L'ACTUALITÉ TAURINE
(mai)

EMILIO MUNOZ ECHAPPE A UNE TERRIBLE BLESSURE

     Seville - ler mai - Corrida de Nunez del Cuvillo très forte et très encastée. La corrida vit le gros triomphe de Eduardo Davila Miura, coupant deux oreilles au sixième. La course, qui se déroula sous la pluie, fut emaillée de plusieurs incidents comme la fracture de la jambe du picador Diego Ortiz.
     Mais, c'est surtout l'image de la terrible cogida d'Emilio Munoz qui restera gravée dans les mémoires. Le trianero, désireux de se racheter de sa triste prestation précédente, se battit fièrement avec le premier de la tarde "Disipado", toro puissant, encasté , à la tête désordonnée. Après un bon début à droite où il avait déjà reçu un avertissement, Munoz cita de la gauche, pour une première naturelle, sans s'aider de l'épée. Le toro alla directement au corps, la corne pénétrant au ventre, levant le torero, dont le visage vint baigner dans le sang du morillo, avant de le balancer lourdement au sol. Impression de tragédie, tandis que Munoz part , en marchant, vers l'infirmerie.

      Le docteur Ramon Vila, qui a du travail, cette année, rassurera tout le monde, en parlant d'un blessure grave, mais heureusement moins dangereuse qu'elle aurait pu être. La corne a pénétré dans la fosse iliaque, est remontée en arc de cercle sur 20 cm , au point de presque ressortir au niveau du nombril. Heureusement, si elle a 'tout bousculé" sur son passage, elle n'a, par contre atteint, ni lésé, aucun organe important, ce qui est miraculeux. On imagine ce qu'aurait pu donner cette cornada, avec un toro plus faible, hésitant, sans race ni force. Emilio Munoz a payé de son sang, cette rage de revenir dans le cœur des Aficionados. Geste à saluer.

 

LE PETIT-FILS DE CESAR GIRON

     Aire-sur-Adour - 1er mai: Beau temps et mi-entrée pour la novillada de Arsouillos. Novillos de Yerbabuena, justes de présentation et d'une noblesse fade. Les toreros durent se battre pour transmettre ce que les bichos n'avaient pas. Sebastien Castella n'y parvint pas. Javier Castano ne put ébaucher quelque hausse de vibrato que dans sa réception à la cape du cinquième. A lui la seule oreille de la tarde. Excellente surprise dans la présentation du petit-fils de Cesar Giron, qui montra sitio et autorité, manquant un bon triomphe avec l'épée. Le jeune est encore vert, mais il est vaillant et serein, veut faire les chose très correctement, et montre déjà une vraie personnalité. Il se présenta en France, face au novillo "Tabla rota" - N°3 - de Yerbabuena. A suivre. 
     A cheval, Patricia Pellen, très charmeuse, donna une vuelta.

 

DAVILA MIURA ET FINITO DE CORDOBA TRIOMPHENT A SEVILLE

     Magnifique faena de Eduardo Davila Miura, le 1er mai en plaza de Séville. Dans cette corrida très encastée de Nunez del Cuvillo, marquée par la tragique cogida d'Emilio Munoz, Eduardo Davila Miura se tailla la part du lion en toréant avec autorité ses deux premiers toros, surprenant tout le monde face au sixième "Glorioso", dans une faena puissante et très templée, liée muleta basse, dans de grandes séries des deux mains. Faena importante, clôturée d'un gros coup d'épée, avec deux oreilles à la clef, indiscutables. Gros candidat à la meilleure faena de la feria, face à un toro de caste, et qui a encore un contrat le vendredi face aux Cebada. Davila Miura, un torero qu'il faudra regarder autrement, dorénavant.

       Cela se voyait venir. De très bonnes sorties cet hiver en Amérique; deux toros graciés en début de saison... Cela ne pouvait que se confirmer. Finito de Cordoba, grâce à sa faena du 30 mai, s'était vu proposer "la sustitucion" du 2 Mai, face aux Juan Pedro Domecq, avec "Curro", et Curro Vasquez . Il n'a pas manqué cette occasion, coupant deux oreilles pour une grande faena à son excellent premier, mais manquant d'un cheveu la Porte du Prince, après une bonne prestation au sixième, encore une fois gâchée à l'épée. A signaler que la corrida de Juan Pedro fut exemplaire de présentation et de race. Elle est candidate au prix de la Feria. Finito de Cordoba revient au sommet, et on espère qu'il ne le quittera plus. Torero artiste, connaissant le secret du temple, on pourrait imaginer le faire toréer en pareja avec Morante de la Puebla... Le Sévillan et le Cordouan, les deux tirant dans la catégorie de l'esthétique et du vrai toréo artistique... Pourquoi pas?
 

JESULIN DE UBRIQUE "RAMENE SA FRAISE"

     On se doutait bien qu'il n'en resterait pas là. Jesulin de Ubrique préparerait son retour aux ruedos pour septembre, à l'occasion de l'inauguration de la plaza de toros de Ubrique. Las de tous les cancans, Jesus Janeiro, parle sincèrement: "Une mauvaise critique taurine est toujours plus douce qu'un article dans la presse du coeur" - "S'il y a une chose que je regrette, c'est d'avoir enregistré ce disque. Le reste, j'assume" - "J'étais fatigué, "sin illusion" - "On m'a reproché d'avoir abandonné douze familles. Maintenant, avec la production de fraises et framboises que j'ai montée (on envoie même sur l'Angleterre), je fais vivre trois cents familles, et j'en suis heureux" - "Si je reviens, ce ne sera pas pour battre des records, mais pour toréer a gusto".

      Jesulin doit revenir, ne serait-ce que pour que les publics puissent reconnaître et saluer la qualité atteinte dans son toréo des derniers moments. Si ce temple et ce sérieux ont déçu les fans et les midinettes, publics visés dans les "années folles", ils avaient, cependant, ravi nombre d'aficionados, qui avaient jugé en fonction de ce qu'ils voyaient sur l'instant, et non sur l'image sulfureuse que traînait derrière lui le torero d'Ubrique.
 

3 MAI - PRESENTATION DES CARTELS DE NIMES

     La feria, les affiches auxquelles on pouvait s'attendre: 6 corridas, une de rejoneo, une novillada. Priorité aux ganaderias fortes: Cuadri - Cebada - Victorino - Samuel, qu'accompagneront Victoriano del Rio et Alcurrucen. Joselito et José Tomas, à l'heure des croissants!!! Pablo Hermoso de Mendoza en unique cavalier. Jolie rencontre avec les Samuel Flores. L'alternative de Marc Serrano, la présentation de Cesar Giron. Autant de points d'intérêt qui font de la feria un ensemble équilibré, sans génie, mais toujours attractif.

Voir rubrique "Carteles - France"

 

SEVILLA - LA GESTE DE PEDRITO DE PORTUGAL

     Deux corridas très décevantes après l'éclair de caste démontré par les Nunez del Cuvillo et les Juan Pedro Domecq. Mercredi, les Jandilla et jeudi les Zalduendo, nous ont ramenés à l'attente, pénible, de charges vives et fières du toro de combat. Désespérant pour le public. Encore plus pour le torero qui veut... Qu'on en parle à Enrique Ponce qui a touché six carnes en trois contrats. Qu'on en parle, à un moindre degré, à Rivera Ordonez, qui s'en va "à vide" de la Feria et, semble-t'il, sans grande ambition. Attention, le public clavelero de Séville laisse passer, peut-être... D'autres réagiront moins bien. Cependant, on retiendra l'ensemble de son actuacion, lundi, avec les Nunez del Cuvillo, et en particulier cette portagayola, dont on ne sait ce qu'il faut le plus saluer: la passe en elle-même ou la terrible attente qui la précéda. Chapeau, Senor Duque!

      A signaler toutefois les gestes et "la geste" de Pedrito de Portugal . On le sait pourri de talent et de classe, mais... il manque ce petit "plus" d'expression, de personnalité, de lumière dans les yeux, de cette rage torera qui fait, d'un bon torero, une figure. Excellent et valeureux avec cape, très propre à la muleta, Pedrito déroule un toreo esthétique mais inexpressif, traînant en longueur, qui finit par jouer contre lui. Dommage. Les deux corridas consécutives l'auront probablement desservi, malgré la qualité qui lui fut applaudie à certains moments de la lidia. Cependant, il faudra lui reconnaître le geste de pundonor torero dont il fut l'auteur: Salement pris mercredi en portant l'estocade au cinquième Jandilla, dont il coupa une oreille quelque peu légère, il revint le lendemain, "infiltré", avec une fracture de deux orteils du pied droit . On le vit grimacer et boitiller, mais également partir chercher, à portagayola, un triomphe qui ne vint pas, pour d'autres raisons que ses qualités toreras. Dommage.
 

JOSELITO ET JOSE TOMAS : Ambitions ? Illusion ?

     Cinq oreilles en quatre corridas, dont deux en plaza de moindre catégorie...On peut se poser des questions sur le retour de Joselito, le révolutionnaire. On peut respecter sa cause, mais c'est à lui de faire regretter à tous son absence des grandes ferias par des triomphes sonnants, loin des télés... Joselito ne peut se permettre d'être "uno mas", qui coupe une oreille à Brihuega ou à Hellin. Après son retour prometteur à Castellon, il se doit d'être "en Figura del Toreo". De son côté, José Tomas réapparaît le 7 Mai à Barcelone, après sa blessure de Zaragoza. Beaucoup regrettent l'aventure dans laquelle le torero s'est embarqué. Tous pariaient sur lui, cette année. Déception, mal-être et blessure. Il faut espérer que le torero aura plus de chance que lors de ses deux premières sorties 2000, et qu'enfin pour lui sonneront les ovations que l'Aficion lui réserve et que mérite son toreo. Cependant, on peut encore une fois s'étonner, que le duo Joselito-Tomas se laisse annoncer, le matin, à Nimes, dans une corrida de gala, alors que leur catégorie mérite "sol y moscas, a las cinco de la tarde", dans un cartelazo pour l'histoire.
     Ambition? Mais laquelle? Triunfar "en figura", ou... a llevarselo?

