que « garder sa barbe » avant un gros effort, est, dit-on, une réserve d’énergie. La nuit de noces était-elle donc une telle épreuve pour que le beau jeune homme s’y prépare ainsi, quatre jours à l’avance ?  Hombre !

Toujours est il qu’en les voyant, elle si belle et lui, « hirsute en frac »… on ne pouvait penser qu’au mariage entre une blanche colombe et un jeune corbeau. Peu importe, pourvu qu’ils s’aiment ! Et puis de toutes façons, la « vedette » était Carmina Ordoñez, soi-même, qui, bien sûr, a beaucoup pleuré, mettant ainsi à mal les quatre heures de dur labeur de sa maquilleuse !

Mais vous n’en saurez pas plus, car l’exclusivité à été confiée à un grand hebdomadaire « people »… De quoi vite sécher quelques larmes et ramener un vrai sourire, franc et massif, (j’allais dire : sonnant et trébuchant »), sur toutes les lèvres…

Enfin ! Pendant ce temps, on continue de divorcer allègrement, côté Toreros/Apoderados ! Hier, on apprenait la séparation de David Luguillano avec son apoderado Jose Felix Gonzalez. De même, et à un degré moindre, Luis Mariscal hijo, a rompu avec le Serranito.

Beaucoup de séparations, en cette fin 2001. Et ce n’est probablement pas fini… Le Morante, dont on dit qu’il se rapprocherait de plus en plus de Pepe Luis Segura… Le Califa, qui est en pourparlers ; Rivera Ordoñez ; Juan Bautista ; David Luguillano, Davila Miura, Curro Vazquez ; les questions qui circulent autour de Pepin Liria, d’Antonio Ferrera et de… Jose Tomas ! Décidément, on ne va pas beaucoup dormir, cette hiver. « La barbe ! », comme dirait Cayetano Rivera Ordoñez .. Profitez-en bien, demain ! Une heure de plus ! Entre l’ESB et les espagnolades, vous avez intérêt à faire des réserves ! Alors, bon dodo ! 

 

VIVA MEJICO….

 Joselito et Jose Tomas vont toréer à la Monumental

     28 Octobre : On le sait, la temporada a été relativement désastreuse, l’an passé, dans la Plaza Monumental de Mejico. Entre les quarts de plaza, les toros, qui paraissaient bien jeunes, certains toreros qui l’étaient beaucoup moins, les présidents qui faisaient exploser les alcootests, l’Empresa, Rafael Herrerias a eu plus d’une occasion de perdre « le calme qu’il n’a jamais », d’avaler son cigare, après avoir mangé son chapeau. Donc, cette année, « va falloir mettre le paquet ! »

Il semble bien qu’on ait pris la décision de monter une grande temporada, avec de grands noms et de grands cartels. Paco Ojeda ne viendra pas. On s’en doutait. Par contre, outre le Juli (il faudra suivre la convalescence de Ponce, mais à priori, pas de problème), Pablo hermoso de Mendoza fera son grand retour, pas plus tard que ce dimanche 28 octobre, inauguration de la saison 2001/2002.

Enfin, Enrique Martin Arranz et Herrerias, une fois qu’il n’y avait plus rien à se jeter au visage, sont arrivés, hier, à un accord : Jose Tomas va toréer à Mexico capitale. Le torero de Galapagar se produira, probablement, deux fois, tout comme Joselito, dont le premier paseo à la Monumental est fixé au 11 Novembre.

Jose Miguel Arroyo est arrivé au Mexique, le 25 octobre. A priori, Joselito fera une campagne de 10 corridas (pour commencer), qui débutera, le 2 Novembre, en plaza de Tlaxcala. De son côté, Jose Tomas qui partirait aussi pour une dizaine de contrats, débutera, le 25 Novembre, à Guadalajara.

