L'ACTUALITÉ TAURINE 
(Juin 2001)

« IL » VENAIT D'AILLEURS... « IL » Y EST REPARTI...

     2 Juin : Elle court, elle court, la maladie d’amour... Elle fait des ravages.
     L’idolâtrie qui entoure quelques grands, n’a t’elle pas, en proportion, fait plus de ravages dans leurs rangs, que quelque lèpre dans la foule du tiers monde ? Qu’ils soient acteurs ou actrices adulés, chanteurs pop vénérés, écrivain génial, cela finit souvent mal. Elevé au rang de demi dieu, l’homme finit par le croire, flotte un moment entre béatitude et caprices, et finit par exploser dans une dernière arabesque d’étoiles... De Marilyn à Morrison ; d’Hémingway à Kurt Kovein, il ont tous tutoyé les étoiles, et se sont brulés à leur lumière.
     José Tomas a « pété un plomb », hier, en plaza de Madrid... Il a, volontairement, laissé sonner les trois avis, refusant de descabeller le cinquième toro d’Adolfo Martin. Comme à Salamanque, l’an passé, il a picoté sans conviction, a écouté deux sonneries, et s’est retiré à la troisième, le visage fermé, les yeux ailleurs...
     Un scandale maximum, au cours de la corrida la plus attendue de la feria, en présence de tout le gratin, taurin, politique, monde du spectacle, et sous les yeux d’un grand roi. Comme à Salamanque, Jose Tomas a « craché sur la foule » et sur son costume de lumières... Un fait inexplicable qui ne devait avoir que deux sorties : La prison, comme pour Curro, en 1967, en pleine San Isidro... ou l’hôpital psychiatrique, le temps de « refaire surface »...
     De fait, il ne s’est rien passé de tout cela. Qulques cris, quelques coussins, une proposition de sanction et la foule, hébêtée, est repartie vers son quotidien... 17 morts en Israel, une famille royale assassinée par un des siens, au Népal.... une catastrophe par ci, un viol par là... la triste routine. Alors, qu’un torero millionnaire se paie la figure du bon peuple... vous me direz un peu...
     Pues no ! Ce qui s’est passé hier en plaza de Las Ventas est comparable à ce qui se passe dans les classes de nos lycées, les cages de nos escaliers, les rangées de nos cinémas... Le cynisme, la provocation gratuite, l’education à la décadence, la culture niveau zéro, l’honneur aux abonnés absents... On peut, aujourd’hui, se moquer de tout et de tous, et toucher beaucoup de millions, pour cela. On aurait pu penser qu’un homme vêtu de torero échapperait à tel syndrôme... bien, non.
     Qui est responsable ? Le torero lui-même, personnage curieux, qui mêle les envolées lyriques aux vulgaires platitudes... Entre « Lac des Cygnes » et « Loft Story »... Entre du Wagner et du Zebda ..... entre du Shakespeare et du « Robins de bois »...  Une énigme ! Regard doux et sourire équivoque, il va, refusant de parler, refusant qu’on le filme... Perdu dans ses pensées, il erre, entre la muleta et la canne à pêche, entre le McDo et les ors de ses costumes toreros.
     Qui est responsable ? Ses mentors, sans nulle doute, qui ont perçu cette curieuse personnalité et l’exploite, la presse comme un citron... Pris au piège l’an passé par les caprices d’un torero perdu et d’un apoderado haineux, José Tomas a dépassé leurs prétentions et leur cynisme. Une situation qui ne peut avoir qu’un seul résultat... le suicide, professionnel, pour le moins.  
     Qui est responsable ? Le public, la Presse, le Système... Jose Tomas est un grand torero ! Il le fut ces dernières années. Il était la synthèse du toreo de classe, de courage et d’esthétique... Il faisait le toreo que tout aficionado rêve de pouvoir faire « de salon ». Mais tout cela a basculé... Le public en a fait un nouveau Manolete, et lui, l’a cru. Celui qui avançait la muleta, allait chercher le toro, le templait jusqu’à « loin derrière la jambe », enchaînant ainsi huit passes, là où tous les autres ont du mal à en lier trois... ce Tomas-là, a complètement changé pour se transformer en un « Don Tancredo du XXIème siècle » poteau planté au milieu de la plaza, citant d’un bout de muleta, de derrière la jambe opposée, tirant des muletazos invraisemblables, souvent accrochés, bousculés... Il vole, mais revient, l’air absent, « complètement serein », disent certains, et reprend son débat avec l’iraisonable. Et nous, publics de 2001, nous applaudissons cela. Et la presse le chante ! Et, bien sûr, les organisateurs, les empresas s’enchantent... Certes, parfois, et même souvent, cela fonctionne bien, et la faena devient symphonie... Il n’en a pas l’air plus heureux pour autant...
     Qui est responsable de ce qui s’est passé, hier à Madrid. Le torero seul ? Si oui, cynisme complet et donc, quelques jours au violon, histoire de redonner quelque goût du respect. Se sentant impuissant devant le toro, voyant venir le gros échec, il préfère le scandale et organise sciemment la mystérieuse débandade. Si c’est cela....mal asunto.
     Les seuls organisateurs et mentors sont ils responsables ? Ils font leur boulot, et, comme ils l’ont « monté », ils le laisseront choir, un jour, tel un pauvre ère.
     Le public est il responsable ? En partie oui... et la presse qui a provoqué cette « Tomasitis », faisant que le peuple est accouru voir « le gladiateur qui mange les lions », et l’a porté au rang de divinité, à chaque bouchée... Plus dure sera la chute.
     Hier, Jose Tomas s’est professionnellement « suicidé », en plaza de Madrid. Certes, il continuera sa route et fera le paseo, aujourd’hui, à Nîmes. Mais attention, les choses changent vite et les ovations tournent rapidement aux quolibets. Les princes ont fermé leurs portes, et il sera dur de les rouvrir...à moins d’un perpétuel rendez vous avec la mort, « dans ou hors » du ruedo... Décidément oui : « Hier, le torero venu d’ailleurs ... y est retourné »...et nous ne pouvons pas le suivre.

  1er Juin 2001 – Madrid (Las Ventas) – 20ème de la San Isidro – 15ème corrida d’abono – No hay billetes avec une revente « de scandale » - Chaleur extrême. La corrida, par veto de Joselito et Jose Tomas, n’était pas télévisiée – La corrida d’Adolfo Martin était considérée comme la course « d’espanto », devant laquelle deux figurones faisaient le geste de s’aligner. Tout à leur honneur, à première vue. En fait, « le geste » est une des plus grandes « estafadas » de toute l’Histoire de la San Isidro... Les bilans et commentaires de la Feria 2001 seront terribles...      
     Corrida mal présentée, les trois premiers, inacceptables à Madrid, indignes. Corrida faible, sin casta. Une totale déception, deux toros se sauvant par miracle, les trois et cinquième... et encore, sur leur seule corne gauche. Corrida scandale, malgré sa platitude ; corrida à oublier bien vite...et pourtant, corrida inoubliable.
     Joselito fit quelque effort face au premier, soso, court de charge. Quelque effort, mais pas un de plus. Silence. Devant le quatrième, il se montra, presque avec raison, beaucoup plus expéditif. Re-silence-

 
     Jose Tomas était attendu comme un dieu. Vêtu de rouge et or, il « vogua » dans le ruedo, comme venu d’ailleurs. Son premier le désarma, au capote, mais il se reprit bien dans un quite au delantal, clos d’une grande et lente demie véronique. La faena fut de « comme ci, comme ça ! », alternant deux bonnes passes et trois enganchones, le public gardant un silence dubitatif. Quand sort le cinquième « Lagartijo », de 507 Kgs, qui n’avait rien d’un Barabas, Jose Tomas « flotte » déjà, au capote, trébuchant sur le sable. Quelque chose ne va pas. Le toro est faible, mais le diestro débute par durs doblones, un genou à terre... 

     Le toro a une bonne corne gauche, on le voit immédiatement. Jose Tomas desssine deux premières naturelles, bonnes... une autre, enganchada. Puis viennent « les démons de la Tomasitis » : comme un palo, le diestro essaie de rester là et d’enchaîner. La muleta derrière, il essaie mollement, et chaque passe est une torchonnade. On murmure, on espère sur deux naturelles correctes. Rien n’arrive, ou plutôt, l’inattendu, l’inacceptable. Jose Tomas pique quatre fois, sans conviction et met un pinchazo hondo. Sonne le premier avis. Arrivent, picotés doucement, quatre descabellos. Ronde violente des subalternes, mais deuxième avis. Le torero met un nouveau descabello, les capes volent. Il aurait le temps... mais il attend et se retire. Le troisième avis retentit. Jose Tomas, visage totalement inexpressif, rentre au callejon et s’appuie à la barrière. Le roi reste de marbre, le public explose. Bronca monumentale et jet de coussins...Le torero n’est plus là. Scandale majeur. En d’autres temps, il serait immédiatement sorti entre deux gardes...
     Miguel Abellan a été « en torero », d’honneur, de chair et de sang. Bonne faena face à son premier, potable, qui va lui mettre une vilaine voltereta, avec blessure de 15 cms à l’arrière de la cuisse. Tuant vite et un peu bas, Abellan coupe une oreille, justifiée, et s’en va vers l’infirmerie. Roué de coups, la jambe bandée, comme l'’n passé, avec les Garcigrande, Abellan revient au sixième, après le grand scandale. Le toro ne vaudra pas l’héroïque sortie. Manso réservon, il prendra même le torero, pour quelques erraflures et courbatures de plus. Miguel Abellan, fortement ovationné quittera Las Ventas, « en torero », alors que « les serpents sifflaient sur d’autres têtes... ». Bien triste, tout ça...

 

LA PRESSE... A BRAS RACCOURCIS...

     Après la scandaleuse sortie de José Tomas, le revues et journaux regorgent aujourd’hui de commentaires douloureux ou sulfureux... Cependant, tous arrivent à la même conclusion : Cela devait arriver...
      « Ridiculement rigide, grotesquement pompeux, marchant comme s’il était en lévitation. Tout cela pour une faena « fuera de cacho », perpétuellement accrochée, sans aucun lien... « El Pais »

     Zabala de la Serna, dans ABC, fait allusion au « Vol au dessus du nid de coucous », et parle de l’incrédulité de ses collègues lorsqu’il pensa tout haut « il ne va pas le tuer... »
     Juan Posada, matador, écrit dans « La Razon » : «Jose Tomas, cynique, permet que sonnent les trois avis ». Plus loin : « On ne peut accepter l’attitude de Jose Tomas, attendant les trois avis, avec le même cynisme qui offensa le public de Salamanque, l’an passé »...
     Le chroniqueur de « mundotoro » s’indigne : « Qu’aillent le voir les philisophes, les psychiatres, les psychologues, et tous ceux dont la profession commence par psy. Mais moi, je ne vais plus le voir. On ne m’y prend plus »...
     Petit bémol, chez Juan Pedro Domecq qui, malgré tout, dans un édito, écrit « Moi, je continuerai à aller le voir ! » : « Il a eu un coup de folie. C’est la seule explication, avec en plus les conséquences d’un « montage de fous », avec pour résultat un scandale majeur, un jour d’une exceptionnelle attente, à plaza llena, malade de la Tomasitis et en présence du Roi ».
De son côté, Jose Antonio del Moral a le triomphe modeste et sobre, d’autant qu’à Nîmes, son ami et torero préféré Enrique Ponce....

 

ENRIQUE PONCE GRACIE « SON 25ème » EN PLAZA DE NIMES...

     Extraordinaire moment dans le cadre historique du grand cirque Nîmois. Les consuls et « tous les romains » ont assisté, avec plus de 17000 personnes, au moment magique : l’indulto, la grâce d’un grand toro, des mains d’un grand torero. Il s’appelle « Descarado » - N°9 – un burraco de 475 kgs, de Don Victoriano del Rio. Sorti quatrième, il tomba entre les mains d’un immense torero, Enrique Ponce, que les bons toros choisissent pour qu’il sauvent leur vie, fasse briller leur bravoure, leur grande noblesse. 24 Toros devaient déjà leur sort à Ponce, qui avait su si bien les mettre en valeur... « Descarado » est le 25ème ...et tout une ville danse. Que Bueno !

     1er Juin – Nîmes : 2ème de Feria – Beau temps, mais beaucoup de vent : Excellente corrida de Victoriano Del Rio. : Trois bons, un exceptionnel, deux plus compliqués. Le quatrième prit deux bonnes piques, et répéta ses charges, mêlant sa bravoure à une grande noblesse. Ponce, qui n’avait pu briller au capote, à cause du vent, s’enivra de toreo dans une faena de 16 minutes, mêlant avec la plastique qu’on lui connaît, le toreo à l’envers, à l’endroit, mettant en valeur la moindre qualité du toro. Déjà des cris, déjà des mochoirs demandaient l’indulto. Le maestro vint y joindre sa prière. « Descarado » est le premier toro grâcié en France, en corrida formelle. L’ovation, comme l’émotion furent immense, quand le toro repartit, vivant et glorieux, vers la grande porte de la sérénité. Enrique Ponce, radieux, vint ajouter deux oreilles « symboliques, à celle qu’il avait déjà obtenue du premier. Superbe ! Enhorabuena, Torero !
     El Juli se battit comme un diable, coupa l’oreille de son premier, voulut contrer le triomphe de l’Ancien, face au cinquième, mais bafouilla son descabello. Quand à Juan Bautista, entre le mauvais sorteo et le vent, il « passa » en demi teinte... 
Grand, grand triomphe du beau et vrai toreo, face à un magnifique adversaire. Une page de plus à l’Histoire Taurine...

 

VIC FEZENSAC... AUX ARMES !

     2 juin : La Feria de Vic débute aujourd’hui. Aux Armes... Ici, point de Jose Tomas, pourtant, il y aussi quelques fous furieux...soit « naturels », soit remontés à la bière ou au « petit jaune ». Poco importa, Vic, la Fiesta ; Vic, la Feria ; Vic : Le toro... Chaque année , une fièvre ; chaque année, une ferveur...
      Corrida de Fernando Peña, ce samedi. Au cartel, Victor Puerto « da la cara », accompagné de Padilla et Juan Bautista. Dans le ruedo réduit, les toros paraissent plus grands, les distances plus courtes. Padilla devra mesurer ses courses, Puerto, ses cris. Quand à Jean Baptiste, il se doit de pousser un contr ut !

Vive Vic ! et  « Que haya suerte pa todos ! »

 

« J’AI PAYE... J’AI LE DROIT... »

     3 Juin : «Pues, no Señor ! Ce n’est pas parce que vous avez payé que vous avez le droit d’invectiver, d’insulter, de huer celui qui, dans des circonstances difficiles, se comporte en professionnel, quand il ne peut toréer comme vous le rêvez.
     No señor, vous n’avez pas le droit d’être injuste parce que, pour quelques euros, un bout de papier coloré vous permet de vous asseoir tranquillement sur le ciment de Vic Fezensac, ouvrant chaque année, les robinets d’adrénaline, et vous donnant l’occasion de décharger toute la tension, l’agressivité, la haine qui vous habitent, et vider « cette petite lâcheté » que vous démontrez chaque jour, au boulot, dans la rue, à la maison... Non, vous n’avez pas le droit... »
     Voilà pourquoi certains, dont je suis, ne veulent plus « aller à Vic ». Alli salen toracos... Dans cette plaza, on sort des toros impressionnants, dans des conditions incroyablement difficiles, en particulier, de par la taille du ruedo. Bien ! On respecte. Cela implique, de la part du public, une connaissance de la lidia, un respect des hommes, une tolérance (mot à la mode), en un mot une réelle Aficion...  Mais çà.....
     Hier, les micros de Radio France, et les commentaires d’André Viard et Pierre Arnouil, répercutaient fidèlement le triste comportement d’une majorité de braillards qui se donnaient le droit de brâmer des insanités, alors que dans le ruedo, les hommes se montraient toreros et professionnels... « Allez donc « lidier » votre épouse, monsieur ! A ver si tiene huevos ! ».
     Bien entendu, on vous recevra « à bras ouverts », à Vic, à Dax ou Bayonne, à Mont de Marsan ou en toute plaza de toros qui se respecte, mais à condition de vous y comporter en aficionado et en citoyen... Ne pas connaître tous les secrets de la corrida est normal. Qui peut se vanter de cela ? Absolument personne...  Alors, un peu de retenue et de « bonne éducation », un peu de respect pour ceux qui sortent d’une chambre d’hôtel, sans jamais savoir s’il vont y revenir...
     La question qui demeure... Les organisateurs ont ils conscience que ce « public » est devenu leur « fond de commerce » ?  Vic voit il qu’il mise, systématiquement, sur ceux qui viennent « se soulager la haine », comme d’autres viennent « s’encanailler », à Nîmes ? Est ce une tradition ? Est ce un souhait ? Joue t’on volontairement sur les bas instincts, pour remplir le tiroir caisse ? On ne peut le croire. Cependant, entre les échos sonores et les détails de l’affiche, force est de constater que le doute qui s’est installé depuis quelques années, chemine doucement vers une certitude...

     2 Juin – Vic Fezensac – 1ère de Feria – Lleno : Toros de Fernando Peña, bien présentés, solides sur leurs pattes, astifinos de pitones. Toros difficiles, mansos, à part le troisième. Le toraco cinquième sauta au callejon et le sixième y jetta de nombreux regards. Mobilité désordonnée, puis retenue et « regards en dessous », au cours des faenas. Seul, le troisième, bien que loin d’être ideal, permit au torero de se livrer totalement. Les autres impliquaient technique, professionalisme, efficacité lidiadora.
      Juan Jose Padilla n’alla pas à portagayola et certains s’en offusquèrent (ils « avaient payé »...). Le Jerezano se montra volontaire et technique, brillant aux banderilles, efficace à la muleta, mais peu glorieux avec l’acier. Il entendit « division » à l’un, et « aplausos », à l’autre.
     Victor Puerto se montra « torero » toute la tarde. Sobre, sûr de son placement, clair dans sa tête, Puerto ne sculpta aucune oeuvre d’art, mais tailla deux trasteos d’une élégante justesse technique, face à deux clients qui refusèrent les fioritures. Victor Puerto « se puso alli », en particulier face au cinquième. Des gradins tombaient des « Eso no es torear ! »... Vous avez raison « Don Cabron ! »... Eso es lidiar... y lidiar es torear !. Victor Puerto tua en plusieurs voyages et les opinions de divisèrent.
     Juan Bautista toucha le seul potable de la tarde, et, en lui mettant la muleta devant, puesta, en ne le laissant jamais douter, il battit au troisième une bonne faena que le public suivit avec ferveur. L’estocade tomba un peu trop. Est ce la raison pour laquelle le président  se donna le droit de refuser une oreille que tout le public réclamait à grands cris ? On ne sait. Juan Bautista donna grande vuelta. Cela se compliqua un peu face au sixième qu’il fallut lidier et estoquer, sans espoir de succès.

     Ce dimanche : « Double session »...

     Le matin : Corrida de San Martin, pour Zotoluco, Jose Luis Moreno et El Renco.
     Ce soir : Les Albaserrada, pour Richard Milian, Jose Ignacio Ramos et Antonio Ferrera.

 

ANTONIO FERRERA FAIT EXPLOSER NIMES...

      Voilà qui est bon pour le moral, et pour toutes les taquillas du Sud Ouest, cet été.
     Antonio Ferrera, adulé des Français, n’arrivait pas « à marquer le but définitif »... Partout, on vantait sa force de caractère, sa vista, ses qualités athlétiques, son sens de la communication avec le gradin et une grande facilité lidiadora. Mais, à chaque fois, il manquait « le dernier point », celui qui transformait l’interrogation en un « ohh » d’admiration. Hier, Ferrera est sorti par la porte des Consuls, avec trois oreilles et un rabo coupés aux remuants Palhas... Même si le dernier trophée est un peu généreux, il n’en reste pas moins que le triomphe est réel. Asi que...

     2 Juin – Nîmes – 3ème corrida de Feria : Toros de Palha  très inégalement présentés, mais donnant à la course un intérêt permanent. Caste souvent, mobilité toujours. Quatre toros furent  importants, et l’on donna vuelta au sixième. Seul le quatrième fut « malo ».
     Fernandez Meca se montra torero en pleine maturité. Le public demanda longuement l’oreille du premier, que le palco refusa, écoutant bronca. Meca donna une vuelta sous l’ovation générale. Face au quatrième, « a lidiar, y en paz ! ». Le public applaudit les efforts du Français – Pepin Liria resta peut-être, un peu « en dedans ». On ne trouva pas en lui cet engagement total qui fit vibrer la Maestranza, il y a peu. « La tête » déjà à Madrid, peut-être...  Silence à l’un, applaudissements à l’autre – Antonio Ferrera fut un typhon, « un toro parmi les toros », coupant une oreille au troisième, il mit le feu à la plaza, face au dernier. Excellent à la lidia, bondissant aux banderilles, on le vit brillant à la muleta, alternant le vibrant et le « reposé », le classique et le baroque. Deux oreilles et la queue ... Bon ! C’est Nîmes, c’est la feria du renouveau.... Mettons  trois « grosses oreilles » et c’est bien ainsi. Un réel triomphe.

     2 Juin – Nîmes - En matinée : Très sérieuse novillada de Jandilla qui vit le triomphe de Julien Lescarret, sortant a hombros, après avoir coupé une oreille de chaque adversaire. Important triomphe du jeune landais, devant le mundillo et la presse taurine espagnole qui, on le sait, affluent en masse, « a la feria de Nimesss ». Leandro Marcos et Julien Miletto ne rencontrèrent pas le succès...

     Ce dimanche 3 Juin : . Corrida matinale, de Zalduendo, pour Joselito, Jose Tomas et Sebatien Castella. On espère que Jose Tomas « se sera levé du bon pied »..
     Ce soir, corrida de Adolfo Martin (qui « se la joue », après le désastre madrilène), lidiée par Espla, Denis Loré et Jesus Millan. (A propos, les Adolfo Martin de Madrid feront l’objet d’examens post mortem... Algo raro paso alli !)

 

A MADRID, LE CALME RETROUVE...

     3 Juin : Las Ventas résonnent encore du « scandale Jose Tomas », vendredi dernier. Hier, la corrida de cavaliers n’a rien donné, mais la plaza commentait encore le curieux comportement du dieu déchu. Pendant ce temps, d’autres soulignaient la toreria et le pundonor de Miguel Abellan dont la grande actuacion et le réel triomphe torero avaient été estompés par le « grand scandale Jose Tomas ».      A priori, Miguel Abellan devrait se voir « récompensé » en se voyant offrir le troisième poste à la corrida de Bienfaisance, le 14 Juin, qui se présenterait comme suit : Toros de Victorino Martin pour Eugenio de Mora, Miguel Abellan et Rafael de Julia. Cartel intéressant, mais, on peut craindre quand même pour la taquilla .

     2 Juin – Madrid (Las Ventas) – 3ème corrida du Rejoneo – No hay billetes : Corrida triste et silencieuse, à cause des toros de La Laguna, médiocres. Silence  pour les frères Domecq, en solo ou en duo – Ovation pour Sergio Galan et Diego Ventura, en individuel. Rien au dernier, al alimon. Long et pesant. A oublier.

     Ce dimanche  3 Juin : Corridon de Samuel Flores pour Pepin Liria, qui entre dans la Feria, Davila Miura et  un Juan Bautista, avec le moral, on l’espère, après sa bonne sortie de Vic, hier.

 

UNA « SALVAJADA... »

     4 Juin : Dans quel monde vivons-nous ? S’il n’y a plus aucun respect de la vie, si l’on ne pense qu’à provoquer, salir, faire mal, alors « apaga y vamonos !»... Que ce soit au « Kilomètre 57 » d’une nationale, ou dans le ruedo de Vic Fezensac, on ne peut accepter les outrances, les coups de force, les provocations, qui finissent toujours, à plus ou moins longue échéance, par un crime ou une catastrophe...
    
Bien entendu, il n’y a aucune mesure entre l’attentat du « Kilomètre 57 », et les incidents « tartarinesques », « granguignolesques » de Vic. Mais, accepter l’un, c’est ouvrir la porte à d’autres, de plus en plus violents, de plus en plus aveugles, de plus en plus fous... et on arrive, un jour, à l’irréparable, aussi vrai que « deux et deux font... »
    
La foule est dangereuse. En général, composée de braves gens, pris individuellement, mais qui deviennent « très forts, lorsqu’ils sont plus de trois », elle roule comme les vagues qui enflent tout à coup au vent mauvais. Alors, elle se déchaîne, à la moindre occasion, et il suffit de peu pour l’amener à l’irréparable.
Dans un spectacle de ce genre, où la foule est nombreuse, où les passions s’exacèrbent, les organisateurs ont obligation de préserver l’ordre, la sécurité des hommes et des biens. Dans une corrida, le président a charge du bon ordre, dans la plaza, et doit être le premier à respecter le règlement. Vêtus de lumières, les toreros... tous... doivent aider au bon déroulement de la course, et ne pas « en rajouter une louche », quand l’incident éclate.
    
Hier, à Vic Fezensac, le président refuse une oreille pour Richard Milian. Qu’elle soit ou non méritée, peu importe, la foule la demande à grands cris, plus qu’avec des mouchoirs lavés bonux. La pétition est  assourdissante et règlement en main, le président doit accorder l’oreille, qu’il ait ou non apprécié le travail du torero... Point final... Ici, malgré les décibels, le président reste de marbre et déchaîne l’ire des spectateurs. Durant de longues minutes, la bronca roule comme une tempête et enfle tout à coup. Dans le ruedo, la cuadrilla de Milian fait monter la pression et multiuplie des gestes tout à fait déplacés. Pour finir, El Andaluz ira faire  couper une oreille du toro, la promènera autour du ruedo, et finira par la jeter vers la présidence, dans une ultime provocation.
    
On peut comprendre sa réaction. En aucun cas, on ne peut l’accepter, la cautionner. Andaluz est, doit être, avant tout, un torero. Donc, il doit se comporter « en torero ».Et même si l’on est généreux, même si l’on a un coeur « gros comme ça », même si on hait l’injustice, on ne peut se laisser aller à profiter de l’imbécilité d’une multitude, ou la provoquer, et salir, encore une fois, son costume de lumières. Eso no es !
    
Encore une fois, Vic est témoin d’incidents inacceptables. Si l’on remonte dans le passé, on se souviendra de cette foule, devant l’hôtel, un soir de corrida annulée, qui menace les toreros, attaque les coches de cuadrilla, pille des malles de matériel, laçère les capes, les costumes de lumières, hurle au lynchage... On se souvient de cet orage, en 1971, lors de la corrida de Murteira. La foule est là qui refuse l’évidence : Le ruedo est totalement noyé, la suspension s’impose. Mais la bronca est telle que la présidence fera retraite. Dans les gradins, on entend des choses comme : « La corrida peut être arrêtée, on s’en fout. Nous, on va chercher les fusils, et les toros, on va les estoquer, à notre façon... » Ceci est véridique. Nous y étions. L’émeute se termina grâce à un coup de vent qui chassa les nuages et au coup de pundonor d’un torero qui dit  « Moi, je ne quitte pas l’arène sans avoir estoqué mes toros ».. C’est ainsi que l’ordre revint et que Ruiz Miguel « entra » dans le coeur des français.
    
Hier, le président s’est lourdement trompé et les toreros se sont vilainement comportés. Ils portent une lourde responsabilité sur ce qui se passe, et se passera, dans les gradins et les ruedos, aujourd’hui ou demain, à Vic ou ailleurs. La foule est chaque jour plus imbécile, plus folle, plus haineuse, plus lâche... A cause de ces algarades, l’escalade est inéluctable et, un jour, il y aura une catastrophe. Un jour, par panique ou hystérique mouvement de foule, il y aura des morts, comme dans certain stade de sinistre souvenir...
    
A Vic, hier, on a encore gravi un degré dans l’imbécilité collective. Bien entendu, cette « connerie » ne peut qu’être condamnée. Mais cela n’est rien à côté de ce qui s’est passé « au kilomètre 57 ».. Parce que là... ce fut une véritable salvajada, un attentat prémédité, sauvagement perpétré. Et même s’il ne s’agit « que d’animaux », comme diront certains, les auteurs de cette saleté ne méritent qu’une chose : « douze balles ! »
    
Samedi soir, 2 Juin, un camion roule dans la nuit. A son bord, douze chevaux, douze pur sangs, douze athlètes, douze « toreros »... L’après midi, « ils avaient toréé », aux ordres de leurs maîtres, Luis et Antonio Domecq, en plaza de Madrid. La corrida avait été mauvaise, mais ils avaient fait leur devoir, et ils rentraient vers Jerez, « vers la maison ».
    
Au Kilomètre 57, sur la route vers l’Andalousie, il y a un restaurant, où l’équipage a l’habitude de dîner, les soirs de longue route. Après avoir fait le tour du camion, vérifié que les chevaux étaient bien, ne manquaient de rien, le chauffeur et le palefrenier s’en vont se restaurer et se détendre. Ils sont tranquillement attablés quand on entend soudain deux explosions. Des cris, des hurlements, tout le monde se précipite. Là, à quelques mètres, le luxueux camion brûle. A l’intérieur, douze chevaux...  Quelqu’un a jeté deux coktails molotov, deux bombes incendiaires, et le camion est en feu...Un seul mot : « Hijoputas ! »
    
Tout le monde se précipite. On réussit à ouvrir la porte arrière : deux chevaux sont sortis presque indemnes mais affolés. Neuf bêtes sont atteintes, plus ou moins gravement, certaines affreusement brûlées, mutilées. Il faudra achever le dernier, « Legitimo »... Une vraie « salvajada »...
    
Bien sûr, qu’est la vie de quelques chevaux, à côté des hommes, des femmes et des enfants qui meurent,   assassinés chaque jour, en Israël ou en Palestine, en Algérie ou ailleurs ? Certes ! Mais avouez que l’escalade n’a plus de fin et que celui qui accepte la violence, le viol, des hommes et des lois, ne peut s’étonner d’avoir un jour à constater l’irréparable, la pure sauvagerie, qu’il a lui-même provoqués, par sa lâcheté et par des mots comme « tolérance », « démocratie » « égalité » « fraternité »...
    
Vous sentez vous, vous, égaux, frères, avec ceux qui imposent la violence, la force, la menace, l’insulte  et qui assassinent « même des chevaux...» ?  Pues, yo no....

 

VIC FEZENSAC :  BELLE MATINEE.... TRISTE SOIREE ! ! !

     3 Juin : Vic a vécu, encore une fois, des moments tour à tour magiques et révoltants. Un mayoral qui salue, à Vic, est un chant à la caste du toro de combat. Et s’il salue, à Vic, il saluera, un jour, à Madrid (Dans le cas qui nous intéresse, c’est déjà fait) .
    
Grande corrida encastée de San Martin, pour la deuxième année consécutive. Les Chafik ont montré la caste, la saine agressivité du toro de combat. Un torero les a compris, qui les connaît bien, puis qu’il vient « en voisin », le Zotoluco qui donne vuelta à l’un et coupe l’oreille de l’autre. Jose Luis Moreno et Renco ont fait ce qu’ils ont pu, mais...
    
Le soir, les Albaserrada ont déçu. Dans le souvenir resteront quelques muletazos « a gusto » d’Antonio Ferrera, l’épée de José Ignacio Ramos, la méchante cornada de Luis Calvo « Juncal », au quatrième, et puis l’incident : Face au premier Montalvo, un sobrero « qui de laisse », Richard Milian qui vient de saluer, pour son douzième et dernier paseo à Vic, va toréer comme il en a l’habitude : enlevé, pimpant, dynamique. Le public accompagne, joyeusement. Milian part pour une estocade entière, au prix d’une voltereta et d’une cornada qui se révèlera peu grave. Tandis que le torero part vers l’infirmerie, la foule demande une oreille, à grands cris. On doit accorder cette oreille. C’est le règlement. La pétition augmente, le président continue dans son entêtement. Alors les injures, alorsd les provocations, alors les outrances. Bronca assourdissante, de plusieurs minutes. Puis l’incident « Andaluz », relaté plus haut. Une oreille est promenée sous les vivas, totalement déplacés, et finalement balancée sur la présidence... Bon ! On dira, tout simplement : C’est Vic !