 
SEVILLE - 5 MAI: CABALLERO FROLE "LA PORTE" ET LES JEUNES S'ACCROCHENT ADMIRABLEMENT

     Division des opinions: "unos se metian con mi padre, los otros con mi madre!".. C'est ainsi que l'on pourra résumer l'ambiance au terme de la faena de Manolo Caballero face au quatrième toro de Torrealta, dans une Maestranza pleine, balayée par de dangereuses rafales de vent. L'albaceteno avait coupé une petite oreille au premier pour une faena abondante et liée, mais toréant exagérément d'abajo parriba. Le bon coup d'épée tendido avait fait basculer la décision. Face au quatrième, le torero construisit "une faena... et un toro", endiguant ses charges violentes et lui imposant sa volonté, à force de technique et de courage. Grosse faena clôturée d'un gros coup d'épée. Enorme pétition et problème: Si l'on accorde les deux oreilles que mérite la faena, c'est la sortie par la Porte du Prince. Honneur suprême. Le président ne s'y risque pas, et l'Aficion qui regrette peut-être quelque "trop de générosité" cette année, se divise, et insiste mollement. C'est ainsi que Caballero perdra la deuxième oreille, pourtant méritée par son trasteo, et que "la Porte" restera close. Caballero, énorme de sitio et d'intelligence torera, est totalement "emballé", en ce début de saison.

      La corrida connut un épilogue haletant, superbe, avec deux mots qui le résument: Toreria y Pundonor. Caballero triomphant veillait sur ses deux jeunes collègues, deux enfants, deux coqs de combat, deux lions, deux Toreros: El Juli et Miguel Abellan... Miguel Abellan et El Juli. Le challenge n'était pas le même. Figure consacrée et hyper médiatisée, El Juli toréait sa dernière. Abellan, lui, n'avait qu'une corrida, qu'une carte à jouer. Les Sévillans avaient murmuré leur désapprobation, sans vouloir tenir compte des difficultés de son premier toro. Le même public avait regretté ses ovations pour des banderilles très vibrantes mais très "passées", posées par le Juli au troisième, en repoussant dans le silence sa faena, sobre, très sérieuse, terminée d'un coup d'épée qui en valait bien d'autres, ovationnés cette année. On avait du mal à comprendre.

     Deux oreilles pour Caballero, rien pour les jeunes loups... Restent deux toros ... La dramaturgie se met en place, et va aller crescendo jusqu'à l'apothéose finale, de gloire et d'honneur pour le costume de lumières. Abellan va aller chercher, à genoux face au toril, l'oreille du cinquième que les Sévillans lui accorderont après qu'il eût tout tenté avec cape et muleta, le serré de certaines passes faisant hurler de peur. Terrible, Abellan, et chapeau, torero. Le sixième va sortir et le Juli reste seul, sans trophée. Visage blême, dents serrées, le gamin va également s'agenouiller là-bas, au sortir du couloir noir. Larga a portagayola, capéo vibrant. Le feu aux arènes. "Eso se Ilama verguenza torera". Le toro fait vibrer et le Juli en profite. Certes, le quite de la lopesina n'est plus ce qu'il était, et les banderilles sont "de guerre" et "non d'école". Mais l'émotion est là, montant encore d'un cran lorsque le jeune va offrir à ses compagnons et adversaires, sa faena, "la" faena où tous devinent qu'il va se la jouer, fou de fierté et de toreria. El Juli va toréer sérieux, classique, rythmé, tant que le toro chargera. Celui-ci baissant de ton, le gamin va s'arrimer comme un perdu, arracher trois naturelles folles, incroyablement croisé, jusqu'à toucher le piton extérieur du bicho. Toute la maestranza et les téléspectateurs vont pousser avec lui un premier pinchazo, puis une grosse épée entière, libérant émotion, triomphe et bonheur pour tous.
     Cette dramaturgie-là, où seuls jouent l'improvisation du destin et le courage des hommes, est unique. Et c'est à la tauromachie que nous le devons. Peut-être monsieur Field eût-il dû dépenser quelques sous pour ainsi comprendre pourquoi on peut arriver à aimer la corrida, même quand on aime les animaux, même quand on aime et qu'on admire le toro...

 

JUAN JOSE PADILLA, HEROIQUE ET BLESSE

     Sevilla - 7 Mai: Après la corrida du samedi où les Cebada Gago, super présentés et armés, mais sans fond, n'ont pas permis le triomphe, si ce n'est une nouvelle page de gloire de Pepin Liria, maltraité par le président, mais auréolé par le public, on attendait les Miura du dimanche.
     Curieusement, au fil des ans, la miurada sort dure à Séville, feria "douce", et parfois plus toréable à Pamplona, feria"dure". Allez donc comprendre. Cette année, les toros de Zahariche sont sortis à la Maestranza, hauts et longs comme des camions, malins et dangereux pour qui doutait devant eux. Jose Antonio Campuzano et El Tato eurent tôt fait de "plier les cannes", ce qui déclencha l'ire du public maestrante qui se laissa aller au vilain geste de lancer des coussins, alors que le toro rôdait encore en piste. On peut, éventuellement, comprendre, mais en aucun cas excuser une telle attitude, indigne de Séville, ou de toute autre plaza.

     Il faut dire que ce public était encore sous le coup de l'émotion que provoqua la folle vaillance de Juan Jose Padilla, triomphateur de la corrida, avec une oreille coupée au troisième, une blessure, trois côtes cassées, pas un centimètre de son corps n'étant épargné par les ecchymoses. Triomphe de poudre et de sang du torero de Jerez. Courage héroïque, que certains diront inconscience.
      Padilla, selon sa coutume, est parti attendre le troisième a portagayola. Le toro sort au ralenti et le torero aguante sans s'échapper, sans rectifier, sans se jeter au sol. Le miura suit la cape un instant et oblique immédiatement sur l'homme qui essaie de se relever. Suit une série d'horribles derrotes et hachazos qui prennent et reprennent le corps du torero, tel un pantin, certains coups de guillotine l'évitant miraculeusement. Talleguilla ouverte derrière la cuisse gauche, roué de coups, le torero est emporté vers l'infirmerie. Il n'y arrivera pas, s'échappant des bras secourables, et revenant dans le ruedo, grimaçant, défait, mais torero. L’épopée commence. Quite par chicuelinas à faire hurler, trois paires de banderilles dont deux formidables, au moment où tout citoyen normal serait en clinique avec huit mois d'arrêt de travail et douze infirmières à son chevet. La faena sera "de vouloir et de pouvoir", dans un climat d'angoisse et d'admiration. Olé, los toreros machos. Viva Jerez! Superbe, angoissant, grandiose! Vous aussi, vous auriez frémi, vous aussi, vous auriez bondi, monsieur Michel Field... La faena se termine. Le public a hurlé à chaque pase de pecho et salué un surprenant ultime adorno "de classe". Avide de ce triomphe, le torero partira pour un immense coup d'épée dans tout le haut, se faisant cueillir par la corne qui cognera dans le chaleco, en bas du côté droit et remontera, heureusement sans pénétrer, jusqu'à l'épaule, levant l'homme comme fétu de paille et le jetant loin. Toutes les vierges d'Andalousie étaient au quite, elles dont les médailles furent arrachées de la poitrine du brave. Oreille de béton, vuelta d'apothéose, et direction l'infirmerie où le docteur Vila devra se fâcher tout net pour empêcher Padilla de sortir au sixième. Tandis que la corrida sombre, on entendra la sirène d'une ambulance qui emmène vers une clinique de Séville, Juan Jose Padilla, torero-héros, pour y être opéré d'une cornada interne de quelques 15 cms, et subir tous les examens qui confirmeront le nombre de côtes cassées et iront vérifier la gravité d'éventuelles autres lésions, au cou, à la tête, à l'abdomen. Blessé, moulu, Padilla a continué et a triomphé, écrivant une nouvelle page de gloire, face à des toros de légende. Olé Jerez.

 

LA FERIA DES "PORTAGAYOLAS"

     Il fallait avoir le coeur bien accroché cette année à Séville. Non moins de six toreros sont partis s'agenouiller à la sortie du terrible, parce que très large, couloir du toril, et attendre impavide, la première charge du toro, violente ou hésitante, mais toujours dangereuse. Rivera Ordonez, Pedrito de Portugal, Miguel Abellan, El Juli, PepinLiria, Juan jose Padilla y sont allés. Toreros adulés ou plus modestes, riches ou voulant le devenir, ils sont tous partis, seuls, pour ce pile ou face de gloire, ce geste de toreria, qui peut coûter si cher, et que malheureusement, l'on oublie si vite. Chapeau, toreros!

 

RETOUR TRIOMPHAL DE JOSE TOMAS

       Barcelona - 7 mai : Sortie a hombros pour Jose Tomas, de retour aux ruedos après sa blessure de Zaragoza. Au cartel Finito et El Juli, face à de Jandilla, qui seront une catastrophe, à part les deux derniers. La monumental de Barcelona était pratiquement pleine, ce qui est un plaisir, quand on sait l'importance de cette plaza dans l'histoire du toreo, et quand on voit dans quel bas-fonds elle était tombée.
       Jose Tomas a levé le public dans des quites extraordinaires de majesté et de serre, puis dans certains passages d'une faena sur deux mains, rapidement clôturée à l'épée. Deux oreilles et sortie triomphale pour l'idole de Barcelone. El Juli a tout essayé, répliquant au quite par des chicuelinas à genoux, perdant les trophées du sixième, à cause du descabello.

 

TRES GRAVE BLESSURE EN PLAZA DE LA MEJICO

      Mexico - 7 mai: Le matador de toros mexicain Juan Pablo Llaguno, à reçu dimanche, dans la monumental de Mexico une blessure de pronostic très grave, en portant l'estocade au toro de sa confirmation d'alternative. Cornada dans l'aine droite avec deux trajectoires (25 et 20 cm), vers l'intérieur et le haut, qui ont causé d'énormes dégâts, grosse hémmoragie immédiate et choc traumatique intense. La veine iliaque a été sectionnée; une thrombose de l'artère iliaque s'est produite, qui a fait craindre un moment pour la jambe du diestro, le membre n'étant plus irrigué. Quatre heures et demi d'opération et surveillance médicale intensive.
      Il s'agissait de la 8ème corrida de Printemps dans la monumental, avec des toros de peu de jeu de "La Mission". A cette occasion, a confirmé également son alternative 1 torero de Salamanca Domingo Lopez Chaves, le parrain étant Francisco Dodoli.