La Temporada, en « la Monumental de Mexico », débute aujourd’hui, 28 Octobre, avec un cartel « mixte » qui ne manque pas d’attrait : Eloy Cavazos, figure légendaire, torero adoré ou haï, mais qui attire la foule ; Pablo Hermosos de Mendoza, véritable idole, ici ; le cartel étant complété par la confirmation d’alternative de Leopoldo Casasola (en lieu et place d’Alejandro Amaya, blessé à Jaen). Les toros seront de Santiago, pour les matadors. Quand au cavalier, il prendra en premier et quatrième, un toro de Bernaldo de Quiros et un Vistahermosa.

Pour les corridas suivantes, on a quelques éléments qui vont se confirmer rapidement. De fait, la constitution des cartels a beaucoup tardé, du fait des négociations ardues, engagées avec certains… dont Martin Arranz (qui, entre parenthèses, vient d’être élu « meilleur apoderado » par la revue « 6Toros6 », pour sa force de caractère et son indépendance).

A priori, les corridas suivantes présenteraient ces affiches :

 4 Novembre : Manolo Mejia, Juan Jose Padilla, qui confirmerait alternative, et Federico Pizarro, devant du ganado à définir.

11 Novembre : Toros de Fernando de la Mora, pour El Zotoluco, Joselito et Morante de la Puebla

A suivre donc, cette temporada « en la Mejico », que Toros 2000 essaiera de vous conter au mieux. Demain, déjà, on saura si « Cagancho est sorti a hombros de la Monumental… »
 

FESTIVAL POUR TOULOUSE… A MEJANES !

28 Octobre : Entendons nous bien ! Tous ceux qui ont monté le festival de Mejanes, ainsi que tous ceux qui vont y participer (à condition qu’ils ne présentent pas une liste de gastos plus longue que celle des autosatisfecit des « 7 d’or »…) sont à féliciter chaleureusement. Un Festival, « pour aider Toulouse », à Mejanes, cette après midi. Bravo !

Mais… quand on voit l’étendue du désastre ; quand on sait que cet hiver, des toulousains auront froid ; quand on pense à tous ces gens « qui errent, dans leur tête », on se dit quand même que le monde taurin aurait pu faire « quelque chose de plus ! » pour une ville amie, ravagée, ville au passé taurin que la plupart connaissent.

Notre génération a usé quelque fond de culotte sur les tendidos du « Soleil d’Or »… Si o no ? On ne peut comprendre que, de Bayonne à Nîmes, d’Arles à Dax ou Mont de Marsan, on n’ait pas décidé de monter des « festivals monstres », pour Toulouse… Que paso ? Manque de temps, manque d’ambition, manque de… sensibilité ? Comme aficionado, on a du mal à comprendre… et surtout, « du mal à suivre ». (d’où notre simple campagne, qui clignote en première page, depuis bientôt un mois – Ne l’oubliez pas)

Cet après midi donc, à Mejanes : Festival en faveur des sinistrés de Toulouse : Le père d’Espartaco, Julio Aparicio, el Califa, Miguel Abellan, Juan Bautista, Alfonso Romero  et Julien Miletto feront le paseo, pour Toulouse. Enhorabuena et merci ! Le ganado sera, en majeure partie, le Luis Algarra.

On attend, paraît-il une surprise (selon les copains de Corrida.net. Dieu les entendent !) La surprise serait de ramener aux sinistrés, « un monton de miliones », à partir d’un festival dans une placita « qui ne peut contenir … que ce qu’elle peut contenir ».

Certes, « c’est le geste qui compte »… Exactement ! Ce geste, certains l’ont fait… mais pas d’autres et c’est bien dommage !