 

NIMES : BELLE (PETITE) MATINEE... TRISTE SOIREE ! ! !

     3 Juin : Nîmes a vécu un dimanche en demi teinte. La corrida du matin a satisfait les toreristres et déçu les toristas. On pouvait s’y attendre. Le soir, tout le monde est sorti en traînant les pieds, « chemin de l’apéro ! » Otra vez sera !
    
Le matin, cinq toros de Zalduendo, « de taille réduite » et bons pour le torero, et un sobrero de Victoriano del Rio, bien présenté et excellent – Joselito s’est montré très décidé, ce qui est un exploit, par les temps qui courent. Oreille pour le madrilène – Jose Tomas a donné grande faena au Victoriano. Faena droitière, templada, seigneuriale. Le torero se fait prendre sur une naturelle, sans mal, heureusement. Final par manoletinas et une oreille. Le cinquième sera, comme le précédent, incommode, et la volonté du torero ne passera pas – Triomphe de Sebastien Castella qui coupe une oreille chaque fois et sort a hombros, « à la barbe des grands ». Muy bien por Castella, que l’on voit toujours « fragile », mais qui sait être ferme et torero. Il faut lui donner du temps et des toros.
    
Le soir, les Adolfo Martin ont encore déçu, plus par leur jeu que par leur présence. La terna, composée d’Espla, Denis Loré et Jesus Millan, ne put que se montrer volontaire, à divers degré, et professionnelle.

 

MADRID : PEPIN LIRIA « LA MONTA » DEVANT UN MANSO DE SAMUEL...

     Enorme Pepin Liria, hier, à Las Ventas. Une oreille coupée, une oreille de bronze. Une des plus méritées de la feria, coupée à un manso très agressif de Don Samuel. Manso de haut vol, qui s’arrêta et pietinna devant le capote de Pepin, qui s’enfuit au moindre picotazo, et arriva cru à la muleta, après « un mitin » des banderilleros. Faena dans la querencia du toro, très agressif, très enracé. Faena vibrante, commencée en se doublant et en gagnant le toro, là, dans les premières passes. Au premier derechazos, un arreon et la corne dans la poitrine. Bon ! Pepin Liria revient  à gauche et y restera. Alliant intelligence lidiadora, vaillance lucide, toreria et sens du spectacle, Liria, au ras des planches, donnera quatre séries de naturelles vibrantes, certaines « en coup de fouet », d’autres, réellement templées, longuement conduites, le tout clôturé de passes du mépris, de firmas, en regardant le public, droit dans les yeux . Quand le métier se met au service de la totale sincérité , personne ne peut résister, pas même un manso. Le public appuya totalement le torero et hurla de joie quand Liria porta une entière « de guerrier », évitant la corne droite... parce que ce n’était pas son jour. Le destin est aussi aficionado. « Oreille totale !» Oreille de joie et d’admiration ! Oreille que l’on n’a pas besoin de quémander, ou d’aller chercher au desolladero...
    
Après Séville, Madrid... Un Pepin Liria, totalement relancé, et devant quels toros : Samedi : des Palha, à Nîmes ; Dimanche : des Samuel, à Madrid ; Lundi : des Cebada, à Vic. Et mercredi, allez, des Conde de la Corte, à Las Ventas. Vaya semanita de Pentecostes ! Heureusement qu’il lui reste le mardi... pour penser aux toros !

     3 Juin – Madrid (Las Ventas) – 22ème de Feria – Grand beau, mais du vent, du vent – Lleno total : Corridon de Samuel Flores, grands, beaux, musclés, bien armés. Au cheval, le premier ; A la muleta les deux de Davila Miura. Le quatrième est manso, très mobile, très agressif. Dans l’ensemble, la corrida était très sérieuse, parfois impressionnante, mais toréable. Des toros qu’il faut convaincre, avant de les vaincre. Le vent a beaucoup gêné les toreros, encore une fois.
   
 Liria, sérieux et volontaire avec le premier qui rompit le combat à mi faena et partit  a tablas. Bon coup d’épée un peu tendu. Au quatrième...« la monto ! », coupant une oreille de vrai torero. Muy bien por Pepin Liria – Davila Miura laissa passer deux toros de triomphe. Destemplado, forcé, sans transmission, il distribua des tonnes de passes... et ne dit rien. Gros échec, à peine estompé par une énorme estocade à son premier, quoique perdant la muleta, dans l’embroque. Dans sa cuadrilla, Juan Montiel fut encore précieux, à la brega – Juan Bautista a connu une très mauvaise journée. Deux faenas fades, sans aucune sécurité, sans aucune autorité, devant des toros très imposants, mais semblant permettre quelque chose. Mal asunto ! A son actif, un quite salvateur à un banderillero poursuivi, et l’estocade au sixième.

    Ce 4 Mai... Planquez vous ! Les monteviejo arrivent. Multicolores, bas sur pattes et armés comme ça, les autres Victorinos vont sortir, bien décidés à faire du grabuge.... En face : El Fundi, Ramos et Padilla ont intérêt à « s’accrocher aux branches ». Madre mia !
 

« MONTEVIEJO... LE TORO QU IL VOUS FAUT... »

     5 Juin : « Madame, si vous voulez  faire passer à votre mari l’envie de lancer quelque oeillade coquine à votre jolie voisine, n’hésitez pas... Monsieur, si vous voulez vous venger de votre inspecteur des impôts et de son zèle « article 48, rectifié 53 »... un seul cadeau : « Monteviejo... le manso qu’il vous faut... ». Effet garanti !
    
Ah, il est beau, le Monteviejo... Tout droit sorti des poussièreuses estampes de « La Lidia », il déboule dans la plaza, ou sur l’écran de votre télé, et tous ensemble : « Aaaaaah ! Qu’il est beau ». En bas, dans le callejon , les toreros sentent leur pomme d’Adam filer derrière les oreilles « Oju ! Vaya un tren ! »
    
C’est vrai qu’il est beau : Enorme, quoique pas si lourd que ça, multicolore, il réunit tous les mots du lexique : Berrendo  en 48 couleurs, calcetero chaussé de blanc, bragado, meano, il porte souvent au front la petite étoile blanche du lucero, dessinée entre « un par de petacos », lisez cornes, à vous faire battre tous les records du cent mètres, à reculons. Vaya un toraco. Il sort comme un diable, fait trois courses et, arrivant dans la première cape, freine des quatre fers, sautille sur place, « regatea », et part en torpille sur la première dorure qui passe. Il est beau le manso ! Alors, au cas où l’on n’aurait pas bien vu, il en sort six du même gabarit, six du même acabit...
    
Alors que Don Victorino, tranquillement assis dans le tendido, est le seul à pouvoir avaler son bocadillo, les toreros, en bas, suent, crachent et tempêtent. Un respeto !  Du respect pour tous les coletudos d’hier, en plaza de Las Ventas, à part, peut-être, pour le picador qui massacra le sixième. Un grand respect pour Ramos et Fundi, qui, avec leurs moyens, se mirent longuement devant les toros, banderillant brillants, leur volant quelques quarts de passes, sans savoir s’il seraient encore vivants à la sortie.
    
« Ah qu’ils sont beaux, les Monteviejo ! »... En voyant tout cela, tout en écoutant la débandade vicoise, on se dit que l’abono de la Feria 2002 peut, d’ores et déjà, se vendre... Amis Vicois, en un seul mot : « Monteviejo, le toro qu’il vous faut ! »
    
4 Juin – Madrid (Las Ventas) – 23 ème de San Isidro
– Llenazo et grand beau temps : Fracaso ganadero de Victorino Martin, pour la présentation, en feria, de son deuxième fer. Six monstres , « con estampa de Barcial, y muy mala leche ! ». Toracos qu’il fallait lidier « sur les jambes » et tuer le mieux possible. 1,2,4 et 5ème dangereux ; 3ème plus potable, et 6ème très encasté. Casta... oui, mais... de laquelle ? Le sixième fut massacré à la pique par Justo Jaen, aux ordres de Padilla. Long puyazo en plein milieu du dos, puis un « 18 trous » interminable, dans la totale passivité du maestro. Barbarie !
    
El Fundi a été mieux que de coutume. On le vit ferme à la cape, brillant aux banderilles, en particulier dans une paire « de pundonor », après un premier échec, face au cinquième. Il se montra courageux et sincère avec muleta et épée, même s’il ne put rient tirer de bon. « S’en tirer indemne », était déjà, en soi, un exploit. Le public garda un silence respectueux – Jose Ignacio Ramos s’est battu. Banderilles en force, muleta en bataille, le torero de Burgos s’est mis devant, « y trago ! ». Celui qu’on attend toujours, avec l’épée, se balança sans hésitation sur le morillo : Il pincha les deux, mais mit une entière magnifique au cinquième, écoutant la seule ovation de la journée – Padilla eut quelques détails, à la cape au troisième, aux banderilles, avec ses collègues. Avec la muleta.. a defenderse. Il ne voulut pas voir le sixième qu’il refusa de banderiller, et démolit d’un metisaca « au sous sous-sol ». Le seul moment brillant de la tarde : Tiers de banderilles au troisième, le Fundi et Ramos étant vraiment bien, mettant Padilla dans l’obligation d’être mieux. Le Jerezano fut « superior », et l’ovation, énorme. Ce fut la seule d’une  tarde à oublier bien vite.

 Ce 5 Juin : Les Guardiola,triomphateurs, l’an passé, pour Victor Puerto, Rivera Ordoñez et El Juli.

 

VIC : SE ACABO LA MANSADA !

     Que dire de plus ? Ceux qui vont à Vic savent ce qu’ils vont voir. Certains ont quelqu’espoir... D’autres vont se faire une petite chaleur malsaine. Grand bien leur fasse.  Mansos dans le ruedo, mansos dans les gradins ! Muy bien ! Un filon qu’il ne faut surtout pas arrêter d’exploiter, puisque « ça marche ! ».
    
Cependant, comme une petite lumière au fond du noir tunnel, reste le souvenir des San Martin ! « Chapeau, Monsieur Chafik... Gran quite les ha hecho Ud... à los de Vic ! » Et en plus, ça rime !
    
Dernière corrida, dernière mansada, très dangereuse, celle-là, de Cebada Gago, au point que les plus braillards se mirent à raisonner un peu et à remballer leur hargne, leur bêtise. Corrida impressionante de trapio et de mauvaises idées. Pas grand chose à faire, sinon voler quelque muletazo .. y matar. Très digne Fernandez Meca qui sera fortement applaudi. Ferme, sérieux, le français, malgré sa lésion à la main gauche, mettant technique et volonté, là où toute autre expression était impossible – Liria entendit une injuste bronca, face à son premier, qu’il expédia en trois mouvements. Il reçut le cinq à genoux, et le règla en bon professionnel, devant des gradins soudain assagis. Silence – Jesus Millan fit ce qu’il put avec deux cadeaux empoisonnés. Silence partout – La seule grande ovation pour El Chano, banderillant le quatrième.

 

NIMES FINIT « EN NOIR ».

     La feria « du renouveau » s’est terminée hier sur un toro « manso manso », du nom de « Batanero » qui prend six refilonazos et  finit, banderillé de noir. Bien ! Cela fait partie de la lidia, et le public n’a pas à protester ainsi un toro, parce qu’il est « manso de libro »... Vaya aficion ! Les toreros ont été bien, Victor Puerto l’attaqua et... à la fin, donna vuelta. Vaya aficion !
    
Corrida d’Alcurrucen, très décevante. Six colorados, très inégaux de présence, et sans grand jus.Toros maniables, mais sosos, fadasses, faiblotes. Nada ! Le cinquième sautillait partout, le sixième fuyait son ombre.
    
Finito se trouva très beau, très bien. Le public le trouva très beau et très « ch...schématique ! » (Silence et bravos) – Manolo Caballero, long comme un jour sans pain. Il tua bien le cinquième (Applaudissements baillés) – Victor Puerto mit trois largas au troisième et continua à le « véroniquer » à genoux, lui gagnant du terrain. Olé ! Faena à la fois sérieuse et enlevée  pour une oreille, la dernière de cette feria qui a connu trois grands triomphateurs : Ponce, Antoni  Ferrera et surtout Victoriano Del Rio, ganadero de Madrid, qui a lidié sept toros dans cette feria, tous brillants, au point que l’un d’entre eux fut gracié. Enhorabuenissima, Señor !

 

ALLEZ DONC LES VOIR ET FAITES UNE PETITE PRIERE ! ! !

     5 Juin : Les chevaux des Domecq sont en train de passer un calvaire. Ils ne mourront pas, mais ne poseront plus jamais un sabot dans un ruedo. Allez donc les voir, ils sont en photo sur mundotoro.com. En aucun cas, il ne s’agit là de voyeurisme. Voir ces pauvres bêtes, ainsi massacrées, retourne les tripes, et en dit long sur la folie des hommes. Si vous ne nous croyez pas, allez les voir...
    
Les plus atteints ont pour nom « Airoso », « Maestro ». Ils sont sous respiration artificielle. « Deleite »et « Coqueton » souffrent de terribles brûlures, ainsi que de graves lésions aux yeux. Un spécialiste ophtalmo est venu de Paris, voir ce qu’il peut faire... « Oleo », « Napoleon », « Jabato » et « Nebli » sont à peine moins atteints. Que tristeza ! De son côté, « Marques » va bien.
    
Que pena ! Pauvres bêtes, hier si fières, si toreras ; aujourd’hui, si horriblement mutilées, sans oreilles, dépecées vivantes, les yeux brûlés. Una canallada ! Les frères Domecq sont démolis. Pas une question d’argent, bien sûr, mais simplement le coeur qui caque, devant le spectacle des ces braves compagnons des jours heureux. Una tristeza ! Un crimen !
    
Bien sûr, « ce ne sont que des bêtes ! ». Mais, allez les voir, et si vous le pouvez, faites leur une caresse, doucement...

 

L’HONNEUR D’UN TORERO... « EL JULI »

     6 Juin : Il est cinq heures du matin, Paris s’éveille, Madrid aussi. La clinique de La Fraternidad résonne de ces bruits feutrés, de cette fièvre qui accompagnent les évènements plus tragiques que d’habitude. Pourtant, dans chaque chambre, un drame se joue, plus ou moins grave, plus ou moins prévu, plus ou moins controlé. Mais aujourd’hui, les couloirs répèteront les mêmes questions : « Où il est ? », « Comment il va ? ». Des jeunes femmes, qu’elles soient malades ou infirmières, souriront leur tendresse en murmurant « Pobrecito ! » ; des mamans ébaucheront un sourire d’amour maternel... « Pobrecito ! »
    
Dans sa petite chambre, il aura passé la nuit que passent tous les toreros dont les chairs ont, tout à coup, été labourées par la corne du toro. Entre fièvre et délire, geignant de douleur et de rage, maudissant le mauvais sort, se lamentant de n’avoir pu continuer et couper les oreilles, murmurant sa soif de retour et de triomphe, il vit des moments terribles. Il les connaît déjà, il peut « les aguanter », comme le plus encastés des toros du mauvais destin. Déjà, il pense à demain...Il  est torero, il est « un torerazo ! » Son nom... « El Juli ». C’est encore un enfant, mais il est « todo un hombre ! »
    
Pour moderne qu’elle soit, la clinique de « la Fraternité » n’aura jamais l’image magnifique et taurinement romanesque du « Sanatorio de los Toreros ». Là, les odeurs de l’éther racontaient les exploits, les  moments de génie, les hauts faits d’armes de « gens du toro ». Aujourd’hui, une figure du toreo repose entre l’accidenté de la route, et l’appendicite aigüe... Liberté... Egalité... « Fraternité » !
    
Julian Lopez est tombé, hier, sur le sable de la plus grande arène du monde. Il est tombé glorieusement, blessé par un toraco de 627 Kgs, haut comme un camion. Il est tombé en toréant de la gauche, de verdad. La cuisse gauche ouverte, un morceau de chair pendant du trou béant, il essaya de se relever, de continuer. Tandis qu’on l’emportait, le public se cachait les yeux. Impression de terrible cornada. Celui qui, quelques moments avant, invectivait le torero, fut soudain la cible de la foule désarçonnée. L’angoisse imposait un coupable...
    
« El Juli », à 18 ans, est déjà  de ceux qui, dans l’histoire taurine, rejoindront les Joselito « El Gallo », Luis Miguel Dominguin... Nous ne le voyons pas ainsi, mais nos petits enfants, futurs aficionados des années 2050, le liront dans leur « Cossio électronique », tout en parlant du nouveau « Torocop » et de son épée intersidérale... « Il y a longtemps, vers 2001, il y avait un torero... On l’appelait « El Juli » ». Sidérant !
     
18 ans et tout l’honneur du Toreo ! « Chapeau, Monsieur Juli ! « Que descanse, que se ponga bueno ! » L’Histoire continue. La vôtre ne fait que commencer... »

     5 Juin – Madrid (Las Ventas) – 24 ème de Feria – No hay billletes – Beau temps – Vent : L’atmosphère est lourde. Déjà, des voix discordantes dans les tendidos. Certains miaulent  à l’apparition des taureaux... Mauvaise foi ! Mala leche ! La corrida est de présentation irréprochable : Trois Guardiola Fantoni  (1, 4 et 5ème) et trois de Guardiola Dominguez (2, 3 et 6ème). Les Villamarta sont là. Pas faciles, encastés, ils ne tomberont pas. Les « miau miau » du Tendido 7 ne sont qu’aigres diffamations de quelques « amargados de la vida »... On les plaint ! Corrida difficile, demandant technique lidiadora et courage. Si, de plus, on ajoute toreria, personnalité, on aurait pu aller vers le triomphe, en particulier avec le cinquième, excellent. Le Juli s’en allait vers un nouvel exploit, mais le sort en voulut autrement.
    
Le toro « Anglo », 627 Kgs », de Guardiola Dominguez, mit un coup d’arrêt à la corrida. Le Juli avait été presque parfait : Bien à la cape, très attentif à la lidia, il avait sauvé son picador Salvador Herrero, mal tombé à la deuxième rencontre. Au quite, le Juli avait soulevé toro et public, par de grandes tafalleras. Les banderilles, sur le piton droit - (Il n’ose pas encore « partir à gauche », dans les grandes occasions, mais cela viendra) – avaient été applaudies, sans histoire. Avec la muleta, firmeza et  intelligence. Toro « tête haute », torero « bien dans sa tête ».... Tout indiquait le succès imminent. Puis, l’horizon bleu se déchira... Dans une naturelle, la corne suivit un instant la muleta, et tout à coup, obliqua droit dans la cuisse gauche du Juli. Le piton entra, pénétra la chair, ressortant de l’autre côté, envolant le corps du jeune diestro dans une vilaine cabriole. Tout le monde hurla, sur les tendidos, devant les télés... Les mains sur la tête, au point de se sentir mal, comme le père du torero, dans le callejon. Una cornada de caballo ! Cela va si vite, et si lentement... Tous se précipitent sur le corps que vient d’abandonner, enfin, le toro. Tous au quite, tous au secours. Les collègues, les peones, le mozo de espada et, claudiquant, « El  Soro », toujours torero, qui évitera que le jeune blessé, inanimé, n’avale sa langue... Sur la cuisse gauche, un trou béant d’où s’échappent des lambeaux de soie et de chair... Sale impression ! La blessure ne saigne pas beaucoup, mais... sale impression.
    
La corrida ne s’arrête pas là, mais, le ressort est cassé, d’autant que les nouvelles n’arrivent pas vite, depuis l’infirmerie. Victor Puerto a été bien, en torero « de tête et de coeur ». Il connut son moment de gloire, face au bon cinquième : Début de faena à genoux, continuant ainsi, « toréant vraiment » trois derechazos. Puis, debout, une passe changée dans le dos. Vaya ! Hélas, la faena connaîtra un passage à vide, le toro baissant, en même temps que la superbe du torero. Les dernières séries et les adornos toreros ne permettront pas l’ultime réconciliation, et demain, on dira « Victor Puerto... Bien, mais il a laissé passer le cinquième... »
    
Rivera Ordoñez va mieux, mais... Torero au répertoire bien trop court, aux gestes bruques, à la moue peu engageante, il n’arrive pas à transmettre au tendido, cette force, cette caste, ce courage sec, que lui a transmis son père. Larga à genoux, quite un peu embrouillé, quelques naturelles bien tirées, parmi d’autres « forcées »... Difficile de s’y retrouver. Il dut prendre trois toros et le fit en torero et en vrai matador de toros. Certes, cela ne soulève pas la foule, mais son actuacion reste pleine de dignité. Attendre encore...
    
Le public balança, toute l’après midi, entre « palmas y silencio », Victor Puerto entendant une ovation au cinquième. En fin de corrida, le bulletin médical disait : « El Juli présente une cornada de pronostic « peu grave » et des coups « partout ». Blessure de 20 cms d’extension au triangle de Scarpa de la cuisse gauche, la corne déchirant la peau, les tissus subcutanés, et arrachant le muscle antérieur. Elle frôle les vaisseaux principaux sans les toucher. La blessure est très spectaculaire, très sale, pleine de terre et de débris divers. Opération sur place et transfert à La Fraternidad ».
    
Pronostic « menos grave », mais Le docteur Maximo Garcia Padros veille ! On attend les réactions du blessé et quelque imflammation possible. Todos toreros ! « Que se ponga bien Juli, Matador ! »

 

DEUX CHEVAUX S’EN SONT ALLES...

    Madrid – 6 juin : Hier, deux des chevaux des frères Domecq, horriblement blessés samedi soir, ont succombé à leur graves lésions. Il avaient pour nom « Maestro » et « Coqueton ». Le souffle de l’explosion, les flammes, le fumée, la chaleur, avaient brûlé leur trachée, leurs bronches.. Tout « à l’intérieur » était à vif. Les pauvres « avaient respiré la mort »... Voilà, c’est fini ! Ils sont partis « toréer les nuages », enfin en paix, loin des hommes, à la fois, « si bons et si cons... »
 

TOLOSA...AFICION Y « AMISTA... »

     Quand Juin arrive, on s’y prépare... On sait que, dans quelques jours, on se retrouvera, pour de vrais et bons abrazos, loin des faux semblants, loin des regards tordus et des mauvais sourires. Ici, « fuera mariconadas ! », les hommes sont durs et les poignées de mains font grimacer ! Mais pour une fois, en se massant les cartilages, on est vraiment heureux, contents d’être « entre amis ». Quand Juin arrive, on a rendez vous à Tolosa.

     La plaza est comme les hommes : sévère, à l’extérieur, presque « peu engageant »... Mais à l’intérieur, elle est comme « l’âme basque », quand on y est entré : solide, fière, forte et douce à la fois.
     Le soleil en éclaire les tendidos. Tout est bien rangé. La contre barrière est de blanc et vert égayée. Ils sont fièrs de leur plaza. Comme ils ont raison... ils l’ont reconstruite, presque pierre par pierre, et lui ont redonné le lustre d’antan. Maintenant, reste à lui donner cette « catégorie » que toute plaza, même de troisième, essaie d’atteindre. Alors, chaque année, en toute aficion, avec sérieux et pleins d’espoir, ils imaginent, pèsent et soupèsent le pour et le contre, cherchent dans leur mémoire, les encastes les plus favorables, les cartels les plus « redondos »... Ils ne sont pas riches, font et refont leurs calculs, la tête pleine de questions. Mais quand arrive l’heure du paseo, pour peu qu’il fasse un peu soleil et que le tendido soit bien rempli, ils sourient et vous « embrassent vraiment ». Ils sont comme ça, ceux de Tolosa, et c’est un vrai plaisir de les retrouver, en toute aficion, en toute amitié, même si l’on sait bien que la corrida ne sera pas « de las de Madrid »... Et l’on ne demande pas ça, d’ailleurs .
     Personne ne s’y est trompé, surtout pas les Peñas et clubs Taurins « du Nord », qui font le déplacement de Tolosa, pour une journée de bonne gastronomie, de bon vin et de grande amitié, toute simple, toute vraie, comme une bourrade qui accompagne le « on est content de vous voir ».

     Cette année, Tolosa reste fidèle... Le Juli vient de tomber. Dommage ! Il revenait, avec ceux qui, l’an passé, avaient donné le meilleur d’eux mêmes : Eugenio de Mora, Bautista, Abellan. C’est un coup dur. Espérons que ceux qui ont réservé ne renonceront pas.
     Tolosa, deux jours de corridas, les 10 et 24 Juin ; un grand concours de recortadores, le 17 Juin, et , tout autour de la San Juan, des animations, de la musique et de la joie dans les rues. Asi es Tolosa ! Asi de sencillo... Aficion y amistad...
     Dimanche 10 Juin : Toros d’Alcurrucen, qui avaient donné grand jeu, l’an passé, pour Abellan, Javier Castaño et le remplaçant du Juli. Y aura t’il un vétéran « devant » ? Y aura t’il « un autre jeune » ? On va le savoir très vite.
     Dimanche 24 Juin : Les Jandilla de Fuente Ymbro, pour Jesulin, qui revient à Tolosa, Eugenio de Mora, le triomphateur total de l’an passé, auteur d’un des grands moments de la présente San Isidro, et Juan Bautista, qui fut « énorme », en plusieurs moments, l’année dernière. (Voir Temporada 2000 et galeries photos 2000)

     Tolosa - Renseignements et réservation – Téléphone 00 34  616 339 894 et Fax : 00 34 943 65 51 22
     Tolosa et son site internet : http://www.geocities.com/torostolosa/indice.htm.
     On peut aussi louer à l’Office du Tourisme de Bayonne : 05 59 46 01 46

     Bon voyage ! Bonne route ! Bonnes corridas !

 

« LAISSER PASSER » UN TORO...

     7 Juin : C’est une drôle d’impression. Tout en étant très humble, sachant  qu’on n’oserait même pas « penser à faire le paseo »... Tout en gardant le plus grand respect pour le torero, on a un drôle de sentiment. On est aficionado, on a quelque connaissance, quelqu’idée de la technique... On connaît le torero en piste et ses capacités, son immense courage. Alors, quand il rentre au burladero après « la faena qu’il n’a pas faite », on a du mal à lui sourire vraiment, et même le « enhorabuena » des copains sonne faux. « Estuvo muy bien ! » essaient de se convaincre ceux qui doutent, mais ne peuvent expliquer pourquoi. Un malaise ; « des entournures » qui gênent un peu... 
    
« Estuvo muy bien ! » martellent les pros... Pourtant, on est loin du « Aayyyy señor, que bien estuvo ! ». Du coup,on s’en va, des questions plein la tête... « J’ai l’impression qu’il a été « en dessous »... Quelque chose a du m’échapper ! ».
    
Alors, on rentre et l’on s’attable. La tête encore bourdonnante, on se met à déguster le petit plat que sa femme a fait mijoter avec amour, tout en râlant un peu parce qu’on arrive à dix heures du soir, depuis 25 jours... «C’est bien bon... pourtant, il manque quelque chose ! », mais on ne peut dire quoi... Alors on se tait, on mange, et on lui fait un énorme bisou... « Que bueno ! »
« Señor Pepin Liria... allez savoir pourquoi, on a l’impression que vous avez laissé passer un toro, hier, à Madrid... mais bon, quelque chose a dû nous échapper... Alors, « Estuvo muy bien ».... 

     6 Juin – Madrid (Las Ventas) – 25 ème de la San Isidro – Plein – Beau temps : On ne retrouve plus les Conde de la Corte. Ni dans leur trapio, ni dans leurs défauts et qualités d’antan. C’est à la fois bien mieux  et « plus pire ! ». Souvenez vous... 1968 : Ordoñez confirme l’alternative de Miguel Marquez. Les deux triomphent, et de quellle manière, devant un corridon du Conde de la Corte. Du trapio à revendre, des pitons droits vers le ciel, veletos. Des « cages », imposantes, mais souvent des pattes bien faibles. On les appelait « les colosses aux pieds d’argile »... Ils sont tombés bien bas, mais remontent la pente, doucement. Ils ne tombent presque plus... ya es algo ! Cependant, les idées sont loin d’être claire, et la noblesse qu’impose le nom semble vouéé aux oubliettes... « Monsieur le Comte, vos toros sont devenus des spadassins à la solde de quelque prince noir, qui vous attendent, la nuit, au coin d’une ruelle trop noire... Pouah ! »
    
Trois du Conde de la Corte (1,3, 6ème), mansos au cheval, très difficiles à la muleta, sachant « ce qu’il laissaient derrière eux », prenant une passe, deux peut-être, essayant de planter le torero, et de vilaine façon, à la troisième. Du Sentido, et de la force. Media casta y mala leche ! Le 4ème était un remplaçant de Sanchez y Sanchez, très armé, « manso y manso »... Restent deux toros de Maria Olea, sortis 2 et 5ème. Ils sont « de la famille de Monsieur le Comte... » et lui restèrent fidèles, surtout le cinquième. Mais, manso au cheval, le deuxième arriva fort à la muleta, et , vaincu, convaincu par les doblones de Liria, se mit à venir droit et long, répétant noblement  ses charges,  déclenchant au moindre toque. Un grand toro, semble t’il... mais...
    
Mais, Pepin Liria, torero de Cehegin, guerrier décoré de mille médailles héroïques, se mit à le toréer, montrant à tous la qualité du bicho. Sa première série, quoique forcée et perfilera, mit l’eau à la bouche. Il se redressa un peu au début de la seconde, mais la termina en tire bouchon. On se dit « Nada !, c’est pour maintenant ». Une autre série, à droite, et un joli pecho... puis des naturelles, rapides, fouettées...Des applaudissements crépitent, puis baissent d’intensité... Les passes se succèdent, souvent bonnes, mais « la faena » ne vient pas... Liria tua d’une demie très tendue et d’un descabello « sans bavure ». Le public lui fit ovation, mais beaucoup se posaient la même question : « Que paso ? » Le cinquième était un « fer à repasser » ambulant, et Liria ne mit pas la vapeur. Mal à l’épée, picotant sept descabellos.
    
Oscar Higares débuta bien, et finit mal, comme souvent. Pour excuse, la sale cogida que lui infligea le toro d’ouverture, qui changea dès les premières séries, retournant sec, s’arrêtant dans la suerte, la tête aux épaules du torero. Au sortir d’une naturelle, Higares est pris, s’envole, tombe méchamment. Le toro le piétine consciencieusement et s’asseoit dessus. La suerte du rouleau compresseur ! Sonné, aplati,  roué de coups, le torero revient au combat. Rien que pour cela, admirable. Le quatrième, au sortir d’une passe, lui écrase le pied, faisant trébucher Higares qui roule et se sauve. Pas à dire, Higares, au cours de cette corrida, « n’a pas pris son pied », et nous non plus...
    
Padilla a eu deux moments toreros, face à deux carnes. Les deux dernières paires de banderilles au troisième levèrent des ovations et quelqu’espoir, d’autant que le Jerezano fit un joli brindis au Juli, via les micros et caméras. Mais il fallut vite déchanter, le toro tournant court, et le torero restant à court d’idées. Face au sixième, le Cyclone de Jerez « souffla un peu », laissant tomber sans autre forme de procès. A la sortie, on dit qu’un aficionado lui en fit reproche. Les membres de sa cuadrilla ont eu, dit on, beaucoup de mal à maîtriser la caste que Padilla n’avait pas eu dans le ruedo... Mais ça, c’est des « on dit »...
    
Ce 7 Juin, corrida de Cuadri... Le Zotoluco mexicain arrivera, accompagné d’Efren Acosta, son picador qui, une fois réglées ses affaires avec la Justice Espagnole, pourra démontrer « el buen arte de picar un toro ». On en a besoin. A leurs côtés : Manolito Sanchez et El Tato, qui ont besoin de relancer « les réacteurs ».. (Petite allusion à une reseña de Georges Dubos, en 1970, à Mont de Marsan, où il parlait de Damaso, face aux « Cuadri réacteurs »)...

