L'ACTUALITÉ TAURINE 
(octobre)

TREIZE A LA DEMI-DOUZAINE… RECORD OLYMPIQUE BATTU ! !

     1er Octobre : Là-bas, "de l’autre côté" de la terre, des visages se sont illuminés aux mille feux d’amitié et de joie célébrant les plus beaux jeux olympiques de l’Histoire. On a « une » médaille de plus que la dernière fois, ouf ! Cocorico ! On règlera les comptes en rentrant. Moins loin, et bien plus tragiquement, à Jérusalem, on s’entre-tue sans rémission, parce que la haine ancestrale demeure et demeurera, encore renforcée par la terrible image d’un enfant, mort à douze ans, à cause de ses pères. A deux pas, vers Belgrade, on piétine allègrement le résultat des urnes. Mais chez nous, tout va bien... alors !
     Dans le monde taurin, petite planète d’or et de lumières, mais aussi de turpitudes, on a battu, hier un record : A Madrid, le Président a sorti le mouchoir vert à sept reprises, rentrant des toros invalides, scandaleusement décastés, catastrophiques de faiblesse et de mansedumbre. La corrida a duré trois heures et demi et au final, le public est rentré chez lui, abasourdi mais bien sage, alors qu’en d’autres temps, il aurait brûlé la plaza. Pas à dire, le mot Aficionado rime de plus en plus avec « maso ».
     1er Octobre – Madrid/Las Ventas – 3ème de feria de Otono – ¾ de plaza : La corrida de Sanchez Ibarguen avait passé le sorteo, entière, en un quart d’heure. Dans le ruedo, elle a duré trois heures et demi. Au palco, le commissaire Luis Torrente n’a pas perdu la tête. Devant le spectacle affligeant se déroulant sous ses yeux, il a renvoyé au corral sept toros, ce qui s’est fait sans heurts, grâce à Florito et son adresse diabolique à manier les cabestros. Les toros 1,2,5 et 6 ont été changés. Le 3 a été remplacé trois fois. Vous suivez ? A la fin se sont lidiés quatre Ibaguen et deux Albarran. Et pour quel résultat ? Un silence total pour Bote, Uceda Leal et Davila Miura.  Une vraie catastrophe qui, liée aux bruits de drogue qui circulent un peu partout, et depuis longtemps, en Espagne et en France, vient s’ajouter à la longue liste des scandales politico-economico taurins déjà en cours. Maintenant, on afeite « en plus astifino », et on file un pétard au toro pour qu’il « dure vingt minutes ». Cela pourrait nous servir, avant de partir au boulot, ou en d’autre occasion… plus agréable. « T’en veux ? »
     1er octobre, dans les autres plazas : Caballero, Ordonez et De Mora sont sortis a hombros, coupant deux oreilles chacun, à des Carlos Nunez, en plaza de Torrijos (Tolède) – Padilla, qui remplaçait Abellan, coupe la seule oreille à Ubeda. Les toros de Julio de la Puerta étaient vilains et mauvais – Ils le furent aussi à Medina del Pomar, où Jose Ignacio Ramos et Ferrera ont sauvé la corrida, à coup de hargne. Vraiment une mauvaise journée pour Julio de la Puerta, à moins qu’il soit heureux, tout simplement, « d’avoir vendu deux lots » – A Mojados (Valladolid) on a gracié un toro de Garcia Jimenez, anti réglementairement. Manolo Sanchez en a coupé tous les trophées symboliques, tandis que Fundi et Puerto étaient bien, devant des Alfonso Navalon – Côté novilladas, un bon succès pour Fernandez Pineda à Séville – Une nouvelle catastrophe au concours d’Arnedo, et une grande novillada finale en Algemesi, grâce aux Cebada Gago, auxquels Angel Gonzalez a coupé deux oreilles – On déplore, en plaza de Zafra, le blessure, très grave, du cheval « Fusilero » de Pablo Hermoso de Mendoza. Blessure qui intéresse la cavité abdominale et la zone du cœur. A priori, pas d’organe vital touché. Pauvre bête ! Formidable Mendoza, mais beaucoup de chevaux touchés, cette année. La gloire est elle à ce prix ?

 

ARNEDO : ENFIN « CHAUSSURE A SON PIED »…

     Dans le monde des toros, tout finit par s’arranger, et les plus grandes catastrophes, les plus intenses conflits, se terminent en abrazos et félicitations… en principe. Arnedo a vécu une feria « du Zapato de Oro 2000 » catastrophique, non par la dureté du ganado, mais bien parfois, par le manque d’ambition, de personnalité ou de talent des aspirants au vedettariat. Et puis, le miracle, le jour qui se lève ! La dernière novillada donne du jeu, et deux jeunes promesses entrent en réelle compétition, coupent les oreilles et sauvent la feria. Enhorabuena !Luis Vilches remporte le trophée, en toute justice, tandis qu’un Salmantino est révélé : Javier Valverde.
     A Séville, Monsieur Eduardito continue ses déclarations et son veto. Le Festival de ANDEX, risque de se déplacer dans la plaza voisine de La Algaba. Bien entendu, moins de monde, moins de prestige, moins de bénéfices pour les enfants cancéreux. Merci « don » Eduardito ! La Télévision sera là, qui apportera contribution, et c’est bien ainsi. Date prévue : 22 octobre, en matinée, mano a mano Curro Romero /Morante, télévisé en direct sur TVE1. Maintenant, si ces deux toreros ont un peu d’amour propre et de fierté torera, ils devraient bien donner une petite leçon  à monsieur Canoreita… « Nous, on ne torée pas la Feria de Abril 2001, on s’en va à la pêche » . Voir alors comment le « sans cœur » remplit sa plaza... sans Curro et sans Morante. Mais, ne nous leurrons pas, tout cela finira par des abrazos et félicitations, une fois de plus.
     Pendant ce temps, Jaen présente les cartels de la dernière feria de la saison. Un feria qui prend de plus en plus d’importance. Ponce et Puerto y feront doublon, et Antonete, auteur d’un faenon, l’an passé, dans ce même ruedo, y est annoncé avec une corrida de Jose Luis Marca. Même si cela nous fait frémir, au regard de l’âge et des recours physiques, logiquement réduits, du maestro, on ne peut s’empêcher de dire là, vraiment : Un abrazo et... félicitations !
     Feria de Jaen 2000 – Voir dans la rubrique « Carteles »
     2 octobre – Arnedo – Dernière de Feria – casi lleno : Présentation des novillos de Adelaida Rodriguez. Bravucones et mobiles, ils démontrèrent force et caste, permettant aux novilleros de s’exprimer. On donna une vuelta posthume, que certains jugèrent « limite », au quatrième. En fin du festejo, Fernando Garcia Rodriguez, le ganadero, et son mayoral, donnèrent la vuelta. Torero sobre et classique, Antonio Bricio fut ovationné, à la veille de sa prochaine alternative, en son Mexique natal. Magnifique compétition entre deux novilleros qui pourraient bien faire « pareja » l’an prochain. On en aurait bien besoin. Un Sevillan d’Utrera, Luis Vilches, révélé à Madrid, vu chez nous, en Hagetmau ; et un Salmantino, Javier Valverde, « un artiste et vaillant », torerisimo, que l’on a pu apprécier, cet été à Roquefort. Les deux se sont donnés à fond et avec classe. Trois oreilles chacun, et un vrai triomphe de promesse.
     A la fin, bien sûr, il faut un vainqueur : Luis Vilches remporta le « Zapato de Oro », à 20 voix des 25 membres du Jury. De son côté, Javier Valverde remporta le trophée à la meilleure estocade. A n’en pas douter, ces deux novilleros viennent de frapper, ensemble, un grand coup. Le Sévillan a une longueur d’avance, mais le Salmantino arrive, qui pourrait bien en surprendre plus d’un. En Attendant, et pour finir en beauté, Luis Vilches va toréer six novillos le 15 octobre, en sa plaza d’Utrera.
     2 octobre : En Bref, dans les autres plazas : Corrida de la Famille Angel Teruel, en plaza de Las Rozas (Madrid). La corrida est sortie faible. Oreille a Luis Miguel Encabo et au Colombien Paquito Perlaza – Bilan de la feria des novilladas de Algemesi (Valencia) : Un énorme « bof », avec, quand même, un triomphateur : Rafael de Julia.

 

OCTOBRE : UN DERNIER EFFORT ET… LAS MALETAS !

     Cela sent l’hiver. « Oh, moi, j’ai rallumé le feu ! ». En France, on va se calfeutrer. Adieu, claveles et cannotiers ! Tout au plus, quelques rayons de soleil, grâce aux vidéos et aux tertulias passionnées, dans les penas. Pourtant, rien ne s’arrête. Les toreros, figures premières, vont donner un dernier coup de rein, passer un dernier « mal trago » sous la coupole enchantée de Pignatelli, à l’ombre protectrice de la Vierge du Pilar, à Zaragoza.  Après, un petit tour au milieu des oliviers de Jaen, pour une dernière douche (la feria est souvent « arrosée »), et on préparera les maletas, les valises. Voyage pour un autre monde, un autre climat, une autre tauromachie, pourtant toute aussi dure, toute aussi sérieuse : Lima, au Pérou – Quito, en Equateur, dans cette plaza où il faut toréer les toros... et les avions qui se posent à juste à côté – La Colombie : Cali, Medellin, Manizales, Bogota, sans oublier Armenia, « toute neuve reconstruite », après le terrible « temblor de tierra » - Le Mexique, et la démesure, la passion, la musique et les grandes broncas.
     Tel sera le prochain hiver. Nous le vivions, dans un proche « jadis », par la radio, par la presse, avec souvent beaucoup de retard. Internet nous aidera à voyager, presque en direct, au travers des principaux sites taurins que vous allez consulter, tous différents, tous complémentaires. Toros 2000.com, bien entendu, fera partie du voyage et continuera son bonhomme de chemin, pour une nouvelle aventure taurine, mais avant tout humaine. Bienvenue à bord !

 

GLOIRE ET BEAUTE DANS UN MONDE « DE TORDUS »…

     3 octobre : Autant le monde taurin peut faire pleurer d’émotion, par la grandeur d’âme, le courage et l’humanisme qui s’y manifestent parfois, autant, à certains moments, s’y produisent des « anecdotes » qui hérissent  l’âme, et donnent envie « d’aller voir ailleurs », où, si ça se trouve, ce n’est pas plus « joli, joli ! ». Deux exemples pour illustrer :
      On a rapporté, ces derniers jours, les bons sentiments et le courage de « Don Eduardito », se vengeant , sur le dos des enfants malades, de Curro Romero et Morante de la Puebla, de l’avoir lâché pour la San Miguel. On peut tourner et retourner sa position et ses déclarations dans tous les sens, une conclusion s’impose : Un tout petit monsieur !
     Et que dire de l’Alcalde  de Alcuescas, qui, président d’un festival, fait gracier un novillo du Torreon, à la demande et sous les ovations du public, mais qui, une fois tout le monde rentré à la maison, reprend sa casquette d’alcalde, et fait abattre le novillo, sous prétexte que l’indulto est anti réglementaire…
     Le festival avait connu un grand succès. Le novillo, issu d’un étalon da haute note et d’une vache de grande bravoure, avait donné un jeu excellent. Le public, à grands cris, avait demandé l’indulto. Le Maire de la bourgade, président du festival, l’avait accordé. Viva el senor Alcalde ! A la fin du festival, Cesar Rincon, ganadero proriétaire du Torreon, s’en va aux corrales  pour y entreprendre les opérations de soins et de retour à la finca du glorieux novillo. C’est alors que le président du festival « redevient le maire » et fait appliquer le règlement : « pas d’indulto en festival, ni en plaza de 3ème catégorie, ni en plaza portative ». Et, accompagné des vétérinaires, de donner l’ordre à la guardia civil d’abattre le noble animal, à coups de pistolet.
     Un seul qualificatif : Una cabronada ! De deux choses l’une : Ou on énonce le règlement,  en plein festival, et l’on demande au matador d’estoquer le novillo ; ou l’on gracie le toro, comme c’est arrivé à maintes reprises, et on tient sa décision, permettant ainsi à un ganadero de continuer la marche en avant de son élevage, au bénéfice de la fiesta. Il semble que « le moment » n’est pas si brillant. Donner d’une main, reprendre de l’autre a souvent été le fait des politiques de tous bords. Mais là, cela risque de peser lourd. A l’heure des élections, apparaîtra peut-être « un video souvenir »… Cela s’est déjà fait « quelque part »... non, du côté de quelque "Hôtel de Ville" !
     Et que dire de la vente aux enchères, sur Internet, de divers objets ayant appartenu à des « Famosos », le tout au profit de Rafael De Paula, dont on sait la délicate situation. Avant, lorsqu’un torero se trouvait ainsi en danger, suite à une blessure, une maladie, une catastrophe personnelle le privant de son métier, on organisait un festival, où les toreros venaient, donnaient le meilleur d’eux-mêmes, triomphaient devant un public généreux parce que conquis, et obtenaient un grand résultat économique au profit du compagnon touché par le noir destin.
     On imagine sans peine un festival géant, au Puerto Santa Maria, avec tous les maestros, accompagnés de leurs « duendes » personnels, multipliant les arabesques, au son de la guitare gitana…le tout, en l’honneur de « Rafael »…
      Là, non ! Presque en cachette, une vente, par un moyen qui n’a pas encore conquis tout le monde, d’une cape ayant appartenu à untel, de la cravate de l’autre, de l’épée d’un troisième… et pourquoi pas d’une culotte de Madonna ? Triste, sans honneur, sans grandeur…N’est-ce pas, Eduardito ? Rafael  a fait quelques bêtises au cours de sa carrière et de sa vie… comme nous tous. Mais l’on sait « la buena persona » et le torero génial qu’il est,  et « a été ». Peut-être la France pourra t’elle, un jour, dignement lui rendre hommage, et vraiment lui donner la main ? Et pourquoi pas ?
      Grandeur et décadence d’un monde spécifique, mené par beaucoup « d’Eduarditos… »

 

AU SOUVENIR D’UN « GRAND SEIGNEUR »…

     Impeccablement vêtu, torero dans la rue comme dans la plaza, je l’avais rencontré dans la rue, descendant du phare de Biarritz. C’était en Septembre 1975. Le jeune aficionado que j’étais s’était approché timidement, et avait osé saluer le Maestro. Dans son regard, la grandeur et la bonté, la sérénité et la noblesse. Gentiment, il avait salué le jeunot, et avait discuté un moment, en toute simplicité, puis avait poursuivi sa promenade, me laissant fou d’orgueil et de joie. Je venais de rencontrer « un figuron del Toreo », une page, un tome entier de l’Histoire de la Tauromachie.. Antonio Bienvenida. Il venait de toréer un festival, et passait quelques jours à Biarritz, qu’il avait connue au temps de sa grandeur… Casino Bellevue ! Tablao du Gitanillo…
     Quelques jours plus tard, le jeune aficionado avait les larmes aux yeux… le 4 Octobre 1975,  Don Antonio, matador de toros dont la trajectoire, professionnelle et personnelle, avait brillé de mille feux, de mille combats, de mille prouesses, venait de se faire tuer, bêtement, dans la placita de tienta de Amelia Perez  Tabernero, non loin del Escorial, par une vaquilla nommée « Curiosa », qui l’avait pris par surprise, dans le dos, perce qu’une porte n’avait pas été fermée… « Lo desnuco » ! L’échine brisée, paralysé, le maestro s’en était parti vers d’autres prairies... Cela fait 25 ans, demain. Souvenir de la rencontre de Biarritz, du regard, du sourire. On ne vous oublie pas, Don Antonio…
     Curieusement, le même accident, à quelque différence près, vient d’arriver à un autre matador, moins prestigieux. Un accident qui nous rappelle que le toro porte le destin de « quiconque se met devant »… Le 18 septembre, lors d’une becerrada, à Casarubios del Monte, près de Tolède, Pedrin Benjumea, ex-torero vedette des années 66/67, s’est fait prendre, retombant sur la nuque…Il est aujourd’hui chez lui,  ne pouvant se lever, affecté de vertiges consécutifs au traumatisme crânien subi.
     Curieux, 25 ans après Antonio… Le destin fête les anniversaires à sa façon… 

 

VICTOR PUERTO : L’ATTENTE…

     5 octobre : Dieu que cela doit être long… La date fatidique approche : Samedi 7 octobre – 6 toros, tout seul, à Las Ventas de Madrid… Quelle idée ! Quelle galère ! Même bien entouré, le maestro doit passer quelques sales moments… Aux côtés de moments de peur, tout naturels, il peut y avoir, il doit y avoir, ces instants de doute et de questionnement intense. D’autres figures ont risqué le « Unico Espada » en plaza de Madrid. Certains y ont triomphé, historiquement, donnant de magistrales leçons dans des prestations intenses, « allant a mas ». Antonio Bienvenida, et plus près de nous Paco Camino, y ont connu apothéose. D’autres y ont brillé, tels Capea, Roberto Dominguez, Joselito… Certains, par contre, et non des moindres, y ont subi de sérieux revers. On se souvient de la Beneficencia de Paquirri, le 19 juin 80, et plus près de nous, des deux prestations d’Enrique Ponce. Ouf !
     Victor Puerto, auteur d’une temporada complète, joue « le gros coup ». Si l’on se base sur la technique, l’intelligence, le courage, les facultés physiques, l’étendue du répertoire du torero, il est clair que l’on est en présence d’un artiste à qui « tout sourit » en ce moment. Un torero embalado ! Sa dernière sortie, en plaza de Séville, le démontre amplement. Il n’y a pas de meilleur moment pour prendre six toros en unico espada. C’est clair. Cependant, il n’y a pas, non plus, de pire moment pour tenter ce pari.
     Les « inconnues » sont de trois ordres : Les toros, le public, les conditions météo. En « partant à l’envers », il est clair que Las Ventas subissent régulièrement les attaques du vent dont les dangereuses rafales balaient le ruedo, faussant totalement la donne. Exemple : La corrida de Victorino Martin, à la dernière San Isidro, totalement "sabotée", parce qu’il fallut la toréer à l’abri, et non dans les terrains adéquats. Qu’il fasse du vent, samedi, et 50% des chances s’envolent.
    On connaît le public madrilène. Victor Puerto également, qui lui doit l’explosion triomphale de 1996, mais également l’excommunication et la descente aux enfers, après son coup de rogne de 1998. Certes, le public apprécie le geste de s’afficher « seul contre six », mais il faudra justifier, à tous moments, ce défi. Frontière très ténue, entre l’ambition et la prétention. Madrid n’a pas permis à Victor Puerto de couper une oreille au cours de la dernière San Isidro, alors qu’il  y fut remarquable, avec les Guardiola et les Aguirre. Madrid sera  t’elle donc aussi dure, samedi ? Probablement pas, car, quoiqu’on en dise, Madrid est juste, et « se rend » devant la sincérité, le courage et la toreria.
     Restent les toros. Il n’y a pas pire moment pour prendre, seul, six toros, avec quelque chance de triompher pleinement. Quand on voit l’historique débâcle de dimanche dernier (13 toros sont sortis, au cours de la même tarde, Davila Miura devant « en recevoir » 7, à lui seul, aussitôt protestés et changés), on frémit.  Prendre six du même élevage, c’est quand même avoir quelque chance d’en toucher un ou deux « qui servent », mais c’est également risquer de provoquer le courroux du public si cela se passe mal, au début. Prendre six élevages différents, c’est risquer de toucher  « six carnes », mais c’est aussi maintenir l’intérêt du public : « Le prochain est de Don Untel, ça va changer ». C’est l’option choisie. La seule chance de Victor Puerto, c’est d’amener six exemplaires bien présentés, sérieux, et qui tiennent debout. Alors, cela se passera bien, car le torero « mettra » le reste...
     Soyons clairs : Dans les circonstances actuelles, Victor Puerto a 60% de chances de se planter, ou d’être « professionnellement bien » (Despacho la corrida, y en paz !) . Cependant, l’homme « fait sa chance », et donc, le torero triomphera. Ce qui est certain, c’est que Victor Puerto mérite un énorme coup de chapeau, car il pouvait terminer sa temporada, « à la maison », avec ses pantoufles et un énorme sac de louanges. Il mérite aussi, un peu de chance au sorteo, un « Eole aficionado », et un public juste et généreux. « Que haya suerte, Torero ! »
     Samedi 7 octobre – Madrid /Las Ventas – 17h30 – Victor Puerto en « unico espada » face à six toros : Sanchez Ibarguen – Los Eulogios – Guardiola – Los Millares – Carmen Segovia - Guadalest. La corrida sera télévisée, en direct,  sur Via Digital .