 

LE JULI : TORERO, MEME « EN CIVIL »…

     29 Octobre : C’était donc ça, la surprise ! Invité par son copain Jean Luc Jalabert, à passer quelques jours en Camargue, Julian Lopez a marqué de sa présence, hier, le festival de Mejanes, au profit des sinistrés de Toulouse. Miguel Abellan s’étant blessé à l’entraînement, le Juli, a répondu « présent », sautant en piste, vêtu d’un étrange costume campero : Jeans bleus et polo « vert bouteille, liseré de rouge »…. En fait, le tenue de toute personne qui va se balader tranquillement, le dimanche. Le Julian, lui, reste torero, « même en dormant »… Il domina de la tête et des épaules le novillo, les copains, le public, coupa deux oreilles, et s’en fut comme il était venu, en fabuleux bon garçon. Superbe attitude de ce Juli, né torero, qui vit les 24 heures du jour « en torero ». Et c’est ainsi que cela doit être !

     28 octobre – Mejanes – Festival en faveur des sinistrés de Toulouse – Un peu plus de « media plaza » : Les toreros ont fait le maximum, avec générosité et talent – Le père d’Espartaco s’en est bien tiré, devant un Prieto de la Cal. Oreille – Julito Aparicio a fait regretter à tout le monde son manque d’ambition et « d’autre chose », toréant « con arte » un grand novillo d’Algarra. Deux oreilles – Le Califa fut irrégulier, mais vaillant. Oreille – Alfonso Romero reprenait l’épée, après le cornada de Madrid. Toreo en profondeur de ce diestro dont on devrait parler en 2002. Oreille – cheveux très courts, Juan Bautista essaya de sortir quelque faena de son faible novillo. Oreille – Julien Miletto s’engagea fort, face à « uno del Sierro » , fermant le festival en triomphe : deux oreilles.
      Quels bénéfices ce festival rapportera t’il à ceux qui veulent reconstruire la tranquillité à  Toulouse ? Quelles initiatives cela aura t’il inspiré à d’autres organisateurs, plus grands, plus riches, qui se prétendent les plus beaux, les premiers ? A ver !  

 

AMERICA, AMERICA : « PABLO ! »  PREMIER TRIOMPHATEUR ! 

     29 Octobre : La monumental de Mexico a ouvert ses portes, hier. Beaucoup de monde, pour cette inauguration de la temporada 2001/2002. Près de 40000 personnes se sont levées, à plusieurs reprises, subjuguées par les diableries de Pablo Hermoso de Mendoza qui fait une ouverture tonitruante, et coupe deux oreilles. « A pied », ce fut plus terne, en partie à cause d’un ganado de Santiago bien fade, et, surtout, en raison le triste actuacion d’eloy Cavazos. Par contre, bonne présentation du petit Casasola, qui confirme alternative et coupe une oreille « de poids » pour la saison toute entière, dans les provinces.