 

CAPTIEUX... L’OVALE ET LE ROND...

     Fête du Rugby et du Toro, les 9 et 10 Juin à Captieux... Ils ont toujours fait bon ménage, donc, pas étonnant de les trouver « al alimon », en terre landaise.
    
Rugby, le Samedi, avec des anciens qui jouent, des filles qui en décousent (« planquez vous, cela va faire du rafut ! »), et le soir, au coin d’un petit rosé ou d’un ricard, finale du championnat de France, sur grand écran. Convivialité, rugby passion, aficion....Grande soirée en perspective.
    
Le lendemain, c’est de toros qu’il s’agit. On remettra le « Traje de Oro 2000 » à Julien Lescarret. Bien, mais que cela ne lui tourne pas trop la tête, « como a otro que yo me sé »...
    
Puis, le soir, Novillada piquée. Un joli cartel : Novillos de Pedres, que les aficionados du Paul Ricard, ont distingués comme les meilleurs, l’an passé. Pour le Affronter : Luis Vital Procuna, portugais  de haut vol, brillant à la cape, excellentissime aux banderilles, ayant fait de gros progrès à la muleta, comme démontré à Madrid – Julien Lescarret, « qui avance » et fort bien. Nîmes vient de lui faire triomphe et du coup, « on passe à la taille au dessus ». Suerte, car, quand on aime bien, on exige bien ! – En troisième, Salvador Vega, qui se présente en France. Une méchante cogida l’a privé du Trophée des novilladas de San Sebastian, en mars, mais, il est torero à voir absolument. Double personnalité  du Malagueño, capable de toréer très, voire trop, technique, faisant penser un peu à l’Espartaco des années 90 (un peu « fuera de cacho », un peu de pico, un peu retorcido, mais, on « fait passer » 99% des toros), puis, soudain capable de totalement se relâcher, sculptant sur place de magnifiques et lentes arabesques.
     Salvador Vega, à découvrir ou à revoir. C’est à Captieux, et c’est pour dimanche.

 

EN BREF.... EN BREF.... EN BREF....

     7 Juin : El Juli se remet, mais cela prendra plus de temps que prévu. Pour le moment, intenses douleurs et problèmes à quelque vertèbre. Ce qui inquiète : la masse musculaire et la peau arrachées par le piton. Un greffe sera nécéssaire, puis, il faudra reconstruire tout cela... On parle de 25 jours. Pour le commun des mortels... un an , et encore... avec une jolie kiné !
    
7 Juin : Morante de la Puebla remplace le Juli, samedi à Avila et dimanche, à Tolosa. Que bueno !
    
7 Juin : On parlera de la Corrida de la Bienfaisance. Cartel modeste, quoique respectable : Encabo, Ramirez et De Julia, face aux Victorinos de monsieur Martin... Attention, c’est là où l’on va voir si, « hors abono », Don Victorino est capable de remplir Las Ventas...Apostamos que no !
    
7 Juin : Jose Tomas va être fixé sous peu. L’acte d’accusation est signé, et il n’est pas piqué des vers : Refus de combattre, provocation, désobéissance à l’Autorité... Son « coup de stromboli » du 1er Juin 2001 peut lui coûter, en plus de quelque mépris, beaucoup d’argent, et l’interdiction de toréer, pendant quelques heures... Après la lumière, on passe à l’ombre... L’important est de ne pas y rester.

 

LES CUADRI FREINENT ACOSTA...

     8 Juin : « Oui, bon... pas terrible comme jeu de mot ! » Mais on peut le tenter, d’autant qu’il résume assez bien la corrida d’hier, en plaza de Madrid, où faisait sa réapparition le fameux picador mexicain, Efren Acosta, héros de la dernière feria de Otoño.
    
En délicatesse avec la Justice Espagnole, il s’était fait attendre, et avait perdu l’occasion de briller, notamment à Séville, devant les Miura. Aux ordres du Zotoluco, Efren Acosta revenait à Madrid, et, face aux Cuadri, « on allait voir ce qu’on allait voir... ». La feria souffrait autant de mille puyazos traseros, que le Giro d’Italie, de « kilos de tricherie » en tube. Il était temps de mettre de l’ordre dans la maison !
     
Efren Acosta, légende vivante du « buen arte de picar », sortit au quatrième. Comme auparavant, il cita le toro, pointe levée au ciel. Comme auparavant, il aguanta la charge, superbe, se campa sur ses étriers, visa... et la puya tomba au milieu du dos. Traserisimo, le puyazo du ténor méxicain... Du style « Tu la vises... et tu la manques ! » Dans le callejon, ou devant les télés, les « collègues picadors » se marraient doucement et « s’en reservaient une » à la santé du toro qui joua ce bon tour à celui qui ne s’était privé de les brocarder, en octobre dernier. Un Cuadri l’a ramené à plus de modestie... En somme, une sorte de « efrenazo ! ».
    
De fait, ce sera le point d’orgue d’une corrida qu’on prévoyait dure, mais qui ne le fut pas, les Cuadri sortant, pour la plupart, nobles et faibles... Décidément, on ne sait plus à quel saint se vouer... Le grand picador « carioque » à tout va ; les mastodontes jouent les enfants de coeur ! Le premier de la tarde fut un grand toro, à prendre au sérieux, quand on distribuera las prix et trophées. Son nom : « Olé-olé » ! Faut le faire ! Oui vraiment, les temps changent. Que podemos hacer ?

     7 Juin – Madrid (Las Ventas) – 26 ème de la San Isidro – La plaza ne s’emplit pas – Tarde agéable : La corrida de Cuadri est sortie, bien présentée mais trop lourde. Plusieurs toros furent protestés, mais aucun ne fut changé, et c’est bien ainsi. Montrant quelque faiblesse, les Cuadri surent « se tenir », trois d’entre eux se révélant nobles et brillants (les 2, 4 et 5ème), le premier « Olé-Olé », de 540 Kgs, frôlant la grande classe.Le mauvais sort s’acharna sur El Tato qui réussit à tirer les deux carnes, dans un même lot.
    
Très bon début de faena du Zotoluco, face au grand premier. Un peu « secoué » par les protestations du tendido rebelle, le diestro mexicain reprit le dessus et fut remarquable, tant que dura le toro. Deux grandes séries, sur les deux mains. Avec temple, cadence, « à fond le vibrato ».. Puis, le torero flotta un peu, et le toro baissa de ton, tout en gardant sa grande noblesse. Zotoluco donna encore deux grandes naturelles, mais sa faena n’a pas décollé. Après un pinchazo et une entière basse, il salua une ovation percée de quelque désaccord strident. Dommage. Après l’échec de son picador, Zotoluco se montra plus fade, face au quatrième, qu’il descendit en six passages bien bas, écoutant... le silence – Manolito Sanchez tua bien, ce qui est rare, chez le blond de Valladolid. Malheureusement, et une fois de plus, « apunto... pero no disparo ! ». Toujours de bons détails, toujours quelque muletazo de haut vol, puis, on redescend pour un triste quotidien. Silence au deuxième, division des opinions, face au bon cinquième – Tato n’eut pas de chance au sorteo. Le troisième, qu’il reçut magnifiquement à la véronique, finit reservon, tête en l’air, par moment très violent. Le sixième propulsa en l’air le picador José Benitez  et faillit le mettre sur orbite... Tato esssaya bien d’endiguer ses mauvaises intentions. Il lui en coûta un méchant vol plané. Silence sur toute la ligne pour l’aragonais, bien mal payé de ses efforts.
    
Ce 8 Juin, « l’avant dernière », avec les fameux toros de Doña Dolores... Grands, pointus, indisciplinés, ils peuvent vous faire couler, ou vous emporter au ciel... A part le Juli, les « figures », qui avaient parié sur « le geste » de prendre « du dur », pour cette San Isidro, se sont plantées, et de quelle façon ! Voir les « aventures de Saint Tomas... ». Avec un seul contrat, face aux toracos de la Dolores, voici Enrique Ponce qui fait son pari... En grande forme, plus technique, mais plus libéré que jamais, Enrique Ponce peut « renverser » la feria. On le lui souhaite. L’accompagneront : Juan Mora, dont on attend toujours quelque joli mot, au milieu de grandes phrases vides, et Eugenio de Mora, qu’on aura plaisir à voir, après sa blessure et son triomphe du 22 Mai. A rematar la Feria. Ne pas oublier que, de bon ou « mal gré », Eugenio de mora est le seul torero à avoir coupé deux oreilles à un même toro, au cours de cette feria 2001. Suerte !

 

BAYONNE ... BAYONNE...

     8 Juin : Présentation des cartels de la saison 2001, en plaza de Bayonne. A l’heure où le soleil sera au zénith, ou presque, la plaza de Lachepaillet écoutera avec attention, la liste de ceux qui la feront vibrer, cet été.
    
Fête nationale et la corrida « en bleu blanc rouge » - Fêtes de Bayonne et les toros « de fuego » !  - Fête de l’Assomption et deux corridas encadrant « l’autre » tradition taurine -  Puis, le feu d’artifice final, avec les deux courses de Septembre, authentiques cartelazos, les hommes et les toros se pertageant la grande affiche. De quoi vous laisser « baba ! ». Normal, on est à « Ba Bayonne... »
    
Bien entendu, et contrairement à certains, on ne déflorera aucun petit secret, mais d’ores et déjà, on sait que plusieurs cartels valent le déplacement. Mais chhttt, pas un mot au Roi Léon !!
    
Annoncés « entre midi et deux », les cartels seront à votre écran, le temps d’un apéro et de quelques mots d’amitié ! Santé !

Cartels annoncés : 

Samedi 14 Juillet (18 heures) : 
Novillada de Ana MARIA BOHORQUEZ pour Javier VALVERDE- Julien LESCARRET -César JIMENEZ
Dimanche 15 Juillet (18 heures) : 
Corrida de SAN MARTIN pour Richard MILIAN – Stéphane FERNANDEZ MECA - Sébastien CASTELLA
Samedi 4 Août (18 heures) : 
Rejoneo : Toros de Benitez CUBERO pour Leonardo HERNANDEZ - Pablo HERMOSO de MENDOZA - Alvaro MONTES
Dimanche 5 Août (18 heures) : 
Corrida de Cebado GAGO pour Juan Jose PADILLA - Antonio FERRERA - Francisco MARCO
Dimanche 12 Août (11 heures) : 
Novillada sans picadors de Erales de Santafé MARTON pour Curro REYES - Jonathan VEYRUNES - Manuel ESCRIBANO - David GALAN
Dimanche 12 Août (18 heures) : 
Corrida de ATANASIO FERNANDEZ pour Enrique PONCE - Juan BAUTISTA - Javier CASTANO
Lundi 13 Août (22 heures) :
L'Andalousie à cheval
Mardi 14 Août (22 heures) :
Corrida Basco-Navarraise
Mercredi 15 Août (11 heures) : 
Novillada sans picadors de Erales de Santafé MARTON pour Fernando CRUZ - Antonio RONQUILLO - Curro LUNA - Rafael VIOTTI
Mercredi 15 Août (18 heures) : 
Corrida de Javier PEREZ TABERNERO pour Manuel CABALLERO - Victor PUERTO - Eugenio de MORA
Samedi 1er Septembre (17 heures 30)  : 
Corrida de Luis ALGARRA pour Curro VAZQUEZ – Jose TOMAS - EL JULI 
Dimanche 2  Septembre (11 heures)  :
Finale des novilladas sans picadors : Erales de la Ganaderia de l'Astarac pour les deux triomphateurs du mois d'Août
Dimanche 2  Septembre (17 heures 30) : 
Corrida de Victorino Martin pour Stéphane FERNANDEZ MECA - Enrique PONCE - Miguel ABELLAN

 

ENRIQUE PONCE A FAIT SA « B.A »....

     9 Juin : Que dire d’autre ? Plutôt que d’être méchant avec la « Señora Ganadera » que l’on respecte pour sa classe et sa gentillesse, mais qui devait bien, un jour, vivre l’envers de la médaille du snobisme qui entoure ses toros... Plutôt que de faire un long compte rendu des essais voués à l’échec des toreros face à « une saleté imbuvable », on dira seulement que Enrique Ponce, « figuron dela Toreo », que Madrid doit absolument démolir d’entrée, parce qu’il est « Figuron del Toreo », est venu, a fait sa B.A, sa bonne action, comme un bon scout, et s’en est allé triompher ailleurs, faisant des gestes d’en d’autres plazas, où on le respectera, où on le laissera toréer, par exemple, à Valencia ou à Bayonne, devant les Victorino Martin....
    
Madrid a toujours « monté  les toreros », pour mieux les démolir ensuite... Seulement voilà, « il faut » venir à Madrid... Tout comme d’autres toreros du haut diu panier, Enrique Ponce a, cette année, fait le choix de passer par Madrid en s’affichant devant une corrida dure...  Un mauvais moment à passer, mais, en fin de compte, il vaut mieux cela que de se faire siffler en toréant bien un toro dit « commercial »...
    
Techniquement, un torero comme Enrique peut « s’envoyer » tous les mansos de la Dolores, (et il y en a plusieurs wagons »), et, on ne sait jamais, parmi ces moruchos, l’un pourrait tout à coup « se laisser », donnant une dimension importante au toreo du valenciano. Alors, partout on ne parlerait que « de la faena de Ponce « avec le Dolores Aguirre ». C’était un pari, comme celui de Joselito, comme celui de José Tomas...Eux aussi pensaient que peut-être, malgré la mauvaise qualité probable des Partido de Resina, ou des Adolfo Martin, il pouvait y avoir un miracle, et que peut-être, on allait parler de « la faena de Joselito, en 2001, avec le Pablo Romero », ou « du monumental moment de Tomas, devant le toro de « Don Adolfo »...
    
Ils ont parié, ils ont perdu... Surtout Jose Tomas, qui a, d’un coup, « plus que perdu », en affichant un profond mépris de sa profession et du public... Sinverguenza ! Voyons donc comment il s’en sortira. Comment traitera t’on un grand, quand on voit comment est traité un modeste... Jose Antonio Canales Rivera vient d’être condamné à une multa de 2 millions de pesetas pour avoir refusé de tuer un toro, dans une plaza de troisième catégorie... Combien pour José Tomas, à Madrid, devant le Roi et le monde entier ?  Joselito a aussi perdu, mais sans grand dommage. Il a été comme on pouvait s’attendre à le voir. Il a été « presque mieux », en particulier avec les Pablo Romero.
    
Hier, Enrique Ponce a été digne et torero. Madrid l’a sifflé, mais sans sadisme, tout en se disant... « Bon, on va un peu le mettre en boîte, mais au fond, c’est un sacré torero et même avec ces carnes, impossibles, il est drôlement bon, serein et en un mot, torero ». Alors, malgré l’ambiance, Ponce est venu, a tiré de belles lignes avec ses deux mansos et s’en est allé ailleurs...
    
Pendant ce temps, un jeune garçon de 18 ans, « torerazo » magnifique triomphateur de la San Isidro, est rentré chez lui, endolori, la cuisse gauche arrachée par un Guardiola, après avoir obligé Madrid à se découvrir devant sa toreria, son courage, sa volonté de triompher... On l’appelle « El Juli ».
    
Enrique Ponce n’a pas triomphé. On pouvait s’y attendre. Il est passé  par Madrid, qui a oublié ses gestes, et ses « gestas » (« le Sepulveda » de 94, « le Valdefresno » de 96...), et préfère le siffler, dès le paseo... Il est passe, a fait sa B.A, et s’en est allé, comme « un bon garçon », bien éduqué, et immense torero...
    
Côté ganado, la réputation surfaite des Dolores Aguirre devait un jour éclater au grand jour. C’est fait : quelle saleté ! Mansada total, en cinq épisodes, sans présentation, sans aucune classe... Ne parlons pas de caste, voulez vous... Ou alors, de media, ou de mala... muy mala !  Des espèces d’autobus balourds, qui se baladent dans tous les sens, d’un air couillon, prenant un puyazo par ci, menaçant un banderillero par là, prenant ici trois muletezos suivis, on ne sait pourquoi, avant de « pegar un arreon de mucho cuidado », là, au moment où personne ne s’y attendait. Quelle m.... ! Pour le coup, un Victoriano del Rio, remplaçant renfort, sorti deuxième, se mit au diapason...
    
Donc, la reseña de cet avant dernier festejo de la Feria de Madrid 2001, ne mérite que trois lignes, et un immense respect pour les hommes qui ont fait le paseo et ont « aguanté le temporal », chacun selon ses moyens, chacun selon sa classe : Juan Mora, en provocateur ; Enrique Ponce, en vraie figure du toreo; Eugenio de Mora, en jeune promesse sortant de blessure, qui fit ce qu’il put devant deux carnes impossibles, au prix d’une voltereta dangereuse... Reprendre l’épée dans ses conditions... un bon moyen pour perdre le sitio.... Espérons qu’il n’en sera pas ainsi et que cette corrida ne sera qu’un triste épisode, vite oublié... 
    
« Si vas a Calatayud  (o a Bilbao )...ya no vale la pena preguntar por la Dolooooores.... »

     8 Juin : Madrid (Las Ventas) – 27ème de Feria – Llenaaaaazo ! – Du vent, toujours au mauvais moment : Cinq saletés de Dolores Aguirre, hautes, destartaladas, mansos fuyards et imbéciles spadassins. Un Victoriano del Rio, sorti deuxième, qui tourne au vinaigre. Pouah ! – Juan Mora : sifflé au premier, arracha quelques muletazos sur les allées et venues du quatrième. Du coup, en profita pour faire un bras d’honneur au tendido des chèvres... Ce qu’elles n’apprécièrent pas...bèèèèèè voyons ! – Enrique Ponce : Technique, torero, même en descendant le ciquième d’une méchante atravesada. Il essaya d’intéresser, à la fois les toros et le public, et sen sortit très dignement, malgré les opinions qui, chaque fois, se divisèrent – Eugenio de Mora  ne put qu’essayer de reprendre ses marques, en rentrant de blessure, à Madrid, devant deux « impossibles ». Il se fit prendre et « finit en bambinette » (traduisez, le bas ventre pudiquement caché, grossièrement enveloppé de bandages) Cela aurait pu être beaucoup plus grave. A l’épée, « il s’est souvenu » de la dernière cornada. Espérons qu’il oubliera vite, comme nous tous, cette saleté de « non corrida »...

     Ce samedi 9, Victorino se joue la première moitié de sa peau ! La seconde, ce sera pour la Bienfaisance. Est mal barré, don Victorino : Madrid se rappelle de sa mauvaise sortie de la Feria d’Automne, ratifiée quelque jours plus tard par la catastrophe de Zaragoza.... Madrid n’a pas apprécié le Victorino de la corrida de la Presse, dont « le manque de tout » a fermé la Grande Porte au Juli, alors que, pour une fois, le grand public était prêt à l’ouvrir pour lui... Madrid a entendu parler de la provocante moruchada de Nîmes... Cela fait « un peu beaucoup »... Alors, Madrid surveillera la présentation, les forces et « la présence »... Qu’ils soient bons ou pas, ce qui importe, c’est qu’ils soient « en vrais Victorinos » ! Le sorcier de Galapagar a douze opportunités pour convaincre que « Non, « ils » n’ont pas changé !..
    
En face : Espla, pour gigoter malignement... Caballero, pour donner des muletazos, des muletazos, encore des muletazos... Uceda Leal, pour quelque éclair de classe, furtif, mais qui ravit le photographe aficionado.

 

BONNE CORRIDA DU TORREON A PLASENCIA...

     9 Juin : Cesar Rincon, torero ganadero, continue son traitement avec un admirable courage. Qui s’en étonnera, quand on sait le torerazo qu’il a été ? Monterazo, Señor !
    
Comme si de rien n’était, il poursuit, avec amour, son travail pour améliorer la ganaderia du Torreon, dont il est devenu le maître. Et, peu à peu, ce travail va donner ses fruits. Hier, à Plasencia, il a sorti un bon lot, peut être un peu limité de forces, pour les trois premiers, mais excellent à partir du quatrième, à qui on donna vuelta posthume. Il s’appelait « Sibarito » - 510 Kgs-  et Espartaco le toréa « a placer ». Du baume au coeur du torero ganadero, et un grand bravo, en attendant de voir ses produits, à Eauze, début juillet.

     8 Juin – Plasencia – 2ème de Feria : Six toros du Torreon, inégaux de présentation, nobles sans fadeur, mais un peu faibles, les trois premiers. Vuelta au quatrième – Espartaco : Silence et deux oreilles (Faenon devant le grand quatrième) – Caballero : Silence et oreille (Il tenta de soutenir le prermier, et tua mal) – Rivera Ordoñez : Ovation et deux oreilles (Il mélangea le bon toreo et le spectaculaire démago, face au dernier. En fait, il fit « tout » pour couper les oreilles... Ce n’est déjà pas si mal !)

 

 GRANADA – CORPUS 2001

     La plaza de Granada fait penser à d’anciennes images que l’aficionado retrouve au coin d’un vieux « Digame », ou d’un « Ruedo » poussiéreux, à moitié devoré par les souris, au fond d’un méchant grenier. Ganada, l’Andalouse maure, dont les filles ont les cheveux si noirs qu’ils en sont bleus nuit. Granada, la gitane, et les mystères du Sacromonte. Granada, sa feria, son public, mi sérieux, mi « manolas » aux yeux noirs et mantilles ; Granada, sa plaza : Massive, presque mystérieuse, elle est fermée 358 jours sur 365... Pourtant, quand arrive juin, elle est le cadre d’une feria, à la fois joyeuse et sérieuse, où défilent toutes les figuras, qui s’y affrontent en une saine compétion. Curieusement, la feria de Granada a souvent été marquée de grandes faenas devant de grands toros..(on se souvient de Paco Ojeda, d’Ortega Cano, entre autres...). Voyons ce qui peut se passer dans cette ville où « il n’y a peine plus grande que d’y être aveugle ! »

Samedi 9 Juin : 
Novillada non piquée
Dimanche 10 Juin : 
Toros de Gabriel Rojas pour El Cordobes, Davila Miura et Perez Chicote (qui remplace le Califa)  
Lundi 11 Juin :
Toros de Maria Luis Dominguez Perez de Vargas, pour Pepin Liria, Juan Jose Padilla et Jose Luis Moreno 
Mardi 12 Juin :  
Toros de Buenavista, pour Jesulin de Ubrique, Victor Puerto  et  El Fandi
Mercredi 13 Juin : 
Toros de Torrealta, pour Luis Francisco Espla, Jose Tomas et le remplaçant d’El Juli  
Jeudi 14 Juin : 
Toros de Nuñez del Cuvillo, pour Finito de Cordoba, Rivera Ordoñez et le remplaçant d’El Juli.
Vendredi  15 Juin : 
Toros d’Ana Romero, pour Enrique Ponce, Morante de la Puebla et Miguel Abellan.  
Samedi 16 Juin : 
Toros de Parlade, pour Joselito,  Jose Tomas et El Fandi  
Dimanche 17 Juin : 
Rejoneo – Toros de Flores Tassara, pour Javier Buendia, Leonardo Hernandez, Fermin Bohorquez et Gonzalez Porras

 

LES DEUX SORCIERS ET LE CHEVALIER...

     10 Juin : Les oreilles bourdonnent encore de la rumeur... L’espace d’un instant, on est tous aficionados, unis dans la même émotion, la même ovation. Dans les peñas, même les plus grincheux pourfendeurs de picadors se frottent les yeux :  Un toro de Victorino, plus spectaculaire que brave, va provoquer une leçon de toreo a cheval, de citer à la pique, de porter le fer « dans tout le haut », et « medir el castigo », de calibrer le châtiment. Ni trop, ni trop peu...
    
Hombre ! Pour cela, face à un toro de race et de force, il faut un picador, un matador et un cheval.... Le matador doit laisser agir son subalterne, en conscience, car il est le premier à souhaiter le succès de son chef de file. Le picador doit être un grand cavalier et un grand torero, amoureux fou de sa profession et de « l’Art de bien piquer un toro ». Quand au cheval, il doit être solide, maniable... et grand aficionado.
    
Hier, 9 juin 2001, il y eut tout cela en plaza de Las Ventas de Madrid. Hier, on retrouva ce moment béni où tout le monde a le coeur au bord des yeux, les mains qui font mal à force d’applaudir. Hier, un matador « grand sorcier », Luis Francisco Espla, faillit bien couper deux oreilles en étant, avant tout, un grand psychologue, puis un torero spectaculaire, comme toujours.  Hier, un picador Colombien, Anderson Murillo a connu « le » moment de gloire qu’il mérite depuis toutes ces années où il piqua aux ordres de Cesar Rincon. Justice totale du ciel qui a mis sur son chemin un maestro et un toro qui lui ont laissé faire la suerte comme il l’entend, et comme il la fit, si souvent, « cuando con Cesar ! ». Enhorabuena Anderson, torero !

     Un picador donnant la vuelta avec son maestro, il y avait belle lurette que l’on n’avait pas vu cela en plaza de Madrid... depuis Raimundo Rodriguez, peut-être...
    
La corrida de Victorino, dans son ensemble, ne fut pas bonne. Ce fut une mansada « très enracée », se cachant derrière une grande mobilité, et surtout des cornes impressionnantes. Corrida « différente » qui va ramasser des prix et des trophées, parce qu’elle fut « autre chose », et que l’on ne s’y ennuya jamais. Cependant, on laissera Luis Francisco Espla la définir : « Elle se montra sans forces au début, et compliquée par la suite... ».
    
Mais Victorino, autre « grand sorcier », s’en sort, avec des toros très spectaculaires, superbement coiffés, remuants, alliant le mystère et la beauté, la noblesse des grands d’Espagne, et le sombre regard des spadassins, cachés derrière quelque colonne... Toros à l’ancienne, imprévisibles, devant lesquels il faut être, avant tout, bon psychologue. Et là, Espla est passé grand maître...
    
Bilan de cette course... La corrida est avant tout, émotion. « C’est clair ! », comme on dirait dans « le loft ! » Autre conclusion : Les banderilleros ont acquis, il y a une quinzaine d’années, le droit de briller, de « faire  la suerte » avec art et toreria, alors qu’on leur demandait « efficacité et rapidité, avant tout »... Aujourd’hui, les picadors revendiquent également ce droit. Ils sont « les mal aimés » de la corrida, et il faut dire que souvent, ils font beaucoup pour. Cependant, Efren Acosta, l’an passé, et Anderson Murillo, hier, ont ouvert la voie. D’autres s’y engageront et les maestros n’auront qu’à l’accepter... pour le bien de la fiesta.    

     9 Juin – Madrid (Las Ventas) – Dernière de San Isidro – No Hay Billetes – Pluie à partir du troisième – Du vent, encore et toujours : Corrida de Victorino Martin et « public à faveur ». Six toros de présence inégale, mais d’incontestable trapio, tous très armés « marca de la casa »... On était loin de Nîmes... Corrida très enracée, remuante, attentive à tout. Le premier tourna court ; le deuxième s’éteint rapidement ; le troisième se montra idéal à droite ; les toreros firent mentir le quatrième, tardo à la pique, spectaculaire au châtiment, mais sortant seul, dangereux à la muleta. Le cinquième mit Caballero en déroute et le sixième s’arrêta, mettant un triste point final à cette corrida « différente »... Qu’en serait il resté, s’il n’y avait eu « le » grand moment ?
     Sort le quatrième, « Bodegon » - 524 Kgs – qui va donner lieu à un premier tiers historique, dont l’incontestable vedette sera un picador colombien, Anderson Murillo, (à qui ses pairs, embourbés dans leur syndicale démagogie, font bien des misères en ce moment. Après ça.... peuvent aller se rhabiller !)
    
Le picador cite le toro placé loin. Toro tardo, qui attend beaucoup, regarde d’un air intéressé les manoeuvres du cavalier. Première charge et pique un peu trasera, le piquero tapant la salida.... Bueno ! C’est alors que l’intensité va croître, et l’émotion avec. Toréant, menant son cheval comme à la parade, manoeuvrant avec spectaclaire et efficace noblesse, le picador va citer deux fois et recevoir le toro pour deux puyazos d’anthologie, le fer porté « dans tout le haut », dosant parfaitement son châtiment... sous les acclamations du public totalement conquis. Un énorme moment, et toute la grandeur de la  Fiesta Brava. Se retirant sous les ovations, castoreño à la main, Anderson ne savait pas que son maestro, malin s’il en est, lui ferait la joie de lui faire partager une partie de sa vuelta, après que le public ait longuement demandé l’oreille de ce toro difficile, qui ne fut ni réellement brave, ni noble, mais qui fut ...« un Victorino ».
    
Luis Francisco Espla l’avait remarquablement banderillé, surtout la deuxième fois, puis avait bien senti, muleta en main, que le toro... n’était pas assez piqué. La bagarre tourna court, l’alicantino se faisant prendre et reprendre, dramatiquement, à la troisième naturelle. Espla, très secoué, revint au toro, rageur, et tenta de rependre la gauche... Interdit. La faena s’arrêta là, et se conclut d’une demie. Le public était tellement bouleversé par les dix dernières minutes vécues qu’il demanda l’oreille avec grande force, mais le président refusa. La bronca fut épique. (Curieusement, aucun banderillero ne fit de cirque, personne n’alla quérir une oreille au desolladero,  et il n’y eut pas de chulo, pour lancer le sanglant cartilage à la tête du président. Peut-être parce qu’à Madrid... le palco est trop haut ! Ca doit être ça !). Grande vuelta d’honneur pour Espla, torero et grand acteur, qui avait déjà brillé face au premier toro, noblon , mais très court, imposant des terrains que le vent interdisait.
    
Manolo Caballero eut, certes, le lot le plus indigeste, mais comme il est « en crise de Foi » depuis le début de la saison, l’Albaceteño ne sut qu’en faire, se montra bien long, bien vide, et se retire de la feria avec un échec qui annule l’oreille coupée au toro de la feria. Silence et division... Les choses vont se compliquer.
    
Uceda Leal faillit bien « monter un tabac » à son premier. Brindant sa faena à Jose Mari Manzanares, il débuta formidablement, le toro ayant une très bonne corne droite. Toreo par le bas, deux ayudados faisant rugir le peuple. Puis, le temple, la cadence, la saveur de deux séries de derechazos, à peine troublées par le refus des pechos sur la corne gauche. Uceda Leal essaiera et insistera sur ce côté gauche impossible, et le beau château s’écroulera, d’autant qu’il faudra cinq entrées à matar pour en finir. Uceda Leal, ou « comment perdre les oreilles bêtement, en pleine San Isisdro ? – châpitre 5 ». Quel dommage ! Et bien entendu, il mit une entière d’effet immédiat à « la carne sixième ». Ovation et silence. « Tout ça pour ça », une fois de plus....

 

LA DISTRIBUTION DES PRIX COMMENCE

10 Juin : La feria 2001 est finie, vive la 2002... mais, le plus tard possible ! Maintenant, on va parler trophées, champagne et petits fours...
     Avec de l’avance à l’allumage, le Jury « Biarritz » a couronné Victorino Martin pour la meilleure corrida, et Morante de la Puebla, comme le torero de la Feria. Hombre ! On est à moitié d’accord, et on vous laisse deviner de quelle moitié il s’agit. Cette récompense nous fait regretter d’autant plus amèrement l’absence du Morante aux cartels de Bayonne...  

     Par ailleurs, les membres du  fameux jury des « Prix Mayté » ont rendu leur 42ème verdict :

Triomphateur de la Feria : « El Juli »
            Meilleure estocade : « El Juli »
            Meilleur quite : Morante de la Puebla
            Prix spécial : Luis Francisco Espla
            Meilleur novillero : Javier Valverde
            Meilleur Picador : Anderson Murillo
            Meilleur Banderillero : Jose Antonio Carretero
            Meilleur toro : « Curioso » - Quatrième du Puerto San Lorenzo, lidié le 18 Mai, par Manolo Caballero, qui lui coupa une oreille.