 

« Y AHORA QUE, DON EDUARDITO ? »

     6 octobre : Comme il fallait s’en douter, il a été très facile à Curro Romero et Morante de la Puebla, de démolir les arguments de Eduardo Canorea, au sujet du Festival de ANDEX (voir nos précédents éditos- 27 sept – 1er oct). Vexé du désistement des deux vedettes, quelles qu’en fussent les raisons, l’empresario de Séville, (qui ne l’est que « parce qu’il est le fils de son père »), a montré un grand manque de sensibilité, dans une vengeance qui ne va pas faire grand mal aux toreros, mais risque bien d’écorner l’image «qu’il n’avait pas »…
     Son refus de prêter la plaza pour le mano a mano Curro Romero/Morante de la Puebla, au total bénéfice des enfants malades du cancer, soutenus par l’association ANDEX, relève du manque total de générosité, d’ouverture d’esprit, de civisme, et de personnalité. Encore une fois, s’il fallait « se venger » des deux vedettes, c’est au moment de faire les cartels de la prochaine feria de Avril, et non sur le dos des enfants malades.
     Il y eut, hier, conférence de presse, pour présenter le festival, qui se déroulera le 22 octobre, à midi, dans la plaza de La Algaba. Le mano a mano Curro/Morante sera télévisé en direct et, à n’en pas douter, les deux toreros « vont déboucher tous les flacons ». Devant sa télé, don Eduardito risque d’en « brouter sa barbe ».
     Curro Romero, en général  peu prolixe en déclarations, n’a pas mâché ses mots, et a laissé le « petit-grand empresario » comme une carpette, soulignant, en particulier, que ce festival était prévu depuis le mois d’Août, et non pour de plates démagogies autour d’un éventuel « pardon » de l’Aficion sévillane. Son parcours et sa participation à de multiples actes de charité, vêtu ou non de lumières, plaident en sa faveur. Morante a, de même, justifié son absence, le 23  septembre, soulignant qu’il aurait très bien pu venir, tuer la corrida et empocher l’argent… du style « Prends l’oseille et tire-toi ».
     Au retour d’Australie, Don Eduardito risque de vérifier « l’effet boomerang », et se prépare quelques sueurs froides pour le montage de la Feria d’Avril. Il est clair que Curro et Morante ne perdront pas l’occasion de lui rendre monnaie de sa pièce, au point même de ne pas vouloir toréer la Feria, histoire de balancer toute l’aficion sur le dos du nouvel homme d’affaire…
     A Séville, « le culebron », feuilleton de l’hiver, est servi… A suivre ! Mais ne rêvons pas… Ici, tout se termine par des abrazos… Qui vivra verra !

 

AMERICA…AMERICA ! ! !

     6 octobre : Pérou, Equateur, Vénézuela, Colombie, Mexique… c’est parti. Tandis que la temporada espagnole brûle ses derniers feux à Zaragoza et Jaen, l’actualité va « traverser l’Atlantique », direction Lima, au Pérou.
     La feria du « Senor de los Milagros » débutera le 21 octobre, par une non piquée, présentera ensuite deux novilladas, les 22 octobre et 1er novembre, puis cinq corridas de toros, le 29 octobre, 5, 12,19,26 novembre, à l’issue desquelles sera attribué le fameux Scapulaire. Les cartels de la feria ont été présentés hier, 5 octobre. Les toreros espagnols engagés sont : Ponce, Finito, Caballero, Morante, Abellan, Davila Miura,Califa et el Cid. Absent : El Juli. Nous y reviendrons. A voir, d’ores et déjà, le contexte de la célèbre feria en plaza de Acho, sur le site :www.achotoros.dnet.com.pe.
     Voir les Affiches de la feria de Lima 2000 dans la rubrique « carteles »
     Du côté de Quito, en équateur, la feria  du « Jesus del Gran Poder », présentera 7 corridas et 3 novilladas, du 30 Novembre au 6 décembre. On y verra, notamment, Finito de Cordoba (vainqueur, l‘an dernier), Morante et Abellan.
      A voir, dès maintenant, une belle présentation de la Feria sur le site : www.feriadequito.com

 

MADRID : LA GRANDE « DERNIERE LIGNE DROITE »

     7 octobre : « Se nos acaba la temporada ». La saison 2000 se termine. Déjà, les grandes plazas d’Amérique, centrale et du sud, présentent leurs affiches, règlent les derniers détails de leurs ferias. En Espagne, l’heure des bilans a sonné. Beaucoup d’encre va couler… Certains « sont déjà habillés pour l’hiver »…
    
Pourtant, on va attendre un petit peu. Ce week-end est important. A Las Ventas, va se dérouler la deuxième partie de la Feria d’Automne. Après une première manche désastreuse, en particulier à cause du ganado, il va forcément « se passer quelque chose », ce samedi 7 octobre, ou dimanche 8. Aujourd’hui, un homme, un torero, seul face à six toros de divers élevages, Victor Puerto. Demain… les Victorino.
    
Pour ces deux courses, un élément primordial : La météo. Trop d’événements, trop de corridas de première importance ont été gâchés, dans ce ruedo, à cause du vent. Ciel bleu, mais rafales désordonnées, qui mettent les capes de brega à l’horizontale, désarment les muletas, découvrent les hommes, en un mot, rendent toute lidia sereine, impossible. Le vent, le plus terrible des toros…
    
Le torero doit être maître de ses décisions, de ses stratégies. Elles conditionneront son triomphe ou son fracaso. Certes le vent sera une excuse, mais il y aura toujours quelque petit malin pour suggérer que « malgré le vent, il aurait du être meilleur… ».  On ne coupe pas d’oreille au vent ! On ne sort pas a hombros, suite à un courant d’air. Le torero a besoin de toute sa lucidité, et ne peut pas, en plus, avoir à se méfier de « l’invisible traître ». De même, une corrida du style Victorino exige une lidia précise, parfaite. Cela implique le choix des terrains, des distances, des hauteurs de muletas, au moment du cite. On se souvient de la déception causée par Eole, lors de la dernière corrida de la San Isidro. Madrid est passée à coté d’une grande victorinada.
    
A priori, la météo est bonne, pour ces deux jours, à Madrid : Soleil, 20° en moyenne, vent de 10 kms/h. Ojala !Ce serait trop beau, mais acceptons-en l’augure. Lundi, on analysera, on épiloguera.
    
Triomphe, fracaso, « a medio gas »… quoiqu’il en soit, beaucoup diront : « Je le savais, je l’avais prédit ». Tout le monde aura gagné, comme au soir d’une législative. Contrairement au cirque de nos politiques, qui sont les seuls, peut-être, à croire en  leurs balivernes, il faut souhaiter, effectivement, qu’au soir de ce week-end madrilène, tout le monde ait gagné. Ici, on se joue la peau « de verdad ». Ici, on accepte « le vainqueur moral ». Ici, on ne doit le triomphe qu’à soi-même, à son courage, à sa technique, à ses dons artistiques. Ici, en un mot, ce n’est pas…du vent !
    
Victor Puerto arrivera avec un moral d’acier. Sa temporada est remarquable de régularité. Pour peu que chargent les toros, il y aura grand spectacle. La corrida de Victorino Martin mettra presque fin à une formidable saison du ganadero de Galapagar. Tous auront en mémoire Valencia, Mont de Marsan, Nîmes, Castellon, et la corrida « faussée » de Madrid, en juin. Au programme : Présentation, caste, bravoure, mobilité, en un mot une réelle personnalité… A n’en pas douter, une grande tarde en perspective, avec des toreros qui mettront un point d’honneur à briller…en faisant briller la corrida. Espla revient après le terrible coup de fouet de la San Isidro. On se souvient de son formidable triomphe, ici, l’automne passé, face aux Victorinos. Le Zotoluco, mexicain basané, arrivé en Espagne pour quelques contrats, a fort bien tiré son épingle du jeu. Son actuacion , face à ces mêmes toros, lors de la corrida épique de juillet, en plaza de Valencia, lui a valu le respect de tous. Quant à Jose Luis Moreno, il est celui a réussi de grandes faenas, hélas trop souvent gâchées par l’épée : Castellon, Madrid, Cordoba, Valencia où il tomba, grièvement blessé, sont autant de ruedos où l’on a vécu ses grandes faenas, face aux victorino. Falta « rematar ». C’est, peut-être pour demain… Bon vent !
    
En attendant, cette deuxième mi-temps de la feria d’automne, a débuté, hier, 6 octobre, par une corrida de rejoneo, qui a vu le succès de Leonardo Hernandez, coupant une oreille au deuxième, perdant la salida a hombros, à cause de 7 descabellos, au cinquième. Joao Moura et Fermin Bohorquez ont été discrets, et la corrida de Benitez Cubero/ Maria Pallares, fut un désasrtre.

 

ZARAGOZA : DEBUT D’UN PILAR 2000,  «TORISTA »

     La feria du Pilar a débuté hier, en plaza de Zaragoza. Feria fameuse, par le passé, Saragosse est aujourd’hui victime… du calendrier. La plaza, pionnière des arènes couvertes, a gardé «lustre d’antan », mais ne peut résister aux stratégies commerciales des principales figures, trop fatiguées de leur saison pour aller s’envoyer « le toro de Saragosse », à la veille du repos bien gagné, ou encore de ceux qui ont déjà les valises prêtes pour l’Amérique, certes moins dorée que par le passé, mais toujours importante.
    
Cependant, cette feria du Pilar 2000 est des plus intéressantes. L’empresa Casas/Paton a voulu lancer  une grande saison. Pour le moment, malgré  les trouvailles, malgré la communication, malgré l’intérêt soulevé au printemps, le résultat est mitigé. L’empresa a donc parié sur le toro, et monté une feria, torista, où vont sortir des Victorino, Cebada, Guardiola, Palha et Murteira, toréés par des « premiers plans ». C’est déjà un réel exploit. Ne manque que le petit coup de pouce du destin.
    
7 corridas, 2 novilladas, une de rejoneo, et deux « sin picar » composent le cartel de ce Pilar 2000.Les corridas des 10 et 13 octobre seront télévisées. Toutes les courses débutent à 17h30.
    
La feria a débuté hier, en plan « Torista », avec une excellente novillada de Vistahermosa ( Souche Santacoloma - propriété du ganadero aragonais Jose Marcuello). Quatre des six novillos ont été ovationnés à l’arrastre, le lot démontrant caste et grande mobilité. De vraies « machines à charger » dont n’ont pas su profiter Tomas Luna, Anton Cortes et Sarranito, trop conservateurs, ou trop vert, pour ce qui concerne le dernier qui faisait sa présentation en piquée.

 

MADRID : VICTOR PUERTO, ANESTHESIE

     8 octobre : Il y avait des risques. On le savait, « il » le savait. Trouver, en septembre,  six toros pour un « unico espada » à  Madrid , relevait de la gageure. Donc, le choix a été fait de lidier six ganaderias différentes, au risque de voir sortir… six carnes. De fait, il en est sorti neuf, et Victor Puerto s’est laissé couler doucement, anesthésié par les circonstances, par la tristesse, par la froideur du public, par le sabotage en règle de ses illusions. Cependant, le matador devait tout faire, tout tenter, pour « marquer son passage », y compris la blessure, y compris le scandale, y compris partir entre deux gendarmes, pour avoir refusé de tuer un toro, indigne de lui, indigne de son geste. Aujourd’hui, on ne parlerait que du coup de rogne, superbe, d’un torero fier et protagoniste principal. Au lieu de cela, Puerto a passé de cape et de muleta une corrida désastreuse, passant du gris clair au gris foncé, ne laissant aucun souvenir. C’est le pire qui pouvait lui arriver.
    
Maintenant reste le problème du decastamiento total de la ganaderia brava. En deux corridas à Madrid, il est sorti 22 toros, soient 10 sobreros, pour un résultat totalement désastreux. Cette feria d’Automne 2000, catastrophique, doit avoir des conséquences. Conséquences auprès de l’Empresa, des vétérinaires, des veedores. On frôle aujourd’hui « la grosse escroquerie », dont tout le monde est complice. Dans peu de temps, il faudra prendre de « vraies décisions », quand à la sélection, quant à la nourriture, quant à l’âge, au poids, au trapio des toros. Dans peu de temps, il va falloir parler « E.P.O ». Dans peu de temps, il va falloir créer, peut-être, un collège de professionnels compétents, chargés de réguler tout cela, et de sanctionner, fort. Une ganaderia qui, auparavant,  lidiait 7 corridas dans l’année, ne peut, tout à coup, en lidier 18. Il n’est jamais autant sorti de toros astifinos. Pourquoi ? Ne parle t’on pas d’afeiter « avec un taille-crayon » ?  Des rumeurs de plus en plus fortes parlent de « quelque chose » que l’on donne aux toros « pour qu’ils tiennent 20 minutes ». Alors, faux, vrai ? Toujours est-il que, de continuer ainsi, nous verrons la fin des corridas de toros, à la grande satisfaction de certains. Ou, pire, nous irons voir des courses où, vraiment, on massacrera des animaux « presque » sans défense. Alors « ils » auront raison, les antis ! Alors, nous deviendrons complices d’assassinat. Et ce n’est pas une éventuelle grande corrida de Victorino, ce dimanche, qui devra gommer le problème. Nous sommes « au fond » !
    
7 octobre : Madrid/las Ventas – 5 ème de la feria d’Automne – presque plein : Victor Puerto, vêtu de bleu et or, a timidement salué la timide ovation qui l’a accueilli, en fin du paseo. Neuf toros sont sortis dans l’arène, mais la corrida était déjà morte, après la lidia du deuxième. Les toros 2,3 et 5 ont été renvoyés au corral, remplacés par d’autres, presque aussi désastreux. En donner l’identité ne sert de rien. Dénominateur commun : faiblesse, total manque de caste. Seul le Guardiola montra quelque nerf, tournant au sentido, menaçant par trois fois le matador, le touchant à la dernière. Victor Puerto est resté « en dedans », attendant peut-être le toro rêvé, qui ne vint pas. Aucune vibration, aucune alegria… un Victor Puerto totalement annihilé. On attendait du « toreo champagne ». On eut  « une pâle eau plate », et pendant ce temps, les toros faisaient « sous-marin ». Tristesse et désastre, que ne sauveront pas quelques muletazos de mérite, tant debout qu’à genoux. Silence las sur les gradins, et, dans les « despachos », des mains qui se frottent : « Le petit Victor va devoir rabaisser son caquet ! la caisse est sauve, pour 2001 ». Que bien !
    
7 octobre : Au même moment, la corrida de Samuel Flores faisait triompher le Califa et le Juli, en plaza de Hellin – A Boadilla del Monte, Ferrera mettait toute la gomme, et coupait quatre oreilles et un rabo à des toros de Andres Ramos – A Zaragoza, la deuxième novillada, de Rio Grande, voyait quelques bons détails du Paulita, tandis que Ricardo Ortiz se montrait anormalement gris.
     Pendant ce temps, à Magescq, dans les Landes, on mettait la dernière main à la corrida de ce dimanche, où, sur le « ruedo rectangulaire et couvert » de la salle de basket, vont débouler six toros de Mroz, pour Ricardo Ortiz, triomphateur à Malaga, Regino Ortes et le Lobo… Et pourquoi pas ? On connaît les Mroz, et au moins, aujourd’hui… on a quelque chance de « voir le loup »….

 

TRIOMPHE D’UN TORERO « AU PAYS DES MALINS »

    Il s’habille à l’ancienne. Son visage poupon commence à se « déplumer ». Pour peu, on dirait une de ces anciennes estampes de « La Lidia ». En ce temps-là, les toros étaient d’acier, et les toreros de vrais guerriers. Hier, en plaza de Las Ventas, un torero a donné une vraie leçon de pundonor, d’aficion, de professionnalisme et de totale toreria. Il est picador… Son nom : Efren Acosta.  Et tandis que Espla coupait une oreille « de mentirilla », à force de démagogie, le piquero recevait la plus grande ovation de la saison madrilène, serrant des mains en rentrant vers le patio, saluant modestement un public debout, enfin revenu à la vérité du toreo. Trois puyazos « d’école », en toréant, vraiment, avec le cheval, citant le toro de trois quarts face, portant le fer avec un style très personnel, mesurant le châtiment et libérant le bicho au moment précis, sans profiter de quelque querencia, de quelque carioca. Magnifique ! Une vraie leçon de toreo et un grand torero qui a rendu le plus bel hommage à Antonio Bienvenida en ce jour où l’on se souvenait de lui et de ses batailles pour la vérité. On aurait dû permettre au picador de saluer au tiers, ou même de donner la vuelta. Les vieux aficionados se souviendront des triomphes de Raimundo Rodriguez, à Madrid, vers les années 70. Mais aujourd’hui, si le matador ne triomphe pas, on oublie tout ce qui l’entoure…
    
On attendait la corrida de Victorino. A genoux sur un prie-dieu, l’empresa avait brûlé plusieurs cierges, et priait pour que les toros de Galapagar  lui sauvent la feria. Le public se disait : « Ce sera peut-être dur, mais au moins, on verra des toros qui tiennent debout ». Bof ! La corrida est sortie faible, mais la caste lui a permis de se relever fièrement, pour montrer son caractère, dès le deuxième tiers. Deux toros ont brillé, l’un par sa bravoure, l’autre par sa noblesse. Un torero a coupé une oreille, jouant sur les détails, sur l’émotion du moment, « mentant joliment », et disant sa vérité au moment du bajonazo tendido. Bravo Espla ! Muy listo ! C’est peut-être aussi cela, être torero !
    