     28 Octobre – Mexico (Monumental) – 1ère corrida de la Temporada –  gros ¾ de plaza – Journée grise et venteuse : Les quatre toros de Santiago sont sortis un peu faibles et sans grande caste. Présentation « sans plus » et comportement inégal – Vêtu de rouge et or, Eloy Cavazos a flotté toute l’après midi. Sans sitio, sans illusion, l’idole des années 75/80, n’a provoqué qu’amertume te quolibets. Sifflé, chaque fois – Leopoldo Casasola a pris l’alternative à Munera, pueblo d’Albacete. Passer d’une placita à la plus grande plaza du monde, n’est pas une mince affaire. De blanc et or « con cabos negros », garçon s’en sortit magnifiquement, saluant au centre, une grosse ovation, face au toro « Bigoton », devant lequel il confirma son alternative. Toro un peu incertain qui lui joua un mauvais tour, au capote, mais que le jeune sut lidier avec courage. Le sixième lui permit de dérouler une bonne faena, qui lui permit de couper la première oreille de la saison, pour un torero « à pied » - Pablo Hermoso de Mendoza  a subjugué le public, coupant les deux oreilles du toro « Moro », de Vistahermosa, et recevant une immense ovation, après la lidia du quatrième, de Bernaldo de Quiros, qui se mit rapidement sur la réserve. « Cagancho », bien sûr, attira tous les regards, mais le navarrais a fait briller les successeurs du génial cheval, que sont : « Chicuelo » et « Labrit », bien sûr, mais  aussi « Danubio » et « Mariachi », le bien nommé. Grosse entrée en matière pour Pablo Hermoso de Mendoza, dans sa seconde patrie…
      La temporada, a la Monumental, continuera, dimanche prochain, 4 Novembre, avec une corrida de Rancho Seco, torée par Manolo Mejia, « El Zapata » et Juan Jose Padilla, qui confirmera alternative.
     Le 11 Novembre, on parle d’une corrida de huit toros, avec deux mexicains, qui encadreront Joselito et le Morante de la Puebla.
     On parle de Manolo Caballero et Rafael Ortega, pour le 28 Novembre.
     Par ailleurs, il semble que Jose Tomas n’entrera pas en lisse avant les 13 et 20 Janvier. De son côté, le Juli est « fijo », pour les 5 et 10 Février. Reste un petit doute autour de sa première date : Il passerait du 13 au 16 Janvier.
    La « Temporada Grande » est en train de se construire, et les cartels définitifs vous seront aussitôt communiqués. 
     En province, on note le gros triomphe d’Antonio Barrera, ce sévillan installé au Mexique, et qui fait grande carrière, là bas. Torero vaillant, vibrant, il triomphe avec régularité. Il faudra bien qu’on le voit, un de ces jours… de ce côté du charco !

     28 Octobre – Guadalajara – ¼ de plaza : Six toros cardenos de Santiago, très inégaux de présence, et, en majeur partie « muy sosos » - Miguel Espinosa « Armillita », totalement absent, prit deux broncas – Jorge Gutierrez prit une vilaine raclée en estoquant son premier, dont il coupa une oreille généreuse. Ovation au cinquième – Triomphateur de la tarde : Antonio Barrera, qui reçoit ses deux toros, à genoux, place unquite par gaoneras suivies de quatre largas « a una mano », qui lève l’assistance. Faena « de valiente », au cours de laquelle le toro l’accroche, au moment d’un redondo « à tour complet ». Un peu groggy, le torero repart au combat, met une grosse épée et coupe deux oreilles « d’émotion ». Le sixième ne permettra rien, sinon « un arrimon » qui soulèvera quelques ovations.

 

A LIMA… CE NE FUT PAS LE PEROU !

     Pas grand chose à se mettre « sous l’aficion », lors de cette deuxième tarde de la Feria du Señor de los Milagros, en plaza de Acho. Novillos mieux présentés que la fois précédente ; bon toreo et … catastrophes à l’épée. Nada !

     28 Octobre – Lima (Pérou) – 2ème novillada de feria – 1/3 de plaza : novillos de Rafael Puga, bien présentés. Bons les deux premiers; plus ardus les autres, en particulier, les 3 et 5èmes – Leandro marcos a fait son toreo de classe, mais a connu un échec avec l’acier. Ovation et Silence –  Même cause, même effet, pour le mexicain Fabian Barba. Ovation et Silence - Matias Tejela a eu de gros détails, en particulier avec le capote. Lui aussi pincha « demasiado ». Silence et Ovation.
     La feria attaque le cycle des corridas, dimanche prochain, avec au cartel : Rafael Gastañeda, El Califa et Alfonso Romero, face à un lot de Chuquizongo.

 

DIVORCES A L’ESPAGNOLE ET… A LA FRANCAISE !

     29 Octobre : La litanie des séparations amicales se poursuit… des deux côtés de la frontière.
     En effet, Andy Cartagena laisse ses deux apoderados, Alain Lartigue et Jean Luc Jalabert, pour signer avec Julio Fontecha (c’est à dire… qu’on verra Andy, l’an prochain à Bayonne !). Est ce à dire que le duo Lartigue-Jalabert va prendre en mains le destinée de … Juan Bautista, et s’y consacrer entièrement ?