 

LE "PIEGE"DE LA CORRIDA DE RESACA

       Séville - 8 Mai: L'histoire de la Feria de Séville, dans les 20 dernières années, est parcellée de grands moments d'émotion aficionada, provoqués, le dernier jour, dit "lunes de resaca", (le lundi de la gueule de bois) par la corrida des Guardiola de Maria Luisa Dominguez Perez de Vargas. Les lampions de la feria se sont éteints et les touristes envolés. On reste "entre Sévillans" ... en principe. Au cours des années, plusieurs toros ont démontré caste et bravoure, chargeant de loin le picador, prenant des piques d'anthologie et terminant parfois excellents à la muleta. C'est ainsi que certains matadors furent révélés (Emilio Oliva), ou relancés (Tomas Campuzano) par ces fameux toros, et que plusieurs d'entre eux (on se souvient du "Topinero") raflèrent les prix de la feria, à la dernière minute.
       Cependant, tous les toros ne sont pas braves, tous les toros n'ont pas le même fond, la même force. Le public n'en a cure, exigeant à cette seule occasion, que les toros, braves ou mansos, forts ou faibles, encastés ou mièvres, soient placés loin du piquero, et attendant que tous chargent seuls et à cette distance, peu importe s'ils mettent une heure à démarrer, s'ils s'endorment au peto, ou s'il s'échappent à la morsure du fer. C'est comme cela, un point c'est tout, et gare au torero qui ne respecte pas cette règle. Quand le toro est exemplaire, c'est , il est vrai, très émouvant, magnifique. Mais si le toro est "normal" ou manque un peu de fond, le matador respecte la vox populi et .... se retrouve sans toro pour la faena de muleta.
       C'est ce qui est, encore une fois arrivé, pour cette édition de l'an 2000, les Maria Luisa sortant superbes, très braves au cheval, pour trois d'entre eux, mais complètement dégonflés, physiquement, et sosos à la muleta. Les toreros auront maudit beaucoup de monde, en constatant la noblesse fatiguée, insipide, de ceux qui portaient tous leurs espoirs. Antonio Manuel Punta, Domingo Valderrama ne purent relancer la carrière des bons toreros qu'ils sont. L'albaceteno Samuel Lopez se montra vert et un peu froid.

 

8 MAI - ARMISTICE POUR UN "JOLI BRIN D'HERBE"

     Festival bénéfique en plaza Saint Vincent de Tyrosse, avec des novillos de "Yerbabuena", d'Ortega Cano. Le septième a été gracié, et la placita landaise entre dans l'histoire du Toreo... Il a été combattu par la torera Mireille Ayma. Le public s'est diverti, constatant les beaux restes de Damaso Gonzalez, et l'entrain de Luis Francisco Espla, qui sur sa lancée, toréa le sobrero huitième, faisant participer tous ses collègues. A noter que s'il fallait en grâcier un, c'était probablement cet excellent toro. Par ailleurs, l'Aficion a souffert, et a craint pour Rafael de Paula, physiquement incapable de faire face à la charge d'un novillote. On tremble en le sachant aux cartels de Jerez.
     Ce même jour, à Palavas, les "Viento Verde" des Peralta ont été faibles, et les deux toreros français en mano a mano, n'ont pu que constater les dégâts. Oreille à Fernandez Meca, plus chanceux que Denis Loré.

 

SEVILLA 2000 - TOUS LES TROPHEES POUR CABALLERO ET D.MIURA

     9 mai - La feria d'Avril est terminée. Les andalouses ont rangé leurs belles robes, mais les bouteilles de fino restent ouvertes. Dans la plaza planent encore les souvenirs d'une belle feria de l'an 2000. Là-haut peut-être, Don Diodoro est heureux.
     Chaque année, dès le dernier toro estoqué, se réunissent plusieurs jurys qui vont attribuer les trophées aux vainqueurs de la feria. Parmi ces jurys les plus importants, ceux de "La Real Maestranza" et de "Puerta del Principe" viennent de donner leur palmares.

Pour le Jury de Maestrantes:

Triomphateur de la Feria: Manuel CABALLERO
Meilleure faena: Eduardo Davila MIURA
Meilleure estocade: MORANTE DE LA PUEBLA
Meilleur Rejoneador: Pablo HERMOSO DE MENDOZA
Meilleur lot de toros: NUNEZ DEL CUVILLO
Meilleur toro de la Feria: "OPIPARO" - 3ème toro de Juan Pedro DOMECQ
Meilleur subalterne à la brega: Carlos CASANOVA (avec Pedrito de Portugal)
Meilleur banderillero: Jose Antonio CARRETERO (avec Manolo Caballero)
Meilleur Picador: Juan BERNAL (avec Pepin Liria)

     De son côté, le jury "Puerta del Principe" donne également Manolo Caballero, Eduardo Davila Miura, pablo Hermoso de Mendoza et Juan Bernal, vainqueurs dans leur catégorie respective, ajoutant un prix à FINITO DE CORDOBA pour le meilleur toreo à la cape, et partageant à égalité les trophées aux meilleurs lots de toros, entre NUNEZ DEL CUVILLO et JUAN PEDRO DOMECQ.

     A signaler de même, les prix attribués par l'équipe des chirurgiens de la Maestranza, menée par don Ramon Vila, qui a eu, cette année, énormément de travail:
Prix au quite artistique: FINITO DE CORDOBA
Prix au quite "providentiel" : Angel MAJANO (avec "El Juli")

 

SAN ISIDRO EN PLAZA DE MADRID -"VISTA ALEGRE"

      Samedi 13 mai débute en la plaza Monumental de Las Ventas - Madrid, la plus longue et plus importante feria du monde. Pratiquement un mois entier de corridas, dans une plaza pleine (23000 personnes), souvent balayée par le vent, dans un climat souvent tendu de par l'exigence d'un public sévère, parfois injuste, mais dont on s'aperçoit qu'il met souvent "les choses à leur place".

A noter le site de la Plaza de Madrid: http://www.las-ventas.com qui donnera, en direct, les résultats de chaque corrida, toro par toro.

    La deuxième plaza de Madrid, qui vient de s'inaugurer, le "Palacio de Vista Alegre",a décidé de faire la pige à la grande soeur, en montant, pendant la grande feria, deux corridas-évènement, les 21 et 23 mai.

Dimanche 21 mai:
Toros de Parlade, pour Curro VAZQUEZ - JOSELITO - Jose TOMAS
Mardi 23 mai:
Deux toros pour Pablo HERMOSO DE MENDOZA, à cheval, et quatre Sanchez Arjona pour
Antonio Chenel "ANTONETE" et Curro ROMERO

     On aura du mal, cependant, à évaluer la force mobilisatrice du premier cartel, l'affiche de ce dimanche dans la monumental étant, tout respect gardé pour les toreros en lisse, relativement faible. Joselito et Jose Tomas rempliront-ils Vista Alegre? Tout est fait pour qu'il en soit ainsi, d'autant qu'ils viennent accompagnés de Curro Vazquez, auteur de la grande faena que l'on sait, en avril.
     Et que se passera t'il s'ils ne remplissent pas? Rien, évidemment! Quoique...

 

PAMPLONA - SAN FERMIN 2000: C'EST PRESQUE PRÊT !

     Les cartels de la San Fermin sont sur le point de sortir. Bien entendu, traditionnelle feria basée sur le toro, dans l'ambiance que l'on sait. Ambiance qui choque parfois les aficionados habitués au silence d'espoir et de respect régnant notamment en France, ce qui n'empêche nullement l'enthousiasme ou les grandes colères. A Pamplona, c'est le silence qui choque, on le sait. Les toreros y sont mentalement préparés, et l'acceptent. C'est donc dans ce climat, unique au monde, que les cuadrillas vont affronter "le plus haut" et "le plus pointu" et "se la jouer" aux sons du "paquito chocolatero" ou de "la chica yéyé", braillés par les penas en joie.
     Cette année, il risque d'y avoir "un peu plus" de bruit, puisque va se présenter à Pamplona "El Juli", avec les corridas de Nunez del Cuvillo et du Capea, alternant un jour avec Ponce, l'autre avec le Morante. Par ailleurs, il semble qu'une candidature soit sérieusement étudiée: la torera Mari Paz Vega. Sans le tapage médiatique qui a entouré sa consœur, et néanmoins ennemie Cristina Sanchez, elle est en train de gravir, peu à peu, les échelons du respect, et vient de se présenter à Mexico, y laissant bonne impression. Un femme en plaza de Pamplona pour la San Fermin? Et pourquoi pas? Hemingway en aurait peut-être avalé son cigare. Ce qui est certain, c'est que, si cela se réalise... ça va faire du bruit.

 

SAN ISIDRO 2000 ... C'EST PARTI

     Madrid - Las Ventas. La plaza, vide, a déjà de quoi inquiéter. L'aficionado qui l'a observée, depuis la porte du paseo, à la bizarre sensation d'être au fond d'un cratère dont les pentes en escaliers montent jusqu'au ciel. Une immensité de béton dont chaque parcelle sera tout à l'heure envahie par quelques 23000 spectateurs. Et au milieu d'un ruedo immense...
     Madrid -San Isidro: la plus grande feria au monde. Il y faut triompher pour percer, ou pour maintenir son rang. "Comment sera le public, aujourd'hui?" Dur, toujours; changeant, souvent; à cran ou décidé à "couler" l'affiche du jour, parfois... une ambiance particulière, lourde, faite d'attente et de suspicion. Les toreros se présentent, chargés de responsabilité et de doute: Vont-ils lidier les toros inscrits à leur contrat? La valse du bétail est incessante et il est des ferias passées dont le triomphateur fut Florito, le maître "vaquero" de la plaza, célèbre pour son habileté à ramener au chiqueros les toros changés... On proteste tel toro, parce qu'il a légèrement boité, tel autre parce qu'il est vilain, tel autre par ce qu'il faut tout refuser à la vedette qui va l'affronter. Le torero devra, à outrance respecter les règles du toreo, qu'à priori certains groupes des spectateurs connaissent mieux qu'eux. Madrid, "la terrible"...
     Et pourtant, quand naît, parfois à partir d'un détail de courage, de fierté, de noblesse, ou même de désarroi, cette communion entre le public et un homme, Madrid devient la plus forte, la plus belle et, parce que connaissant son sujet, elle est également, la plus juste. Des toreros ont bâti leur carrière sur Madrid, tout simplement parce que le public de Las Ventas a dit ensemble un jour, l'espace d'une heure, une minute, un instant : "Celui-là, il est torero"
     Voilà ce qui va captiver l'attention de l'Aficion mondiale durant 27 jours, du 13 mai au 9 juin. 21 corridas, 3 novilladas et 3 courses de rejoneo, la plaza toujours pleine, souvent... la troisième corne du toro: le vent. Madrid - Las Ventas souffre de cet élément naturel, bien peu aficionado, qui a gâché tant de faenas détruit tant d'illusions, d'espoirs... et parfois donné tant d'excuses.
     Séville a rangé ses lampions, Madrid se frotte les mains, affûte les baïonnettes. On ne s'aime pas, on n'a pas les mêmes valeurs... Donc, Toreros, il va falloir lidier et triompher.. à la manière de Madrid. La porte, ici, n'est pas des princes, mais Alcala, c'est pas mai non plus ..."Suerte para todos! Que no haya viento y que vayan embistiendo los toros...".
     Voir l'ensemble du programme dans la rubrique "Cartels". On sait qu'il y aura quelques remplacements , en particulier le premier jour, le jeune colombien Paquito Perlaza, blessé, le 7 mai dans cette même arène, devant céder son poste à A. Gomez Escorial.