8 octobre – Madrid/Las Ventas – Ultime de la feria d’Automne – Lleno total : Six toros de Victorino Martin, de « grand volume » et armés pour la guerre. Le quatrième « Barbero », de 617 Kgs, fut une véritable estampe, sortie des vieux livres. D’autres toros furent applaudis à leur sortie. Après, les choses se compliquèrent un peu, car l’ensemble de la corrida manifesta quelque faiblesse inquiétante, heureusement rectifiée par la caste et la fiereza dès le deuxième tiers. Seul le premier toro se montra un invalide complet, ce dont profita Espla pour le liquider illico, avec l’assentiment des gradins. (Les vétérinaires constatèrent a près que le toro portait un kyste, en général provoqué par les morsures des chiens au campo ). Il y eut deux grands moments et un autre, inoubliable : on retiendra la bravoure du deuxième, « Muchacho », en trois piques impeccables, sa caste et son excellente corne gauche. On retiendra le mastodonte quatrième qui termina d’une candeur « de carreton », mais soso et limité. Mais surtout, on gardera dans « le livre d’or » la formidable leçon de toréer et de piquer d’Efren Acosta, picador mexicain qui avait déjà brillé lors de la Victorinada de Valencia, en juillet. Cet homme-là a sauvé la corrida et la feria.
    
Luis Francisco Espla a coupé une oreille en profitant joliment de la béate demie charge du quatrième. On l’a vu brillant au capote, très inégal aux banderilles, calme et fleuri, en toréant, passe par passe le mastodonte, qu’il avait brindé à Angel Luis Bienvenida. Histoire de se mettre complètement le public dans la poche, l’Alicantino, qui peut décidément tout se permettre à Madrid, tua d’un bajonazo tendido, laissa là le toro  agonisant debout, et s’en alla loin, chercher au buladero, le frère de l’illustre maestro, afin de le faire saluer, au moment de lui rendre la montera. Cela tourna au ridicule, car le toro ne tomba pas, et Espla dut revenir vers lui,  laissant le digne Angel Luis, à un mètre du grand hommage public. Faire cela « dans l’ordre », c’est à dire : Une grande estocade, « dans le haut », une mort magnifique, un retour de gloire et , le geste de faire sortir le vieux maestro, pour ainsi partager l’ovation du public debout… ça oui, « cela aurait eu de la gueule ». Mais là…on est resté » avec une petite impression de .. « Je sais que j’ai été relativement bien à la muleta, que j’ai tué « très habilement », et que donc, je ne vais pas couper. Alors, si je mets un petit coup d’émotion, je passe pour « un grand »  et ils me donnent une oreille ». Et il avait bien raison. Enhorabuena !
    
Zotoluco a montré sa vérité. Même s’il « n’a pas pu », complètement, même s’il a, peut-être, « laissé passer » un grand toro, il a donné ce qu’il a pu, au maximum de ses possibilités. Découvrant la grande corne gauche du deuxième, le mexicain tira deux séries de longues naturelles. A un moment, le toro féchit et, se relevant prestement, surprit le diestro qui croyait avoir le temps de se replacer, tranquillement. Dure voltereta et longue angoisse tandis qu’au sol, la corne cherche le corps, pointant la visage, le dos. Aïe !Le mexicain se releva et termina en vaillant, tuant d’une très bonne lame courte, al encuentro. Petite ovation. Trop petite ovation. Le cinquième tourna court, après le premier tiers à la gloire du picador mexicain. Ce fut laborieux et Zotoluco termina sa saison, en silence.
    
Jose Luis Moreno toucha deux alimanas qui se retournaient comme des chats, après des demie-charges très angoissantes. Il fut torero à la cape et tira un magnifique muletazo, un seul, au troisième. Après, dudas, hésitations, et silence compréhensif. La feria se terminait en silence, et l'empresa souriait, rassurée, tour heureuse qu’on ne lui ait pas brûlé les arènes. Ouf !

 

DIMANCHE DANS LES RUEDOS : MORT D’UN « CHEVAL-TORERO »

     8 octobre – Zaragoza – 3ème de feria du Pilar – Corrida de Rejoneo : On oubliera vite le bon triomphe d’Andy Cartagena, pour ne garder que la terrible image de la cornada au cheval « Balancin », par le premier toro de la course. Leonardo Hernandez  ne put prévoir le sec derrote du toro qui plongea sa corne dans les entrailles du magnifique cheval. Une heure après, il était mort. C’est ainsi ! Les Cavaliers n’ont jamais été aussi audacieux, devant les toros. La compétition exige cela. Il faut bien le payer, parfois. Bien triste.
    
8 octobre - Fuengirola
(Malaga) : Corrida moyenne, de Guadalest. Morante coupe trois oreilles en toréant joliment, et tuant magnifiquement le dernier. Mais c’est Victor Puerto qui démontra, face à deux durs, la force, la vaillance et la variété, qu’il avait oubliées, la veille, à Madrid. Oreille chaque fois, et sortie « a hombros », ce qui avive les regrets et provoquera quelque quolibet.
    
8 octobre – Caravaca
– Toros de Daniel Ruiz, renforcés d’un Lozano et d’un Carlos Nunez. Gros succès de Manuel Caballero, qui coupe quatre oreilles, tandis que Pone torée magnifiquement le quatrième, obtenant deux trophées. De Mora fut plus discret, avec « une » à chaque toro.
    
8 octobre – Montoro
(Cordoba) – Canales Rivera provoque le scandale et triomphe. Il a tort et il a raison. Touchant un toro magnifique de noblesse, de Ana Romero, il le fit briller au point que le public demanda l’indulto. La grâce fut refusée, comme le stipule le règlement, dans une plaza de troisième catégorie. Le torero s’entêta, laissa passer le temps, écoutant les trois avis. Le toro fut rentré et sous l’ovation, le diestro donna trois vueltas.
    
8 octobre – Magescq
– Bien  peu de monde, et on le comprend, pour une corrida qui ne disait guère, dans une plaza « qui dit encore moins ». Dommage. Les Toros de Mroz sont sortis bien armés et de bon comportement, mais faibles. Les toreros ont fait ce qu’ils devaient, et la générosité fut de mise. Regino Ortes coupa une oreille à chaque toro, tandis que Ricardo Ortiz, qui se fit secouer, et le Lobo, durent se contenter d’un appendice.
    
8 octobre –
côté novilladas, on notera le succès d’Anton Cortes près de Burgos, et surtout la triomphale présentation, en public, du jeune prodige de Murcia, Manolito Torralba, en plaza de Llano de las Brujas. 14 ans1/2, dit-on, et  une grande classe, démontrée face à trois anojos de « las Ramblas ». A suivre…

 

TRAVAIL , TRAVAIL… ET ENCORE TRAVAIL…

     10 octobre : Dans le monde taurin comme ailleurs, « El que vale, vale ! ». Qu’il soit matador, subalterne, ganadero, apoderado, même empresa, celui « qui vaut le coup », finira par sortir son épingle du jeu, tôt ou tard. Mais ce qui est certain, c’est que celui-là aura travaillé plus que tout le monde et aura ajouté à des dons, peut-être naturels, une masse d’efforts  personnels, de sueur et de rage, qui finira bien par ouvrir lui la porte du succès. Ici, le « c’est pas ma faute » ne vaut pas…Ici, qu’il soit en haut ou « en tout bas » de l’escalafon, le torero qui reste torero, même lorsqu’il marche seul dans la rue, va lutter et finira par gagner, ouvrant d’un coup les portes monumentales de la gloire, ou profitant de « la » plus petite occasion offerte pour dire « j’existe ».
     Hier, deux  toreros ont confirmé cela. L’un, « El Juli » a gagné une nouvelle bataille, à la pointe de son épée. Il a toréé partout, et triomphé presque partout. Aucun hasard. Ici : Caste, Aficion et travail… Un peu plus loin, un homme s’est habillé de lumières après deux ans de solitude, de rage mais d’espoir. Il est valenciano. Il fut une promesse : Manolo Carrion. A l’ombre d’une placita, inventée dans l’arrière-cour d’un garage, il a travaillé, répété et répété  mille fois les gestes d’un triomphe semblant utopique. Et la lumière fut. Une opportunité, enfin, dans sa plaza, et le résultat de cette quête solitaire : deux ans après, il a été « bien ». Travail, travail, et encore travail…
     A Toulouse, on proteste, on râle. La manifestation organisée le 5 octobre, annonçait à grands cris la présence des « maximas figuras del toreo », pour appuyer le retour des corridas dans la cité des violettes. Elles ne sont pas venues. Peut-être a t’on visé un peu haut ? peut-être auraient il fallu inviter les matadors qui ont brillé, jadis, au « Soleil d’or », qui y ont déversé leur sueur, et leur talent, et non pas les « jeunes », qui ne savent même pas où Toulouse se trouve, sur la carte. Travail, travail, et encore, travail… « Ceux qui gagnent » ne doivent rien à personne, et surtout pas à la presse. Elle ne fait que chanter les efforts personnels, les nuits de veille, les tonnes d’imagination et de courage… Elle ne fait que valoriser et rehausser le permanent espoir d’un juste combat, dans quelque domaine que ce soit. Asi que….
     9 octobre – Zaragoza – 4ème de feria du Pilar – plaza couverte, pleine : Les scepticismes et les quolibets n’ont plus cours : El Juli est un phénomène qui, une fois la surprise passée, l’an dernier, sort vainqueur de cette temporada 2000, au cours de laquelle tout le monde l’attendait comme au coin d’un bois. Caste et travail, aficion et intelligence… El Juli a, encore une fois, démontré ses qualités, en plaza de Zaragoza, alors que les copains surnageaient laborieusement. La corrida de Guardiola n’a pas valu triplette, et les remplaçants de Téofilo Segura (premier) et Garcigrande (deuxième), encore moins. Corrida que tout le monde attendait : Joselito, Ponce et le Juli ! Ay, Madre…Joselito a bien débuté, en particulier à la cape, puis le peu d’illusion qui lui reste s’est dilué dans une prestation de « pilote automatique », froid, long, ennuyeux  et renfrogné. Le public maugréa en silence.  Le « Joselito 2000 », fit la moue ! Que se passera t’il en 2001 ? -  Ponce est venu, a vu, et a toréé comme il le fait, quand le sort est contraire. Quelques naturelles au premier, et…« rester propre ». Le Valenciano entendit une ovation - Julian Lopez a encore une fois démontré l’entrega, la rage de vaincre, qui l’ont accompagné toute l’année. Il essaie tout, avec cape, banderilles, muleta. Parfois, cela sort « de travers »… mais il a essayé, et le public reconnaît, et salue. Actuacion clôturée par un monumental coup d’épée qui lui vaut une oreille et l’admiration de tous, encore une fois. Chapeau !
     Aujourd’hui, 10 octobre, la corrida de Camacho sera Télévisée en direct sur TVE1 – 17h30
     9 octobre – Valencia – Moins d’une demi-plaza, pour la corrida de la Comunidad. Trois toros de Gabriel Rojas et trois de Bohorquez, bien présentés, mais « inégaux ». « Ont servi », les 1, 4 et 6ème. Matadors locaux, vivant des situations professionnelles, et personnelles, différentes. Manolo Carrion était une réelle promesse des années 90… L’alternative, quelques courses en demi-teinte et… le gouffre, l’oubli. Deux ans sans voir s’ouvrir la porte d’un paseo. Il en profitera pour finir ses études d’avocat, sans pour autant abandonner cape et muleta, toréant… « le vent du levant » . Il a été bien, serein, digne, torero. Vuelta et oreille, qui doivent, peut-être lui servir pour mars et les Fallas. On peut rêver ! En attendant, travail, travail, et encore, travail – Paco Senda a eu également son heure. Touchant le plus mauvais lot, il n’a pu exprimer ce qui reste en lui, de toreria et d’espoir. Il fallut rengainer  « la illusion »… - El Renco est un alicantino qui va de l’avant. Deux succès devant le ciment vide de Las Ventas, cet été, doivent « cimenter » sa quête de reconnaissance. Il a été bien, à Valencia, coupant une oreille au sixième, qui doit aussi lui ouvrir les portes des prochaines Fallas. Ce ne serait que logique. Mais, en attendant…Travail , travail, et encore travail…

 

TELEVISION… ŒIL DU DESTIN

     11 octobre : Elle est partout, elle nous montre tout. Plus elle nous montre, plus elle fait de nous des voyeurs impénitents, avides d’images fortes, qui nous hérissent le poil, dans un sens ou dans un autre. « Un enfant de Palestine meurt en direct...Un juge tombe au pied de la sierra Nevada… » Un monde de fous… « Ah, que nous sommes bien chez nous… » Démocratie, liberté, égalité… même si certaines vidéos disent le contraire, même si, parce que quelques grands viennent discuter, au "Sommet de Biarritz", de l’avenir mort-né de l’Europe, l’espace d’une coupe de champagne, les Biarrots ne peuvent plus se promener librement chez eux. Un monde de fous… Démocraties « musclées », dictatures « soft »… Oui mais voilà, elle nous montre que c’est tellement pire ailleurs que… « Ah, qu’est-ce que l’on est bien chez nous »… surtout qu’en plus, ici on peut gagner des millions en direct en répondant là, après mûre réflexion, et avec l’aide du public, à la question « Quelle était la couleur du cheval blanc d’Henri IV ? ». Terrible suspens, alimenté par un animateur tellement aimé, tellement admirable… tellement « pro », tellement perfide…"Blanc...C'est votre dernier mot?" Aïe! Oui  vraiment, qu’est-ce que l’on est bien, chez nous ! ».
    
En tauromachie, la Télé est partout, et nous en redemandons, bien sûr. « Via Digital », « Canal plus », « Tve 1 » se partagent le choix de nous faire vibrer, ou soupirer d’ennui, au long des grandes ferias. Tour à tour, les toros sortent et montrent en direct leur magnifique prestance, l’espace de trois déboulés, avant de se répandre sur le sable, et parfois, de n’en plus bouger. Cependant, nous sommes là et attendons la prochaine sortie, aujourd’hui, ou « à la prochaine télévisée ». Et, pour que nous voyions mieux, la Télévision installera son «œil du destin » dans les moindres recoins, à la sortie du chiquero, au pied d’une talenquère mutilée.
    
A quand la caméra-stylo installée au bout d’une corne ?… Sûr qu’ils y ont déjà pensé.. Mais… crainte de détériorer le matériel…Attention au budget ! Imaginez.. Le toro sort et, pour une fois, il remate fort au burladero… Adieu la caméra ! Deux secondes après, on passe du  rose au rouge vif…trois longues véroniques, et un éclair d’or, avant une interruption  d’image… cornada… Voyage en direct au pays de fémorales et saphènes. Puis, au sortir d’un cheval aveugle, « page  agricole », le bonjour aux laboureurs, l’espace d’une vuelta de campana… Il y a tellement à faire…
    
Cette année, deux matadors ont dit non, mais pour un mauvais prétexte, pour un caprice de mazette. Ils ont cru que, tellement grands, tellement incontournables, ils allaient dicter leur loi … « Pues, el tiro les salio por la culata… ! » Cette année, la télé a fonctionné à fond, en privé, et nous prépare sûrement un duel hivernal au sujet de la prochaine saison… « Via Digital »? « Canal plus » ? Qui gagnera la droit de fureter partout, l’an prochain ? Et vous.. Où êtes-vous abonné ? Loto involontaire… Dans cinq minutes vous soupirerez d’aise, ou vous râlerez en cherchant, dans votre contrat, las conditions de résiliation …
    
Parce qu’elle est partout, la télé est, à la fois, réellement bénéfique, et réellement dangereuse… Trois fois, au moins, cette année, Juan Bautista en fut la victime. Sevilla, Santander, Zaragoza…Les toros n’ont pas servi ? Non, pas d’excuse, de ce côté-là. Et quand bien même ? Devant l’Aficion, confortablement intallée au fond de son salon ou de sa pena, il faut donner « le do de pecho », montrer que, traverser l’écran... Au lieu de cela, Jean Luc Jalabert  a paru « traîner en langueur », ennuyant tout le monde, et perdant autant d’occasions de montrer le bon torero qu’il peut être… Du coup, la critique lui tombe dessus, à bras raccourcis, et fait de sa temporada une belle illustration de la « tactique élastique »: Trois pas en avant, cinq en arrière ! Attention, danger ! Ce serait tellement bête de passer du rôle de protagoniste, en direct, à celui de spectateur passif, assis sur sa chaise, au fond de son salon... à regarder la télé. Attention danger ! Télévision, oeil du destin…
    
10 octobre – Zaragoza – 5ème de feria – Corrida télévisée – moins de media plaza : Œil du destin, la caméra nous a montré un superbe Finito de Cordoba, l’espace de 8 capotazos, au premier, le temps de douze muletazos, suaves, abandonnés. Que torero ! Mais comment perdre à l’épée tout le bénéfice de tant de beauté ? Deux avis, mais ovation… Que torero ! - Jesus Millan a monté deux facettes : brouillon dans sa soif de triompher, de tout montrer, devant « la Télé », il a probablement laissé passer le seul toro noble et encasté de la corrida. Mais on l’a vu décidé, tour à tour  batailleur ou suave, en un mot « jeune torero » plein d’illusion face à l’avenir. Muy bien ! Vuelta et, au sixième, la seule oreille de la tarde - Juan Bautista … est redevenu Jean luc Jalabert… A nouveau, certains espagnols rabâcheront : « Il torée bien… mais comme un français ! ». Sans âme, sans idée, sans cette personnalité qui fait que, même mal, il capte notre attention. Muy mal, muy frio ! Quel dommage ! Les toros de Camacho sont sortis bien présentés, souvent faibles, mais nobles et « aprovechables ». Juan Bautista a touché le mauvais lot, d’accord. Il fallait alors « leur monter dessus ». Au lieu de cela… « Interlude » et « Bonne nuit, les petits »…Au fond, ce retour en arrière est de mise, au temps des trottinettes et « voitures prototype », style 1930… D’un côté, c’est bien, car on a, ainsi, quelque chance de découvrir quelque belle jambe fuselée, gainée d’un vrai bas de soie, avec la couture, là, derrière, bien droite… Aïe !!  En attendant, un torero français a pataugé, en direct, et cela, même la météo ne l’avait pas prévu…

 

« ET VOUS, DON EDUARDITO, QUE FAITES-VOUS POUR LES ENFANTS DE ANDEX ? »

     10 octobre : On vient d’annoncer que, parallèlement au festival,  en mano a mano, de Curro et Morante, le 22, télévisé en direct de la plaza de La Algaba, au profit des enfants malades, d’autre figuras del toreo vont donner la main, en jouant des éperons, « a campo abierto », pour que  l’association ANDEX aide encore mieux ces gosses et leurs parents. Muy bien ! Muy torero ! Bravo et merci !
    
Le 14, un grand concours « d’acoso y derribo » est organisé, au profit de la noble cause, au Rocio, près de Huelva. Spectaculaire, ce sport attire les amoureux du campo, du cheval et du toro.  A pleins poumons, les grands et les modestes partagent le grand air, et vibrent ensemble au galop de la liberté. Beaucoup disent que c’est là, « la verdad de la Fiesta »…
    
14 Octobre, des matadors, amoureux du campo, vivront leur passion, et feront vibrer les « aficionados de verdad », l’espace d’un beau geste. On attend, entre autres, Paco Ojeda, Rivera Ordonez, El Juli, El Cordobes, Canales Rivera, Javier Conde…Monterazo ! Senores Toreros !
    