     En Espagne, Rivera Ordoñez vient de confirmer la rupture, très amicale, d ‘avec Manolo Camara. Celui-ci lui a ouvert la porte, et « en bon papa », lui a même dit que, s’il ne trouvait pas l’apoderado souhaité, il était prêt à l’aider à nouveau. « Meilleur prince », on peut pas ! Il semble que le fils de Paquirri s’en irait du côté de Pepe Luis Segura, où il rejoindrait Jesulin et Morante de la Puebla. Ce qui ferait « beaucoup pour un seul homme ! »
     Pepe Luis Segura, histoire de bien mettre les choses au point a révélé les comptes des temporadas 2000 et 2001, de Juan Jose Padilla : 150 Millions de Pesetas, pour 57 corridas, en 2000 ; 230 millions et des poussières, pour 56 contrats, en 2001. Une corrida de moins et 80 bâtons de plus… pas mal « le berger ! » Certes, le Jerezano, une fois déduits tous les frais, gardera 25% environ, du total, mais c’est la progression de « la cote en Bourse » qu’il faut noter, ce qui souligne la grande compétence… de l’apoderado. Pas à dire, dans le monde des toros, on s’y connaît aussi… en vacheries !
     Un qui divorce vraiment, c’est Manuel Diaz, qui se sépare de son mentor, Victoriano Valencia. Petit coup ! Mais, plus triste est « l’autre séparation », puisqu’on annonce son divorce d’avec Vicky Berrocal, son épouse. Triste. 

 

DESTIN….