 

MONT DE MARSAN PRESENTE MADELEINE

     12 Mai - Pas d'hôtel parisien, ni lambris ni moquette feutrée, mais la bonne terre des Landes, celle qui hume bon, après l'orage. Pas de baise-main, mais de bonnes poignées de paluche et de gros vrais poutous d'amitié. Un plaisir à retrouver l'ambiance de la "future Madeleine", au beau milieu du parc des Nahuques, à l'occasion de la présentation des carteles de la feria 2000. La réunion à laquelle participèrent, grand nombre d'invités aficionados et professionnels, fut rehaussée, par la présence, au côtés du Maire, de Don Victorino soi-même, à qui fut remis le trophée du ganadero triomphateur de l'an passé, dans le Sud-Ouest. Deux personnages, hauts en couleurs, sur la même longueur d'ondes lorsqu'il faut parler vrai et agir.
     Feria de la "Madeleine 2000". On connaît la forte implication de la Casa Chopera à Mont-de-Marsan, et donc, aiguillonné par la commission taurine et l'Aficion, on met les petits plats dans les grands. Feria forte, équilibrée, qui traduit à la fois, l'ouverture et la fidélité. Toutes "les pointures" seront là, Joselito et Jose Tomas inclus. On fera une place au Califa, et on se souviendra des fabuleux moments qu'ont fait vivre sur le sable du Plumaçon, les Tato, Juan Carlos Garcia et bien entendu, le typhon Padilla, vainqueur de l'an passé. Ganaderias fortes, avec Miura, Victorino, et là-aussi, la fidélité, par toros interposés, puisque cette année encore sortiront ceux du Torreon, dont le propriétaire actuel est .... Cesar Rincon. Fidélité et tradition, de même, avec la Corrida portugaise en nocturne, et la non piquée, au matin du dernier jour.

Madeleine 2000 - du 16 au 20 juillet . Voir rubrique "Cartels"

 

"ARENES" - COUP DE SOLEIL ET LUMIERE D'AFICION

     A l'occasion de la présentation des cartels de Mont-de-Marsan, l'aficionado a pu découvrir le très intéressant travail de la photographe Martine Chenais. C'est simple, mais il fallait y penser. Trois fascicules, pour le moment, et toutes les sensations que l'on ressent en parcourant les couloirs d'une plaza de toros, au matin d'une corrida, ou le soir, lorsque les clameurs se sont tues. Jouant avec le blanc des murs et le bleu du ciel, étudiant l'architecture, travaillant ses angles au point de nous emporter ailleurs, l'artiste surprend, ou réveille au cœur de l'aficionado ce moment passé à attendre l'évènement. Même vide, une plaza de toros ne dort jamais. Regorgeant de mille lumières, de mille souvenirs, elle garde toutes les émotions qui sont autant de pages au grand livre de l'histoire de chacun.

     Roquefort, Mont-de-Marsan-Dax... Les 3 premières visites en lumière, qu'accompagne joliment la plume de Quitterie Kahn... "Arènes" (aux éditions Jean Lacoste).

 

FLOIRAC - OREILLE D'OR ET SOLEIL DE PLOMB

     14 Mai- A la fin de la corrida cheminait un long cortège, le long de cette interminable allée qui libère la plaza de Floirac, vers les parkings,  vers la grande ville proche, Bordeaux, pour les plus chanceux, ou deux heures de route pour les basques, landais et autres gersois. Cortège silencieux, fatigué, écrasé par la chaleur ou par l'ennui; aficionados qui ont du mal à faire le distinguo entre la fête populaire qui entoure la plaza et la journée, avec force guinguettes et activités bruyantes, au demeurant fort sympathiques, et la fête brave, dans la plaza, où, quel que soit le toro... on peut mourir à tout instant.
     Malgré les efforts de l'empresa, depuis des années, le public de Floirac continue à ne pas vouloir apprendre, à considérer sa plaza comme un ring où l'on invective, où l'on chante et où l'on rote, faisant plus penser à "l'Amsterdam" de Brel qu'au férial de Jerez de la Frontera. Au fond, on se demande à la fin, qui des spectateurs était le plus heureux? l'Aficionado qui avait apprécié les dons innés du Juli, et la faena de Bautista, où le veinard possesseur du billet de tombola N°555, qui remportait une poupée géante, vêtue à la flamenca, embaumée de Ricard et de merguez. Floirac ne mérite pas sa plaza, ne mérite pas les efforts de tous ceux qui veulent en faire une vraie plaza de toros et d'Aficion, et c'est bien dommage.
     Cela se ressent toujours dans le ruedo, Les toreros ne sont pas fous, et captent vite l'ambiance. Maintenant, si la plaza est pleine, et que tout le monde y retrouve son compte, c'est une autre affaire.
     Casi lleno et grosse chaleur pour cette nouvelle oreille d'or. Un toro de Garcigrande, sorti premier, et cinq de Domingo Hernandez, plus réduits ceux-ci que celui-là, et démontrant peu de qualité, la tendance générale étant de ne pas quitter la zone des barrières. Seuls les premier et sixième permettaient de se relâcher, les autres se souvenant toujours de ce qu'ils laissaient derrière eux. Julio Aparicio fut peut-être le moins surpris de l'oreille qui tomba du palco, après ses soubresauts et le bajonazo ponctuant sa première prestation. Ce qui ne l'empêcha pas de donner une vuelta "légèrement discutée". On lui vit, au quatrième, quelques éclairs, souvenir du toreo de classe et d'empaque qui avait levé tant d'espoirs, il y a peu. Vuelta . El Juli, comme Astérix, est tombé dans le Toreo, à sa naissance. Solide, intelligent, autoritaire et courageux, le garçon, à deux jours de sa confirmation à Las Ventas, arrive, fait le tour du propriétaire, et adapte sa production. Alors, quel que soit le toro, et il eut le plus mauvais lot, il assène, avec cape et muleta ce qu'il faut pour ravir les uns et laisser les autres admiratifs devant son intelligence, sa facilité et de bons moments isolés. Il fit ce qu'il fallait pour couper trois oreilles, et il les coupa. Même Aparicio demanda les trophées au cinquième. Chapeau, Julian, mais mercredi, ce sera autre chose. Juan Bautista était triste au sixième. On le comprend, mais il ne faut pas. Perdre les oreilles au descabello arrive souvent... Bien sûr, c'est trop bête, mais restons sur cette dernière faena, la plus construite, la plus sérieuse, avec de très bons passages, liés, relâchés, qui resteront le souvenir de cette corrida. Une oreille pour Juan Bautista, l'oreille d'or pour El Juli et ... une poupée géante pour l'heureux possesseur du billet N°555.

Voir photos Galeries Photos 2000

 

DUR-DUR LE DEBUT DE LA SAN ISIDRO

     Hernandez Pla et Fraile pour débuter, on savait bien que cela ne se ferait pas dans la dentelle. Les Santa Coloma sont sortis magnifiques, mais dangereux. Les Fraile, (il n'en sortit que quatre), se montrèrent faibles. Chez les hommes, un premier moment d'héroïsme, Gomez Escorial qui va chercher l'Historique, attendant le sixième à genoux, à la porte du toril. Le lendemain , le public aura quelques attentions pour le Fundi, qui vient de perdre son père. On sait que Las Ventas est souvent très dur, trop dur, pour le torero de Fuenlabrada, souvenir de quelques insolences passées.
     La semaine commence avec la première parution de Juan Bautista, et bien sur, l'évènement , la présentation, de matador, et confirmation d'alternative du Juli, dont on dit qu'elle soulève autant d'intérêt et de passion que celle du Cordobes, en 1964. Ponce et Rivera seront maîtres de cérémonie, sous l'arbitrage des toros de Samuel Flores.

 

EL CALIFA ET EUGENIO DE MORA, VEDETTES DU WEEK-END

     14 Mai -  L'épée a bien fonctionné et le Califa est sorti a hombros de la plaza de Valencia, samedi au cours de la traditionnelle corrida à la "Valenciana". Dimanche, c'est Eugenio de Mora qui triomphe à Talavera, prenant ses marques pour Madrid. Attention à celui-là. Après Séville, il arrive chez lui, et il est un des favoris de las Ventas... Les toros de Pereda ont gâché la corrida de Valladolid, Joselito et Jose Tomas ne pouvant que constater les dégâts. A Barcelone, l'Aficion ne réagit que s'il y a des vedettes. Un quart de plaza pour le cartel du jour, où Canales Rivera s'en sortit le mieux. El Fandi, à la veille de son alternative (dans un mois, à Grenade) a fortement accroché avec Séville, ce qui peut paraître curieux, mais dénote également le talent du torero à s'adapter aux plazas et aux divers publics. Un bon point donc, et à suivre.

 

L'ENFER A MADRID

     16 Mai - En deux jours, le public de Las Ventas aura connu l'enfer... Enfer d'ennui, lundi, avec la corrida de Rojas qui est sortie infâme. Enfer de sang, mardi, avec une novillada qui se résume en deux cornadas très graves pour Fernando Robleno et Antonio Barea, toutes deux au niveau de l'aine, avec de gros dégâts musculaires et sanguins.
     Le public, lundi a vu défiler 10 toros et, de fait, seuls deux toros de la corrida annoncée de Gabriel Rojas furent lidiés, les autres étant changés, remplacés par de Julio de la Puerta, eux-mêmes remplacés. Le solde porta le nom de Criado Holgado, Barral et Hermanos Astolfi, tous entachés de faiblesse et de manque de caste. Luis Francisco Espla et El Cordobes passèrent, et c'est le "petit français", Jean Baptiste Jalabert, qui s'en sortit le mieux, donnant une vuelta au troisième.
      Mardi, la novillada de la Quinta est sortie forte et encastée, et on le sait, un Santa Coloma encasté ... l'est doublement. Martin Antequera se retrouva tout seul, tuant toute la novillada, suite aux graves cogidas de ses deux compagnons de cartel: Robleno, pris par le second, Antonio Barea, blessé par le suivant. Antequera dut respirer un grand coup et alla au combat, se montrant solide et courageux. Il reçut les deux derniers au toril, a portagayola, et coupa l'oreille du sixième. Un exploit et une épopée qui figureront désormais à sa biographie. Valiente y Torero.