Pendant ce temps, dans son bureau …un « grand empresario », n’entend toujours pas la petite voix qui lui murmure « Et Vous, Don Eduardito, Que faites-vous, pour les enfants de ANDEX ? »

 

TOUT CA… POUR CA ! ! ! !

     Octobre… Il y a du vent dans les voiles ! Premiers frimas. Collections de Printemps/Eté. Magnifique ! A force de génie et de millions, de snobisme et de minauderie, les grands couturiers réussissent à rendre les plus belles filles, moches et sans aucune féminité. Ils effacent les plus beaux sourires, éteignent les plus beaux yeux, le cachent derrière des faces de carême à vous faire fuir très loin. De quoi…retourner sa veste ! D’ailleurs, eux l’ont déjà fait, depuis longtemps ! Tout ça…pour ça !
     A Biarritz, on prépare le « Sommet Européen », à 10 cms au-dessus du niveau de la mer ! Sécurité, sécurité ! Interdit de bouger. On vous réquisitionne votre garage, votre rue, en un mot, votre liberté, pour que les grands puissent, de concert, se gratter la tête au sujet de cette immense utopie qu’on a baptisée « l’Europe ». En bord d’Atlantique, on remonté « Fort Alamo », pour une seule conclusion : « Un pour tous…tous pour moi » ! Tout ça…pour ça !
     Un ganadero a sauvé la corporation, cette année. Qu’on le veuille ou non, Victorino Martin a maintenu, haut levée, la bannière du toro de combat, grand, pointu, fier et brave. Certes, d’autres ont eu de bons résultats (Torrealta – Zalduendo), mais sans arriver à créer l’élément, primordial, qui doit dominer dans une corrida de toros : l’émotion. Donc, au milieu de cet océan de toros sans caste, sans forces, sans fiereza, Victorino  surnageait bravement, se permettant, c’est de bonne guerre, de lancer quelques piques à ses collègues ganaderos « plus huppés ». Et puis, patatras ! En deux corridas, (Madrid et Zaragoza), les Victorinos se ramassent à la pelle… Aïe ! Tout ça…pour ça !
    Que se passe t’il ? Que va t’il se passer ? Certes, les Victorinos claudiquent parfois. On l’a vu, mais on n’a pas voulu le voir. Certes, les Victorinos sortent parfois cornicortos. On l’a vu, mais on n’a pas voulu le voir. C’étaient…des Victorinos ! De fait, il y a un lac, un Océan Pacifique, entre le Victorino qui lidiait jadis huit corridas dans des ferias fortes, et celui qui  en « dispache » maintenant treize ou quinze, « là où on veut », y compris à Algimia de Almonacid. A force, il fallait bien que quelque chose arrive, du style « funèbre ». En 48 heures, des Victorinos  sont vilainement tombés, à Las Ventas, et hier, à Zaragoza. Il va falloir « rectifier le tir », car « on châtie bien  ceux que l’on aime bien » et, à n’en pas douter, Victorino n’a pas que des amis, chez les grands et dans la presse. Il ne peut donc compter que sur la fidélité des aficionados, et il est suffisamment lucide pour relancer la machine, peut-être sur d’autres bases.
     11 Octobre – Zaragoza – 6ème de Feria – presque ¾ d’entrée : Corrida catastrophique de Victorino Martin. Les deux premiers, invalides, roulèrent au sol, et le président ne voulut pas les changer, malgré la bronca. Le troisième se montra très faible, mais remonta par la suite, grâce à quelque relent de caste. Les autres se montrèrent plus solides, mais bien tristes, le sixième sortant dangereux. La corrida a duré moins de temps qu’il ne faut pour la raconter : une heure trente-sept. Les trois toreros sont sortis sous la bronca - Caballero, écœuré par le premier, n’a pu se secouer, face au quatrième - Moreno fut trop long face au deuxième, invalide. Il supporta quelques coups bas du cinq – Uceda Leal donna les quelques bons muletazos de la tarde, face au troisième. Par contre, il plia bagage devant le dur dernier – Triste, triste corrida de Victorino, et certains, comptez sur eux,  vont en faire des gorges chaudes. Hier soir, le ganadero avait l’œil triste. Tout ça… pour ça !

 

12 OCTOBRE…DIA DE LA HISPANIDAD, FIESTA DEL PILAR

     Date importante dans la culture Hispanique. Date encore plus importante pour toutes les filles baptisées Pilar. Bonne fête  à toutes, et un gros bisou ! Tandis que la Vierge d’Aragon va, aujourd’hui, crouler sous les offrandes de fleurs; tandis que Zaragoza va retentir des échos de mille jotas, des toreros vont  s’habiller de lumières, et d’autres vont se souvenir…
     12 Octobre, il y a 50 ans, deux « monstres » recevaient, ensemble, l’alternative, en plaza de Valencia…
     Aparicio/Litri. Il étaient des idoles, là-bas. Cette année-là, le feria de julio dans la cité du Turia, n’avait été composée que de six novilladas. Ils toréaient la sixième, à plaza llena. La course fut si triomphale, qu’entre deux toros, on annonça, par haut-parleurs, un mano a mano entre les deux, le lendemain. Et le lendemain… la plaza se remplit. Souvenirs, souvenirs !
     Aujourd’hui, revenons sur terre. Les arènes de Madrid et Séville ouvriront leurs portes, mais pour quelle entrée ? A Madrid, « El Cid » va toréer sa dixième corrida de l’année, dont cinq dans ce même ruedo. A Séville, on va surveiller la présentation de Canales Rivera. Attention ! Un Rivera peut en cacher un autre…
     Pendant ce temps, on apprend un joli geste de Ponce: sa participation à l’enregistrement d’un disque, au profit des enfants de l’Unicef. Il y chante une berceuse, et se défend gentiment de vouloir « grimper dans les hits ». Sympa ! « El Cordobes » devait aussi chanter. Mais il n’a pas pu…il avait mal au bras. Logique !
     Une dernière,  pour la route ! Devant la multitude de blessures de chevaux de Rejoneo, l’ANPBA (Association Nationale pour la Protection et le Bien-être de Animaux ) exige que soit imposé par le règlement, un peto, un caparaçon, pour les chevaux d’école et de toreo. Un nouvel avenir pour la cuadra de Bonijol. Muy bien !  

 

« EL JULI »… UN VRAI GRAND !

     On ne peut prétendre à la Paix, en lynchant…On ne peut venir fanfaronner à Biarritz en paralysant la ville, et soupçonnant chacun de ses habitants d’être un dangereux terroriste. On ne peut marcher au combat … à reculons !
    
La peur est humaine. Le vrai courage est de parvenir à la cacher. Tous les toreros ont peur… peur des pitones, du trapio des toros, peut-être… mais bien plus peur de « montrer qu’ils ont peur », peur de « ne pas pouvoir ». Mais eux sont seuls ! Eux ne peuvent jouer les caïds devant un ennemi réduit à zéro, devant un public emprisonné, devant une presse muselée. Eux savent ce que veut dire le mot « Pundonor » et c’est pour cela qu’on  les habille de lumières. C’est peut-être aussi pour le contraire, que tous ces beaux messieurs qui se réunissent « au sommet », vont habillés de sombre.
    
Julian Lopez « El Juli » avait mal vécu sa dernière sortie à Zaragoza. Un président « tacano » lui avait escamoté un triomphe. La réponse fut celle de l’Honneur, de l’intelligence, du courage, et elle fut grandiose. Cela s’appelle : la Classe ! Hier, 12 octobre 2000, El Juli vient de s’emparer « du trône » en coupant, de façon indiscutable, deux oreilles et la queue d’un toro , dans une plaza de première catégorie. Le dernier rabo accordé à Zaragoza remonte à 1978, et c’était Paquirri qui l’avait coupé. Julian Lopez vient d’écrire une nouvelle page à l’Histoire de la plaza et du Toreo. Et cette page-là, « dans notre monde », on en parlera probablement plus que des résultats  du « sommet », dans le destin de notre vieille Europe.
    
12 octobre – Zaragoza – 7ème de Feria – Dia del Pilar – Lleno : Le public, debout, les yeux embrumés d’émotion, ovationne un enfant. Rayonnant, il va, porté sur les épaules, en vrai triomphateur, tandis qu’à deux pas derrière, le sourire radieux, le fidèle banderillero porte un drôle de trophée… une queue de toro. Symbole ! Le triomphe d’un torero, le companerismo avec sa cuadrilla, l’aventure et l’apothéose partagées. Qu’on le veuille ou non, El Juli  termine la saison 2000 en « vrai Numéro 1 ». Ici, ni Enrique Ponce, vrai et noble maestro, ni José Tomas, acariâtre génie, ni Joselito et son foutu caractère, ne peuvent  contester. Hier, jour de l’Hispanité, béni par toutes les vierges du Pilar, El Juli  est définitivement entré dedans l’Histoire.
    
Trois toros de Gabriel Rojas, épaulant trois grands toros de Nunez del Cuvillo. Tous démontrèrent forces et caste (Ay, Victorino !). Le sixième, « Ropalimpia » fut extraordinaire, mais le torero qui le fit briller, fut monumental – Complètement abasourdi, perdu, « El Tato » fut à la dérive, dans le ruedo qui le vit jouer, à l’époque des culottes courtes. Il fut sifflé par son public, par ses compatriotes. Voir s’il rectifie le tir aujourd’hui, en télévisée, face aux Cebadas – Abellan aurait pu couper une oreille au cinquième, mais l’épée partit dans tous les sens, et le torero ne pu que constater, les yeux écarquillés, le phénoménal triomphe de son collègue. Il donna une vuelta – Julian Lopez aurait pu couper quelque trophée, déjà, au troisième, qu’il toréa au quite, par chicuelinas à genoux, citées à 20 mètres. Mais il y eut cette épée souterraine…Par contre, la lidia et la faena du sixième Nunez del Cuvillo (« Ropalimpia » - 530 Kgs) furent d’apothéose, la beauté, le lié, la profondeur des suertes levant le public, après un vibrant tiers de banderilles, et un jugueteo à deux centimètres des pitons, astifinos. Faena « de monument », avec des naturelles longues, profondes, citées muleta en avant, la jambe offerte, tirées suaves, loin derrière. On ne parlera pas du coup d’épée. Il a été digne de la faena. Alors se déclencha la plus grande euphorie aficionada  que l’on puisse rêver…Cette émotion qui fait que tous ses voisins sont soudain des amis de longtemps, et que même les japonais vont sortir dans la rue, en toréant « de verdad » . Deux oreilles et la queue pour « Don Julian », et la vuelta posthume pour le brave adversaire. Triomphe incontestable, incontestablement commenté. Là-haut, très loin, Paquirri sourit, paternellement !
    
12 Octobre – Jour de l’Hispanité, dans les autres plazas : A Madrid, le froid et moins d’une demi plaza. Les toros de Carmen Segovia, et le remplaçant de los Eulogios n’ont rien apporté à la gloire ganadera. Paulob fut, à l’habitude, très brillant à la cape, puis se dilua par la suite, à l’habitude – « El Renco » marcha fièrement au combat, en vain – Le sévillan « El Cid », bien que non primé, fit encore les meilleures choses, en particulier au sixième, fort bien reçu de cape.
    
A Séville, la corrida de José Ortega est sortie « grande et pointue ». Violente et parfois arrêtée, elle ne permit pas aux toreros de complètement s’exprimer. Canales Rivera s’est montré digne, mais…son cousin peut dormir tranquille – Domingo Triana se montra limité, parce que « trop peu toréé » - Vicente Bejarano, torero de la Puebla del Rio, coupa une bonne oreille au cinquième, certains réclamant vainement un second trophée – Moins d’une demi plaza pour cette corrida, au bénéfice de la Croix Rouge. Quand Don Eduardito se met à jouer « les Humanitaires », les résultats sont impressionnants !
    
A Calanda, près de Teruel, la énième corrida de Zalduendo est sortie « a modo ». Joselito s’est juste amusé, histoire de recevoir deux ovations – Ponce a mis la vapeur, coupant quatre oreilles, et montrant que le pundonor existe, même dans les plazas « de tercera » - Finito a  joliment toréé le sixième, ajoutant deux oreilles à sa récolte 2000.

 

BON ANNIVERSAIRE, MESDAMES LES PENAS !

     Il y a 25 ans, au fond du bar Maïtena, des copains de toujours créaient « la Pena Taurine Côte Basque ». Bayonne entendit alors les échos de sa jeune Aficion. Vociférant, crachant, chantant, « poétisant » et philosophant son aficion, Claude Pelletier en fit une reine. Peut importe le palais, pourvu qu'on ait l'aficion. Même le sombre couloir de la rue Passemillon devint repaire des corsaires aficionados basques. On y parla Toros, rugby, et les mayorales y  furent les invités de toujours. Puis, les frères, comme d’habitude, se chamaillèrent. Certains partirent et allèrent deviser ailleurs. « La Pena » se pelotonna autour de son président. Peu à peu, elle reprit le cours de la vie. Ce fut parfois hésitant, un peu houleux, mais elle repartit, forte et conviviale. Aujourd’hui, 25ème anniversaire, et demain, un nouveau local sera inauguré. Le « grand Claude » l’aurait aimé, en particulier sa mezzanine, toute sévillane… Partie pour encore 25 ans, la Pena Taurine Côte Basque est terre d’aficion, et d’amitié, comme toutes et malgré tout…
    
A Mont de Marsan, le Cercle Taurin y va de ses trente bougies. Enhorabuena ! Alors, pour fêter « a lo grande », cette longue page de vie, il organise, dimanche 15 octobre à 16 h, une novillada non piquée. Olivier Martin envoie quatre erales du Palmeral, qu’il élève avec foi, amour et « en torero ». A la baguette, avec cape et muleta, Julien Miletto et Cesar Jimenez chanteront leur « Bon anniversaire ». L’un est de Nîmes. Il a progressé « un monton », cette année. L’autre est un surdoué qui, malheureusement, le sait un peu trop. Peu importe, ce dimanche, et pour 60 Frs, prix unique, le toreo fêtera, « a lo alto » la trentième temporada du Cercle Taurin Montois. Felicidades ! 

 

« MONSIEUR LE PRESIDENT, JE VOUS FAIS UNE LETTRE… »

     On ne sait si Juan Jose Padilla  a des facilités pour écrire…Il ressemble plus à  Curro Jimenez qu’à Boris Vian. On pourrait s’attendre à le voir, avec un tromblon, rançonner les diligences dans quelques défilés obscurs du côté de Ronda ou d’ailleurs. Certain revistero Salmantino en a fait l’expérience, paraît il. Cependant, les regards du torero envers l’homme de loi, hier, au palco de Zaragoza, en disait long sur la littérature qu’il aurait pu lui adresser. Et, sans prendre partie, quant à la forme, on pouvait amplement penser qu’il avait raison, sur le fond.
    
Comment, « un senor », bien habillé, bien coiffé, bien parfumé, peut-il ainsi jouer avec le destin des hommes qui, en bas, combattent la mort, avec leur courage, leur maigre technique, un bout de chiffon et une épée en bois ? Un toro, manso dangereux, a sa lidia, paraît il. C’est écrit dans tous les livres. Encore faut-il que le Président, première autorité dont dépend le bon déroulement de la course, ne s’en aille pas saboter le combat en écourtant les piques, en n’ordonnant pas les banderilles noires. Qui est plus apte à savoir par quel bout il faut ronger  cet os ? Le « gominé » d’en haut, ou l’ébouriffé d’en bas ? Qui se joue la peau, et celle de la cuadrilla ? Qui va devoir s’appuyer une demi tonne de traîtrise ? Bien sûr, l’erreur est humaine, et un président a, aussi, le droit d’être daltonien, mais accumuler deux grosses erreurs en deux minutes, relève du carton rouge, direct. Mais comme il est daltonien… vous devinez la suite, et l’on continuera à voir « el tal senor » présider au palco de Zaragoza.
    
13 octobre – Zaragoza
– 8ème de Feria – Presque plein : Les Cebada Gago impressionnent. Ils sont différents. Souvent bien présentés et pointus, ils ont cette personnalité qui fait que, toujours, on sent que « quelque chose va se passer ». Parfois, l’un d’entre eux sort noble. On a, alors, une formidable « machine à charger », qui a fait briller plus d’un torero. Cependant, beaucoup sortent méchants, avec des regards en-dessous et des uppercut du gauche, très loin de la conception que l’on a du « noble art ».
    
La corrida de Zaragoza fut de ce tonneau, et, à part le troisième, tous manifestèrent du sentido et de la violence. Toros mansos avec un grand chef de bande, « Junillerito », 485 Kgs de sournoiserie pure, impossible à piquer. Toro qu’il fallait banderiller de noir, tordre en bas et tuer, sans se poser de questions. Le président mit tout le monde en danger, en arrêtant trop tôt le tercio de piques, et en ne condamnant pas le spadassin aux banderilles de châtiment. Très mal. Le cinquième se blessa dans la larga a portagayola de Liria. Sortit alors un Occitania qui, lui aussi, joua les bandits des monts d’Auvergne.
    
Face à cette bande de loubards, il faut  tirer un grand coup de chapeau aux diestros. Vaillamment, avec leurs moyens, avec leur technique du style « on rentre dedans, on réfléchit après… », Tato, Liria et Padilla ont tout donneé, au point de friser le gros danger, et voltiger parfois. Corrida très dure, que le public ne perçut pas complètement, exigeant beaucoup, en particulier du Tato. Corrida d’honneur, où, poussés par Padilla, au troisième, les deux autres toreros partirent bravement s’agenouiller à la porte du toril, Liria s’offrant même le coup double. Tato sauva sa feria, en s’accrochant, un peu brusque, un peu raide, mais en tuant vite et fort, en particulier le quatrième. Il coupa une oreille du toro d’ouverture – Liria s’est battu comme un chien, mais il est temps que la saison finisse. Deux  vueltas au deuxième, après une entière basse. Un oreille du cinq, brindé à toute son équipe. Ses deux toros l’accrochèrent, sans mal, heureusement – Padilla a touché la « bonne brute » et le truand. Vuelta au troisième, après une prestation musclée mais torera, et déroute compréhensible face au terrible de service. Il est vrai, que l’on n’est plus habitué à voir sortir de tels énergumènes, ce quoi peut faire perdre le fil du débat à plus d’un président

 

LE « SOMMET » DES VITRIERS…

     Un sommet, mais de quoi? A quoi sert donc de vouloir régenter le monde, quand on est incapable de régler ses propres affaires, quand on est incapable de régler proprement la libre circulation des citoyens paisibles dans leurs propres rues, quand on est incapable d’empêcher une bande de voyous d’aller casser les vitrines, brûler les voitures, souiller et démolir les monuments aux morts ? A quoi cela sert il de jouer les grands « qui feront tout, et plus encore » (ce qui est relativement « abracadabrantesque », puisque, si on a  vraiment « tout »fait… que peut on faire de plus ? et, si on fait « plus », c’est que l’on avait pas « tout » fait…). Mais, déjà, on range les costumes et l’on s’en va parader ailleurs, vers d’autres sommets, vers d’autres « nous ferons tout ! »…
    
A Biarritz, la pluie discontinue efface les derniers « interdit » et « réservé ». Enfin, les personnes âgées, les jeunes surfers et les amoureux de tour âges, pourront reprendre leur ville, leurs vagues, leurs bancs. A Bayonne, un maire essaiera de décolérer. Il avait prévu, il avait annoncé, dénoncé… Aujourd’hui, à Bayonne, on balaie les derniers bris de glace, on essaie d’oublier les derniers cris de haine. Bayonne, la Basque, essaie d’oublier ces basques qui le sont si peu… A Bayonne et Anglet, s’ouvre « le Sommet des vitriers » ! Un métier et une corporation qu’on admire, mais qu’on aimerait voir s’illustrer en de meilleures occasions.
    