     30 Octobre :  Allez donc, après cela, ne plus croire au destin… Hier, en quelques heures, la vie de quelques êtres a basculé, comme si une montre géante s’était arrêtée là, d’un coup ; comme si un doigt avait pointé leur nom, sur les pages du grand livre de l’humanité.
     Elle s’appelle Régine Cavagnoud ! On espère que l’on n’aura pas à dire « Elle s’appelait…» Une toute jeune femme et une grande championne. Flèche d’argent sur les immensités immaculées, elle portait les couleurs de la France au bout de ses skis. Plus vite, toujours plus vite ! Grappiller le moindre millième de seconde en passant au plus près de ce piquet, en choisissant la trajectoire que « les autres » n’osent pas,  reprenant la position de vitesse, « bien avant les autres »… Tout schuss vers la gloire ! Lutte contre le temps, contre « les autres », contre soi-même !
     Hier, le destin a voulu qu’au détour d’une bosse, surgisse une silhouette, une masse grise, l’écueil qui va fracasser le bateau. La championne ne peut rien faire, et percute, de plein fouet. On ne parlait pas de médaille, ici. On ne se battait pas pour un classement, un podium. Il n’y avait pas des milliers de spectateurs qui hurlent des encouragements, et se fondent dans un hooo ! de dépit, quand tombe leur champion. Il n’y avait personne ! Seulement un entraîneur, qui traçait la piste d’un futur duel… On était « à l’entraînement ! » Terribles traumatismes et la mort qui entrouvre ses portes…  Pour Régine, sa famille, ses équipiers, pour la France entière, dont elle défendait si bien les couleurs, la vie a basculé… On appelle cela, le Destin ! Qui donc peut il nier qu’il existe, et fixe votre heure, « pour dans dix, vingt ans »… ou pour la seconde qui vient. « C’est écrit », dit le poète ! « Inch Allah ! » dit le croyant…
     Pendant ce temps, à Tours, le Destin, toujours lui, a pointé son doigt sur quatre personnes, dont il a soudain arrêté la montre… Elles étaient là, par hasard, dans la rue. A leur côté, d’autres vies, d’autres destins «en sursis ! ». Il a suffi qu’un homme, trop malheureux, pour que la vie s’en aille, comme ça, dans la rue, sans raison. Pourquoi ? Pourquoi eux ? Allez donc trouver une explication à cela… Le fusil a tonné, au beau milieu d’une ville en paix, et le destin a basculé… Le monde est fou. Hier, pour quelques familles de France, la tragédie de New York, avec ses 5000 morts, dont on n’a retrouvé que 476, est passée bien loin en arrière. Et on les comprend ! Le Destin, toujours lui ! Maldito sea !
     Le monde des toros a vécu cela, maintes fois ! Bien sûr, on pense aux cornadas, mais aussi, aux accidents de voiture, ou d’avions. On pense à Chicuelo II ; on pense à Carlos Arruza, au Gitanillo de Triana, et plus près de nous, à Antonio Jose Galan.
     Oh ! bien sûr, le toro est là pour combattre et pour tuer. C’est « son métier », c’est son destin ! Bien sûr, le Gallito ! Bien sûr, Granero ! Bien sûr, Paquirri ! Bien sûr Manolo Montoliu ! et combien d’autres, en pleine gloire, ou dans le plus obscur anonymat. Mais avouez qu’entre autres, la fin d’Antonio Bienvenida et du Yiyo, par exemple, dépassait « l’uniquement taurino »… Cette corne qui hésite entre deux capotes et va se ficher, justement dans le défaut de la cuirasse bleu nuit et or… On est à Colmenar, le 30 août 1985, et un toro vient d’ouvrir le cœur d’un torero, comme on ouvre un livre. Il s’appelait « El Yiyo » et il n’aurait jamais du toréer cette corrida là. Il venait « en remplacement »…
     Et que dire d’Antonio Bienvenida, en 75. Il est au campo, avec ses amis. On tiente quelques becerras. On discute et on rit. La paix, le toreo, l’Aficion ! On ouvre une porte, pour libérer une vache, vers le champ. Et puis, le destin ! Cette porte que l’on ne referme pas ! Ce torero, qui tourne le dos ! La vache brave, qui, de loin l’aperçoit. Une charge furieuse et une terrible voltige. Antonio Bienvenida, « torero de toreros », lui qui avait combattu des milliers de toros… meurt, au campo, percuté par une vache. Cosas del Destino !
     Je vais vous coller le bourdon ! Il ne faut pas… N’oubliez pas : « C’est écrit ! »
     Et puis, vous savez, il vaut mieux parler de cela, que des turpitudes du monde, même taurin ! Andy Cartagena a trahi ses apoderados ! Point final ! Certes, il arrive tous les jourds que des ruptures se produisent et on vous en a donné quelques exemples, ces jours ci. Bien souvent, la formule « en toute amitié » cachent comme elles peuvent des blessures intérieures, dont on ne peut douter. Mais là, le procédé du jeune Rejoneador… est un peu cavalier ! (On ne pouvait pas le louper, celui là). Julio Fontecha a fait son travail de sape, et le garçon a fait un méchant quiebro à ceux qui l’on monté si haut…alors qu’il n’était que… le neveu de Gines Cartagena (Autre destin !) Enfin ! Les petites affaires du monde taurin… et là, le destin n’a que peu de place !
     Autre destin, pour le moment, magnifique, incroyable… Celui du Juli. Ce gosse est un phénomène. A peine à t’il pris sa douche, après Mejanes… Après a t’il pris quelques heures de repos, après une temporada où il a toréé 88 corridas, et pris un paquet de bien mauvais coups, le voilà, frais et dispos, qui prend l’avion pour Mexico, où il arrivera aujourd’hui, 30 octobre.
     26 corridas au programme ! Rien de moins ! Et on attaque fort : On débute le 1er Novembre à Tlaxcala, avec le Zotoluco et Paco Gonzalez, devant des toros de Montecristo. Puis on enchaîne : Jurriquilla, le 2 Novembre ; Aguascalientes, le 3 ; Guadalajara, le 4… Et ainsi de suite, avec, bien sûr, quelque escapade vers le Pérou, ou l’Equateur ! Vaya tio !
     Pour ce qui est de « Mexico capital », Julian Lopez « El juli » fera trois paseos à la monumental : 19 Janvier ; 5 et 10 Février.
     Voilà ! Chaque être humain, au soleil d’or d’une plaza de toros, ou au fond de la plus noire des mines, a son nom marqué, quelque part dans le grand livre du Destin. Ne cherchez pas la gomme… l’encre y est indélébile ! 