 

GRANDE CORRIDA DE ZALDUENDO, A TALAVERA

     16 MAI - Triomphe total aux portes de Madrid, où l'on célébrait le triste souvenir de la tragique cornada de José Gomez "Joselito". C'était un 16 mai 1920. La plaza s'est remplie jusqu'au toît et la corrida a été d'apothéose, grâce au jeu des toros de Zalduendo. Deux oreilles du quatrième pour Jose Arroyo "Joselito" qui avait mal tué le premier. Deux oreilles et la queue "del quinto bueno", pour Enrique Ponce, toréant magnifique sur la main gauche. Mal servi, Jose Tomas se montra torerisimo, coupant un trophée à chaque adversaire. Les trois diestros et le mayoral sont sortis en triomphe.
      Avec Castellon, le vrai grand retour, en "figuras del toreo", des deux Josés, pour la première fois confrontés, en saine compétition, avec Enrique Ponce qui, on le sait, n'a cure de la polémique "Télévision", car il cherche le triomphe chaque après-midi, caméras ou pas.....

 

LES CHALLENGES DE LA SAN ISIDRO

     Madrid, très dure lorsqu'il faut s'y présenter, terrible lorsqu'il faut, à tout prix, y remettre les pendules à l'heure et justifier son statut de vedette,de figura.
     Cette San Isidro comporte de nombreux challenges personnels qui, à plusieurs titres, pourront avoir quelques répercutions sur le circuit. Oh, bien sûr, rien d'inexorable, car... "si Madrid donne, elle n'enlève plus", mais elle peut entériner quelques craintes et précipiter quelques dégringolades. Par contre, elle peut de même relancer vers le firmament.
     On peut penser que ce sera la feria de Caballero. On peut parier sur Ponce. On peut espérer qu'on fera enfin justice à Liria. El Juli passera, et ne cassera pas, mais on le regardera à la loupe, et il faudra toréer reposé. La lopesina, d'accord, mais pieds joints. Morante sera t'il remis? Il n'a pas le droit de décevoir une plaza où jusqu'à présent, la chance le fuit. Eugenio de Mora et Abellan seront attendus avec diverse bienveillance. Finito de Cordoba devra confirmer Séville, de même Davila Miura. Califa va se jouer la peau, et mettre le feu. Victor Puerto peut y rattraper définitivement le train perdu. El Tato brûlera quelques dernières cartouches. Attention Uceda Leal, il n'a pas le droit de passer sur la pointe des pieds. Et au beau milieu, un petit français, Juan Bautista, qui a déjà atteint un vrai niveau, un vrai standing. Il luil faudra confirmer la grande impression laissée en 99. Pression pour El Cordobes et Rivera Ordonez: Cela fait longtemps que le triomphe les fuit. Ou cela les vexe et l'on sera fixés, dès les premiers capotazos... Ou ils n'en n'ont cure, et ... cela ne changera rien. Quoique...
     Tel se présente le grand feuilleton de la San Isidro 2000, entièrement télévisé sur Via Digital, sauf les corridas des 22 Mai et 5 juin, retransmises sur la première Espagnole, TVE1. Quelques apothéoses et fracasos se succéderont,  parsemés de longs soupirs d'ennui ou d'attente durant 27 jours, où défileront en principe 162 toros, dit de combat. En fait, on peut parier sur le double, vu l'exigence du public madrilène. Qui vivra verra! Bon courage à tous!

 

LA CORRIDA "NON-EVENEMENT"

     Madrid -17 mai: Plein absolu et beau temps un peu venteux pour la course tant attendue, 5ème de la San Isidro 2000: La confirmation d'alternative d'El Juli. Toute la gentry madrilène est présente, les caméras ne savent plus où donner du zoom. Au soleil, l"autre caste" est aussi au rendez-vous, bien décidée à se faire remarquer. C'est réussi. Il faut dire que les braillards n'auront eu aucun mal à couler la corrida, du fait de la terrible déception causée par les toros de Samuel Flores. De ce fait, cette corrida est devenue "un non-évènement" à oublier bien vite, tout le monde sortant dépité de cette punition.
     Corrida très bien présentée, les toros sortant "en Parladé", c'est à dire sans fixité au départ, comme le font beaucoup, avant de se définir au cheval et de passer aux choses sérieuses aux tiers suivants. C'est un peu le comportement attendu de cette ganaderia. Hélas, et cela devient inquiétant, le lot entier révéla une certaine faiblesse et surtout une soseria totale, une fadeur, une absence coupable, non exempte de sournoiserie, qui désespère les hommes et les met en danger, devant l'impatience des gradins.
      Vêtu de bordeaux et or, le Juli fit des efforts désespérés pour marquer "sa" journée. il n'y réussit point, écoutant deux silences après deux duels perdus d'avance et mal terminés avec l'acier A noter tout de même un quite virevolté au sixième, clos d'une demie-véronique "de cartel", et une grande deuxième paire de banderilles, por fuera, à ce toro qui arrivait fort, en coupant le terrain. On ajoutera quelques bons derechazos et une permanente bonne volonté. Pour la petite histoire, El Juli confirma son alternative devant "Pitanguito"- N°49 - 598 Kgs. Mais c'est vraiment pour la petite histoire.
      Enrique Ponce, le parrain, qui connaît les Samuel mieux que quiconque, a bien failli "enclencher à gauche", face à son premier. Il y aurait peut-être réussi, sans les railleries et censures venues de ceux qui, depuis les gradins du 7, toréent mieux que personne. Désespérant comportement qui se répéta au quatrième, face auquel la brièveté était de mise. Rivera Ordonez, témoin de haut rang, et on le lui fit sentir, a perdu sa première bataille. Dommage, car il y avait peut-être, devant un public plus attentif et bienveillant, une grosse bagarre à gagner face au cinquième, un violent mais mobile, qu'il a bien failli amadouer, à coup de séries de derechazos de plus en plus allongés. Hélas-, des cris fusèrent et le torero se désista.
     Adieu champagne, adieu claveles, les vedettes sont reparties. "No pasa nada..." Un non-évènement qui va remplir des pages et des pages dans la presse. Pendant ce temps, dans leurs chambres contiguës, les deux novilleros blessés hier évoluent favorablement, tandis qu'assis chez lui, un matador revit chaque instant de l'exploit de ce début de feria: Gomez Escorial, à genoux à la sortie du toril, et ce diable de Santa Coloma aux yeux faits, qui par deux fois, freine et s'arrête à deux pas de sa cape. Il donna sa larga, il s'en sortit vivant, et personne ne succomba à ce terrible moment d'angoisse. C'est, pour le moment, l'évènement de la feria....

 

MORANTE DE LA PUEBLA DEVRA ATTENDRE UN PEU - MADRID AUSSI

     17 mai - Comme on pouvait le craindre, Morante de la Puebla, insuffisamment remis de sa grave cornada de Séville, le 29 Avril, ne pourra réapparaître comme il le désirait, le 18 en plaza de Jerez, pour se présenter le lendemain au portail de Las Ventas. Il faut venir à Madrid en totale possession de ses moyens et de son art. On sait qu'il n'y a pas que les toros qui y posent problème. Retour fixé au 26 mai, et rendez-vous à la monumental le 29. C'est Miguel Abellan qui le remplacera vendredi, face aux toros d'Alcurrucen.

 

JEREZ DE LA FRONTERA - LE PHARAON, POUR VINGT ANS DE PLUS

     18 Mai - Depuis des années, mi-éblouis, mi-incrédules, les jeunes aficionados écoutaient les anciens leur raconter telle ou telle faena magique de Curro Romero, il y a des lustres, à Jerez , au Puerto ou à Séville. Aujourd'hui, ils ont vu, et les absents verront, grâce à la Télévision.

     Le magique, c'est la conjonction, en un même moment, de plusieurs éléments qui vont aider à peindre l'immortel: une Plaza, une atmosphère, un toro et ...le duende qui, ce jour, frappe à la porte de la chambre du torero et lui dit "aujourd'hui, je viens avec toi". Alors, dès le paseo, on sent qu'il va se passer quelque chose. C'est ce qui est arrivé ce 18 mai 2000, en plaza de Jerez de la Frontera, lors de la deuxième corrida de feria, au cours de laquelle Curro Romero a coupé trois oreilles et une queue, et Rafael De Paula, malgré de beaux détails, a constaté que ses forces ne lui permettaient plus d'affronter le toro, écoutant trois avis à chaque combat et arrachant sa coleta, de rage et d'impuissance, avant de jeter au soi,l'emblème de sa profession.
     Don Francisco Romero Lopez, né le 11 décembre 1933 à Camas, a écrit ce jour une page de l'histoire taurine, une de plus, sculptant une  faena toute d'inspiration, de cadence et d'éclairs artistiques, face à un remarquable quatrième toro de Juan Pedro Domecq, qu'il avait majestueusement reçu avec le capote. Le public, transporté, obtint pour le pharaon les trophées maximum, tandis que vuelta posthume était donnée au glorieux adversaire.
     Les quatre toros de Juan Perdro ont été magnifiques, accompagnés de deux Gabriel Rojas, bien plus ardus, sortis premier et sixième. Finito de Cordoba, qui remplaçait le Morante a coupé une oreille à chacun, mais le magique efface tout, parfois injustement, car le cordouan a fait preuve de grande classe tout au long de la tarde.
      Autre geste de noblesse de Don Curro, et son histoire en est parsemée: Il refusa de sortir a hombros. On le comprend: à son âge, cela peut représenter quelque risque, vu les bousculades, voire les conflits qui entourent les apothéoses, entre porteurs, entre aficionados. Presque pire que les toros ! Non, Curro préféra sortir au pas, royal, accompagnant Rafael De Paula, son ami aujourd'hui anéanti, lui faisant partager les ovations d'un public ému au larmes.
      Trottinant à leur côté, le duende, souriait et se disait tout bas " Ay, que bien la hicimos.Huele a Romero". Peu le virent, et il se hâtait. Le duende, le petit lutin, génie de l'inspiration avait rendez-vous avec quelque "cantaor" pour chanter, la nuit durant, sans avoir peur des avis, l'immense moment vécu ce jour. "Curro, el faraon de Camas, corto un rabo, en plaza de Jerez, con un arte, una gracia que no se puede aguanta!"
      Enhorabuena, Senor. De là-haut, la comtesse aura souri, et je connais une peña bayonnaise qui, ayant eu rendez-vous avec l'histoire, va peut-être vouloir se "rebaptiser", ou tout simplement... ne plus vouloir remonter en terre basque!