La planète taurine est tout aussi  replète de « il n’y a qu’à ! » et de «faut qu’on !». Malgré les règlements édictés, malgré les mesures émises par quelque fonctionnaire « en mal de cachets ou de coups de tampons »,  on  continue à errer dans ce sable mouvant qui laisse tout le monde, les bras ballants: la faiblesse des toros dits « de combat », on continue à afeiter allègrement, et, comme « là-haut », on continue à préfabriquer, artificiellement un avenir de dupes. L’Europe pataugera… et la tauromachie coulera ! Vraiment pas de quoi "casser les vitres".
    
14 octobre – Zaragoza
– 9ème de feria – presque plein: Corrida désastreuse de Murteira Grave. La ganaderia portugaise, en qui beaucoup mettent l’espoir de la caste sauvegardée, est victime, dit-on, de la réglementation liée à la lutte contre la maladie de la vache folle. Les toros ne peuvent que depuis peu, sortir de leur dehesa lusitanienne, mais, de toutes façons, leurs carcasses défuntes seront incinérées, du côté d’Orense. La corrida de Murteira est sortie très faible, totalement décastée. Le quatrième a été remplacé par un « Occitania », manso difficile. Une corrida qui pose de nouvelles questions, inspire de nouvelles craintes. Si les Victorinos et les portugais tombent aussi… Quoi ? – Luis Francisco Espla « s’est mal conduit »: Pitos y bronca – Eduardo Davila Miura a sorti de bonnes naturelles au cinquième, liées à de longs pechos. Il perdit, peut-être,  une oreille, à cause de l’acier - Reste un torerito d’honneur, de feu, assoiffé d’un meilleur demain : Jesus Millan. « Torerito » de carrure, mais « torerazo » de cœur, le garçon a vraiment tout fait…(et plus !…) pour triompher de deux adversaires couards et violents. Il faillit y perdre un œil, « se contentant » d’une coupure à l’arcade. Il s’est arrimé comme un vrai lion, arrivant à intercaler de longues passes, templées et galbées. Vuelta au troisième; « grosse oreille », au sixième, et, malgré plaies et bosses, le cœur en fête. Grande feria de ce torero à qui, bientôt, certains vont faire les yeux doux.
    
La feria se termine aujourd’hui, avec la corrida de Palha, autre « portugaise » arrivant, précédée de ses trois sorties « françaises » de Aire, Tyrosse et Nîmes. Un bilan, à 70% positif, terni par « l’attentat » de Barcelone. Les Palhas, une sortie à suivre, en espérant qu’ils puissent, avec l’assentiment de tous, « casser la baraque »… 

 

LA RONDE DES ANS…

     Inexorable, le temps poursuit son cours. La pluie, quelquefois salvatrice, emporte la terre, là-bas. Il faudra reconstruire, oublier. Ici, "à l'intérieur", un ministre repart à zéro pour la énième fois. Il sera député, à nouveau, interpellera ses collègues à l’Assemblée, et un jour, redeviendra ministre…  La saison taurine entame sa dernière boucle. Le oliviers de Jaen accueilleront la dernière ligne droite du peloton. A sa tête, un jeune champion « toutes catégories », aujourd’hui au plus haut, « El Juli ». Etoile d’un jour ? Figura  « qui va commander » pendant des années ? Nul ne le sait encore. Le cycle de l’histoire taurine répétera les étapes déjà bien connues : l’ascension vers la gloire, le zénith, la contestation, l’indifférence, le « presqu’oubli ». Un jour arrivera un nouveau dieu qui estompera l’ex-poulbot du toreo. Ainsi va le monde, ainsi va le temps, dans « les toros » comme ailleurs.
     A Zaragoza, la grande toile fuit. Couverte en 88, la plaza a besoin d’un nouveau « préservatif ». Elle fut pionnière, pour protéger les toreros de la pluie et du vent. De nouvelles techniques ont « vu le jour », en le cachant aux trois quarts. Zaragoza devra se refaire une beauté imperméable. La feria s’est pourtant clôturée sur un rayon de soleil, venu du Portugal, auquel s’est réchauffé Ricardo Aguin, un « Molinero » oublié, pourtant capable de triompher totalement, malgré cinq corridas toréées, cette année. Cela aussi, fait partie de l’histoire des toros, de la vie des Hommes.
     15 octobre – Zaragoza – Dernière corrida de le Feria del Pilar 2000 – ¾ de plaza : La corrida de Palha a sauvé la mise à beaucoup de monde: Au ganadero, bien sûr, que tous regardaient, dubitatifs, car la maladie de la vache folle arrangeait bien des gens, d’autant que la veille, les Murteira étaient sortis « à lo loco » ; A l’empresa qui sort gagnante, tant sur le bilan « artistique et taurin », qu’économique ; A l’Aficion qui a, enfin, retrouvé une corrida de caste; Aux toreros qui ont su, pour deux d’entre eux, troquer la blouse d’infirmier pour le vrai costume de lumières…
     Corrida bien présentée, sans excès de poids, elle a eu le dénominateur commun de la bravoure, de la mobilité, de la transmission. Quatre des toros ont été ovationnés à l’arrastre, seul le cinquième faisant mentir le proverbe. Meilleur de tous et candidat au premio de la feria, le deuxième « Barberito ». Sur la lancée et dans l’euphorie des adieux, on fit sortir à hombros le mayoral de Palha. Symptomatique ! le public récompensant des toros de combat qui avaient simplement fait leur devoir: combattre.
     Stéphane Fernandez Meca a démontré qu’il est torero de grandes ferias. Professionnel, lidiador, il fait briller les toros, et le public lui en sait gré. Son premier s’arrêta trop vite, mais la vuelta qu’il donna au quatrième doit lui ouvrir de grandes perspectives pour le « prochain cycle ». (A signaler le saut au callejon du troisième toro, qui y blesse le banderillero Christophe Arnaud : vilaine estafilade au front et gros choc)  - Oscar Higares continue à faire le « yoyo » entre le super et le superficiel. Il laissa passer un grand toro, le deuxième, et tout le monde s’en rendit compte. Ainsi, au fil du temps, Higares continue ses va et viens, sans se décider, sans poser ses malles… tantôt en haut, tantôt en bas – El Molinero était oublié. On le savait torero de qualité, fait pour le toreo « de dulce ». Un des injustement oubliés dans la ronde du « toreo circus ».Une corrida, de raccroc, parce que les figures ne sont pas là… face aux Palha. Alors le torero serre fort les dents et les machos et, presque sans avoir toréé cette année, « s’est « envoyé » deux « tios », dont le dernier, un moustique de 476 Kgs de caste totale, super armé, l’envoya « tutoyer le étoiles », presqu’en travers de la bâche. Un vrai triomphe torero pour Ricardo Aguin, qui coupe « une oreille à chacun », et s’en va, par la porte grande, accompagner El Juli, triomphateur du cyle. Ce triomphe lui vaudra t’il quelque considération. Le temps le dira…  
     15 octobre, dans les autres plazas :  Gregorio Alcaniz n’a pu rééditer sa grande présentation en plaza de Madrid. Cependant, il fut ovationné, devant une novillada de Navalrrosal, de souche Nunez, menée par l’ex matador Andres Hernando. A suivre, ce novillero, frère de Miguel Rodriguez, et révélation de la saison 2000 à Madrid, avec Luis Vilches – Justement, Luis Viches, qui avait fourbi ses armes pour prendre six novillos en plaza d’Utrera, a dû changer le tout pour… un parapluie. Novillada suspendue, tout comme fut renvoyée (au 29 octobre) la non piquée de Mont de Marsan.
     Les toreros préparent l’hiver, la chaleur des Amériques ou la tranquillité du campo. Alors viennent les festivals : Victor Puerto a coupé tous les trophées à Avila, mais c’est le traditionnel festival de Chinchon, organisé par Julio Aparicio, au profit des « Ancianos de San Jose », qui retient toute l’attention . Depuis longtemps, l’image de cet événement fait la pub pour l’Espagne toute entière. Hier, au milieu des vieilles pierres et des charrettes, sous les balcons tendus de couleurs espagnoles, les toreros ont brillé : Bote, Ponce, Aparicio, le novillero Octavio Chacon, le cavalier Francisco Benito ont coupé deux trophées. Miguel Abellan est rentré « à  vide », mais cela ne fait rien, la générosité était là, et quelque part, malgré « la ronde des ans », un abuelito a souri…  

 

ZARAGOZA : L’HEURE DES BILANS ET DES TROPHEES

     17 octobre : La Feria du Pilar 2000 a vécu. Dans les bureaux de l’empresa, on fait les bilans, économique et artistique. A priori, la Feria  sauve une saison annoncée sous le signe de l’imagination et de la communication. L’aficion avait agréablement levé le sourcil devant les cartels préparés au printemps. Hélas, le « toro » avait causé de grosses déceptions.
    
Alors, devant l’absence de certaines figuras (on pense à Jose Tomas), il fut pris le parti de monter un « Pilar Torista ». Le bilan semble mitigé, car les deux vrais llenos de la feria vinrent par la présence d’un torero « El Juli ». Les ganaderias, Victorino inclus, n’ont pas, loin s’en faut, attiré la grande foule. L’Aficion, même à Zaragoza est « torerista ». Cependant, on peut penser que, globalement, et en particulier grâce à la corrida de Cebada, (corrida intense), et celle de Palha (corrida de bravoure et de caste), l’empresa a gagné son pari. Restent des polémiques et des questions : La « cabana Portugaise » ?  Que se passe t’il chez Victorino ?
    
Pendant ce temps, « dans les cercles et les ronds », comme dirait Cyrano, « on fait sonner les vérités comme des éperons », et chacun s’en va de son trophée, récompensant les meilleurs moments de la feria. Les plus importants sont établis comme suit :
« El Juli » rafle tous les trophées au triomphateur de la feria, et de plus, ceux  à « El Arte del Toreo » et au  meilleur quite artistique.
Toro le plus complet : « Virtuoso », 476 Kgs, sixième de Palha, le 15 octobre, lidié par le Molinero
Meilleur toreo de capote : Finito de Cordoba
Meilleure estocade : El Tato
Trophée « Al Valor » : Jesus Millan
Meilleur novillero : Gaspar « Paulita »
A la meilleure brega : Roberto Bermejo
Aux banderilles : Jesus Arruga
Meilleur puyazo : Salvador Herrero, piquero de El Juli.
Mais on récompense également « dans l’autre sens »… Ainsi les Guardiolas remportent le trophée « Miau », attribué à la ganaderia la plus mal présentée du cycle. Une espèce de « Prix Citron » des encornés. Vache ! 

 

« PAROLE , PAROLE, PAROLE… » QUI DONC EST DUPE ?

     17 octobre : Ils causent, ils causent…Ils disent que… Ils signent des papiers. Mais pendant ce temps, les pierres  volent et les chars prennent position. Des mamans pleurent, et pleureront longtemps encore, au Moyen Orient.
    
Ils causent, ils causent… et par téléphone, en plus ! Le sort et l’avenir de ceux qui ont perdu emploi, et parfois, dignité, est justement réglé par ceux qui les leur ont fait perdre. «Accords de l’Unedic ! ! ». Bravo monsieur le ministre, au revoir, madame la ministre…Continuez  à bien parler, à bien nous «brader »….
    
Il causent ils causent… Ils ne signent rien ! Les rues de Bayonne ont retrouvé leur convivialité, mais d’autres rues, plus au sud, résonnent du cri d’horreur, de rejet total, de « haine contre la haine ». « ETA, basta ya ! »… Mais déjà, on arme un autre pistolet, on amorce une autre bombe… Le monde est compliqué. Le monde est fou.
    
Dans les toros, malgré les tractations, les montages, les coups en douce, les mots ne suffisent pas pour arrêter l’Histoire. Malgré les embûches, les hommes sont encore susceptibles de pouvoir, un jour, « montrer qui ils sont », à la pointe de leur épée. Cela prend parfois du temps, mais ici… « El que vale…vale ! »
    
Il a pris l’alternative « d’une seule main », ou plutôt d’un seul bras, et il est probablement le seul qui ne put « lever le coude », pour fêter l’événement. On l’appelle « El Fandi ». La France l’a découvert novillero tremendiste,  batailleur vertigineux. On a surveillé sa convalescence, après cette alternative déraisonnable, mais qui a laissé tout le monde pantois : deux toros, avec un coude fracturé ! Peu à peu, au long de la saison , on a dressé l’oreille : des triomphes partout, dans un rodage précis, montant en puissance. « Ojo ! Este viene fuerte ! ». Ici, les paroles importent peu. Seuls les actes comptent, et, même dans un vieux costume de location  aux broderies en deuil, le courage est d’or, la toreria, de lumière.
    
Attention au Fandi ! Il est complet, spectaculaire, et sait aussi toréer lentement. Il banderille dans toutes les positions, alliant puissance vista et imagination. Voilà maintenant qu’il fait la lopesina, plus calme qu’el Juli soi-même… David Fandila… Ojo con este !
    
17 octobre : Jaen – 1ère corrida de feria – un petit tiers de plaza : La corrida de Marcos Nunez est sortie correctement présentée, mais « con guasa ». A part le bon sixième, des toros décastés, durs, regardant par-dessous, faisant semblant et « s’arrêtant au milieu », vous laissant « tout nu »...Difficile ! Espla l’a vite découvert, qui s’est fait déchirer la chaquetilla, par un hachazo du premier. Ca, par exemple ! Alors, pour le restant de la course, on fait jouer « le métier », et on s’en sort applaudi – Padilla  fit ce qu’il pouvait avec un premier qui ne se livra jamais. Il se battit comme un fauve, avec le cinq qui le prit vilainement au cours de la faena. Commotionné, blessé à l’arrière de la cuisse droite, Padilla revint, tua le bicho, et coupa deux oreilles – David Fandila « El Fandi » a marqué un « gros bon point » dans une feria « dont on parle ». Le troisième venait comme un obus. Il eut le mérite de « rester là », et il lui coupa une oreille. Le Fandi habituel ! Par contre, les deux trophées du bon sixième sont dus à une faena templée, cadencée, toréant « gustandose », élégante. Surprise sur les banquettes. Les vieux revisteros se frottent les yeux, les plus jeunes retournent à leur cossio ! Monsieur Zabala de la Serna  va devoir regarder plus haut que la ceinture. Aaaahhhh ! Du coup, pas de resena dans ABC ! Bon ! Plaisanterie à part, le Fandi a marqué un point important, ce 17 octobre, et a bien choisi son jour pour franchir un pas de plus vers la gloire et la richesse. Le 17 octobre est le jour « du refus de la misère ». Mais là-aussi, souvent… Parole, parole, parole…

 

LES ENFANTS DE « ANDEX » ONT DEJA SOURI

     Dans leurs yeux, la souffrance et parfois, le « pourquoi ? ». Ils sont malades, très malades. Ils sont courageux, très courageux. Alors les hommes «d’or et de lumières » vont faire pour eux, ce qu’ils savent le mieux : toréer. Malgré don Eduardito qui maugréé sa vengeance dans son petit bureau, Curro et Morante vont toréer dimanche, à midi, pour les enfants de ANDEX. Le Festival sera télévisé en direct. La plaza sera moins prestigieuse que la Maestranza… Que Importa ! La « plaza du cœur » est bien la plus belle…
    
Déjà, la lutte pour apporter des aides à cette association a eu de bons résultats, tant sur le plan financier que celui du cœur, du sourire, du « on est avec vous ». Le concours d’acoso et derribo de samedi, au Rocio, a remporté un franc succès. De grands noms de la tauromachie se sont donnés sans compter, galopant, toréant  à campo abierto, se multipliant avec, au fond des yeux, le sourire de la générosité. Muy bien ! Toreros… 

 

« C’ETAIT UN PETIT TORO… »

     Hier , en plaza de Jaen, Enrique Ponce, champion toutes catégories des « gracieurs » de toros, vient d’obtenir son 22 ème indulto. Magnifique résultat qui rend admiratif, et à la fois dubitatif.
    
La grâce de ces toros est elle-due à leur bravoure, à leur force, à leur caste et fiereza, ou au contraire, doivent-ils la vie sauve à la douceur de la muleta de Ponce, à la légèreté de son toreo, et à la noblesse avec laquelle ils ont élégamment dansé avec lui ?
    
En aucun cas, il ne s’agit ici du procès du torero de Chiva. On est, au contraire, tout heureux de le voir répliquer avec honneur et talent  «au jeune freluquet » de Juli qui ose vouloir lui  « piquer le trône » de N°1. Mais le problème des indultos demeure. Toros graciés après un puyazo, toros que l’on a « soignés » au cours des deux premiers tiers, afin de les garder pour la muleta; toros qui sont parfois tombés, pendant la lidia, ou, pire encore, pendant la faena; toros qui ont manifesté une candide noblesse, laissant le matador aller au bout de son répertoire, jusqu’au mouchoir orange salvateur (« ouf, je ne savais plus que lui faire ! »).
    
Toros graciés : l’événement, certes…mais pour quel avenir ? Soignés, requinqués, ces toros vont s’en aller de par les vertes prairies, faire leur office d’étalon. Le rêve de tous ! pas vrai, messieurs ? Oui mais voilà ! Les vaches le voient arriver, le naseau frétillant, et notre fier macho, qui s’était déjà cassé la figure au premier puyazo, finira, à tous les coups… « sur les rotules » !
    