D’autres jurys vont se réunir et, « entre copas y puros », vont batailler ferme pour récompenser les vainqueurs de cette longue feria de Madrid, qui, pour de multiples raisons, fera couler beaucoup d’encre.

 

MORANTE DE LA PUEBLA... LA FORME REVENUE...

10 Juin : On vous l’avait dit... Il suffisait d’un toro ! Il est sorti, ce toro, et à Madrid, en plus. Jose Antonio Morante de la Puebla s’est totalement retrouvé, et peut maintenant envisager sereinement les mois qui viennent.
     Hier, en plaza d’Avila, se donnait la corrida de Bienfaisance. Beaucoup de monde, mais des toros de Domingo Hernandez et Garcigrande bien mal présentés. Tout le monde est sorti a hombros : Manolo Sanchez, avec deux oreilles un peu superflues au quatrième ; Jose Tomas, coupant, dans la douleur, une oreille de chacun, malgré « l’inconditionnalité » du public. Puis, Morante de la Puebla, qui coupe une oreille « normale » à son premier. Sort le sixième, un affreux jojo très cornicorto, violent et imprévisible, qui va désarmer le torero dès les premiers capotazos. Buriciego ? On ne sait. La lidia va prendre des airs de foire du trône, et on partait allègremnt vers une catastrophe. C’est alors que le Morante, dans les premiers muletazos perçut quelque qualité de charge, s’enhardit, se campa, et lui monta une symphonie conclue d’un grand recibir...
     Episode de plus dans cette longue histoire du Toreo. Avant tout des hommes, avec leur caractère, leurs forces, mais aussi leurs doutes, leur faiblesse, les toreros vivent un long chemin parsemé d’émotions, de « hautes heures, et de coups bas ». Morante de la Puebla vient d’ajouter son nom à la liste de ceux que l’on monta si haut que leurs ailes prirent feu, un jour. Alors, on les sacrifia à l’autel de quelque « Tomasitis »... Mais la qualité est bien là. De même, la toreria y el pundonor... Alors, forcément, un jour, les ailes repoussent et l’oiseau repend fièrement son vol.
     Jose Antonio « Morante de la Puebla », que la France a trop injustement, effacé ce ses tablettes, cette année, torée aujourd’hui10 Juin, en plaza de Tolosa, où il remplace le Juli, accompagné de Miguel Abellan et Javier Castaño. Pour peu que charge un des toros d’Alcurrucen... otro faenon, otro recibir ! Si cela vous dit !

 

« THE ALCURRUCEN FACTORY ! »

     11 Juin : « Franchement, combien vont ils nous en sortir, comme cela, cette année ? 80, 100 ? On ne sait. Ce qui est certain, c’est que les toros d’Alcurrucen  occupent « le haut de l’affiche » mais déçoivent, cette année, pratiquement partout. Hier, Castellon et Tolosa vinrent ajouter un nouveau carton jaune  à la « Lozano society » qui, au vu de le grande sérénité affichée par le mayoral se moque bien de voir ses produits sortir « à la chaîne », mal présentés, mous, fades, mansos rajados, totale antithèse du toro de combat.
    
« L’important est de participer » disait le grand monsieur... Pour ce qui est de participer, on peut donner toutes les médailles  aux « Alcurrucen products »... mais pour le reste, que tristeza....
    
Depuis quelques années on utilise le mot « fonctionner »... On dit d’un torero débutant... « qu’il peut fonctionner »... On se gardera de faire ici allusion à quelque autre profession, mais ce mot, malheureusement, traduit bien  la volonté de travailler la régularité, plutôt que la compétition ; la quantité, plutôt que la qualité ; bref, amasser les contrats, à moindre effort, ne pas « bousculer le Système », marquer quelque point au Ranking et avancer ainsi, vers la prochaine temporada, où l’on poursuivra le circuit, le plus longtemps possible.
    
Ainsi, tous sont contents, à part l’aficionado... Alors, pour favoriser le grand « Bullfight Circus », on fabrique le toro adéquat... Il sort, il fait le beau, charge un peu, puis se tait... Le torero fait quelques manières, hausse les épaules, rentre au burladero en murmurant un « No sirvio ! » faussement désolé, et se prépare au prochain paseo, en sifflottant, car demain, dans « une de ces plazas de Dios », il doit toréer... des Alcurrucen !
    
Malheureusement, on ne peut hurler franchement à l’escroquerie, car « ils » restent des toros, et peuvent,  à tout moment, se souvenir de leur raison d’être. Alors, quand l’un de ces  « toros d’industrie »  donne une grosse cornada, tout le monde s’appitoie sur le malheureux blessé, mais en même temps, d’autres se frottent les mains... « Ils » n’ont rien à dire... ce sont des toros de combat... la bonne preuve ! ».
    
La Feria de Madrid, indigeste défilé de toros décastés, a valu à tous les aficionados téléspectateurs impénitents, de prendre trois kilos de plus, après vingt neuf jours de tapas et de cacahuètes. Que voulez vous, on tue l’ennui comme on peut... Voilà donc une nouvelle piste à la « Lozano Company »... Outre les 25 lots qui lui reste à lidier, elle pourrait également fournir  les biscuits d’apéro... A la bonne vôtre !

 

DEMI « CASTANAZO » EN TOLOSA

     11 Juin : Restons positif : La corrida de Tolosa fut bien terne, à cause de l’insipide et triste jeu des Alcurrucen, présentés « pour une troisième catégorie » et terminant en tristes robots. Heureusement, le sixième, curieusement « pointu bizco », sortit fort et allègre, donnant à Javier Castaño l’occasion de démontrer quelque talent dans l’art « d’aguanter », digne d’un Damaso Gonzalez des grands jours de 1970. Abellan fit un bon retour aux affaires, amassant des tonnes de capotzos et muletazos, parmi lesquels, certains arrachèrent quelque vrai olé...mais pas beaucoup. Quand au Morante, il essaya bien, mais le moral en prit un coup et l’épée se fit dubitative...

     10 Juin – Tolosa : 1ère de la feria de San Juan – media plaza – belle après midi, après beaucoup de pluie – Six toros de la « Lozano Company » ou « Alcurrucen corporation »... petits, rablés, armés courts et moussus, sortant en faisant du bruit, mais finissant fades et sans jus. Les deux du Morante décidèrent la grève sur le tas. Le lot d’Abellan répeta ses charges sans histoire, aussi passionnantes que le 826ème épisode « des feux de l’Amour ». Castaño pègua un pétard devant le troisième manso « pas terrible », mais se rattrappa avec le dernier, qui d’entrée, déclara « je viens sauver la maison »...

     Morante de la Puebla « fonctionna », aujourd’hui. Quelque capotazo, sans pouvoir se relâcher, un joli et furtif remate, en recevant le quatrième. A la muleta, impossible de lier trois passes devant tant de fadeur. Il y eut quelque derechazo, quelque sculpturale naturelle sur les rares voyages offerts par seux cornus aux mécaniques mal huilées. Pouah ! Pour arranger le tout, l’épée voyagea mal, quoique souvent portée dans le haut. Ovation au premier, silence fatigué, au quatrième – Miguel Abellan reprenait l’épée, après la cornada de Madrid. On le vit « con mucho sitio » et plein d’une élégante assurance. Jolis quites, bonnes séquences à la muleta  dans deux faenas copieuses dont on retiendra quelques muletazos devant le cinquième, en mettant la hanche, en « se sentant torero ». Oreille de son premier, vuelta au cinquième, brindé à Madame Chopera. Bonne journée d’Abellan, compte tenu de l’opposition – Javier Castaño connut un gros échec devant son manso premier qu’il ne sut par quel bout prendre, préférant jouer le pueblerino de bas étage, plutôt que le réduire et l’estoquer en bon professionnel. Pechos à la chaîne et media bien vilaine, le tout applaudi par les gentils de Tolosa.Un petardo ! Par contre, il découvrit rapidement le bon piton gauche du sixième, donnant deux véroniques, lentes, muy templadas. La faena  fut compacte, le torero enchaînant les passes fondamentales, dont trois naturelles longues et bien tirées, avant d’arriver à « son » toreo, à « son » terrain. Alors, « maille à l’envers, maille à l’endroit », muletazo par devant, par derrière, par dessus, par dessous...Une séance de prestidigitation de grand effet sur le bon peuple, et non dépourvu de mérite... Souvenir de Damaso Gonzalez. Après quelques rodillazos et desplantes tragiques, une épée entière, un peu en arrière et deux descabellos. Une seule oreille et « un demi castañazo », à quelques kilomètres des plazas françaises... Une bonne affaire... et ce fut bien la seule !

 

DANS LES AUTRES PLAZAS... UN SEUL MOT : SOSERIA !

     Peu de choses à retenir des spectacles donnés dans toute la géographie taurine, en ce 10 juin , resaca d’une pénible feria de Madrid. Bilan général : Fadeur et triste noblesse... Seul fait marquant : le grand triomphe, mérité, du Paulita, en plaza de Zaragoza.
    
10 Juin – Granada : 2ème  de Feria du Corpus : Cordobes et Chicote coupent une oreille, mais c’est Davila Miura qui donne les meilleurs muletazos. La corrida de Gabriel Rojas est noble et faible. C’est encore le cinqième, un sobrero de Peralta, encasté, qui donne les meilleurs moments. A souligner, encore une fois, l’impeccable sortie d’un immense subalterne et grand torero : Juan Montiel.
    
10 Juin – Plasencia
 : 3ème de Feria : Ponce et Jesulin sortent à hombros, après avoir coupé une oreille de chaque toro de Los Bayones, dont le cinqième fut honoré d’une vuelta posthume que personne ne demandait. Juan Mora eut quelque détail, mais tua le quatrième, comme un cochon !
    
10 Juin – Tolède : Première corrida du Corpus : Presque plein et beaucoup d’humidité -  Les Toros du Capea sont sortis trop poussifs parce que surchargés (670 Kgs pour le dernier) - Joselito fit quelques longs efforts, écoutant quelques longs bravos – Jose Tomas essaie de reconstruire son image, mais quelque chose est cassé : Silence et ovation – Eugenio de Mora mit toute la volonté pour triompher chez lui, mais en vain : Silence et ovation, après avis.
    
10 Juin  - Castellon
 : Corrida de Bienfaisance. Six de « la Alcurrrucen Company », tristes et fades, manquant de tout : présence, race, force... Seuls, les 4 et 5ème, et encore. Barrera s’ennuya un peu, verticalement, mais coupa une oreille du quatrième – Alberto Ramirez ne put totalement se libérer, malgré l’oreille obtenue du cinquième – Jesus Millan se battit pour sortir quelques gouttes d’eau de deux puits taris...
     
10 Juin - Barcelona :Oreille pour Andres Sanchez, ex Andresin, devant une mauvaise corrida de Juan Albarran. Le 6ème, de Saboya eut quelques bons moments de charge noble – Diego Urdiales donna deux vueltas, et Miguel Angel fut applaudi.
    
10 Juin – Benalmadena
 : Le Cordobes père et Javier Conde se sont bien amusés devant quatre Gabriel Rojas : Trois oreilles pour l’Ancien, toutes dents dehors ; Quatre pour Conde, qui dut se laisser aller à quelque géniale arabesque. Au moins, personne ne s’est ennuyé.
    
10 Juin – Madrid
 : ¼ de plaza. On retrouve les bonnes vieilles habitudes, après la San Isidro. Sosa novillada de Los Millares, le cinquième étant d’Alejandro Vazquez. Pouah !– Seule ovation pour Ivan Vicente, tandis qu’Alberto Martin et Juan de la Reina entendent quelques rares bravos.
    
10 Juin  - Sevilla
: « Lo mejor », les 2/3 d’entrée, pour suivre une novillada de Villamarta, faible et sosa. – Antonio Barea partit deux fois a portagayola – L’albaceteño Anton Cortes donna les meilleurs moments de la tarde – Octavio Chacon donna de grandes véroniques au dernier. Ovations, à divers degré, pour tout le monde.
    
10 Juin – Zaragoza
 : Bonne et grande novillada de Fuente Ymbro. On donna la vuelta au quatrième, mais certains aficionados auraient souhaité l’indulto. Le public sortir de la plaza « en toréant », suite à la grande et valeureuse prestation de Luis Antonio Gaspar « Paulita » qui coupa trois oreilles, et aurait du en couper quatre. Le premier lui donna deux volteretas, mais le jeune revint et fit un toreo de grande qualité technique et esthétique. C’est le fait marquant de la journée – Leandro Marcos entendit le silence et Matias Tejela donna une vuelta au troisième.
    
10 Juin – Captieux
 : Arène pleine, mais déception à cause de la novillada de Pedrès, très bien présentée, mais « presqu’impossible » - Une seule oreille pour Luis Vital Procuna, face au quatrième, le seul potable... Julien Lescarret, qui avait connu un gros truiomphe la veille, à Mauguiou, et avait reçu, le matin, le « Traje de oro 2000 » ne put que lidier proprement – Même solution pour Salvador Vega, qui se présente en France, et donne quelques rares détails de son incontestable classe torera.
    
Luis Vital Procuna remporte le « Trophée Fernando Dominguez », à l’auteur de la meilleure estocade.

 

LA « NOUVELLE » FERIA DE MADRID

     12 Juin : Vers les années 1968, des toreros rebelles, qui n’avaient pu s’entendre avec l’empresa de Madrid - Las Ventas, étaient partis « faire leur San Isidro perso », à quelques pas de la Monumental, à Vista Alegre. Parmi ces vedettes, Jaime Ostos et surtout « El Viti ». La mini feria de Carabanchel avait eu un certain écho, et les toreros avaient triomphé, dans des conditions plus confortables qu’à Las Ventas.
     Depuis, beaucoup d’eau est passée sous tous les ponts et la vieille « Chata », s’était peu à peu transformée en ruine taurine, en terrain vague où même les fantômes n’étaient plus Aficionados..
     Puis, la rumeur, puis le projet, puis la réalisation : Vista Alegre est reconstruite. On l’appelle désormais « Palais de Vistalegre »... Cela sonne mal, ou plutôt, on a du mal à y retrouver les espoirs d’antan... Jadis, on allait voir les novilladas « d’opportunité », puis, tout à coup, l’un des toreros faisait un tel tabac qu’il était répété cinq, six, huit fois, comme, par exemple la pareja Curro Vazquez – Antonio Porras, en 1969..., ou Piles, en 70, ou encore le pauvre « Platanito »... Alors règnait la fièvre d’Aficion. Alors, tout Madrid partait vers « La Chata », et Las Ventas comptait ses déserteurs...
     Les temps ont changé. Aujourd’hui, la nouvelle empresa fait des efforts magnifiques pour que vive « Vistalegre »... Novilladas concours en hiver ; Corridas évènements ; Mini feria de mars... Efforts louables qui doivent être couronnés... Mais...c’est autre chose ! Les affiches, jadis rapidement imprimés en deux couleurs sur du mauvais papier, sont aujourd’hui de soie, ou papier glacé... et le public de copains, de familles, a fait place au public clavelero, du moins, pour les grandes occasions... « L’âme » de Vista Alegre  a vécu...
     Cependant, on ne peut que féliciter l’Empresa, pour « le challenge », le risque pris, quatre jours après une indigeste feria de San Isidro, à monter une « Feria de San Antonio » qui débute aujourd’hui, et compte cinq carteles de lujo. Un exploit, un gros pari, dans quelles conditions et pour quels résultats ? On va vite le savoir...
     Cinq affiches dont quatre corridas et, le 14 Juin, jour de Bienfaisance à Las Ventas, une corrida de Rejoneo, dont le cartel sera remanié, du fait du cruel attentat subi par les frères Domecq, qui ont décidé de couper là leur saison.

Les cartels de cette Feria de San Antonio, en « Vistalegre » – Madrid, sont les suivants :

Mardi 12 Juin : Toros de Garcia Jimenez Hermanos, pour Curro Vazquez, Enrique Ponce et Miguel Abellan, (qui remplace le Juli).
Mercredi 13 Juin : Toros de Jandilla, pour Espartaco, Joselito et Morante de la Puebla
Jeudi 14 juin : Corrida de Rejoneo – Toros de Sanchez Cobaleda pour Fermin Bohorquez, Martin Gonzalez Porras,  Sergio Galan et Diego Ventura
Vendredi 15 Juin : Toros de Baltasar Iban, pour El Tato, Oscar Higares et Uceda Leal
Samedi 16 Juin : Toros du Capea, pour  Ortega Cano, Finito de Cordoba et Rivera Ordoñez.

Remplir les 14000 places de « Vistalegre », trois ou quatre jours après le « grand banquet » (ou la grosse bouffe !) de Las Ventas, c’est le dur pari engagé par l’empresa  Palumi... A ver lo que pasa !
 

GRANADA... OU SONT LE PEDRAJAS D’ANTAN ?  

     La corrida de Maria Luis Dominguez Perez de Vargas s’est « fichue par terre », hier, à Grenade. On se prend à regretter les images, désormais jaunies, des corridas « de la Resaca », de Séville, dans les années 80, lorsqu’on allait voir « les Maria Luisa », et que le spectacle se basait sur le tiers des piques, au point d’ailleurs, qu’à la fin, on mettait tous les toros « loin », en espérant qu’ils chargent. Alors, il y avait de grands moments d’émotion taurine, quand le fier Guardiola partait droit sur le piquero, mettait la tête, fixe, au peto, et poussait jusqu’au batacazo...Suberbe ! Quelquefois, malheureusement, le toro était beaucoup moins vindicatif et restait là, à dix mètres, disant  « Moi, pas fou ! moi, je n’y vais pas ! » Alors, on baillait beaucoup, et madame avait le temps de terminer son rang de tricot...
     Hier, les Maria Luisa ont été très faibles. Seul le cinquième a montré quelque alegria oubliée... Triste.

     11 Juin - Granada – 3ème de Feria - Media entrada : Toros de Maria Luisa Dominguez Perez de Vargas, correctement présentés mais faibles, exceptés les cinquième, brave au cheval, vibrant à la muleta, et l’excellent sixième. La corrida, en général, fut noble et faible... (Noble parce que faible, ou faible parce que noble ?).
     Pepin Liria fut bien avec le premier, toréant long, lent et « con gusto », mais le public n’était pas encore « entré » dans la corrida, et ne vit pas le bon toreo du diestro de Cehegin. Ovation chaque fois – Padilla mit le turbo devant le cinquième qui avait brillé au cheval. Vibrant aux banderilles, Padilla toréa ferme et allègre, ne coupant qu’un seul trophée, à cause de l’épée. applaudissements et une oreille, après un avis – Jose Luis Moreno fut le plus torero : à la cape, face au troisième ; avec la muleta, devant le bon sixième. Toreo profond, d’une grande beauté plastique, templant parfaitement la noble charge du Guardiola. Hélas, encore une fois, Moreno perdit tout à l’épée, d’autant que le troisième l’avait douloureusement touché, en portant l’estocade. Oreille à ce troisième, mais ovation après avis, au sixième, alors que les deus oreilles étaient magnifiquement gagnées par le muletero. Quel dommage.
     Ce mardi 12 Juin, les toros sont de Buenavista, pour Jesulin, Victor Puerto et « Fandi », (qui ne veut plus qu’on l’appelle « el » Fandi... Bien monsieur !)
     Demain, face aux Torrealta, El Juli sera remplacé par Eugenio de Mora

 

CRIS ET CHUCHOTEMENTS...

     13 Juin : « Indulto ! Indulto ! Indulto ! » hurlent les spectateurs de Vistalegre... « Ben oui, quoi, qu’on l’iiiinnnndulte ! » s’emporte l’aficionado de Meudon, de passage à Carabanchel...
     En bas, sous la coupole, un torero rêve une faena sublime, parfaite. Il soupire des naturelles de soie, des pechos de satin... De temps en temps, il jette un oeil à la présidence. Indulto ?  Enrique Ponce, torero roi, est à deux doigts de faire gracier un toro à Madrid. Moment historique, même si la plaza n’est qu’une pâle réplique de la vraie, de la seule Monumental madrilène...
     Alors, Indulto ou non ? Les aficionados redoublent leurs cris ; celui de Meudon s’époumone en brandissant son mouchoir à carreaux. « Alors, il l’indulte ou quoi ? Quel c.... ! ».
     Cependant, ça et là, on chuchotte. Dans le callejon, les professionnels sont divisés : « Que bien esta Ponce ! Cumbre ! Pero el toro, bueno ! Noblisimo ! » Tous sont admiratifs de l’immense toreria de Valenciano. Dans les gradins, les aficionados et les critiques taurins sont plus radicaux « Attends, on va pas gracier ce toro ? Il est vilain, laid, bizco. Certes il est noblissime, mais il n’a pris qu’un puyacito ! » La haut, le président, à mi voix, consulte ses assesseurs : «  Bon, on est d’accord ? Il est bien laid, et il n’a pris qu’une toute petite pique ! Pas d’indulto ».
     C’est ainsi que ce 12 Juin, premier jour de Feria de Saint Antoine, faillit bien devenir historique, pour la nouvelle Plaza de Vistalegre. Au milieu des cris et chuchotements, un toro est passé tout près de l’honneur suprême... et Ponce, encore une fois, a revendiqué  sa place, au tout premier rang de la toreria.

     12 Juin – Madrid (Vistalegre) – 1èrede la Feria de San Antonio – ¼ de plaza au début, presque ¾ , à la fin. (Plaza certes couvertes, mais pleines d’ouvertures, semble t’il) : Quatre toros de Garcia Jimenez Hermanos, propriété de Antonio Matilla, petits, pauvres de tête, nobles en général. 1er et 5ème de Peña de Francia, mansos – Curro Vazquez se montra torero avec le premier, donnant une bonne série droitière avant de passer à la naturelle. A la troisième, le toro le prend de vilaine façon, et Curro  en termine rapidement, partant à l’infirmeris, où on le soignera d’une grosse coupure de 10 cms à la tête. On nettoie, on rase, on recoud. Un doliprane pour la petite commotion et au boulot ! Curro reviendra et fera ce qu’il pourra devant le quatrième. Ovation à l’un, silence à l’autre, et un bon mal de tête  à la sortie. Pas de chance pour le Curro de Madrid – Enrique Ponce a connu un monumental succès avec le deuxième de la journée, pour qui on demanda grâce.Cape impeccable, précise,  pleine de douce autorité. Toreo de rêve, à la muleta, le valenciano enchaînant de longues et très lentes passes sur les deux côtés. A un moment, le public demande l’indulto, et le ganadero espère. Mais la présidence reste sage : le toro n’a pris qu’une petite pique, et c’est le torero qu il’a fait briller. Indulto refusé. Ponce doit l’estoquer, applaudissant la dépouille du noble adversaire, récompensée d’une vuelta d’honneur. Deux oreilles pour le maestro de Chiva. Madrid l’a vu ! Il sera encore très bien face au cinquième, mais plus technique, plus ventajista, le bon Ponce que l’on connaît, qui fonctionne et résoud les problèmes avec une élégance toute mathématique. Nouvelle oreille – Miguel Abellan va mettre le feu, dès la sortie du sixième : deux largas, mise en suerte par « galleo chicueliné ». Le public marche à fond. Après un picotazo, gros quite par chicuelinas, au millimètre... La faena commence au centre, par statuaires. Abellan est bien à droite, mais encore meilleur à gauche. Bonnes naturelles et joie dans les gradins. Pinchazo bien laid et grosse estocade. Deux oreilles, dont l’une est, dit on, superfétatoire... (Du moins, c’est « celui de Meudon » qui avait ce mot à placer... « Ben, tiens ! »)

 

GRANADA : TRIOMPHE ET CORNADA...

     Le sixième toro, dès sa sortie, voulut mettre la tête dans un burladero, histoire de voir ce qu’il y avait, derrière... Le premier tiers terminé, Fandi prit les banderilles et partit saluer le public, pendant qu’Alberto Martinez, son peon, gardait le toro près du burladero derrière lequel il s'était glissé. Dans une charge très violente, le toro percuta la talenquère, « mit la tête » à l’intérieur, coinça le corps du torero, et le sortit littéralement de l’abri, lui infligeant une double cornada, de 22 cms traversant le haut de la cuisse droite, et de 15 cms, dans la zone périanale. Pronostic grave. Incroyable, affreusement spectaculaire et très instructif : Si besoin était, cet accident est là pour démontrer que, quelle que soient sa taille, son poids, ses cornes, sa bravoure, un toro est là pour attrapper le torero... où qu’il se trouve, même dans son « bunker »..

     12 Juin – Granada – 4ème de Feria  -  ¾ de plaza : Toros de Buenavista, inégaux de présence et de comportement : Faibles les deux premiers ; manso le troisième ; encastés les trois derniers – Jesulin de Ubrique... moitié, moitié ! Sérieux, mais se laissant aller à quelque pueblerinade. Il coupa l’oreille du premier, manqua la mort du quatrième – Victor Puerto se montra volontaire, mais sans grande réussite, devant un lot bien terne. On l’applaudit – Fandi se comporta en véritable « typhon de Granada ». Ne laissant respirer ni le toro ni les aficionado, le Fandi enchaîna lances de capa, banderilles et muletazos, dont certains de vraie qualité, avant de se lancer pour une estocade dont il sortit en vol plané. Deux oreilles et à l’infirmerie... dont il sortira, boitant bas, pour lidier le sixième. Autre feu d’artifice, débutant par deux largas à genoux, puis toréant beaucoup plus calme, relâché. Nouvelle estocade à la vapeur et encore deux oreilles !  Vaya !
 

LES ENNUIS COMMENCENT POUR JOSE TOMAS...

     13 Juin : La Junta de Castilla y Leon vient d’infliger une amende de trois millions de pesetas à Jose Tomas, pour le scandale de Salamanca : Le 18 Septembre 2000, Jose Tomas, en pleine feria de Salamanca, avait volontairement laissé sonner les trois avis, renonçant à achever un toro du Capea, dans l’incompréhension générale...

     Cet antécédent et cette sanction risquent de peser lourd dans la décision  que vont prendre les responsables de la Junta Madrilène, suite au déplorable comportement de Jose Tomas, à Las Ventas, le 1er Juin, en pleine San Isidro, rééditant sa scandaleuse décision, devant un toro d’Adolfo Martin. Le président de la corrida a déjà dressé un réquisitoire salé, parlant de provocation délibérée , de désobéissance, de trouble à l’ordre public... Toute la panoplie !
     Par ailleurs, on sait qu’une association de protection des animaux a porté plainte contre le madrilène, pour souffrance volontairement provoquée à un animal. Fallait bien s’y attendre !
     Mais, plus qu’au multas, Jose Tomas devra faire face à la curiosité et au doute qui habitent dorénavant le public : Un grand torero, certes, parfois ; mais aussi un drôle de bonhomme dont on ne sait pas très bien où et quand « il va péter un prochain plomb ! »

 

NI JUGES...NI JOURNALISTES... SEULEMENT L’AFICION, SEULEMENT LE PEUPLE !

     14 Juin : « Aujourd’hui, c’est le bal des « gens bien »... Demoiselles, que vous êtes joliiies ! » Et c’est bien la seule chose dont on est sûr !
     Ca y est, c’est parti ! Le « grand  bal » a débuté ! Pirouettes et entrechats, pointes et talonades, sauts de carpes et grands écarts vont se succéder jusqu’au « grand jour »... Un nouveau « Chef pour la Nation », guide suprême, roi « paisano »... se prépare pour l’an prochain... Et on sera reparti pour un tour. A la valse guindée succèdera peut-être la java chaloupée ; au parquet miroir succédera, peut être, la douteuse guinguette... C’est ainsi !
     En attendant, vaut mieux, parait il, « mettre du temps à s’expliquer devant les journalistes, que de tarder à s’expliquer devant les juges ». C’est nouveau, ça vient de sortir... Pues, no Señor ! Ni juges, ni journalistes C’est devant le hommes et les femmes que l’on prétend  guider, qu’il faut s’expliquer... Même si l’on a fait « trop de ski », par le passé... même si l’on a un peu jonglé avec les loyers modérés, parait il, c’est « aux gens des gradins » qu’il faut en parler, et non à « ceux du palco, ou ceux du callejon! »...
     Dans un pays où les juges libèrent les assassins, et s’étonnent que les violeurs ne se rendent pas à leur propre procès... Dans un pays où les assureurs solidaires « lavent plus blanc » et jouent les « désaxés ! »... on ne s’étonnera pas ... que « l’aficionado de base » ne croit plus en rien...  Que voulez vous ? Malgré les milliards investis, malgré le tapage médiatique, le « Tortillard Grande Vadrouille » (lisez TGV), met deux fois le temps prévu, entre Paris et Marseille, et pas une explication, pas un mot d’excuse... cela fait un peu désordre...
     Pas à dire...  qu’on le veuille ou non, et malgré quelques turpitudes, le monde de la tauromachie est bien plus clair... Ici, le juge est le peuple, (lisez, le public). Ici, le journaliste relate et commente ce que tous ont vu... Ici, malgré les quelques plazas couvertes, c’est le royaume de « Sol y moscas ! ». Ici, le problème s’appelle « toro ». Les hommes doivent le résoudre, et s’ils dépassent l’heure, on sonne des avis ! Ici, les rois, princes et prétendants au trône s’expliquent au grand jour, devant les citoyens du tendido... Alors, ceux ci constatent... et sanctionnent... Pas plus difficile que cela !
     Ainsi, l’enfant roi soigne ses blessures mais triomphe à Madrid... Ainsi, le prince ténébreux se casse la figure de son obscur piedestal, et doit désormais ramer, en pleine lumière... Ainsi, celui qu’on voulait oublier, parce que trop vu, parce que « presque trop vieux » dicte à tous une incroyable leçon, chantée par tous, juges, journalistes et aficionados. Ainsi le monde de la corrida, malgré ses coulisses et ses chausse trappes, semble beaucoup plus clair que les couloirs bien cirés, les bureaux bien vernis, les déclarations bien huilées, les faux fuyants et petites phrases assassines, devant micros et caméras... Bien plus clair !
    Au fond, nous avons de la chance, nous, citoyens aficionados, frères de passion, au delà des frontières... En bas, ils s’expliquent avec la muleta dans la main gauche, l’épée dans la main droite... et le coeur au milieu... Des fois, ils mentent un petit peu, mais la vérité les rattrapent aussitôt... et il n’y a ici ni septennat, ni quinquénat... Celui qui est élu et réélu... est un vrai roi, un vrai prince. Ainsi, le Royaume de la tauromachie... est bien une vraie république... Certains feraient bien d’en prendre exemple... « La muleta dans un main, l’épée dans l’autre... et le coeur au milieu ! »

     Ce jeudi, 14 Juin, la corrida de Bienfaisance sera « Heure de vérité »... Ce jour, Juges  et journalistes se feront tout petits... Ce jour,  des hommes diront leur vérité :
     Un ganadero, Victorino Martin,  expliquera que son dernier triomphe, n’est pas « que » médiatique...
     Des toreros, pourtant modestes, diront qu’ils n’ont pas triomphé par hasard à la dernière San Isidro... Ils ont pour nom : Luis Miguel Encabo, Alberto Ramirez et Rafael de Julia...Au grand jour et en plein vent, ils diront leur vérité... Et le public, qu’il soit sur le gradin de Las Ventas, ou tranquillement installé dans le grand tendido de la Télévision, les respectera, et dira son verdict, en toute aficion...
     Alors, ni les juges, ni les journalistes n’y pourront rien changer...

 

AVIS DE RECHERCHE...

     La direction de « Toros2000 » informe : Une malheureuse «erreur d’aiguillage » (décidément !), a fait disparaître,  trois jours d’actualité, aux alentours du 25 Mai... Toute personne, susceptible d’avoir rencontré ces articles, ou pouvant apporter quelque information sur les disparus, est priée de contacter la revue... Contrairement à la SNCF, on vous tiendra régulièrement informés... Bien entendu, contrairement à la SNCF,  nous prions les usagers d’accepter toutes nos sincères excuses pour ce dérangement...
 