 

DAVID LUGUILLANO, GRAND VAINQUEUR DE LA PREMIERE SEMAINE

     Madrid - San Isidro - 21 mai: La première semaine de la feria San Isidro s'est heureusement terminée sur un énorme triomphe de David Luguillano, sans contestation aucune. Le torero de Valladolid était en forme, on le savait, mais peu auraient parié sur sa solidité devant le terrible évènement qu'est de toréer en plaza de Madrid, un jour de San Isidro. Très inspiré, très clair dans ses idées et sa technique, Luguillano a magnifiquement toréé avec la cape et la muleta, sous la pluie, coupant une oreille avec pétition de la deuxième, l'épée, al encuentro, ayant un peu tardé dans ses effets. Pour compléter le tableau, une grande prestation face au sixième, avec une vuelta en or, après une nouvelle demande de trophées. Mais le plus important, c'est la manière, la profondeur, l'inspiration et l'esthétique. Des véroniques pour l'histoire, des muletazos de cartel et les ovations de Madrid, pour la toreria, la façon d'être en torero, y compris loin des cornes: La plaza lui fit ovation pour la façon "muy torera" d'aller vers le toro, muleta pliée sous le bras, après avoir été changé l'épée. Bravo Madrid, et chapeau David, premier triomphateur de la Feria, et avec la manière.

     Les 5 toros de Javier Perez Tabernero ont été fort intéressants, tandis que le sobrero de Jaral de la Mira n'a rien voulu savoir. Frascuelo, torero chéri de Madrid, a voulu triompher, au point d'aller attendre le quatrième, à genoux face au toril, comme aux temps passés. Tant Frascuelo que le Bote, ne purent, cette fois satisfaire leur plaza de Madrid. De toutes façons, ce jour, personne ne pouvait être plus torero que David Luguillano.

 

JOSELITO ET JOSE TOMAS TRIOMPHENT A MADRID-VISTA ALEGRE

     21 Mai - Comme il était à prévoir, Joselito et Jose Tomas ont rempli la plaza de Vista alegre, la deuxième de Madrid, et ont triomphé. Accompagné de Curro Vazquez , les deux dissidents ont affronté une corrida de Parladé, bien présentée et de bon jeu, le deuxième étant le meilleur et le lot de José Tomas présentant quelques difficultés. Triomphe de Joselito, complet avec cape et muleta, terminant comme un canon, avec l'épée. Deux et une oreille, respectivement . Quand à Jose Tomas, il fit dresser les cheveux sur la tête de plus d'un, à cause de son entrega, son courage, et le serré de ses passes. Il aurait pu couper quatre oreilles, et dut se contenter des deux du troisième. Sortie a hombros pour les deux toreros, possible répétition le 27, mais... le soir, on ne parlait que de David Luguillano. "Madrid... es mucho Madrid", et c'est à Las Ventas qu'il faut triompher.

 

FERIA DE JEREZ : UN GRAND CRU 2000

     21 mai: Jerez de la Frontera vient de fermer sa Feria del Caballo. Feria Triomphale, feria triomphaliste, seuls les présents venus d'ailleurs pourront en parler. cependant, le public se sera diverti, et les toreros auront tout donné. Oreilles oui, oreilles non, cela est du domaine de la statistique et sonnera lieu à de bonnes discussions dans les tertulias.
     Bilan définitif: 4 corridas, et une de rejoneo. Pour ce qui est des corridas "à pieds", 24 toros, 21 oreilles et un rabo. L'immense souvenir du faenon de Curro Romero face à "Cumbrio" de Juan Pedro Domecq, coupant tous les trophées. L'émouvant et triste moment d'un homme vêtu de lumières, et physiquement battu: Rafael de Paula. Il s'est présenté ici, pour sa première piquée, un 2 mai 58. Jerez l'aura vu face à ses deux derniers toros, écoutant les trois avis à chacun, comme autant de cris d'alarme et de suppliques à la vie sauvée du génial torero que personne n'oubliera. (Cependant, Paula a déclaré qu'il ne se retirait pas). Coté ganado, les Torrealta ont triomphé, de même les Juan Pedro. Les Nunez de Cuvillo, excellents mais faibles; les toros del Torero, très faibles. Ponce (2 oreilles), Juli et Padilla (3 chacun), qui réapparaissait, ont régalé le public, le 19, face aux Torrealta. Le lendemain, Joselito (deux oreilles) et surtout Jose Tomas (3 trophées) sortent à hombros. Le Finito a toréé deux corridas. Bien face aux Juan Pedro, il coupa deux oreilles, mais fut estompé par le double évènement Curro/Paula. Il coupa une oreille le dernier jour, mais les Salvador Domecq demandaient plus des infirmiers que des toreros. Ont également coupé une oreille au cours de cette feria Manzanares et El Tato, Miguel Abellan étant le seul à "no tocar pelo". Côté cavaliers, le festival Mendoza continue, implacable.

 

SAN ISIDRO : MEXIQUE : 1 - ESPAGNE : 0

      22 Mai - Madrid-Las Ventas : Décevante corrida du Puerto San Lorenzo. S'il n'y avait rien à reprocher à la présentation, le manque de force et la fadeur des charges précipitèrent dans le presque néant, les efforts des hommes et le spectacle. Les Puerto San Lorenzo firent quelqu'illusion aux piques, finirent nobles mais sans fond, sans fixité, sans caste. Deux toros furent changés, et deux autres passèrent près du retour au vestiaire. Le sixième fut remplacé par un Penajarra dont les coups de tête furent la note de grosse émotion d'une corrida triste, pesante, un instant illuminée par un petit homme au teint cuivré, vêtu de blanc et or.
     Eulalio Lopez Diaz est mexicain, né à Azcapotzalco, le 12 janvier 68. Une vedette là-bas, qui triomphe sous le nom artistique de "El Zotoluco". Il avait déjà fait parler de lui, lors de sa présentation à Madrid, en 1997. Depuis ce 22 mai, il sera l'idole de tout le Mexique. Très ovationné après son premier combat, d'où émergèrent plusieurs suertes isolées, courant bien la main malgré le vent, et bien clôturé à l'épée, le diestro mexicain conquit tout le monde face au quatrième, plus solide et encasté que les copains. Faena de courage et technique, s'arrimant fort et parsemant le trasteo d'excellents détails. Madrid aime la sincérité, et elle réclama l'oreille après un coup d'épée définitif, le torero se balançant littéralement sur le morillo. Trophée pour le Mexicain et du travail pour les journalistes et photographes taurins du nouveau monde, pendant un bon moment. Enrique Ponce est de plus en plus contesté à Madrid, c'en est désespérant. Sans cesse pris à parti par "ceux del 7" le Valenciano a fait l'effort, puis s'est désisté, finissant par toréer pour lui, et on ne peut lui en vouloir Ainsi, c'est impossible. Il eut un lot impossible... et on lui fit la vie impossible. Il y a de quoi s'enlever les zapatillas, en secouer le sable et les poser là, soigneusement, au centre du ruedo. Cependant, les aficionados auront goûté de grands moments, certes fugitifs, mais qui entrent dans le souvenir: les adornos en fin du premier trasteo, les deux mises en suerte face au cinquième.
     Manolo Caballero a encore crédit ouvert, mais attention. Son échec, face au troisième s'accentua d'un espèce d'abandon qu'on avait déjà remarqué, en particulier à Pamplona. Par contre, il faut saluer son courage face au Penajarra qui, après un remarquable tiers de piques par Martin Del Olmo, remonta terriblement, dés les banderilles, terminant chaque charge par des coups de tête, comme autant de coups de hachoirs. Cela devait siffler autour du corps et du visage du torero qui subit deux coladas assassines et esquiva bravement les terribles uppercuts. Caballero s'est fait peur, et nous tous avec lui. Peur du toro, de sa corne, ou peur de ne pas pouvoir, peur de montrer que l'on a peur. Tout cela est profondément humain, et affronter cet état mérite, que l'on soit figura, ou humble subalterne, un immense respect. Cela s'appelle le courage. Et Caballero en eut énormément ce lundi soir, ce que le public sut reconnaître, après un coup d'épée au vol.

 

LA PRESSE, PAS TENDRE AVEC LES DEUX JOSE.

     23 Mai: Il fallait s'en douter. Le triomphe de Joselito et de Jose Tomas à Vista Alegre, avec des toros "a modo", tandis que les collègues s'appuient des monstres pointus et méchants à Las Ventas, fait des vagues. La presse trouve mains subterfuges pour dire ce qu'elle pense, en particulier à l'occasion du mauvais traitement appliqué à Ponce, par une partie du public de Las Ventas. Dans les tendidos, on a ironisé en chantant "les becerristas de Vista alegre", la presse a parlé de "novillotes de parladé"... il fallait s'y attendre, et les dissidents font tout pour cela, si l'on regarde les resenas des toros jusqu'alors combattus. Dommage. Ce n'est pas pour autant que "le grand public" a eu plus de respect pour Ponce, qui est venu et "dio la cara, con el toro de Madrid". Encore dommage. Cependant , l'aficion, après les coups de gueule, réfléchit et fait le bilan. Joselito et Jose Tomas ont maintenant pris leur rythme de croisière, et sortent "a triunfo por corrida", et c'est très bien. Mais, pour que leur croisade, qui a quand même un petit quelque chose de méprisant pour l'Aficion, porte ses fruits et leur préserve admiration et fidélité des aficionados, il va falloir aussi "dar la cara"... Sinon, on partira vers "une année en blanc" qui pourrait bien virer au "noir-noir"...