 « Indulto de los toros », oui, mais quel toro ? et pour quel lendemain ? A une époque ou les toros tombent et tombent, dans une tauromachie où l’on a parfois troqué le costume de lumières pour la blouse d’infirmier, on gracie un toro, petit, mal présenté, faible. L’euphorie d’un jour ne risque t’elle pas de contribuer à la décadence finale ? On en reparlera dans quelques années…
    
18 octobre – Jaen – deuxième corrida de feria – lleno: Il s’appelait « Vendaval ». Né en octobre 96, il portait le numéro 72. Ce « poids  mouche » de Jose Luis Pereda  (445Kgs) ne savait pas, en sortant, qu’il allait tomber entre les mains d’un grand torero, Enrique Ponce.  Lui, il a essayé de suivre chacun de ses appels. Il a bien trébuché, après la seule pique… il s’est bien couché, une fois, en début du trasteo… Mais après, la douceur et la profondeur de la muleta du valenciano l’ont à la fois convaincu et aidé. Alors, il a suivi, a répété, le muffle bas. Le matador, ravi a cligné de l’œil , et le public a fait le reste. La corrida du 18 octobre 2000, en plaza de Jaen, est donc marquée par l’indulto, la grâce du deuxième toro de « la Dehesilla », de Jose Luis Pereda, qui boucle en beauté une terne temporada, pourtant débutée en fanfare, par un autre indulto, celui de « Culito », par le Finito, le 28 février, en plaza de Huelva. Deux oreilles et la queue, symboliques, pour Ponce qui, sur sa lancée, coupera deux trophées au cinquième, battant ainsi ce jeune insolent de Julian… « El Juli », en effet, n’accompagnera son ainé qu’après s’être démené, face au dernier, pour lui arracher deux oreilles. De son côté, Curro Vasquez a magnifiquement toréé le premier torito, avec une oreille à la clef. Mais le public n’a pas du tout apprécié sa façon « de ne pas faire », face au quatrième, plus compliqué. La bronca, au final, s’est accompagnée de « lancements » divers,  à la sortie, totalement déplacés . La corrida de Pereda  s’estr composé de trois petits, faibles, et de trois plus corpulents, plus compliqués. Mais au milieu, un noble, du nom de « Vendaval » qui a tellement soufflé, qu’on lui a sauvé la vie… Maintenant, ce « coup de vent » devra, pour faire honneur à son nom… s’envoyer en l’air !

 

« DORMEZ TRANQUILLE, DON ESTEBAN »…

     Quelquefois, les photographes, dans le callejon, jetions un œil amusé, en nous poussant du coude : « Eh ! regarde Chapresto ». A quelques mètres, un vieil homme s’était endormi sur ses appareils… peut-être parce que trop vieux, peut-être aussi parce que la corrida se traînait lamentablement. Pourtant, nous l’aimions bien, et on avait plaisir à batailler avec lui. Il répondait avec gouaille et avait toujours une anecdote, poussiéreuse, à raconter, du temps de Picasso, du temps de Montmartre.  Esteban Chapresto est décédé mardi soir, 17 octobre 2000 dans sa Logrono natale. Né en 1921, il était un des aînés de la photograpie taurine. 79 ans, peut-être plus « bon pied, bon œil », depuis la disparition de son épouse, mais un personnage attachant, et un aficionado de première, qui avait fixé sur la pellicule, les grands moments de la tauromachie « du nord », depuis 1940. Cet historien par l’image a illustré les pages des grands « semanarios taurinos » qu’étaient « Digame » et « El Ruedo », puis, plus récemment, « Aplausos ».     Dorénavant, dans les callejons, on ne regardera plus sur le côté, mais « vers là-haut »… Dormez en paix, Don Esteban !

 

«VIVRE D’EAU FRAICHE ET DE SOUVENIRS… »

    « Faut plus boire… » D’abord, parce que c’est mieux pour la santé, ensuite, parce que nous aurons bientôt besoin de toute notre tête pour retrouver sur vidéo, sur DVD ou autre internet, les sensations, les émotions qui nous sont désormais comptées, dans la plaza. 
     Monter au tendido, avec « deux ou trois claretes » pour vous caler les amygdales, cela gênait parfois les voisins, mais finissait souvent par de grands abrazos, tandis que triomphaient toreros et ganaderos… Aujourd’hui, on cherche en vain la formule pour retrouver ce picotement intérieur qui nous disait que l’on était en train de « vivre l’Historique » : Un grand et fier toro, chargeant gueule fermée et mufle en bas, sur tout ce qui bouge… Un torero « sur un nuage », dessinant de lentes arabesques, comme dans un rêve au ralenti. Moment magique où Aficionados et néophytes se donnent la main, partageant la même émotion, celle du beau, du grand, du vrai…
     A Las Ventas, le feria d’automne a sonné le glas de la dignité ! A Zaragoza, les Victorinos  ont baissé pavillon, sous les yeux éberlués des aficionados ! A Jaen, on a gracié un toro, petit et faible, parce qu’il a été brave en un puyazo, et noble dans un muleta savante. A Jaen, hier, on a sorti une corrida totalement imprésentable. Et personne ne dit rien, ne fait rien. Cependant, le prix des entrées monte plus vite que le pétrole. « Et ça continue, encore et encore… » dit le poète, « c’est que le début, d’accord, d’accord ! »…
     En France, on râle, on coupe en quatre les quelques cheveux qui nous restent, on tape du pied, en fin de corrida. Mais, à n’en pas douter, c’est encore ici que l’on essaie de faire les choses au mieux. Des fois, c’est limite, des fois, « cela sort mal »… Normal !  Mais, il n’y a pas, espérons-le cette volonté partagée, cette complicité totale dans l’escroquerie, du ganadero au torero, de l’empresa à l’Autorité « gobernativa », des vétérinaires au président, de faire prendre pour des lanternes, quelques vessies « rustinées » .
     « Eso se va pabajo ! ! ! ». Notre génération, à ce train-là, verra la fin des corridas, et les costumes de lumières termineront leur brillante carrière au Châtelet, dans quelqu’épisode d’espagnolade  tournoyante de Francis Lopez, sortie de la naphtaline. A nous, il ne restera que les souvenirs : La beneficencia de 70, où Camino lidia « totalement sept toros » ; la « corrida du siècle », en 82 : Ruiz Miguel, Espla, Palomar et les Victorino… ; l’empoignade de Rincon et « Bastonito », à Madrid, en 95, dont les images nous font sursauter, encore aujourd’hui… C’était vraiment « la Fiesta Brava… »
     A l’automne de la temporada, « l’âme…a du vague » … Les bilans seront durs, cette année, catastrophiques, pour certains. Les toreros auront tous obtenu leur brevet de secouriste, et seront devenus les infirmiers les mieux payés au monde…Maigre consolation. Non vraiment, il y a de quoi aller noyer son chagrin… « Garçon, s’il vous plaît…un autre clarete !… »
     19 octobre – Jaen – 4ème corrida – un gros quart  (ou un « petit tiers») d’entrée : Corrida totalement imprésentable de Guadiana. Complicité totale du ganadero, de l'empresa, de l’Autorité et des toreros. Lamentable pantomime et grande partie de roulades en tout genre…le toros  s’écroulant au moindre souffle de muleta. Victor Puerto a coupé deux oreilles au cinquième. Grand bien lui fasse ! Tato a essayé de relâcher ses muscles devant le quatre. On lui a donné une oreille pour cela. Quant à Davila, sa faena au Cuvillo de Séville est bien loin , enfermée dans les souvenirs. « Tiens, si on se la repassait au vidéo… Garçon, tournée générale ! »

 

DEUX OU TROIS PETITES CHOSES ENCORE,  PUIS…AU SOLEIL ! ! !

     20 octobre : La temporada européenne tire ses derniers feux. Beaucoup d’artifices, cette année, de poudre aux yeux, de « voyez comme cela va mieux ! »… Bien non, cela ne va pas mieux, ni mucho menos !
    
Les espoirs que l’aficionado avait, après les premières ferias, se sont dilués, répandus sur le sable, en même temps que les toros de l’An 2000. Les bilans vont maintenant pleuvoir : Numéros extra des grands hebdos taurins, éditos, statistiques de toutes sortes. Il seront faits honnêtement, certes, avec toutes les techniques les plus pointues, au service de l’image finale, résumé d’une saison échue, traduite en deux mots : « descastamiento total »…
    
Demain , à Jaen, un torero de « plus de 60 ans » va toréer une corrida « actuelle ». A t’il peur pour lui ? Sans doute, et c’est bien normal. Mais bien plus peur encore que « les toros ne servent pas »... Chapeau, monsieur Antonete ! Nous admirons, vous souhaitons grande chance, mais, en même temps, considérons que « quelque chose ne va pas, ici », et qu’il n’est pas normal qu’un monsieur, un grand monsieur, de votre âge, soit aujourd’hui « à l’aise » devant un toro. Cela signifie deux choses : Ou l’homme est exceptionnel, et c’est peut-être le cas, ou alors, que le toro n’est plus rien ; que sa caste, sa fiereza, ses forces brutes ont à tel point disparu, qu’un Ancien, même avec un « A », peut l’affronter ainsi, en grande feria, à côté des premières figuras actuelles du Toreo. Un peu comme si Mimoun s’était aligné à Sydney et y avait tenu son rang…
    
Bilan des plus sombres. Perspectives des plus grises. On parlera, une fois de plus, d’une « année de transition », mais transition vers quoi ? Dieu seul, s’il est aficionado, le sait… et encore ! En attendant, Jaen se termine et, pour changer, ce n’est pas brillant. Vivement que l’on passe à autre chose ! Pérou, Equateur, Venezuela, Mexique et Colombie… histoire d’aller réchauffer nos vieux os ! C’est pour demain… Bon voyage !
    
20 octobre – Jaen
– 5ème de Feria – à peine plus qu’une demi entrée : Economiquement, la feria n’a pas été bonne, au vu des entrées. Samedi 21, ce sera meilleur : Antonete, Ponce et le local Juan Carlos Garcia… S’il ne remplit pas là, le « commandant » Dorado sera dégradé… En attendant, il est encore une fois sorti une corrida de Juan Manuel Criado, cette fois, présentée « limite », fofa, faible et sans aucune race… Les toreros sont venus, ont vu et sont repartis, un rictus amer au coin des lèvres. « Ce sera pour une autre fois ! » Et le pire, c’est que c’est vrai !, en attendant, l’argent des aficionados… c’est pour cette fois-ci ! Tous maso ! Victor Puerto a coupé la seule oreille, pour s’être battu avec le deuxième manso dangereux. Après… rideau ! Finito et Morante « cumplieron ».  Le pire dans tout cela, c’est que l’on arrive à en oublier le danger que représente un toro de combat, même faible, même décasté, même afeité jusqu’aux yeux… Et c’est bien là, « la première des tristesses » ! !

 

TROIS OREILLES A PONCE, MAIS…BRAVO « L’ANCIEN »… 

     21 Octobre – Jaen – 7ème de feria – demi plaza : Antonio Chenel n’a pas coupé d’oreilles, et il a vu ses jeunes collègues, Enrique Ponce et Juan Carlos Garcia, sortir a hombros… Cependant, Antonete a réalisé l’exploit de la journée en « retournant le public » furibond, après que son picador ait terriblement châtié le quatrième toro. La faena débuta sous les sifflets, mais une trinchera et une grande série de naturelles provoquèrent l’ovation. Le vétéran continua son trasteo, certes inégal, mais parsemé d’éclairs du « Toreo de toujours ». On ne pouvait attendre une formidable estocade «atracandose de toro », et malheureusement, les trophées s’envolèrent. Peu importe, Jaen venait, encore une fois, de passer un bon moment de toreo. Le reste de la corrida fut « normal » : Les Toros de Jose Luis Marca furent bas et « peu pointus » et Ponce confirma sa facilité coupant trois oreilles, presque sans se décoiffer. Juan Carlos Garcia toréa, pour une fois, du facile, et régala ses supporters. Un peu long au premier, il entendit deux avis, mais estoqua bien le sixième. Oreille au deux. Antonete a, encore une fois, marqué la feria de son empreinte ; Enrique Ponce en est le triomphateur, mais il n’empêche que « Jaen 2000 » aura brillé par une présentation douteuse du ganado et surtout, des entrées des plus réduites. Antonete (avec le souvenir du « faenon 99 »), Ponce, le N°1 et Juan Carlos Garcia, le « torero de la Tierra », qui ne remplissent qu’à moitié… voilà qui ne laisse que peu d’espoirs à l’empresa actuelle. Le commandant Dorado, risque de devoir passer avant peu… « au plateado », et peut-être même… « à l’azabache » ! A suivre.
 

DEMANDEZ LE PROGRAMME !

     22 octobre : La saison se termine. L’actualité se tournera, maintenant, « vers le nouveau monde » . « Toros 2000 » vous tiendra informé des grands moments de la saison « Américaine », bien sûr. De même, on pourra suivre les préparatifs de la saison 2001, en Espagne et France. Dès la semaine prochaine, on attaquera les bilans. Le temps de compléter certaines rubriques « déficitaires », nous ouvriront de nouvelles pages qui, si vous êtes aficionado, vous intéresseront. Mais, chhtt ! on en dit pas plus ! Bon dimanche !

 

CURRO S’EN VA… LE DUENDE AUSSI…

     22 octobre : Ce que sont les choses… La temporada s’en allait. A Madrid, on fermait le porte. Jaen venait, en dernière minute, de fêter les rejoneadores. En France, Joël Matray toréait sa dernière. A Lima, au Pérou, il faisait frais, et Rafael de Julia avait coupé une oreille en plaza de Acho. Dans les rédactions, tout le monde se demandait « ce qu’on allait bien pouvoir raconter »…
     On avait bien ouvert le poste de télé, à l’heure de l’apéro, mis une cassette au magnétoscope, « au cas où... », et suivi d’un air distrait le festival de La Algaba. Le soir, on avait allumé la radio… on écoutait « Clarin », en faisant autre chose… La routine de l’aficionado, un soir de fin de temporada …
     Et tout à coup, l’événement, une page entière de l’Histoire qui tremble un peu, avant de se tourner. Sur le coup de 22h15, Fernando Fernandez Roman devise joyeusement avec Curro Romero, au sujet du festival de Andex, des toros qui ne servent pas et des activités hivernales du Faraon de Camas. On parle « dominos » (Curro en est grand joueur), on parle « golf ». On l’entend rire. Puis, tout à coup, l’intonation change « Je suis chez moi, seul…j’ai beaucoup réfléchi et… je veux vous donner une information… vous dire que j’ai réfléchi et … que je viens de me retirer du toreo… »…
     « Como ? » sursaute le présentateur,  « Si ! je viens, à l’instant de me retirer du toreo professionnel »
     Il n’est pas un palais, pas un cortijo, pas une simple cabane qui n’ait, alors, tremblé sur ses bases. Tout s’est arrêté… Même Sharon Stone, à l’écran, s’est assise, les jambes pudiquement croisées… Alors, les hommes et les femmes ont écouté religieusement les paroles, entrecoupées de sanglots, de cet homme soudain devenu vieux . « J’ai beaucoup médité, j’ai vu aussi la voltereta du Morante, ce matin. Cela peut aussi m’arriver, et puis, je me suis imaginé seul, avec les six toros, et là… ».
     Dans un coin de sa maison, à côté du maestro, le petit duende qui l’avait si bien accompagné, cette année, à Jerez, Badajoz, Malaga (voir : actualité de mai), est resté là, tranquillement, religieusement, et lui a tenu la main…
     Un Torero s’en va, comme ça, un dimanche soir d’automne. Tout comme il surprenait le public en arrêtant soudain ses sautillements pour sculpter la plus belle et la plus lente véronique que l’on puisse imaginer, Curro, là, peut-être en direct, instantanément, a décidé d’arrêter… Passant du rire au sanglot retenu, Curro nous a sidérés…
     Il avait toujours dit qu’il se retirerait un jour, comme ça, sans faire de bruit… C’est loupé ! Mais combien on respecte cet homme qui, malgré ses « comportements divers », face au toro, a toujours porté avec fierté le costume et le nom de Torero, même quand il « sortait a matar, a bajonazo limpio ».. Malgré les broncas, les quolibets, les insultes, les pots de chambre et rouleaux de papier WC; malgré les scandales de Madrid, les sorties houleuses, les fuites par le callejon, Curro  Romero était…est… sûrement, aimé de tous. Aussi, loin des oraisons funèbres et des panégyriques, on lui dira seulement : « Senor ! Ud es una gran persona y un gran torero. Ud « es » Sevilla, y a Sevilla, el mundo entero le tiene respeto y carino. Asi que… »
     Curro Romero est né le 11 décembre 1933. Il a porté son premier costume de lumières, en public, le 25 juillet 54. Alternative le 18 mars 59, en plaza de Valencia, des mains de Grégorio Sanchez et Jaime Ostos. Confirmation le 19 mai suivant, avec Pepe Luis et Manolo Vazquez. Séville et sa Maestranza étaient son jardin. Madrid l’a  vu triompher « au plus haut », et parfois…tomber bien bas. Il a triomphé partout, mais pas seulement qu’au sud… Bilbao, Pamplona l’ont reçu. Le vieux Chofre de San Sebastian a fêté son toreo, en 1973. Parce qu’il toréait relâché, (quand il se relâchait), les toros le prenaient de surprise, et lui firent très mal. Cadiz, La Linea, Zafra, Malaga, Almeria, entre autres, en furent les témoins. Todo un torero…
     Voilà. L’Histoire du toreo vient de tourner une page. Soudain, deux cassettes, video et audio, prennent place aux archives… Un billet aussi : Murcia, 10 septembre 2000, la dernière corrida formelle du Curro de Camas. Dans les rues, dans les cercles, au milieu des volutes de fumée, le même refrain : « Ezo no puede sééé ! No se puede aguantaaa ! ».
     Dans son coin, au son d’une lointaine guitare, le petit duende fredonne à l’oreille du vieux maestro, un air de douceur et de paix…

 

LA PLANETE «  TOROS » S’EST ARRETEE DE TOURNER…

     23 octobre : Comme touchée de plein fouet quelque missile meurtrier, la planète « toros » s’est soudain arrêtée de tourner.. « Se fue Curro ! No puede ser !… ». Curro Romero, en  annonçant sa retraite, dimanche, en direct dans le programme « Clarin », a déclenché la plus grande opération médiatique que l’on puisse rêver. Cela dépasse amplement le monde taurin. La personnalité, le charisme du « Faraon de Camas », cette classe démontrée dans le ruedo, mais aussi « dans la rue », ont fait que tout le monde le connaît et l’apprécie. Alors, tandis que l’on bricole une pitoyable vente d’objets taurins, au bénéfice de Rafael de Paula (comment a t’il pu cautionner cela ?), on prépare à Curro un grand hommage médiatique, qui va débuter mercredi 25 par un « Tendido cero » spécial dédié au camero (Tve2 – 16h 45). Puis, samedi 28, « Informe Semanal » prendra le relais (Tve1 – 21h30)…
     Tous les quotidiens, toutes les revues, ont préparé des pages spéciales et, dans le mundillo, chacun y va de son hommage et de son anecdote.
     Dans les penas sévillanes, on pleure et on s’embrasse. On est à la fois triste, mais heureux de la décision du maestro aimé. Au fond, on redoutait secrètement, le jour où un toro le blesserait au milieu d’une fuite hésitante. On tremblait de peur en songeant à l’instant où l’idole ne pourrait escalader la barrera, restant là, à la merci du toro…et du ridicule ! On avait peur de voir celui que l’on considère comme le plus grand « ne plus pouvoir » avec un toro…Alors, on pleure, mais on est heureux. On va pouvoir, fièrement, vivre des souvenirs, des anecdotes heureuses, des scandales majeurs que l’on racontera en souriant, l’air entendu. « Se fue Curro. Que torero ! Que gran persona ! Pero, oye, cuando pegaba un petardo… ».
     Déjà, les témoignages affluent, traduisant la personnalité, artistique et humaine, du torero de Camas. Celui-ci parle de cette tarde glorieuse du 19 mai 66, quand le maestro s’enferma seul avec six Urquijo, en la Maestranza. Il coupa huit oreilles, et on lui fit donner la vuelta après son toreo de cape au quatrième. Celui-là relate la grandiose «double-sortie » du Pharaon, en 1967, à la San Isidro… 25 mai, Curro déclenche le scandale en refusant de tuer un toro de Miguel Higuero. Trois avis, arrestation, au bloc ! Curro resta « en prison » jusque tard dans la soirée, dans la tension que l’on devine. Puis les choses se réglèrent et la porte s’ouvrit. Curro, magnifique, déclara : « Bon, maintenant, à l’hôtel, une douche et « a triunfar »… » On était le 26 mai, et Curro devait toréer les Benitez Cubero, avec Puerta et Camino. Il toréa, enchanta les madrilènes et sortit a hombros, avec ses collègues. Curro Romero, « cal y arena », en l’espace de 24 heures…Un vrai cataclysme.
     Ici aussi, nous avons un témoignage, une anecdote. Mais, ce sera pour demain…
     En attendant, il est souhaitable d’aller visiter un site qui vaut le détour, celui de Curro Romero. Attention, on doit y faire la queue, à l’entrée, mais on peut attendre, comme lorsqu’on allait le voir, espérant une véronique, un trincherazo…
     Alors, patience, et rendez-vous sur www.curro-romero.com    A demain !