DE GRENADE A VISTALEGRE... MANSEDUMBRE ...SOSERIA...

     14 Juin : Pas terribles les corridas d’hier.. Malgré les oreilles coupées, à Granada ou à Madrid, les aficionados ont un peu baillé, a peine réveillés par une faena de Eugenio de Mora , ici, quelques muletazos du Morante là... et sont repartis chez eux dubitatifs, devant les mystérieux Joselito et Jose Tomas.

     13 Juin – Madrid Vistalegre – 2ème de feria de San Antonio – A peine moitié d’arène : Cinq toros de Jandilla, très inégaux de présentation, et un de Las Ramblas  (3ème), manso, n’ont pas réussi à passionner les foules. Nobles et sosos, faibles et sans fond, pour la plupart ; compliqué le cinquième – Espartaco est passé, sans quitter « le toreo en ligne et le fil du piton »... On a respecté celui qui s’en va, et compris ses quelques précautions (Silence et ovation) – Joselito a coupé une oreille pour quelques muletazos relâchés et une bonne épée. Désarmé d’entrée, il donna de belles véroniques à son premier. Oreille et division – Le Morante de la Puebla resta sur ses gardes, devant le manso troisième, mais donna les meilleurs muletazos de la tarde, tant que dura la sixième. Hélas, celui ci cessa les hostilités et le sévillan se mit à pincher.Un avis à son premier, deux au sixième, dans le silence et quelques bravos.

    13 Juin – Granada – 5ème de feria del Corpus – ¾ de plaza : « Baile de corrales » : On a vu 14 toros titulaires pour en récupérer cinq, et l’on a même repoussé deux sobreros du Torreon. A la fin, quatre Torrealta, bien inégaux et « à la corne douteuse » et deux Nuñez del Cuvillo (noble le premier ; compliqué le 5ème bis). Les Torrealta, sans grand fond, excepté le 6ème qui répéta beaucoup – Espla montra quelques détails, comme d’accoutumée : Il mit le quatrième en suerte pour les banderilles. Cape dans une main, palos dans l’autre, il amena le toro dans le terrain choisi, laissa là, « debout, bien droit » son capote, prit quelque géométrique distance, et « mit une grande paire ».. Espla ! On l’applaudit – Jose Tomas a coupé une toute petite oreille au deuxième, mais on retiendra celle obtenue du compliqué cinquième, de Nuñez. Il batailla ferme et finit par s’imposer, en torero – Le triomphateur du jour es Eugenio de Mora qui donne au dernier une grande faena. Le toro répète avec beaucoup de fijeza. Le toledano aura le mérite de ne pas se laisser déborder, puis de le toréer, très templé, très lié, jusqu’à la bonne estocade finale. Deux oreilles et succès sans conteste, à la barbe des Tomasistas.. 

     Aujourd’hui, El Fandi remplacera le Fundi, à Grenade ; et l’on suivra l’actuacion de Sebastian Castella, à Séville, pour la corrida du Corpus. Au cartel, à ses côtés, Luis Vilches, et Fernandez Pineda qui reprend l’épée. Les toros seront de Gabriel Rojas...

 

LES VICTORINOS : UNE HISTOIRE DE SPECIALISTES

     15 Juin : Il n’est que de voir les valises sous les yeux, juste avant le paseo. On a vite fait de se faire une idée sur le nombre d’heures de bon sommeil qui manquent à chacun des toreros de la prochaine Victorinade. C’est déjà impressionnant quand il s’agit de vieux  briscards « à qui on ne la fait pas », mais c’est  à peine supportable lorsqu’on a trois toreros « juste sortis du moule »et dont la chanson favorite est encore « mes jeunes années ».
     Hier, à Madrid, pour la fameuse corrida de Bienfaisance, trois matadors de la nouvelle vague ont fait le paseo, pour la corrida la plus importante, dit on, de l’année. Le Roi, lui-même était là ; dans les gradins, la fine fleur de l’Aficion, et des milliers de téléspectateurs et « tateuses », devant leurs écrans.
     Depuis plusieurs jours, les trois jeunes vedettes avaient quelque difficulté à concilier le sommeil : « La Bienfaisance ; Les Victorinos, à Madrid »... Hombre ! cela fait beaucoup pour un seul homme... Mais on verra bien ! »
     On a vu ! La corrida est sortie compliquée et deux des trois diestros « se sont faits manger ». Le lot est pourtant sorti bien moins impressionnant que celui de San Isidro. Les toros de Galapagar ont baladé leur devise, d’un air distrait, « aux quatre coins du ruedo », et les toreros se sont cassés les dents à vouloir les toréer comme de vulgaires Domecq ! Les conséquences furent immédiates et, heureusement, peu sanglantes : Alberto Ramirez est parti très haut, mais ne souffre que de quelque gros bobo ; Rafael de Julia s ‘est vite retrouvé percuté, roulé, piétiné, sans mal apparent. Quand à Encabo, le quatrième lui offrit quatre tours de valse dont il se rappellera. C’est du moins ce qu’en disait son regard.
     « C’est que... Les Victorinos, c’est une affaire de spécialistes ». Hier, au bal de la Bienfaisance, un « moins tendre » que les autres a su  montrer ses qualités toreras et sa décision. Sans couper d’oreille, Luis Miguel Encabo a triomphé, recueillant, dans les trois tiers, les seuls vrais « Olé ! » de la tarde. Dans leur tendido, « Victorino et Victorino », le père et le fils, ont suivi les diverses peleas, sans émotion apparente... se mettant ainsi au diapason d’une corrida sans grande histoire. Toros sosos, inégalement présentés, en général décevants, sauf le noble mais encasté quatrième.
     « Les Victorino ! avant tout, leur montrer qui est le patron, et « mettre » toujours la muleta devant... Sinon, adieu la valise ! »

     14 Juin – Madrid (Las Ventas) : Corrida de Bienfaisance 2001 – 2/3 de plaza, et beau temps sans vent : Après leur grande sortie « Isidril », les Victorino Martin ont déçu. Nombre d’aficionados et autres reventadores l’ont bruyamment fait sentir. Présentation limite pour trois d’entre eux, pourtant cachés derrière des encornures « de la casa ». Heureusement, les 4 et 6ème furent des estampes, et comme ils furent brillants, à divers degré, on a laissé passer. Sortant corretones, distraits, un poil faibles, les Victorinos n’ont guère brillé à la pique, tournant au gazapon entre deux puyazos, coupant le terrain aux banderilles, terminant courts et tête haute à la muleta. Toros sosos  pour trois d’entre eux, dont le lot de Ramirez ; noble mais fade le sixième ; compliqué mais mufle au sol, le troisième. Le lot d’Encabo fut plus propice, à condition que le matador sache le latin, le grec et le Victorino Martin, dans le texte.  Il savait.
     Luis Miguel Encabo s’est montré « muy torero », toute la tarde. Grand banderillero face au premier, il dessina une bonne et solide faena, pleine d’excellents moments, en particulier trois naturelles « desmayadas », liées à un gran pase de pecho. Hélas, l’épée hésita un peu, et l’oreille s’envola. Le quatrième fut impressionnant de fijeza, de noblesse encastée. Encabo, qui avait bien banderillé, débuta fort, par les bas, montrant d’entrée qui menait la danse. Bonnes séries sur la gauche, le toro revenant comme une torpille sur chaque droitière. En fin de trasteo, Encabo se fit enfermer, et dut attendre les secours, pendu à l’échine du toro qui tournait et tournait encore, comme un chat qui joue avec sa queue. Quatre tours de valse qui durent paraître un siècle, le matador se faisant éjecter sans mal, tandis que tous arrivaient au quite. Durement secoué, Encabo leva l’épée, et partit pour un metisaca, bien loin et bien bas, qui en finit avec le bicho. Ovation par deux fois, pour un Luis Miguel Encabo qui mérite plus d’attention.
     Alberto Ramirez se montra ferme, mais un peu fade. Le public suivit un moment ses passes, certaines bien dessinées, certaines autres à peine ébauchées. A la fin, on s’ennuie un peu, on blague avec le voisin, on siffle, on s’interpelle. Citant souvent « muleta retrasada », Ramirez se révéla un peu tendre pour une telle entreprise, et rendit un peu le triomphe de San Isidro. Il y eut deux silences et une mauvais coup « au bas du dos », infligé par le cinquième, que le jeune avait, un instant, perdu de vue – Rafael de Julia n’a guère eu d’options. Secoué par le troisième, il nagea à contre courant, toute l’après midi, réussissant ça et là quelque passe isolée, quelque bonne série. Mais , au total, l’un des triomphateurs de la San Isidro, a connu un échec. C’est que « Victorino es cosa de especialistas ! »

 

LE « FANDI », TRIOMPHATEUR DU CORPUS

     Dia del Corpus !  Corridas à Grenade, Séville et Benavente. Là, Antonio Ferrera coupe deux oreilles, mais c’est vers Alhambra et Giralda que tous les regards étaient dirigés.

     14 Juin – Granada : Près des Jardins du Generalife, c’est David Fandila qui a encore fait des siennes, dressant le public de Grenade, coupant trois oreilles et sortant a hombros. La corrida de Nuñez del Cuvillo n’était guère présentable. Finito de Cordoba et Rivera Ordoñez ont coupé une oreille, mais n’ont rien pu faire contre ce typhon qu’on a baptisé « Fandi »... Attention, en voilà un qu’il faudrait mettre en terna avec Padilla et Ferrera...

     14 Juin – Sévilla : Toros de Gabriel Rojas, « muy flojos », pour une terna de petits jeunots, à l’alternative récente... Sebastien Castella, mal servi, eut quelques bons détais, écoutant ovation et silence – Luis Vilches donnera, au cinquième, la seule vuelta du jour – Quant à Fernandez Pineda, il reprenait l’épée, mais n’entendit que quelques bravos...

     Ce vendredi 15 juin, à 19h15, sur la 2ème chaîne espagnole : Corrida télévisée en direct depuis Tolède. Toros de Daniel Ruiz pour Curro Vazquez, (s’il est remis de sa voltereta de Vistalegre); Jesulin de Ubrique et Finito de Cordoba. Qu’on se le dise !
 

LA VALSE DES PRESIDENTS...

     16 Juin : En voilà qui n’attendent pas 2002...  Assurer une présidence de corrida est une lourde responsabilité. Elle implique beaucoup de dignité, de sagesse, de diplomatie, de sens de la justice.Contrairement à « d’autres présidents » qui peuvent palier à quelque faiblesse en s’entourant de compétences, ou, mieux encore « en cohabitant », le président d’une corrida est bien seul, même s’il a deux assesseurs qui, la bronca venue, se cachent derrière son large dos...Le président doit être un vrai aficionado, un « grand seigneur » qui impose le respect, tant  de la part des toreros que du public. On a le souvenir d’un président, jadis, à Bilbao...
    
Etre président à Vic ou présider à Las Ventas... diffère un brin. Cependant, partout, des incidents peuvent survenir qui ont des répercussions à la mesure, à la dimension, de la plaza.
    
A « Vic Clochemerle », l’incident 2001 aura la seule conséquence d’une bronca de légende, d’une probable engueulade autour « d’un petit jaune », et de la lettre d’un habile et « muy listo » banderillero qui se donne le beau rôle, fait pleurer un peu et laisse tout les vicois « en ridiculo »... (Voir dans « corrida.net » de ce jour, 16 Juin) la lettre del Andaluz, banderillero de Richard Milian, au maire de Vic. Lettre qu’il n’a pas jugé bon de nous envoyer, et que nous ne communiquerons donc pas, mais « qui vaut le déplacement sur un autre site »...). Cela dit, le président, ici, s’est trompé, s’est entêté, et n’a pas respecté le règlement. Même si, comme beaucoup, il pensait que l’oreille n’était pas méritée, il devait l’accorder à Richard Milian, vu la pétition, devenue majoritare et à grands cris. Il devait l’accorder, et punto ! Maintenant, Richard Millan est « assez grand monsieur » (ou non ?) pour passer outre une bêtise qui lui a rapporté plus de bravos et d’amitié que s’il avait promené le pelu cartilage. (La « préoccupation » reste la blessure, insuffisament guérie, qui le fait renoncer à la corrida de Gimont,  où les Guardiolas seront lidiés, en mano a mano, par Davila Miura et Juan Bautista). Le banderillero, lui, a joué , et a gagné... laissant tous les autres.. « coucous ! »
    
A Madrid, c’est autre chose. Les présidents sont tous hauts fonctionnaires de Police. Ils sont désignés par la haute autorité ministérielle et se succèdent « en tournant », au palco de Las Ventas. On les connaît, ils ont tous leur personnalité, mais « ce sont des pointures ! », comme on dit.
    
Jeudi dernier, un incident a mis le feu aux poudres. Au dernier moment, après le tirage au sort, qu’il avait « présidé », Manuel Muñoz Infante, qui devait mener le palco à l’occasion de la corrida de Bienfaisance, a tout à coup, été remplacé par son collègue, le président Lamarca. Ordre venu d’en haut qui, bien entendu, a créé malaise et a provoqué l’immédiate demande de destitution par Muñoz Infante, qui n’a pas le droit de démissionner. « Vous me faites ce coup là, je vous demande de me démissionner ! »
    
Ce que voyant, et par solidarité, les trois autres présidents ont adopté la même attitude « Vous lui faites ce coup là, démissionez nous ! Non, mais ! ». Du coup, Lamarca se trouve bien ennuyé, et ... risque d’en avoir « un paquet à présider » si cette sombre histoire ne se résoud pas rapidement.
    
Lundi, il y aura grosse réunion, au palco de « la délégation superior » et on étudiera les causes et conséquences de cette « Fronde des Présidents.. ». Du style « lavage de linge sale en famille »...
    
Il semble que tout est parti de la corrida du 1er Juin, et du scandale Jose Tomas. Manuel Muñoz Infante présidait, ce jour là. Il a écrit  « l’Acte » d’accusation  visant à punir Jose Tomas de sa scandaleuse attitude, vis à vis du public, de la Présidence, du délégué  au callejon.... Acte qui « n’a du plaire à tout le monde » et qui, depuis, allez savoir pourquoi, se serait perdu...
    
A suivre ! Mais, vraiment, y a des jours où il vaudrait mieux être « seulement » Premier Ministre  !

 

VENDREDI 15... RIEN A SIGNALER, OU SI PEU !

      Il y avait plusieurs corridas « dites d’expectacion », en ce 15 Juin : A Bilbao, on fêtait les 701 ans ; à Tolède, on télévisait en direct ; à Vistalegre, on poursuivait l’expérience... pour voir si l’on pouvait monter la Feria de Saint Antoine, juste après les 30 corridas, dont 20 tostones, de la San Isidro ; Et à Grenade, on se frottait les mains, en lisant le cartel de lujo de la cinquième de feria. Viernes 15... Un gran dia ! Bon ! Ben, ce sera pour un autre jour ! Jugez plutôt :

     15 Juin – Bilbao : Grande corrida, pour le 701ème anniversaire de la fondation de la ville. Ceux qui « en étaient », ne sont pas venus, ils ont des excuses. Bon ! Mais leurs descendants, non plus ! Il y avait moins d’une demi plaza, à Vista Alegre. Una pena !
    
Les toros de Luis Algarra sont sortis bien présentés, mais en général, de peu de forces – Manuel Diaz « El Cordobes », qui remplaçait « le Juli », n’est que l’ombre de celui qu’il n’a jamais été (aplaudissements et silence) – Juan Jose Padilla, qui passe un compréhensible bache, après ses deux sévères tampons, jouait gros. Il doit prendre six Miura, ici, en août, et doit déjà en rêver. Il ne pouvait se permettre un échec. Padilla a résolu le challenge eu jouant mi sérieux, mi pueblerino. Il coupe une oreille à son premier, reçu « a portagayola », et banderillé « al violin ». Par contre, il patina un peu devant le cinquième, rajado – Victor Puerto se montra torero toute le tarde. A la fois habile et très professionnel, Puerto imposa de bons muletazos à un premier toro bronco, violent. Il y eut pétition, que le président refusa. Recevant le dernier par trois largas à genoux, Puerto toréa par longues naturelles et conclut d’une grosse estocade, dont il sortit vilainement accroché au niveau de la poitrine. Gros susto, oreille, infirmerie, et retour à l’hôtel, seulement avec les côtes en long. Ouf ! Les 701 ans de Bilbao... on oublie.

     15 Juin – Tolède : Là, cela ira plus vite ! Une corrida de Daniel Ruiz, lourde mais imprésentable, mansa, faible, décastée. Un vrai piège, car personne ne prend les toros au sérieux, et c’est comme cela que les accidents arrivent. Le cinquième garda la tête entre les pattes durant toute la faena, tardant, péguant un soudain arreon. Pas moyen « de lui voir les intentions » ! Jesulin fit ce qu’il put, écoutant deux avis. Il avait coupé une oreille au deuxième, templandolo – Le sixième, manso berreon, décida de se coucher, avant l’estocade. Finito lui tira quelques droitières. Muy en torero, Finito de Cordoba, en grande forme et pleine maturité. Oreille au troisième. – Curro Vazquez, gêné par le vent, gêné par les toros, gêné par la gêne... Gênant ! Silence – Tolède est toujours belle. Soit ! Mais, la télé pour cette... Pour un peu, on irait faire un tour au loft !

    15 Juin : Vistalegre (Madrid) – 4 ème de Feria : Il y avait 1500 personnes, sur 14000 possibles ! Vaya un desastre ! – La corrida de Baltasar Iban est sortie petite et très limitée de forces. Cependant, les qualités de toujours – Une seule oreille, du quatrième,  pour El Tato, solide, professionnel, pas génial mais torero – Higares fit ce qu’il devait, mais ne mit jamais le turbo – Uceda Leal, à l’habitude... pourri de classe, mais limité en ambition. Dommage. Une corrida qu’on oubliera, et une feria « que plus on ne verra » !

     15 Juin : Granada – 5ème de Feria del Corpus - Plus de media plaza : Triste corrida, muy mansa, d’Ana Romero – Ponce laissa flotter les rubans face au premier, terminant en sept descabellos, et fit quelque effort devant le quatrième. En vain. Division des opinions, par deux fois – Mauvaise journée du Morante, que son premier regarda mal. Le sévillan en prit peur et ne reprit jamais ses couleurs. Pitos y bronca. Vaya ! – Miguel Abellan, très volontaire, recueillit les bravos dont ne voulurent pas les copains. Spectaculaire, mais également sérieux, il sut donner des largas à genoux, mais aussi de bonnes naturelles au sixième, dont il coupa l’oreille.

 

LES TOREROS « DE LA ROSE... »

     17 Juin : Mais non, mais non... ils ne sont pas socialistes. Mais non, mais non, ils ne supportent pas, « ne tolèrent pas » les rave-parties, uniquement pour ne pas perdre quelques bulletins dans quelques mois... Mais peut-être que, « eux non plus », n’aimeraient pas que ces « braves jeunes votants » viennent brouter leur canabis dans leur jardin, en gigottant, ahuris, sur « leur pelouse perso »... « T’en veeeeeuux ? » Faudrait voir...
    
Non, non... eux, ils sont « toreros de la rose »... toreros de la « Presse Rose », celle du coeur, « la prensa del corazon »...
    
Il n’est pas un de leurs gestes, il n’est pas « une taille de plus » au  soutien gorge de leur épouse, il n’est pas éternuement, un baillement ou un rot de leur petit dernier, qui n’échappent aux vautours endimanchés de la « Prensa Rosa ». Alors, à grands coups de millions, les grands matadors jouent les mazettes et leurs épouses ou « ex » font donner les bistoutris... Il n’y a que les marmots qui éternuent, baillent et rotent vraiment... Que bien !
    
Hier, en plaza de Vista Alegre, deux ténors de la presse rose ont poussé un peu loin le bouchon, ou plutôt le carafon de cristal, en ayant une attitude des plus insultantes envers le public, les toros, les collègues toreros... Moooonnnsieuuur le Duc, Rivera Ordoñez avait un cocktail, et donc était vraiment, mais alors vraiment très pressé. Du coup il passa en tête de cartel et torea « à fond de train » les premier et quatrième. De son côté, Jose Ortega Cano joua le ténor « sur le retour », qui cherche désepérément sa voix... ou sa voie.
    
Scandaleuse attitude de ces richards qui, à un moment, se sont entièrement justifiés  devant le toro. Aujourd’hui, ils viennent « a llevarselo », ils viennent prendre une poignée de millions et jouent les matamors au lieu de se comporter en matadors... Muy mal, señoritos ! Avec cette façon d’être, vous n’irez pas bien loin, car n’oubliez pas, vous non plus... que les roses ont des épines !

     16 Juin : Vista Alegre (Madrid) – Dernière de la feria de Saint Antoine (Ce dernier a envoyé un fax, demandant à ce que l’on raye son nom de l’affiche, car il ne veut pas le prêter à un telle pantomime) – 1/3 de plaza : Cinq toritos du Capea, qui, lui aussi se prête au jeu. Le deuxième est remplacé par un de Joselito. Tous faibles et noblotes. Supérieur le quatrième – On annonce qu’ayant un « compromis personnel » Fran Rivera Ordoñez va toréer « en premier ». Et pourquoi pas ?  Toréer est peut-être un grand mot. Il ne voulut pas voir le premier, et laissa passer le grand quatrième. Faena commencée à genoux, bien débutée, mal terminée en concours d’enganchones. Se débrouilla quand même pour couper une oreille, avant de filer derechef enfiler un smoking – Ortega Cano s’est montré prudent et pédant... Désolant ! S’en est même pris à sa cuadrilla de façon insultante. Enfadarse con el toro, señor ! – Le seul à toréer, et très bien, fut le Finito, lui aussi vedette de la presse du coeur, mais qui n’oublie pas le costume qu’il porte. Muletazos buenos au troisième, et faena buena au sixième, dont il coupera la seule oreille de la tarde. 

     Feria de Vista Alegre... qui aura vécu « ce que vivent les roses » !

 

GRANADA.... TOMASITIS ET « JOSELITO BUENO » !

     Allez savoir pourquoi, les toreros ont toujours une plaza de prédilection, où ils se sentent bien, où les choses coulent de source, où l’effort coûte moins, où la chance sourit. Par exemple, Ordoñez aimait San Sebastian. Il y a écrit de grandes pages du Toreo. Ce n’est pas pour rien qu’il y signa sa dernière ligne, en 1971,  dans la tristesse générale.
    
Allez savoir pourquoi, Joselito se sent bien à Granada. Du coup, la chance est aussi au rendez vous, et le torero, secouant « sa mandanga », se met à toréer comme les anges. L’an passé, année noire, il y avait connu une des seules bonnes tardes de sa pauvre saison. Cette année, année grise, Joselito vient d’y donner, hier, un grand moment de toreo. Faena coulée, soupirée... En un mot, faena de las suyas !
    
A ses côtés, Jose Tomas, plus zombie que jamais, a fait exploser le tendido. La « tomasitis », (ou la tomasotis), existe bel et bien ... Peu importe que le toreo fondamental s’effiloche au fil des muletazos accrochés, on attend avec folie, les demi passes citées pieds joints, sacando media muleta, de derriere les cuisses fleuries. « Tiens, c’est une idée, cà ! Personne n’a encore parlé du toreo érotique de José Tomas. Ou si ? ». Hier, à Granada, Jose Tomas a placé un nouveau numéro, montant le degré de dramaturgie, jusqu’à se faire accrocher dans un manoletina. Devrait faire attention, cela peut faire mal, ces petites choses là. Ne devrait pas oublier que Palomo Linares, en 67 à Castellon,  s’est fait éventrer, sur une manoletina... Deux oreilles pour Jose Tomas, avec pétition de rabo... Mais c’est le toreo de Joselito qui est resté dans la rétine..

     16 Juin – Granada – Dernière de la Feria du Corpus – No hay billetes : Six toros de Parladé, nobles et faibles. Les matadors ont coupé sept oreilles à la corrida, et le ganadero sortit a hombros, à leur côté. Certains s’en offusquèrent – Joselito eut de bons moments avec le premier, mais tua mal. Ovation. Excelente faena au grand quatrième, du nom de « Rapiñado » - 519 Kgs – et deux oreilles à la clef  - Jose Tomas coupa l’oreille de son premier, certains faisant une moue dubitative. Par contre, sa faena au cinquième fit monter l’adrénaline, et le public marcha à fond, à partir du moment où le madrilène joua les Tancredo, planté « bien droit et cambré » au fil du piton. L’émotion monta d’un cran au moment des manoletinas, avec l’accident cité plus haut, et ne tomba pas, malgré l’estocade qui elle, justement, tomba bien bas. Deux oreilles, petition de rabo. Bien ! la Tomasitis a encore de beaux jours devant elle, et Jose Tomas peut continuer à « sucer les nuages » - El Fandi a sué, craché, mais a coupé une oreille à chacun de ses toros, maintenant son rang, à côté des « deux monstres ». Chapeau, torero, d’autant qu’il était blessé. Il fit un festival, au sixième, reçu  à portagayola, « quité » à la lopecina,  banderillé au violon... Bref, il lui a tout fait, ou presque ! Pundonor et toreria. C’est ainsi que cela doit être.

 

UNE NOUVELLE PAGE DU TOREO  « A LA FRANCAISE. »..

     17 Juin : Il y a, aujourd’hui deux corridas en France, dans le sud ouest : L’une, à Gimont ; l’autre à Aire sur Adour. D’un côté, les Guardiolas de toujours ; de l’autre, les Coïmbra dont on espère qu’il auront une « autre présence » que récemment, dans une plaza du sud est.
    
Gimont, Aire sur Adour : deux corridas, deux mano a mano. Pour des raisons de blessures et lésions, deux toreros sont tombés des cartels : Richard Milian, à Gimont, insuffisamment remis de sa blessure de Vic ; et à Aire, depuis hier soir, El Fandi, qui souffre d’une sale lésion au croisés du genoux droit. Saison interrompue et incroyable effort en sa plaza de Granada.
    
Du coup, Gimont décide de garder Davila Miura et Juan Bautista en mano ; Aire, de son côté, affiche le duel à deux Fernandez Meca et Antonio Ferrera.
    
Y se arma la marimorena !  D’Arles arrivent la pression, le chantage, la menace... D’Arles, des toreros d’alternative, parce que français, veulent, par le verbe et la plume, imposer leur présence, en particulier dans une placita où l’on sait que l’empresa d’un jour n’a pas grande force, travaillant en pure aficion et à grands frais. Alors on menace... Alors on attaque, même un torero compagnon français. Alors, encore une fois, on suggère que, « si on ne nous prend pas... il se pourrait bien que...».
    
Ya esta bien, hombre ! Aujourd’hui, des toreros français fonctionnent... très bien,  et toréent...très bien. Et c’est parce qu’ils toréent très bien... qu’ils fonctionnent très bien ! Punto !
    
Que se passera t’il à Gimont ? Une des nouvelles pages de la tauromachie « à la française » ? Peut-être rien, peut-être beaucoup ? Afan de protagonismo !  Dans tous les cas, ici... on n’en parlera pas.

     GIMONT : Toros de Guardiola pour Davila Miura et Juan Bautista, en mano à mano

     AIRE SUR ADOUR : Toros de Coïmbra pour Fernandez Meca et Antonio Ferrera, en mano a mano

     A toutes deux , et à vous tous : Suerte, et bonne météo... 

 

BOF ! COMME UN LUNDI...

     18 Juin :  Le regard dans le vague, la bouche un peu pâteuse, pouah ... On est lundi. Il faut « aller bosser », et on se force un peu. Dehors, il pleut... Mais, ce qui s’appelle pleuvoir. Du genre « pluie suivie d’averses ». Exceptionnellement, cette année, les giboulées de mars auront lieu en juin. Tant pis pour les 24 h du Mans ! N’ont qu’à se faire en novembre, il fera chaud !
     Curieux, ces 24 h du Mans... Même là, les temps ont changé. Ne voilà t’il pas que tous les protagonistes « font la vuelta » avant que le drapeau à damiers ne soit tombé... Ne voilà t’il pas que dans le dernier tour, deux bolides, craignant de ne pas pouvoir finir, attendent les autres, arrêtés à quelques mètres de la ligne, afin de garder leur classement, même si question « pundonor »... c’est pas terrible ? Où sont les 24 h du Mans d’antan, quand les pilotes faisaient « un cent mètres à pieds » pour un départ de légende, quand les Hunaudières étaient vraiment les Hunaudières, et quand on faisait vraiment la course, jusqu’au dernier damier du drapeau ? Pauvre Jacky Ickx, attendant comme une âme en peine que ces messieurs veuillent bien finir leur vuelta à 10 à l’heure... Comme si on coupait une oreille « avant » de porter l’estocade... Décidément, les temps changent, et nous avec.
     En Espagne aussi, ils ont la bouche pâteuse... mais pas pour les mêmes raisons. Là, ce fut « chaleur et passion ». Journée de Foot, journée épique ! Le Real Madrid, encore une fois ! Barcelone qui « se fait le quite » et plante les Valencianos, à la dernière des dernières minutes. Puis les Sévillans qui chantent et dansent, « toutes castagnettes dehors »... Imaginez, le Betis et le Sevilla remontent en première... Ca promet, pour l’an prochain. Derby et empoignade assurés. Au fait, êtes vous « du Betis », ou « du Sevilla » ? Faut choisir..., sinon, vous n’êtes pas aficionado... Pendant ce temps, l’Atletico de Madrid soupire « Je m’voyais déjà... remonté en première ! » Mais ce ne sera pas pour cette année. Un drame... Gil va en perdre « plus » que quarante kilos...
     Les aficionados aussi soupirent, comme au lendemain d’une pâle journée de toros. En France, rien à signaler. En Espagne... encore moins. Alors... on passe vite

     17 Juin - Madrid – ¼ d’arène : Les cinq du Sierro et le Cortijoliva, sorti quatrième, sont mansos, rajados et faibles. Pouah ! – Alfonso Romero confirme son alternative devant un certain « Campano » - 612 Kgs (toro noir du Sierro). Ovation et Silence -  El Renco toucha « les plus pires ».  Silence partout – Jesus Millan fait front et sort le meilleur de la tarde. Un vaillant total, entouré d’une bonne cuadrilla – Un avis, mais aussi une ovation, chaque fois.

     17 Juin – Barcelona – 1/5 d’arène : Cinq toros du Jaral de la Mira, mastodontes toréables, et un Saboya, sorti 2ème – Fernando Camara écouta deux silences. Aurait du faire mieux – Miguel Martin donna vuelta au deuxième – De son côté, Jose Antonio Ortega fut « un peu juste ».. Silence et silence.

     17 Juin – Tolède – Casi lleno : Alternative de Jose Luis Triviño, devant le toro « Necora » - 540 Kgs – un castaño du Ventorrillo, comme les autres, faible et noble. Le nouveau matador coupe une oreille chaque fois, tout comme Ponce qui donna encore une leçon, devant le quatrième – Eugenio de Mora, remplaçant le Juli, coupa  l’oreille du troisième. Tutti contenti !

     17 juin – Eibar  - ½ plaza : Toros de Benardino Piriz, les 1 et 6ème faisant honneur à la devise. David Luguillano coupe l’oreille du quatrième, mais les triomphateurs ont pour nom : Miguel Abellan et Alberto Ramirez, ce dernier remplaçant le Califa. Deux oreilles de leur dernier adversaire. Sortie a hombros  et pacharan pour tous !

     17 Juin - La Flecha (Valladolid) : On ne sait si c’était vraiment bon, mais au moins, ils se sont amusés. Toros de Justo Nieto et trois oreilles, chacun, pour El Tato, Luis Miguel Encabo et Julian Guerra.