 

JAVIER CASTANO OUVRE LA GRANDE PORTE DE MADRID

      23 Mai - Madrid-Las Ventas : Magnifique novillada du Torreon. Les pupilles de Felipe Lafita ont fait grand honneur à leur nouveau propriétaire, Don Cesar Rincon, en sortant magnifiquement présentés et aussi encastés que le patron. Enhorabuena. En face, De la Serna qui reste bien tendre, Sebastien Castella qui, décidément, ne rentre pas à Madrid et la bombe, la grenade dégoupillée, le détonateur ambulant qu'est Javier Castano. Un courage à toute épreuve, de la vista et des réflexes; un calme à vous glacer d'effroi et ... du temple. Castano n'est pas le gladiateur qui reste en s'envoyant le toro dessus, tels des dizaines de toreros "chair à canon" rencontrés au fil de l'histoire. Castano torée et torée templado. Il a bien failli couper trois oreilles, perdant à l'épée celle du troisième. Vuelta. Par contre, le triomphe au sixième n'admet pas de contestation, et les deux oreilles ouvrent à ce salmantino de San Miguel de Valero, mené par la casa Chopera, la porte grande de Madrid, et les voies d'un avenir prometteur, à condition "qu'il fasse la même chose avec les toros", et qu'il leur laisse un peu de place pour passer.

     La feria continue, avec ses hauts et ses bas. Deux noms, actuellement, émergent: david Luguillano et Javier Castano. Du fait de l'absence de Vicente Barrera et d'Espartaco, c'est Gomez Escorial qui remplacera le valenciano, mercredi 24, et David prendra le poste du diestro d'Espartinas, le 26. Bien, l'empresa qui donne une chance au premier, après la bonne impression laissée face aux Hernandez Plà. Quant à David, il entre dans un gros cartel avec le Juli et Eugenio de Mora, face aux toros del Pilar. Cela vaudra le déplacement...
 
VIVA SAN FERMIN 2000

     25 Mai : Cartels de San Fermin de l'an 2000 en plaza de Pamplona. On note la présentation d'El Juli et le retour de Luis Francisco Espla absent depuis 1986. La feria étant télévisée, Jose Tomas sera absent. (voir rubrique cartels)

 

LA JOIE DE CESAR RINCON, GANADERO TRIOMPHATEUR.

     26 mai - On imagine le grand bonheur du matador colombien, aujourd'hui ganadero, après avoir choisi, préparé et présenté la grande novillada du Torreon, sortie mardi dernier en plaza de Madrid. "Une novillada de douze oreilles" commentaient plusieurs personnalités du mundillo. Le matador, quant à lui, se disait aussi heureux que s'il était sorti pour la sixième fois à hombros de Madrid, soulignant le soin qu'il met depuis plusieurs mois à réorganiser, soigner et améliorer la ganaderia du Torreon, acquise l'an passé à Felipe Lafita. Le ganadero était, bien sûr, très bienveillant envers les toreros, commentant que Javier Castano se place "là où sont les millions". L'Aficion et la critique ont été, par contre, très durs envers Victor de la Serna et Sebastian Castella, une telle opportunité de triompher ne se présentant pas de sitôt à Madrid. Quoiqu'il en soit, pour des raisons diverses, certains se souviendront longtemps de "Garbosillo","Caminante", "Bozalito", "Pudoroso", "Corcito" et "Gavilan", sortis le 23 mai 2000 en plaza de Madrid.

 

SAN ISIDRO - LA FERIA NE DECOLLE PAS.

     27 Mai - Si l'on excepte de très bons passages de Finito de Cordoba et une faena du Juli, gâchée par une épée basse, les trois dernières corridas de la feria de Madrid n'ont rien donné. L'équateur vient d'être passé, et l'on ne peut malheureusement pas parler d'une feria passionnante, de par le manque général de forces et de caste des toros présentés, et, il faut bien le dire, à cause d'un excès de conservatisme constaté chez certains toreros. Jusqu'à présent, c'est du côté des novilladas que viennent les satisfactions, avec les lots de la Quinta et surtout du Torreon. Dans la dernière ligne droite, les Bayones, mercredi, les Vadefresno, jeudi, n'ont rien dit. Vendredi on attendait la deuxième sortie du Juli, avec la corrida du Pilar. Ce fut un désastre, la course sortant mal, complétée de deux sobreros de Daniel Ruiz, dont un, sorti cinquième, révéla une maladie du foie, à l'examen post-mortem. David Luguillano, l'actuel triomphateur de la feria n'a pu s'exprimer. Eugenio de Mora sort à vide de la feria. Quant au Juli, son crédit reste entier , grâce à son courage, sa vista et cinq naturelles pieds joints au dernier de la tarde, dont il perdit l'oreille à cause d'une épée malheureusement tombée bien bas.
 

CHEVAL DE REJONEO, UN DUR METIER.

     27 Mai - Décidément, une bien mauvaise passe pour les chevaux des vedettes du Rejoneo actuel. On sait que la compétencia, la bagarre entre les ténors, est actuellement terrible, dominée par Pablo Hermoso de Mendoza qui, arrivé de sa lointaine Navarre, est en train de damer le pion aux seigneurs d'Andalousie. Aussi, on prend des risques, on s'approche au plus près, on décroche au tout dernier moment, et arrivent les accidents. Antonio Domecq vient de perdre deux chevaux, lors de la dernière feria de Jerez, et Pablo Hermoso de Mendoza a coupé une oreille ce jour à Madrid, au prix d'une cornada pour son célèbre compagnon d'apothéose "Cagancho". Peu grave, heureusement, la blessure tiendra le brave cheval éloigné des ruedos pendant une quinzaine de jours.

 

JOSE TOMAS TRIOMPHE AUX PORTES DE MADRID

      28 Mai - Chaque année, pendant la San lsidro, Aranjuez offre, aux portes de Madrid, deux cartels de luxe, qui, souvent, convoquent partie de l'Aficion Madrilène et de la presse spécialisée. Les toros y sortent "normaux" et le public a quelque chance de "voir quelque chose". Jose Tomas n'a pas laissé passer l'opportunité de faire parler de lui, près de la capitale. Déjà triomphant lors de la feria de Cordoue, dont il remporte le trophée à la meilleure faena, le diestro de Galapagar est sorti a hombros d'Aranjuez, ayant coupé quatre oreilles aux toros de Jandilla, contre une à son collègue d'échappée, Joselito. De son côté, Manzanares qui avait connu quelques problèmes, la veille, avec le public de Caceres, réglait les affaires courantes. Jose Tomas apporte enfin la réponse à la déception logique de tous les aficionados qui déplorent son absence des grandes ferias: Sortir tous les jours "a triunfar". Son "attitude 2000" reste erronée, les toros d'Aranjuez ne sont pas ceux de Las Ventas, mais au moins, le torero réagit en figura, même au prix de sévères voltiges comme à Jerez. Il semble qu'à ses côtés, Joselito ait un peu plus de mal, comme à Cordoue, où les choses ne se sont pas bien passées. Une oreille, ce jour à Aranjuez.

 

28 MAI - DIMANCHE D'OMBRES ET DE LUMIERES

       Le triste défilé continue à Madrid , où la San Isidro et ses milliers d'aficionados masochistes ont suivi ce jour le triste spectacle présenté par les Conde de la Corte, grands et pointus, mais sans une once de classe. Les hommes ont fait ce qu'ils ont pu, Aux côtés de Manolo Sanchez et Javier Vazquez, qui essaient de remonter, David Avila Miura s'est sauvé, avec une grosse estocade au troisième, donnant une vuelta al ruedo.
      Seulement un tiers de plaza, à Cordoue, pour une corrida de Victorino Martin. Curieux! La corrida est sortie inégale, marquée par la toreria intelligente de Luis Francisco Espla, et, une grande faena de Jose Luis Moreno, encore une, gâchée avec l'épée, une fois de plus. El Tato n'a pu briller. Un tiers de plaza pour des Victorinos, certains empresas ne vont pas manquer de noter cela dans leurs petit carnet.
      Les Juan Pedro Domecq continuent leur parcours triomphant, avec un grand lot à Caceres. Bien présentés, braves et mobiles, les Veragua ont laissé sept oreilles à Manuel Caballero, El Juli et Manolo Bejarano.
      El Cordobes, premier gros vaincu de la San Isidro, met la pression et triomphe actuellement à chaque sortie, en restant "dans son style": baroque, vibrant, donnant au public ce qu'il attend de lui. Sorti a hombros de la feria de Cordoue, Manuel Diaz a coupé ce jour quatre oreilles et un rabo en plaza de Sanlucar. L'accompagnaient Ponce, grand torero la veille à Caceres, et Morante, de retour, vendredi à Cordoue, après sa blessure de Séville. Deux oreilles chacun. Les toros étaient de Tornay. Trois corridas de réglage pour le Sévillan qui entre ce lundi 29, dans la feria de Madrid. On murmure son nom pour le prochain remplacement de Vicente Barrera. A suivre: Madrid n'est pas Séville, et il est probable que certains s'escrimeront à lui faire la vie impossible. Mais le Morante a la classe et le courage, la technique et l'intuition artistique, pour renverser la plaza, en trois muletezos ou en une estocade.
     Sébastien Castella, doit également appuyer sur l'accélérateur. On le sait torero fino, torero de classe. Cependant, certaines grosses occasions perdues ne vont pas faciliter les choses. Aussi, Sébastien n'a pas manqué sa sortie, ce dimanche, en plaza de Séville, coupant une oreille, "avec la manière", tant avec capote que muleta. A ses côtés, Antonio Jose Blanco a reçu la grosse cornada du jour: deux trajectoires dans le triangle de scarpa. Pronostic grave. Les novillos étaient de Torrestrella, de lujo.

 

MADRID A LA FERIA QUE SON PUBLIC MERITE

     29 Mai - La San Isidro 2000 est une catastrophe. Il faut souhaiter que quelqu'éclair, de classe ou d'héroïsme, vienne sauver ce cycle voué à l'ennui de par le masochisme affiché par un public madrilène totalement muselé par une bande de braillards, dont l'exigence frise le sadisme, dont le savoir est sujet à caution, dont l'éducation voisine le zéro, et dont l'Aficion est, en un mot proche de la plus lamentable idiotie. Pamplona montre plus d'Aficion pour le toro, et dans sa folie festive, plus de respect pour les toreros. A las Ventas, en feria, il n'est pas un toro qui ne soit protesté à la sortie, il n'est pas un torero qui ne se voit contesté, parce que ne se croisant pas sur chaque passe. On ne peut exiger la ligazon, imposée dans le toreo d'aujourd'hui, et se croiser sur chaque passe.