 

BEN JOHNSON AURAIT-IL FAIT ECOLE ?

     31 Octobre : Souvenez-vous ? « Au repos », sa musculature était déjà impressionnante ! Mais, dès qu’il se calait dans ses starting blocs, les muscles saillaient davantage, les veines se gonflaient, les nerfs à fleur de peau. Visage fermé, le regard au bout d’un horizon de cent mètres, Ben Johnson attendait le coup de feu du départ. Départ est un faible mot ! Plutôt « explosion ». L’athlète jaillissait le visage au ras du tartan, puis, le corps se redressait et le TGV était lancé. Alors, l’immense carcasse « déroulait », sans effort apparent, et les copains « pouvaient s’accrocher ». Salut la compagnie ! A la Télé, les spécialistes avaient avalé leur micro et dans les gradins, on faisait la ola ! Vaya tio !
     Seulement voilà, le champion olympique, et le beau rêve, se dégonflaient tout à coup, suite à l’analyse de quelques gouttes d’urine ! Menteur, voleur, escroc, le N°1 était disqualifié à jamais, condamné à l’exil… Le mot « dopage » entrait définitivement, en lettres noires, dans l’histoire du Sport. Depuis, la confusion règne, la suspicion enveloppe chaque performance d’un halo de vapeur inconnue. On scrute la soudaine musculature de celui-ci, l’œil glauque de celle-là, les incroyables performances de tel autre. On doute, on fronce les sourcils… on applaudit, mais on y croit à peine ! Parfois, un autre champion « tombe » à grands fracas, et des épreuves reines, comme le Tour de France, se transforment alors en une incroyable partie de gendarmes et voleurs…
     Pendant ce temps, le monde taurin « vit sa vie ! ». Chaque année, plus de spectacles, de toutes catégories. Toujours plus !  Chaque année, plus de toros lidiés… Toujours plus ! Des ganaderias, qui auparavant lidiaient six, huit corridas dans l’année, en sortent dix sept, sans effort apparent. Les toros sont de plus en plus grands, de plus en plus lourds… et de plus en plus décastés. Dans les reseñas, à côté des sempiternels « sin casta », « sin raza », « flojos », « rajados »… Apparaissent des mots nouveaux, comme « descordinados »…
     Allez savoir pourquoi, sans choc apparent, un toro sort au soleil, magnifique, sous l’ovation. Un galop impressionnant le conduit aux premières capes. « Que toro mas guapo ! ». Puis soudain, il se met à tanguer, son pas se fait titubant, et il devient une lamentable marionnette qui se répand au sol et repart en hoquetant, « style cinq grammes huit, à l’alcootest ». Quelle horreur ! Que pena ! On s’interroge, on bafouille un peu, on suppose, en douce ! La moelle épinière ? une lésion, en percutant la porte du chiquero… ? La devise, qui a touché un nerf… ? Bof ! Le « Roi toro de combat », vrai char d’assaut à mettre au rencard tous les chars Leclerc, avant que d’en avoir vendu un seul (même aux Suisses !) serait il soudain devenu une mazette qui pleurniche à la moindre piqûre de moustique ? Vaya ! 
     On rentre donc chez soi dubitatif ! Si, si ! Vraiment dubitatif !. Les revisteros se retrouvent seuls devant la page blanche et cherchent dans leur vocabulaire, les qualificatifs suffisamment scientifiques, mais en même temps « bien vaseux », pour illustrer leur compte rendu de l’incident. « Descordinado »… Ayant perdu toute coordination dans ses mouvements… D’autres diraient « a soudain pété les plombs ! »
     Parfois, c’est le contraire qui arrive…  Dans une plaza de renom, des banderilleros parlent entre eux, soufflent et regardent leur maestro souffrir devant les soudaines réactions de violence et de résistance, de tel ou tel toro dit « commercial »… Les regards des professionnels s’aiguisent ! Des interjections terribles fusent et les mots se lâchent ! « Y en a marre, maintenant ! Tu as vu cette trace, au ventre ? Va vraiment falloir en parler au syndicat… ». Puis, se tournant vers des aficionados amis  « Ecoute, on est là pour toréer des toros, mais « ça ! », c’est des tigres ! »