 

CURRO ROMERO : UN PHARAON « GRAND SEIGNEUR »…

     24 octobre : La vague n’est pas retombée. Curro est introuvable. Loin, dans quelque cortijo ou, simplement, au bord de la mer, il doit continuer sa méditation, cherchant quelque sérénité. Avait-il prévu que son annonce allait provoquer  un tel bouleversement dans le mundillo ? Probablement pas. La presse en fait-elle trop ? Bien sûr, mais pour une fois, elle le fait « con carino », avec respect, dignité et aficion.
     A l’heure où l’on pressent le curée des médias au sujet du « champion menteur », hier, provocateur et insultant, aujourd’hui, pitoyable et déboussolé; à l’heure où les images d’archives 98 ressortent à l’écran, martelant le « Je n’ai rien à me reprocher, les coupables sont en prison… »; à l’heure où la France « méprisera autant qu’elle a adoré », le mundillo sera fier de l’image que tous les médias donneront de cet homme si particulier, si simple, et si grand. Et c’est très bien ainsi.
     Hier, nous évoquions quelques anecdotes répercutées dans les éditos et reportages consacrés au maestro. En voilà une que nous avons vécue en direct,  et qui traduit la grandeur du « Curro de Sevilla »…
     26 Avril 1974 – Plaza de la Real Maestranza  - 13 ème corrida de la Feria de Abril  74 : La corrida se terminait. Elle s’était déroulée dans un climat de passion, dû à plusieurs incidents. Tout d’abord, l’irruption dans le ruedo d’un espontaneo très particulier qui se révéla être le matador Pedrin Benjumea. Puis, les deux « antis-prestations » de Curro Romero, qui fut traité de « gambero … que nos roba las pesetas », et j’en passe : deux torchonnades de quelques minutes et deux « bajonazos  de derrière les fagots ». Bref, un petardo !
     Palomo Linares, qui n’était pas très apprécié des sévillans, se vit bruyamment refuser un brindis par le public de la Maestranza. Il fut vaillant et tenta beaucoup de choses pour quelques ovations polies. Le triomphateur du jour fut sans conteste « Paquirri » qui coupait une grosse oreille du troisième Nunez, après une estocade « recibiendo ». Il faillit bien rééditer l’exploit devant le sixième, mais cette fois, l’épée lui joua un sale tour, et le torero de Barbate dut se contenter d’une grande ovation.
     Alors, la corrida terminée, arriva le moment de la sortie des toreros. Palomo, tout d’abord, timidement applaudi. Le public était là, debout. Il n’avait pas bougé. On attendait « la sortie de Curro». Celui-ci restait à l’entrée du burladero, comme absent…
     L’ovation, alors, éclata, en l’honneur de Paquirri, qui, à son tour, traversait le ruedo, vers la sortie. Arrivé à mi-chemin, les bravos  diminuèrent  et se transformèrent, d’abord en une rumeur, puis en sifflets adressés au vaincu. Curro Romero, venait de bouger…d’entamer son chemin de retour, que l’on prévoyait « houleux »… Paquirri alors, s’arrêta, se retourna et, d’un geste, invita Curro à sortir avec lui, évitant ainsi la bronca majuscule. Le Pharaon, refusa de la tête, et s’arrêta, sous les sifflets et les in jures. Paquirri, arrivé à la porte du patio, sous l’ovation finale, se retourna encore une fois…Nouvelle invite à Curro Romero. Nouveau refus. Un sourire malheureux aux lèvres, Francisco Rivera quitta le ruedo sous les bravos. Curro Romero était seul…
    La cape de paseo pliée sous le bras, très droit, très digne, le torero de Camas entama très lentement la traversée de l’arène. Dès ses premiers pas, la bronca fut assourdissante. Puis, les protestations faiblirent, peu à peu, tandis que Curro, toujours aussi seigneurial, arrivait au centre du ruedo… Puis, le silence. Et, soudain, un spectateur applaudit, puis un autre, et d’autres encore. La plaza, bientôt ne fut qu’ovations pour Curro qui arriva à la porte du patio et salua le public, très respectueusement… Le lendemain, dans la presse, un revistero écrivait : « pour un peu, il aurait pu donner la vuelta »…
     Tel est l’homme, tel est le torero, telle est la passion qu’il provoqua, la haine parfois, mais surtout l’amour immense de tout un public. On allait voir « Curro ». Il était mauvais, ce jour-là…Bon ! Il était bon… « Non monsieur… il a été génial ! ». Le Curro des grandes passions, fut avant tout, un grand monsieur, dont l’image ne va cesser de grandir, au souvenir de ses « hauts faits »… Déjà dans toutes les penas, les clubs taurins, mais aussi, dans toutes les rédactions… sentez ! « Huele a romero ! ! », cela sent le romarin….

 

LA VERITE DU TOREO

     25 octobre : A Lille, à la sortie du tribunal, un père tient son enfant par la main. Ensemble, ils s’approchent d’un dieu déchu, et l’enfant, timidement tend un papier, l’espace d’un autographe. Le rêve continue, presque un cauchemar.
     « On s’en fout, laissez-nous rêver ! » crachait un supporter, lors du fatal Tour de France 98. Peut-être l’homme d’hier, à la sortie du tribunal, était-il celui-là. Aujourd’hui, son propre fils exhibera fièrement la signature du mensonge, de la tricherie, du vol, de la forfanterie, de la forfaiture. Aujourd’hui, à 10/12 ans, il saura que l’on peut être « quelqu’un » en méprisant les autres, en foulant du pied leur fidélité et leur amitié. « On vous crache à la figure… et vous en redemandez ! ». Pas grave, pas de quoi en faire un plat. Cela existe partout ! Vraiment partout… Peut-être ! Mais cela existerait moins déjà, si des pères n’emmenaient pas leurs enfants « flatter les voleurs de rêves… »
     Dans le monde taurin, malgré les maux qui l’accablent, restent encore un adage et un mot : « Le toro remet toujours les choses à leur place »… Quant au mot, c’est « Pundonor ».
     Certes il peut y avoir magouille, certes, le toro peut être « manipulé ». Certes, il faut souvent « payer pour toréer »… Mais toujours, à un moment ou un autre, le destin est là qui ouvre ou ferme les portes, et son instrument, son juge de paix, est le toro. Afeité ou pas, diminué ou pas, le toro sort pour se défendre et faire mal. Afeitée ou pas, sa corne blessera, et provoquera peut-être plus de dégâts, parce que moins précise. Décasté, il se livrera moins, calculera ses coups, mesurera ses charges. Alors, face à cette force brute, l’homme, tout petit, tout à coup, se transforme en géant, quel que soit le jour, où que soit la plaza. « Pundonor », ce mot qui hérisse le poil et le cœur, qui coupe le respiration. Blessé, moulu, la peur au ventre, le torero fait face et revient, au point que parfois, surpris, le toro recule. Secoué, sanglant, le torero se relève toujours, échappe à ses sauveteurs, court reprendre son épée, et ne s’évanouira qu’après avoir abattu son adversaire. Haine ? Non…pundonor !
     On n’a jamais acheté une sortie a hombros à Madrid. La Puerta du Principe ne s’ouvre pas à coups d’EPO… Ici, on meurt vraiment, ici on se trompe, si on « dépasse la ligne »… Ici, vedette ou débutant, on vit la même solitude, la même attente, la même exaltation, le même rêve. Aussi, les yeux de celui qui triomphe sont ceux d’un enfant. Et les témoignages qui affluent après la sortie de Curro Romero le confirment amplement. Malgré toutes les reculades, les fuites, les bajonazos à la sauvette, le torero de Camas illustre au plus haut « la Verdad del Toreo ». Et cela, oui, vaut bien un autographe.

 

UN ANDALOU RENTRE DANS LES ORDRES…

     25 octobre : Savoureuse entrevue de « El Andaluz », chez les copains de « corrida.net ». Celui qui fait partie de l’histoire taurine française, celui que l’on adore ou qui agace, Manuel Amor Antunez, avait un rêve, depuis toujours : devenir Sastre de toreros. Sans rien connaître à la couture, ayant appris sur le tas, à force de démonter des vieux costumes de banderilleros, et les avoir « requinqués », par des artifices de ménagères ; ayant percé le secret de quelque fameux tailleur madrilène en se faisant passer pour un étudiant ; ayant bataillé ferme pour concrétiser son rêve, el Andaluz ouvre son atelier, et travaille désormais dans le satin réservé aux évêques… Toute la famille s’y est mis, et un costume est « livrable »  en  15 jours/un mois. Trajes de luces, capotes, muletas, trajes camperos, et autres ustensiles nécessaires au torero, peuvent désormais s’acheter à Nîmes. Seule, la sortie « a hombros », n’est pas garantie. Il n’y a pas encore de « toreria » en boîtes…ou en injection.
     A suivre, la sympathique initiative de celui qui a concrétisé son rêve, et en sera le meilleur représentant de commerce, puisqu’il portera ses productions, quelques années encore, dans les ruedos de France et de Navarre. « Andaluz » devient le septième sastre de toreros, au monde. L’interview ne dit pas comment il accueillera le prochain étudiant qui entrera chez lui, pour étayer sa thèse… Bien, sûrement, même s’il devient « le huitième ! ».
     « El Andaluz » - « Sastre de Toreros » - 44 Bvd Victor Hugo  - Nîmes – Tel : 06 83 87 63 82, ou 06 88 22 74 73. Qu’on se le dise !

 

UN MONUMENT A LA GLOIRE DE CURRO

     26 Octobre : C’est fou ! Celui qui, distrait ou occupé ailleurs, n’allume sa télé que mercredi dernier, va immédiatement penser, en tombant sur les deux émissions spéciales consacrées au Pharaon de Camas : « Pas possible, Curro est mort ! » Imaginez une panne de son, tandis que défilent les images, et on ne peut penser qu’à cela. Images « embrumées » de larmes, rétrospectives en noir et blanc, portrait fixe de Curro dans un coin de l’écran, tandis que sa voix psalmodie quelques phrases ; témoignages emprunts d’émotion… Tout y est. Et celui qui débarque du pôle, sans avoir entendu le « Clarin »de dimanche… « a ese le da un patatus ! »
      Et voilà que Séville « en remet une couche » en prenant la décision d’ériger, de son vivant, un monument à Curro, à l’entrée de la Maestranza. Certes, Ronda en fit de même à Antonio Ordonez, mais il était retiré depuis un moment et cela faisait partie d’un hommage  global à « la famille torera rondena ». De même à Salamanque, en souvenir de « Sa Majesté El Viti »
     Ici, très sérieusement, le Maire de Séville vient d’annoncer cette décision et trois projets ont déjà été choisis, qui vont être étudiés par une commission, composée de professionnels, d’artistes, de journalistes et d’aficionados. Cette commission se réunira prochainement et donnera sa décision, immédiatement mise à exécution.
      Les trois projets en lisse sont les suivants : Un desplante, classique, de Curro, muleta en main, œuvre du sculpteur sévillan Luis Alvarez Duarte ; Une demi véronique du pharaon, elle aussi très personnelle, ayant pour auteur l’artiste Sévillan  Sebastian Santos. Le troisième projet représente Curro donnant la vuelta, un brin de romarin à la main. Image classique, dont l’auteur, le sculpteur  Luis Sandino, a un énorme talent, mais aussi un gros handicap… il est madrilène ! En voilà un qui est « mal parti ! ». Verdict, début novembre.

 

CANALES RIVERA, MIS EN EXAMEN…

     26 octobre : On regrette souvent les moments de « superbe » des toreros, qui les grandit souvent, mais leur vaut également quelque problème avec l’Autorité. Quelques exemples parsèment l’Histoire : Miguelin, qui saute dans le ruedo madrilène, en civil, et va chatouiller les oreilles d’un toro du Cordobes, en pleine faena, durant la San Isidro 68. Palomo Linares,  en 76, désespéré par la haine à son égard de l’Aficion madrilène, (qui ne lui pardonne pas « el rabo de 1992 »), qui, ayant tout essayé, n’a d’autre recours que de se jeter dans les cornes du toro, cherchant volontairement la blessure. Les « glorieuses débandades » de Paula ou de Curro, refusant de tuer un toro… Autant de manifestations douteuses, risquant de provoquer le désordre public (et ça, l’Autorité n’aime pas !), mais qui traduisent aussi la fierté de celui qui porte le costume de lumières : « Soy torero… »
     On vient d’apprendre que « la Junta » d’Andalousie, vient d’ouvrir une enquête visant à mettre ne examen Jose Antonio Canales Rivera, pour son attitude en plaza de Montoro, le 8 octobre dernier. Le cinquième toro était très brillant, et le public en demandait, avec insistance, l’indulto. Se retranchant derrière le règlement (par ailleurs consciencieusement foulé aux pieds), la présidence refusa la grâce du toro. Le matador, alors, continua de le toréer, sous les ovations, jusqu’à ce que sonnent les trois avis. On rentra le toro, vivant, au corral, et le public, en fin de corrida, emporta Rivera « sur les épaules », en une sortie glorieuse. Provocation, désobéissance publique, le torero risque de payer cher « son moment d’orgueil torero ».

 

CHIFFRES A L’APPUI… LE BILAN 2000 !

     27 octobre : Au « royaume » des statistiques, la tauromachie n’échappera pas à l’analyse chiffrée de sa « Saison 2000 ». Certes, il est important d’avoir une vue globale de la temporada, et les grandes tendances nous y aident. Cependant, le quantitatif est une chose, le qualitatif, une autre…
     Tant de corridas, tant de toros sortis, tant de toros lidiés…Combien ont servi ? Combien « n’ont pas dépassé les premières foulées » ? Combien de vrais braves, en trois puyazos ? Combien de « faltos de casta » ? « sin raza » ? « Flojos, que los toreros tuvieron que cuidar » ?, toutes ces expressions qui traduisent la faiblesse, le manque total de race, qui transforment les matadors en infirmiers… Combien, en 2000 ?
     Mais, s’il ne faut rester qu’au quantitatif, voici quelques chiffres qui traduisent le bilan de cette saison, en Espagne et en France (Chiffres qui devront être confirmés par les autorités) :
    
En Espagne : 919 corridas, contre 941 en 99 (à la baisse)
        
                   732 novilladas, contre 626 en 99 (à la hausse)
                       
    
378 de rejoneo, contre 384 en 99 (pratiquement à égalité)
     Ce qui donne, pour l’Espagne, un total de 2029 spectacles « majeurs », pour cette année, contre 1951, l’année dernière, cette augmentation étant due aux novilladas, dont le nombre a spectaculairement grossi, pour des raisons diverses, qu’il faudra analyser, mais qui ne disent rien de bon. En général, les novilladas augmentaient quand il y avait, en haut de l’escalafon, une ou deux figures qui attiraient le monde, et tiraient le tout, vers le haut. Ce n’est pas le cas, aujourd’hui.
     En France : 77 corridas, contre 73 en 99 (un rien de moins)
      
                  
40 novilladas, contre 58 en 99 (beaucoup moins)
                     
   
15 de rejoneo, contre 13 en 99 (igual, casi !)
     Au total, 132 spectacles, en France, contre 144, l’an passé. Ici, la baisse est due à la gestion sage des organisateurs : la novillada n’attire pas le public…encore moins s’il n’y a pas de novillero vedette, d’espoir taquillero. Aussi, on ne fait plus, parce que l’on n’a pas assez « les reins solides » pour monter une corrida.
     Bilan final « Espagne/France » : 996 corridas (soient 5976 toros estoqués)
                                                          
772 novilladas (soient 4632 novillos toréés)
                                                           
378 corridas de cavaliers (soient 2268 toros "rejonéés")
     Au total, 2029 spectacles, et 12174 animaux lidiés.
     Bien, mais, encore une fois : Combien de bêtes rentrées au corral ? Combien de toros « rechazados » par les vétérinaires ? Combien se sont comportés en « toros bravos » ? Quelle est l’image véritable de la Fiesta Brava ? Les millions engrangés par « les diverses catégories professionnelles », intervenant dans ce gigantesque marché ?  Ou l’état actuel de la ganaderia brava, qui envoie au combat des « toros virenque », qui sortent « à tout casser », font trois petits tours et se dégonflent ?  S’il faut analyser et « statistiquer », allons jusqu’au bout…. Alors, on pourra faire le bilan… et il sera désastreux. Mais, chhhhtttt ! (à suivre) 

 

 BILAN : «EL JULI »,TRIOMPHATEUR DE LA TEMPORADA 2000

     28 octobre :  On aura beau analyser, commenter, triturer les chiffres dans tous les sens, déverser des flots d’encre sur les mérites des uns et des autres, un résultat est là, incontestable, sans appel :
    
Temporada 2000 : « EL JULI » - 105 corridas – 200 oreilles – 13 rabos – 60 sorties a hombros .

    
A 18 ans, Julian Lopez confirme aujourd’hui qu’il a « changé de statut ». Considéré comme un phénomène, presque de foire, il y a trois ans, il a surpris l’an passé, par sa puissance, son incombustible ardeur, son « toreo tous-terrains », son courage et sa folle jeunesse. On allait le voir, l’œil attendri. Toutes les aficionadas le voulaient pour fils, et les hommes ne disaient rien, mais n’en pensaient pas moins. Un phénomène, et donc, des opinions qui, forcément, se divisaient : « Oui , mais… il torée très vite ; il baisse beaucoup à la muleta … » et puis les systématiques : « El Juli… moi, j’aime pas ». Mais, expliquer pourquoi, c’est plus difficile.
    