     17 Juin – Gimont : La corrida a débuté en retard pour une raison dont on ne parlera pas (voir édito d’hier !) . Les Guardiolas n’ont pas donné grand chose. Davila Miura a toréé en silence, et a écouté « trois silences » - Juan Bautista entendit deux silences « en musique » (lisez : accompagnés d’un avis), mais coupe au troisième, la seule oreille de la tarde. Un peu plus de demie plaza.

     17 Juin - Aire sur Adour : Les toreros ont sué devant les Coimbra. Corrida dure, mansa – Fernandez Meca en a bavé, surtout avec son deuxième : Bronca après deux avis. Silence au premier, ovation en fin du cinquième combat – Antonio Ferrera a montré caste et savoir faire. Cependant, pas de quoi pavoiser, même s’il est le seul à couper une oreille, au sixième. Media plaza.

     Pour ce qui est du « Dimanche hippique », la Feria de Granada s’est terminée en beauté, grâce aux toros de la Viuda Tassara. Leonardo Hernandez, Fermin Bohorquez et Martin Porras coupent une oreille en solo, puis en duo, Bohorquez faisant la paire avec Javier Buendia, dont c’était, ici, les adieux. Adieuuuu !
     Par contre, on « ouvrait », la Feria de Alicante, au petit trot, devant des Benitez Cubero. Triomphe d’Alvaro Montes qui coupe deux oreilles en solo et sort à hombros. Les autres, Moura, Cartazgena et Ventura se contenteront des miettes (Une oreille au duo Cartagena /Ventura) .
     Côté novilladas, Un certain Jose Luis Osuna donna une vuelta, à Séville où il faisait chaud, devant des novillos de San Miguel (Manolo Gonzalez) – A Zaragoza, les Coquilla de Sanchez Arjona ont fait suer Barragan et Alvarez. Seul Julien Lescarret connaît de bons moments. A lui, la seule ovation de la triste tarde – A Bilbao, personne dans les gradins, et guère plus dans le ruedo. Tristes novillos de Madrazo de la Vadima. Une oreille pour Iker Javier Markuatu Lara, « encore moins connu » sous le nom de Javier Lara – A Torrejon de Ardoz, les novillos d’Enrique Marin se sont donné le mot : On sort les trois mauvais, puis les trois meilleurs. Du coup, Reyes Mendoza, Matias Tejela et Alberto Roman coupe une oreille « aux trois derniers »... 

 

LE CALIFA REPREND L’EPEE...

    18 Juin : Ces toreros sont de sacrés lascars... Le 22 mai, en plaza de Cordoba, Jose Pacheco recevait une cornada « de caballo », par un toro de Carmen Borrero. Un mois plus tard, les muscles et les idées remis en place, El Califa revient, après s’être consciencieusement entraîné.

      Bien entendu, on est toujours attristé d’une cornada. Elle laisse de l’amertume et quelques questions du style « Sera t’il le même, après ? ». Pour le Califa, cette cornada de gloire et cette coupure forcée peuvent être bénéfiques, après un début de saison tumultueux où certains, de son côté, furent peut-être malhabiles, mais d’autres, côté empresas, furent injustes et bien piteux. Alors, on remet les compteurs à zéro et « on réattaque ! »...
     Jose Pacheco « El Califa » reprend l’épée le 20, en Alicante, mais aura trois gros rendez-vous, qui peuvent sauver sa saison, ou l’envoyer en enfer : La corrida d’Asprona, en Albacete ; Les deux contrats de Pamplona, et les deux de Valencia, où il est « Torero de base ». Fin Juillet, on débouche le champagne, ou on reste « au quart Vittel » !
     En, attendant, le Califa torée : le 20 Juin, en Alicante, avec Jesulin et le Cordobes, devant des toros de Nazario Ibañez – le 24 Juin, à Segovia, avec Victor Puerto et le remplaçant du Juli, devant des Torrealta – Le 28 Juin, à Albacete, la corrida d’Asprona, où, sous l’oeil des caméras, il fera le paseo avec Ponce et Caballero devant les traditionnels Samuel Flores. Mucha suerte, torero !
     (Photo du service de presse du Califa – Merci)

 

LE DESERT DES NOVILLEROS...

     19 Juin : El Juli veut réapparaître le 22 juin en plaza d’Alicante. Jusqu’à samedi, le garçon marchait difficilement, s’appuyant sur des béquilles. Hier, Il prenait deux toros et deux vaches, a puerta cerrada, chez Santiago Domecq. Aujourd hui, c’est Victoriano del Rio qui l’accueille pour parfaire son entraînement. Dans tous les despachos, les empresas brûlent un cierge à la première vierge qui passe, en particulier, celle des « Désemparés », la bien nommée : « Pourvu qu’il revienne vite ! »... Parce qu’en son absence, « esto es una ruina ! ». L’entrée de Bilbao, pour son historique corrida du 701ème anniversaire est, à ce effet, révélatrice du gros malaise.
     El Juli est « la »  figure du moment, un point c’est vraiment tout. José Tomas pourrait l’être, à condition de bien vouloir redescendre sur terre, faire son travail de matador, c’est à dire «estoquer tous ses toros », ne pas naviguer en sous marin d’eaux troubles, avec le Capitaine Arranz aux barres de plongée... Est ce un hasard si  le président qui veut lui mettre « deux heures de colle », pour s’être comporté comme un vilain garnement, le 1er Juin, à Madrid, se retrouve, tout à coup, viré du poste ? Allons donc.
     Torero phénomène : El Juli – Torero de los toreros : Ponce – Torero, « venu d’ailleurs » : Jose Tomas. Et derrière, qui ? Une multitude de bons toreros qu’accompagnent quelques privilégiés qui occupent des postes, dans les cartels et les télévisions.... Et derrière, qui ?
     La novillada actuelle est pauvre. Pauvre en entrées, pauvre en écho, pauvre en impact et projection. Pourquoi ? A cause du 33% ? A cause des ponedores ? A cause de la chèreté des novillos, de la logistique, des impôts ?  Oui, peut-être.. mais surtout , parce qu’il n’y a pas de novillero puntero, celui qui fait courir, celui que l’on pousse, parce qu’il a « quelque chose de plus que » les copains. Aujourd’hui, tous les novilleros toréent mieux que jamais. Les écoles leur ont enseigné la géométrie tactique, ou la tactique géométrique, et, mieux que tous, ils en connaissent un rayon sur le cercle ou le ruedo, peuvent en parcourir tout le diamètre sans en prendre la moindre tangente. Todo muy despacito, muy bien, « en mettant un peu la hanche », mais sans tâcher le beau costume.. « Sin despeinarse ! » comme ils disent .
     Très bien tout cela, mais catastrophe assurée !  Il n’est que de voir l’escalafon novilleril actuel : En tête, Leandro Marcos, avec 31 novilladas et 37 oreilles, dont 1 coupée en plaza de 1ère catégorie, 5 en 2ème catégorie et 31 en placita de 3ème... Buen torero, mais bof !
     Suivent Serafin Marin (23 novilladas et 26 oreilles) – Abraham Barragan ( 22 novilladas et 17 oreilles) – Alejandro Amaya (18 et 24). Allez le voir, celui ci a de la personnalité -  et il faut arriver aux 8 et 10ème rangs pour trouver les petites merveilles que nous ont concoctées ces messieurs. Montaje de los buenos : Yvan Garcia et Cesar Jimenez, à égalité à 15 novilladas. Le moins que l’on puisse dire est « qu’on ne se les arrache pas ».
     Cesar Jimenez est 10 ème,  à 14 oreilles pour 15 novilladas (dont 3 trophées en plaza de 1ère, 5 en 2ème et 6 en 3ème) Pas terrible, mais homogène et respectable.
     Yvan Garcia est 8ème, donc « mieux placé », à 15 novilladas et 19 oreilles. Oui mais... Aucune  en première, 5 en deuxième catégorie, et 14, dans ces plazas de Dios... Un fenomeno ? Donde ?
    On attend, bien sûr, les Salvador Vega ; les Javier Valverde... Mais pour le moment, il n’y a pas ce souffle d’espoir et d’intérêt, qui fait courir les gens... comme quand :  Curro Vazquez, Robles, Capea etc... Ne parlons pas du Manuel Benitez, vers 62/63... Le dernier était le Juli, et après lui... Naide !
     Du coup, on parle de moins en moins de novilleros, et il y a de moins en moins de novilladas, parce qu’elles n’attirent personne. Restent alors les spectacles « guet apens », où il faut aller se faire trouer la peau dans « le triangle des Bermudes », autour de Madrid, ou alors, aller « tenter le coup », devant une poignée de Japonais, un soir de canicule, à Las Ventas, devant des novillos qui sont plus grands et plus mansos que les Coimbra d’Aire sur Adour !
     Un cercle bien vicieux : Pas de vedette, pas de monde, pas d’écho, pas de spectacle... aucune chance de « sortir »... Un aller simple pour nulle part ! Qui changera cela ? Et quand ? Ce n’est pas encore pour aujourd’hui, ni « pour hier », à l’ouverture de la feria d’Alicante...

     18 Juin – Alicante – 2ème de la Feria de las Hogueras – Novillada – ¼ de plaza : Bons novillos de Carlos Nuñez, terciados, nobles , un peu faibles. Les meilleurs, les deux premiers.  
     Reyes Mendoza est correct, fait la statue, torée d’abondance et tue mal ( Ovation partout, avec un avis chaque fois) – Cesar Jimenez torée « muy bonito », se sent torero, mais absolument pas « matador » (Ovation partout, avec avis à son premier) – Francisco Jose Palazon, un alicantino de Petrel, faisait sa présentation avec chevaux. On le vit un peu vert face à son premier, mais il donna de très bons muletazos, reposés, liés, au sixième. Estocade un poil basse, et une oreille.
     Esa es otra ! La espada ! Cette maudite épée ! Etre une promesse et « ne pas tuer »... Certes, il y en a eu d’autres, mais ils avaient une personnalité qui compensait leurs errances avec l’acier. Ici, ils toréent « parfait », mais dans le même registre que les autres, et ils tuent plus mal... Ainsi, on ne va nulle part.

     « A reventarlos ! ». Voir les estocades du Juli !

 

LA « MAL ODEUR »....

     20 Juin : Stop... arrêtez-vous un moment ! Vous sentez ? Comme une odeur de pourri, de bien gangrené... Comme cette fétide puanteur qui vous saute à la gorge, et vous pique presque les yeux, vous retourne l’estomac, lorsque vous descendez à la cave. Un animal, un rat peut-être, est crevé, là en bas... Et où le chercher ?
     Bien entendu, dans chaque pays, les scandales éclatent, la corruption règne. Mais, en ce moment, dans une France qui soit disant va mieux, il faut bien avouer que la barre est placée très haut...  Même en costume cravate, même en tailleur de haut couturier ; même en tenue de foot ou de coureur cycliste, les « malins » dénoncent, argumentent, attaquent, contre attaquent, font diversion, bien secondés par une presse « bien intentionnée »... C’est bon pour les ventes, tout ça...
     Un ex ministre tape sur la table, avec sa canne... Une ministre hausse ses belles épaules, d’un air méprisant... On  brocarde le scandale du cyclisme en Italie, mais on apprend aujourd’hui qu’un cycliste, champion tricheur, encore adulé par les foules, aurait acheté à un autre grand champion, une de ses plus magnifiques victoires, à quelques kilomètres de la glorieuse ligne d’arrivée. Un championnat de foot risque de voir son classement final bouleversé. Rien que ça !   On triche, on « faux passeporte », on drogue allègrement les publics, on assassine le rêve des enfants... Ou alors, on menace, on pressionne, on fait chanter...
     Eh bien nous, on ne chante pas... A tout bien considérer, on en pleurerait presque...
     Ce qui se passe ces jours ci dans notre petit monde taurin n’est pas « joli-joli ». Que ce soit à Gimont ou à Saint Sever, les parties « de Gendarmes et voleurs », ou de « colin maillard politico judiciaire » se succèdent à un rythme soutenu, mais n’intéressent que moyennement...
     Quoique respectant les arguments de chacun, on ne peut suivre « les façons d’agir »... los malos modales ! Aller voler un costume de lumières à un collègue qui vit la même galère, en est la pire illustration ! Comme si l’on crachait sur la profession dont on prétend être l’un des fleurons...  Bien triste, tout cela !
     Pendant ce temps, le monde tourne... Des toreros, qui se sont longtemps désespérés ont soudain une grande opportunité, et ne la laissent pas passer, eux ! De son côté, la politique reste dans sa pauvreté, son total manque de noblesse, toujours assez tordue pour aller remuer « d’anciennes fanges »... Détruire, avant de construire ! « Salir l’autre », au lieu de proposer « plus blanc » !  Grand bien lui fasse !  Reste le citoyen de base qui est, lui, beaucoup plus magnanime, plus sain, plus sincère... peut être trop « bonne poire »... Et nous de même ! Allez vous demander pourquoi il y a de moins en moins de votants, dans nos élections dites « démocratiques » ?
     Alors stop... Ne respirez plus ! Passez votre chemin ! Avec un peu de chance, vous trouverez des histoires plus belles, des hommes et des femmes totalement admirables, des enfants qu’on a envie d’embrasser, des chants de pureté qu’on à joie à entonner.
     Loin des « Loft » ou des « Gimontaiseries »... les espoirs demeurent  et demain se construit... du moins  il faut y croire... Mais ils faut bien avouer que...

 

ALICANTE, LA BELLE... ALICANTE, LA TRISTE...

     20 Juin : Que bonita es Alicante ! Sous les palmiers de ses paseos, les promeneurs goutte la chaude douceur des vacances, du farniente, de la paix. Sur les plages, les corps bronzent à tout va... certains « à damner un saint ! », d’autres... Bon !
     Et pourtant, Alicante en fête était triste hier. Un homme qu’elle avait applaudi la veille, est mort dans la nuit... Rencontre avec le destin. « El maldito  toro de la carretera ».  Brutal point final. Alors, Alicante s’est tue, a respecté, a prié. Il était banderillero, il était torero.. il s’appelait Julio Atienza. Ayant toréé lundi, aux ordres de Cesar Jimenez, il rentrait chez lui, dans la nuit, déjà l’aube du lendemain... A ses côtés, l’ami picador.
     Alicante s’est souvenue, hier, et la corrida fut triste aussi...    

     19 Juin – Alicante – 3ème de Feria – 1ère corrida – 1/3 d’arène: Minute de silence en souvenir de Julio Atienza, qui s’est tué en voiture, dans la nuit. La veille, il était là – Toros d’Adolfo Martin, de triste présentation, de comportement sinistre – Les toreros ont fait ce qu’ils ont pu, mais ils ont mal tué – Padilla, seulement les banderilles et l’aride volonté (Vuelta et Division) – Paquito Cervantes, bien à la cape, toréant le cinquième avec empaque, donnant de vraies naturelles, et perdant tout au moment de l’épée.. (Silence et ovation) – « El Renco », vaillant et pas maladroit devant un toro changeant, toro girouette... (Vuelta et Applaudissements).

     Ce 20 juin, le Califa, qui s’est entraîné hier, en compagnie de son ami Juli, chez Victoriano del Rio, revient, après sa blessure de Codoue. Que bien ! Que haya suerte. Il sera aux côtés de Jesulin et Manuel Diaz, face à des Nazario Ibañez.
 

JULIO ATIENZA SE TUE SUR LA ROUTE

     20 Juin : Il était le fils du picador Rafael Atienza, lui même tué dans un accident de la route. Julio avait 35 ans. Il avait toréé, lundi, la novillada d’Alicante, dans la cuadrilla de Cesar Jimenez. Comme de coutume, les toreros voyagent la nuit. Les routes sont moins bondées, on peut rouler plus vite. On parle toro, on chante du Camaron, on roule vers la maison, ou la prochaine plaza...
     Au kilomètre 64 de la nacional III, vers Madrid,  près de Fuentidueña de Tajo, Julio Atienza, qui conduit la citroen de son ami picador Juan Presumido, assis à ses côtés, perd le contrôle et va percuter la barrière, sur le côté droit. Il est éjecté, et son corps gise sur le côté gauche de la double voie, où un second véhicule ne peut l’éviter. On pense que le garçon était déjà décédé, avant ce terrible moment. On l’espère.
     Son ami et passager, Juan Presumido, que les bayonnais connaissent bien (Le picador qui donna la vuelta, avec Fernandez Meca, lors de la victorinade 2000) est dans un état grave, mais ses jours ne sont pas en danger. Il est le fils de Julio Presumido, mayoral de Victorino Martin, aujourd’hui en semi retraite.
     Qu’il repose en paix, le torero qui sut lidier les toros, mais que la parque prit , comme d’autres, au petit matin, sur une route déserte, loin de bravos !

 

MORT D’UN QUATRIEME CHEVAL DES DOMECQ...

     20 Juin : Encore une fois, bien sûr, cela n’a rien à voir avec la mort d’un homme... mais allez savoir pourquoi, la souffrance et la fin d’un cheval de rejoneo, fier torero, fait mal au coeur aficionado. On nous dira : « pourquoi, alors, ne pas s’apitoyer sur le sort d’autres animaux, en particulier des toros, que vous allez voir tuer, volontairement ? » C’est vrai. Pas de réponse à cela. Sinon peut-être, que la mort du toro, glorifié par son combat, n’a rien à voir avec la lente agonie d’un fier destrier, assassiné, la nuit, dans le triste couloir d’un camion soudain embrasé, ses yeux, crevés, sa peau brulée qui partent lambeaux, son « intérieur » totalement consumé...
     le 2 Juin, on assassinait des chevaux, « pour faire mal à des hommes »... On a bien réussi. Hier, 19 Juin, « Deleite », un quatrième cheval des Frères Domecq  est mort, ses blessures s’étant totalement infectées.
     Les autres sont peut-être sortis d’affaire... mais, « défigurés », ils ne galoperont plus, fièrement, dans un ruedo. Souhaitons, pour eux  un peu de paix et de fraîcheur. Les Domecq sauront la leur donner. Animo !

 

DRAPEAU BLEU ET TORO ROUX...

     21 Juin : C’est l’été ! Vive les vacances ! L’espace d’un instant, on va oublier les soucis, les revendications, les affaires... Pour le moment, soleil, farniente et apéro, les doigts de pied en éventail. Oh, on fera un petit effort pour suivre le Tour de France, plus pour voir « le geste qui... », ou « le moment où... », ce petit rien qui traduira un scandale de plus, une honte ajoutée à ce long ruban de saloperies, de tricheries, de traîtrise, de mensonge et de vol... Ceux que l’on ne voulait qu’admirer sont, dans leur majorité, de simples mercenaires, engagés pour racler un maximum de fric « como sea ! ».... de vrais rois de la pédale ! Scandale dans le Giro, scandale probable dans le Tour 2001, et la Grande Boucle sera bouclée... Le drapeau noir flotte sur la marmite...
     Drapeau bleu, drapeau noir... tous les goûts sont dans la nature, surtout quand elle sent le mazout, les vapeurs d’échappement ou le gaz moutarde... Depuis quelque temps, la grande mode est, tout à coup, de retrouver des milliers d’obus, de grenades, de bombes de la dernière guerre, ou de la précédente, soigneusement entreposés dans quelque galerie,  quelque « souterrain secret, connu  de tous »...  Même le Pont du Gard y a eu droit... Les touristes allemands, effarés, scrutaient d’un oeil inquiet les berges interdites, tandis que les autochtones les regardaient, goguenards, avec un petit air de « C’est vos parents qui ont fait ça ? ».
     Enfin, pendant ce temps, on ne parle pas d’autre chose... Maillot jaune, sorti « d’un pot belge » ? Drapeau Bleu, « sous le pavé la plage ! »... Ah, oui... Surprise verte ! « Aïe, ma mèèèèère ! ». Le candidat au « suprême bleu blanc rouge » ne sera pas celui qu’on croyait. « Je m’voyais déjà », a été renvoyé par ses propres amis, au simple rang de « m’as tu vu ? ». Décidément, même chez les verts, on en voit de toutes les couleurs...
     Un petit conseil... si vous allez en vacances du côté de « la huerta valenciana », souvenez vous d’une chose, surtout si vous vous baladez du côté de Benavites ou Almenara : Le toro charge sur tout ce qui remue... et non sur le rouge « seulement »...
     Souvenez vous en, car depuis plus d’un an maintenant, un toro, échappé de « la granja del camp de Morverde » parcourt la campagne faisant des ravages dans les cultures, faisant sursauter de paisibles agriculteurs qui n’ont jamais eu « la vocation torera »... Ce toro de media casta (mais au moins, pour lui, c’est officiel !) s’est enfui un jour, sautant des murs de deux mètres, franchissant d’impressionnants fossés. On l’a poursuivi, parfois cerné. Mais jamais personne n’a pu forcer le malin, et l’on n’a pas voulu recourir au fusil d’assaut... Depuis, le torito de couleur rousse, comme la terre de là-bas, se promène, passe de culture en culture, se nourrissant de clémentines et de nisperos, « pegando sustos » à droite et à gauche, sans jamais blesser personne, jusqu’à présent. Alors, surtout, ne bougez pas, mais « au cas où... », si vous allez par là,  ne vous habillez pas en coquelicot.... il pourrait voir rouge !
      En Alicante, c’est toujours les vacances... Dans les gradins, on vient en bermuda et les filles hésitent un brin ... « topless ou non ? » Pour le moment, c’est non ! Dommage, messieurs, car on pourrait éviter l’ennui qui monte par vagues successives du ruedo surchauffé. Six vagues d’ennui, de mansedumbre et de vulgarité, hier, au cours de la deuxième corrida de la feria d’Alicante. Corrida à oublier bien vite... On ne retiendra la date que pour l’unique éphéméride du retour du Califa, après sa blessure de Cordoue... Il n’a pas eu beaucoup d’options ... Il faut donc attendre.

     20 Juin – Alicante – 4ème de la Feria de la Hogueras – ¾ de Plaza : Toros de Nazario Ibañez, vilains, mansos décastés, noblones tant qu’ils tenaient debout. Le troisième était un dangereux ; le sixième chargea noblement durant trois minutes et vingt secondes, puis, « se rajo »...
     Dans les gradins, on tua l’ennui en applaudissant les vulgarités du  Cordobes qui en fit des « tonnes et des tonnes », jusqu’à couper une oreille. Quelle tristesse !  - Jesulin regardait cela, dubitatif... Lui qui aurait jadis coupé plus, « en grenouillant encore plus » que le Manuel Diaz, se retrouve simplement applaudi, parce qu’il torée sérieux, lié, limpide... Sur les gradins, quelques baigneuses soupirent un vague « olé », en regrettant les hystéries passées... « Où est donc passé mon Jesulin, celui qui me faisait « tilin tilin » ?
     Jose Pacheco « El Califa » reprenait l’épée. Dans son costume vert empire et or, la jambe blessée devait encore « tirer un peu »... Pas rassurante, sa première sortie... Son premier toro est un manso qui vire au dangereux. Le torero paraît sans sitio, et met le plus de distance possible entre lui et le pervers .. Même en Alicante, il entendit le silence. Il fut, par contre, beaucoup plus convaincant face au dernier, tant que celui ci gardât son envie de charger. Passe changée dans le dos, au centre du ruedo ; deux séries de derechazos, calmes, templés « main basse », bien enchaînés... puis le toro refuse le combat. A la fin, porfia et rodillazos. Il aurait probablement coupé une oreille, mais tua mal... Donc, puisqu’on parle de couleurs... on dira simplement : Retour « en demi teinte »...

 

IL FAUT CHANGER CE MAUDIT REGLEMENT...

     22 Juin : A quoi sert donc un règlement si, par souci de maintenir l’ordre public, on est obligé de le contourner ?
     A plusieurs reprises au cours de la saison, des toros sortent, magnifiquement présentés, bien armés, semblant manifester caste et allégresse... Ils font fièrement trois tours de piste, du style « Vous avez vu comme je suis beau ! » et ils accourent au premier capote qui flambe de derrière un burladero. On entend alors un gros « crac », et le grand fauve s’en va, penaud et endolori, un morceau de corne pendant piteusement sur le côté. Parfois, le sang gicle à grands jets. Une horreur !
     Après quelques instants, le public réalise et... « se arma la marimorena » ! Bronca impressionnante, tous les visages tournés vers la présidence. On hurle, on vocifère, on menace... Dans le ruedo, le toro galope en tous sens, secouant sa douleur. A son palco, le président à du mal à avaler sa salive, se penche vers ses assesseurs... «Vous cher ami, que feriez vous ? C’est que le règlement dit.... ». La foule, qui a vu le manège, redouble de fureur, maudissant l’homme à la cravate, sur quatre générations...  Alors, neuf fois sur dix, le président « se acojona », (lisez : « lache prise, piteusement » ) et, sautant le règlement « a la torera » (une expression qui vient à point), ordonne le changement du toro, sous les applaudissements. Satisfaction dans les gradins ; mauvaise humeur de l’empresa qui va devoir payer un sobrero ; humeur goguenarde des toreros, partagés entre deux sentiments : « Un autre toro nous rendra une possibilité de triompher », mais aussi : « Il n’avait pas à le changer. Va falloir en prendre un autre. Nous, on a un contrat pour deux toros, pas trois... Et puis, le règlement dit que... »
     Que dit il, ce règlement taurin ? Il dit, en substance, que tout toro, sorti « intègre » du toril, ne peut être changé, quel que soit l’incident qui lui arrive, une fois dans le ruedo...Il se casse une corne dans un burladero, dans le peto du cheval, dans une vuelta de campana... il n’a pas à être changé. Il se rompt une patte, s’assomme pour le compte dans un pilier de barrera, ou en sautant au callejon... il n’a pas à être changé, car à sa sortie, il était parfaitement constitué...
     En y regardant mieux, quel règlement barbare et idiot ! Personne n’y gagne. Une bête souffre, horriblement diminuée, mutilée. Qui peut supporter cela ? D’autant, qu’au prix des places, le public ne peut accepter un spectacle « tronqué »... Par ailleurs, le matador, s’il veut briller, a tout intérêt à ce qu’on change cet animal qui ne lui amènera que des problèmes si, respectant le règlement, le président le maintient dans le ruedo... « Le président, il est bien sympa... Il est là haut, son bouquin à la main.. Mais qui c’est y qui va prendre une bouteille sur le coin de la figure, tout à l’heure, hein ? ». L’empresa n’a qu’un souci : Que la corrida se passe bien, que les gens reviennent... Alors « Fuera, maldito reglamento ! »
     Puisqu’il en est ainsi, la commission « des règlements mal faits » (doit bien y en avoir une...) doit se réunir, et, une fois pour toutes, statuer sur ce problème. Objectif raisonnable : « Tout toro qui s’abîme, au cours des deux premiers tiers, pourra être changé, à l’évaluation de la présidence ». Ainsi, l’honneur du président est sauf, même si l’on sait très bien que le public saura lui faire comprendre qu’il vaudrait mieux que « son évaluation »corresponde à la sienne !
     Ainsi, on ne parlerait plus de ces tristes anecdotes du type de celle arrivée hier, en plaza d’Alicante, où la corrida « s’est pratiquement terminée » au quatrième toro, le président n’ayant pas voulu changer un toro qui s’était cassé un piton. Il y eut émeute, et le public refusa de voir la suite...  Qu’a t’on gagné à cela, dans une feria qui marche déjà « sur trois pattes » ?

     21 Juin – Alicante – 5ème de la feria de las Hogueras – Media plaza : Six toros de Victoriano del Rio, de présentation et armures «discrètes », virant au « discutables ». Peu de forces et une noblesse poussive, rapidement arrêtée. Le deuxième fut, de loin, le meilleur. Le quatrième sortit comme un obus, manifestant caste et alegia. Hélas, il partit se fracasser dans un burladero, en sortant groggy, la corne gauche cassée à la base. Très « règlement – règlement, jugulaire –jugulaire ! », le président refusa de la changer, et le public se fâcha tout rouge.
      Manolo Caballero traîna sa langueur actuelle, devant l’insipide premier. Il ne pégua pas un seul muletazo, face au quatrième, mutilé. On lui en sut gré – Rivera Ordoñez coupa une oreille bien généreuse au deuxième. Toreo de force au lieu de finesse ; beaucoup de pico et d’attitudes forcées.. Une oreille « de coquin », à un toro qui s’appelait « Gamberro ». Cela ne s’invente pas ! – Morante de la Puebla donna, au troisième, les meilleures véroniques de la journée, avant que le toro ne se transforme en bloc de marbre. Le sixième, trop piqué, refusa le combat, et le sévillan donna trois naturelles, par acquis de conscience, pendant que le public « filait à l’apéro »... Triste ! A part l’oreille de Fran... silence partout !.
     Ce 22 Juin, on attend le retour du Juli, après sa blessure de Madrid. Les toros seront de Cesar Rincon « El Torreon », et les collègues : Espartaco et Eugenio de Mora.

 

LES NOVILLADAS « D’HAGETMAU 2001»

     22 Juin : Cartels simples, nets, précis... Hagetmau « n’a pas fait dans la dentelle », et présente deux novilladas « qui se tiennent »totalement, avec un petit goût d’événementiel du meilleur effet, tout en gardant la vocation torista. Qu’on en juge :
     5 Août : Novillos de Cebada Gago, pour Javier Valverde – Salvador Vega – Cesar Jimenez.... Regardez bien, et souvenez vous ! Cela ne vous dit rien ? C’est le « remake » de la finale de San Sebastian... Vous savez, celle « des ex aequos ». Cette fois, il y aura un vainqueur, et devant des Cebaditas ! Bien, no ?
     6 Août : Novillos de Maria Luisa Dominguez Perez de Vargas, bref, des Guardiola, pour « les deux Juliens », en mano à mano. Clair ? Julien Lescarret et Julien Miletto, en amical duel face « à du sérieux, de qualité ». A suivre.

 

CESAR RINCON ET EL JULI : RETOUR A LA VIE...

     23 Juin : Une façon de parler... Un titre facile... Et pourtant ! Les deux hommes, pour différentes raisons, ont du ressentir, au ventre, la chaleur  de l’émotion, la bouffée de légitime orgueil, le plaisir de lever les bras, pour saluer ceux qui, debout, font la haie d’honneur... 
    
Quel plaisir de revoir Cesar Rincon, le maestro colombien aujourd’hui ganadero, l’ami de tous, le héros tombé, assailli par la sourde douleur, la machiavelique maladie, sortir « a hombros », comme au temps de l’habit de lumières. Amaigri, plus pâle, presque fragile dans sa tenue d’été, le « petit géant » de Bogota a du, hier en Alicante, emmagasiner des tonnes de moral, pour continuer « son autre combat ». Enhorabuena, Cesar !
    
Et que dire du Juli ? Le 5 Juin, à Madrid , un Guardiola lui ouvrait la cuisse gauche. Muscle éclaté, le jeune prodige était emporté vers l’infirmerie. 5 Juin ! 17 Jours plus tard, le Juli réapparait, vêtu de lumières, coupe trois oreilles et s’en va au soleil du triomphe. Il aurait pu revenir « à l’économie », se réserver un peu, « en garder sous la zapatilla »... Cela pouvait se concevoir, car, sous les paillettes, la blessure devait tirer et le muscle, « protester » sous les efforts damandés... C’est bien mal connaître Julian Lopez qui a « tout fait », des largas de rodillas à l’estocade recibiendo, en passant par les banderilles et les manoletinas à genoux. Trois oreilles et le sourire de l’enfant roi... Enhorabuena, figuron !
    
Pourtant, bien sûr, tout ne fut pas parfait : Les toros du Torreon ont trop manqué de forces et le Juli à par fois banderillé « inégal »... Peu importe, presque ! Le combat était ailleurs, la victoire plus belle. Victoire sur la douleur et le doute, victoire sur soi-même, victoire sur le « Que suis je devenu ? », ou le « Serai je toujours le même ? ». 