     Cette frange de public a exigé depuis des années, le "toro de Madrid". Il a maintenant des buffles qui ne chargent plus, ou vous arrachent la tête. Depuis des années, la feria est sauvée par quelque héros, qui se la joue à pile ou face... Mais il fallait bien qu'un jour, à force de vouloir tout nier, tout détruire, la feria entière bascule. On y est. La Feria de Séville était-elle moins sérieuse? La corrida de Nunez del Cuvillo était elle moins sérieuse? Madrid, à force d'éxiger, ne voit plus rien. C'est ainsi.
     Coupable le 7, et ceux qui, bien abrités, le suivent. Bien plus coupable, le reste de la plaza, majorité qui se tait. Public clavelero qui vient se faire voir, abonnés qui prêtent leur place aux copains de bureau, de palier ou de cafétéria, ne venant, eux, que pour les gros évènements. Et puis, les aficionados de verdad, amoureux du toreo, du combat adapté aux conditions d'un toro normal, qui souffrent et se taisent.
     "Madrid ya no da, ya no quita"... Les toreros passent et font ce qu'ils peuvent. Les figures ont la saison "déjà faite". Si on peut "cuajar un toro", tant mieux, sinon, à d'autres choses. Les "morts de faim" jouent à la loterie, et l'un d'entre eux jouira, peut-être, de la bienveillance de ces messieurs qui toréent si bien depuis leur tendido.
     Coupables les toreros de ne pas se rebeller publiquement, par un affront direct, dans la plaza, du style "En Madrid, que torée San Isidro!!!" comme en aurait été capable un Ordonez, ou un Dominguin, même au prix d'une nuit au violon. On peut les comprendre, malheureusement, car trop d'intérêts sont en jeu, et , de plus, ils ne sont pas sûrs d'être suivis par la majorité silencieuse, qui, pour le coup, pourrait aussi se retourner contre aux. Alors, ils passent, peur et rage rentrées, et essaient, avec un respect désolé, d'expliquer leurs prestations. Et nous, loin, devant nos télés, nous bouillons, et nous régalons aux commentaires de plus en plus acérés d'un grand monsieur et d'un grand torero: Roberto Dominguez, qui fustige, avec des arguments clairs et une éducation, une culture remarquables, les vociférations de plus en plus déplacées de ces pseudo-aficionados qui, à la rigueur, pourraient faire rire, si, en bas, on ne se jouait la peau, millionnaire ou non.
     A Madrid, la coupe est pleine... Cela se sentait venir. La feria 2000 vire au noir, et rien n'y changera. Pero poco importa.. ."Madrid ya no da, ya no quita", et c'est bien dommage.

 

FERIA DE CORDOUE - BULLETIN DE SANTE: "EN OBSERVATION"

     La "Feria de La Salud 2000", en plaza de Cordoue, aura connu des résultats très divers, en fonction de la participation capricieuse d'un public à l'aficion déroutante. Neuf spectacles, dont six corridas, deux novilladas et une de rejoneo, et un seul plein, le jour du Finito. Le début de la Feria connut des entrées désolantes, tout comme l'énorme surprise que constitua la triste entrée à la corrida de Victorino.
     Côté ganado, un bon lot de Criado Holgado, que des modestes ne purent mettre à profit, les Torrestrella (lidiés le 25 par Ponce - Finito et Juli) et la corrida de Victorino, inégalement présentée, très châtiée à la pique, mais offrant des possibilités. Quelques toro isolé de Barral et de Rojas, et surtout un Guardiola Fantoni, "Vasito" sorti pour le Califa, le 24 mai: toro complet quant à sa présence et son comportement. Grosse déception, par contre, avec les Nunez del Cuvillo, faibles.
     Chez les hommes, on a noté le succès du Califa, la garra de Padilla, la forme revenue de Victor Puerto, avant Madrid. Ponce, Finito et Juli régalèrent le public, le 25, avec salida a hombros pour Julian Lopez. Le grand moment de la feria fut la prestation de José Tomas, auteur de deux faenas "terribles pour les cardiaques", et la réplique que lui donna Morante de la Puebla, qui reprenait l'épée. El Cordobes, coupa trois oreilles, le 27 en jouant sur tous les registres, et, pour le souvenir, une grande faena de Jose Luis Moreno, le dernier jour, devant un Victorino. Malheureusement, comme à Castellon et partout, c'est avec l'épée que se coupent les oreilles, et Moreno... Dommage!
     Une alternative, celle de Rey Vera. Une de plus, pour pouvoir dire "Je suis Matador de Toros". Le trophée, sans conteste, pour José Tomas, et peut-être, une nouvelle stratégie à adopter pour la prochaine feria.

 

MADRID A RESPECTE LE SANG DES BRAVES

     31 mai - Après le désastreux comportement du public madrilène, lundi, envers Finito, Morante et Abellan, il semble que chacun ait fait son examen de conscience, le tout "fortement suggéré" par la majorité de la Presse, et l'atmosphère se fit plus respirable a las Ventas pour les deux courses suivantes. Définitif retour à la raison? Non. Simplement que les deux courses étaient spéciales - une novillada et la Corrida de la Presse - mais, à n'en pas douter, les bonnes habitudes et les merles siffleurs reviendront rapidement.
 

LES BALTASAR IBAN, "POUR LA BONNE BOUCHE"

      San Isidro 2000 aura été "la féria des novillos". Après celle de La Quinta, après celle, en or, du Torreon, novillada importante de Baltasar Iban, le 30 mai, avec des bichos bien présentés, sans excès, vifs et encastés, qui éxigeaient plus des guerriers de coeur et de tripes, que des cérébraux, informaticiens de l'art de Cuchares. A ce jeu-là, face à deux novillos incommodes qui lui sautaient à la figure, Martin Antequera, auteur de l'involontaire solo, après les blessures de ses collègues, lors de la première novillada, se battit comme un lion, et triompha. Succès de fer et de feu, le torero recevant une cornada dans la joue, en tuant son premier. Le temps de plusieurs points de suture et d'un pansement, retour à la guerre. Et la quatrième Baltasar va jouer les spadassins, lui arrachant le pansement par un nouveau derrote au visage. Terrible! Une oreille et le respect de tous pour ce légionnaire. Autre oreille pour Alberto Alvarez, bien peu connu, mais remarqué le 9 avril, dans ce même ruedo. Quoiqu'encore vert, le torero ne laissa pas passer sa chance et, en larmes, promena un trophée qui, en théorie, devrait lu ouvrir les portes de l'avenir. Malheureusement, le battu du jour s'appelle Rafael de Julia, peut-être mal servi, peut-être trop vu ici.

 

PEU IMPORTENT LES MILLIONS...

     Mercredi 31 mai: Corrida de la Presse, sorte de corrida-concours non officielle, chaque diestro prenant une ganaderia différente. Las Ventas était pleine et brillait de toutes ses couleurs, sous un soleil de plomb, le vent ayant enfin décidé d'aller s'époumoner ailleurs. Terna de luxe, Ponce, Caballero, Cordobes, et une question: allait-on les laisser toréer? La réponse est oui, et elle est d'autant positive qu'il y avait, hier, peut-être matière à ronchonner. Cependant, deux éléments jouèrent : la mauvaise conscience, d'une part, et d'autre, le respect qu'imposèrent la caste, le courage et donc la toreria de Manuel Diaz, salement accroché trois fois par un vicieux de Jandilla. Ici, face au toro, les millions ne comptent pas, et face au toro, l'homme reste un enfant qui joue au héros, et le devient parfois.
     Malchance noire pour Enrique Ponce, en cette San Isidro 2000. Maltraité lors de ses deux premières sorties, il a été respecté ce jour, mais c'est les toros qui lui jouèrent un sale tour. Respecté, tout d'abord pour une jolie faena à un toro de Las Ramblas, noble et doux à souhait, mais sans assez de transmission pour créer l'émotion artistique, Ponce signalant de plus, un éventuel défaut de vue. Et puis, le valenciano dut s'appuyer les deux jumeaux d'Atanasio sortis quatrième et sixième. Jumeaux parce que, malgré la différence de reata, il furent les photocopies de la plus grande mansedumbre fuyarde et décastée que toreros et aficionados puissent imaginer. Après Valencia et Castellon, après Madrid... "Io de Atanasio", cette année, est voué au carton rouge. Ponce sua sang et eau, fit deux joggings derrière les mansos, sans pouvoir les coincer. Le public respecta et siffla copieusement les deux objecteurs de conscience.
     Le cas de Manolo Caballero est différent: Il dut saluer deux ovations, alors qu'il aurait du couper trois oreilles. Que se passe t'il avec ce torero? Le toro d'Adolfo Martin, réellement vilain, non protesté à cause de l'aura qui entoure la saga, se montra encasté, violent, allant crescendo. Caballero l'attaqua bien, mais, malgré sa décision et une kyrielle de passes, se fit manger, se libérant d'une bonne épée. Le cinquième d'Alcurrucen avait force et mobilité. Magnifiquement lidié par Carretero et piqué, encore une fois, par Martin del Olmo, le toro arriva fort à la muleta, Caballero débutant bien en deux séries à droite fortement applaudies. On partait, enfin, vers le grand triomphe. Hélas, le torero se désunit, et la faena alla à menos, au point de diviser les gradins. Grande estocade, petite pétition et salut au tiers d'un Caballero qui, au fond de lui-même savait qu'il avait coincé. Dommage. Il reste à Caballero un contrat, avec les Victorino, et la Bienfaisance, pour donner à sa Madrid ce qu'elle attend de lui.
     Cordobes jouait gros, après deux actuaciones discrètes et quelques murmures qui se levaient, çà et là. Son premier, de Manolo Gonzalez fut renvoyé pour faiblesse ou lésion dans le ruedo, remplacé par un Jandilla, ganaderia bannie dans cette plaza, pour être "trop douce", trop commerciale... Il n'y a pas de toro de combat trop doux, trop commercial, et celui-ci se révéla solide, et animé des plus noires idées que l'on puisse imaginer Manolo batailla et ce qui devait arriver.. Un cogida sèche, terrible. Pris par l'aisselle, retourné et repris au vol, suspendu par l'arrière du genou, le torero se relevant sonné, retournant au combat, pour quelques instants. Le toro l'attend au début d'un doblon et lui inflige une deuxième voltige, très violente. Manuel Diaz, se relève encore, et, dans un état second, se jette sur le toro pour un folle estocade, dont il sort accroché au niveau de la ceinture. Intense émotion dans la plaza, le torero, complètement groggy, entouré de ses amis, saluant et partant immédiatement vers l'infirmerie, sous une grande ovation de respect. Miracle: Manuel Diaz, roué de coups, n'a pas de blessure trop grave, et peut remercier San Isidro et tous ses collègues d'avoir été au quite.