En 2000, El Juli, a changé de statut : De phénomène, il est devenu Figura del Toreo, matador vedette qui, par son courage et la qualité de son toreo, draine les foules, passionne les tendidos, coupe les oreilles et triomphe partout. 106 corridas et 60 sorties a hombros, peu de diestros peuvent se targuer d’un tel bilan, « El Cordobes » père, peut-être. Mais dans quelles conditions ? Dans quelles plazas ? Avec quels toros ?  Bien sûr, les grincheux rétorqueront que « le Julian » et son staff choisissent les toros, font des caprices aux sorteo… Comme de tous temps.
    
Ce qui est là, vérifiable, incontestable, c’est le parcours d’un garçon de 17 ans, qui, à part Valencia, a défilé dans toutes les grosses arènes, les grandes ferias, et les a marquées de son empreinte. Et Dieu sait si beaucoup l’attendaient « avec le fusil chargé »… Pas vrai, Madrid ? Et chez nous… pas vrai, Bayonne ?
    
Castellon et les Victorino, Séville et la caste démontrée devant les Torrealta ; Madrid et cette San Isidro, sauvée par quatre naturelles à un toro du Pilar ; Madrid encore, et ce dernier quart d’heure, définitif, lors de la désastreuse corrida de Bienfaisance. Dresser la liste des sorties triomphales serait peut-être fastidieux, mais pourtant nécessaire, pour démontrer la qualité première de ce diestro : la régularité… Et la régularité, à fond ! Bilbao, la faena au San Roman, le quite au banderillero, l’aide au cheval tombé.. Tous ces détails qui démontrent toreria, vista, casta, pundonor, aficion... Pamplona, qui l’a fêté, mais ne l’a pas encore vu ; Malaga, San Sebastian, Almeria, la faena de Salamanca et, pour finir, l’historique apothéose de Zaragoza : deux oreilles et la queue, 22 ans après Paquirri et Damaso Gonzalez…
    
Et que dire de la France ? Elle résiste encore un peu. Nîmes boude ; Dax n’a pas encore eu la chance ; Mont de Marsan a « entrevu » le Juli. Arles a été conquise, en début d’année, et Bayonne est « tombée », en septembre, quand est sorti le monumental sobrero de Andres Ramos. Ici, pas de discussion, le gamin, à la limite de la cassure, « s’est envoyé » le mastodonte et a signé une grande page de l’histoire de Lachepaillet. Chapeau !
    
Les faits sont là. Caste, bravoure et vista… certes. Mais aussi une intelligence du combat, une technique améliorant la muleta et une folle vaillance, épée en main, telle est la recette du triomphe du Juli 2000. Rien à dire… simplement saluer.
    
Julian Lopez « El Juli » n’est plus un phénomène… C’est un torerazo qui vient de faire une saison remarquable et met à distance ceux qui prétendaient, avec des subterfuges plus ou moins vaseux, du style de la « Martin Arranz Corporation », le museler. El Juli est sorti dans toutes les plazas,  et il y a triomphé, n’hésitant pas à se laisser téléviser, dans les grosses occasions : Séville, la confirmation  et la bienfaisance, à Madrid, Bilbao… Rien à dire.
    
Maintenant que « le poulbot torero » s’est fait homme, il va falloir « tenir ». L’année prochaine sera encore plus dure, car beaucoup auront du modifier leur jugement : El Juli est un torerazo et l’An 2000 l’a confirmé… Donc, « todos a por él ! »

 

LES GRANDES LIGNES DU BILAN « MATADORS 2000 » 

     29 Octobre : Ca y est, on est en hiver. On a changé l’heure, fermé les « puertas grandes ». le vent et la pluie seront les seuls, désormais à balayer les tendidos. De l’autre côté du « charco », du grand océan, c’est le contraire. Mexico ouvre aujourd’hui sa temporada grande, Lima débute sa feria, pour un nouveau scapulaire d’or. Ici, Andy Cartagena et Juan Bautista  vont « jouer gros », pour diverses raisons ; là, le Califa devra montrer aux péruviens que Madrid n’était pas un hasard.
    
Fin octobre, dans tous les despachos, on fait les comptes. Dans toutes les rédactions, on fait les bilans. Les chiffres sont là. Ils sanctionnent sans appel, en positif ou négatif,  les comptes gestionnaires des empresas ; et , pour ce qui est des toreros, ils déterminent les commentaires, les analyses, en un mot le verdict qui traduira, en quelques lignes parfois acides et toujours injustes, les efforts, les luttes intérieures, les doutes, les peurs, mais aussi les sursauts de fierté torera de ces hommes, de chair et de sang, en quête de gloire. Tant de peines pour quelques chiffres, et pourtant, un rang, une ligne au classement, le nombre de corridas toréées, d’oreilles coupées, de pourcentages de « rentabilité », seront autant d’éléments que les hommes d’affaires utiliseront, entre deux bouffées de cigare, pour monnayer une nouvelle saison, une nouvelle guerre des chiffres. C’est ainsi.
    
« El Juli », au dessus… C’est clair. Mais après ?
    
Si l’on suit le classement , on trouve un Enrique Ponce qui vient de toréer sa neuvième saison consécutive à plus de 100 corridas. Enrique Ponce (101 corridas – 118 oreilles) a été moins facile, cette année. Pour la première fois de sa carrière, il n’a pas triomphé dans « sa » Valencia, se trouvant même contesté. Séville et Madrid l’on également vu passer « en blanc »,  et une sale voltige, à Soria, a complété un handicap que le torero de Chiva a mis longtemps à remonter. L’épée, pour arranger le tout, s’est montré plus capricieuse. Du coup, le torero, qui tourne comme un chronomètre, depuis de années, est redescendu au rang des humains, avec ses moments de plénitude, mais aussi ses minutes de doute et de rage, comme face au Samuel de San Sebastian. Cependant , le dernière ligne droite sera parfaite, avec en plus, le titre de recordman toutes catégories « d’indulteur » de toros. En France, Dax reste sa plaza, et Arles l’a reçu au plus haut de son talent, lors de la feria du Riz. Une Saison difficile, où Enrique ne perd pas le sceptre, mais doit le partager.
    
Saison « du Renouveau » pour Victor Puerto (92 corridas – 213 oreilles). Au début de la temporada, il n’était rien: un torero « qui avait perdu le train », et tentait d’y remonter. On sentait bien que cela tournait mieux, mais les triomphes répétés, acquis dans de plazas mineures, laissaient planer quelque doute: succès pueblerinos ? Avec quels toros ? Et puis Madrid, San Isidro. Deux actuaciones impeccables, en font un des triomphateurs de la feria, même sans couper d’oreilles. Alors, débute le récital. Il ne rentre dans les grandes ferias, qu’en remplacement, souvent, de quelque blessé - (en particulier du Cordobes, depuis le 14 août) – et c’est ainsi qu’il marquera son passage en de nombreuses plazas, toréant juste, coupant les oreilles et ralliant tous les suffrages, entre autres, à Pamplona, Bilbao, Salamanca et surtout Séville, lors de la San Miguel. Voulant terminer par « un coup définitif », il s’aligne seul devant six toros à Madrid, en octobre, mais là, « il se casse le nez »… Malgré le fait qu’il soit le torero « de plus de 80 corridas », ayant obtenu le plus gros pourcentage de trophées obtenus, Victor Puerto devra encore patienter, avant de « pouvoir exiger », comme il aurait pu le faire, s’il était sorti a hombros, ce jour-là, de Las Ventas. Pas uns copie « à refaire », mais presque.
    
Reste le fait, indéniable, que le torero a retrouvé  un toréo, technique et artistique, de haut rang, accompagné d’une grosse efficacité avec l’épée. A n’en pas douter, Puerto a conquis le droit de défiler, comme base de cartel, dans toutes les plazas, l’an prochain, en particulier en France, qui l’a ignoré, cette saison.
    (A suivre : Finito de Cordoba, Miguel Abellan, respectivement quatrième et cinquième, à l’escalafon …)

 

« EL CALIFA », TRIOMPHATEUR DE LA PREMIERE « NUIT AMERICAINE »

    Tandis que chez nous, on joue au décalage horaire, et que, dès six heures du soir, on va prendre l’apéro « dedans », la temporada vient de s’ouvrir, sérieusement, de l’autre côté du charco. En tendant l’oreille, vous pouvez (par la radio et internet réunis) entendre les rumeurs taurines nous parvenant du Mexique et du Pérou. Là, les mariachis accompagnent la fiesta taurina. Du côté de Lima, par contre, c’est plutôt mitrailleuses et chars d’assaut. Enfin, des deux côtés, on ne change pas les bonnes habitudes.
     L’ouverture de la temporada grande dans « la Mejico », nous intéressait, parce que Juan Bautista y confirmait son alternative. Par ailleurs, l’Aficion va suivre avec passion, à distance, le duel que vont se livrer, à cheval, Pablo Hermosos de Mendoza et Andy Cartagena. Pablo a un avantage : Il est une figure consacrée, au Mexique. Andy se présente, et cela va faire du bruit. L’apoderado de Mendoza, el senor Martin Arranz (encore lui !) l’a bien senti, qui refuse de voir « son poulain » toréer avec Cartagena, et prétend, de plus, empêcher le jeune rejoneador, de se produire dans les plazas où aura toréé le navarrais. Ben voyons !
     Du côté de Lima, la première corrida s’est déroulée au beau milieu d’un soulèvement militaire, ce qui n’est pas la meilleure des ambiances, il faut bien le reconnaître, muletas et épées, mêmes talentueuses, faisant moins de bruit qu’un char d’assaut.
     Cependant, cette première grande journée aura marqué des positions, et on attend la suite avec impatience. Les résultats sont les suivants :
     29 octobre – Monumental de  Mejico – ¾ de plaza : Deux toros pour le rejoneador Andy Cartagena et six de Rancho Seco pour un Français, Jalabert, et deux Mexicains. Grosse ambiance dans les gradins, l’aficion reprenant son souffle, après les circonvolutions politico taurino economico scandaleuses des mois écoulés.
     Le Jeune cavalier espagnol, Andy Cartagena, a triomphé, sans couper d’oreille. Grande faena face au cinquième toro, de Teofilo Gomez, le rejoneador levant le public grâce à sa hardiesse tourbillonnante, banderilles en mains. Bon rejon de muerte. Le toro tombe et … le puntillero le relève deux fois. Désespéré, Cartagena prend le descabello, et « met tout par terre ». Deux avis, applaudissements, seulement, quand il y avait une, sinon deux oreilles, quelques minutes plus tôt.  Ayyyy ! chantaient les mariachis ! Otra vez sera !
     Six toros de Rancho Seco, de beau trapio, mais sans grande classe. Juan Bautiste toucha un lot compliqué. Division, face au toro de la cérémonie et grosse ovation, après un avis, au dernier. Longue et bonne faena, très templée, très coulée, mais cafouillage à l’épée. Au Mexique, il faut tuer « à la première ». Les Collègues, Federico Pizarro, apathique, et Jorge Mora, limité, ont connu des scores négatifs.
     29 octobre – Aguascalientes (Mexique) – ¾ de plaza : Le cavalier navarrais Pablo Hermoso de Mendoza a du offrir le sobrero pour ouvrir la grande poerte. Ses deux toros de Santiago, justes de trapio et sans classe, ne lui avaient rien permis. On sortit un septième toro, et le couple « Mendoza et Cagancho » multiplièrent les prouesses. Deux oreilles, et sortie a hombros… pour le cavalier, seulement ! - A pied, Oscar San Roman n’a guère brillé, mais Fernando Ochoa a donné une bonne faena à son premier, coupant une oreille, avec pétition de la deuxième. Les toros étaient de Pilar Labastida, bien présentés… mais faibles.
     29 octobre – Guadalajara (Mexique) – ¾ de plaza : Malchance pour Morante de la Puebla qui touche un lot éteint, et ne peut briller qu’au capote, écoutant, au final, ovation et silence. Les toros de Los Encinos n’ont rien dit de bien, mais les mexicains Jeronimo et Alfredo Gutierrez ont pu s’y adapter, coupant, chacun, une oreille.
      29 octobre – Lima (Pérou) – 1ère corrida de la feria du Scapulaire d’or – media plaza : Six toros péruviens de « Salamanca », terciaditos, mansos et fades. Le troisième fut rentré pour « manque de présence ». Corrida terne, dominée par « el Califa », qui n’eut pas de peine à lier sur place, de longues séries. Il tua mal le premier, perdant une oreille, mais donnant vuelta. L’épée fonctionna mieux au quatrième, et « le levantino de Cordoue » coupa une oreille -  Davila Miura (silence et sifflets) et « El Renco » (silence et palmas) n’ont pu que sauver les meubles, devant des lots sans fond.
     Prochaine corrida : 5 novembre : Davila répète, Morante et Abellan « entrent dans la feria », devant des toros de Sancho Davila.

 

JOSE TOMAS ET JULI SE BAGARRENT…JESULIN SE PREPARE…

     30 Octobre : Jose Tomas vient d’être désigné vainqueur de la Temporada 2000 par les auditeurs du programme « Los Toros »  de la Cadena Ser. Plus de 5000 appels téléphoniques en deux heures et demi, et majorité à Tomas. Du côté du programme « Clarin » de Radio Nacional, c’est « El Juli » qui tient la corde, mais le résultat définitif sera connu, en direct, dimanche prochain. A suivre.
     Par ailleurs, en prenant son temps et en zézaillant beaucoup, Jesulin de Ubrique a déclaré à « Clarin » que « oui… peut-être… je crois que… j’ai déjà parlé avec l’apoderado, avec la cuadrilla… mais, bon ! ! ! » Réponse définitive, dimanche prochain. Secret de polichinelle ! Jesulin revient, et s’alignera, l’an prochain dans toutes les plazas. Première corrida : en février, à Olivenza (avec le Juli). C’est parti !

 

BAUTISTA ET CARTAGENA, S’ILS AVAIENT TUE…

     30 octobre : Alors que, dans les rues de Madrid, et partout « sur la planète des braves gens », on hurle sa rage, sa révolte, devant les images terribles du dernier «exploit » de ETA, voilà qu’on regrette que deux hommes n’aient pas réussi leur mise à mort, là-bas, en plaza de Mexico. Paradoxe et polémique sans fin : « Comment pouvez-vous parler de la mort des hommes, vous qui adorez « voir mourir les toros » ? ». Peut-être, tout simplement, parce que les toros, on les tue « en face », avec une épée, et non par traîtrise, un matin d’octobre.
     Andy Cartagena a fait l’unanimité à Mexico. Certes, il a mal tué, ou plutôt, descabellé, et perdu ainsi, un triomphe total. Cependant, la presse est unanime, qui, d’ores et déjà, demande une confrontation directe Hermoso de Mendoza /Andy Cartagena, en mano a mano, dans le Monumental. Une rencontre qui, a n’en pas douter, remplirait les arènes. Cependant, on sait que le staff du Navarrais n’y tient pas. Par ailleurs, il faut regarder les résultats précédents : Chaque fois qu’il y a eu compétition directe, Cartagena est sorti « pavillon haut » (ex : 15 Août- Dax). Pablo Hermoso de Mendoza s’y connaît en chevaux. Il a l’air de surveiller aussi… les statistiques ! Malgré tout, à n’en pas douter, un poignée de millions amènera les deux centaures à croiser le fer, avant la fin de la saison américaine. Les corridas de province seront la clef du mystère. Ou les deux triomphent à distance et, en pleine forme, se rencontrent dans la capitale, ou ils se contentent de gérer leur capital, sans se faire de mal. On va vite le savoir. A n’en pas douter, ce qui se décidera au Mexique aura des conséquences sur la temporada de Rejoneo 2001, en Espagne. Donc, à suivre, avec beaucoup d’intérêt. Pablo Hermoso de Mendoza est un génie, mais, si « Cagancho » fatigue, et il en a le droit, le brave, le public changera, légèrement ou abruptement, et le jeune arrivé, Andy Cartagena, pourra jouer sa carte à fond.
     Juan Bautista doit maudire son épée. Ce n’est pas pour autant qu’on va lui conseiller le parabelum ou la « goma 2 ». Mala suerte ! Bonne faena au dernier toro de la corrida, « Capellan », de Rancho Seco. « Pero, no mato ». Là aussi, unanimité pour décrire le torero de temple et d’empaque du français. Mais, « là-bas », il faut tuer vite.  Jean Baptiste Jalabert est entré de plein pied au Mexique, après une temporada honorable en Espagne. 46 corridas toréées, 54 trophées. Les temps où Cristian « Nimeno » bataillait pour entrer en Espagne, sont désormais révolus. Certes « privilégié », Jean Luc Jalabert  « a pu toréer »… mais il aurait pu « mal toréer » ! Bien au contraire, il démontra courage lucide et progrès constants. Un matador de toros, à part entière, qui a toréé partout, a triomphé à Bilbao, et vient de confirmer son alternative à Mexico, le 29 octobre 2000, vêtu de tabac et or, face au toro « Jabato », de Rancho seco. Tout cela à lire dans le prochaine édition du « Cossio »…

 

ECHOS « DE CI…PAR LA… »

     31 octobre : Les toros de Sancho Davila ont pris l’avion et sont arrivés hier à Lima (Pérou) où ils seront combattus, dimanche 5 novembre, par Davila Miura, Morante de la Puebla et Miguel Abellan, lors de la deuxième corrida de la Feria, en plaza de Acho. On ne sait comment ces bichos auront supporté le décalage horaire. Mais, un tel voyage et stress, quatre jours avant la course, paraissent bien peu raisonnables. Ou alors, si les toros ne tombent pas, dimanche, une nouvelle piste sera peut-être à explorer : un petit voyage en avion, avant chaque corrida… En quelque sorte, « s’envoyer en l’air », avant le dernier combat !
    
31 octobre : On apprend que Enrique Ponce renonce à toréer à Quito (Equateur), où il était annoncé, le 6 décembre. Prétexte : un calendrier chargé au Mexique, et par ailleurs, le refus d’entrer en un autre cartel, le Valenciano ne voulant pas toréer en premier. Curieux ! il est adoré, là-bas ; il a ouvert beaucoup de cartels, cette année. Probablement, une autre raison… Cosas de despacho !
    
31 octobre : Don Victorino, il va falloir s’accrocher ! On apprend que Chafik et Marcelino Miaja vendent tout, au Mexique, pour « mettre le paquet », en Espagne, sur leur ganaderia de San Martin, dont les sorties françaises (Vic, Bayonne, Roquefort…) ont rallié tous les suffrages. A suivre, avec le plus grand intérêt, en 2001. Trapio y mucha, mucha casta !
    
31 octobre : Les Valencianos ne sont pas rancuniers. Une pena de la banlieue, va honorer « el Juli », comme triomphateur total de la Temporada. Le jeune matador, qui s’est produit partout cette année, sauf à Valencia, sera accueilli en fête, recevra son trophée, et, outre un repas, partagera un colloque/débat avec Miguel Tatay, député de la Comunidad Valenciana pour les affaires taurines, et Roberto Espinosa, empresa de la plaza de Valence. « A ver como los lidia… ». En tous cas, noble geste et Aficion , de la part de la pena « Els Sabuts », les valencianos nous ayant habitués à plus de chauvinisme.