     22 Juin – Alicante – 6ème de la Feria de Las Hogueras – Presque plein : Enfin, le public d’Alicante a fait la fête. 7 oreilles coupées, les trois maestros et le ganadero « a hombros ». Cela fait plaisir. Bien sûr, une part d’éxagération... Cepandant, après cinq jours de tristesse, la joie ne pouvait qu’être excessive. C’est humain !
      Les « Torreon » de Cesar Rincon sont sortis très lourds (570, 610, 625, 618, 590, 555 kgs), très faibles, et « ptites têtes ». Au début, quelques vilains défauts, mais bien vite, la caste et la grande noblesse. 4 et 5ème furent de vraies machines à charger, et les autres furent emportés par la caste torera et la technique des maestros. Bonne corrida, qui manqua trop de force pour être une vraie apothéose.
    
Espartaco faisait ses adieux. Technique, sobre, il fut un grand infirmier devant le premier, et se hissa à la hauteur du quatrième, « Ramillete ». Oreille chaque fois, et sortie sur les épaules - Eugenio de Mora torée cchaque fois mieux, compensant sa haute taille et son manque de charisme, par la cadence, le temple, le lié de ses muletazos. Vuelta, face au deuxième, et les deux oreilles du cinquième « Preferido », qui lui donna une sale voltereta – El Juli reprit l’épée devant « Barbafina », et lui fit un festival : Deux largas a genoux, des véroniques de haut vol... Aux banderilles, un athlète « tous terrains », compensant la régularité et la précision, par l’enthousiasme et la grande bonne volonté. Avec la muleta, sincérité et « difficile facilité ». Final, les deux genoux en terre, pour de manoletinas à faire pâlir de jalousie Jose Tomas, lui-même. Avec l’épée, « un cañon ! ». Deux oreilles du troisième, et une du dernier, estoqué « recibiendo », après les lopecinas et une faena de grande volonté.Il y eut pétition de second trophée, et le président entendit « chanter Manon ! ». Peu importe, le Juli est revenu « en grande figure », et à ses côtés, une autre grande figure est venue lui souhaiter « bienvenue » au rendez vous de « la Légende Torera »... Cesar Rincon, El Juli, deux sourires pour un retour à la vie. Que bueno !

 

SAINT SEVER OU TOLOSA ?

     23 Juin : Cruel dilemme pour demain, dimanche 24 Juin. Saint Sever ou Tolosa ?

     Le chauvinisme voudrait que le doute n’existât pas... Corrida à Saint Sever, avec la présentation des toros du Palmeral, qui ont grandi « à deux pas d’ici », aux verts paturages du Pays Basque. On attend les Murube d’un « autre Martin », qui a troqué « le Victorino » par « l’Olivier »...  Au cartel, Richard Milian, le français ; Zotoluco, le mexicain ; et  Fernandez Meca, lui aussi « bleu blanc rouge ». Un cartel qui sent la poudre : Certains protestent fort la venue de Stéphane, qui a laissé ici « une vilaine ardoise » qu’on a du mal à oublier. De son côté, Richard a du mal à se remettre complètement de la cornade de Vic. Encore une fois, il a du déclarer forfait. Et donc... Il est probable que va se répéter « lo de Gimont ! », puisque l’empresa « Eurosud » a décidé de remplacer le français par Luis Miguel Encabo, qui vient de connaître un bon passage à Madrid. Espagnol, « por los cuatro costados », Encabo risque de provoquer les manifestations de ceux qui disent « un français doit être remplacé par un français »...
    
Pour notre part, préférant l’amitié et la simplicité, nous irons à Tolosa. La corrida y sera de Jandilla (Fuente Ymbro), c’est dire que l’on attend des faenas et des toros qui ne seront pas des aurochs. Au cartel : Jesulin, Eugenio de Mora et Jalabert. Ainsi, loin de conflits et des « regards en dessous », on pourra faire le point, tranquillement, sur la forme actuelle des trois diestros. Jesulin « passe t’il la rampe », avec son seul temple ? Eugenio de Mora a t’il « du moteur » pour triompher tous les jours. Quant à Jean Baptiste, on souhaite le voir nous rassurer enfin. Et puis, Tolosa... tradition, aficion y gente buena... Una gozada.

 

DE CI ... PAR LA...

     23 Juin : Le ganadero et empresa Victor Perez se remet doucement des deux cornadas que lui a infligées un de ses toros, le 15 juin, dans sa finca de Casarrubias, alors qu’il le soignait, dans un corral. Un moment d’inattention, peut-être et... deux graves cornadas : 15 cms dans l’abdomen, et 20 dans la cuisse gauche.  Intervention d’urgence et lente récupération. Un nouveau miracle dans la longue liste de « l’histoire des toros au campo », vous savez, ceux dont on dirait « qu’ils ne feraient pas de mal à une mouche ! »
    
Hier, 22 juin, les Luis Algarra sont sortis faibles, à Leon. Jesulin et Castaño ont été ovationnés, mais c’est Victor Puerto qui a coupé la seule oreille de la journée.
    
On « reparle » de la réforme du « tercio de varas »... Actuellement, l’Union de Ganaderos rend les conclusions de sa commission, ainsi que les propositions attenantes. Certes, des choses à rectifier, des poids à limiter, des abus à gommer... Mais, avant tout, n’y aurait il pas un problème à aborder « vraiment » ? Que faire, et comment, pour que le toro soit, ou redevienne, un toro de « vrai combat », qui rend les toreros « fiers de leur costume de lumières », et ne les transforme pas, une fois sur deux, en « infirmier de luxe » ? Un infirmier qui, de plus, peut prendre un sale coup, en voulant soigner... Qui saura, qui saura, qui saura ?

 

UN MEXICAIN A MADRID....

     24 Juin :  J’aurais voulu titrer « Les folles de chariots »... mais je n’ai pas osé.
     Les temps ont bien changé... Ne voilà t’il pas que ceux qui, dans le temps, se faisaient discrets, montent maintenant des défilés, s’amusant  à grands bruit, comme des petites folles, racolant les politiques de tous crins (j’ai pas dit « de tous poils ») qui ne manquent pas une occasion de faire admirer leur démagogie... De quoi se poser quelques questions : « J’ai quarante ans, j’aime ma femme et mes enfants ; Je dis « bonjour, s’il vous plaît, merci »,  je travaille et vais voter ; je n’ai encore violé personne... Suis je normal ? » La réponse n’est pas évidente...
     Les temps ont bien changé... Les écologistes en voient des vertes pour ne pas aller dans « le trop mûr »... Et l’on nous parlera, ensuite, d’unité, de tolérance, de démocratie... « Un pour tous... Tous pour qui ? »
    En y regardant mieux, les temps n’ont pourtant pas changé... Dans toutes les cités, le passe droit est de rigueur, et l’on ne s’étonnera pas de trouver celui-ci, ou celle là, amis du Seigneur de ces lieux, à un poste-clef. Ne manquent plus que les cavaliers de la garde noire qui viennent vous réclamer l’impôt du sel...  Certes, parfois, le maître du lieu se voit « mis en examen » pour quelque vilénie... Mais, c’est presque devenu un honneur, et il en sort souvent ragaillardi !
     Aujourd’hui, il faut « tout, tout de suite.. » Les jeunes s’installent ensemble, ont du mal à joindre les deux bouts pour payer le loyer, mais ne font surtout pas l’impasse sur la chaîne, le DVD, les Stuyvesant ou la sortie du samedi soir...
     « Tout, tout de suite.. » ! Le torerito se fond dans un premier costume de lumières, brillant de mille feux, taillé pour lui, et lui seul... Il rougit à peine en prenant l’alternative, et attend qu’on l’appelle. Oublié, presque méprisé (parce que, peut-être méprisant), il maudit l’injustice qui l’accable et... éteint la lumière. Apaga y vamonos !
     Pourtant, qu’il soit espagnol, mexicain, français ou autre, le torero « qui naît  torero » finira par sortir à la lumière, un jour. Quand ? Nul ne le sait, mais jamais, en tous cas, par la force, l’insulte, le chantage, la menace...
     Aujourd’hui, 24 Juin 2001, se présente en Espagne un torero mexicain. Il a trente ans, s’appelle Rafael Ortega. Il est une vedette, dans son pays.. Depuis son alternative, le 12 décembre 1990, à Puebla, il a gravi toutes les marches du succès en pays aztèque. Plusieurs gros triomphes dans la Monumental de Mexico (à l’époque où elle se remplissait) en ont fait une valeur sûre. On pourrait penser que son rang l’amène à une présentation soigneusement préparée, prenant ses repères avec le toro espagnol, dans de multiples plazas de moindre catégorie, puis escaladant les marches vers le sommet de l’escalafon.
     Bien, non ! Rafael Ortega, figura en son pays, n’a pu que faire deux tentaderos en arrivant en Espagne (Un chez Chafik, l’autre chez Joselito). Ce soir, pour son premier paseo... rien moins que Madrid Las Ventas, à l’heures où les toros sont plus nombreux (six de los Derramaderos) que les spectateurs dans le tendido.
     Aller  «se jouer tout » en un seul coup de dé, et deux coups d’épée... Voilà quelqu’un qui « en a », et qui mérite le nom de « torero »... Il aurait pu taper du pied, revendiquer, menacer... Non ! Il arrive, se fait tout petit, et, avec un coeur « gros comme ça », fait son premier paseo dans la plus difficile des difficiles. « Monterazo, Señor ! Et grande suerte, que se la merece ».
     24 Juin : Madrid – Toros de Los Derramaderos pour Leonardo Benitez (le Venezuelien au cigare) – Rafaele Ortega, qui se présente et confirme alternative (torero brillant dans les trois tiers) et Ruiz Manuel, le fin torero d’Almeria.

 

LE JULI, HOSPITALISE...

     24 Juin : Alicante a vu le triomphal retour aux ruedos du Juli. A partir de là, le jeune prodige devait enchaîner les contrats: Leon, hier ; Ségovie, ce dimanche, puis Badajoz, Burgos, Algesiras... Hélas, Julian Lopez, qui était rentré dormi, chez lui, à Madrid, vendredi soir, s’est réveillé hier avec une forte fièvre, d’importants vertiges, qui ont conduit à une hospitalisation d’urgence, dictée par le Docteur Garcia Padros. Diagnostic : Forte infection d’un rein, suite, peut être, à la trop grande absorption d’antibiotiques, durant sa convalescence. Mis sous perfusion, le Juli devra faire preuve de patience, avant de reprendre une route que l’on sait ardue, et pas forcément pavée de bonnes intentions.
 

LES FERIAS DE JUIN...

     24 juin : Saint Jean Baptiste ! Date très symbolique, mais aussi, date très taurine ! Mille feux brûleront et, dans les ruedos, le soleil fera briller les costumes toreros : Alicante, qui se termine; Badajoz qui commence, puis Burgos, Algesiras, sans oublier Soria, Leon...
     Toros de Juin... Une espèce de trait d’union entre le difficile mois de Mai madrilène et Juillet, celui de « la grande boucle »: Pamplona, Valencia, Santander, sans oublier Mont de Marsan.
     Hier, plusieurs rendez vous, dont les résultats sont les suivants : 

    23 Juin – Alicante – 7ème de Feria : Toros nobles mais faibles du Puerto San Lorenzo. Une mini pique chacun, mais un grand toro, très encasté, du nom de « Lechucito », sorti cinquième – Triomphe de Victor Puerto, habile dans une prestation mêlant le technique, le classique et le baroque. Une oreille à chacun, avec forte pétition de la seconde au fameux Lechucito. Le président n’apprécia pas le bajonazo, et refusa le trophée. C’est son droit le plus strict, et il reçut, pour cela, une forte bronca -  Pepin Liria se fit méchamment prendre, en toréant le premier « en tablas ». Blessure de 3cms au scrotum ( que l’on dit toujours « pas grave ») et retour vaillant au quatrième. Mais il tua  fort mal et n’écouta que deux ovations – Abellan n’était pas dans un bon jour. On le vit sans idée, destemplado. De plus, il fit assassiner son premier par son picador « Soro », le toro laissant une flaque de sang à chacun de ses arrêts... et comme il s’arrêta beaucoup ! « Hombre, se paso! »

     23 Juin – Leon – 2ème de Feria – Corrida « panachée » : Trois Zalduendo (2,4,6ème) ; deux Garcia Jimenez (3,5ème) et un Peña de Francia, qui passait par là. Excellent le Zalduendo, sorti dernier, à qui l’on donna vuelta posthume – Enrique Ponce débuta en roue libre, ne se mettant en pression qu’en fin de sa deuxième faena. Applaudissements à l’un, oreille après avis, au quatrième – Finito de Cordoba, facile et torero. Coupa une oreille de chaque, sans se décoiffer – Eugenio de Mora, gagné  par la douce langueur du début de corrida, se laissa aller devant le troisième Silencio. Par contre, le toledano, qui remplaçait le Juli, ne laissa pas passer le grand sixième. Faena templée, gustandose. Deux oreilles.

     23 juin – Soria – 1ere de Feria – Toros de Carmen Segovia, bons, sauf le sixième. Alternative de Ivan Vicente, devant le toro « Petenero » - N°10 – 450 kgs. Le nouveau docteur se dépensa sans compter et coupa une oreilles de chaque adversaire, y compris du tordu dernier – Armillita Chico, le parrain, promena sa tristesse essoufflée (silence et sifflets). Quant au témoin, David Luguillando, il se montra très actif, chatoyant, coupant chaque fois un trophée.

     23 Juin – Utiel : Corrida de Carlos Nuñez, bonne en général, exceptés premier et dangereux sixième. A noter que, pour protéger les banderilleros en péril, devant ce dernier, le président fit rapidement écourter le deuxième tiers – Jesulin de Ubrique : Une oreille chaque fois, là où il aurait jadis coupé tous les trophées – Manolo Caballero essaya de se refaire une santé en coupant trois oreilles. Mais bon ! – Vicente Barrera coupe trois oreilles, également, dont une du méchant dernier. Aaah ?

 

« PAN Y TOROS »... A TOLOSA.

     25 juin : Que demande le peuple ? Du pain et des jeux... C’est ce qu’ont très bien compris les organisateurs de Tolosa, petite ville du Basque pays, qui chaque année, convie les aficionados de la région à venir passer une journée d’aficion et de convivialité. On se rencontre, on se sourie, on se parle. Bien entendu, la gastronomie est au rendez vous. Et au Pays Basque, on sait ce que gastronomie veut dire. Puis, après « café, coñac y puro », on se dirige vers la plaza.
     Soyons clairs, lorsqu’on va aux toros à Tolosa, on sait qu’on ne va pas voir « le toro de Madrid » ou de Bilbao, (et c’est tant mieux !). Par contre, on sait que l’ambiance y est « sérieusement festive » et que, si le public y reste à éduquer, ses réactions sont sincères et sa volonté de voir le hommes triompher, évidente. D’ailleurs, cela met dans l’embarras un nouveau président, qui veut faire les choses très sérieusement. Du coup, le respect du règlement n’est pas toujours apprécié, ce qui fait qu’au bout du compte, le président est le seul à ne pas passer une bonne après midi. Voilà qui est dommage, ce sérieux étant gage d’avenir pour une plaza où l’on a plaisir à « s’attabler »...
     Tandis que certains allaient se morfondre « en bleu blanc rouge » du côté de St Sever, plusieurs bus amenaient vers Tolosa, la fine fleur des Peñas et Clubs Taurins du coin, et personne, on le croit, ne regretta sa journée, d’autant que les Jandilla furent au rendez vous, et Juan Bautista sortit en triomphe.

     24 Juin – Tolosa – ¾ de plaza – Beau temps : Corrida de Fuente Ymbro, de présence et d’encornure en accord avec la plaza. Toros brochos, petites têtes, astigordas, au moins pour trois d’entre eux. Par contre, les deux derniers furent « guapisimos ». Côté moral, à  part troisième et cinquième qui s’abîmèrent, ou qu’on abîma, la corrida fut un modèle de race et de noblesse. Les deux premiers manifestèrent une mobilité à laquelle les matadors actuels ne sont plus habitués. D’où des faenas gigotées, comme Jesulin au premier, des erreurs de débutant, comme celle de De Mora en début de sa première faena. Troisième avait de la qualité, mais se démolit dans une dure vuelta de campana. Le public demanda en vain son remplacement. Le cinquième, un magnifique burraco, était peut-être « le » toro de la corrida. Il fit une brusque et mauvaise embardée, à la cape. Puis, le picador le massacra en un interminable puyazo rechargé. Pour l’une ou l’autre raison, le toro sortit du cheval « descordinado », marchant de guingois, comme au sortir d’un réveillon particulièrement arrosé. Triste image de ce toro de combat, tanguant sur le sable, tandis que les gradins en furie réclament en vain son changement. On comprend le public, mais on félicite le président. Il a appliqué le règlement actuel, et nul ne doit le lui reprocher. Maintenant, voir ce pauvre toro ainsi trébucher, faisait peine à voir, et donc... on attend que change ce maudit règlement, rien que pour que le président de Tolosa passe aussi une bonne après midi. Ces incidents furent vite oubliés quand sortit le grand sixième, brave et extrêmement noble à qui il manqua une once de continuité pour faire un toro de vuelta al ruedo.
     Jesulin de Ubrique (oreille et ovation) a gardé sa popularité, mais a perdu sa spontanéité. Il veut faire le toreo sérieux et y parvient parfois, quand les circonstances s’y prêtent. Cependant, lorsqu’il est malmené, il reste dans la grisaille. Le premier avait une charge vibrante, un peu désordonnée. Jesulin le passa sur les deux côtés, dans un nuage de poussière, mais la mobilité du toro ne lui laissa aucun répit. Oreille pour la suée... Le quatrième était plus templado, un peu tardo. Jesulin le passa longuement sur les deux mains, se permettant l’unique fioriture du desplante à genoux, puis dos au toro. Un avis, car la faena fut longue, et seulement une ovation, à cause du pinchazo.
     Eugenio de Mora fut très élégant dans ses véroniques au deuxième, « mettant la hanche » et gagnant du terrain à chaque passe. Toro plein de mobilité un peu désordonnée, mal lidié en deux puyazos pris avec fijeza. Le bicho arrive « con alegria », au troisième tiers. Mora le prend par doblones élégants, puis se libère en un joli pecho. Croyant le toro fixé, le matador tourne le dos et s’en va d’un pas tranquille. Le toro n’avait pas lu le script et le chargea violemment, le torero échappant à une grave bousculade, au milieu des cris d’effroi. Du coup, Eugenio dfe Mora, piqué au vif, se met à toréer long et lié, plusieurs passages de sa faena démontrant temple et grande élégance. Bonne faena bien conclue à l’épée. Une grosse oreille pour le toledano qui verra le cinquième sortir handicapé d’une méchante pique de son varilarguero. Adieu le triomphe, le public lui interdisant toute tentative de toreo.
     Bon, très bon succès de Juan Bautista. Le troisième Jandilla sort bien au capote, mais se donne une terrible vuelta de campana à la cinquième véronique, sortant assommé. Quel dommage, il semblait un grand toro. La cuadrilla va faire attention, le matador va le prendre doucement, le toréer haut, sans brusquerie. Début de faena où le toro trébuche beaucoup, puis, à force de légèreté et de douceur, le français va le convaincre, au point que le toro va suivre plusieurs courtes séries pleines d’élégance, avant de « rajarse en tablas » où Jean Baptiste va lui sortir les dernières passes, spectaculaires et vaillantes. Pincho ! Ayyy ! La bonne estocade qui suivit ne permit pas la concession d’une oreille méritée, le public ne pouvant oublier l’invalidité du toro, en début de trasteo. Il préfera applaudir la vuelta du français, et sourire au gag provoqué par ce coq que l’on lança dans le ruedo et qui fit suer peones et monosabios avant le plaquage final. A propos ! Enhorabuenas mil au quinze de France, pour une défaite « con mucho pundonor »! – Jean Baptite va être « énorme » face au grand sixième. Enorme ! Larga à genoux, six véroniques en même position ; quite por crinolinas ; banderilles avec grande bonne volonté, précédèrent une très bonne faena, calme, galbée, bien liée. Le toro finit par tarder, s’éteindre un peu, ce qui empêcha le trasteo d’aller à mas. Bautista remit de la pression en derniers adornos à genoux avant de tuer en deux épisodes.Deux oreilles et sortie a hombros méritées, Bautista prenant ainsi sa revanche de sa déception de l’an passé. En effet, le président lui avait volé une oreille, tandis que Juli et Abellan coupaient à foison. Le Français, dans un reflexe de fierté, avait refusé la sortie à hombros à laquelle ses propres collègues l’invitaient. Cette fois, Juan Bautista salio a hombros, seul et unanimement acclamé. Bien por el franchute ! Et enhorabuena a « los de Tolosa »...

 

LES CORRIDAS DU DIMANCHE : PONCE, TOMAS ET CALIFA, AU TIERCE GAGNANT...

     25 Juin : Qu’on le veuille ou non, Enrique Ponce continue d’être le N°1 et, malgré les détracteurs, malgré ceux qui « voudraient qu’il baisse », le maestro de Chiva torée « a gusto », alignant les grosses faenas et mettant tout le monde d’accord. De plus, il est, avec le Juli, un des plus sincères avec l’épée.
     Par ailleurs, Jose Tomas coupe, mais avec quels toros ? Quand au Califa, il commence à chauffer les moteurs avant une semaine importante et un mois de juillet, pour lui, capital...

    24 Juin - Madrid : 1/3 de plaza – Mansada dangereuse de los Derramaderos (le sixième est un de Valdeoliva, pas mieux) – Très digne confirmation d’alternative du mexicain Rafael Ortega. Vaillant aux banderilles, ayant de très bons moments à la muleta, il n’eut guère d’options de succès. Mais les deux silences « furent d’or ». A revoir – Leonardo Benitez  et Ruiz Manuel n’entendirent que silence, malgré leur volonté.

     24 Juin - Barcelona : 1/3 de plaza. Trois de Saboya et trois de Angel Sanchez : Bof ! – Alberto Manuel et Morita ont pietinné – Seul, Alfonso Romero s’est bien défendu donnant deux vueltas.

     24 Juin – Alicante – Final de Feria – No hay billetes : Toros de Alcurrucen pleins de codicia, encastados – Grande actuacion d’Enrique Ponce qui coupe une oreille chaque fois, après avis, non parce qu’il a pinché, mais parce qu’il est resté longtemps devant le toro. Faena de grande volonté au premier, de grande classe au second. Grand estoqueador. Public et professionnels conquis – Espla fut ovationné - Barrera eut de très bons moments, mais tua « en calamiteux » : Avis au premier ; deux avis au dernier. Ovation quand même. Mais, ce Ponce, quand même !

     24 Juin – Leon : Casi lleno. Petite et noble corrida de Zalduendo. Joselito n’y est plus – Morante coupe une oreille au dernier, mais joue l’esthétique avant que l’efficacité – Jose Tomas coupe quatre oreilles, mêlant  classique et « manolétique »... Tomasistis, peut-être, mais la plaza ne s’est pas remplie.

    24 Juin – Segovia : Media plaza. Toros faibles d’Ignacio Perez Tabernero. El Cordobes « padre » remplace le Juli. Il fut mal – Victor Puerto a « pété un cable », s’en prenant à un spectateur, et se mettant à dos toute la plaza. Il fut mal et tua en catastrophe. Sifflets et silence... Lisez Bronca et division. Attention, on sait ce que lui a valu « le coup de rogne » de Madrid, en 98... – Le Califa a coupé une oreille chaque fois, toréant très lié, triomphant sans contestation. A suivre. Rendez vous jeudi, pour la corrida d’Asprona.

     24 Juin – Badajoz – Un peu plus de media plaza pour les Victorinos qui ont pourtant triomphé, ici, l’an dernier – Corrida maniable, les 2 et 4ème étant ovationnés. Pepin Liria coupe l’oreille du quatrième. Mal servi, Ferrera coupe celle du dernier. Le triomphateur est Juan Jose Padilla : Oreille, puis oreille du cinquième, avec pétition et deux vueltas.

     24 Juin – Vinaroz – Jesus Millan coupe trois oreilles à des Marcos Nuñez, tandis qu’Uceda Leal se montre fade et élégant, et que Rafael de Julia poursuit son apprentissage de vedette, coupant une oreille du dernier.

     24 Juin - Burgos – 2ème de Feria – triste entrée : Huit toros, deux de Guardiola pour le cavalier Rui Fernandes : oreille de son second. Six toros violents de Los Recitales pour Javier Conde, plus huileux que jamais (pitos y silencio) – Alberto Ramirez, élégamment vert (Pitos y ovacion), et El Renco, vaillant, (Vuelta et palmas)

     24 Juin – Saint Sever : Grande bonne entrée, mais bien triste déception, les toros du Palmeral sortant bien présentés, mais « «mansos, muy mansos » – Zotoluco coupe une petite oreille – Fernandez Meca prend trois avis, parce que son puntillero relève cinq fois le deuxième. Pas mieux à l’autre, avec un avis à la clef – Quant à Encabo, il se fait enfermer par le troisième, au moment de l’épée. Reviendra, vaillant, au sixième. Résultat : Deux silences ...et un nez cassé.

     24 Juin - Tarrascon : Bonne entrée - Très bonne sortie de Julien Lescarret devant des novillos de Yonnet, bien durs. Oreille et ovation – Luis Gonzalez fut très vaillant (Vuelta et ovation) – Julien Miletto fit face, coupant une oreille au dernier.

 

ABRAHAM BARRAGAN : ALTERNATIVE LE 15 SEPTEMBRE

     26 Juin : Le fin novillero Abraham Barragan sera la vedette d’une feria d’Albacete où toutes les figuras se donneront rendez vous. Ne manquera, à priori que le Califa.
     Murcia, Albacete, Salamanca,Valladolid, Logroño sont, on le sait  les grandes ferias de Septembre où il faut absolment marquer son passage, soit pour confirmer son « bon moment », soit pour arranger une situation qui « flotte un peu ». Ainsi  Manolo Caballero, qui n’a pas le début de  saison souhaité et qui aura, dans sa plaza, deux occasions de redresser la barre : La première, à la corrida d’Asprona, télévisée en direct, jeudi 28 Juin, puis par deux fois, au cours de la Feria. La saison est encore longue, mais, à part dans les corridas montées de toutes pièces en plazas de province, par la casa Lozano, Manolo Caballero n’est pas au mieux.

     Le jeune Barragan, en tous cas, bénéficie de deux postes « de luxe » avec des toros dits « de garantie » et des parrains de tout premier rang. Que rêver de plus pour une alternative ?

La feria d’Albacete 2001 se présente ainsi :

Samedi 8  septembre.
Novillos de Hermanos Collado Ruiz, pour Antón Cortés, Sergio Martínez et un troisième
Dimanche 9 septembre :
Toros de Montalvo, pour Luis Francisco Esplá, Pepín Liria et Luis Miguel Encabo.
Lundi 10 septembre :
Novillos de San Martín, pour Antón Cortés, Javier Valverde et un troisième
Mardi 11 septembre :
Toros de Núñez del Cuvillo, pour Espartaco, José Tomás et Manuel Amador.
Mercredi 12 septembre :
Toros de Puerto de San Lorenzo, pour Finito de Córdoba, Miguel Abellán et Javier Castaño.
Jeudi 13 septiembre.
Toros de Alcurrucén, pour Joselito, Manuel Caballero et Jesulín de Ubrique.
Vendredi 14 septembre :
Rejones - Toros de Felipe Bartolomé, pour Joao Moura, Luis Domecq, Pablo Hermoso de Mendoza, Antonio Domecq, Andy Cartagena et un sixième cavalier.
Samedi 15 septembre :
Toros de Torrestrella, pour Enrique Ponce, Manuel Caballero et Abraham Barragán, qui prendra l’alternative.
Dimanche 16 septembre :
Toros de Núñez del Cuvillo, pour Ortega Cano, El Juli et Abraham Barragán.
Lundi 17 septembre :
 
Toros de Daniel Ruiz pour Víctor Puerto, Morante de la Puebla et El Juli.

 

BURGOS, FERIA MAUDITE....

     26 Juin : Pour le moment, on peut penser que Burgos a la guigne. Peut être pour la punir du mauvais sort qu’elle voulait faire à son empresa, en le mettant à la porte, de vilaine façon. Mais l’homme avait de la ressource, et il revint... par la fenêtre. Du coup, Burgos a bien du accepter sa feria, mais certains doivent envoyer tous les mauvais sorts  de l’enfer, pour que  « Jose Felix » en bave... Faut bien dire qu’ils y réussissent.
     Qu’on en juge : La feria commence avec la corrida de rejones décapitée par l’absence de Pablo Hermoso de Mendoza et des frères Domecq, pour les raisons que l’on sait. Puis, le Juli qui tombe du cartel ; puis, hier, le camion qui transportait les toros de Juan Pedro Domecq destinés à Jose Tomas, aujourd’hui, qui va se renverser dans le fossé, pour éviter une collision. « Couverts de bandelettes », endoloris, les Juan Pedro sortiront ils, ou demanderont ils un arrêt de travail ?
     Hier, encore moins de monde que d’habitude, et une corrida « gafe » : Le deuxième se casse vilainement une patte, le troisième transforme Jesus Millan en cheapendale ; le quatrième saute deux fois au callejon, et le cinquième, boiteux, est remplacé par un sobrero qui l’est encore plus. Bof ! Que va t’il donc se passer. On peut tout craindre...

     25 Juin : Burgos – 3ème de Feria – Moins d’un tiers de plaza – Une étuve : Cinq de Arauz de Robles, sin casta, et une sobrero, sorti cinquième tris, de Los Recitales, qui ne valait guère mieux. Seul le quatrième a un peu servi, sur le piton droit - Padilla  lui coupera une oreille, tandis que Barrera fera de même au sobrero - De son côté, Millan se retrouve les fesse à l’air, ce qui le déconcentre pour toute la durée de la course... On le serait à moins. Il entendit, cependant une ovation au sixième.

 

BADAJOZ : ESPARTACO ET JESULIN TRIOMPHENT

     Encore une bonne corrida de Zalduendo, cette fois, à Badajoz. Correctement présentée mais « de peu de forces », la corrida « a servi », et les toreros en ont profité, excepté Joselito qui traîne sa tristesse et s’en sort, tout juste, avec son épée. Espartaco remplaçait le Juli.

     25 Juin - Badajoz – 3ème de Feria – ¾ de plaza : Six de Zalduendo, pour Espartaco qui joue les infirmiers devant le premier et se libère, face au quatrième. Oreille et deux oreilles – Joselito est mal à son premier, et le tue mal. Faena à peine plus énergique face au cinquième et, par contre, grosse estocade qui lui vaut une oreille – Jesulin a connu une grande journée, toréant très sérieux, technique et très templé. Oreille chaque fois. Espartaco et Jesulin sortirent a hombros.   
 
BURGOS, ENFIN...

     26 Juin : Burgos – 4ème de Feria - 4/5 de plaza : Espartaco, qui remplaçait El Juli n'a obtenu que des silences. Ovation pour Joselito à son premier toro. Belle faena du début à la fin à son second toro Manijero(deux oreilles). A l'arrastre celui ci fut ovationné par le public. Après son engagement, Jose Ignacio Ramos a su capter l'aficion du public, ce qui lui permit de sortir a hombros avec Joselito en coupant un trophée à chaque toro.

 
BADAJOZ : PONCE ET JOSE TOMAS TRIOMPHENT

     26 Juin : Badajoz - 4ème de Feria -4/5 de plaza : Six de Palardé, pour Enrique Ponce qui coupa deux oreilles au quatrième toro (avec avis). Pétition du public pour la queue qui n'a rien donné. Jose Tomas a lui aussi coupé deux oreilles, une à chaque toro. Quant à Morante silence et silence. Ponce et Jose Tomas sortirent a hombros.

 
FRAICHEUR SUR LA COTE

     26 juin : Algeciras - soupçon d'air. Eduardo Davila Miura, capable et décidé,  a coupé la seule oreille de l'après midi, devant des toros de Marcos Nuñez. El tato au dessus du lot, n'a pu tirer aucun bénéfice de ses deux toros. Rien du local Gil Belmonte, qui était attendu, du à un manque de motivation

 

PLUS DURE SERA LA CHUTE...