     Les 26 et 27 Octobre a eu lieu, à Zafra (Badajoz), le Vème « Symposium national du Toro de Lidia ». On a, bien sûr, fait de multiples bilans sur le comportement des toros actuels, parlé ESB, fièvre aphteuse, « caste et décaste »… Les vétérinaires de la plaza de Madrid ont murmuré que 75% des toros de Las Ventas, souffraient de quelque bobo interne…  De multiples professionnels ont discouru sur le changement dans la morphologie du toro, liée aux exigences du public et donc… du marché. (Zaragoza a sorti, cette année, des « éléphants »… Bon ! Le problème, c’est que la moindre plaza de pueblo prétend faire de même !)
     Et puis est arrivé le professeur Manuel Rodriguez Sanchez, de la Faculté Vétérinaire à l’Université de Madrid... dont l’intervention a laissé flotter dans l’assistance une odeur de souffre…dès que fut prononcé le mot « Dopage ! ». Bien entendu, il ne pouvait rien certifier, et termina sa prestation sur un certain nombre de questions qui ont fait s’entrecroiser quelques regards, tandis que certains assistants prenaient un air béat, et se regardaient les ongles en sifflotant...
     « Comment se fait il que l’on ne puisse pas faire une analyse d’urine systématique aux meilleurs toros des ferias de Séville, Madrid, Pamplona, Bilbao, comme on le fait à tout vainqueur d’épreuves sportives importantes ? »
     « Comment se fait il que, chaque fois que l’on prend deux échantillons d’urine d’un même toro, l’un pour évaluer son niveau de santé générale, l’autre pour déterminer un éventuel dopage… on perde toujours « une burette » ?
     Le dopage existe t’il, dans les toros ? La drogue fait elle son office, « là aussi » ? Quelle en seraient les objectifs ? Le professeur parle, à la longue, d’une augmentation spectaculaire du trapio ! (Dans la salle, calée au 18ème rang, l’ombre de Ben Johnson sourit dans le noir… En fait, on voit que ses dents !) A court terme, le dopage peut « éviter les chutes », « gonfler » la bravoure du toro, «mettre un turbo » à sa caste originelle… Il peut aussi l’affaiblir, le diminuer…Il peut également servir à … « masquer le dopage ! » Enfin bref ! Il peut servir… à nous faire tous prendre des vessies pour des lanternes !
     Au milieu de cet « énooooorme doute », le professeur préconise la mise en place d’une commission, officielle et totalement indépendante (ça n’est pas antinomique, ça ?), qui, selon des critères uniformisés, irait, « parcourant la planète toros » et remplissant ses éprouvettes, sans en perdre aucune ». ( Il ne l’a pas dit, mais… la présiderait, bien sûr…  Don Benito Johnson, lui même ! Claro ! )
     A voir ! La suggestion est bonne, totalement justifiée. Maintenant, l’immense marché commercial, auquel tout le monde grappille, acceptera t’il un tel contrôle, et l’admirable épée de Frascuelo ou du Juli, y cèdera t’elle facilement la place à celle… de Damoclès ? Franchement, moi j’en doute… Pas vous ?