     28 Juin : La tauromachie peut être aussi cruelle qu’elle est grandiose. Les passions exacerbées du public, soigneusement entretenues par des médias parfois « limite », amènent les toreros à de curieuses circonvolutions, bien peu confortables. Ainsi, adorés un jour, ils sont brûlés, quelques semaines plus tard, avec le même « enthousiasme »... Tout cela pourrait se comprendre si l’on n’oubliait qu’au milieu, il y a un toro, et que « se mettre devant » implique un courage d’autant plus respectable que l’on a plus peur...
     Jose Ortega Cano a entamé, à Madrid, sa descente aux enfers, après avoir fait illusion à Valencia et Séville. Certes, les moments vécus dans la Maestranza n’étaient en rien dus à une illusion collective. Cependant, on sentait bien que « l’édifice était fragile » et qu’un regard de côté du toro aurait très bien pu transformer la véronique de rêve, ou l’élégante naturelle, en une fuite éperdue, du style « Marie José Pérec »... Jose Ortega Cano a connu, hier, un vrai désastre à Badajoz, avec cinq avis et un toro au corral. Prévisible. L’avenir dira si, raisonnablement, le torero saura se retirer dignement, en avouant « Je ne peux plus », ou s’il continuera à donner le change, à coups de « tatarinades rociojuradiques »... Veremos !
     Pour ce qui est de Jose Tomas, le panorama est tout autre. Comme dirait le basque : « Vaillant il est ! ». Personne ne peut nier son courage un peu déroutant. Personne ne peut nier sa personnalité torera, un tantinet évaporée, comme venue d’un autre monde. La problème est que sa dernière « saute d’humeur » a ouvert toutes grandes les portes des scepticismes, dans lesquels se sont engouffrés les publics, aussi prompts à démolir qu’à monter au pinacle.. Du coup, le torero est aujourd’hui « descendu », pour les mêmes passes, les mêmes faenas, qui l’ont fait, hier, ouvrir par deux fois la Porte du Prince... Toutes les figures ont connu cela, mais à ce drôle de jeu du « yoyo », on ne pensait voir Jose Tomas connaître si vite  « la deuxième mi temps »...

     27 juin – Badajoz : 5ème de Feria – moins de ½ plaza : La corrida de Jandilla est mal sortie, tirant à mansa et difficile, d’autant que très mal lidiée – Jose Ortega Cano a, d’entrée, affiché une grande « préoccupation » que le public n’a pas mis vingt secondes à exploiter. Première faena avec précautions et final calamiteux. Deux avis et bronca. Face au quatrième, Cano essaya de donner le change, laissant sur le passage, quelque véronique, quelque muletazo, mais à nouveau, le doute prit le dessus, et l’épée fut « un véritable calvaire » : Neuf pinchazos en « sortant avant d’entrer » et une basse, bien basse. Trois avis ont sonné et le matador déchu rentra au burladero, tandis que le toro finissait par se coucher. Curieuse coïncidence, ce toro s’appelait « Torpeza » - Finito de Cordoba  a donné les meilleurs moments de la tarde, en particulier dans les remates de chaque séries, mais il tua bien mal, écoutant deux ovations, avec un avis, au deuxième -  Pedrito de Portugal, à son habitude, s’est montré bien fade, devant des toros sosos. Quelques tièdes applaudissements à tant de froideur.

     27 Juin  - Burgos : 5ème de Feria – ¾ de plaza – Mauvais temps, et du vent : Triste corrida. Les toros de Parladé (les trois premiers) et de Juan Pedro Domecq furent « justes » en tout – Rivera Ordoñez toucha les deux meilleurs, en particulier l’excellent quatrième. Il se montra froid, mécanique, sans illusion, sans âme. Silence partout, avec un avis, au quatrième – Jose Tomas « esta tocado ». Le public ne marche plus aussi facilement à ses verticalités, et le diestro connaît quelques doutes. Certes gêné par le vent, il nagea à contre courant, recevant une ovation face au troisième, mais ne connaissant  qu’indifférence face au cinquième qu’il avait vilainement traversé avec l’épée. Antonio Barea prenait l’alternative. Il donna la seule vuelta du jour, devant le dernier. Cependant, certains disent déjà : « Presentacion y despedida »

    27 juin - Algesiras : 4ème de Feria – ¼ de plaza : Corrida gâchée par la faiblesse des Gabriel Rojas. Les toreros se montrèrent pesants dans leurs vains efforts pour sortir de l’eau de ces puits secs. Caballero : Silence partout – Eugenio de Mora entendit quelques bravos – Abellan qui sait se montrer cabochard : Silence chaque fois, avec un avis à son premier. Pouah ! De quoi prendre le bateau et ne plus revenir !

     27 Juin - Soria : 2ème du Cycle de la San Juan  - ¾ de plaza : Les Gabriel Rojas n’avaient aucune raison de sortir moins faibles qu’à Algesiras. Solidarité catastrophe. Espartaco n’entendit que silence – Enrique Ponce, actuellement sur un nuage, peut, lui, « sortir de l’eau d’un puit sec »... Une oreille du cinquième – Victor Puerto écouta deux avis...en silence.
 

CE SOIR,  NE MANQUEZ PAS LA CORRIDA D'ASPRONA

     28 Juin : « Il devrait se passer quelque chose ». Ce soir, en direct sur la 2ème Espagnole, à partir de 18h25, la corrida d’Asprona, en direct d’Albacete. Chaque année, cette course réunit un grand cartel au bénéfice d’une association vouée aux soins des handicapés. Le cartel nous permettra, aujourd’hui, de vivre le grand moment d’Enrique Ponce, actuellement « embalado ». 

Nous ferons le point sur Manolo Caballero, au creux de la vague, et qui doit utiliser « son passage dans sa ville », pour relancer une machine grippée... depuis longtemps. Puis, ce sera l’examen de passage du Califa. Débutant la saison en apothéose, puis blessé au moral autant qu’au corps, le Califa revient et nous dira : « Ma tauromachie est ainsi. Qu’en pensez vous ? ». A l’habitude, les toros seront de Don Samuel Flores. Là également, on fera le bilan. Corrida super intéressante, à ne pas manquer. Suerte pa todos !

 

A QUAND LES GRANDS DUOS ?

     29 juin : Plus on regarde, plus on a du mal à croire que « tout va mieux... ». Le chômage baisse à grands coups de statistiques savamment orchestrées ; les avions se commandent à la pelle, donc, « la balance » ne peut que pencher du bon côté, surtout si on y ajoute en sous mains quelques canons ou autre vedettes lance torpille. L’important est de ne pas être pris, ou, si l’on est pris, d’avoir un bon avocat qui n’a pas peur d’aller dépoussiérer des archives de 1939. « Hay que saber lidiar ! ».
     Enfin bref...tout va bien ! Des grèves partout... Tout va bien !Vous aller partir en vacances... Si vous prenez l’autoroute, monsieur, amenez vos cartes à jouer ; madame, votre tricot ; et n’oubliez pas, pour le petit, la nouvelle gameboy à 800 balles (faut ce qui faut !). Si vous prenez l’avion, vous n’aurez pas le sourire de l’hôtesse, et même votre épouse en sera furieuse. C’est tout dire... (parce que, d’habitude !). Si vous prenez le train... vous savez que vous arriverez à Marseille, mais... « peux pas dire à quelle heure.. »  Ne vous reste plus qu’une seule chose à faire : détourner le « Charles de Gaulle » ! Non ? Ah, bon ! Il est vrai que cela fait un moment que l’on en parle plus. Enfin... tout va bien ! Bonnes vacances ! En tous cas... prenez votre porte feuille !
     Cela va t’il si bien ? Dans « notre monde à nous », on se pose quand même quelques questions... Regardez les entrées dans les plazas... Pas terrible, terrible ! Media plaza, deux tiers , trois quarts... Que manque t’il donc ? L’argent ? Les Toros ? Les Hommes ? « De todo, un poco », sûrement... Des hommes, il y en a ! Des toros, « pas plus mal » que par le passé.. Un peu plus faibles, un peu plus décastés... à voir ! De l’argent ? On laisse la réponse à l’évaluation de chacun.
     A part le Juli, qui est taquillero ? Nadie, personne, nobody, niemand! Et encore, Julian doit avoir en travers l’entrée de Malaga, l’autre jour... Des ternas comme Joselito, Tomas et Morante font « grosse demi arène »... Que cela signifie t’il ? Cela signifie que la tauromachie actuelle ne surprend pas assez, ne fait pas bondir, d’exaltation ou d’effroi... Cela veut dire  qu’on torée mieux que jamais, et que l’émotion s’en va en charpie, d’autant que bien des toros ne la provoquent plus, parce qu’après être sortis comme des « gros casseurs », ils se dégonfflent comme de tristes baudruches... « Il y a corrida à la télé... Ah, bon ! Encore une ! »
     « Falta, la sorpresa. ».. Il manque la surprise, l’inattendu. Il manque aussi « la competencia » ! l’esprit de compétition. A la fin de chaque corrida, les toreros se saluent : « Adieu, à demain, fais gaffe sur la route ! ». Et le lendemain, dans une autre plaza  « Ca va ? Tu as bien roulé ? Oh, nous, pas terrible ! Les péages étaient en grève, les hôtesses de l’air aussi ; le train n’était pas sûr... On a eu du mal à arriver ! A presque fallu détourner un porte avions ! Dis donc, demain on s’appelle avant de s’habiller. Vaut mieux ne pas mettre des trajes de même couleur ! Allez, suerte ! »
     Y a t’il une solution ? Oui, mais qui engendre toujours des riques. La pareja en est une ! Le duo qui bouscule... On aura du mal à refaire le coup d’Aparicio-Litri, ou, plus près de nous, Curro Vazquez- Antonio Porras... Et pourtant, il y aurait des choses à faire.
     Il en est une qui devrait fonctionner, parce qu’on la voit venir depuis un moment, parce qu’elle a fait du bruit, hier, en Algésiras... Padilla et Fandi, ensemble, souvent ! Bien sûr, vous pourriez y ajouter Antonio Ferrera. Un cartel à la dynamite, qui ne fait certes pas dans la dentelle, mais qui peut « déménager » et amener du monde à la plaza, parce que... « on sait que cela va bouger ! » et, qui sait ? Ce qui est certain, c’est qu’il va falloir « se bouger, pour bouger le public... »
     On murmure que Simon Casas serait sollicité pour mettre un peu de monde dans le « Palais de Vistalegre », à Madrid, dont le maître des lieux n’aurait que moyennement apprécié les couloirs vides, lors de la première, et dernière, feria de Saint Antoine ? Ce serait superbe, mais pas facile. A voir ! Toujours est il qu’en voilà un qui pourrait ouvrir la porte à l’imaginative, et secouer un peu le prunier. Pourrait même faire marcher le « Charles de Gaulle »...(mais en aéro club... en Auvergne !)...
     On le lui souhaite. On « se » le souhaite. Allez ! Bonnes vacances ! Soyez sages sur la route, et, si vous rencontrez une hôtesse de l’air... faites lui un sourire, elle le mérite!

 

ASPRO ! NA...

     29 Juin : Ils étaient pourtant bien présentés, bien armés, le Samuel Flores de la corrida d’Asprona, hier,  en Albacete. Ils sont pourtant bien sortis abantos, en bons Parladé. Ils ont pourtant tenu, à peu près, sur leurs jambes... Pourtant, la corrida a été un toston, tout autant qu’un casse tête. Changeant de comportement, virant au gros brutal, regardant un peu les dorures, ils ont fait douter toreros et aficionados. Les toreros ont été « en professionnels », selon leurs moyens actuels. Les « Aficionados d’un jour » étaient venus pour s’amuser, donc il y eut oreilles et pétitions... Cependant, le résultat est bien maigre : Ponce, obligé de jouer du clin d’oeil... ce qui ne lui ressemble pas. Caballero, content de lui. Califa, hors du coup... Un vrai casse tête !

     28 Juin  - Albacete – Corrida de Asprona 2001 – Grosse media plaza – Chaleur : Cinq toros de Don Samuek Flores, et un de Mère Agustina (le sixième). Tous bien présentés, sans plus, mais « se cachant » derrière de grandes armures. Au moral, pas terrible ! Changeant  beaucoup au cours de la lidia, comme le premier. Les meilleurs : deux et troisième, semble t’il. Le garbanzo : celui qui devrait toujours sortir bon, le cinquième. Pouah ! – Enrique Ponce s’est montré professionnel, parce qu’il n’a pu toréer à gusto. Le premier est soudain devenu un gros méchant qui faillit bien le prendre, et le quatrième ne voulait rien savoir à droite. Ponce donna des naturelles, certaines bonnes, puis commença à faire du gringue aux belles des barreras. Coquin ! Un oreille, avec pétition de la seconde – Manolo Caballero coupa l’oreille de son premier, pour une faenita « a mas », comportant quelques bonnes séquences, sans surprise, suivie de l’estocade, tendida en arrière, comme prévu... Ne  voulut pas tellement se bagarrer avec le cinquième, peu sympathique – El Califa n’est pas bien. Il veut, mais, actuellement, ne peut pas. Longue faena face au troisième, une vraie machine à charger, un peu brutale, qui le mit en difficulté. Après une entière un peu de côté, Jose Pacheco sembla le premier surpris de couper une oreille. Chicuelinas marchées pour mettre en suerte le sixième, puis, vains efforts pour construire quelque chose de cohérent. Epée « sui generis », en se profilant de très loin, et petite pétition d’oreille, sagement refusée par le président.  Il faut attendre. On ne revient pas comme cela d’un  double coup, au corps et au moral.  Le torero lui même n’est pas dupe. Mais, à Pamplona, il faudra donner autre chose...
     A la fin, tout le monde se salue et se donne rendez vous à la prochaine plaza...

 

BURGOS ET ALGESIRAS....DE TODO, UN POCO !

     Les deux ferias se poursuivent. L’ambiance y est gentillette, mais l’ensemble ne laissera pas de grands souvenirs. A Burgos, les toros de La Laguna ont surpris par leur bonne présentation. A Algesiras, Padilla et Fandi ont, ensemble, « mis le feu » avec cape et banderilles.

     28 Juin – Burgos – 6ème de Feria – près de 2/3 d’entrée : Toros de La Laguna , très bien présentés, mais au comportement inégal : Le troisième fut le meilleur, avec le noble cinquième – David Luguillano se fit mal au poignet droit en tuant son premier. Avis, et silence, chaque fois. Il toucha le mauvais lot – Jesulin de Ubrique toréa longuement et sérieusement, coupant une oreille au cinquième – Finito de Cordoba est « a gusto ». Grande régularité du cordouan, qui torée avec force et grande esthétique. Grosse oreille au troisième.

     28 Juin – Algesiras – 5ème de Feria – ¼ de plaza ! : Toros de Laurentino Carrascosa, sans fond, sans race – Padilla a fait le spectacle, dans les premiers tiers, et templé de bonnes passes au quatrième. Vuelta et oreille – Jose Maria Soler, le local, est hors du coup. On le comprend, il ne torée pas. On l’applaudit, en voisins – El Fandi revenait. Il mit la pression, banderilla dans toutes les positions, rebondit dans tous les sens, ne laissant personne indifférent. Vuelta et une oreille. La fiesta necesita a esos toreros ! El Fandi, un torero à retenir pour d’éventuels remplacements, dans nos ferias d’été.
 

VICTOR PUERTO BLESSE... 

     29 Juin : Pas grave, heureusement. On apprend que Victor Puerto a pris deux cornaditas, hier, en tentadero, chez Arruci, près de Huelva : 5cms, cuisse droite ; 3 cms, cuisse gauche et des coups partout... La vache !  Rien de sérieux, heureusement, Victor pouvant honorer ses prochains contrats.
     De son côté, le Juli revient, aujourd’hui, en plaza d’Algesiras. Il avoue que cette soudaine inflammation renale l’a beaucoup affaibli, mais qu’il a pris deux toros « a puerta cerrada », hier, et que cela l’a totalement remis en forme. Quand les toreros sont aussi aficionados...

 

« MOINS QUARANTE » AU SOLEIL...

     30 Juin : Cela doit être désespérant. Déja, faire le paseo est un exploit. Que dis-je, le paseo... arriver à la plaza, sortir de la voiture, se frayer un chemin jusqu’au patio, au milieu de la foule qui vous défonce amicalement les côtes, à grands coups de « Suerte, guapo! »... L’air est lourd, mêlé de diverses fragances, parfums des unes, sueur des autres (ou le contraire...). Ouf ! on est arrivé. Un peu d’ombre ! La poignée de mains aux cuadrillas, l’abrazo aux deux collègues. Sont pas plus brillants ! « Pero que calor ! » Le costume de lumières est plus lourd, et déjà, au creux des reins, la toile s’assombrit... Costume de lumières : un véritable sauna « portatif ».
 
    La plaza est presque pleine. Bueno ! pour une fois... Au bout du paseo, quelques bravos.C’est jour de feria, les peñas malmènent leurs instruments de musique, les filles dansent au soleil. A l’ombre, les éventails papillonnent . « Gran ambiente ! », bonne ambiance. Cela promet .
  
  Sort le premier toro, puis un autre, un troisième... On est « bien », malgré l’air irrespirable. Bien au capote, mieux encore à la muleta. Mieux qu’on aurait pu le supposer. Des sensations retrouvées, la technique tout à coup appliquée avec élégance, profondeur, calme et señorio... Et pourtant, rien ne se passe ! Dans les gradins, les « assommés sont congelés ! » Assommés par la chaleur ? Non, puisque lorsque le toro est arrastré, ils se remettent à danser dans « leur cocotte minute ». Rien ne s’est passé. Malgré la toreria et le courage, rien !
    
Cela doit être désespérant. Suer « la gota gorda », tout donner, se sentir tout à coup « a gusto », et ne ne voir que trois mouchoirs blans s’envoler... de quoi « se retirer sous sa tente, comme Achille.. », et repartir vers son « bache », ce passage à vide d’où l’on sort si difficilement...
     
C’est à peu près ce qui est arrivé, hier, à Manolo Caballero, en plaza de Burgos. Les chroniqueurs les plus difficiles ont souligné la bonne actuacion de l’albaceteño, toréant juste, moins mécanique, se sentant tout à coup « torero »...Hélas, le public se révela d’une froideur assez désespérante, et totalement injuste à son égard. Il en fut de même pour ses compagnons.
    
Le bide ! Une salle qui ne rit pas à ce que l’on croyait « le meilleur de ses sketches », cela doit être dur...  Mais, ne rien provoquer, alors qu’on sait avoir été bien, et s’être vraiment « joué la couenne ! », ça...

     29 Juin – Burgos – 7ème de Feria – 2/3 de plaza – Chaleur intense : Corrida d’Alcurrucen, correctement présentés. A Caballero le meilleur lot ; à Morante, les deux impossibles. Eugenio de Mora touche deux « maniables » - Manolo Caballero semble « revenir », retrouver ses sensations. Il faut attendre, mais « y a du bon ». Curieusement, le public a été exagérément réservé à son égard, sa bonne actuacion ne se soldant que par un « applaudissements à l’un, oreille à l’autre » - Morante toucha « le boeuf et l’âne » : Le deuxième fut un véritable « buey », bloqué sur place, sans option pour le torero. Le public siffla, sans trop savoir pourquoi. Le cinquième, « un mulo », impossible que le Morante, desespéré, dut trucider « à la vapeur », au milieu d’un silence « pesant » - Eugenio de Mora a été puissant à la muleta, mais tua « catastrophique », se faisant même accrocher vilainement par le sixième, au descabello. Rien de grave, mais un avis chaque fois, avec silence et ovation.

     29 Juin - Algesiras – 6ème de Feria – Casi lleno  - Chaleur : Le Juli revenait. Il fut « en torero », vaillant, plein de verve. Actuacion irréprochable, malgré l’échec à l’épée, devant le dernier. Une oreille et ovation pour le Juli qui reprend sa longue route – Finito de Cordoba est actuellement en pleine béatitude. Tout lui semble facile, voire trop facile. Du coup, le public n’arrive pas à jauger la qualité de son toreo. Manque  un peu de cette émotion que provoque l’incertitude. Finito de Cordoba, en pleine maturité artistique, torée « a gusto », mais tous ne le voient pas : Ovation chaque fois – Enrique Ponce ouvrait la terna. Mal servi, il fit l’effort technique nécessaire pour sortir « en torero ». Applaudissements et vuelta. – La corrida de Joaquim Barral n’a pas valu triplette : Mal présentée, faible, bien décastée...

     29 Juin - Segovia – 2ème corrida du Bicentenaire de la plaza – ¾ d’entrée : Faudrait, peut être, « aller voir » du côté des corridas toréées par Monsieur Jose Tomas... Cela fait plusieurs fois que les chroniques rapportent quelques adjectifs « peu flatteurs », au sujet des lots combattus en province, par le beau José... « mal presentados, terciaditos, sospechosos de pitones »... Ca fait un peu beaucoup, notamment chez Garcigrande et Domingo Hernandez, qui semblent récidiver. Hier, les trois premiers étaient imprésentables, les trois autres, mieux – Joselito coupe une oreille du quatrième – Tomas ne fait guère de vagues : ovation et une oreille, pour quelques manoletinas. On est très loin du Jose Tomas qui faisait « carton plein », il y a peu, avec les mêmes ingrédients – Abellan se met au diapason : oreille au dernier. Corrida à oublier.

     29 Juin – Badajoz – 6ème et dernière de Feria – Novillada – ¼ d’entrée : Novillos d’Espartaco, mansotes au cheval, mais nobles au troisième tiers – Triomphe de la terna : Cesar Jimenez fait une et deux oreilles – Javier Solis et Miguelin Murillo l’accompagnent à hombros, avec une oreille à chaque novillo.
 

« GROS WEEK END » POUR JULIEN LESCARRET...

     Est ce bien raisonnable ? Nul ne le sait. Un jeune novillero qui, en deux jours, « s’envoie » six novillos en trois courses, c’est probablement plus difficile, plus stressant que « d’en prendre six d’un seul coup ». Julien Lescarret va vivre cette aventure. Il est, semble t’il « très bien » en ce moment, ce qui laisse tous les espoirs de succès. On le suivra donc :
    
Ce samedi 30 Juin, à Bourg Madame, où il prendra des Valdefresno, en compagnie de Cesar Jimenez et Yvan Garcia.
    
Dimanche 1er Juillet, au matin (11 heures), à Roquefort de Landes : Novillos de Javier Perez Tabernero, avec Cesar Jimenez et Julien Miletto
    
Dimanche 1er Juillet (au soir), à La Brède, où il fera le paseo, « en mixte », avec Antonio Ferrera et Francisco Marco, devant du ganado du Laget.
    
Un périple qui peut conforter le bon moment du torero... ou alors...
    
Que haya « triple »suerte !

 

DANS CINQ ANS, TOUS A LA PECHE...

     1er Juillet : On ne va pas jouer les alarmistes, mais, si l’on regarde bien, cela n’a pas l’air de s’arranger. On ne parle pas ici du chômage, ni de la politique « à géométrie variable », vous savez, celle de ces beaux messieurs «qui retombent toujours sur leurs pieds », (et l’on ne parle pas des femmes parce que « retomber sur ses pieds » implique toujours qu’on s’est, auparavant, « envoyé en l’air... » ou non ?) On ne parle pas des médias qui cherchent l’émotion facile en disséquant des procès qui supposaient le huit clos... Non, on parle vraiment de « toros ».
    
On a vu  les problèmes liés aux faibles entrées dans les plazas, au manque de « relève », derrière « les cinq figures et les cinq suivants ». On a parlé du désert des novilleros... Rien à l’horizon ! Mais, que dire des toros ? Les premières ferias avaient donné un espoir que la San Isidro s’est chargé de mettre à mal. Et maintenant, que voyons nous ? « Sin casta », « sin raza », « con poco juego », « sin motor », « flojisimos », « terciaditos y sospechosos de pitones »... Tout un vocabulaire donct la longue litanie sonne tous les jours, en tête de mât  du grand bateau triste qui a pour nom : « Ennui ». Un miracle lorsque sort une corrida entière et « entièrement intéressante ». Parfois, un toro sort du lot... Il est brave, vif, noble. Du coup, on le gracie, et c’est bien...
    
Cela ne va pas s’arranger, car les professionnels du monde taurin vont encore prendre quelques seaux d’eau, qui vont les rendre encore plus prudents... Ne voila t’il pas que le Ministère de l’Agriculture vient, hier, d’interdire officiellement, du 1er Juillet au 31 décembre, la commercialisation et donc, la consommation, de toute bête ayant été en contact avec un descabello ou une puntilla. Le Ministère balance cette directive, un samedi, arguant que le combat contre la maladie de la vache folle continue et que les mesures jusqu’à présent utilisées, doivent être maintenues, sinon renforcées. « Durant ces six premiers mois, aucune viande n’a été mise à la consommation. Il faut continuer... » disent les fonctionnaires. « Faux ! » répliquent en choeur les empresaris et les ganaderos : « il y a eu des ferias ou des corridas, dont les toros estoqués ont subi le test post mortem et, celui ci s’étant révélé négatif, on a commercialisé la viande. Exemple : Badajoz, la semaine dernière... » Et de faire référence à la France ou il y a « test systémétique », et où l’on vend, sans problème ...
    
Levée de boucliers des empresaris qui voient arriver des frais considérables, auxquels la majorité ne pourra faire face. Qui va payer les frais de transport ? On ne parle plus de tests possible. Qui va payer les frais de crémation ? Silence partout. Balaña, à Barcelone déclare : « J’ai encore 30 spectacles à donner... je dois donc prévoir18 millions de pesetas de gastos en plus ». Un responsable ganadero calcule, dubitatif : « Cinq millions de kilos de viande, à 300 pesetas le kilo... imaginez ! » Du coup, il va y avoir restriction, avec toutes les conséquences qui en découlent : moins de latitude, moins de festejos, moins de chance pour révéler de nouveaux talents. La cabaña brava étant aujourd’hui ce qu’elle est, c’est à dire, bien faible, bien triste, que va t ‘il se passer ? Les Maestros vieillissent et les jeunes, pour de multiples raisons, ne peuvent entrer en scène. Ce dernier coup risque de « clore le débat »... oui décidément, « tous à la pêche, dans cinq ans ». Un problème, cependant... Dans nos rivières, comment cela se passe t’il ?
    
En attendant, les toros sortent et la litanie continue... Sosos, desrazados, borregos...

     30 Juin – Algesiras – 7ème de feria – ¾ de plaza : Final désespérant, le public perdant patience. Les toros de Gavira  ont été une totale déception, surtout dans la deuxième moitié de la course.Mansos, rajados, étouffés – Joselito (ovation à chacun) semble aller beaucoup mieux. On ne sait si c’est un à sa récente paternité, ou au plongeon de son copain et néanmoins concurrent José Tomas. A suivre avec intérêt – Jose Tomas (ovation avec un avis et Division) a donné une longue faena au premier, sans trouver la solution. Passages lents, majestueux, puis flottement soudain. On s’en tire avec quelques manoletinas, mais cela ne prend plus – Morante (Silence avec un avis, et Sifflets)  accumule la malchance au sorteo, durant tout le mois de juin. « Si hay garbanzo... pa él ! » Désespérant ! On le vit très décidé, face à son premier, qui fut remplacé. Le sobrero démonta la cavalerie, puis se mit en grève. En fin de corrida, la catastrophe était consommée et, tant des côtés toro, torero et public, le coeur n’y était plus. Plouf !
    
30 Juin  - Algesiras
– 8ème de feria – Corrida de Rejoneo, en nocturne – ¾ de plaza : « Catastrophe à cheval ».. C’est rare ! La corrida de Guardiola a provoqué la torpeur générale. Les cavaliers n’ont pu briller, et tout le monde est rentré déçu, surtout Pablo Hermoso de Mendoza, qui reprenait les éperons, après sa cogida de Madrid (Silence aux deux) – Fermin Bohorquez, en tête de cartel ( Ovation et silence) – Le seul à faire un peu de bruit, avant de mal conclure, Alvaro Montes ( Silence et applaudissements) – Un toston !

     30 Juin – Burgos – 8ème de feria – Lleno – du vent : Corrida des frères Sampedro. Ensemble un peu faible, mansurron au cheval, noble à la muleta, excepté le troisième, pénible – Armillita Chico donna quelques détails, quelques pinceladas de arte. (Silence et Vuelta) – Encore une « grosse journée » d’Enrique Ponce : Une oreille du premier qui lui donna un coup, à la cape ; deux oreilles du cinquième, toréé « en grand patron », magnifique technicien, sachant mêler efficacité et grande esthétique. Enorme, Ponce, en ce moment – Les peñas ont passé leur temps à chanter « joyeux anniversaire » à Manuel Diaz « El Cordobes hijo », mais c’est là tout ce qu’elles purent chanter. Mauvais lot et... mal ! (Aplaudissements et silence).

     30 Juin – Ciudad Real – Corrida de Bienfaisance – Casi lleno : Corrida de Sancho Davila qui remplace le lot prévu de Torrestrella. Corrida maniable, les 3, 5 et 6èmes étant les meilleurs, quoique faiblotes – Mano a mano Victor Puerto et El Juli. Les deux toreros et le mayoral sortirent à hombros – Victor Puerto débute par deux largas, tue mal son premier, bien mieux le troisième et donne les meilleures véroniques de la soirée au cinquième qu’il va toréer mi-classique, mi-clinquant. Pero no mato ! (Ovation avec avis - deux oreilles - ovation avec avis) – El Juli a mis toute la gomme. Engagement total, avec cape, banderilles magnifiques, et muleta. Il donna les meilleures naturelles face au quatrième, qu’il tua mal. Il « monta » littéralement sur le dernier.(Oreille – ovation – deux oreilles)

     30 Juin – Zamora – Plus de demi entrée : Inégale corrida de Montalvo  - Ortega Cano flotte gentiment. On l’applaudit, eut égard à son passé – Jesulin a du mal à passer la rampe. Le public de province attend le Jesulin « d’avant », et il pourrait bien revenir...vu le peu de réussite dans les plazas importantes (Oreille et ovation) – Javier Castaño a connu de bons passages de temple, au dernier (ovation et oreille)

     30 Juin – Haro – Media plaza : Haro, la plaza « la plus grande du monde »... parce qu’elle ne se remplit jamais... Corrida de Carriquiri, bien, inégale de présence et surtout de comportement – Pedro Carra triomphe au quatrième (Silence et deux oreilles) – Califa poursuit sa remise en forme ( Silence et oreille)  - Abellan « est passé », sans réussite ( Silence partout)

     30 Juin – Soria – Media placita : Corrida, désastreuse en tout, de Adolfo Martin (un autre mythe mort né). Mal présentée, sans jeu – Tato, en silence – El Renco donna une vuelta, au cinquième – Jesus Millan mit la pression et coupa l’oreille du troisième.

     30 Juin – Cehegin – Spectacle mixte – presque ¾ d’arène : Quatre grabriel Rojas et deux novillos de Torrestrella, tous bons – Manuel Benitez (oreille et oreille) termine toutes ses vueltas en faisant le grand écart au centre du ruedo. Fous de jalousie... les gens applaudissent. Le ridicule ne tuant pas, le Cordobes padre est toujours vivant, et c’est tant mieux, mais bon...! – Pepin Liria coupa les oreilles et la queue du cinquième – Le Novillero « el Rubio » obtint deux trophées du dernier, et tout le monde partit allègrement « sur les épaules de la foule enthousiaste », selon la formule consacrée.

     30 Juin – Bourg Madame – Arènes pleines : La novillada de Valdefresno est sortie forte et encastée – Julien Lescarret n’a pas réussi (silence partout) – Cesar Jimenez coupe une oreille au deuxième, et Ivan Garcia, celle du dernier. Pour Julien, la suite, ce dimanche matin , à Roquefort ; puis cet après midi, à La Brède.